Une équipe de EUMM Georgia sur le terrain (Crédit: EUMM Georgia)
(B2) La 43e réunion du mécanisme de réponse et prévention des incidents (IPRM) – mis en place en 2009 dans le cadre des discussions internationales de Genève – s’est tenue à Gali le 22 février dernier, présidée par l’ONU. Une réunion « brève conduite dans une atmosphère constructive et destinée à résoudre une grande variété de questions pratiques » commente-t-on du côté européen. Les participants ont « continué à discuter du meurtre tragique de Giga Otkhozoria à Khurcha, le 19 mai 2016 » (lire : Tensions en Géorgie. Un mort sur la ligne de démarcation avec l’Abkhazie). « Les modalités et les étapes ultérieures de la coopération » ont également été abordées.
« Un cas de prisonnier à long terme a été longuement discuté. La fermeture annoncée des points de passage à Nabakevi et Meore Otobaia, ainsi que les répercussions sur la population locale vivant le long de la ligne de démarcation administrative (frontière entre Abkhazie et Géorgie) ont été abordés sous l’angle de la sécurité et de l’action humanitaire. » Les participants ont été encouragés à partager à l’avance toutes les informations intéressantes, y compris les activités militaires à proximité de la ligne administrative, par le biais de la hotline.
Des réunions régulières reprises avec l’Abkhazie
Les réunions de ce mécanisme qui avaient été interrompues en 2014 ont repris de façon assez régulière depuis en mai 2016 (lire : Abkhazie-Georgie. Les discussions reprennent à Gali). Une réunion précédente (la 42e) s’était ainsi tenue le 24 janvier 2017. Déjà, le meurtre de Khurcha avait ainsi été l’objet des discussions, avec le transfert des documents recueillis par les autorités géorgiennes sur cette affaire ; les participants ayant également échangé des informations sur plusieurs autres affaires pénales et cas de détentions.
La fermeture des points de passage reste une inquiétude
De la même façon, la fermeture annoncée des points de passage sur la ligne administrative (Nabakevi-Khurcha et Meore Otobaia-Orsantia) et les changements apportés précédemment à une « zone frontalière » en Abkhazie avaient été abordés pour la première fois. EUMM Géorgia s’était alors déclarée « très préoccupée » par cette fermeture annoncée, soulignant les « impacts négatifs qu’une telle mesure aurait sur la vie quotidienne des riverains », notamment « pour les écoliers et les patients qui traversent [la ligne] pour des soins médicaux ».
L’information sur les exercices militaires
Les participants avaient alors discuté de la possibilité d’élargir le partage d’informations sur les exercices militaires et d’autres activités des acteurs de la sécurité « dans le but d’accroître la transparence et d’éviter les fausses perceptions ». Ce point ne semble pas vraiment avoir avancé. La prochaine réunion de l’IPRM à Gali aura lieu le 21 mars 2017.
(NGV)
Lire aussi :
Les civils sur le pont de Stanytsia Luhanska (© OSCE, décembre 2016)
(B2) L’OSCE « surveille le cessez-le-feu » annoncé dimanche 19 février dans l’est de l’Ukraine. Lamberto Zannier ne se fait pas d’illusions. Ce cessez-le-feu ne se présente « pas très bien », estime le secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. C’est le message qu’il a lancé à New York, après une intervention au Conseil de sécurité de l’ONU, ce mardi 21 février.
Le nouveau cessez-le-feu a été annoncé samedi soir par les chefs de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et ukrainienne Pavlo Klimkin, à Münich à l’issue d’une réunion sous format Normandie (ministres des Affaires étrangères allemand, ukrainien, russe, français). Il est entré en vigueur lundi (20 février), plus de deux semaines après une flambée de violence ayant fait une trentaine de morts à Avdiïvka, ville de l’est de l’Ukraine au nord de Donetsk.
Les armes lourdes pas encore retirées
« Il semblerait que les activités se poursuivent. Je n’ai pas de confirmation de dernière minute, mais cela ne se présente pas très bien ». L’OSCE fait état, notamment, de l’utilisation d’armes légères et d’explosifs. Mais le cœur du problème est le retrait des armes lourdes des zones de frontières. La mission d’observation de l’OSCE constate « dans différentes zones, la poursuite d’une « activité cinétique » (bombardements), avec l’utilisation d’armes légères surtout mais aussi, dans certains cas, également d’explosifs. Ce qui veut dire qu’ils utilisent également des mortiers et d’autres armes plus lourdes, en violation du cessez-le-feu ». La confirmation du « retrait synchronisé de l’artillerie lourde » ne se fera pas avant ce mercredi, au plus tôt, estime l’Italien. Une situation qu’il regrette, considérant « le très nécessaire retrait des armes lourdes » comme « une étape clé vers la désescalade des combats ».
Un risque de reprise des combats
Pour le chef de l’OSCE, la situation sur le terrain reste « confuse » et tous les ingrédients « sont là » pour un redémarrage pour une nouvelle phase de combat intense. « Les combats et les bombardements dans la région d’Avdiyivka ces dernières semaines ont été les plus violents depuis deux ans. »
La reconnaissance des passeports au cœur des tensions diplomatiques
Les tensions entre Ukrainiens et Russes sont montés d’un cran la semaine dernière, après l’ordre donné samedi (18 février) par le président russe Vladimir Poutine de reconnaître « temporairement » les passeports émis par l’administration séparatiste de l’autoproclamée république populaire de Donetsk. Un procédé qui n’est pas sans rappeler celui suivi pour l’Ossétie du Sud comme l’a rappelé Lamberto Zannier. « Il pourrait y avoir un bénéfice humanitaire. Mais la méthode me rappelle la Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. » Cette décision a d’ailleurs été critiquée par la France et l’Allemagne, qui ont dénoncé une violation de l’esprit des accords de Minsk, sensés permettre une réunification de l’Ukraine en contrepartie d’une autonomie accrue accordée à l’Est russophone.
(Leonor Hubaut)
La routine des convois russes. Dans le rapport quotidien du 21 février, la mission d’observation de l’OSCE en Ukraine annonce qu’un convoi de dix véhicules ont passé la frontière entre la Russie et l’Ukraine, au point de contrôle de Donetsk à 7h20 du matin et sont retournés en Russie vers 15h30, le même jour. ici
Lire aussi :
L’océan… cela s’observe à l’abri du soleil …. (crédit : Marine espagnole / Archives B2 – 2011)
(B2) Le navire de débarquement espagnol, le Galicia (L-51) va être incorporé dans l’opération européenne de lutte anti-piraterie (EUNAVFOR Atalanta), servant de navire-amiral, pour une flotte finalement réduite.
Ce n’est pas la première fois que le Galicia est ainsi engagé. Le Galicia connaît en effet l’Océan indien comme sa poche et les actions anti-piraterie sont un peu une seconde nature chez lui ; il a été, en effet, engagé successivement en 2010 et 2011 (intégré dans la flottille européenne), 2015 (servant également de navire-amiral). Durant son précédent engagement, en 2011, il avait marqué les esprits en ayant un engagement musclé pour arrêter un skiff pirate avec la méthode du « touché – coulé » (lire : Tribal Kat : la tactique indienne du Galicia. Touché, coulé).
Les pirates ne sont plus de sortie, la mission au ralenti
La situation n’est, cependant, plus du tout la même aujourd’hui que lors des premiers engagements du Galicia, dans le début des années 2010 où les alertes étaient quotidiennes, et les interventions nombreuses (Lire notamment : Un bateau de pêche kenyan libéré par le Galicia). L’opération européenne anti-piraterie a ainsi commencé d’évoluer. Les moyens ont été réduits de façon drastique… (1) Ainsi, depuis que le navire néerlandais qui servait jusqu’à présent de navire-amiral est rentré au pays début décembre, il n’y avait plus qu’un seul navire était sur place : le patrouilleur de haute mer espagnol ESPS Relámpago. Et pas de navire-amiral sur place ni de commandant de force en titre.
Hélicoptères, drones, équipe d’abordage…
Le navire de débarquement est parti de Rota, sa base d’attache, le 8 février 2017 pour une mission de six mois, avec a son bord, outre l’équipage, une unité « air » embarquée, composé de deux hélicoptères SH3D et quatre drones Scan Eagle déjà utilisés dans l’opération (Lire : Une première pour la marine espagnole. Un drone Scan Eagle embarqué dans l’Océan indien), ainsi qu’une équipe de sécurité opérationnelle de onze « marines » et une équipe des opérations navales spéciales, de seize personnes, pour les abordages.
(NGV)
(1) Une nécessité aussi car les marines sont occupées ailleurs – autour de l’Irak et dans le Golfe (marines française et britannique) – et en Méditerranée essentiellement : autour de la Turquie et Syrie (marine allemande), autour de la Libye (marines italienne surtout). Et les marines européennes connaissent, toutes, de fortes tensions, avec des navires plus rares, plus vieux… et des budgets raccourcis.
Tous les articles sur le Galicia
(B2) Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé un appel, aujourd’hui (samedi 18 février), pour que ses deux collaborateurs – enlevés le 8 février dernier lors d’une embuscade dans la province de Jowzan – « soient libérés sains et saufs et sans conditions ». Lors de cette attaque, six autres collaborateurs de l’organisation internationale avaient été tués.
Un appel à la libération et à éviter toute action intempestive
« Nous en appelons au sens de l’humanité des ravisseurs et demandons la libération immédiate et inconditionnelle de nos collègues », déclare Monica Zanarelli, la cheffe de la délégation du CICR en Afghanistan. « Nous leur demandons également de n’entreprendre aucune action susceptible de leur nuire, car nous tenons à éviter que cette tragédie ne prenne une tournure encore plus dramatique. » Concrètement, le CICR a demandé « aux autorités et aux groupes armés qui opèrent dans la région de tout mettre en œuvre » pour que ses deux collaborateurs soient libérés sains et saufs mais aussi « de renoncer à prendre quelque mesure que ce soit qui risquerait de mettre leur vie en danger ».
Le CICR, qui est présent en Afghanistan depuis une trentaine d’années, a décidé de « suspendre momentanément toutes ses activités en Afghanistan » tant que la sécurité de ses hommes et femmes ne sera pas assurée.
(NGV)
Le directeur de la Police technique et scientifique de Niamey de montre sa nouvelle carte (Crédit: Eucap Sahel Niger)
(B2) La police nigérienne a récemment été victime d’un faussaire. L’individu, aujourd’hui en prison, faisait des copies des cartes professionnelles des officiers de police et les utilisait pour s’infiltrer dans les commissariats. Pour y faire face, c’est vers la mission de l’UE de soutien aux capacités de sécurité au Niger, EUCAP Sahel Niger, que les autorités nigériennes se sont tournées.
Livraison d’une nouvelle imprimante
Jusqu’à maintenant la carte de police des officiers nigériens ne comportait, en effet, aucune sécurité particulière. Cette carte pouvait être contrefaite à l’aide d’une simple machine à badge. EUCAP Sahel Niger a donc fourni une nouvelle imprimante aux autorités de Niamey et formé l’unité chargée de son utilisation. Les cartes des policiers nigériens sont maintenant recouvertes recto/verso d’un lamina holographique personnalisé infalsifiable. « L’hologramme a été dessiné par nos soins et seuls les services de police nigériens peuvent se le procurer auprès du distributeur » explique Moustapha Tahirou, directeur de la Police technique et scientifique de Niamey.
Modernisation de la Police technique et scientifique
Plus généralement, les Européens ont accompagné la police technique et scientifique (PTS) dans sa réorganisation, afin de la moderniser. Elle est désormais composée de quatre divisions : la division des laboratoires de police scientifique, la division de l’informatique et des traces technologiques, la division de l’identification et la division de la formation technique. Au bilan. « en 2016, nous avons été requis dans le cadre de 97 affaires, contre 55 en 2015, soit une progression de 57 %. La division de l’identification a enregistré une augmentation de 20% des constatations. On constate également une augmentation de 14% des individus signalisés. »
Création d’un centre d’excellence pour l’Afrique de l’ouest?
Les Nigériens veulent maintenant aller plus loin. « Nous souhaitons capitaliser nos acquis et explorer de nouveaux domaines. La criminalité évolue sans cesse et nous avons besoin de nous adapter. Nous envisageons de faire de notre laboratoire PTS un centre d’excellence pour l’Afrique de l’ouest. Mais pour y parvenir, notre volonté ne suffira pas, nous manquons cruellement de moyens » souligne le directeur de la PTS. L’appui d’EUCAP Sahel Niger est « indispensable ».
(Leonor Hubaut)
Frank Engel intervenant au Parlement européen (Crédit: PE)
(BRUXELLES2 à Strasbourg) La guerre du Haut-Karabagh entre Azerbaïdjan et Arménie, est une vieille histoire. Un conflit gelé. Pour l’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel, membre du parti populaire chrétien-social (CSV), c’est une erreur : loin d’être gelée, la situation sur le terrain s’aggrave.
Le cessez-le-feu est violé régulièrement
« L’Azerbaïdjan viole le cessez-le-feu tellement sciemment et fréquemment que ça en devient simplement ridicule. » Frank Engel (1) est ferme sur ce point. « C’est un pays qui pratique la guerre, qui commet des crimes de guerre, qui procède à des arrestations arbitraires, à des décapitations… Tout ce que vous pouvez imaginer. C’est une république bananière kleptocrate comme il y en a peu. En Azeri, quand ça tue, ça tue bien. »
Appel à une mission d’observation de l’OSCE
Une solution existe pour « aider à faire respecter le cessez-le-feu ». Après le pic de violences d’avril 2016, l’Arménie « a demandé qu’une mission d’observation du cessez-le-feu soit mise en place », comme cela a été fait en Ukraine pour la Crimée. « Mais l’Azerbaïdjan a refusé. C’est tellement clair que ça saute aux yeux. »
Rompre avec Bakou ?
Il faudrait que l’Union européenne « conditionne toutes ses relations à l’adhésion à ce mécanisme de surveillance du cessez-le-feu au sein de l’OSCE. S’ils continuent de refuser. [On doit faire la] rupture… de tout. J’aimerais y croire. Si l’Union européenne prétend être celle qui défend les droits de l’Homme, elle ne peut pas laisser faire quelque chose de pareil. » Aujourd’hui, ce n’est pas une question du statut du Karabagh, insiste le député. « L’urgence c’est de faire respecter le cessez-le-feu, qu’il soit surveillé par l’OSCE, pour que les violences cessent. »
Abolir le groupe de Minsk
Obtenir un mécanisme d’observation de l’OSCE est d’autant plus important que « le groupe de Minsk, composé de la France, la Russie et les États-Unis, ne sert à rien du tout. Il faudrait même abolir le format. Sa seule utilité est de donner un semblant de cadre pour continuer à se parler. Ce qui ne se fait pas. » (2) L’eurodéputé compte notamment sur la France pour changer la donne.
Reconnaître le Karabagh
Pour Frank Engel, il faudrait aussi « reconnaitre le Karabagh » (NB : et sa demande d’indépendance). Pour lui, l’argument de la souveraineté nationale ne tient pas. « L’Union européenne pose pour principe le respect de l’intégrité territoriale, alors qu’on parle d’États qui n’ont jamais existé. » Il n’est pourtant pas très optimiste… « On en est loin. C’est de tous les territoires non reconnus, celui avec lequel nous entretenons le moins de contacts. »
La loi du pétrole azéri
« C’est une question taboue. Le représentant spécial de l’Union pour le Caucase du Sud n’a même jamais mis les pieds dans le Haut-Karabagh, alors qu’il est allé en Ossétie du sud ou en Abkhazie. […] Nous continuons à maintenir une relation parfaitement normale avec l’Azerbaïdjan dans le cadre du Partenariat oriental. Simplement… pour son pétrole. »
(Leonor Hubaut)
(1) Frank Engel est un arménophile engagé. Il est aussi consul honoraire de l’Arménie à Luxembourg.
(2) Notons que le Groupe de Minsk, instauré par l’OSCE a demandé, le 8 décembre 2016, à « Bakou (Azerbaïdjan) et Erevan (Arménie) de respecter l’accord signé en juin (2016) », notamment « de permettre l’élargissement de la mission de l’OSCE et la mise en place d’un mécanisme d’enquête » (communiqué).
Lire aussi: « Il ne faut pas sous-estimer les dangers du conflit du Haut Karabagh » (Federica Mogherini)
Les conséquences du conflit d’avril 2016
L’avocat arménien, Ruben Melikian, défenseur des droits de l’homme (ombudsman) du Haut-Karabagh était l’invité de Frank Engel au Parlement européen cette semaine. Dans une conférence de presse à Strasbourg, il a présenté un rapport sur la flambée de violence d’avril 2016, soulignant « les violations systématiques des droits de l’homme commises pendant la guerre d’avril ». Selon lui, « 90% de tous les citoyens du Haut-Karabagh qui étaient sous le contrôle de l’Azerbaïdjan ont été torturés et mutilés » et 32 « exécutés ».
(B2) C’est la dernière antienne à la mode. Il faut que les dépenses de défense (publiques) soient à la hauteur de 2% du produit intérieur brut.
Cet objectif a été fixé au niveau de l’Alliance atlantique, rappelé régulièrement à tous les sommets (Pays de Galles septembre 2014, Varsovie juillet 2016). James Mattis, le nouveau secrétaire d’État à la Défense, l’a encore rappelé lors de sa venue à l’OTAN : le contribuable américain ne doit pas payer pour le contribuable européen… Chaque pays doit faire des progrès « immédiats et réguliers » vers cet objectif.
Une réalité ou une illusion
2% c’est un chiffre mythique… Il est un peu à la défense ce qu’est le « 3% de déficit » du pacte de stabilité à l’économie : une ligne de crête mais aussi une certaine illusion. C’est le gage, selon ses promoteurs, d’une défense efficace. On peut en douter. L’augmentation des dépenses de défense n’est un gage ni de qualité ni d’efficacité ni de disponibilité ni de volonté d’engagement. Les années précédentes de l’histoire européenne l’ont prouvé. Et on peut le constater encore aujourd’hui en se livrant à quelques essais comparatifs.
Efficace à 1% et inefficace à 2% ?
Le taux de dépenses ne signifie pas l’efficience militaire. La Grèce dépense 2,38% de son budget à la défense tandis qu’à l’autre bout de l’échelle, le Luxembourg dépense 0,44% de son PIB pour la défense. On ne peut pas dire que la première soit vraiment engagée sur le plan extérieur… Autre exemple : la Pologne consacre 2% de son budget à la défense tandis que la France engage 1,78% (1). A l’aune de la sécurité européenne, et des menaces internationales, la défense polonaise n’a pas encore vraiment démontré un engagement dynamique à l’inverse de l’armée française. On peut regarder aussi la Bulgarie ou le Portugal — qui consacrent 1,35% de leur PIB à la défense — alors que le Danemark qui y consacre 1,17%. Là encore, l’efficacité militaire est sans doute inversée (chiffres OTAN, prévisions pour 2016).
Un chiffre très partiel
Ce chiffre de 2% est donc loin d’être la panacée. Car il n’est qu’un pourcentage et n’a qu’une valeur très limitée. Il faudrait aussi examiner le ratio investissement/équipements sur le ratio personnel, le ration de dépenses de recherche, l’engagement en opération extérieure ou au niveau solidaire… et la réalité sur le terrain comme la volonté politique. Ce qui est autrement plus difficile à quantifier et oblige à dire certaines vérités. Ce chiffre dépend aussi du volume et de la croissance économique. Ainsi le passage à 2% du PIB de l’Allemagne par exemple signifierait un engagement autrement conséquent et donnerait à Berlin un poids dominant dans l’engagement militaire européen dans l’Alliance, en valeur absolue (lire : Consacrer 2% du Pib à la défense ? Combien va coûter ce nouveau Graal ?).
Les Européens en recherche d’efficacité
Pour être plus efficaces, les États européens ont surtout besoin de mieux se coordonner dans le cadre de leurs investissements de défense. Certaines lacunes persistantes (hélicoptères, renseignements, technique géospatiale) ne sont toujours pas vraiment comblées. Chacun songe déjà à racheter des équipements — somme toute semblables (chars, véhicules blindés, avions de chasse) — qui ont leur utilité sans doute mais qui n’ont plus le monopole de l’action sur le terrain — les robots et drones faisant leur apparition —. Les duplications sont de règle.
Peu d’ambitions sur le futur
Les budgets européens de défense sont toujours frappés par une (très) petite part consacrée à la recherche & développement / technologie (R&D, R&T). Ce qui empêche toute projection vers le futur. En sachant qu’un équipement acheté aujourd’hui est valable pour au minimum 20 ans (voire 30, 40 ou 50 ans), on a ainsi la valeur des échecs possibles. Tandis que l’absence de coordination entre les différents pays, la dispersion des armées, la fragmentation de l’industrie européenne et l’absence de volonté et d’incitants pour la développer (2), demeurent des principes inscrits dans le marbre, donnant ainsi une double faiblesse aux budgets européens : peu importants en volume et peu coordonnés.
Le panier percé des 2%…
Sans résoudre ces points, le respect des 2% apparaît comme remplir un panier percé… ou est juste bon pour permettre aux industriels américains d’écouler leurs surplus sur le Vieux continent et d’amortir ainsi leurs frais.
… au profit de qui ?
L’antienne, répétée à longueur de mois, par les responsables divers de l’Alliance et américains, est, certes, louable — obliger à un effort, nécessaire, supplémentaire pour la défense — mais il recèle aussi un objectif sous-jacent. Dépenser davantage et très vite = acheter ce qui est disponible sur le marché, avec un bon rapport qualité/prix, testé sur le terrain, garanti et… compatible avec les autres = acheter américain. CQFD. America first… Ou comme l’explique l’eurodéputé Arnaud Danjean (3) : « Si ce qu’on nous demande, c’est de signer plus de contrats avec l’industrie américaine, qu’on nous le dise… ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Le pourcentage calculé à l’OTAN inclut normalement les pensions (retraites), sauf dans certaines pays, Bulgarie par exemple. Il peut donc différer de celui mentionné ailleurs. Le poids de ces retraites n’est pas négligeable : en France, il représentait en 2016 (avec les sommes versées aux anciens combattants), environ un quart du budget : 10,33 milliards € sur un budget total du ministère de 42,63 milliards €.
(2) La plupart des États européens n’ont pas instauré une préférence européenne qui reste taboue. A défaut d’une préférence nationale — toujours recherchée dans l’attribution des marchés —, ils préfèrent passer directement à la préférence américaine. La décision française d’achat des Famas est, en soi, un contre-exemple à cette tendance.
(3) dans un entretien à B2 à paraitre prochainement
(Crédit: EUTM Mali)
(B2) La mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) ne veut pas se limiter à la formation de premiers soins au combat mise en place pour les forces armées maliennes (FAMA) en novembre 2016 au camp de Koulikoro. Les Européens ont lancé une formation complémentaire au profit de la Direction centrale du service de santé des Armées (DCSSA). La première du genre s’est centrée sur l’aspect logistique. Pendant deux semaines, EUTM Mali a formé une dizaine de stagiaire en comptabilité et gestion de stock, au camp Kati, à proximité de Bamako. « Ce cours devrait permettre à la DCSSA d’optimaliser la gestion du matériel médical et d’améliorer l’appui médical aux troupes déployées en opération », explique-t-on depuis la mission. La cérémonie de fin de formation, lundi 6 février, a été l’occasion d’inaugurer la rénovation des entrepôts de matériel médical et de médicaments financée par EUTM Mali.
(Leonor Hubaut)
Entrepôt médical de la base militaire de Kati (Crédit: EUTM Mali)