(B2) La situation au large de la Libye continue d’être chargée avec des passages récurrents de navires chargés de migrants. Mais l’Europe a choisi de ne plus être en première ligne
Sauvetage par des équipes européennes de l’opération EUNAVFOR Med Sophia en 2016 (crédit : EUNAVFOR Med – archives B2)Depuis son lancement, la nouvelle opération EUNAVFOR Med Irini, qui a succédé à l’opération Sophia le 31 mars dernier, « n’a jamais reçu d’appels de détresse et n’a donc jamais refusé aucun d’entre eux », précise le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans sa réponse écrite au Parlement européen, faite lundi (24 août), couvrant la période d’avril au 21 juillet 2020. Il cherche ainsi à faire taire certaines rumeurs de refus d’assistance.
« En revanche, les moyens aériens de l’EUNAVFOR Med Irini ont repéré huit situations de détresse potentielle dans la région libyenne de recherche et de sauvetage », précise-t-il. Cela a entraîné, « conformément aux obligations découlant des conventions internationales SOLAS et SAR », la saisine du « centre de coordination du sauvetage maritime (MRCC) compétent ». NB : selon la zone celui de Tripoli ou de Rome.
(NGV)
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(B2) Pris sur le fait en violation des réglementations imposées aux Irlandais sur le coronavirus, le commissaire européen au Commerce, l’Irlandais Phil Hogan, a fini par lâcher le guidon
Phil Hogan dans ses bureaux du Berlaymont (crédit : Commission européenne)Après quelques jours d’interrogation, et de demi-mensonges (1), l’homme politique du Fine Gael désigné par l’Irlande pour être son représentant dans l’exécutif européen a fini par se rendre compte à l’évidence : il fallait mieux partir de lui-même que d’être mis à la porte par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La situation était en effet devenue intenable, avec l’affaire du Golfgate.
Un golfgate qui fait des ravages
L’homme politique avait participé avec 80 convives à un diner de gala de l’Oireachtas Golf Society, le club de golf du parlement irlandais il y a une semaine (mercredi 19 août). Ce qui dépassait la jauge autorisée de 50 personnes pour une telle réunion. En pleine période de resserrage des boulons — passage notamment à une bulle de 6 personnes — l’évènement passe mal, et le mot est faible, dans la verte Irlande. Tour à tour, les personnalités présentes à l’évènement sont tenues de s’expliquer et d’assumer. La ministre de l’Agriculture a déjà démissionné, des juges également… Et plusieurs responsables du gouvernement ont demandé que Phil Hogan suive le mouvement.
Un statut de relative indépendance
Seul hic, un commissaire européen, une fois proposé par son gouvernement, est adoubé à la fois par la présidente de la Commission et le Parlement européen. Ce statut lui garantit une relative indépendance. Il quitte son costume national et les us et coutumes locaux, pour devenir un être atypique, qui ne dépend plus que de la sphère européenne. Il ne peut alors être contraint à la démission que par ceux qui l’ont validé. Autrement dit, l’Irlande n’a plus son mot à dire. Et seules les instances européennes (ou l’intéressé lui-même) peuvent le démissionner. C’est cette argumentation que l’exécutif européen a d’abord fait valoir pour refuser tout mouvement vers la porte pour son commissaire au Commerce.
Une contrepartie à l’indépendance des commissaires européens
Ce statut exceptionnel a cependant plusieurs contreparties. L’une est officielle et expressément indiquée par le Traité : consacrer tout son temps à l’activité européenne. Or, on peut vraiment se demander si assister à un dîner de gala du golf club parlementaire irlandais rentre vraiment dans le mandat d’un commissaire au Commerce, voire même dans la tradition de présence de la Commission européenne aux évènements nationaux. La réponse est assez rapide et évidente. C’est Non. La présence de Phil Hogan tenait avant tout à sa nationalité, irlandaise, à ses activités politiques dans l’île, voire éventuellement à ses visées futures. Il ne pouvait donc plus vraiment exciper de sa fonction de commissaire pour prétendre être intouchable. C’est ce que les juristes appelleraient un « acte détachable ». Il y avait là une réelle contradiction qu’il fallait trancher.
Une loyauté nécessaire vis-à-vis de la population
Ensuite, et surtout, il y a une clause non écrite au statut de commissaire : il faut être loyal non seulement vis-à-vis de ses mandants, des États, comme de la population européenne. Or, la manière dont Phil Hogan a cherché à se dédouaner et à s’excuser de sa présence était on peut plus ‘limite’. Dans son mot « chaleureux » de remerciement pour toute son action « pour son travail inlassable et fructueux », Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, n’a pas manqué de le rappeler que chacun devait être responsable de ses actes.
Le rappel à l’ordre de Von der Leyen
« Dans les circonstances actuelles, alors que l’Europe se bat pour réduire la propagation du coronavirus et que les Européens font des sacrifices et acceptent des restrictions douloureuses, j’attends des membres du Collège qu’ils soient particulièrement vigilants quant au respect des règles ou recommandations nationales ou régionales applicables », a indiqué Ursula von der Leyen dans une déclaration publiée aujourd’hui. Avis aux amateurs…
Commentaire : Le temps de l’impunité semble bien révolu. La sortie sera proche pour ceux ou celles qui ne respecteront pas certaines règles, écrites comme non écrites.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2 à Berlin) Alors que son influence baisse, le président biélorusse cherche à rallier ses troupes contre un ennemi : l’Alliance atlantique. Il l’accuse de militariser ses frontières. Une attaque infondée et inacceptable, s’insurge Jens Stoltenberg
Jens Stoltenberg à son arrivée à l’informelle défense à Berlin (crédit : OTAN)Présent à Berlin pour participer à la réunion des ministres de la Défense de l’Union européenne depuis hier (mercredi 26 août), le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a voulu — une fois de plus — faire passer le message.
Fausses accusations
« Il n’y a pas de renforcement militaire par l’OTAN dans la région », a-t-il assuré, fustigeant les « tentatives d’utiliser l’OTAN comme une sorte d’excuse pour sévir contre les manifestants, contre l’opposition politique au Belarus ». Et de tonner : « toute tentative d’essayer de déplacer l’attention des questions intérieures vers les questions extérieures pour créer une excuse pour utiliser la violence contre son propre peuple est inacceptable. » L’OTAN « reste une alliance défensive », a-t-il tenu à rappeler.
Une Alliance préoccupée
Alors que celui que l’on surnomme le dernier dictateur d’Europe ne se prive pas, depuis une semaine, d’accuser également les Européens d’ingérence, les Alliés s’avouent « très préoccupés par la situation en Biélorussie » et « suivent bien sûr de très près » la crise qui s’y déroule depuis la ré-élection de Loukachenko, a-t-il partagé avec la presse.
(Aurélie Pugnet)
Lire aussi :
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(B2) Les militaires européens ont quitté leur quartier historique qui les abrite depuis le début des missions de l’UE en Centrafrique, il y a six ans
Les éléments européens ont quitté le camp d’Ucatex, pour se relocaliser près de l’aéroport, à M’Poko, base historique des forces françaises et de l’ONU. Durant une bonne semaine, ce mois d’août (du 15 au 23), ils ont transféré tous leurs effets et matériels, containers y compris.
La fin d’une présence de six ans
Basé sur le site d’une ancienne usine désaffectée, le camp Ucatex a tout d’abord été utilisé par la force de stabilisation de l’UE à Bangui EUFOR RCA, en 2014 (lire : En patrouille avec les gendarmes), puis par la mission de conseil militaire EUMAM RCA (lire : EUMAM RCA lancée. Mais effet retard pour les effectifs) et la Minusca, et enfin par la mission de formation (lire : EUTM RCA lancée. Les premières formations mises en place…).
Destination : M’Poko
L’opération s’inscrit dans le cadre de la « densification des missions de conseils, d’entrainement et d’instruction » d’EUTM RCA au profit des FACA, les forces armées centrafricaines. NB : ce déménagement permet aussi plus de synergies entre les différentes forces (notamment en matière de force protection).
Des convois étalés dans la journée
Pour éviter tout problème, les convois ont été répartis entre la matinée et l’après-midi. La vitesse de déplacement a aussi été adaptée pour que la sécurité « soit assurée lors du passage des convois notamment sur le marché des combattants» indique-t-on à EUTM RCA. Un lieu particulièrement prisé des habitants de Bangui, et avec une forte densité (personnes, motocyclettes, etc.).
La présence à Bouar reprend
Autre acquis organisationnel : le détachement de partenariat militaire opérationnel (DPMO) d’EUTM est « désormais au complet sur le camp de Bouar » assure-t-on du côté européen. L’installation a été finalisée ce mois d’août, avec de petits travaux et l’entretien du camp pour être fin prêts pour commencer l’instruction avec les FACA. Le chef d’état-major centrafricain (alias le CEMA), le général Zéphirin Mamadou, et le chef d’EUTM, le général français Éric Peltier, se sont rendus sur place lundi (24 août) pour visiter les installations, l’état-major de zone de défense ainsi que le centre d’instruction et d’entraînement qui accueillera les formations des FACA.
Une montée en puissance des FACA
Ces changements s’inscrivent dans un renforcement de la mission, en personnel comme en infrastructures, dans le nouveau mandat qui lui a été confié par les ’27’ (1), pour faire face à la (re)montée en puissance des FACA, dans le cadre du plan national de défense. De nouvelles recrues vont ainsi venir s’ajouter au renforcement de l’état-major de zone de défense (EMZD) à Bouar. Les EMZD de Ndele et Bangassou vont aussi poursuivre leur déploiement.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des mesures barrières face au Covid-19
Le coronavirus a un peu compliqué le travail d’EUTM RCA. Il faut bien le dire. Mais la première réaction des autorités centrafricaines, qui ont réagi assez fortement à l’épidémie, en demandant aux Européens de stopper tout contact et de rester confinés, semble aujourd’hui assouplie. EUTM-RCA et les FACA se sont adaptés à la nouvelle donne, pour continuer à travailler en toute sécurité. Désormais avant chaque activité, « une information précise et détaillée est dispensée à tous les stagiaires sur l’importance des gestes à adopter » pour prévenir la diffusion du virus.
Lire aussi : Avec la formation de Bouar, on voit les fruits du travail de ces trois années (Général Peltier, EUTM RCA)
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(B2) Il ne fait pas bon être opposant apparemment dans la Russie de Vladimir Poutine. Alexei Navalny aurait été empoisonné. Une seconde tentative en un an apparemment
L’opposant en soins intensifs
L’incident s’est produit durant le vol de retour depuis Tomsk en Sibérie, de l’opposant moscovite (1). « Il s’est senti malade pendant le vol » raconte sa porte-parole Kira Yarmysh sur twitter jeudi (20 août) au matin. L’avion a fait un atterrissage d’urgence à Omsk. Et Navalny a été transporté à l’hôpital en ambulance. Il est « en soins intensifs, inconscient ».
Сегодня утром Навальный возвращался в Москву из Томска. В полёте ему стало плохо. Самолет экстренно сел в Омске. У Алексея токсическое отравление. Сейчас мы на скорой едем в больницу
— Кира Ярмыш (@Kira_Yarmysh) August 20, 2020
Un empoisonnement au thé
« Nous supposons qu’Alexei a été empoisonné avec quelque chose mélangé dans son thé » poursuit Kira Yarmysh. « C’était la seule chose qu’il avait bue depuis ce matin. Les médecins disent que la toxine a été aspirée plus rapidement à travers le liquide chaud. » Si l’hypothèse d’un empoisonnement s’avère, ce serait la seconde tentative en près d’un an.
Précédente tentative d’empoisonnement
L’opposant avait en effet été hospitalisé un court moment, fin juillet 2019, pour de larges boursouflures au visage. Une « grave réaction allergique », avait indiqué les autorités. Navalny avait senti son cou, son visage, son front se gonfler ; et d’importantes marques rouges apparaitre. Ce « mal bizarre », comme le qualifiait alors son entourage, avait immédiatement fait pensé à un empoisonnement, l’intéressé n’ayant pas d’antécédents allergiques. Il était alors emprisonné au lendemain d’une manifestation pour protester contre le résultat des élections locales à Moscou.
Un pourfendeur de la corruption
Ce pourfendeur de la corruption qui gangrène le pays nous avait confié lorsque nous l’avions rencontré à Moscou (3), en septembre 2013, « ma situation est un peu meilleure en ce sens ». « J’ai une certaine célébrité, qui me protège ». Apparemment, cela ne suffit plus à le protéger.
Un accueil en France ou en Allemagne ?
Dans le fil de la journée, l’état de l’opposant russe n’était pas rassurant. « Les nouvelles que nous avons à cette heure sont extrêmement inquiétantes » a indiqué Emmanuel Macron.
Une proposition Macron – Merkel
Recevant la Chancelière allemande Angela Merkel au Fort de Brégançon, le président français s’est dit « extrêmement préoccupé ». Il s’est dit « prêt à apporter toute l’assistance nécessaire » à l’opposant comme « à ses proches » sur le plan « sanitaire, sur le plan de l’asile ou de la protection ». Il pourrait ainsi être accueilli en France, ou en Allemagne (comme l’a proposé Angela Merkel).
Un avion prêt à décoller en Allemagne
L’Allemagne a, sur ce sujet, une certaine avance. Le leader de l’ONG allemande de défense des droits de l’homme Cinema for Peace, Jaka Bizilj a indiqué être prêt. « Un avion avec des spécialistes de réanimation décollera ce soir » a-t-il indiqué au quotidien Bild. « Si Navalny est prêt à être transporté dans la matinée, l’avion s’envolera immédiatement pour Berlin, sa femme sera également à bord ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour sur son état de santé, et avec la possibilité d’accueil en France ou en Allemagne
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(B2) La 96e réunion du mécanisme de prévention et de réponse aux incidents (IRPM) à Ergneti, jeudi (30 juillet), s’est tenue « dans une atmosphère positive et constructive » selon le communiqué de la mission des observateurs européens (EUMM Georgia).
(crédit : EUMM Georgia)Après une certaine période de crispation, chacun des participants (séparatistes ossètes comme responsables géorgiens) s’est engagé à « reprendre un dialogue régulier » et à recourir à la ligne d’assistance téléphonique gérée par l’EUMM Georgia.
La réunion a permis d’aborder plusieurs sujets délicats : l’impact sur la population locale de la fermeture prolongée des points de passage contrôlés le long de la ligne de démarcation administrative (ABL), la situation sécuritaire dans la région de Chorchana-Tsnelisi, les cas récents de détention ; ainsi que « d’autres incidents importants non résolus ».
Les questions relatives à la gestion des infrastructures d’irrigation le long de la ligne ont également été abordées.
Prochaine réunion : le 24 septembre.
(NGV)
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(B2) Un AWACS français a effectué une mission de reconnaissance en Méditerranée centrale au profit de l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye jeudi (6 août)
Décollant de la base aérienne 702 d’Avord, l’appareil a rejoint ensuite la Méditerranée. A bord, une vingtaine d’aviateurs spécialisés (pilotes, opérateurs et contrôleurs ainsi que techniciens radar et communication) dans l’observation. Durée du vol : huit heures, destinées selon l’état-major français à « enrichir la connaissance de l’activité maritime et aérienne en Méditerranée centrale ».
L’avantage de cet appareil est, en effet, qu’il permet de détecter et de surveiller un large espace (environ un million de km2), notamment les zones dépourvues de couverture radar. « Son endurance en vol, ses capacités techniques et le traitement des informations en temps réel » lui permettent ainsi de construire une image assez complète de la situation, ce « de manière autonome ».
C’est la première fois qu’un tel appareil est employé pour le compte de l’opération Irini, mais pas la première fois dans une opération maritime européenne. L’armée de l’air française avait ainsi prêté main forte à plusieurs reprises au plus fort de l’opération anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta en 2009 et 2010 notamment (lire : Un avion Awacs français en renfort pour Atalanta).
Cette mission n’était pas apparemment prévue dans le timing originel de la mission. « La mission a été planifiée et programmée en quelques jours puis commandée en temps réel par le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), basé à Lyon, en lien étroit avec le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) » indique l’état-major des armées français dans son communiqué publié une semaine après le vol (le 13 août).
NB : on peut raisonnablement présumer que les informations rapportées sur ce vol n’ont pas servi qu’à l’opération Irini, mais aussi à rassembler nombre d’informations sur les navires turcs présents dans la zone.
(NGV)
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(B2) Face aux pressions turques en Méditerranée orientale, la France a décidé de renforcer sa présence maritime et aérienne au large de la Grèce
Rafale à La Souda (crédit : état-major grec)Réaffirmer l’attachement à la libre circulation
Objectif de cette présence : « renforcer l’appréciation autonome de la situation et affirmer l’attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international » comme le précise un communiqué du ministère français des Armées.
Regain de tensions gréco-turques
C’est le regain de tensions en Méditerranée orientale qui justifie cette prise de position. La Turquie a repris ses relevés sismographiques à proximité des îles grecques et annoncé des forages supplémentaires. Le navire turc Oruc Reis, sous escorte de la marine turque, s’est ainsi dirigé vers une zone considérée par la Grèce comme sa zone économique exclusive (ZEE). La marine grecque a été mise en état d’alerte. Le gouvernement turc a mal réagi à l’annonce d’un accord bilatéral de démarcation maritime entre la Grèce et l’Égypte le 6 août dernier. Accord qui empêche la réalisation de son projet de grande zone maritime issu d’un précédent accord entre Ankara et Tripoli (Libye).
Une décision française
La décision d’assurer un renfort « temporaire » de la présence militaire française en Méditerranée orientale a été annoncée mercredi (12 août) par Emmanuel Macron après sa rencontre avec le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, mercredi (12 août), et immédiatement mise à exécution. « Les décisions unilatérales de la Turquie en matière d’exploration pétrolière provoquent des tensions. Celles-ci doivent cesser pour permettre un dialogue apaisé entre pays voisins et alliés au sein de l’OTAN » a-t-il indiqué dans un tweet.
Utiliser les moyens disponibles
Dans l’immédiat, Paris va utiliser les moyens déjà déployés dans la zone au niveau aérien comme naval. Deux Rafale précédemment déployés à Chypre du 10 au 12 août pour un exercice ont ainsi fait « une étape » à la base aérienne de La Souda, en Crète, jeudi (13 août) où est stationnée la 115e escadre de combat grecque. Sur mer, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre, en route vers le Liban, a été « rejoint cette nuit par la frégate Lafayette » (F-710), qui a appareillé de Larnaca (à Chypre), pour un exercice conjoint avec la marine grecque.
Manoeuvres franco-grecque. Au centre le PHA Tonnerre reconnaissable à sa silhouette carrée haute sur l’eau (crédit : état-major grec)Des exercices conjoints avec la marine grecque
Ont participé ainsi du côté grec les frégates Spetsai (F-453) qui a ainsi quitté pour un moment l’opération Irini où elle était déployée), Aigaίon IV (F-460), Limnos III (F-451) et Koundouriotis (F-462). Objectif, selon l’état-major grec : « contribuer à élever le niveau de préparation opérationnelle, la capacité de combat et la coopération des participants dans un contexte allié ». Outre les manœuvres en mer, les exercices ont notamment inclus, des éléments de planification opérationnelle conjointe, des échanges d’images tactiques et de communications, comme la coopération aérienne. Précision importante : ces manœuvres ont eu lieu y compris dans la zone où la Turquie a émis un Navtex (message d’information maritime) sur ses forages.
Commentaire : une répartition des rôles entre Paris et Berlin ?
Le déploiement de ces moyens a davantage une tonalité politique vis-à-vis de la Turquie, comme des partenaires européens. Tandis que Berlin joue les ‘bons offices’ entre Athènes et Ankara (sans grand succès pour l’instant), Paris hausse le ton et affiche ainsi sa détermination à ne pas baisser la garde face à la Turquie. Plutôt qu’une divergence dans le couple franco-allemand, on peut parler d’une répartition des rôles, assez logique. L’Allemagne qui assure la présidence de l’UE doit s’en tenir à une certaine neutralité entre les États membres qui n’ont pas tous une attitude très ferme vis-à-vis de la Turquie. Peu de pays européens embrayent ainsi le pas de la France en affichant ostensiblement une présence dans cette zone de la Méditerranée. Tandis que du côté de l’OTAN, on affiche un silence prudent bien embarrassés par cette nouvelle querelle entre alliés.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour à 13h avec les éléments grecs de l’exercice
Cet article La France positionne deux Rafale et une frégate face à la Turquie (v2) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) L’assassinat de six Français des ONG française Acted et suisse Impact international, et de leurs deux accompagnateurs nigériens, dimanche (9 août), dans la région de Kouré, au Niger, a entraîné une réaction d’éléments de l’opération Barkhane.
Une patrouille de 2 Mirage 2000D a été immédiatement engagée dans la région pour participer à l’identification et la recherche des auteurs. Ce « à la demande des Forces armées nigériennes » précise un communiqué de l’état-major des armées. Cette patrouille aérienne a ensuite relayée ensuite par un drone.
Une équipe de prévôts et de techniciens d’identification criminelle venue de Gao (au Mali) a également été prépositionnées sur la BAP (base aérienne projetée) de Niamey avant d’être déployée sur la zone lundi (10 août) matin dans le cadre d’une mission d’assistance aux forces de police locales.
(NGV)
Cet article Des éléments Barkhane déployés au Niger après l’assassinat de six Français est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) L’attention est tournée vers le Liban ce mardi (4 août) après l’explosion qui a eu lieu vers 17h10 (locales) dans le port de Beyrouth
Une méga catastrophe
Un bilan qui s’aggrave d’heure en heure
Plus d’une centaine de morts (157 au dernier bilan) et plus de 5000 blessés ont été comptabilisés par la Croix-Rouge libanaise. Un bilan encore très provisoire, selon le quotidien l’Orient Le jour, qui pourrait s’aggraver encore dans les prochaines heures. 120 blessés sont dans un état critique. Et il y a toujours 60 disparus.
Plusieurs quartiers atteints
L’explosion, gigantesque, a en effet non seulement touché la zone portuaire mais les quartiers voisins, notamment Mir Mikael et plus généralement le quartier d’Achrafieh. Elle a été entendue à des kilomètres à la ronde. L’origine semble accidentelle selon des diplomates européens, dû « à l’explosion [en cascade] de stocks chimiques contenant de l’acide nitrique » (nitrate d’ammonium).
Hôpitaux submergés
Les hôpitaux libanais déjà aux prises avec l’épidémie de Covid-19 sont submergés. La Croix-Rouge libanaise a ouvert des centres de tri et de premiers soins dans plusieurs points de la capitale (place des Martyrs près de la mosquée Al Amin et au Forum de Beyrouth notamment).
Un navire de la FINUL touché
Un des navires que compte la force maritime des casques bleus a été touché par l’explosion et plusieurs de ses occupants blessés annonce la FINUL. Il s’agit d’une corvette de la marine du Bangladesh, le BNS Bijoy. 19 marins ont été blessés, certains assez gravement selon la FINUL. Deux hommes particulièrement seraient en état critique, selon le site Defseca.
Des ambassades européennes endommagées
Plusieurs ambassades de pays européens ont aussi été touchées. L’ambassade belge a subi « d’énormes dégâts » selon le ministre Philippe Goffin. Deux agents et deux membres de leur famille ont été légèrement blessés par des éclats de verre. L’ambassade néerlandaise a également été touchée, avec cinq blessés, dont un dans un état très grave. La femme de l’ambassadeur, Hedwig Waltmans-Molier, également diplomate, est décédée de ses blessures samedi (8 août).
Les représentations allemande comme autrichienne ont également été atteintes. Il y a des blessés dans le personnel allemand. Du côté autrichien on précise qu’il n’est « pas certain actuellement que les bureaux de l’ambassade puissent être utilisés dans les prochains jours ».
Une aide européenne qui se mobilise
Copernicus mis en œuvre
Le centre de coordination de la réponse d’urgence (alias ERCC, Emergency Response Coordination Centre) a rapidement mis en œuvre le système de repérage satellitaire Copernicus. Objectif : dresser une rapide cartographie de la situation et venir en aide aux autorités locales, indique Janez Lenarčič, le commissaire européen chargé de la gestion de crises. Le mécanisme européen de protection civile a été activé.
Le mécanisme européen de protection civile déclenché
Trois pays ont tout de suite répondu à la demande libanaise — la Grèce, les Pays-Bas et la république Tchèque — en envoyant des équipes de recherche et sauvetage. En tout, plus d’une centaine de personnes, spécialisées dans la recherche et le sauvetage en milieu urbain, avec des véhicules, des chiens et du matériel. Ces trois pays (avec la France) avaient très rapidement indiqué leur intention d’aider le Liban de façon concrète (1), tout comme la Pologne, l’Allemagne, l’Italie, Chypre, suivis par l’Autriche la Finlande, la Belgique et la Roumanie. Le Royaume-Uni a également répondu à l’appel.
Une aide financière
La Commission européenne a annoncé mobiliser 33 millions d’euros. Une somme qui inclut des ressources disponibles dans le cadre du Fonds fiduciaire régional de l’UE en réponse à la crise syrienne et débloquées en juin. Un contrat de 8 millions d’euros a été signé jeudi (6 août) pour soutenir les services médicaux d’urgence de la Croix-Rouge libanaise « dans ses efforts à améliorer l’accès aux soins pré-hospitaliers d’urgence et aux services de transfusion sanguine » indique l’exécutif européen dans un communiqué.
Un soutien politique affirmé
Le président du Conseil européen Charles Michel a annoncé, via un tweet, se rendre au Liban samedi (8 août), « pour transmettre la solidarité de l’Europe avec les habitants du Liban ». Des rencontres sont prévues avec le président Michel Aoun (Courant patriotique libre/Maronites), le président du Parlement Nabih Berri (Amal/Chiites) et le président du Conseil des ministres Hassane Diab. « Choqués et attristés, nous sommes aux côtés de tous ceux qui sont touchés et nous leur apporterons notre aide. »
Un pont aérien qui s’organise
En tout, onze pays de l’Union européenne + le Royaume-Uni ont répondu à l’appel du Liban par une aide directe, mobilisant plus de 330 sauveteurs et spécialistes (médical, risques, etc.).
France : huit avions militaires + 1 avion civil + 1 navire hôpital + 1 cargo + 124 sauveteurs, enquêteurs et médicaux
Du côté français, on n’a pas attendu. Deux avions militaires (un A400M Atlas et un A330 MRTT Phénix), transportant 55 personnes de l’UIISC1, l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile n°1 de Nogent le Rotrou (50 spécialistes du sauvetage-déblaiement et cinq experts du risque technologique) ont décollé de Roissy ce mercredi matin (5 août). À bord plusieurs tonnes de matériel sanitaire. De quoi monter un poste médical avancé pour prendre en charge jusqu’à 500 blessés.
Sapeurs pompiers militaires de l’UIISC1 sur le départ (crédit : Sécurité civile)Cela suit l’intention affichée par le président de la République. « Des secours et moyens français sont en cours d’acheminement sur place » indique par tweet Emmanuel Macron dès 21h le mardi soir. Un autre avion (un Bombardier Global 6000 affrété par CMA CGM) avec à bord neuf marins-pompiers de Marseille (médecins et infirmiers) de l’unité médicale d’intervention en milieu maritime (UMIM) a atterri dans l’après-midi à Beyrouth.
Un troisième avion militaire, un A400M Atlas transportant un détachement de 60 personnels du ministère de l’Intérieur, des renforts du ministère des affaires étrangères et de la Croix rouge — « des enquêteurs pour avancer dans les investigations, de recherche des corps comme des causes » de l’accident selon Emmanuel Macron —, a décollé de Vélizy-Villacoublay (région parisienne), jeudi (6 août), avec 15 tonnes de matériel et équipements. Le président français s’est rendu au Liban dès jeudi matin (écouter sa conférence de presse).
Il a été suivi (vendredi 7 août ) d’un avion C130J qui a décollé de la base aérienne d’Orléans avec du fret (11 tonnes de médicaments, ainsi qu’une palette de 10.000 doses de vaccins). Cela devrait permettre « la prise en charge de plus de 1000 blessés », précise le Quai d’Orsay. Un cinquième vol, assuré par un A310, a transporté personnels et frets, essentiellement pour assurer la relève de la FINUL. Trois autres vols militaires (deux A400M et un C160 Transall) sont prévus samedi 8 août et dimanche 9 août, afin d’acheminer notamment 13 tonnes de produits alimentaires et trois tonnes de médicaments.
Du côté de la marine aussi le soutien est actif, le BPC porte-hélicoptère amphibie PHA Tonnerre part dimanche (9 août) de Toulon pour arriver normalement jeudi suivant (13 août) à Beyrouth. Il permettra de déployer un hôpital de campagne. Il sera suivi par un cargo affrété par le ministère de la Défense. Au total, les armées auront convoyé 96 tonnes de fret, 130 personnes et 3 chiens (bilan au dimanche 10 août soir).
Grèce : 12 sauveteurs et 1 chien
Dès mercredi (5 août) matin également, une première équipe de l’unité spéciale grecque de lutte contre les catastrophes (EMAK), avec 2 véhicules, 12 sauveteurs et un chien, sont partis par un avion C-130 des forces aériennes, indique la protection civile grecque. Athènes est prête à envoyer une aide supplémentaire et du matériel médical au Liban, a indiqué le premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
L’équipe EMAK sur le départ (Crédit : protection civile grecque)République tchèque : 36 sauveteurs et 5 chiens
Une équipe de secours tchèque, composée de 36 pompiers secouristes et 5 chiens de sauvetage, spécialisés dans la recherche de victimes de catastrophes dans les décombres, est partie mercredi (5 août) à 16h, a fait savoir le même jour le ministre de l’Intérieur, Jan Hamáček.
Pays-Bas : un avion et 60 sauveteurs
Mercredi soir (5 août), c’était au tour de l’équipe de recherche et de sauvetage en milieu urbain (USAR) néerlandais de s’envoler de l’aéroport d’Eindhoven à bord d’un avion civil vers Beyrouth. À bord plus de 60 personnes (pompiers, policiers, médecins et militaires), spécialisés dans la recherche de personnes disparues. Quelque 16 tonnes d’équipement lourd avec sauvetage et chiens suivent par un avion de transport lourd type C-17.
Allemagne : un navire et une unité de reconnaissance médicale
Berlin a décidé de réaffecter la corvette Ludwigshafen am Rhein qui dépendait de la FINUL vers l’assistance à la catastrophe. Le navire a quitté Limasol à Chypre jeudi matin (6 août) à 7 heures locales et doit être sur place après un trajet de six heures. Avec son médecin de bord, l’équipage d’environ 70 personnels est prêt à porter secours.
L’unité de soins intensifs mobile de la Bundeswehr à Cologne/Wahn destinée au transport aérien stratégique de patients (StratAirMedEvac) a été placée en état d’alerte accru. Une équipe de reconnaissance médicale de la Bundeswehr est déjà partie d’Allemagne avec un avion Global 5000. Selon le résultat, l’hôpital mobile pourrait être déployé et opérationnel en 96 heures, indique la Bundeswehr.
Pologne : 45 sauveteurs + 11 spécialistes (médecins, experts )
Un groupe de sauveteurs a décollé de Varsovie vers Beyrouth mercredi (5 août), à bord d’un avion de ligne régulière de la LOT vers 23h le soir. À bord, un groupe de recherche et de sauvetage du service d’incendie (USAR), composé de 43 sauveteurs et quatre chiens, renforcés de six médecins et cinq experts en matière de risques biologiques, radiologiques et chimiques et explosifs du Centre polonais pour l’aide internationale (PCPM Polskiego Centrum Pomocy Międzynarodowej). Groupe groupe dirigé par le brigadier Mariusz Feltynowski, qui a déjà dirigé les opérations de sauvetage lors des missions après les tremblements de terre en Haïti et au Népal. Ils sont arrivés dans la nuit (3 heures du matin) à Beyrouth, selon les pompiers polonais.
L’équipe de sauveteurs polonais USAR avant le départ (crédit : Państwowej Straży Pożarnej)Italie : 14 spécialistes des risques technologiques + un navire hôpital
Une équipe de 14 pompiers spécialistes des risques NBCR (Nucléaire, Biologique, Chimique et Radiologique) est arrivée à Beyrouth jeudi (6 août). Ils sont dirigés par la cheffe d’unité Stefania Fiore. Objectif, selon la sécurité civile italienne : « apporter un appui technique sur les risques chimiques et évaluer l’état des structures endommagées » par l’explosion.
Un avion a aussi décollé de la base d’intervention d’urgence humanitaire des Nations unies à Brindisi, organisé par le ministère des affaires étrangères, en collaboration avec le département de la protection civile, avec 8,5 tonnes de matériel médical mis à disposition par la coopération italienne, indique le ministre des Affaires étrangères Luigi di Maio sur facebook. Enfin, un navire hôpital devrait rejoindre le Liban également.
Finlande : une équipe de coordination de sauvetage
La Finlande envoie une équipe finlandaise de sauvetage, d’assistance technique et de soutien (TAST), formée aux opérations de sauvetage internationales. L’une des tâches de cette équipe sera de soutenir une équipe de coordination de l’aide internationale. Une aide matérielle est aussi prévue, contenant fournitures médicales et matériel d’hygiène.
Chypre : 10 sauveteurs, deux hélicoptères, deux avions d’aide
L’île de Méditerranée la plus proche du Liban a envoyé dès jeudi (5 août) une équipe de dix sauveteurs et huit chiens de recherche, à bord de deux hélicoptères de la police, partis de l’aéroport de Larnaca. Des équipes intégrées dans l’équipe grecque EMAK. Des fournitures d’aides médicales, alimentaires et logistiques ont également été convoyées à bord d’un Airbus A319 de Cyprus Airlines, le premier vol jeudi (6 août), le second le vendredi (7 août).
Equipe chypriote de sauveteur de la police (crédit : Aéroports de Chypre)Autriche : un coordinateur de secours
Un officier expérimenté dans les opérations internationales de secours en cas de catastrophe, le capitaine Gernot Hirschmugl, est parti jeudi (6 août) renforcer l’équipe de coordination de l’ONU (composée de 12 personnes), précise le ministère autrichien de la Défense. L’Austrian Force Disaster Relief Unit (AFDRU), une unité spécialisée de l’armée, a été mise en alerte.
Belgique : un C130 avec de l’aide, mais pas d’équipe BFast
Roumanie : un avion de matériel
Environ huit tonnes de matériel médical ont décollé samedi (8 août) de la 90e base aérienne de transport à bord de deux avions des forces aériennes (un C-130 Hercules et un C-27J Spartan).
L’aide roumaine déchargée à Beyrouth (crédit : ministère roumain des Affaires étrangères)Royaume-Uni : un navire
Londres envoie le navire HMS Entreprise actuellement amarré non loin du Liban, à Limassol (Chypre). Objectif : « aider aux travaux d’inspection du port de Beyrouth, évaluer les dégâts et aider à reconstruire cette structure vitale » selon les termes du ministre de la défense Ben Wallace. Une petite équipe de militaires a également été déployée à l’ambassade « pour aider à identifier les besoins et coordonner l’ensemble des mesures de soutien aux forces armées libanaises » (soutien médical adapté, assistance au transport aérien militaire et capacités de génie et de communication).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Une coordination des secours sur place
La répartition des secours sur place fait l’objet d’une coordination sous égide de l’ONU. Différents secteurs ont été attribués aux équipes de recherche déjà opérationnelles : A pour les Néerlandais, B pour les Qataris, C pour les Grecs, F pour les Français (à côté des Russes qui s’occupent du secteur G), I pour les Tchèques.
(crédit : USAR.NL)Mis à jour mercredi 13h et 20h, jeudi 19h, vendredi 12-13h et 16h, samedi 13h, dimanche 8h, avec les éléments du mécanisme européen de protection civile (v2), les détails des aides française (v2), néerlandaise et tchèque (v3), grecque et allemande (v4), l’aide supplémentaire française (v5), les aides polonaise, finlandaise et italienne (v6), chypriote et britannique, l’annonce par Charles Michel de son déplacement à Beyrouth (v7), l’aide potentielle belge et l’encadré sur la carte des secours (v8), précisions sur l’aide belge et roumaine (v9), aide supplémentaire française (v10).
Cet article Gigantesque explosion dans le port de Beyrouth. Les Européens se mobilisent (v10) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) La gestion d’un entrepôt logistique ou le commandement d’une salle de situation. Ce sont quelques unes des formations qui ont réussi à maintenir malgré le coronavirus. À côté des habituels dons d’équipements
(Ergneti) Ossétie-Géorgie. Dialogue autour de la stabilisation
La dernière réunion du mécanisme de prévention et de réponse aux incidents (IRPM) s’est tenue le 30 juillet à Ergneti, entre les responsables ossètes et géorgiens, sous les auspices de EUMM Georgia. Lire : Ossétie-Géorgie. Une réunion pour reprendre le dialogue
(Djibouti) Remorquage en mer
Opération de secours en mer pour la frégate espagnole Santa Maria de l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta), suite à un appel à détresse, à environ 200 nautiques de là. Ll’hélicoptère de bord AB-212 a été réquisitionné pour localiser le navire et lui balancer nourriture et eau. Le remorqueur était à la dérive, en panne de moteurs depuis une dizaine de jours. Un seul homme d’équipage à bord, sans eau ni nourriture. La frégate, arrivée entretemps, sur zone, a envoyé une équipe d’arraisonnement, avec un mécano, pour essayer de réparer les moteurs. Verdict : impossible. Les marins se sont alors engagés dans une opération délicate : remorquer le bateau jusqu’à la terre. Un voyage de 130 nautiques accompli sans encombre jusqu’au port de Bossasso en Somalie, où le remorqueur a ét remis aux garde-côtes locaux. Détails ici
(crédit / EUNAVFOR Atalanta)(Kalesija) Bosnie-Herzégovine. Nouvelle stratégie de déminage
La technique de déminage « Land Release », plus rapide que les précédentes, va permettre de terminer plus vite le déminage du pays. Il reste près de mille km² à neutraliser. C’est ce qu’ont expliqué les experts de l’opération de stabilisation de l’UE (EUFOR Althea), lors de la visite d’officiels mi-juillet, sur un site à 120 km au nord de Sarajevo.
(crédit : EUFOR Althea)(Mogadiscio) Somalie. Formation en salle de situation
Première des quatre phases bouclée pour les 23 officiers et sous-officiers de l’armée nationale somalienne formés par la mission de l’UE de formation de l’armée somalienne (EUTM Somalia). Les militaires ont suivi une préparation théorique et procédurale à la salle de situation du quartier général des forces armées somaliennes. Détails ici
(crédit : EUTM Somalia)(Sénou) Mali. Gestion de stocks
Comment tenir un entrepôt aérien, stocker les pièces de rechange, gérer et faire le niveau des stocks, documenter le suivi et le stockage des produits chimiques ? C’est ce qu’ont appris douze sous-officiers des Forces Armées Maliennes (FAMa) (de huit escadrons différents). Le but de cette formation dispensée par la Cellule Stratégique Air de l’Advisory Task Force (ATF) de la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali) est de les rendre autonomes dans la gestion des pièces de rechange de leurs avions. Détails ici
(crédit : EUCAP Mali)(Agadez) Matériel
Des imprimantes, ordinateurs, onduleurs, caméscopes terrain et d’autres matériels indispensables pour contrer les menaces sécuritaires au nord du pays ont été remises à la police nationale et au service de lutte contre le terrorisme et la criminalité, par la mission UE de soutien aux forces de sécurité intérieures et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger). Détails ici
(crédit : EUCAP Sahel Niger)(Sarajevo) Bosnie-Herzégovine. Partenariat médical
L’hôpital général Abdulah Nakas de Sarajevo a été ajouté à la liste des hôpitaux qui coopèrent avec l’opération de l’UE en Bosnie-Herzégovine. Cela évite à l’opération de mettre en place des installations spécialisées. L’établissement gagne lui en contrepartie un soutien. Détails ici
(crédit : EUFOR Althea)Kosovo. Remerciements
Des membres du personnel de la mission État de droit au Kosovo (EULEX Kosovo) ont reçu la « médaille pour services rendus dans le cadre de la mission PSDC au Kosovo. Elle leur a été décernée par le chef de mission, Lars-Gunnar Wigemark. Détails ici
(crédit : EULEX Kosovo)(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)
NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC
Lire aussi sur le B2 Pro :
… et sur le blog :
Cet article Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (juillet 2020) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) C’est désormais officiel. La frégate Hamburg va rejoindre l’opération de contrôle de l’embargo sur les armes EUNAVFOR Med Irini
L’intérêt de cette frégate, sa capacité d’observation à l’aide de son radar multifonctions APAR (crédit : Bundeswehr / Sandra Elbern)Cela ne surprendra pas les lecteurs fidèles de B2 à qui nous avions déjà annoncé ce départ (lire : Le navire-amiral italien de l’opération Irini, le San Giorgio, arrive en renfort).
Départ le 4 août, pour 4 mois et demi
La frégate qui porte le numéro de coque F-220 partira de la base navale de Heppenser Groden, à Wilhemhaven, mardi (4 août) annonce la marine allemande. À bord, deux hélicoptères et une unité d’abordage du bataillon maritime (Seebataillons). Durée de la mission : 4 mois et demi. Le retour est attendu juste avant Noël, le 20 décembre.
La pleine capacité opérationnelle atteinte
Cela permettra à l’opération européenne d’atteindre sa pleine capacité opérationnelle, juste quelques jours avant la réunion informelle des ministres de la Défense de l’UE, la dernière semaine d’août, à Berlin. Il aura fallu cependant près de cinq mois à l’opération pour atteindre cette maturité.
Une capacité de surveillance sur une zone de 400 km
Cette frégate de la classe Sachsen est un navire polyvalent conçu pour l’escorte comme le contrôle maritime. Avec son radar SMART-L, d’une portée de plus de 400 km, capable de détecter plus de 1000 cibles simultanément, il peut surveiller un vaste espace aérien. Son système informatique permet de traiter toutes les données provenant des radars et autres capteurs ainsi que les informations des navires alliés.
Une mission sous l’influence du coronavirus
Le capitaine de frégate Jan Fitschen (42 ans), qui commande le navire, est bien conscient de la difficulté de la tâche qui l’attend. Une mission dont « la préparation, comme le déroulement, est placée sous le signe de Corona ». Les marins ont été mis dans une quarantaine spéciale pendant les deux premières semaines de transit, comprenant deux tests au Covid-19. Les escales portuaires seront aussi sensiblement différentes. Il se peut que les marins ne touchent pas terre avant leur retour à Wilhemhaven.
(NGV)
Cet article Le Hamburg dans l’opération Irini courant août est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Avant la pause estivale, j’ai choisi de donner la parole au commandant du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, le capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant, qui vient de boucler une présence dans le golfe de Guinée
Le CV Tranchant à bord du PHA Tonnerre (crédit : Marine nationale)Déclenchée début juin, cette mission est désormais un classique pour la marine nationale. Depuis 1990, un bâtiment est présent dans la zone (1). Cette fois, avec des conditions d’exécution un peu différentes, compte-tenu de la crise du Covid-19.
Corymbe, c’est une mission à multiples facettes en fait ?
— On peut le dire. Notre présence a deux volets. Premièrement, assurer la sécurité des intérêts stratégiques français. Nous réalisons des patrouilles du fond du golfe de Guinée, dans la zone où nos opérateurs industriels sont présents, en interaction avec les forces françaises prépositionnées en Côte d’Ivoire et au Gabon. C’est un volet purement national. Deuxièmement, nous venons en appui aux marines du Golfe (Sénégal, Côté d’Ivoire, Bénin, Togo, Nigeria et Gabon). Nous faisons des patrouilles en commun ou effectuons des vols à leur profit avec notre hélicoptère de bord Caïman (2) pour surveiller la zone économique exclusive, ou lutter contre la piraterie et contre la pêche illégale. Nous faisons des entraînements conjoints et procédons à de multiples échanges.
Cette collaboration est un point important ?
— Bien sûr. Cela permet de partager l’appréciation de la situation. Ensuite le fait que la marine française soit présente régulièrement nous donne de la crédibilité, nous permet de tisser des liens fraternels assez intimes avec ces marines de manière à nous parler comme de vrais frères d’armes.
La crise du Covid-19 a-t-elle entraîné une modification du cours de la mission ?
— En effet. Cette mission a connu des modalités inédites avec six semaines de mer, en quasi autonomie. Nous avons fait juste deux escales de ravitaillement en gasoil à Dakar. Mais sans ravitaillement en vivres, ni en eau [Le Tonnerre est équipé pour produire sa propre eau potable]. C’était exigeant pour les équipages. Mais nous avons réussi à trouver des modalités, pour faire face à la fatigue induite par ces conditions.
Ce n’est pas la première fois que vous êtes dans la zone. La septième si j’ai bien compté. Quelle leçon en tirez-vous ?
— C’est ma septième mission en zone Corymbe. Il y a ici une densité en mer et une grande diversité des acteurs. Entre les pêcheurs locaux, les pêcheurs plus hauturiers, souvent asiatiques, la présence des plate-formes pétrolières, sans oublier les acteurs de la sécurité, privés ou étatiques, on voit bien ici la maritimisation du monde. Il y a énormément de monde sur l’eau. En vingt ans, j’ai pu assister à la densification des activités, avec du coup une évolution de la sécurité, liée à l’augmentation de ces activités, licites ou illicites.
Les marines locales sont-elles en état, à même de contrer cette menace ?
— Je ne porterai pas de jugement sur l’état des marines. Ce que je vois c’est qu’elles produisent des effets opérationnels. Elles ont déjà des capacités et montent en puissance. Elles naviguent, patrouillent, interviennent. Sur le plan du partage de l’information, le processus [de Yaoundé] produit de l’effet. Maintenant, l’intervention maritime reste un enjeu de taille. Il reste toujours des axes d’effort.
La crise du coronavirus a-t-elle aussi fait évoluer les modes d’action des pirates et bandits de mer ?
— La chute du cours de pétrole a produit une évolution du mode d’action des pirates, comme géographique. Le détournement de pétrole (bunkering) devenant moins rentable dans le golfe du Nigeria, ils se sont tournés vers la prise d’otages, lucratif avec les rançons. Les bunkerings étaient auparavant très concentrés dans les zones pétrolières. Mais cette activité d’otages se produit hors de ces zones, beaucoup plus loin des côtes. Ce qui augmente les zones à risque. Il faudra veiller à l’avenir si cette évolution persiste.
Ces attaques restent plutôt violentes, comparé avec ce qui se produit en Afrique de l’Est ?
— Le caractère très violent des actes pirates dans cette zone persiste. Cela n’a pas changé. Ce ne sont pas des pêcheurs reconvertis comme en Somalie. Ici, ce sont des organisations criminelles, organisées dans cet objectif, dont c’est le revenu principal, avec un impératif de résultat. Ce sont des attaques rapides. Ils montent à bord très vite, repartent avec des otages choisis très vite aussi, pour réintégrer leurs bases cachées [d’où ils négocient le versement d’une rançon]. Ils sont armés, avec des capacités d’autodéfense et d’agression importantes. Cela nous oblige à adapter nos modes : l’attaque étant rapide, il faut agir rapidement.
Vous êtes intervenus ?
— À chaque fois que nous avons pu apporter un appui, nous l’avons fait. Nous avons ainsi pu observer [à distance] trois attaques pirates (3). Toutes trois ont débouché sur des prises d’otages. Pour deux sur trois, nous étions trop loin pour intervenir. Une était davantage à portée. Nous avons déployé notre hélicoptère Caïman pour permettre le pistage de tous les navires à proximité. Les informations ont été transmises aux marines partenaires pour leur permettre d’agir. Nous nous sommes ensuite approchés du navire piraté, pour réconforter les marins, voir s’il y avait des blessés, recueillir les informations. C’est toujours utile pour connaître les modalités d’action des pirates.
Après Corymbe, quel est votre programme ?
— Retour à Toulon, où nous serons en alerte en métropole. En fin année, le navire connaitra un arrêt technique. Et l’année prochaine (2021), nous assurerons la mission ‘Jeanne d’arc’ de formation des jeunes officiers…
(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde)
Entretien réalisé le 11 juillet 2020, par téléphone alors que le PHA Tonnerre était dans le Golfe de Guinée, par une mer plutôt forte. Le navire est rentré au port le 17 juillet.
Le volet ‘coopération’ de la mission
La mission Corymbe a débuté par des entraînements conjoints avec les éléments français au Sénégal (EFS) et la marine sénégalaise. Fin juin, il s’est d’abord entraîné avec le patrouilleur ivoirien L’Emergence la lagune d’Abidjan, puis, dans le golfe de Biafra, avec les forces gabonaises avec, à la clé, entraînement amphibie, plongée et exercice anti-piraterie. L’hélicoptère Caïman a patrouillé ensuite à la demande du Nigéria et du Bénin pour repérer des navires. Après une seconde escale logistique à Dakar, sur le chemin du retour, le Tonnerre a mené un exercice de tenue de situation « surface » et un treuillage avec le patrouilleur sénégalais Fouladou. Au total, plus de 16.000 nautiques parcourus par le navire et 63 heures de vol pour l’hélicoptère Caïman, dont 12 missions de surveillance maritime.
Lire aussi sur le sujet :
Et notre dossier Mica Center :
Cet article Corymbe, une mission à double facette (cap. vaisseau Tranchant – PHA Tonnerre) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Alors que les tensions avec la Turquie ressurgissent, la Commission européenne envoie au gouvernement conservateur de Recep Tayyip Erdogan un avertissement sévère
Le membre grec de la Commission européenne a répondu à une question de B2 et d’une collègue grecque ce vendredi (24 juillet) lors de la traditionnelle conférence de presse après la réunion du collège des commissaires alors qu’il présentait la nouvelle stratégie de l’Union de sécurité.
La sécurité au périmètre des frontières
« La sécurité au périmètre de nos frontières, c’est un objectif, un rôle à assumer pour l’Europe. C’est à nous de le faire », a indiqué Margaritis Schinas de manière particulièrement ferme. « Nous n’allons pas déléguer la sécurité de notre continent, la souveraineté de nos États membres à d’autres. »
À la Turquie de définir de quel côté de l’histoire elle est
Le vice-président de la Commission a immédiatement lancé un appel solennel à Ankara. « C’est à la Turquie maintenant de décider, une fois pour toutes, sur son choix géopolitique afin de savoir de quel coté de l’histoire, elle veut faire faire partie. »
Sainte-Sophie, un mauvaise départ
« Veut-elle faire son chemin aux côtés de l’Union européenne en se basant sur les valeurs de l’Europe ? » Telle est la question. Or « ce qui se passe avec Sainte Sophie (1) est un mauvais départ ». « En tant que Grec, je suis amer et en colère. C’est un jour difficile. »
L’Europe a la volonté de diminuer les tensions
D’ici au conseil informel des ministres des Affaires étrangères, le gymnich, qui devrait en discuter, il y a une « opportunité » pour « travailler à diminuer ces tensions et réitérer l’importance de l’Europe comme une force de stabilité, une force de sécurité dans cette région très volatile ». Mais la détermination de l’Europe reste forte. « Aux autres [NDLR : la Turquie] de comprendre que cette détermination doit être partagée avec réciprocité. »
La question turque hante le collège
Précisons que le point ‘Turquie’ a fait l’objet d’une information lors de la réunion des commissaires. Le Haut représentant de l’Union, Josep Borrell, a ainsi présenté le résultat de ses dernières consultations.
Commentaire : l’adhésion turque à l’UE stoppée formellement ?
Cette prise de position, particulièrement ferme, pourrait signifier un tournant prochain de l’exécutif européen. Jusqu’ici partisan, malgré tout, de continuer le processus d’adhésion avec la Turquie — un processus très théorique, les négociations étant gelées de fait — la rupture officielle de ce fil ténu entre Ankara et Bruxelles pourrait être un tournant majeur. L’Europe aurait à perdre. Mais la Turquie également, notamment en termes économique ou de tourisme.
Les prochains jours et semaines seront cruciaux. Athènes et Nicosie ont déjà averti, soutenus par Paris (et en partie par Berlin). Si la situation continue de s’aggraver, la question de sanctions vis-à-vis d’Ankara pourrait être abordée, de façon plus franche. Un sommet européen pourrait alors se tenir durant l’été, ou en septembre au plus tard.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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(B2) Un militaire de l’opération Barkhane est décédé au Mali dans l’explosion de son véhicule visé par une attaque suicide
En début de matinée, ce jeudi 23 juillet, un convoi de l’opération française anti-terroriste au Mali en mission de reconnaissance a été frappé par un « véhicule suicide chargé d’explosifs sur la RN16 reliant Gossi à Gao » (à 150 km à l’ouest de Gao), indique un communiqué de l’armée française (1).
Le première classe Tojohasina Razafintsalama, du 1er régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes, qui se trouvait dans un des véhicules blindés léger (VBL) a été mortellement blessé. L’intervention immédiate de l’équipe médicale présente dans le convoi n’a rien pu faire. Deux autres soldats de l’équipage du VBL ont également été blessés et évacués vers l’hôpital militaire de Gao.
L’unité a immédiatement engagé le combat. Deux hélicoptères Tigre, puis un drone Reaper, ont été déployés afin d’appuyer les éléments au sol. Pour l’état-major des armées, la « pression importante » mise par la force barkhane « sur les groupes armés terroristes » est forte. L’ennemi est « aux abois » et « durement affaibli ». Mais « il reste encore capable de porter des coups » (2).
(NGV)
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(B2) Alors que le gouvernement israélien pourrait annoncer, le 1er juillet, une annexion d’une partie de la Cisjordanie, les Européens retiennent leur souffle. Leur rôle dans le processus de paix au Proche-orient s’est effacé. C’est Washington et Tel Aviv qui semblent avoir le tempo désormais
Du plan de paix aux colonisations ?
Présenté, fin janvier, de concert par le président américain, Donald Trump, et le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le plan de paix intitulé « De la Paix à la prospérité, une vision pour améliorer la vie des peuples palestinien et israélien », entendait régler une bonne fois pour toutes les querelles israélo-palestiniennes qui minent le Moyen-Orient depuis plus de 70 ans. Il préconise une solution à deux États (Israël et Palestine), mais pose des solutions qui sont autant de problèmes : Jérusalem comme capitale d’Israël, Israël comme gardien de la sécurité palestinienne, et l’État palestinien reste enclavé, fragmenté (Lire : Les six points du plan de paix pour le Moyen-Orient des Américains qui posent problème). Mais le nouveau gouvernement d’union nationale, emmené par B. Netanyahu (Likoud, droite) et Benny Gantz en coalition (Bleu-Blanc, centre droit) reprend une partie de ce plan à son compte, à commencer par l’annexion d’une partie de la Cisjordanie.
Quelle est la position européenne sur le plan américain ?
Ce plan est rejeté par l’Union européenne (lire : Le plan de paix américain pour le Moyen-Orient en infraction du droit international dénonce l’Union européenne), tout comme les États membres de la Ligue arabe. Mais un ou deux États membres ont un avis différent sur ce plan, notamment la Hongrie. Budapest fait savoir haut et fort qu’ils trouvent ce plan comme un bon point de départ, s’écartant ainsi de la position européenne traditionnelle (cf. encadré).
Qu’est ce que change la colonisation pour le processus de paix ?
Pour les diplomates européens, l’annexion est un « changement majeur », note un fin connaisseur du dossier. Une fois l’annexion faite, « il serait beaucoup plus difficile de parvenir à une solution à deux États », même telle que prévue dans le plan de paix américain. Cela minera le peu de confiance restante entre les deux parties, et sera considéré comme une agression par les Palestiniens et pays arabes de la région. Cette annexion est rejetée vigoureusement certains Européens, comme le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères (Lire : L’annexion d’une partie de la Cisjordanie par Israël est illégale. Comme celle de la Crimée (Jean Asselborn)). D’autres sont plus silencieux.
Que craignent les Européens ?
Si Israël commence l’annexion, les risques d’affrontements augmenteront, reconnaît un expert du dossier. Il est difficile de prévoir si l’Autorité palestinienne soutiendra des émeutes ou empêchera la population de devenir violente face à Israël. Actuellement, elle recommande d’éviter les révoltes. Mais le risque d’une troisième antifada est bien présent. L’annexion implique des conséquences sur toute la région du Moyen-Orient, car on ne peut pas prévoir les réactions des différents acteurs et de la ‘rue’ arabe.
Et quid de la coopération sécuritaire ?
L’Autorité palestinienne a répondu à l’annonce d’annexion, mi-mai, en cessant sa coopération sécuritaire avec Israël (échange de renseignements, présence de la police en zone C, etc.), essentielle pour cette dernière, pour avoir un contrôle sur les populations et territoires occupés, ainsi qu’avec les États-Unis.
Que fera l’Union européenne si les colonies sont annexées ?
C’est l’inconnue. L’Union européenne n’a pas beaucoup de cartes à jouer, à part lancer une offensive diplomatique. Le débat entamé il y a plusieurs semaines pour prévoir une réplique par avance a échoué. Des sanctions contre Israël semblent peu probables. Car il faut l’unanimité des ’27’. Et beaucoup d’États ont une proximité idéologique, politique ou économique avec Israël. À la mi-mai, une nouvelle fois, le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, demande « instamment à Israël de s’abstenir de toute décision unilatérale qui entraînerait l’annexion de tout territoire palestinien occupé », mais cet appel n’est pas soutenu par l’Autriche et la Hongrie (Lire : Israël ne doit pas jouer avec le droit international prévient Josep Borrell). L’objectif des Européens de tenter d’éviter toute mesure d’annexion semble difficile.
Pourquoi cette question israélo-palestinienne est-elle si sensible ?
Chaque État membre hérite d’un passé qui dicte sa conduite des relations internationales aujourd’hui. « Il y a 27 États, tous très différents par leur taille, leur histoire, leurs traditions diplomatiques, alliances, etc. », « sur un sujet aussi difficile que celui-ci, il y a toujours eu un nombre important d’opinions différentes », presqu’autant qu’il y a d’États membres, explique un haut diplomate européen, bon expert de cette question. Les positions varient d’ailleurs tout autant entre les personnalités d’un même bord, qu’entre les différents partis politiques (cf. encadré).
(Aurélie Pugnet)
Autant d’États membres, que de positions
Exceptée le soutien aux paramètres reconnus internationalement du processus de paix au Moyen-Orient (solution négociée, prévoyant la coexistence pacifique de deux États (Israël et Palestine), avec Jérusalem comme capitale des deux États, répondant aux impératifs de sécurité des uns et des autres), les Européens sont très divisés.
B2 a regroupé les 27 en trois catégories, selon leurs affinités auprès d’Israël ou pour la défense de la cause palestinienne. Des plus « pro-palestiniens » du groupe, sans pour autant être anti-Israël (Irlande, Luxembourg, Suède, Finlande, Malte, Espagne, Portugal…), en passant groupe du milieu (Belgique, Italie, Grèce, Chypre, la France, Slovénie, Allemagne), aux plus « pro-israéliens », sans être pour autant anti-palestiniens (Pays-Bas, la Croatie, Lituanie, Pologne, Roumanie, République Tchèque et Hongrie). Lire : Entre Israël et Palestine, le coeur des Européens balance…
Lire aussi :
Cet article Israël-Palestine. Le point sur la position des Européens face aux processus de paix est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Le président français Emmanuel Macron persiste et signe. En ne dénonçant pas clairement l’attitude turque, en Libye et au large de la Libye, l’OTAN signe son arrêt de mort
Les présidents tunisien Kais Saied et français Emmanuel Macron au moment de sa dénonciation de la Turquie et de la faiblesse de réaction des alliés de l’OTAN Crédit: Elysée (images) – B2 (sélection)Le jeu dangereux de la Turquie
« La Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin », a asséné le président français Emmanuel Macron, face à la presse après sa rencontre avec le président tunisien Kais Saied, lundi (22 juin). Un propos qu’il affirme avoir tenu également « avec le président américain Donald Trump », comme avec le président Erdogan.
L’incident du Cirkin et une OTAN en mort cérébrale
« Ce qui s’est passé sous commandement OTAN au large de la Libye est inacceptable », a lancé Emmanuel Macron. « C’est la plus belle démonstration qui soit » de ce qu’il dénonçait l’année dernière : la « mort cérébrale de l’OTAN » (1). « Lorsque on a deux membres de l’OTAN qui sont amenés à être confrontés à la situation que nous avons eu à vivre, avec si peu de dénonciation, c’est intolérable. »
Les trois comportements inacceptables de la Turquie
Le comportement turc est trois fois inacceptable pour le président français : pour « avoir signé des accords avec le gouvernement d’union nationale [de Libye], qui bafouent au passage les intérêts de plusieurs États européens » ; pour « ne pas respecter la souveraineté de Chypre » ; et attiser la guerre en Libye. « Contrairement à d’autres parties qui se sont retirées les semaines dernières, suite à la conférence de Berlin, la Turquie s’est [en effet] réengagée. C’est un fait. Il est documenté. » Le fait d’avoir « importé des combattants du théâtre syrien » est particulièrement mis en avant.
Le silence coupable des Alliés et des Européens
« Ce n’est pas compatible ni avec la légalité internationale, ni avec ce qu’on est en droit d’attendre d’un membre de l’OTAN, ni avec les objectifs qui sont les nôtres en tant qu’Européens et riverains de la Méditerranée » a-t-il tonné. Et d’ajouter : « Tant que nous continuerons, membres de l’OTAN, Européens, parties prenantes de ce sujet, à être faibles dans nos propos, ou à manquer de clarté, nous laisserons le jeu des puissances non coopératives se faire ».
Le risque d’une nouvelle Syrie
« Je ne veux pas dans six mois, un an, deux ans, avoir à constater que la Libye est dans la situation de la Syrie d’aujourd’hui. […] Nous ne tolérerons pas le rôle que joue la Turquie en Libye. »
(propos transcrits par NGV)
Lire aussi :
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(B2) La politique européenne de défense souffre d’un certain nombre de faiblesses. Faiblesses qui ne sont pas (encore) comblées ni même tout simplement avouées
Observateurs en Géorgie près de la ligne de démarcation (crédit : EUMM Georgia)La réunion des ministres de la Défense de l’UE ce mardi (16 juin) le prouve. La litanie des 25 paragraphes balayant tous les sujets met sous le tapis cinq sujets d’incohérences, non résolus depuis des années. Ce qui est assez incongru alors que tous les signaux sont au vert (cf. encadré). Les Européens sont aujourd’hui face à leurs contradictions, leurs incohérences (1), forts dans le verbe, faibles dans l’action.
Première incohérence : aucune responsabilité stratégique clairement identifiée
L’Europe manque d’une chaine de décision clairement identifiée, surtout au plus au haut niveau. Ce devrait être le rôle du Conseil européen. Mais celui-ci a peu à peu délaissé ce rôle, encombré par les affaires intérieures de l’Union européenne : crise économique, renouvellement institutionnel, Brexit, etc. Quelques discussions de politique extérieure ont bien eu lieu, mais peu nombreuses, pas assez fréquentes, et parfois tournées vers le sommet de l’iceberg, non vers la profondeur stratégique.
Ainsi quand la Russie a été évoquée, c’était surtout pour examiner s’il fallait prendre des sanctions après l’invasion de la Crimée et la guerre dans l’Est de l’Ukraine et quelles sanctions prendre, pas vraiment pour voir quelles relations de voisinage entretenir. Et quand on aborde la Turquie, c’est en extrême urgence pour tisser des liens avec Ankara afin d’éviter une vague migratoire. Il y a eu assez peu de discussions au fond sur les relations avec les pays du Golfe, avec l’Afrique, avec la Libye, durant la présidence de Donald Tusk, qui a duré jusqu’au 1er novembre dernier. Charles Michel qui avait inauguré son mandat par une série de balades (lire : Quand Tintin Michel se balade, le Conseil européen trinque) pourrait changer la donne. Mais les dissensions internes sur le futur cadre budgétaire (CFP/MFF) de l’Union européenne risquent, encore une fois, de détourner l’attention.
Les ministres de la Défense se réunissent, mais une seule fois par semestre, dans une formation qui est mineure, dépendant de celles des Affaires étrangères. Les sujets qu’ils abordent sont rarement les plus importants. Et la terminologie employée souvent très optimiste (progrès, félicitations, succès…) sert davantage à masquer les divergences qu’à les trancher. Idem au Parlement européen, où la défense est confinée dans une sous-commission (sécurité-défense), liée à la commission Affaires étrangères, sans capacité de décision autonome.
En fait, il manque une instance stratégique. C’est le problème plus général de l’Union européenne en matière de diplomatie et de défense. Elle erre un peu parfois sans logique totalement compréhensible et intelligible. Le Haut représentant reste avant tout un super ‘diplomate’, chargé de mettre en œuvre une politique. Si les États ne sont pas d’accord, il en est réduit à broder. Or, la haute couture ne suffit pas à remplacer une décision. L’idée d’un Conseil européen de sécurité, proposée par l’Allemagne, est intéressante (lire : Mettre en place un Conseil de sécurité européen ? Une idée à travailler). Mais elle apparait plutôt comme une manœuvre de diversion et n’a jamais reçu de suite très concrète. Il faut que le Conseil européen fasse son travail… tout simplement.
Deuxième incohérence : la fuite en avant
L’autre défaut typique de l’Union européenne est de lancer sans cesse de nouveaux concepts, de nouveaux projets, sans avoir tiré auparavant le bilan de ce qui marche et ne marche pas. On empile ainsi les projets capacitaires les uns sur les autres, sans fermer des dossiers. Où en sont aujourd’hui les 11 projets opérationnels décidés en 2011 par exemple ? Et sur les 47 projets de la PESCO, chacun sait bien que certains sont « morts nés » pour reprendre une expression officieuse. Dans les couloirs européens, personne n’ose le dire publiquement. Mais sous le sceau de l’anonymat, les langues se délient. En bref, il faut élaguer. Au lieu de ça, on alourdit l’arbre. Cela n’a pas de logique. Du moins vraiment compréhensible au point de vue de l’opinion publique comme des experts.
Idem en matière opérationnelle. Les battlegroups sont toujours inemployés. Et notre analyse passée (2) reste (malheureusement) exacte. On ne voit rien aujourd’hui qui puisse les faire mieux fonctionner. Sur les seize missions extérieures de l’UE, on sait très bien — y compris dans les rangs européens les plus convaincus — qu’un petit tiers (estimation basse) ne remplit pas l’objectif primaire fixé par les traités à la PSDC : la stabilisation ou le maintien de la paix (lire : Opération Sophia, EUBAM Rafah et Libya… l’UE doit apprendre à fermer des missions devenues inutiles). Elles sont plutôt là pour mettre un point sur la carte, occuper le terrain. Leur suppression risque d’engendrer des grincements de dents, mais cette retructuration est nécessaire.
Troisième incohérence : entre le dire et le faire un abyme
Dans les missions et opérations de la PSDC, pourtant décidées en commun (l’unanimité étant toujours la règle), les moyens font souvent défaut. C’est une autre incohérence et non des moindres de la politique européenne de défense. Certaines lacunes sont récurrentes. Ainsi, depuis plusieurs années, le soutien médical dans les missions de la PSDC est souvent délégué à un pays tiers (ou au privé), faute de moyens européens. D’autres apparaissent de façon criante.
L’exemple de l’opération de contrôle des armes au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini) en est un (dernier) exemple criant. Les États sont (à peu près tous) d’accord : le désordre libyen est un des pires facteurs d’instabilité pour l’Europe, il faut contrôler l’embargo sur les armes et aboutir à un processus politique… Mais quand il s’agit de fournir des moyens opérationnels pour mettre en œuvre cette volonté, il y a beaucoup moins de monde. (lire : Une opération Irini bien à la peine. Les États membres chiches en moyens).
Quatrième incohérence : une structure héritée du passé
Toutes les structures actuelles sont issues de la réflexion sur l’état de l’Europe il y a vingt ans, voire trente ans. L’élaboration du Traité de Maastricht date des années 1990. Soit la réalisation du marché unique. Une autre époque ! À chaque nouvelle phase (tous les dix ans), on rajoute une couche institutionnelle, sans vraiment chercher à simplifier ou réorganiser le système. Aujourd’hui, ce n’est pas tant le manque institutionnel que le surpoids qui l’emporte.
On a ainsi un noyau d’état-major de l’UE en train d’évoluer (lentement), à côté des état-majors de force (Eurocorps, Euromarfor) largement sous-employés. Au niveau capacitaire, trois structures sont en place : l’agence européenne de défense et OCCAR qui s’occupent de la gestion des projets, et la nouvelle DG Défense et Espace (DÉFIS) de la Commission européenne, sans oublier les structures au sein du service diplomatique européen (SEAE) qui s’occupent de gestion de crises. Et je ne parle pas de celles de l’Alliance atlantique.
Chacune a sa propre logique et sa justification. La question n’est peut-être pas tant de les supprimer, mais d’avoir une logique d’ensemble, partagée par tous les acteurs, une saine répartition des tâches, compréhensible, organisée. Quitte à couper les ‘branches mortes’.
Cinquième incohérence : la coopération OTAN-UE
Ce lien est célébré partout. On le retrouve à toutes les sauces dès qu’il s’agit d’une réunion consacrée à la défense d’un côté comme de l’autre du rond point Schuman. Si les relations entre les deux organisations sont fluides (elles l’étaient déjà du temps de Javier Solana ;-)), dans les faits, la relation entre les deux organisations reste faussée par une géopolitique fort différente qui se résume à deux mots : USA et Turquie.
L’OTAN reste, en effet, très dépendante à la fois de la volonté américaine (son actionnaire principal) et de la politique turque (élément clé de sa présence au Sud-Est). Vissée à ces deux éléments, elle obéit à un équilibre précaire et reste bien en peine de fixer sa politique, devant sa survie au durcissement russe entamé depuis 2014 avec la guerre en Ukraine et l’annexion de la Crimée. Les deux (autres) guerres actives aux bordures du territoire de l’Alliance (la Syrie et la Libye) se déroulent avec un cavalier seul de la Turquie, plus que troublant. La violation délibérée par Ankara de l’embargo sur les armes en Libye est une (grosse) épine dans le pied, douloureuse pour la solidarité de l’Alliance.
L’Alliance, en fait, n’est pas très en forme. Encore moins pourrait-on dire que l’Union européenne, même si cela apparait moins clairement. Elle est à la recherche d’un nouveau point d’équilibre qu’elle n’a pas vraiment trouvé. Ses deux missions de formation en Irak et en Afghanistan sont proches de la fin. Elle se cherche de nouveaux terrains d’action… Elle ne dispose pas de moyens d’actions juridiques et financiers propres et en est réduite, aujourd’hui, à quémander à l’Union européenne de lui prêter ses moyens pour mener ses propres projets (cf. pour la mobilité militaire).
Très clairement, les deux organisations n’ont ni la même stratégie ni la même tactique. La pandémie du coronavirus a montré comment leur coopération restait aléatoire, surtout en cas de crise grave. Chacun a tenté très vite de tirer la couverture à soi, multipliant des réunions de coordination là où il n’y avait plus grand chose à coordonner. Parler de coopération est donc plus qu’hasardeux. On serait plus proche de la parabole de l’aveugle et du paralytique.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des signaux au vert partout
Pour la défense européenne, en effet, tous les signaux devraient être au vert. La Commission Von der Leyen s’affirme comme une Commission « géopolitique ». Tandis que ‘la défense et la sécurité’ est devenue une priorité fondamentale, illustrée par un chapitre autonome dans le prochain cadre budgétaire (MFF). Les premières subventions, venant du budget européen, destinées à des projets industriels viennent d’ailleurs d’être annoncées. Un fait majeur.
Dans le même temps, plusieurs dirigeants européens affirment, avec diverses nuances, la nécessité d’une commune défense, non seulement ceux des principaux États membres (France, Allemagne, Espagne), mais aussi de nombreux autres pays très divers (Finlande, Grèce, Italie, Estonie, Hongrie, etc.). Le consensus n’est pas total, loin de là. Mais il existe des expressions multiples d’une même problématique.
Du côté extérieur, les menaces existent clairement : proches (Libye, Syrie, Ukraine…) ou lointaines (Chine). Les États-Unis, de façon un peu désordonnée certes, avec Donald Trump, ne cessent d’envoyer des signaux (pas très bucoliques parfois) aux Européens pour les enjoindre de s’organiser et gérer leurs crises régionales. Quant au bouc émissaire britannique si commode à invoquer, il a disparu. Le Royaume-Uni, déjà ‘exit’, ne participe plus aux réunions, ni aux structures de la PSDC. Il ne peut donc plus être accusé de ‘tout bloquer’.
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(B2) Le Cirkin, ce cargo turc accusé d’enfreindre l’embargo sur les armes vers la Libye, n’en est pas à son coup d’essai. Et les ‘heurts’ avec la marine turque ne datent pas du 10 juin. Les frégates françaises en ont été le témoin direct
La frégate Courbet devant suivie de l’ITS Carabiniere et de la frégate turque TCG Salihreis en mission Sea Guardian en Méditerranée début juin, avant l’incident du Courbet avec la marine turque (crédit : OTAN – Archives B2)Un premier accrochage fin mai
C’est entre le 19 et le 24 mai que l’histoire commence selon le journal français Valeurs actuelles *, qui révèle l’information (un peu avant même selon nos informations, cf. encadré). Données bien valables, et confirmées par B2 par une source militaire française. Battant pavillon tanzanien, le Cirkin, est alors en escale en Turquie à Haydarpasa selon son signal AIS (anti-collisions). Déclarant se rendre au port de Gabès en Tunisie, il appareille et coupe son AIS (n° 5IM389), seulement deux jours après son départ des eaux turques. Un signe suspect pour les spécialistes de la surveillance maritime. Des navires de la marine turque remontent de manière simultanée suivant la même trajectoire. Signe hautement suspect. Il est très rare qu’un navire marchand soit escorté à distance par des navires de guerre, surtout en Méditerranée, zone tranquille. Sauf pour des marchandises très sensibles…
Une demande de contrôle par le Forbin qui tourne court
La frégate française de défense aérienne, le Forbin (D-620), qui est de retour de mission dans le détroit d’Ormuz (EMASOH / Agenor — et non de Irini comme mentionné par notre confrère), et remonte vers Toulon, sa base, fait décoller son hélicoptère de bord ‘Panther’ pour vérifier l’identité du navire. Elle interroge par voie de radio le commandant du navire tanzanien, le 27 mai en fin de journée. Sans suite… Mais les marins français observent alors que « deux frégates de l’armée turque, qui se tenaient jusqu’alors à distance, se rapprochent à haute vitesse, et s’interposent entre le cargo et le Forbin », selon notre confrère Louis de Raguenel. C’est la marine turque qui répond aux Français : pas d’inspection possible.
Du matériel de fabrication US ultra-sensible
La frégate française est bien obligée de renoncer à l’inspection, sauf à entrer directement en conflit avec la frégate turque. Mais le cargo reste sous étroite surveillance. Le Cirkin a en effet changé sa destination, revenant à Gabès (Tunisie) le temps du survol par le ‘Panther’, puis reprenant sa destination initiale (Misrata-Tripoli), une fois celui-ci partie. De quoi aiguiser l’attention. Et en effet, un jour plus tard, le Cirkin arrive bien en Libye, à Misrata, port dépendant du gouvernement d’union nationale de Tripoli, le 28 mai au matin. Et sa cargaison est tout sauf innocente : « plusieurs véhicules semi-remorques transportant du matériel sous bâches, des véhicules blindés et des armements lourds. Du matériel ultra-sensible américain — selon notre confrère — : des chars M-60, des missiles Hawk anti aériens et…des mercenaires syriens appartenant notamment au groupe terroriste sultan Murad. » Le cargo est désormais marqué en lettres rouges sur tous les écrans.
Un navire suivi à la trace
Tous les moyens de reconnaissance, notamment satellitaires, selon nos informations, sont mobilisés pour suivre à la trace le cargo. De fait, quand le Cirkin revient au port d’Haydarpasa (près d’Istanbul), le 2 juin, tout est noté. Les 5 et 6 juin, plusieurs camions porte-véhicules sont chargés à bord. Le dimanche 7 juin à 13h45 (locales), il lâche les amarres pour traverser la mer Egée. Destination officielle… Gabès, en Tunisie (comme en mai). Là encore, la marine turque se tient aux aguets, prête à assurer la protection du cargo.
… mais toujours escorté par la marine turque
Au mouillage à Marmaris (Turquie), la frégate turque Gökova (F-496) « remonte la mer Egée pour escorter le cargo ». Puis une seconde frégate turque le TCG Oruçreis (F-245) le rejoint, prenant le relais. Des avions de chasse se profilent au large de l’île grecque de Psara, dans l’espace aérien grec. Une vieille habitude turque il est vrai, mais une marque plutôt inhabituelle pour un ‘simple’ navire marchand. C’est à ce moment qu’intervient la frégate grecque, le Spetsai, sur ordre du commandement d’Irini, mercredi (10 juin). Sans succès. Comme le navire français en mai, elle reçoit la même réponse ‘protection de la marine turque et est bien obligé de le laisser filer (Lire : cargo sous escorte turque soupçonné de violer l’embargo sur les armes). Le Cirkin décharge le 11 juin, à Misrata, sa cargaison qui est loin d’être médicale uniquement — comme affirmé par les Turcs aux Européens (lire : Opération Irini : une possibilité d’inspection des navires très limitée) — mais comprenait des matériaux militaires, armes et munitions comprises.
Une illumination radar de la frégate française, fait rarissime
Le Courbet (F-712) qui est à la manœuvre, en Méditerranée dans le cadre de la mission Sea Guardian de l’OTAN (de concert avec un navire italien et un navire turc !), prend contact aussi avec le cargo le même jour (mercredi 10 juin). Il s’en approche pour l’arraisonner. Mal lui en prend. La frégate turque Gökova ‘allume’ aussitôt la frégate française. Plus exactement, elle procède à une « illumination radar ». Ce à trois reprises, selon les Français. Une manœuvre, qui dépasse le simple coup de semonce, selon nos informations. Elle est en effet destinée à faire un repérage ultime, avant un tir, afin de guider un éventuel missile. Une sorte de dernier appel, électronique, avant le feu réel. Un fait rarissime. Du moins entre Alliés. Les marins turcs sont d’ailleurs en position de tir, casques sur la tête derrière leurs canons.
L’attaché de défense turc convoqué
Ce procédé, utilisé « assez régulièrement » par les Russes, qui jouent un jeu de ‘guerre froide’ avec les alliés de l’OTAN, est pour le moins totalement incongru de la part d’un Allié. « Totalement inhabituel », nous confirme un officier. « Je n’ai pas souvenir d’un tel incident », du moins de façon aussi volontaire. Inutile de dire que dans les couloirs officiels, l’attitude turque commence à irriter. L’Élysée se saisit de l’affaire, les ministres aussi. L’attaché de défense turc est convoqué à Balard, le siège du ministère français de la Défense, pour avoir une explication. Ce n’est pas la guerre… mais c’est (très) loin de l’entente cordiale.
A l’agenda de la réunion des ministres de la défense
Le téléphone chauffe. Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias est à Paris pour voir son homologue Jean-Yves Le Drian, lundi (15 juin). Ce sujet est évoqué. Florence Parly s’entretient par téléphone avec le secrétaire général de l’OTAN mardi. Et, à coup sûr, cette affaire sera à l’agenda de la réunion des ministres de la Défense qui commence ce mercredi (17 juin) après-midi, par vidéoconférence. Au grand dam du secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui redoute ces coups de tension sur l’Alliance…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) Situé à droite de l’échiquier de la presse d’opinion, cet hebdomadaire est connu pour être bien informé sur les questions de défense
Le trafic vers la Libye sous surveillance
L’arrivée de navires contournant l’embargo venant de Turquie est un fait surveillé attentivement depuis plusieurs mois déjà. Bien avant mai. Ainsi lors trajet du porte-avions Charles de Gaulle, fin janvier, en mission Foch, vers la Méditerranée orientale (lire : Un groupe aéronaval autour du Charles-de-Gaulle se déploie, avec des Européens, épisodiques), des repérages aériens permettent d’identifier des débarquements de matériels suspects dans les ports libyens, notamment chargés de véhicules pas tout à fait civils, et des navires. L’histoire ne dit pas si le Cirkin était dans le lot. Mais ce qui est sûr, c’est que certains navires sont désormais dans la loupe du renseignement français, comme de la surveillance européenne.
Cet article Le Cirkin n’en était pas à son coup d’essai. Un navire français illuminé au radar est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe politique.
(B2) Le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell a donné quelques détails, mardi (16 juin) au sortir de la réunion des ministres de la Défense, interrogé par les journalistes sur le cas ‘Cirkin’, ce navire turc interpellé par les Européens mais qu’ils ont dû laissé passer
La possibilité d’arrêter et d’inspecter un navire reste très encadrée en effet, tant par le droit de la mer que les règles d’engagement de l’opération.
Une possibilité d’inspecter les navires très limitée
« L’opération a des règles d’engagement et elle s’attache à obtenir des informations conformément à ces règles », a précisé Josep Borell, Haut représentant de l’Union européenne. « Chaque fois qu’on voit un bateau suspect, on demande des renseignements. Si les informations s’avèrent satisfaisantes, on ne peut rien faire de plus. Ce n’est qu’en cas de non-réponse d’un navire que nous pouvons entreprendre un autre type d’activités. »
Une réponse satisfaisante dans le cas du Cirkin
Dans le cas du Cirkin, « le navire n’a pas répondu, mais les Turcs l’ont fait, répondant que le navire était affrété (chartered) sous la protection de la Turquie, amenant des matériels médicaux en Libye. Nous n’avions dès lors pas de raison spécifique de faire davantage selon les règles du droit de la mer, autrement que de transmettre les informations ».
Près de 130 ‘hélages’
Pour le Haut représentant, le résultat de l’opération Irini n’est pas à rejeter cependant, malgré cet échec. L’opération a hélé (adressé une demande de renseignement) des navires à plus de 130 reprises : plus d’une centaine en relation avec l’embargo sur les armes, 29 en relation avec l’embargo sur le pétrole. Ces ‘hélages’ ont permis « de recueillir des informations impliquant des acteurs des deux côtés du conflit et ont donné des résultats ». Tout cela est documenté et « transmis aux Nations unies ».
La neutralité respectée
Ce contrôle de l’embargo se fait tout azimut et n’est pas dirigé spécifiquement contre un pays — la Turquie par exemple — ou une des parties libyennes. « On est absolument neutre dans l’usage de nos capacités » affirme Josep Borrell. La preuve sur les plus de 130 demandes de renseignement, « la plupart n’étaient pas turcs ».
La détection d’avions transférés à Benghazi
De plus, « avec nos capacités aériennes, on a réussi détecté des transferts d’avions militaires, qui sont aujourd’hui dans les aéroports de Benghazi ». C’est-à-dire dans le camp Haftar (non reconnu par les Européens). « Et ce ne sont pas des avions de forces turques. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
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