(B2) François Hollande a mis directement en cause la Turquie pour son attitude pas très claire dans le conflit syrien, face à la presse, à l’issue d’un sommet européen essentiellement consacré à la crise des réfugiés et au Royaume-Uni. Demandant « une nouvelle fois que les bombardements cessent », le président français a aussi mis en garde contre « une tentation du côté de la Turquie de bombarder ». « C’est une situation grave car il y a une escalade ». Il peut y avoir « un conflit ouvert alors que l’un de ses pays est membre de l’OTAN. » Autrement dit un risque d’entraîner dans un conflit les alliés qui devraient alors venir au soutien d’un de leurs alliés en difficulté ou rester coi, ce qui dans tous les cas affaibliraient l’Alliance. « Il faut tout faire pour que les discussions de Münich reprennent » conclut Fr. Hollande.
(NGV au sommet européen)
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(B2) Des hommes armés ont ouvert le feu sur des civils réfugiés dans la base des Nations unies de Malakal au nord du pays, jeudi 18 février, tuant au moins 18 personnes, dont deux employés de Médecins sans frontières (MSF), annonce l’organisation humanitaire dans un communiqué.
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(B2) Le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a officiellement confirmé qu’il y avait bien eu des frappes, ce matin (19 février), menées lors d’un raid aérien américain en Libye, près de Sabratha (à l’ouest de la Libye, près de la frontière tunisienne). Les frappes menées par deux F-15 qui ont décollé de la base de la Royal Air Force de Lakenheath (dans le Suffolk) ciblaient un des camps d’entraînement de l’organisation de l’Etat islamique (ISIL/Daesh), et particulièrement, le Tunisien Noureddine Chouchane (alias) « Sabir », soupçonné d’être impliqué dans l’attaque du musée de Bardo à Tunis, en ayant fourni la logistique des auteurs de l’attentat. « Cette frappe démontre que nous irons chercher ISIL là où c’est nécessaire, utilisant toute la gamme de moyens à notre disposition » ajoute Peter Cook.
Early this morning the U.S. military conducted an airstrike in Libya targeting an ISIL training camp near Sabratha and Noureddine Chouchane, a.k.a. « Sabir, » a Tunisian national who was an ISIL senior facilitator in Libya associated with the training camp. (…) Destruction of the camp and Chouchane’s removal will eliminate an experienced facilitator and is expected to have an immediate impact on ISIL’s ability to facilitate its activities in Libya, including recruiting new ISIL members, establishing bases in Libya, and potentially planning external attacks on U.S. interests in the region. We are assessing the results of the operation and will provide additional information as and when appropriate. This strike demonstrates we will go after ISIL whenever it is necessary, using the full range of tools at our disposal.
Les Américains avaient déjà fait une frappe aérienne en novembre quand des avions F-15 avaient visé un commandant dénommé Abu Nabil.
(NGV)
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(B2) Sur la RTBF ce matin, après la rubrique ‘Café serré’ de Alex Vizorek, Louis Michel est revenu sur l’esclandre qu’il avait provoqué au Parlement européen sur la loi danoise. Interrogé pour savoir s’il regrettait …
« Non… Et je le referai volontiers. Le débat devenait soporifique, les 2 ministres (danois) lisaient de manière niaise des réponses qui n’étaient en fait pas destinées aux questions. J’avais demandé la parole. Me Gal m’a ignoré. Et alors çà… ignorez un parlementaire, quand on débat des valeurs européennes. je trouve que c’était le déshonneur du parlement, c’était vraiment business as usual. Ce n’était vraiment pas accetable ».
Ecoutez ici Un moment à déguster car l’humour de Alex Vizorek est savoureux…
Lire : Le coup de gueule salutaire de Big LouLou sur la loi danoise
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(B2) Le sommet européen, qui se tient ces jeudi et vendredi (18 et 19 février) à Bruxelles, se tient sur fond de crises multiples. Que fait-on ensemble ? semblent s’interroger les Européens (*).
La crise des réfugiés, des frontières, le Brexit, le conflit dans la Syrie voisine… sont en passe de faire sauter les dernières digues politiques de la solidarité européenne. Si l’Europe a connu jusqu’ici nombre de crises, la fragmentation est aujourd’hui très affirmée entre les pays : ceux du nord, et du sud, de l’est et de l’ouest. La tentation du chacun pour soi est forte. Les Chefs d’Etat et de gouvernement n’auront pas trop de nombreuses heures, et d’une nuit, entre jeudi et vendredi, pour tenter de recoller les morceaux de crises qui semblent les dépasser. De multiples réunions précéderont le sommet : dès ce soir, avec les pays des Balkans, jeudi midi avec la Turquie (1). Signe d’une extrême tension.
Inquiétude pour les frontières
La crise des migrants et des réfugiés inquiète en effet. Les frontières sont soumises à une forte pression extérieure. Chacun redoute le retour du printemps, avec des arrivées, encore plus importantes qu’aujourd’hui par la Méditerranée. L’Europe incapable de défendre ses frontières en est réduite à demander l’aide de l’OTAN et des Turcs pour surveiller ses frontières.
Le plan Juncker grippé
Le plan ‘Juncker’ de gestion en commun de la crise a pris l’eau. Basé sur un triptyque – accueil, relocalisations, retours – il est pour l’instant grippé. Les centres d’accueil et de tri (hotspots) prévus à l’origine ne fonctionnent pas encore tous. Un peu tardivement, Athènes a cependant mis les bouchées doubles ces dernières semaines. L’armée a ainsi été appelée à la rescousse. Et le Premier ministre grec Alexis Tsipras espère bien arriver à Bruxelles en disant : j’ai fait le job, à vous de faire le vôtre.
La relocalisation ratée
Mais la relocalisation des réfugiés, arrivés en Grèce et en Italie, vers les autres pays européens, reste bloquée. Selon le dernier bilan dressé, 500 personnes seulement ont été relocalisées alors que l’objectif était fixé à un peu plus de 100.000 personnes ! Les expulsions des migrants non acceptés comme demandeurs d’asile se heurtent aux réalités. L’Union européenne n’a pas signé beaucoup d’accords de réadmission. Et les pays qui ont signé un tel accord, comme le Pakistan, jouent au chat et à la souris. Islamabad a ainsi renvoyé vers l’Europe plusieurs avions chargés d’expulsés.
Au bord de l’explosion
La Zone Schengen est ainsi au bord de l’explosion. La Grèce a été sommée par ses partenaires et la Commission européenne de mieux surveiller ses frontières maritimes. Faute de quoi, certains pays pourraient être autorisés à rétablir leurs frontières. La difficulté c’est que la Grèce n’a pas de frontières terrestres communes avec d’autres pays de la zone Schengen. C’est donc toute la zone des Balkans qu’il faudrait surveiller. C’est ce que proposent ainsi les pays d’Europe de l’Est. Réunis à Prague, lundi, les dirigeants polonais, hongrois, tchèque et slovaque ont convenu qu’il fallait préparer un « plan B » pour surveiller les frontières dans les Balkans.
L’accord turc plus que tout
Une solution que refuse, pour l’instant, Angela Merkel. La Chancelière allemande préfère miser sur l’accord conclu avec la Turquie pour retenir les réfugiés syriens chez elle. « Je me battrai de toutes mes forces jeudi et vendredi pour que le plan turco-européen soit le bon moyen ». L’enjeu du sommet est « de mettre une solution commune entre Européens et non d’avoir des solutions individuelles qui n’est pas la meilleure formule pour gérer la migration » résume le vice-premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders.
Une maxime qui pourrait s’appliquer à l’autre enjeu de la réunion : trouver une solution qui convienne à David Cameron pour l’inciter à voter en faveur du maintien dans l’Union européenne, lors du prochain référendum qui pourrait se tenir d’ici l’été. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a conçu un panier de solutions, permettant au dirigeant britannique de sortir la tête haute. Mais le consensus n’est pas encore parfait autour de la table. « Une dose de théâtre dans ce type de négociation est toujours nécessaire » ironise un diplomate chevronné de ces tours de table européens. Reste à savoir si ce paquet, qui ressemble à un savant dosage byzantin de concessions et de rappel des principes, convaincra le Britannique ordinaire de voter Oui. Pas sûr… « Nous n’avons pas de plan B, nous avons un plan A. La Grande-Bretagne restera dans l’Union européenne et sera un membre constructif et actif de l’Union », préfère argumenter le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) Article publié dans Sud-Ouest, mercredi matin
(1) réunion annulée suite à l’attentat de Ankara.
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Le lieu de l’explosion en plein coeur du pouvoir turc (crédit : CNN Turc)
(B2) La capitale turque, Ankara, a été frappée en fin d’après-midi par un attentat qui visait clairement les institutions militaires.
Une voiture piégée a explosé au moment où passait un convoi de bus militaires, à quelques centaines de mètres de l’état-major des armées, du Parlement et des bureaux du Premier ministre Davutoğlu.
Le bilan qui faisait mention de quelques blessés au départ s’est rapidement alourdi au fil des heures. Le dernier bilan dressé par le porte-parole du gouvernement à 21h mentionne « au moins 28 personnes et 61 blessés ».
Très vite devant l’importance, en nombre, comme symbolique de l’attentat, Ahmet Davutoğlu a annulé sa venue à Bruxelles pour le mini-sommet prévu jeudi sur la crise migratoire avec plusieurs dirigeants européens. Et les messages de condoléances sont arrivés de différentes capitales en Europe.
Jens Stoltenberg (OTAN) : la solidarité de l’Alliance Atlantique
I strongly condemn the terrorist attack which struck at the heart of Ankara tonight, targeting buses carrying military personnel. I offer my deepest condolences to the families of those killed and to the Turkish people. My thoughts are also with those who have been wounded. There can be no justification for such horrific acts. NATO Allies stand shoulder to shoulder in the fight against terrorism.
Federica Mogherini et Johannes Hahn (CE) : « les condoléances de l’Union européenne »
Another terrible attack hit the centre of Ankara tonight. The EU extends condolences to the families of the victims killed in the attack and wishes a speedy recovery to those injured. Our fullest sympathy goes to the Turkish people and authorities. We are with Turkey and its people in these difficult times and stand by all those who suffer from the consequences of such violence, and of terrorism.
Paris, François Hollande : « un attentat odieux »
Le Président de la République dénonce l’odieux attentat qui a fait de très nombreuses victimes à Ankara ce soir. Il adresse aux autorités turques et au peuple turc son soutien et toute sa solidarité devant cette nouvelle épreuve.
Berlin, Frank-Walter Steinmeier : « choqué (par cet) acte lâche«
Ich bin erschüttert über die Nachricht, wonach erneut eine Explosion in der Türkei zahlreiche Menschenleben gefordert hat. Wir kennen die Einzelheiten noch nicht. Aber wenn sich Medienberichte bestätigen sollten, dass es sich um einen Terroranschlag handelt, wäre das ein neuerlicher feiger Akt der Gewalt in der Türkei. Mein tiefes Mitgefühl gilt den Angehörigen der Opfer. Den vielen Verletzten wünschen wir baldige Genesung.
Les autorités turques n’ont pas indiqué vers qui se portaient leurs soupçons. Le PKK kurde est bien entendu soupçonné, s’étant dans le passé, illustré dans des attaques contre les symboles de l’Etat turc. Mais l’organisation de l’Etat islamique (Daech / ISIS) pourrait aussi être impliquée. Pour le pouvoir turc, cet attentat pourrait ainsi justifier la poursuite de ses offensives en Syrie.
(NGV)
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(crédit : MoD Pays-Bas)
(B2) Les F-16 néerlandais ont frappé pour la première fois dans l’est de la Syrie, selon le dernier bilan des opérations dressé mardi (16 février) par les forces néerlandaises. Les F-16 ont mené « 10 missions de vol en Irak et en Syrie, visant des positions de combat, des moyens militaires et des objectifs stratégiques de ISIS » l’organisation de l’Etat islamique (Daech). La Chambre basse du Parlement néerlandais a voté, mercredi dernier (10 février), pour l’extension de la mission des F-16 néerlandais, basés en Jordanie, à la Syrie.
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(B2) Les bombardements russes, et turcs, continuent au nord de la Syrie. Mais, invariablement, les premiers suscitent des condamnations des Européens, qui fusent immédiatement. Tandis que les seconds suscitent un silence, à peine embarrassé.
Embarras dans les capitales européennes
Ce mercredi, veille de sommet européen, le décalage est frappant. Interrogé par des journalistes, un haut diplomate européen a confié que « pour certains dirigeants (européens), les bombardements russes (1) en Syrie sont quelque chose de préoccupant. Car cela contribue au flux de réfugiés ». Bizarrement, aucun commentaire sur les bombardements turcs (1) dans les zones kurdes. L’explication tient en un seul mot : l’Europe a besoin de la Turquie comme… le thé a besoin d’eau.
Notre ami turc reçu au café autrichien
Le Premier Ministre turc Ahmet Davutoğlu doit normalement (2) se rendre en visite officielle à Bruxelles ce jeudi (18 février) reçu avec tous les honneurs : rencontre bilatérale avec le président du Conseil européen, Donald Tusk et avec le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avant une rencontre multilatérale organisée à la représentation autrichienne, avec les dirigeants de neuf pays (dont le président français François Hollande) autour de la question des réfugiés.
Ne pas parler de sujets qui fâchent
L’échange de questions réponses entre la presse et les portes paroles de la Commission européenne au rituel point de midi est un moment du genre. Interrogée par notre collègue de l’agence Europe, la porte-parole de la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, n’a pu que reconnaitre que « il n’y avait pas eu de contact entre le Service diplomatique européen et les autorités turques depuis la discussion de Münich ». Quant au porte-parole en chef du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, Margaritis Schimas, titillé par les journalistes, il a très vite évacué le sujet, soulignant que l’enjeu principal des discussions entre son chef et le leader turc ne portait pas sur des questions de politique étrangère. Une seule crise à la fois…
Un axe Ankara – Bruxelles
Le mot d’ordre est le même dans toutes les capitales européennes, de Prague à Berlin, en passant par Paris, Rome ou Bruxelles : l’axe de la politique européenne passe aujourd’hui par Ankara qui devient de fait l’allié le plus précieux du moment sur la crise des réfugiés. Il ne faut donc pas s’étonner que les différents responsables européens ne veulent d’aucune façon se prononcer sur les quelques actions militaires menées en zone kurde syrienne par leur ami turc. Et peu importe si les Kurdes, normalement les alliés au sol des Américains et des Français dans leur lutte contre Daech, en pâtissent sur le terrain. C’est la guerre…
Objectif : endiguer le flux des réfugiés
Endiguer le flux — Stemming the flow en bon français comme l’a déclaré un diplomate hexagonal — est en effet devenu la première préoccupation des leaders européens. Les Européens ont déjà promis à la Turquie un paquet de 3 milliards d’euros. Ce qui, en soi, n’est pas énorme pour accueillir aujourd’hui plus de 2 millions de réfugiés (demain 3 millions voire plus). Ils ont promis de rouvrir les négociations d’adhésion — ce qui ne coûte pas cher non plus, car personne ne dit quand elles seront fermées —. Mais la Turquie doit mettre la main à la pâte maintenant sur les réfugiés : en gros ouvrir ses frontières en Syrie, nourrir et donner du travail sur son sol aux demandeurs d’asiles… et les garder et fermer ses frontières côté européen.
Conclusion : les Turcs peuvent continuer à bombarder gentiment les zones kurdes en Syrie tant qu’ils ne se font pas « pincer » par la chasse aérienne russe. Ce qui serait alors un autre sujet de discussion … un peu plus sérieux.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Les premiers (russes) ont lieu par l’aviation essentiellement, les seconds (turcs) ont lieu par l’artillerie. Les Turcs ne se risquent plus à envoyer des avions dans le ciel syrien.
(2) Maj – Une rencontre qui a été remise en cause ou reportée, après l’attentat à Ankara contre un véhicule transportant des militaires ce mercredi.
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(crédit : MSF)
(B2) Tenir un hôpital aujourd’hui en Syrie n’est plus un acte neutre. C’est devenu presque un acte de courage. Sensés être des lieux neutres, où les personnes de tous bords peuvent être soignées, les centres de soins et hôpitaux sont devenus des cibles délibérément visées notamment par le régime syrien. Ce n’est pas souvent des dégâts collatéraux. C’est un objectif délibéré, destiné à éliminer — comme pour les boulangeries et les écoles — toute possibilité d’une vie normale, et faire fuir la population. C’est une sorte de nettoyage général, la politique de la terre brûlée. Pas moins de quatre hôpitaux dans les provinces d’Idlib et d’Azaz ont été visés lundi (15 février). « Ces attaques meurtrières contre des installations médicales et les écoles à Alep et Idlib dans le nord de la Syrie sont totalement inacceptables » a déclaré le commissaire européen à l’Aide humanitaire, Chrystos Stylianides.
Un hôpital de MSF détruit
Un hôpital soutenu par Médecins sans frontières a quasiment été totalement détruit lundi à Ma’arat Al Numan. Il a été touché par « quatre roquettes au cours de deux séries d’attaques menées à quelques minutes d’intervalle » souligne MSF dans un communiqué. « Sept personnes ont été tuées: cinq patients, un accompagnant et un des gardiens de l’hôpital. Huit membres du personnel sont également portés disparus, supposés décédés. D’autres patients manquent à l’appel, sans qu’on en connaisse encore le chiffre exact ». Cet hôpital de 30 lits employait 54 personnes et recensait deux blocs opératoires, un service de consultations externes et une salle d’urgences. « Le service de consultations externes accueillait environ 1 500 patients par mois, la salle d’urgences opérait en moyenne 1100 consultations par mois, et environ 140 opérations de chirurgie orthopédique et générale étaient effectuées chaque mois dans les blocs opératoires » indique l’ONG
Un tiers des structures sanitaires hors d’état
« Un tiers des hôpitaux ne fonctionnent plus en Syrie » souligne la Haute représentante de l’UE Federica Mogherini. « Et près de la moitié des médecins de la Syrie ont été contraints de fuir, laissant de grandes parties du pays presque entièrement coupées de toute forme d’assistance médicale ». Et la chef de la diplomatie européenne de rappeler que selon les « récents accords conclus à Munich et à Genève, nous nous attendons à ce que toutes les parties au conflit ne prennent pas pour cible des civils et des infrastructures civiles. » « Des civils innocents ont déjà tant souffert dans cinq années de ce conflit sanglant. Ils doivent être protégés ! ».
(NGV)
Lire aussi : Russes et Américains alliés objectifs en Syrie
Cet article Un hôpital en Syrie… Boum boum… plus d’hôpital. Un vrai nettoyage du territoire est apparu en premier sur Bruxelles2.
Elément de Sécurité Civile Rapide d’Intervention Médicale de l’hôpital de Equipe Medicale de Escrim (hopital campagne projetable de la Sécurité Civile française) – Crédit : Escrim / CE
(BRUXELLES2) Un Corps médical européen capable d’intervenir rapidement en cas de risque épidémique, en Europe ou dans le monde. L’idée n’est pas neuve. Elle traînait depuis des années dans les esprits des ‘urgentistes’ comme de certains responsables européens. Cette initiative vient d’être concrétisée lundi (15 février) par la Commission européenne.
La crise d’Ebola catalyseur
La crise Ebola a été un catalyseur de ce projet. Il a fallu rapidement déployer du personnel médical et du matériel en nombre. Un défi « sur le plan de la logistique et de la gestion » comme on le juge à la Commission. Fin 2014, la France et l’Allemagne proposent une initiative dite des ‘Casques blancs’. Elle est reprise et détaillée aujourd’hui sous forme d’une action du mécanisme européen de protection civile. L’objectif reste le même : « Pouvoir déployer rapidement des équipes et du matériel pour fournir une assistance médicale et une expertise en matière de santé publique, dans des situations d’urgence, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Union européenne ».
Qui va fournir les équipes ?
Ce sont les États membres de l’Union qui mettent à disposition une ou plusieurs équipes de spécialistes d’urgence. Une équipe comprend des médecins, infirmiers, aide-soignants, secouristes, des experts en surveillance et en coordination médicales, des équipes d’appui logistique ainsi que, le cas échéant, des laboratoires de biosécurité mobiles, des capacités d’évacuation sanitaire. De façon pratique, les équipes restent dans leur Etat membre vaquant à leurs tâches. Elles sont simplement mobilisables en cas d’urgence. C’est ce qu’on appelle une réserve opérationnelle.
Comment ces équipes sont sélectionnées ?
Pour pouvoir intégrer le Corps médical européen, les équipes doivent se soumettre à une procédure de certification. Objectif : garantir qu’elles satisfont à des critères de qualité stricts et sont formées selon les mêmes standards pour pouvoir travailler ensemble ou s’intégrer dans le cadre d’une opération internationale de secours. Une fois la certification obtenue, l’équipe médicale concernée est intégrée au Corps médical européen et devient disponible pour un déploiement dans le cadre d’opérations de réaction d’urgence de l’UE.
Quels pays participent au Corps médical européen ?
A la date du 15 février, 9 pays ont indiqué qu’ils participeraient : les Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas), l’Allemagne, et la France, les nordiques (Finlande et Suède), la République tchèque et l’Espagne. Le dispositif reste ouvert à d’autres participants. « Tout autre pays participant au mécanisme (*) de protection civile de l’UE peut mettre des équipes et des moyens médicaux à la disposition du Corps médical européen » précise-t-on à la Commission européenne.
En tout 12 équipes sont aujourd’hui disponibles (selon le dernier état des lieux publiés, voir ci-dessous) : 4 équipes médicales d’urgence (France, Allemagne, Espagne, Rep. Tchèque), 5 équipes logistiques (Allemagne, Suède, Finlande, Pays-Bas), 2 laboratoires mobiles (Allemagne, Belgique) et 1 équipe d’évacuation médicale (Luxembourg).
Comment cela est coordonné ?
Une fois la certification obtenue, l’équipe médicale concernée est intégrée au Corps médical européen et devient disponible pour un déploiement dans le cadre d’opérations de réaction d’urgence de l’UE. Ce déploiement est normalement coordonné par le Centre de coordination de la réaction d’urgence (CERU) basé à la Commission européenne (Lire : La salle de danse devient … un PC 24/24 pour la protection civile européenne). Mais la décision de déployer les équipes est toujours une décision de l’Etat membre concerné, qui peut ainsi décider d’envoyer, ou de ne pas envoyer son équipe sur une zone d’urgence.
Comment cela se passe sur le terrain ?
La coordination des équipes passe par la plateforme de coordination générale mise sur pied pour l’urgence en question, soit sous la direction d’un pays touché, soit dans le cadre du système de coordination des Nations unies (OCHA ou autre organisation).
Qui finance ?
Le budget européen contribue à la fois à la sélection et la préparation des équipes (formation, exercices, adaptation matériel d’astreinte…) et au financement des déplacements en cas d’urgence sur la zone d’opérations (85% des coûts éligibles sont pris en charge).
Quel est l’avantage alors ?
Avoir des équipes déjà constituées, prêtes à partir, assez homogènes, avec des matériels et des équipes bien identifiées. Ce qui permet d’éviter ce que l’on constate, dans chaque catastrophe, l’arrivée sur le terrain d’équipes certes compétentes et motivées, mais qui ne sont pas du tout conçues sur le même mode organisationnel et, parfois, mettent plus de désorganisation dans les secours que d’efficacité… (cf. à Haïti notamment). L’intégration de ces équipes et de ces experts dans un seul Corps médical européen va accroitre « de manière significative la disponibilité de médecins et de matériel médical lorsque des situations d’urgence se présenteront » souligne-t-on dans les services du commissaire Stylianides, en charge de l’Aide humanitaire à la Commission. Elle permettra « également de mieux planifier et préparer la réaction à de telles situations ». Autre avantage (non négligeable pour les Etats) : la prise en charge de certains coûts par l’Union européenne.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire sur l’opération Ebola
(*) Plusieurs pays non membres de l’UE participent, notamment l’Islande et la Norvège, la Serbie, le Monténégro, et l’ancienne République yougoslave de Macédoine (Fyrom). La Turquie devrait y participer prochainement.
Cet article Epidémies, catastrophes… Le ‘Corps médical européen’ pourra désormais répondre est apparu en premier sur Bruxelles2.
La signature de la lettre d’intention (© NGV / B2)
(B2 à Amsterdam) Ca y est. C’est signé ! Les deux ministres de la Défense, allemande et néerlandaise, Ursula von der Leyen et Jeanine Hennis-Plasschaert, ont apposé leur paraphe, ce matin, sur leur projet de coopération maritime à bord du navire de soutien néerlandais Karel Doorman. Ce qui n’est pour l’instant qu’une lettre d’intention permettra, quand il sera entériné par les deux parlements, d’ici 2018 l’utilisation par les Allemands du navire de soutien amphibie et l’intégration des troupes de marine allemandes au sein du bataillon néerlandais.
La force de la confiance mutuelle
« L’Allemagne et les Pays-Bas montrent comment on peut faire l’intégration des forces en Europe » a commenté la ministre allemande qui s’exprimait à l’ombre de deux chars Leopard 2A6. « Notre accord démontre la force de notre partenariat. Mais il montre aussi la grande confiance mutuelle. Allemands et Néerlandais vivront, travailleront, se formeront ensemble et fusionneront ainsi en une seule entité. »
Une combinaison des moyens maritimes
La marine allemande pourra, en effet, utiliser toute la capacité du Karel Doorman dès 2018. De l’autre côté, les 800 hommes (et femmes) du bataillon maritime allemand de Eckernförde, spécialisé dans la protection des navires et les évacuations seront intégrés dans la marine néerlandaise. « Nous innovons en termes de l’intégration des forces armées en Europe. » (lire aussi : Rapprochement maritime germano-néerlandais).
Des avantages réciproques à ouvrir à d’autres
Ce partenariat « offre des avantages significatifs à nos pays — a renchéri Jeannine Hennis-Plasschaert —. Nous augmentons la capacité de déploiement, partageons des connaissances et augmentons notre impact. Je pense que nous pouvons collaborer avec d’autres partenaires à l’avenir dans ce domaine ». Un appel du pied aux Belges notamment (avec qui les Néerlandais ont partagé une partie de leur marine) mais aussi des Danois.
Une division blindée multinationale en 2021
Les deux pays avaient déjà annoncé la création d’une unité commune terrestre. Ils poursuivent aujourd’hui par la marine. Et ils ne comptent pas s’arrêter là. « Notre objectif est beaucoup plus grand » a confirmé Ursula von der Leyen. « Nous voulons mettre en place une division blindées multinationale l’année prochaine. » L’objectif est d’atteindre une unité pouvant aller « jusqu’à 20.000 soldats », qui devrait être opérationnelle « en 2021 », a-t-elle ajouté.
Vers une Union européenne de la défense
C’est un « excellent exemple de la construction d’une Union européenne de défense » a-t-elle ajouté employant sciemment certains termes, indiquant que loin de la théorie Berlin et La Haye, entendent bien montrer un exemple qui puisse être rejoint par d’autres. « Nous voulons que l’UE soit plus efficace » souligne-t-elle. Certes il y a des situations « où nous avons besoin les forces armées », a-t-elle conclu. Mais « la stabilisation, le processus de réconciliation et de reconstruction économique doivent (toujours) suivre les opérations militaires. » L’Union européenne a un avantage qualitatif sur ce point, selon von der Leyen : sa capacité « à combiner le civil et le militaire ».
Commentaire : cet accord illustre les deux faces d’une même situation. D’un côté, une certaine gabegie dans les dépenses de défense en Europe. La construction du Karel Doorman a été conçue sans vrai ratio investissement/fonctionnement/utilité. Résultat : un navire qui a coûté cher et risquait d’être totalement sous-employé. De l’autre, un rapprochement nécessaire entre deux forces complémentaires qui devrait engendrer d’autres rapprochements. Au moment où certains budgets de défense repartent à la hausse, il importe de ne pas refaire les erreurs du passé : de dépenser sans prévoir les conditions et possibilités d’engagement, sans réfléchir, et de dupliquer les ressources qu’a déjà le voisin en ne comblant pas les lacunes cependant constatées par tous. Le pire est possible. Mais Berlin et La Haye nous montrent que d’autres voies sont possibles. Maintenant, il faudra voir comment ce rapprochement politique se concrétisera lors des engagements opérationnels.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Fous rires
Au-delà des mots, il y avait indéniablement entre les deux femmes, une vraie complicité, des éclats de rire. Passée la traditionnelle revue des troupes, assurée avec le sérieux, les deux femmes ont été tous sourires, se trompant de parapheur à signer, puis s’interrogeant ensuite — « nous allons où maintenant ».
Passée l’émotion, bien visible, malgré la gesta politique, le 17 novembre, la solidarité s’est fait attendre (Crédit : CUE)
(B2) Lors de la réunion des ministres de la Défense, le Français Jean-Yves Le Drian, devrait encore demander à ses alliés européens un peu d’aide et d’assistance européenne. Il faut dire que deux mois et demi après l’invocation par la France de l’article 42.7 (la clause d’assistance mutuelle), les Européens ne se bousculent plus vraiment au portillon français. Notre premier sondage, au bout d’un mois, montrait un certain engagement, à confirmer. Six semaines plus tard, on ne peut pas dire qu’il y ait eu de grands mouvements de confirmation. Et notre jugement de plutôt positif s’est affiné pour être à plutôt négatif (si on était dans une agence de classement, on dirait B-). Bien sûr, on pourrait dire que les Européens sont frileux, timides, pusillanimes. Mais, semble-t-il, la responsabilité de ce flop est largement partagé.
Le besoin de la crise des frontières
Tout d’abord, les Européens ont des besoins ailleurs. D’une part, la crise des réfugiés et des frontières oblige à mobiliser des forces importants. Et elle ne semble pas prêt de cesser immédiatement. L’armée est appelée à la rescousse dans plusieurs pays (Allemagne, Autriche, Croatie, Hongrie, Grèce). Et les Etats sont plus que réticents à envoyer leurs troupes au large.
La concurrence de la demande américaine
D’autre part, il faut répondre aussi à la demande américaine. Washington a aussi fait passer leur catalogue de demande pour demander aux Européens de s’impliquer davantage en Irak et en Syrie, dans la lutte contre Daesh. Une demande circonstanciée, accompagnée d’un argument sonnant et trébuchant : Nous nous engageons davantage sur le continent européen, dans les pays proches de la Russie, vous vous engagez davantage. La demande américaine avait l’avantage d’être incisive et claire. Entre soutenir les Américains et les Français, plusieurs pays ont vite fait leur choix. De façon officielle, plusieurs de ces pays (Italie, Pays-Bas) ont affiché qu’ils répondaient ainsi à la demande française. Une politesse toute diplomatique qui ne doit pas cacher que c’est la pression américaine qui a surtout payé pour un engagement supplémentaire au « Levant » (Irak, Syrie).
Une demande française assez floue
La demande française reposait sur un argument de moyens : aidez-nous en Afrique ou au Moyen-orient, pour dégager des moyens nous permettant de les utiliser sur le terrorisme. Une très belle allégorie. Mais une argumentation très difficile à justifier par exemple pour la Centrafrique (d’ailleurs l’offre en nombre de personnel se monte à moins d’une dizaine tout confondus pour ce pays). La France n’a d’ailleurs demandé aucun moyen direct pour lutter contre le terrorisme en France, ce qui aurait eu une valeur autrement plus symbolique et réelle de la solidarité. La complication que cela aurait entraînée en termes de gestion au jour le jour a pesé. Mais aussi un certain sentiment, très national, que la France peut répondre, toute seule, face au terrorisme. A cela, il faut ajouter un sentiment assez généralement répandu que gérer en multinational une opération offre un ratio coûts-avantages négatif. Le message français a ainsi été brouillé.
Le multilatéral (presque) toujours préféré au bilatéral
Enfin, la méthode choisie — le « bilatéralisme » — interroge aussi. Quand on s’appelle les Etats-Unis, cela peut fonctionner. Et encore… Même Washington est passé par un canal « multilatéral » : l’OTAN. Quand on s’appelle la France, qui reste un pays de taille moyenne, cela est plus délicat. Paris a préféré laisser l’institution européenne en dehors de tout canal de coordination et de concertation. A la grande satisfaction de certains responsables européens qui ont, ainsi, pu se laver les mains de tout flop. Or, c’était oublier un principe : hormis le Royaume-Uni (et quelques autres), la majorité des pays ne souhaite pas vraiment s’engager dans une « aventure » bilatérale, et préfère le multilatéralisme — que ce soit au sein de l’OTAN, de l’ONU ou de l’Union européenne — qui lui prodigue une ombrelle de sécurité et lui assure, au plan interne, un soutien politique. On pourra ainsi remarquer que, hormis l’a britannique, tous les engagements annoncés le sont soit dans une mission de l’Union européenne, soit de l’ONU. Un signe…
Une erreur tactique
L’utilisation de l’article 42.7 était une trouvaille intelligente. L’avoir cantonnée à une négociation bilatérale a brouillé les cartes. Les institutions européennes s’en sont désintéressées. Plusieurs pays se sont méfiés ou ont profité pour négocier des contreparties (toujours en discussion pour la Pologne par exemple). Les responsables militaires nationaux n’ont pas vraiment eu envie de s’engager, préférant poursuivre leur planification. Aucune pression extérieure ne se manifestant vraiment, l’effort européen est resté au milieu du gué. De fait, Paris n’a obtenu que deux engagements majeurs : le Royaume-Uni et l’Allemagne qui s’inscrivent tous deux dans une stratégie tout autant nationale que bilatérale, ainsi que quelques miettes d’engagement dans diverses missions européennes. Même les Belges – qui avaient réservé un demi-bataillon à disposition des Français sur le Sahel – semblent revenir sur leur position. Aucun accord n’a été trouvé entre Bruxelles et Paris. Un flop tout autant français donc qu’européen.
Des signes encourageants
Bien sûr, à Paris, on récuse ce terme. Et on préfère voir le verre à moitié rempli que le verre à moitié vide. Dans l’entourage du ministre, que B2 a joint, on préfère déceler dans les différents annonces faites par les Etats membres : « des signes encourageants ». Et on salue « les décisions courageuses des pays partenaires ». La réalité que nous avons perçue semble cependant toute autre. Jusqu’à preuve du contraire, le tour des capitales effectué par B2 (lire : La clause d’assistance mutuelle (42.7) activée. Qui se mobilise ? Comment ? (maj5)) démontre qu’il y a ainsi eu peu d’évolution majeure depuis fin décembre. Une analyse qui se base sur des engagements chiffrés, preuves à l’appui, et non sur des impressions. Pour nombre de pays, la raison d’un engagement extérieur ne peut se résumer à la solidarité avec la France. Il peut le motiver, le justifier. C’est en fait un argument (1), parmi d’autres, mais pas le plus décisif.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Il permet notamment de justifier certains engagements extérieurs, permettant également de convaincre des parlementaires réticents (surtout s’ils appartiennent au parti social-démocratique).
© NGV / B2 – dans le jardin attenant au musée maritime d’Amsterdam où se déroule le Gymnich
(BRUXELLES2) Le Landerneau bruxellois et alentours bruisse beaucoup de la future stratégie européenne sur la politique extérieure et de sécurité, renommée « global strategy » (1), que Federica Mogherini entend voir adopter en juin par les Chefs d’Etat et de gouvernement. Les 28 ministres des Affaires étrangères et de la défense auront un déjeuner en commun sur ce sujet vendredi à Amsterdam. A presque 60 autour de la table, je ne suis pas sûr que cela puisse mener très loin…. Et honnêtement, j’ai vraiment du mal à me passionner pour cet exercice qui me parait légèrement éloigné de la réalité…
Une stratégie pour le bien-être ?
Depuis que je couvre les questions européennes, je n’ai jamais vu un responsable politique se référer à une Stratégie pour décider d’une action extérieure européenne, ou la refuser. En revanche, j’ai vu souvent de belles stratégies écrites sur le papier, prévoir tout ce qui était possible ou impossible. Le résultat a été souvent proche du zéro (cf. au Mali en 2013).
4 facteurs de passage à l’action
La réalité, c’est qu’une action politique, surtout en matière de politique étrangère ou défense se décide en fonction de quatre facteurs essentiels, très politiques, qu’on peut résumer ainsi : 1° une menace, 2° un état d’esprit propice parmi les 28, 3° la volonté décidée, et décisive, d’un ou deux responsables politiques, 4° et l’absence de contrariété farouche d’un autre. S’il y a une base juridique, c’est bien. Si elle n’est pas là, on se débrouille. Regardez ce qui s’est passé à l’été 2008 pour la Géorgie. L’Europe bouge (avec Nicolas Sarkozy aux manettes à l’époque) et s’interpose. A l’inverse, avec les mêmes protagonistes, le résultat est négatif pour l’assistance au Congo. C’est assez simple en quelque sorte. La stratégie reste donc un document de papier complémentaire mais non décisionnel.
La politique extérieure évolue au gré des courants
Quant à fixer la ligne directrice d’une politique européenne pour des années, c’est un vrai ‘challenge’ (comme on aime à le dire). Qui pourrait avoir une vision stratégique, aujourd’hui, c’est-à-dire pour les 5 ou 10 ans à venir ? Cette politique évolue (et c’est plutôt un bon signe) en fonction des circonstances. C’est, en cela, que toute la réflexion entamée, à grand effort, par l’Union européenne pour bâtir une nouvelle stratégie de politique étrangère est certes intéressante et estimable. Mais assez peu stimulante au plan opérationnel et même stratégique. Le positionnement géographique, historique, géopolitique des Etats fait qu’une appréhension commune des menaces et des risques parait différente. Au mieux, une stratégie européenne consiste donc à empiler les priorités des Etats membres. Mais pas vraiment à définir une priorité. Ce qui serait l’ambition d’une stratégie normalement.
Une approche plus tactique que stratégique
La réalité de l’approche se fait davantage, au jour le jour, dans les rencontres bilatérales, les réunions ordinaires de ministres, et entre les capitales. Au gré des changements de gouvernements, des rapprochements peuvent intervenir (ou vice-versa). Le donnant-donnant géopolitique est souvent la règle, même s’il est rarement avoué. Sur le mode : tu me soutiens sur l’Est, je te soutiens sur le Sud ; tu me soutiens en Somalie, je te soutiens au Mali, etc. On arrive ainsi à des positionnements sinon communs du moins partagés. Cela n’a rien à voir avec la stratégie. C’est assez tactique en fait. Une position assez prosaïque également constatée sur le terrain : quand un Etat a besoin d’un autre, pour libérer des otages, évacuer ces concitoyens, pour boucler une opération, il lui en sait gré. Ceci ne peut s’écrire dans une stratégie. Mais c’est un versant tout aussi louable de l’esprit de solidarité entre pays européens.
Mais difficile à affirmer franchement
A cela, il faut ajouter le contexte très diplomatique de l’exercice. Pourrait-on dire exprimer certaines vérités stratégiques. Par exemple, affirmer que la Russie est notre allié nécessaire… ou bien notre ennemi ultime (les 2 versants de la réalité européenne), que faute de solution à deux Etats au Moyen-Orient, on reconnaitra (ou non) l’Etat de Palestine, que la Turquie a vocation (ou non) à adhérer à l’Union européenne, que l’objectif est d’avoir une armée européenne dans 20 ans, etc. Ce ne serait sans doute pas le cadre adapté pour un tel travail officiel. Il faudra donc se contenter d’un texte conformiste, tiède, et d’une longue liste de défis auxquels l’Europe doit répondre. L’utilité de ce texte risque d’être limitée, ne constituant pas réellement le syncrétisme stratégique recherché.
Où est le débat ?
L’objectif affiché est — affirme-t-on — également de provoquer un débat parmi la société européenne. Force est de reconnaitre est que le débat public, s’il a lieu, ne rencontre pas vraiment l’enthousiasme des foules, même les plus érudites. Cet exercice est d’ailleurs si peu concret et si discret qu’il est difficile d’inciter quiconque à y participer. Quel est l’enjeu ? Quels sont les lignes de force ? Qu’entend-t-on défendre ? Interrogé par des étudiants, j’ai eu bien de la peine à y répondre autrement que par un charabia difficile à comprendre, terminé par un lapidaire : « en fait, çà ne sert à rien » Sinon permettre à toute une série de personnes qui entendent réfléchir sur l’avenir européen de s’exprimer. Et c’est déjà bien. Ca occupe l’esprit.
La stratégie du feu de cheminée
Quant à moi, je suis resté assez ‘old school’. Un bon trio de rédacteurs, chevronnés, avec au besoin une plume de la communication, un délai de 24 ou 48 heures, dans une local exigu d’une quelconque institution européenne, voire (le luxe !) une bonne masure de campagne, un feu de cheminée, une petite dose de whisky, devrait suffire largement pour mettre à niveau et remettre à jour la doctrine ‘Solana’ fixée en 2003. Cette doctrine parait un peu datée. Mais, dépoussiérée de quelques incongruités anciennes, et remise à neuf, elle peut encore vraiment tenir dix ans.
Passer aux choses sérieuses
Et nous pourrons ainsi passer à la suite qui est autrement plus sérieuse… Car en matière stratégique il y a de quoi faire : un livre blanc sur la défense (pour mettre un peu d’ordre dans nos priorités et nos dépenses), la définition d’une politique pour l’UE en matière de maintien de la paix (qui parait un peu hétéroclite), un nouveau mécanisme de financement (le manque de finances empêchant souvent la solidarité), des décisions concrètes pour équiper les Etats africains (tout le monde le proclame mais la Commission renâcle encore à lâcher ses sesterces), la traduction en actes concrets des outils fixés dans le Traité de Lisbonne (toujours pas appliquée), la mise sur pied d’une vraie force de réaction rapide (car le dispositif du battlegroup a vécu). Le chantier est immense. Il y a beaucoup à réfléchir, à débattre, à concevoir, à mettre en place…
Le risque : se retrouver à ‘nu’ demain !
Face aux défis et menaces actuelles, le vide sidéral qui règne sur ces sujets est, en effet, (très) inquiétant. Il devrait être comblé rapidement. Afin de ne pas se retrouver « à nu » comme le jour où un président français a invoqué l’article 42.7. Aucun texte, de ligne directrice, de note de service n’avait fixé sur le papier, la conduite à tenir pour l’Union européenne en cas d’invocation de ce qui est normalement « La » clause d’assistance et de défense mutuelle. Une clause de solidarité qui figure dans les traités depuis presque 10 ans tout de même… (2).
Avant de se livrer à un grand exercice de réflexion stratégique, il serait souhaitable qu’au jour le jour, les lacunes doctrinales et opérationnelles soient déjà comblées. Ce serait déjà bien, pour ne pas se retrouver derrière le sempiternel : c’est une absence de volonté politique.
A suivre…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Normalement on devrait traduire par stratégie mondiale. Tout le monde le traduit par « stratégie globale ».
(2) Le texte du traité de Lisbonne reprend une disposition qui figurait dans le projet de constitution européenne mort-né (une disposition figurant dans le traité de l’UEO datant de… 1948).
Le chef des observateurs de l’OSCE, Ertugrul Apakan remercie l’ambassadeur de l’UE en Ukraine Jan Tombinski qui se tient aux cotés du numéro 2 de la mission EUAM Ukraine, Hugues Fantou (crédit : OSCE/Evgeniy Maloletka)
(B2) La Mission de surveillance spéciale de l’OSCE en Ukraine (SMM) a reçu 20 véhicules blindés offerts par l’Union européenne (UE). Des véhicules qui étaient auparavant affectés à la mission EUPOL Afghanistan, la mission européenne de soutien à la police afghane qui est actuellement en phase de retrait.
Permettre aux observateurs de circuler en toute sécurité
Ce don a été officialisé ce mercredi (3 février), lors d’une cérémonie de remise officielle qui a eu lieu à proximité du siège de la Mission à Kiev. Les 20 véhicules Mercedes de type G seront déployés pour être utilisé par les équipes dans l’est du pays « dans les prochains jours » annonce l’OSCE. Cela « permettra davantage d’activités de surveillance en toute sécurité pour les observateurs, qui travaillent dans des conditions de sécurité imprévisibles dans la zone de conflit », a souligné Jan Tombinski, le chef de la délégation (= ambassadeur) de l’UE en Ukraine. Ils représentent une valeur estimée de 685.000 euros au total.
Le second don effectué par l’Union européenne
L’OSCE dispose de 188 véhicules blindés et 132 non blindés déployés à travers l’Ukraine. L’Union européenne avait déjà il y a un an fait don de 24 véhicules.
NB : Un moyen pour l’Union européenne de contribuer à la mission de surveillance en Ukraine comme de trouver une seconde utilisation à des véhicules en surplus ou inutilisés.
(NGV)
(B2) Le Libano-Ukrainien Ali Taan Fayyad détenu en république Tchèque ne sera pas extradé vers USA. Il reviendra au Liban. C’est la contrepartie semble-t-il, à la libération des cinq otages tchèques, retenus au Liban depuis près de six mois.
« Les cinq Tchèques, enlevés en juillet l’année dernière au Liban, ont été retrouvés sains et sauf, lundi soir (1er février) », a en effet annoncé le ministère tchèque des Affaires étrangères dans un communiqué. Ils « se trouvent actuellement sous la protection des forces de sécurité libanaises. Et leur état de santé est satisfaisant ». Le ministre Lubomir Zaoralek a chargé l’ambassade de Beyrouth de prendre toutes les dispositions pour assurer « le retour le plus rapide possible des citoyens tchèques. Un avion spécial de la république Tchèque devrait les rapatrier ».
5 Cechu,kteri se od cervna min.roku pohresovali v Libanonu,bylo nalezeno.Jsou v https://t.co/0UqC6DmFV5 nejdrive pro ne posleme let.special.
— Lubomír Zaorálek (@ZaoralekL) 1 Février 2016
Le ministère s’est cependant refusé à donner de « plus amples informations en raison de l’enquête en cours menée par le ÚOOZ » l’unité de lutte contre le crime organisé, ni à confirmer les termes de l’échange.
Les cinq Tchèques (journalistes, avocat et officier) et leur chauffeur avaient disparus, samedi (18 juillet), dans le village de Kefraya, dans la vallée de la Békaa, enlevés par des personnes non identifiées (Lire aussi : Enlèvement de 5 Tchèques au Liban : un rapt criminel ?).
(NGV)
Image prise par un drone de l’OSCE le 14 janvier 2015, montrant l’impact d’un cratère d’une bombe à Volnovakha, qui avait atteint un bus la veille (crédit : OSCE)
(B2) L’OSCE a bien du mal à imposer ses vols de drones dans l’est de l’Ukraine, pourtant indispensables pour surveiller le cessez-le-feu et la ligne de front. Tour à tour, Ukrainiens et Russes, forces régulières et irrégulières, s’ingénient à entraver le vol de ces engins, non armés, mais équipés de caméras, ce qui est autrement plus dangereux pour les fauteurs de troubles qui sont ainsi souvent pris sur le fait, de mouvements divers de troupes ou faire revenir des armes lourdes vers la ligne de front…
B2 a compté dans les 30 derniers jours, 7 incidents frappant les « ailes » de l’OSCE. La routine selon ce qu’a dit le chef de l’OSCE de passage à Bruxelles.
Le 28 décembre 2015, un mini-drone est atteint par des tirs d’armes légères dans la zone contrôle par les séparatistes de la LPR (république de Louhansk). L’engin revient à sa base, sans dommage. Une « incompréhension » selon représentant russe au centre de contact qui promet que cela ne se reproduira plus…
« An SMM mini-unmanned aerial vehicle (mini-UAV) was caught in small-arms fire. In “LPR”-controlled Yurivka (26km south-west of Luhansk), the SMM heard 20 single shots of small-arms fire and saw that an armed person – 800m south-west of its position – was firing an AK-47 at an SMM mini-UAV, which it was operating to observe a training ground. The SMM called the mini-UAV back and left the area immediately. The mini-UAV did not sustain any damage. Subsequently, the SMM held a meeting with Ukrainian and Russian Federation representatives of the Joint Centre for Control and Co-ordination (JCCC), where it expressed its concern that the incident happened in spite of the fact that the flight had been notified beforehand with both the JCCC and “LPR” members. Russian Federation representatives of the JCCC stated that due to miscommunication, the “LPR” armed members on the ground had not received necessary information in advance. He added that “LPR” members controlling the area where the incident took place had apologised and given an assurance that such incident would not happen again. (extrait rapport 28.12.2015)
Fin décembre 2015, un militaire séparatiste de la LPR (république de Louhansk) interdit le décollage d’un drone, pour finalement l’autoriser, après avoir reçu un ordre de ses supérieurs (l’OSCE ayant joint le centre joint de contrôle et de coordination)
Armed “LPR” members delayed the SMM launching its unmanned aerial vehicle (UAV) for 30 minutes near “LPR”-controlled Krasnyi Lyman (30km north-west of Luhansk). The “LPR” “commander” initially told the SMM that it could not fly the UAV over the area. The SMM was allowed to conduct the flight after the Joint Centre for Control and Co-ordination intervened and the armed men received instructions from their superiors » (extrait rapport 29.12.2015)
Coup sur coup, les 2 et les 3 janvier, les drones de l’OSCE sont victimes de brouillage dans des zones gouvernementales ukrainiennes.
« SMM unmanned aerial vehicles (UAVs) were subject to jamming on two occasions – on 2 January when flying near the landing site in government-controlled territory and also on 3 January near government-controlled Marinka (22km west of Donetsk city centre) and Maksymilyanivka (30km west of Donetsk city centre). » (extrait rapport 4.1.2016)
Début janvier 2016, un officier ukrainien interdit le déploiement d’un drone pour « raisons de sécurité ».
« In government-controlled Pisky (11km north-west of Donetsk), a Ukrainian Armed Forces officer did not allow the SMM to fly its unmanned aerial vehicle (UAV) in the area. He stated that he had been ordered to prevent the launching for security reasons ». (extrait rapport 5.1.2016)
Le 15 janvier 2016, un drone est atteint par des tirs d’armes légères au dessus de la république de Louhansk, il réussit à revenir à sa base, mais devient inopérable…
An SMM UAV was hit by small-arms fire over “LPR”-controlled Stakhanov (49km west of Luhansk) as it attempted to observe a factory complex occupied by armed “LPR” members.* Although the UAV’s observation capacity was lost, it was able to return to the take-off location. The UAV has been rendered inoperable due to the damage sustained. (extrait rapport 16.1.2016)
Le 29 janvier 2016, le vol des drones est restreint dans la république de Donestsk. L’officier russe de contact avertissant que la sécurité ne peut pas être assuré au-delà d’une certaine zone
« A “DPR” member in “DPR”-controlled Horlivka said that flights of the SMM unmanned aerial vehicle (UAV) – in support of facilitating and monitoring adherence to the ceasefire to enable repair works – would be restricted to a small area over the power line and pipeline works only. A Russian Federation Armed Forces officer from the Joint Centre for Control and Co-ordination (JCCC) agreed and claimed that if the UAV deviated from that small area, its safety could not be guaranteed. As a consequence, the UAV was not launched. » (extrait rapport 30.1.2016)
Etre un drone dans l’est de l’Ukraine n’est donc pas une sinécure. A suivre…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Départ du Ludswighahen par RHIIB direction : le Numancia (crédit : Etat-Major espagnol)
(B2) Un migrant, récupéré il y a quelques jours en mer au large de la Libye par la corvette allemande ‘Ludwigshafen‘, a dû soigné sur le navire amiral de l’opération de lutte contre les trafiquants en mer Méditerranée (EUNAVFOR MED / Ops Sophia), le Cavour. Il souffrait d’une fracture à la cheville gauche.
Vers l’hôpital de bord du Cavour
Le migrant avait d’abord été récupéré par la corvette allemande ‘Ludwigshafen‘ (F-254). Mais son état nécessitait des soins rapides. La corvette allemande n’étant pas équipée pour recevoir un hélicoptère, l’homme a d’abord été évacué par mer, vers la frégate espagnole anti-aérienne ‘Numancia’ (F-83), avant d’être placé dans l’hélicoptère de bord AB-212, puis évacué sur le Cavour. Le porte-aéronef italien dispose en effet d’un hôpital de bord (le Role 2), apte à prodiguer l’ensemble des soins courants ou d’urgence.
121 migrants secourus
Cet homme fait partie des 121 migrants secourus en mer par la corvette allemande Ludwigshafen, lors de sa première journée de participation à l’opération européenne (lire : Le Cavour reprend le commandement de EUNAVFOR Med. Rotations espagnole et allemande). C’est un avion luxembourgeois, Seagull Merlin III, qui avait lancé l’alerte jeudi (28 janvier) au matin. Il avait repéré deux canots pneumatiques en détresse « dans les eaux internationales au nord de la côte libyenne » selon le QG d’EUNAVFOR Med. L’information, « immédiatement transmise » au commandement de la force (FHQ), embarqué sur le porte-avions italien Cavour, a été répercutée sur le Centre italien de coordination du sauvetage maritime (MRCC). De façon formelle, c’est lui qui a demandé à la corvette allemande d’intervenir (1). Après été mis au sec, à bord du Ludwigshafen, les migrants ou/et réfugiés ont ensuite été transférés à bord d’un navire de la marine italienne, qui opère dans l’opération Mare Sicuro (2), pour être réapatriés à terre.(NGV)
(1) C’est la procédure habituelle, les moyens européens sur la zone se coordonnant étroitement (pour le sauvetage en mer) avec le centre italien qui a, toujours, la responsabilité du sauvetage en mer dans la zone. En revanche, pour toute l’action de lutte contre les trafiquants et de surveillance, l’opération EUNAVFOR Med garde une autonomie opérationnelle (en haute mer).
(2) opération de sécurisation similaire à l’opération européenne, mais sous mandat italien
© ES / B2
(BRUXELLES2) Fin janvier 2016, 7211 somalis réfugiés au Kenya sont repartis en Somalie dans le cadre de l’accord de rapatriement lancé un an plus tôt
La plupart étaient arrivés au camp de réfugiés de Dadaab en 2011 ou les mois suivants, fuyant le chaos somalien et la famine. Certains sont arrivés et repartent seuls, comme ce jeune homme, 21 ans à peine, qui explique préférer retrouver sa famille, car ici, son projet d’étudier et trouver du travail est impossible, les conditions de vie trop dures. Cinq ans qu’il vivait ici, « pas de quoi être fier » lâche t-il.
Mohamed Ali Mukhtar, 27 ans, l’un de ses 4 enfants sur les genoux, vit ce retour comme une chance de rebâtir une maison. Mariama est une vieille femme, c’est avec sa fille et sa mère qu’elle va retourner au pays. Elle vient de Mogadiscio mais a choisi Kismayo comme destination. Elle a reçu des nouvelles de là bas qui lui font penser « que les choses ont changé », qu’elle pourra y reprendre une vie pastorale et mieux nourrir sa mère âgée. Elles laisseront au camp le souvenir douloureux de la perte d’une autre fille, seize années de vie ici.
Retours volontaires et accompagnés
Les regards sont attentifs, l’attente calme sous ce toit de tôle sous lequel la température commence à monter, le vent incessant. Le commissaire européen à l’aide humanitaire, Christos Stylianides, en visite le 20 janvier 2016 au camp de Dadaab, échange quelques mots avec certains, s’inquiétant à chaque fois qu’ils ont bien choisi de partir, que personne ne les a forcé. Le bruit grandissant de moteurs perturbe la légère torpeur. Lorsque les cars vides arrivent, l’effervescence fait place. Les cinq cars colorés sont pris d’assaut par les réfugiés. Leurs bagages sont déjà entassés sur les toits. En quelques minutes à peine, chacun a trouvé sa place. Les enfants jouent aux fenêtres. Pour beaucoup de ces enfants, c’est la première fois qu’ils quitteront le camp, là où certains sont nés.
Dans des zones limitées
Pour cette année, chaque semaine, 600 réfugiés pourraient ainsi retourner en Somalie, soit par autocars, soit en avion, notamment pour Mogadiscio (quand les conditions le permettent).
Tous bénéficieront d’un kit d’urgence (couvertures, lampe solaire,…), d’un pécule pour payer le transport une fois passée la frontière somalienne et rejoindre leur destination où ils bénéficieront d’un appui logistique et d’un soutien financier les premiers mois. Le HCR coordonne tout cela, avec l’appui d’ONG.
Kismayo, assez proche de la frontière somalienne, est la première destination choisie par les rapatriés. C’est l’une des 9 zones qui leur sont proposées. Dans ces districts, essentiellement situés dans le sud de la Somalie, l’aide humanitaire et l’aide au développement sont accessibles et réunissent donc les conditions d’un soutien à plus long terme pour les aider à se réintégrer dans les zones qu’ils avaient fuies.
Accord tripartite signé en 2013
C’est en novembre 2013, sur proposition du HCR, qu’un accord tripartite a été signé entre les gouvernements Kenyan, Somalien et le HCR pour ce rapatriement de réfugiés Somaliens volontaires. « Je suis arrivé à Nairobi le jour de l’attentat de Westgate (septembre 2013). J’ai rapidement compris que sans cadre juridique contraignant, nous risquions l’expulsion de somaliens par l’Etat Kenyan », explique Raouf Mazou, représentant du HCR au Kenya. Les critiques d’ONG seront virulentes, le climat politique vis à vis des réfugiés est en effet très rude (voir article les réfugiés au Kenya). Au sein même du HCR, l’accord fera débat, considéré par certains comme prématuré, mais il aboutit sur une signature. L’accord engage le gouvernement Kenyan à continuer à assurer l’asile aux réfugiés, et l’Etat somalien à faciliter le retour des réfugiés. Le HCR organise ces retours des volontaires. Au camp de Dadaab, un bureau d’accueil renseigne les réfugiés et accompagne ceux qui décident de franchir le pas.
Fragilisé en 2015
Dès le départ, le HCR n’a pas, comme dans d’autres pays, vraiment fait la promotion de ce programme auprès des réfugiés. Se contentant d’accompagner les personnes intéressées. Cela se justifie par les conditions encore précaires et incertaines de l’évolution de la situation en Somalie. Seules trois zones sont identifiées comme étant propices pour le retour de réfugiés. Les premiers mois, le programme de rapatriement ne brasse donc pas des foules.
L’accord a par ailleurs faillit capoter, lorsque le gouvernement kenyan a lancé sa politique d’enfermement des somaliens, au printemps 2015, suite à l’attentat du campus de Garrissa. Le gouvernement presse pour que le nombre de départs s’accélère. Menace même de fermer le camp (voir article sur les réfugiés au Kenya).
Soutenir le développement en Somalie
Le programme de rapatriement a démarré en décembre 2014. L’objectif, pour les six premiers mois de la phase pilote, était d’accompagner le retour de 10 000 somaliens, vers trois zones, identifiées alors comme accessibles et où les équipes pouvaient donc prendre le relais du HCR. Depuis juin 2015, six nouvelles zones (dont Mogadiscio), soit au total neuf, sont proposées aux réfugiés intéressés par un retour. Cela multiplie les possibilités donc.
En un an, près de 18 000 réfugiés sont venus se renseigner. A peine plus d’un sur trois a été jusqu’au bout. Plus que l’insécurité, c’est l’absence de services de base (sociaux, éducatifs) qui freine ces retours. « Les conditions d’origine sont telles que les gens peuvent difficilement rentrer en Somalie », explique Catherine Hamon Sharpe, du HCR.
Créer et soutenir la Somalie pour créer ces services de base, cela a été l’enjeu d’une conférence des donateurs à Bruxelles, en octobre 2015, où l’Union européenne avait pour sa part annoncé l’octroi d’une aide de 60 millions d’euros pour les réfugiés somaliens en Somalie et au Kenya. 50 millions d’euros devant servir à la « réintégration durable et pérenne, en Somalie, des réfugiés et des personnes déplacées, par exemple en renforçant l’accès aux services de base, en améliorant les moyens de subsistance et en réduisant la vulnérabilité dans les zones de retour et de départ ».
Autant de départs isolés
D’autres réfugiés sont retournés en Somalie par leurs propres moyens. Leur nombre serait équivalent au nombre de réfugiés rapatriés dans le cadre de cet accord. Depuis que ce plan a été lancé, en revanche, certains reviennent, pour pouvoir en bénéficier pour à nouveau repartir. Une situation ubuesque reconnait Raouf Mazou, représentant du HCR au Kenya, mais qu’il comprend. « Il n’y a pas de raison que nous ne les aidions pas », estime-t-il, coupant court au débat sur le risque d’appel d’air.
Globalement, beaucoup de ceux qui sont repartis n’étaient là que depuis 4 ans. Jusqu’à aujourd’hui, aucun de ces rapatriés n’est revenu, assure le HCR. Signe, selon l’organisation, que leurs décisions étaient bien réfléchies.
(Emmanuelle Stroesser)
Chrystos Stylianides à Dadaab (crédit : CE)
(B2 à Dadaab) Depuis 25 ans et le début du conflit somalien, le Kenya et la Somalie doivent gérer une crise des réfugiés. Le commissaire européen à l’Aide humanitaire a voulu se rendre compte sur le terrain avec les acteurs internationaux. Présent sur place, dimanche à mardi (19 au 21 janvier 2016), Christos Stylianides a voulu réaffirmer la mobilisation de l’Europe. Dans un entretien exclusif avec B2, à Dadaab (au Kenya), il évoque, aussi, face à l’augmentation des besoins, la nécessité de trouver d’autres sources de financement, notamment privées.
Vous êtes à Dadaab, considéré comme le plus grand camp de réfugiés du monde. Un camp créé il y a 25 ans. Est ce que cela a encore du sens qu’un camp de réfugiés existe si longtemps ?
Dadaab est le symbole d’une solution temporaire pour réfugiés qui, jour après jour, devient une solution permanente. Cela renforce ma conviction que chaque crise soit appréhendée dans toute sa globalité et qu’un réel dialogue politique s’instaure le plus vite possible pour amener la paix. Car quand vous décidez de fuir votre pays, c’est très difficile d’y retourner.
« La situation humanitaire reste très critique »La crise somalienne semble évoluer de façon positive. Une évolution tenable ?
L’évolution de la situation sur le terrain montre, en effet, des signes positifs au regard de la crise des réfugiés, je pense notamment au programme de rapatriement de réfugiés somaliens. En Somalie, le projet d’accord vers un nouveau processus électoral progresse. Mais la situation humanitaire reste, elle, très critique. Près de cinq millions de personnes ont toujours besoin d’une assistance humanitaire. Et plus d’un million de Somaliens sont toujours déplacés à l’intérieur du pays.
La menace terroriste d’Al Shabaab reste forte. Le lendemain de votre visite en Somalie, une nouvelle attaque a frappé des civils à proximité de Mogadiscio. La semaine précédente, des soldats kenyans, engagés depuis 2011 ans dans le cadre de l’AMISOM (mission de l’Union africaine), ont été visés…
Ce regain de violence est sans doute le signe que le développement d’une solution politique en Somalie dérange Al Shabaab. Au travers de cette attaque, ils essayent de retarder ou défaire ce processus essentiel pour rétablir une paix longtemps attendue. La seule à même d’apporter une solution à la crise humanitaire que vit ce pays.
« Le caractère volontaire du retour des réfugiés somaliens (doit être) absolument respecté »Vous avez évoqué le plan de rapatriement. Vous avez justement rencontré des Somaliens quelques minutes avant qu’ils prennent un bus pour quitter le camp de réfugiés de Dadaab au Kenya pour retourner en Somalie. Aviez-vous besoin d’être rassuré ?
Ce programme de rapatriement résulte d’un accord tripartite entre la Somalie, le Kenya et le Haut commissariat aux réfugiés (UNHCR). La réussite de sa mise en œuvre suppose que le caractère volontaire du retour des réfugiés somaliens soit absolument respecté. J’ai pu le vérifier. Ensuite, en tant que commissaire à l’aide humanitaire, il m’importe que ces réfugiés puissent disposer, à leur retour, des services sociaux et d’éducation minimum. C’est ce que nous devons continuer à soutenir.
Près de 6000 Somaliens ont pris cette décision ces derniers mois. Est-ce un exemple pour d’autres situations notamment les Syriens en Europe ?
Je ne crois pas. Il est difficile de faire le parallèle avec d’autres situations, notamment en Syrie. Les conditions sont très différentes ici. Pouvons-nous croire que pour la majorité des réfugiés syriens ayant trouvé refuge en Europe, au Canada ou ailleurs, le retour dans leur pays sera si simple ? Je n’en suis pas certain.
Quelle est l’aide européenne débloquée aujourd’hui ?
Nous avons donc décidé de débloquer une nouvelle aide de 29 millions € pour les Somaliens. Un montant qui s’inscrit dans un effort plus vaste. En 2016, l’Union européenne consacre 77 millions d’euros à la crise humanitaire de la Corne de l’Afrique. 17 millions serviront à l’aide d’urgence pour les plus vulnérables au Kenya (nourriture, soins de santé, eau, assainissement et hygiène, logement, protection et éducation dans les situations d’urgence).
Vous citez l’éducation en situation d’urgence. C’est une nouvelle priorité ? Qu’est ce que cela signifie concrètement ?
Je prendrais un exemple pour l’illustrer, celui de la crise syrienne. Lors de ma première visite en tant que commissaire européen, dans la vallée de Bekaa, au Liban, j’ai vu que la majorité des enfants réfugiés n’étaient pas scolarisés. Plus précisément, nous avons évalué à 80% le nombre de ces enfants n’allant plus à l’école. C’est pourquoi nous avons cherché, avec des partenaires, un moyen d’y remédier. Nous avons mis en place des écoles informelles, mais en collaboration avec les autorités puisque nous utilisons leurs locaux. Dans cette vallée, nous avons déjà réussi à diminuer le nombre d’enfants n’allant pas à l’école, de 80 à 50 %. La philosophie de l’éducation en situation d’urgence, c’est donc cela : quand la situation est telle que l’accès ordinaire à l’école n’est plus possible, nous devons absolument trouver des solutions pour surmonter ces difficultés. L’accès à l’éducation en situation d’urgence est un problème autant qu’un enjeu majeur. Comme je l’ai dit à des jeunes filles et garçons du camp de Dadaab, c’est grâce à l’éducation que chacun doit pouvoir construire son avenir, résister à la radicalisation.
« Je suis persuadé que nous devons aller chercher du coté du secteur privé » de nouveaux moyensLa crise des réfugiés a provoqué une forte hausse du budget humanitaire. Les ONG craignent que cela ne soit aux dépens de l’aide humanitaire en 2016. Ont-elles raison d’avoir peur ?
Nous faisons face à une réalité. Face à une multitude de contextes instables, les besoins augmentent, jour après jour. Et, malheureusement, les fonds diminuent…
…même ceux de l’Union européenne ?
Oui, nos ressources ne sont tout simplement pas illimitées. Je travaille pour trouver les moyens de dépasser cette équation qui ne peut plus tenir. Je suis, pour ma part, persuadé que nous devons aller chercher du coté du secteur privé. Nous devons réfléchir à un nouveau cadre d’instruments mondiaux qui favoriserait l’engagement du secteur privé au regard de ses responsabilités sociales.
Ces nouvelles ressources, ce sera l’un des enjeux du sommet humanitaire mondial d’Istanbul en mai prochain ?
Nous devons mettre à profit ce sommet pour améliorer l’efficacité dans la réponse aux crises, ce qui suppose l’engagement d’un plus grand nombre de donateurs. Nous devons améliorer la protection des personnes vulnérables, ainsi que des acteurs humanitaires. Ce sont les objectifs sur lesquels je me concentre.
(Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser, à Dadaab)
(BRUXELLES2) Le Kenya accueille plus d’un demi million de réfugiés. Exactement 593.881 fin 2015, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
Un examen de groupe ou individuel
Au Kenya, les Sud soudanais bénéficient du « prima facie », un droit d’asile de groupe. Dès lors que la personne est enregistrée, elle est considérée comme réfugiée. Cela a été étendu aux Somaliens du centre et du sud. Pour tous les autres, l’octroi du statut de réfugié est étudié de façon individuelle.
Prochains rendez-vous … en 2018
Environ 20.000 personnes (Ethiopiens, Erythréens, Burundais) sont demandeurs d’asile, en attente d’une décision qui peut être très longue. Aujourd’hui, certains rendez-vous ne seront pas donnés avant 2018 ! L’explication est administrative. Pendant des années, le Haut commissariat aux réfugiés a instruit ces demandes pour le compte de l’état kenyan. Une tâche qu’il a continué d’assumer tout en organisant la transition. Il a formé des agents de l’État afin que ce dernier reprenne cette activité et redevienne maitre des décisions.
Un processus mixte : gouvernemental / HCR
Depuis juillet 2014, la décision finale d’accorder ou non l’asile revient au commissaire du département des réfugiés. Le processus reste conjoint : un agent du HCR ou du gouvernement reçoit le demandeur d’asile. Puis le cas est révisé par le HCR avant une discussion conjointe HCR/département des affaires des réfugiés, précédent l’accord et la signature du commissaire. Tous les réfugiés reconnus depuis cette date ont donc un document officiel kenyan. Une carte d’identification délivrée par les autorités. Là où cela se complique, c’est que cette carte n’est pas encore connue de tous les agents de l’État, et notamment des policiers, qui ont vite fait de croire parfois qu’il s’agit d’un faux.
Campement policy
Depuis 2013, le gouvernement kenyan a durci sa politique. Le contrecoup de la dégradation des conditions de sécurité depuis que les forces kenyanes interviennent en Somalie. Et des premiers attentats revendiqués par le groupe terroriste Al Shabbab sur le territoire kényan, comme l’attentat du centre commercial de Nairobi (68 morts) en septembre 2013. La politique officielle est depuis lors celle du « campement policy » pour les réfugiés. Autrement dit, les réfugiés doivent vivre en camp, et nulle par ailleurs. Résider hors d’un camp est un délit.
En mars 2014, cette politique est réaffirmée avec la désignation, au journal officiel, des deux camps de Dadaab et Kakuma comme lieux de résidences obligatoires. L’enregistrement des demandeurs d’asile est désormais interdit dans les villes.
Le « coup de balai pour rétablir l’ordre »
En avril 2014, les Somaliens sont les premiers visés par des opérations de sécurité visant à juguler criminalité et terrorisme. Plus crûment, le ministre de l’Intérieur parle d’un « bon coup de balai pour rétablir l’ordre ». Les interpellations se comptent par milliers, ciblant le quartier rebaptisé petit Mogadiscio de Nairobi. Les personnes sont regroupées dans un stade le temps de vérifier leurs papiers. Tout réfugié est renvoyé dans un camp (dont beaucoup reviendront plus tard). Le HCR n’obtient pas d’accéder au stade, malgré les demandes répétées.
Vives critiques des ONG
Cette politique radicale de chasse aux réfugiés provoque de vives critiques d’ONG mais aussi d’autorités judiciaires, dénonçant les atteintes aux droits fondamentaux, à la libre circulation et les exactions des forces de police. L’opinion publique, au départ très favorable, a commencé à douter et contester ces pratiques à mesure que les réseaux sociaux ont joué un travail d’information. L’opération est suspendue en juillet 2014.
Le HCR estime entre 6000 et 8000 le nombre de réfugiés « relocalisés de force » vers les camps de Kakuma ou Dadaab. Sans ménagement ni considération des liens familiaux pouvant expliquer la présence sur Nairobi, ni prendre garde de ne pas séparer des familles… Les ONG et le HCR ont du ainsi prendre en charge près de 300 enfants séparés de leur mère à Nairobi, précise Catherine Hamon Sharpe, adjointe au représentant du HCR au Kenya, en charge de la protection des personnes.
Aucun des Somaliens arrêté n’a été traduit en justice pour opération de terrorisme. Environ 350 somaliens seront expulsés en avion direction Mogadiscio. Des Congolais auraient également été expulsés mais sans que cette information n’ait pu être vérifiée, ni qu’aucun chiffre officiel n’ait été donné.
Le camp de Dadaab en sursis diplomatique
Le ton se durcit de nouveau au printemps 2015, suite à l’attaque du campus de l’Université de Garissa (148 morts). C’est le comté… du camp de Dadaab. Les rapprochements sont vite faits entre terroristes, Somaliens et réfugiés. Le vice président du Kenya somme le HCR de fermer le camp de Dadaab, accusé de servir d’abris aux terroristes. Les enquêtes criminelles démentent les soupçons. Mais le doute reste profond dans l’opinion publique.
Un soutien renforcé humanitaire et de sécurité
Les réactions internationales temporiseront la sommation qui n’a jamais été officiellement formulée. Certains analysent cette menace comme un moyen de rappeler la communauté internationale à ses engagements. Cela se traduira notamment par un soutien renforcé des Américains en matière de politique de renseignement, la relance du programme de rapatriement des réfugiés ou encore l’implication de la communauté internationale en Somalie pour renforcer la sécurité et le développement du pays en services de base.
Des camps qui restent surpeuplés malgré tout
Le camp de Kakuma conçu pour 125.000 réfugiés en héberge 183.000. Près de 47.000 réfugiés du sud soudan ont rejoint le camp depuis que le conflit au Sud Soudan a repris en 2013. Beaucoup d’enfants seuls.
Les autorités locales (depuis deux ans, des compétences ont été décentralisées aux comtés) ont donné leur aval pour la mise à disposition de terrains par des communautés locales. Un nouveau camp pourrait être conçu sur un modèle plus ouvert sur l’extérieur, permettant des échanges entre les réfugiés et les communautés locales, souvent tout aussi pauvres si ce n’est plus. Le HCR compte sur le résultat d’une étude aux mains de la Banque mondiale pour démontrer l’impact économique que peut avoir un camp de réfugiés intégré à son environnement.
(Emmanuelle Stroesser)
La très grande majorité vivent dans les camps gérés par le HCR.