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Défense

Retour chahuté de Barkhane : «L’information des personnels était largement perfectible...»

Blog Secret Défense - Mon, 27/04/2020 - 09:09
Les explications de l’état-major des armées, suite à notre article d’hier.
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Covid : un retour de Barkhane qui ne passe pas...

Blog Secret Défense - Sun, 26/04/2020 - 10:39
Nous publions un témoignage sur les conditions dans lesquelles des militaires rentrent du Sahel après plus de quatre mois sur le terrain. Direction Creil et confinement...
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Les guerres de l’ombre de la DGSI, par Alex Jordanov

Bruxelles2 - Sat, 25/04/2020 - 20:12

(B2) Merah, Bataclan, hyper casher, Charlie Hebdo, bonbonnes de gaz à Notre-Dame… Des noms qui ont la même connotation pour beaucoup désormais : terrorisme. Pour le combattre, en France, c’est la direction générale de la sécurité intérieure et sa section anti-terroriste qui sont à l’oeuvre, jour et nuit, pour déjouer les plans des extrémistes islamistes

Un roman policier 

Loin d’être une spécialiste de la DGSI et des services secrets, c’est plongée au coeur d’histoires surréalistes et comme sorties d’un film américain que je me suis retrouvée en lisant Les guerres de l’ombre de la DGSI. 300 pages, lues en une après-midi. Un livre écrit comme un roman policier, truffé d’espions, de secrets et des grands noms des attaques terroristes des dernières années en France.

Alex Jordanov interview des agents des services de la DGSI. Ils font partie de la section anti-terroriste. Tour à tour, ils racontent leurs histoires, répondent aux questions et explique leur travail. Le tout, très détaillé, et écrit à perdre haleine, on s’y verrait presque. On les imagine, ces hommes et femmes s’infiltrer dans les quartiers et les mosquées, cachés dans les buissons à prendre des photos des entrainements « sportifs » des terroristes, depuis leurs maisons en Corse, en filature sur l’autoroute, à planter des micros dans les lampes et sous les jantes de voitures. De Toulouse, à Trappes, en passant par Paris, Bruxelles, Nice, la Corse, à la frontière turco-syrienne et jusqu’au Pakistan.

… à prendre comme tel

Au travers les témoignages, on découvre un aperçu du fonctionnement de la DGSI, vue par les agents du terrain. On y lit notamment nombre de critiques sur le fonctionnement en silos de l’organisation, la compétition, de ordres de la hiérarchie incompris… Dans une grande partie du récit résonne la frustration des agents, qui racontent que telle personne, « on l’avait presque, elle était tout prêt mais on a pas eu le droit de faire l’arrestation pour telle ou telle raison de la hiérarchie ».

Malheureusement, seul leur point de vue est donné. Des témoignages à prendre donc avec le recul nécessaire et qui laisse des questions en suspens : Est-ce que les attentats du 13 novembre auraient pu être évités ? Est-ce là une représentation suffisamment complète de la DGSI ? Qui décide des arrestations ? Qui sont vraiment ces agents secrets ? À quel point la Direction est-elle « politisée » ?

Une leçon à retenir

La leçon du livre, comme le confies ces agents secrets, de ce qu’ils appellent le « French B.I. » est celle ci : « Tous sont d’accord sur une chose. La France, comme d’autres pays européens, est au bord de l’affrontement communautaire, en état de siège permanent. Le « but tant souhaité » par les islamistes », écrit Alex Jordanov. Heureusement, ils sont plusieurs centaines, en France, à tout faire pour les stopper.

En somme, un bon livre de confinement pour se changer les idées. À éviter pour les stressés des attaques terroristes.

(Aurélie Pugnet)

  • Nouveau Monde Éditions, 2019, Paris, 296 pages, 19,90 euros

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Elysée : l’amiral Rogel restera CEMP (au moins) jusqu’au 31 juillet

Blog Secret Défense - Fri, 24/04/2020 - 09:27
Un décret paru aujourd’hui au JO confirme prolonge le cehf d’état-major particulier à son poste
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France, Pays-Bas et Royaume-Uni se coordonnent dans les Caraîbes

Bruxelles2 - Thu, 23/04/2020 - 17:40

(B2) La France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont (enfin) décidé « d’unir leurs efforts » dans les Caraïbes face au coronavirus et aux ouragans à venir

Le Karel Doorman à son départ du port de Den Helder vers Saint Martin le 9 avril (crédit : Marine néerlandaise)

La nouvelle a été annoncée aujourd’hui par le ministère français des Armées. Les Néerlandais l’avaient déjà fait il y a deux bonnes semaines (le 9 avril)…

Une réponse militaire coordonnée

Pour les trois pays, il s’agit d’apporter une « réponse militaire coordonnée » en appui aux civils dans la gestion de l’épidémie du coronavirus qui touche aussi les territoires d’outre-mer, mais aussi de contribuer à assurer le maintien de l’ordre (une préoccupation surtout côté néerlandais) et se préparer à la saison des ouragans qui commence dans six semaines (préoccupation britannique).

Une demi-douzaine de navires sur place

Les trois pays ont, en effet, plusieurs moyens sur place : le porte-hélicoptères (ou BPC) Dixmude, côté français ; le navire porte-hélicoptères RFA Argus et le HMS Medway, côté britannique ; le HNLMS Karel Doorman et le HNLMS Zeeland (basé à Curacao), côté néerlandais. L’objectif est d’« optimiser les contributions militaires nationales » et « apporter plus d’agilité et de flexibilité dans la réponse à la propagation du virus à travers les Caraïbes ».

Une coordination établie à Fort de France

Une cellule régionale de coordination militaire conjointe, a été établie à Fort de France, en Martinique. Elle est directement inspirée des « leçons tirées » de la coordination des interventions lors de l’ouragan Irma en 2017, qui avait mis quelque temps à accoucher (lire : Caraïbes. Français, Néerlandais et Britanniques unissent leurs forces. Enfin !). Elle prend appui également sur les discussions menées au sein de l’initiative européenne d’intervention (EI2).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Opération Résilience

CSDP blog - Wed, 22/04/2020 - 14:10

BPC Mistral (Antilles et Guyane), BPC Dixmude (Réunion) et BPC Tonnerre (Corse) sont mobilisés.

Tag: BPCOpération Résilience

Tous ceux qui veulent la paix en Libye doivent soutenir l’opération Irini (Josep Borrell)

Bruxelles2 - Wed, 22/04/2020 - 07:45

(B2) Alors que le processus de Berlin est en danger d’enlisement dans les sables, le haut représentant de l’UE, Josep Borrell, lance un appel pour mettre en place un cessez-le-feu sur le terrain, engager des discussions politiques, et surtout convaincre de la nécessité de soutenir et mettre en place l’opération Irini qui n’a toujours pas les moyens nécessaires pour commencer ses opérations maritimes de contrôle de l’embargo sur les armes

Le Haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell (crédit : Conseil de l’UE)

Les combats se poursuivent en violation des engagements internationaux

Une guerre d’usure en cours

Le conflit en Libye, aux portes de l’Europe, se poursuit depuis des années, et affecte directement les intérêts de l’Union européenne. […] Aujourd’hui, la situation actuelle a changé. L’armée nationale libyenne (ANL), sous le commandement du général Haftar, s’est déplacée vers Tripoli pour tenter de prendre le contrôle de la capitale libyenne. Les forces du gouvernement d’accord national (GNA) reconnu par les Nations unies se battent et c’est une guerre d’usure qui est en cours.

Les engagements de Berlin violés

Les combats se poursuivent sans relâche. Ce, malgré les efforts intenses des Nations unies, et malgré l’engagement clair de travailler vers un cessez-le-feu, pris par toutes les factions libyennes et tous les grands acteurs internationaux, dont l’Union européenne, lors de la conférence de Berlin en janvier, et approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Un afflux d’armes et de militaires en violation de l’embargo

Les combats en Libye sont alimentés par des armes et d’autres renforts militaires provenant de l’étranger, en violation directe de l’embargo imposé par les Nations unies. Face à cette situation, l’Union européenne a compris qu’elle devait assumer une plus grande responsabilité dans la résolution de la crise libyenne. Outre les souffrances qu’elle inflige à sa propre population, l’instabilité en Libye affecte également la sécurité de ses voisins du Maghreb et du Sahel, et menace donc les intérêts européens, au sens large.

Un cessez-le-feu nécessaire

Il est clair aujourd’hui qu’un cessez-le-feu effectif est nécessaire pour débuter des pourparlers politiques et le lancement d’un processus de réconciliation nationale entre les groupes rivaux libyens. L’arrêt des flux d’armes et de l’assistance militaire vers la Libye devrait modifier le calcul stratégique des parties et diminuer la viabilité de toute « solution militaire ». Cela devrait ensuite constituer un encouragement fort à accepter et à respecter un cessez-le-feu. En résumé : nous devons mettre un terme à l’afflux d’armes et créer un espace de travail pour la diplomatie. C’est le principal objectif de l’opération Irini

Le principal objectif d’Irini

Le contrôle de l’embargo sur les armes

Pour contribuer de manière significative à endiguer le flux d’armes, et ainsi créer un espace pour que la diplomatie réussisse, l’Union européenne a lancé une nouvelle opération navale en Méditerranée centrale, appelée Irini, comme la déesse grecque de la paix. [Cette] opération Irini, qui a remplacé l’opération Sophia, a été lancée dans des circonstances très différentes. L’opération Sophia a été lancée en 2015, au plus fort de la crise dite migratoire. Son objectif premier était la lutte contre la criminalité organisée responsable du trafic de migrants et de la traite des êtres humains. D’autres tâches ont ensuite été ajoutées à son mandat, notamment la mise en œuvre de l’embargo sur les armes imposé à la Libye par le Conseil de sécurité des Nations unies en 2016.

Seule l’Union européenne a agi en mer sur le contrôle de l’embargo

L’expérience de l’opération Sophia a montré que même si tous les membres des Nations unies et les organisations régionales concernées sont invités à soutenir l’application de l’embargo sur les armes, notamment par l’inspection des navires en haute mer et la saisie des cargaisons illicites, seule l’Union européenne a contribué activement à ces efforts. Elle a également montré que la présence de moyens navals est cruciale, pour des raisons de crédibilité et d’efficacité.

La présence de moyens navals obligatoire

L’opération Irini ramène les moyens navals de l’UE en Méditerranée centrale, d’où ils étaient absents depuis près d’un an, ce qui coïncide à peu près avec le début de l’offensive du général Haftar sur Tripoli. Elle est clairement axée sur la mise en œuvre de l’embargo sur les armes. La résolution 2292 du Conseil de sécurité des Nations unies n’autorise que des mesures coercitives en haute mer. L’opération Irini sera bien équipée pour cela, et sa simple présence devrait avoir un effet dissuasif puissant sur les trafiquants en mer.

Surveiller la terre et l’air également

En même temps, il est clair que divers acteurs utilisent les routes aériennes et les frontières terrestres pour apporter des armes et un soutien militaire en Libye. Bien que cela soit également interdit par le Conseil de sécurité des Nations unies, il n’existe actuellement aucune autorisation internationale pour mettre fin à ces activités. Pour faire face à cette situation, l’opération Irini sera dotée de moyens technologiques, notamment satellitaires et aériens, au-delà de ce qui peut être détecté par les moyens navals, qui lui permettront, dans le plein respect du droit international, de rendre compte aux organes compétents du Conseil de sécurité des Nations unies, de manière aussi complète que possible, de toute autre violation potentielle de l’embargo sur les armes, par voie aérienne ou terrestre.

Un appel à tous pour soutenir Irini

L’Union européenne s’attend à ce que cette combinaison de contrôle maritime et de surveillance active d’autres routes aura un effet dissuasif fort sur tous ceux qui continuent à soutenir le conflit en Libye, malgré l’interdiction internationale claire, et malgré les souffrances que leurs actions causent. Nous leur demandons de se joindre à nous et de déployer leur énergie et leur influence pour promouvoir une solution politique, en toute bonne foi.

Rendre plus difficile toute ingérence étrangère

Nous savons que l’opération Irini n’est pas une solution miracle. À elle seule, elle n’apportera pas la paix et la stabilité en Libye. Mais elle peut contribuer à rendre plus difficile toute ingérence militaire extérieure, en exposant les responsables. Et si l’ingérence militaire extérieure est réduite, les chances d’un cessez-le-feu durable augmenteront, et avec cela les perspectives d’un véritable processus politique.

C’est pourquoi tous ceux qui veulent mettre fin à la guerre en Libye devraient soutenir l’opération Irini sans hésitation.

(Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité)

Chapô, titre et intertitres sont de la rédaction

Lire notre dossier N°81. L’opération de contrôle d’embargo sur les armes au large de la Libye EUNAVFOR Med IRINI

Lire aussi :

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Quelles postures des services Cyber israéliens dans la lutte contre le COVID-19 ?

EGEABLOG - Tue, 21/04/2020 - 15:08

''Je suis heureux de publier un texte d'un jeune directeur pays au sein d'une grande société de Défense européenne et officier de réserve au sein des Armées, Romain Queïnnec. Mille mercis à lui. O. Kempf

Le directeur général de l'INCD (comparable à l'ANSSI en France) - Igal Unna - a passé en revue la posture Cyber d'Israël dans le contexte de la crise du COVID-19, à l'occasion du CyberTechLive d'avril 2020

La crise sanitaire mondiale et la course au vaccin que nous vivons actuellement fait naître une crise Cyber aux multiples facettes. D'une part, le contexte est particulièrement favorable aux agresseurs : explosion et déploiement anarchique du télétravail, sécurité affaiblie par la gestion à distance/délais de réactions/procédures non-maîtrisées, utilisateurs stressés moins vigilants, etc. Et, d'autre part, les mobiles d'agressions, quant à eux, sont nombreux et variés : rançons, hacktivisme, espionnage économique, pré-positionnement de dispositifs pour actions ultérieurs, etc.

L'INCD distingue 4 profils rencontrés par leurs équipes lors de la gestion de cette crise Cyber :

  • Cybercriminalité : profiter de la tension liée à la crise sanitaire pour obtenir des rançons.
  • Scriptkiddies et étudiants : "joue" au hacking ou passe-temps pour s'occuper en confinement.
  • Hacktivistes : activités de militantisme politique, religieux, etc.
  • Etatique (direct ou indirect) : espionnage économique, pré-positionnement de dispositifs.

Les 7 missions de l'INCD durant la crise du COVID-19

Bien que déjà en posture d'alerte dans le contexte des élections israéliennes, l'INCD a cependant orienté spécifiquement une partie de ces missions dans le cadre de la crise sanitaire actuelle. Cette posture est doublement renforcée par la célébration par les juifs israéliens de "Pessah" début avril, période habituelle d'attaques Cyber importantes pour ce pays.

Les 7 missions principales que l'INCD a identifiées sont les suivantes :
  • Cybersécurité et continuité d'activité complète du secteur Santé.
  • Cybersécurité des chaînes d'approvisionnements maritimes et aériennes.
  • Cybersécurité des accès à distance aux services "e-Gov".
  • Un accès fluide et continu à Internet malgré le télétravail de masse et l'explosion de la consommation des loisirs numérique durant le confinement.
  • Cybersécurité de la production et de la distribution alimentaire et médical.
  • Assurer une industrie Cyber parfaitement opérationnelle pour soutenir les secteurs publics et privés.
  • Cybersécurité de la R&D autour de l'étude de solutions contre le COVID19 (vaccins et solutions technologiques). Autrement dit, protection contre l'espionnage (y compris économique) des éventuelles découvertes israéliennes.
Les mesures prises par l'autorité Cyber Israélienne

L'INCD a mis en place 8 mesures cyber :

  • Mise en place d'un "Command & Control" dédié à la crise COVID-19 en partenariat avec les "agences habituelles".
  • Alertes et conduites à tenir Cyber publiées sur les sites gouvernementaux (ex: collaboration sur Zoom, télétravail, Vishing et Phising, etc). L'INCD a publié 17 alertes et conseils de conduite à tenir depuis le début de la crise.
  • Conseil et audit de l'application de backtracking "Hamagen" (c.a.d "le bouclier") à destination de la population locale.
  • Coopération internationale : webinar thématique (50 pays, 220 participants, 4 sessions).
  • Mise en place d'un market-place rassemblant environ une centaine de produits/services/solutions Cyber israéliens.
  • La hotline "119" pour signaler les incidents Cyber.
  • Sécurisation des laboratoires liés aux tests ou recherche du coronavirus. Actuellement, 29 laboratoires ont reçu l'aide de l'INCD.
  • Renfort des services et audits ciblés : 136 nouvelles institutions inscrites sur l'outil de scan et d'analyses des risques cyber, 52 organisations passées en niveau "infrastructure critique" (équivalent en France des OIV), 4 audits conjoints menés avec d'autres services, 7 opérations de réponses à incidents menés par les équipes de l'INCD.
Anticipation - Quelles leçons pour demain ?

L'ANSSI israélienne déclare également travailler sur le "day after" et a identifié 6 leçons qui peuvent déjà être retenues de l'expérience de la crise Cyber en cours :

  • Augmenter la capacité de fonctionnement à distance : télétravail, télémedecine, e-learning, service e-gov.
  • Déploiement de la 5G et du cloud pour faire face à la tension sur les infrastructures de télécommunication.
  • Un engagement et une sensibilisation plus large sur la Cyber en cas de crise.
  • Réouverture des discussions concernant la vie privée VS le bien public : géolocalisation, medical, données.
  • Redéfinition de la Cybersécurité comme fournisseur de services critiques.
  • Maitriser des TTP (Tactique, Technique et Procédure) en cas de fonctionnement massif des organisations à distance.
COVID-19 - Opportunité pour notre souveraineté Cyber ?

La posture Cyber israélienne menée par l'INCD est irriguée par la tradition du pays à naviguer entre la gestion de crise et le "day-after", c'est à dire entre l'innovation de contrainte et l'innovation d'anticipation. Bien que temporellement situé au coeur de la crise, il y a un vrai challenge stratégique dans cette innovation d'anticipation, en ce qu'elle est une opportunité de prise de leadership pour demain. Le "chaos fertile" de Sun Tzu.

Pour renforcer et conclure mon propos, je ne peux pas m'empêcher de vous partager cette citation de Mike Rogers (ancien directeur de la NSA américaine) qui répondait à Nadav Zafrir (ancien général de l'unité 8200 - Renseignement militaire Israélien), tous deux participants au CyberTechLive, et liés par leurs activités au sein du think-tank Cyber Team8.

Nadav Zafrir de demander "Les gens sont en train de perdre leurs jobs, comment pouvons-nous penser au futur ?"

Et Mike Rogers de répondre : "Conduisez le changement, ne le subissez pas ! Conduire le changement, c'est sécuriser son futur. Tirez avantage de cette crise et saisissez l'opportunité de créer un monde meilleur".

Meilleur pour qui ?

Conclusion

Au-delà de la pensée "américaine" de Mike Rogers, pour laquelle je laisse chacun avoir son avis, je me demande si effectivement en France et en Europe nous ne sommes pas dans un effet tunnel de gestion de la crise. Mobilisé (à juste titre) sur la continuité d'activité, ne manquons-nous pas des opportunités de conduire activement le changement à court terme ("prendre la main"), et donc des opportunités de prise de leadership à moyen-long terme face à nos challengers stratégiques Cyber ? La crise du COVID-19 n'est-elle pas une opportunité pour le déploiement offensif d'une souveraineté Cyber pour la France et l'Europe ?

Romain QUEINNEC

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Merci à Bernard Barbier, Jean-Noël de Galzain et Julien Provenzano pour leurs relectures et conseils.

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Une opération en Méditerranée a justifié le maintien de la mission Foch

Bruxelles2 - Tue, 21/04/2020 - 11:20

(B2) Le chef d’état-major des Armées français, François Lecointre, a donné, dimanche (19 avril), sur France-Inter, des explications très intéressantes sur l’épidémie du coronavirus qui a atteint les marins du Charles-de-Gaulle. Avec une révélation : le groupe aéronaval devait être engagé en opération en Méditerranée

Les Rafale devaient partie en opération en Méditerranée. Opération interrompue pour cause d’épidémie (crédit : DICOD / EMA)

Une épidémie qui a débordé du cadre prévisivbile

La cause ‘possible’ : l’escale de Brest

Tout d’abord le général met fin à un suspense : « On pense que cette contamination s’est produite à l’escale de Brest » reconnaît le chef d’état-major des Armées (CEMA), François Lecointre. Mais il faut rester prudent, a indiqué un officier marinier à B2. Il faut attendre les résultats des différentes enquêtes épidémiologiques pour être fixé. Hors des escales, il y a beaucoup de mouvements avec le porte-avions. Et il peut y avoir plusieurs foyers de contamination.

La question de l’escale posée

Courageusement, le CEMA endosse toutes les décisions, assumant toute l’ampleur de la décision (déchargeant ainsi le niveau politique d’une quelconque responsabilité). « On s’est posé la question à partir de début mars si on allait maintenir [la mission Foch]. La décision prise par le commandement — de la marine et moi-même — a été de la maintenir. Car elle correspond à une nécessité logistique d’un porte-avions en mission depuis deux mois. Et il fallait recompléter un certain nombre d’éléments dans le porte-avions pour qu’il poursuive cette mission. » L’escale a été maintenue avec des conditions de restriction : suppression des échanges internationaux, échanges limités avec les familles.

Des mesures de précaution pas suffisantes ?

Il y avait bien des cas à bord du Charles-de-Gaulle. Mais des cas jugés bénins apparemment. Et les mesures de précaution ont été levées. Trop tôt apparemment. « Après le 30 mars, à la fin de la quatorzaine, en l’état des connaissances à ce moment-là, a été décidée la levée de ces mesures barrières et des mesures contraignantes. Nous étions globalement à une dizaine de cas ORL, qui sont le stock constant qu’observaient les médecins sur ce type de bâtiment. C’est seulement à partir du 5 avril qu’ont été identifiés par le service médical de bord une dix-huitaine de cas symptomatiques. » (1)

Une opération en Méditerranée

Le porte-avions a appareillé après l’escale de Brest le 16 mars « en direction de la Méditerranée », indique le général François Lecointre (2). Pour lui, il fallait à tout prix que le porte-avions poursuive sa mission, pour deux raisons. L’une est connue : « Nous avions des exercices de qualification d’équipage en particulier des pilotes ». L’autre l’est moins : « nous avions des opérations à conduire en Méditerranée avant l’arrivée à Toulon ».

… non prévue au programme d’origine

Même si ce n’est « pas un secret défense », le général ne veut pas en dire plus. Il n’a pas non plus été interrogé sur ce point par nos confrères. Cette opération n’était cependant pas prévue, du moins dans le programme (public) établi au départ du groupe aéronaval. Celui-ci devait, une fois les deux exercices en mer du Nord (au large de l’Écosse et au large Pays-Bas-Danemark), avec une dernière séance de qualification au large du Portugal, rentrer à son port d’attache : Toulon. Ceci nous a bien été confirmé par un officier marine.

… en Méditerranée

Autre point : il ne s’agit pas d’un exercice, ou d’une démonstration d’amitié (type Passex), mais bel et bien d’une « opération ». Le mot employé (à deux reprises) par le CEMA qui est très précis dans l’emploi de ses mots, ne laisse aucun doute. Tout comme la zone géographique, précisément nommée : « Méditerranée ».

… au large de la Libye ?

À priori, il ne s’agit pas d’une opération au large de la Syrie, le délai de route n’était pas suffisant. Et le retour dans l’opération Chammal n’était pas prévu, selon nos sources. De fait, il pourrait fort bien prêter concours à la nouvelle opération de l’Union européenne (EUNAVFOR Irini), chargée du contrôle de l’embargo sur les armes vers la Libye, qui souffre aujourd’hui de ne pas démarrer, faute de moyens, dont des navires. Début avril, au moment de la génération de forces, on nous avait annoncé une « participation notable » de la France (Lire : L’opération EUNAVFOR Med Irini sans navires, pour l’instant. La génération de forces se poursuit). Participation qui s’est réduite, selon la réponse de l’état-major français à B2 (le 9.4) à « une frégate multi-missions en alerte ». On sait également que la France est très engagée dans cette zone libyenne, visant notamment à limiter l’emprise turque, comme russe, dans le pays.

Une connaissance de la zone

Pour le groupe aéronaval, cette présence au large de la Libye n’est pas une totale nouveauté. Au printemps 2011, en pleine intervention, le groupe aéronaval était parti pour assister les opérations de frappes aériennes (lire : Les moyens de l’opération « Civilian protection » en Libye en place). Début 2016, le Charles-de-Gaulle et son escorte avaient fait un passage au large, pour recueillir du renseignement.

Commentaire : un très discret démenti à la version officielle

On comprend donc que, au vu d’une opération, la continuité de la mission était nécessaire. Ce faisant le CEMA opère un double démenti, très discret, à la version officielle ministérielle. Le coronavirus a bien impacté les opérations. D’une part, la nécessité de maintenir la mission Foch était bien justifiée au regard de cette opération. D’autre part, l’interruption de la mission Foch et le retour anticipé du groupe aéronaval l’ont privé de cette « opération » en Méditerranée. Et la France est privée de porte-avions au moins jusqu’à fin juin. Le coronavirus — ou plutôt la non prise en compte rapide de l’épidémie (3) – a donc des conséquences très concrètes, opérationnelles sur la force française. Enfin, rappelons qu’en matière d’opération, ce n’est pas simplement un pacha de navire ou un commandant de task force 473 et même un CEMA qui prend la décision. Cette décision est politique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire nos dossiers :

Le bilan de l’épidémie du coronavirus à bord du groupe aéronaval

Voici le dernier bilan recueilli directement par B2 de source officielle (au 20.4)

Trois cinquièmes des marins du porte-avions contaminés

2010 tests ont été effectués sur 2390 marins en tout du groupe d’action navale. 1080 tests sont positifs, en grande partie sur le porte-avions :

  • 1046 marins ont été détectés positifs au Covid-19 sur 1798 marins du Charles de Gaulle (R-91), soit près de 60% de l’équipage (58,2%) ;
  • 19 marins positifs sur les 222 marins de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul (D-621), basée à Toulon ;
  • 0 marin positif sur les 168 marins du BCR Somme (A-631), basé à Brest. 106 ont été libérés et rendus à leurs familles. 62 restent en quarantaine car ils sont passés par des locaux ou ont fréquenté des ‘positifs’ ;
  • 0 marin positif sur les 219 marins de la frégate anti-sous-marine La Motte Piquet (D-645), basée à Brest ;
  • 8 positifs sur la flottille 11F de Landivisiau dotée de Rafale Marine ;
  • 7 positifs sur la flottille 4F de Lann Bihoué dotée d’avions d’observations E2-C Hawkeye.

Deux marins en réanimation

24 marins sont hospitalisés (un est entré et l’autre est sorti lundi 20 avril). 9 sont sous oxygène et 2 sont en réanimation : un major et un maitre principal, tous les deux plutôt âgés, du moins dans la zone d’âge considérée comme critique pour le coronavirus (50+). Ils sont en état « stationnaire » comme disent les médecins. C’est ce qui inquiète particulièrement les autorités.

Côté étranger

  • 1 testé positif sur la frégate belge Léopold Ier
  • 0 testé positif sur la frégate allemande Lübeck
  • nous attendons les résultats côté portugais et espagnol

(bilan établi au 8.4)

  1. Au 30 mars, cela fait une semaine qu’un cas de Covid-19 est confirmé sur la frégate belge.
  2. Point qui n’est pas tout à fait exact, puisque le navire repart en direction de la mer du Nord où il restera durant une bonne quinzaine de jours. C’est durant cette quinzaine de jours que tout se joue, même si selon le CEMA, l’équipage applique un plan d’action rigoureux, assez sévère, avec des gestes barrières.
  3. Le retour des militaires ayant rapatrié des Français de Chine (de Wuhan) pose aussi question. La base militaire de Creil ayant sans doute été un des premiers lieux et foyers de contamination du coronavirus (avec le point clé de Mulhouse).

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L’Allemagne s’apprête à acheter des F18 américains

Blog Secret Défense - Mon, 20/04/2020 - 12:23
Il s’agit de remplacer les Tornados pour la mission nucléaire de l’Otan.
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Au 14 rue de l’Est

Bruxelles2 - Sun, 19/04/2020 - 16:30

(B2) Dans ce garage situé en sous-sol à Boulogne Billancourt, rue de l’Est, au numéro 14, nous en avons eu des illuminations, des projets, des actions. Dans ce siège de la Croix-rouge départementale des Hauts-de-Seine, nous nous retrouvions souvent pour travailler mais aussi, phosphorer, cogiter sur ce qu’on pourrait faire pour améliorer la gestion d’urgence, et agir.

Entre l’idée et la réalisation, il n’y avait pas souvent beaucoup de semaines qui s’écoulaient. Le temps de rassembler les volontaires, les moyens, on ne réfléchissait pas trop, on fonçait. C’est dans ces entrailles, entre l’huile des moteurs, la photocopieuse, et les bureaux situés aux étages, voire au point zéro de la Porte St Cloud, que sont nées l’informatique appliquées aux urgences, un des premiers serveurs d’information d’ONG (sur minitel à l’époque – internet n’existait pas), des rencontres européennes avec des jeunes venus de tous pays (y compris de l’autre côté de ce qui était à l’époque ‘le Mur’), et surtout une nouvelle doctrine de secours d’urgence et de secours de catastrophes.

Entre fonceurs et organisateurs Antoine avait choisi son camp, faire les deux : il encadrait ceux un peu trop enthousiastes, savait trouver le bon curseur pour organiser l’action, et agissait. Si la doctrine du secours de catastrophe dans les organisations de volontaires (notamment à la Croix-Rouge) a évolué, voire s’est mise en place, c’est en partie grâce à lui. Dans la discrétion et dans l’efficacité, s’est monté ce qu’on dénommait ORISC, l’organe de recherche et d’intervention de la Croix-rouge française, une unité composée de volontaires dédiée à la recherche et sauvetage. Un premier ouvrage sur le secours de catastrophes a été publié, préfacé par Haroun Tazieff. Sous la forme d’un numéro spécial de notre feuille de chou (Message), pour éviter de susciter les foudres du national, et avec la bénédiction tacite des instances internationales (CICR et FICROSS). Avec lui, nous avions aussi accueilli Bernard Kouchner tout juste promu secrétaire d’État à l’action humanitaire, pour notre seconde rencontre européenne de jeunes (Europa Meeting). Un moment émouvant. Sa première sortie comme ministre, c’était un peu le relais entre les ‘anciens’ french docteurs et les nouveaux. Le courant passait car nous avions la même fibre, celle d’agir, et le désir de remuer une vieille dame, un peu trop sage à notre goût et engoncée dans son confort. Inutile de vous dire que recevoir celui qui avait dénoncé l’inaction de la Croix-rouge dans les années 1970 nous avait valu une algarade salée du National. Peu importe, on continuait. Et on se retrouvait alors à Paris ou en Savoie (du côté du centre de formation de Modane) pour refaire le monde et engager une autre action… ORISC a été ensuite reconnu et est parti sur plusieurs théâtres d’opération. C’est une autre histoire.

Antoine n’est plus, décédé d’une trop longue maladie vendredi. Adieu Antoine

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Covid-19 : comment l’épidémie a été gérée sur le Charles de Gaulle

Blog Secret Défense - Sat, 18/04/2020 - 16:37
60% de l’équipage est positif au Covid. Le point sur le déroulement de l’affaire. (Actualisé-1)
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Un employé de la délégation de l’UE en Bosnie-Herzégovine mis sous bonne garde et rapatrié en Allemagne

Bruxelles2 - Fri, 17/04/2020 - 22:10

(B2) Un agent de la délégation de l’UE à Sarajevo a été rapatrié manu militari dans son pays d’origine l’Allemagne. Atteint du coronavirus, il refusait d’être soigné sur place et avait fui l’hôpital

Le camp Butmir où résident les militaires européens à Sarajevo (Crédit : EUFOR Althea)

Les militaires de l’opération européenne EUFOR Althea présente en Bosnie-Herzégovine ont été appelés à la rescousse jeudi (16 avril) pour sécuriser et mettre sous bonne garde un employé de la délégation de l’UE en Bosnie-Herzégovine qui se baladait dans la nature.

Hospitalisé pour un Covid-19

Atteint du Covid-19, cet homme de nationalité allemande avait fui la clinique des maladies pulmonaires de Podhrastovi (à Sarajevo) où il était hospitalisé, selon Klix.ba, un média local. La police de Sarajevo l’a récupéré dans la municipalité de Stari Grad et a attendu l’ambulance pour le ramener à son point de départ (1). Point confirmé par la délégation de l’UE. « Nous pouvons confirmer que notre employé, positif au Covid-19, était sous la garde du personnel médical à Sarajevo et qu’il a quitté le district hospitalier aujourd’hui. Nous avons rapidement réagi en coordination avec les autorités, en veillant à ce que notre personnel rentre à l’hôpital. » Selon nos confrères bosniens, « un véritable drame se déroule actuellement dans le quartier d’isolement » de Podhrastovi.

Mis sous bonne garde au camp Butmir

Il a donc été ‘récupéré’, et transféré au camp Butmir le 16 avril au soir. « L‘individu a été reçu à la porte par le personnel médical et la police militaire, l’individu reste isolé, sous surveillance médicale et gardé sur le camp, jusqu’à ce que le rapatriement soit organisé » indique le porte-parole de l’opération. Et une demande de rapatriement dans son pays d’origine a été adressée. Le lendemain, vendredi, il a été rapatrié dans son pays, à bord d’un avion de rapatriement médical, qui a décollé de l’aéroport de Sarajevo à 20h ce vendredi, selon les militaires européens.

(NGV)

  1. Apparemment, en cours de route, l’homme a de nouveau cherché à s’enfuir. Il a réussi à ouvrir la porte et a commencé à courir. Mais la police et les ambulanciers l’ont rattrapé et placé sous surveillance.

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Covid-19 : un millier de marins du groupe aéronaval testés positifs

Blog Secret Défense - Fri, 17/04/2020 - 18:13
24 marins sont hospitalisés.
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Torpilles : où en est la marine russe ?

L'armement des sous-marins en torpilles semble constituer un autre goulot d'étranglement de la marine russe, après ceux de la lutte ASM et de la guerre des mines, déjà évoqués sur notre blog. La presse maritimiste russe se fait ainsi régulièrement l'écho...
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Torpilles : où en est la marine russe ?

L'armement des sous-marins en torpilles semble constituer un autre goulot d'étranglement de la marine russe, après ceux de la lutte ASM et de la guerre des mines, déjà évoqués sur notre blog. La presse maritimiste russe se fait ainsi régulièrement l'écho...
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Le groupe aéronaval français atteint au cœur. La situation minorée par les armées (v3)

Bruxelles2 - Fri, 17/04/2020 - 13:12

(B2) La situation sur le groupe aéronaval n’est pas du tout celle annoncée au départ. Plus de 50% des marins pourraient être contaminés par le coronavirus. La question de la responsabilité d’avoir maintenu l’exercice est désormais posée, y compris au niveau politique

668 cas ont déjà été détectés positifs au Covid-19 sur les militaires participants à la task-force 473 — groupe aéronaval formé autour du porte-avions Charles-de-Gaulle — indique le ministère français des Armées, dans un communiqué publié jeudi (16 avril) reprenant des chiffres datant d’il y a deux jours. Un résultat très provisoire. « Au 14 avril au soir, 30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats ».

Retour de la mission Foch des pilotes de Hawheke basés à Lann-Bihoué (crédit : DICOD / EMA)

Les marins du porte-avion principalement concernés

La « grande majorité de ces tests » concerne des marins du porte-avion Charles-de-Gaulle précise la communication officielle. Les autres concernés ne sont pas mentionnés. On sait seulement que la frégate anti-sous-marine La Motte Piquet — basée à Brest — qui accompagnait le ‘Charles’ n’a pas beaucoup de contaminés et a pu reprendre la mer. Et que des marins de la frégate de défense aérienne Chevalier Paul comme le bâtiment de commandement de ravitaillement Somme, sont également atteints.

Analyse et commentaires

En l’état de la communication, volontairement lacunaire, des armées, les questions restent nombreuses.

Un taux de contamination supérieur à 50% ?

On est face à un cas beaucoup plus grave que voulait bien le dire la communication officielle (40 suspects). Si on se fie au chiffre indiqué, sur les 1767 militaires testés, seuls 70% (environ !) des tests sont connus, soit un nombre d’environ 1250. On arrive ainsi à un taux de contamination de 54% sur les militaires concernés et non de 30% comme on pouvait le penser. Le taux définitif reste donc à déterminer. Il devrait osciller entre 38% (version ultra optimiste et peu réaliste) et 70% (version pessimiste). De façon raisonnable, on peut estimer qu’il dépassera les 50%. (chiffre confirmé depuis, cf. encadré 1 et 2)

Le groupe aérien également touché ?

La communication officielle reste très discrète. Mais une des catégories touchées également serait le groupe aérien : avions de chasse Rafale (Landivisiau), hélicoptères (Hyères), avions de surveillance Hawkeye (Lann-Bihoué). Étant donné la relative tension en personnel des pilotes, mécanos et autres éléments de soutien au niveau aérien, c’est aussi grave, voire davantage que l’immobilisation du porte-avions.

Le pacha aurait demandé l’interruption de l’exercice

La question de la responsabilité politique va se poser rapidement. Selon un marin interrogé par France-Bleu, le pacha (commandant) du navire aurait proposé d’interrompre l’exercice dès connaissance des cas, après l’escale de Brest. Ce qui nous parait tout à fait logique connaissant le sens de responsabilité qui anime les marins, surtout au plus haut niveau. Le ministère a refusé. Il faudra déterminer qui a refusé. Les parapluies vont commencer à s’ouvrir un peu partout, pour rejeter la responsabilité sur le niveau inférieur… ou supérieur.

La question de la responsabilité politique

Ce qui est sûr c’est que concernant un porte-avions qui non seulement est à propulsion nucléaire, mais est un des éléments de la dissuasion nucléaire française (emportant des avions capables de porter la bombe nucléaire), cette décision n’est pas du ressort du seul pacha ni d’un simple commandant d’état-major. Une telle décision remonte immédiatement au cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly, et à celui du président de la République.

Le premier tour des municipales a-t-il influencé ?

La poursuite de la mission Foch après l’escale de Brest est une vraie interrogation : sanitaire, militaire et politique. Il est vrai qu’interrompre un tel exercice est une décision politique d’envergure, un signal symbolique. On peut raisonnablement penser que l’exécutif qui était dans une posture de ‘vaillance’ vis-à-vis du coronavirus et voulait maintenir à tout prix le premier tour des municipales ne pouvait se permettre d’annuler le déplacement du Charles-de-Gaulle. Question de principe.

Une communication à la chinoise

On peut s’interroger, au final, sur la validité de la communication française militaire aujourd’hui. Celle-ci a retrouvé les bons vieux réflexe de la ‘Grande muette’. Au moment où le président français Emmanuel Macron met en cause les mensonges de la Chine sur l’épidémie du Coronavirus (2), la communication du ministère des Armées ne vaut pas mieux : nier tout problème, puis affirmer 40 cas suspects, qui deviennent 50 positifs puis passer à un chiffre multiplié par 13, en oubliant au passage un marin sur trois…. Cela fait beaucoup. Évidemment annoncer, du jour au lendemain, un taux de contamination sur plus de la moitié de l’équipage était délicat. Donc, par touches successives, on révèle une à une les informations, espérant qu’un autre évènement surviendra, faisant passer au second plan la réalité. Cette tactique utile à court terme est néfaste à moyen terme. Elle pourrait entamer, de façon notable, la crédibilité des armées. C’est dommage…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(Mis à jour) 60% testés positifs (source SSA) sur près de 1600 marins

Interrogée par les sénateurs ce vendredi (17 avril), la directrice du service de santé des armées (SSA) a reconnu que la situation était bien plus grave que prévues. « Sur les 2300 marins du groupe aéronaval, « tous testés à leur retour à Toulon, 940 ont été testés positifs, 645 négatifs, les autres résultats de tests n’étant pas encore connus » affirme la générale Maryline Gygax Généro. Soit un taux avoisinant les 60% de contaminés sur près de 1600 marins (1585 exactement).

Sur le porte-avions lui-même, « 500 marins ont présenté des symptômes, 20 militaires sont hospitalisés, 8 sont sous oxygénothérapie et 1 est en réanimation ». Les marins testés négatifs sont tous en quatorzaine en enceinte militaire, et font l’objet d’un suivi biquotidien du service de santé des armées.

Et de commenter : « La contamination du porte-avions est un événement absolument majeur. Il y aura sans nul doute des conséquences à tirer à l’issue de cette crise, qu’il s’agisse des spécialités médicales du SSA, ou du matériel » a-t-elle indiqué selon le compte-rendu dressé par le Sénat. « Nous sommes et serons transparents ». Interdit de sourire …

54% sur 2010 tests

Devant l’assemblée nationale, le même jour (à 15h), la ministre française des Armées Florence Parly, complète ce chiffre par un autre qui va dans le même sens : « au 17 avril, sur 2010 tests effectués, 1081 marins sont positifs au Covid-19 ». Et, au total, « 545 marins présentent des symptômes de maladie ». On est donc bien sur un taux de contamination supérieur à 50% (53,8% exactement) (2). En sachant que ce chiffre n’est pas définitif : il reste encore 300 marins à tester. Autre élément intéressant de ce test, un marin sur deux ne présente aucun symptôme, mais est bien détecté positif (donc contaminant). Ce qui correspond aux statistiques ‘civiles’ d’une maladie extrêmement contaminante par des porteurs sains. Télécharger le discours de la ministre

  1. La Chine a masqué certaines informations. Lire son entretien au Financial Times.
  2. Selon Le marin cette information était déjà connue depuis la veille au moins. Il indique que 51 % de la population du groupe aéronaval débarquée à Toulon (2000 marins) était contaminée par le virus covid-19, selon un bilan du 16 avril, non diffusé par les autorités. Ce alors que 7 % des tests manquaient encore sur le total.

Lire aussi :

Mis à jour avec les deux informations officielles provenant du service de santé des armées et de la ministre Florence Parly (qui confortent notre première analyse), voire même vont au-delà, ainsi que l’information du Marin.

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L’opération Irini doit disposer des moyens nécessaires pour réaliser son mandat (général Graziano)

Bruxelles2 - Thu, 16/04/2020 - 17:10

(B2 – exclusif) ‘Operation Irini’. Le nom de la toute nouvelle opération navale de l’UE est sur toutes les lèvres dans le monde de la défense européenne. Aura-t-elle plus de succès que sa prédécesseur Sophia dans le contrôle de l’embargo sur les armes en Libye ? Nous avons interrogé le général Claudio Graziano, président du comité militaire de l’Union européenne 

Le général Graziano (crédit : EUMC)

De l’opération Sophia, on retient surtout les sauvetages en mer. Elle n’a pas vraiment réussi à faire respecter l’embargo imposé par l’ONU sur les armes à destination de la Libye. C’est devenu la priorité pour Irini. Qu’est-ce qui change ? 

— Grâce à des moyens aériens, navals et satellitaires dont elle disposera, l’opération Irini sera en mesure non seulement d’appliquer l’embargo sur les armes dans la zone d’opération assignée, mais aussi de surveiller les violations dans une zone plus large et dans différentes dimensions, en assurant au mieux de ses capacités une approche équilibrée et impartiale. Cela permettra à l’Union européenne de fournir aux Nations unies un tableau plus complet de l’éventuel trafic d’armes vers la Libye.

Irini aurait du débuter le 1er avril mais a finalement été retardée, puisque les États membres n’ont pas fourni les moyens nécessaires. Beaucoup de questions se posent. En tant que président du comité militaire, vous savez comment avancent les tractations. Êtes vous optimiste ? 

— L’opération Irini est essentielle pour contrôler l’embargo sur les armes, pour la paix en Libye. C’est pourquoi elle doit disposer des moyens nécessaires pour mettre en oeuvre son mandat. L’opération a été conçue en un laps de temps relativement court, ce qui montre la capacité de réaction de l’UE en temps de crise. Nous faisons face maintenant à un défi nouveau : la complexe tache de passer, en douceur, d’une opération à l’autre.

Tout cela, sans oublier le défi inexploré que représente la pandémie actuelle de coronavirus, une des épreuves les plus difficiles que l’humanité tout entière ait jamais connues, depuis très longtemps. Je comprends que le Coronavirus puisse pour l’instant empêcher certains États membres de fournir des moyens. Cependant une déclaration claire, exprimant l’intention de soutenir Irini dès que les conditions le permettront, apportera de la crédibilité à une mission qui représente le fer de lance des activités de la PSDC.

La volonté des 27 est-elle suffisante, selon vous ?  

— Avec ce mandat clair pour la surveillance de l’embargo sur les armes, l’opération Irini est une preuve supplémentaire que les États membres de l’UE peuvent, en fin de compte, faire preuve d’une unité d’intention, responsable, en particulier lorsqu’il s’agit de menaces et de défis sécuritaires d’intérêt commun. Cette décision souligne également la volonté de l’Union européenne de jouer son rôle de manière crédible, dans un domaine d’intérêt stratégique. C’est une contribution concrète à la mise en œuvre des conclusions de la conférence de Berlin sur la Libye, et qui a comme tâche essentielle de surveiller l’embargo sur les armes établi par les Nations unies.

(Propos recueillis par Aurélie Pugnet)

Entretien réalisé entre le lundi 6 et le samedi 11 avril, en anglais, par voie de mails

Lire aussi :

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