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Actualité. Réflexions. Reportages
Mis à jour : il y a 1 semaine 29 min

[Lettre de l’éditeur] Il est temps de vous dire au-revoir…

jeu, 08/08/2024 - 11:15
(B2) Presque 30 ans à parcourir les allées et travées européennes. Plus de 15 ans à tenir les rênes d'un
Catégories: Défense

[Actualité] Drones naval ou aérien, missiles, bateaux armés, les Houthis diversifient leurs moyens d’attaque en mer Rouge

sam, 27/07/2024 - 20:13

(B2) Si aucun incident grave n’a été constaté, les attaques des Houthis continuent à faire feux de tous bois, essentiellement avec des drones navals de surface qui devient leur mode de prédilection d’attaque. Moins cher qu’un missile, plus difficilement interceptable. 

Triple attaque combinée mer-air-terre

Lundi (15 juillet), un navire marchand, le Bentley I, fait l’objet d’une attaque combinée. Tout d’abord, il est poursuivi par trois petits navires, de couleur bleue et blanche, signale le centre maritime britannique UKMTO. Deux navires sont armés par trois personnes à bord, le troisième est un drone de surface. Celui-ci percute le navire à deux reprises. Sans faire de dégâts. Deux hommes font feu. Le navire réussit à échapper à ses poursuivants qui abandonnent la chasse au bout de quinze minutes. Peu après, un missile explose à proximité du navire, puis deux autres missiles, 45 minutes plus tard. Sans dégâts ni blessés à bord.

Un tanker atteint

Le même jour, un pétrolier battant pavillon libérien, le Chios Lion, est heurté par un drone de surface, lancé par les Houthis. Sans blessé mais avec quelques dégâts légers. Mais peu après, les satellites observent un début de marée noire.

Attaque combinée mer-air

Samedi (20 juillet), un navire marchand est visé simultanément par un drone aérien qui explose à proximité du navire ainsi qu’un drone naval de surface, qui percute le navire mais sans exploser, en mer Rouge, à 64 nautiques au nord-ouest du port yéménite Al Mukha. Dommages mineurs et aucun blessé.

Faute de mieux, des escortes par les navires d’Aspides

Le destroyer français présenté dans la zone a assuré « avec succès » la protection rapprochée d’un pétrolier, le Semeru battant pavillon maltais, dans la « zone d’opération » (face aux attaques des Houthis), signale le QG de l’opération maritime européenne Aspides, jeudi (18 juillet). Une autre escorte, cette fois d’un porte-containers, a eu lieu une semaine plus tard, vendredi (26 juillet).

L’action des forces américaines

Les forces américaines continuent leur action soit en visant des lanceurs au Yémen, soit en interceptant des engins en mer Rouge. Elles ont ainsi détruit un drone aérien au-dessus de la mer Rouge samedi (20 juillet), quatre drones de surface et un drone aérien, dimanche (21 juillet) et trois drones de surface sont abattus au large des côtes du Yémen, vendredi (26 juillet), indique le commandement central US (CentCom).

NB : des actions offensives à un rythme régulier, mais qui n’arrivent pas à durablement diminuer la volonté d’action des Houthis qui utilisent certes moins de missiles qu’au début de leur action dans les premiers mois de 2024, mais recourent désormais davantage à des moyens navaux.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Catégories: Défense

[Lectures] Le bal des illusions

sam, 13/07/2024 - 14:25
(B2) Dans cet essai, Richard Werly, correspondant pour Blick.ch, et François d'Alençon, grand reporter et ancien chef du service étranger
Catégories: Défense

[Verbatim] Soutien à l’Ukraine, Défense européenne, Marché unique … le tripytique de Metsola

sam, 13/07/2024 - 12:30

(B2) La fête du 14 juillet était un peu en avance … vendredi (12 juillet) à Bruxelles. Mais elle a compté un invité d’honneur, Robert Metsola, l’actuelle présidente du Parlement européen.

Candidate à son renouvellement, la Maltaise, qui s’exprimait en français avec un charming accent anglais, a délivré un discours plutôt fort politiquement, mettant l’accent sur trois éléments : le soutien à l’Ukraine, la défense et le marché unique. Et avec des résonances dans l’actualité du moment, notamment la montée des nationalistes ou de l’extrême-droite en Europe (1) comme la visite de Viktor Orbán en Russie. La poignée de main et les sourires de ce dernier lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine au Kremlin apparaissant comme une trahison pour nombre de pays européens.

La liberté, c’est résister à l’agression russe

« Nous ne pouvons pas parler de la liberté aujourd’hui sans évoquer la guerre de l’agression menée par la Russie en Ukraine, guerre illégale. […] Comme toujours, l’Europe défendra la paix » a défendu Roberta Metsola.

Bâtir une architecture de sécurité et de défense

« Nous devons développer une nouvelle architecture de sécurité et de défense. C’est essentiel ! Nous avons déjà fait des premiers pas… Mais si nous voulons garder une longueur d’avance et accroître notre autonomie stratégique, il faut ce que la France réclame depuis longtemps, une base industrielle solide. »

Défendre le marché unique

« Cette base industrielle solide n’est viable qu’avec une autre ambition : notre compétitivité. […] Notre marché unique doit aussi être approfondi ».

Enfin, il faut « garder à l’esprit la promesse des Pères fondateurs » : « faire face aux périls et défis de nos temps – ensemble ». C’est une question de « fraternité, de symbole européen. C’est cette réponse qui permettra de venir à bout du populisme et des nationalismes. »

Une Europe trop incompréhensible… sauf pour les Français ?

Et de conclure en citant Madelaine Albright, l’ancienne secrétaire d’État US (du temps de Bill Clinton) : « Pour comprendre l’Europe, vous devez être un génie ou… être français ». De quoi ravir la salle.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Une montée qui se vérifie au Parlement européen, avec l’émergence de deux groupes politiques — Patriots pour l’Europe et Europe des nations souveraines avec respectivement 84 et 25 eurodéputés. En incluant les 78 membres du groupe plus classique des Conservateurs, près de 200 eurodéputés sont ainsi hors de la majorité habituelle européenne.

Catégories: Défense

[En bref] La frégate Psara au secours d’un navire marchand dans le golfe d’Aden

jeu, 04/07/2024 - 10:30

(B2) La frégate grecque HS Psara de l’opération maritime européenne Eunavfor Aspides a mené « avec succès » une opération de protection rapprochée d’un navire marchand dans le golfe d’Aden, indique mercredi (3 juillet), le QG d’Eunavfor Aspides. Il s’agit d’un porte-conteneurs de la compagnie maritime gênoise, Linea Messina.

Une frégate en route vers Djibouti

Une frégate sur laquelle doit se rendre le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, qui sera à Djibouti ce week-end avec le ministre grec de la Défense, Nikos Dendias. Il est à Larissa samedi (6 juillet) pour visiter le quartier général de l’opération maritime de l’UE en mer Rouge, EUNAVFOR Aspides.

Petit rappel

« Les navires marchands doivent s’inscrire au système de déclaration des navires MSCHoA, conformément à la recommandation sur la carte de sécurité maritime Q6099, dès que possible, au plus tard 72 heures avant d’entrer dans la zone de déclaration », rappelle l’opération.

Trois sites radars Houthis détruits au Yémen

De son côté, le commandement américain (CentCom) annonce, mercredi aussi, avoir détruit, au cours des dernières 24 heures, « deux sites radar Houthis dans les zones contrôlées par les Houthis au Yémen » ainsi que « deux drones navals (USV) en mer Rouge ». Il avait annoncé, lundi (1er juillet), avoir déjà détruit un autre radar houthi au Yémen.

(NGV)

Catégories: Défense

[En bref] Semaine plus calme en mer Rouge. Les tirs Houthis continuent mais avec moins de succès

dim, 30/06/2024 - 17:16

(B2) Cette semaine a été plus calme que la précédente (lire : Lire aussi : [Actualité] Les Houthis continuent leurs attaques en mer Rouge. Un autre navire à la dérive) dans le détroit de Bab-el-Mandeb. Plusieurs missiles ou drones de surface navals

Lundi (24 juin), à 04h44 UTC, une explosion de missile a été signalée à 50 mètres d’un navire marchand dans le golfe d’Aden, à 246 miles marins de Nishtun (Yémen).

Le lendemain, mardi (25 juin), à 17h00 UTC, à 52 milles marins au sud d’Aden, un missile a survolé le navire marchand, de tribord à bâbord avant de tomber à l’eau à environ 500 mètres. Sans dégâts.

Jeudi (27 juin), à 06h44 UTC, un navire marchand a été pris pour cible par un drone de surface naval (USV) en mer Rouge, à 83 miles marins au sud-ouest d’Al-Hudaydah, causant quelques dégâts « mineurs » et aucun blessé. À 08h17 UTC, un missile anti-navire (ASBM) a atterri à proximité d’un navire marchand. Sans dégât. Une attaque revendiquée par les Houthis sur Xtwitter. Deux opérations militaires ont été mises en œuvre : la première, « en coopération avec la Résistance islamique irakienne, a visé une cible vitale dans le port de Haïfa ; la seconde a visé le navire (SEAJOY) en mer Rouge avec un bateau drone et un certain nombre de missiles et de drones ».

Vendredi (28 juin), un nouvel incident a eu lieu à 150 milles marins au nord-ouest d’Al Hudaydah, au Yémen. Cinq missiles ont atterri à proximité immédiate d’un navire marchand.

 

Catégories: Défense

[Éditorial] L’ombre de la dissolution française plane sur le sommet européen

mer, 26/06/2024 - 18:17

(B2) Même si aucun participant ne veut l’admettre, planera sur ce sommet qui s’ouvre ce jeudi (27 juin) à Bruxelles comme une ombre, celle des élections françaises. Une « crise politique », reconnait un diplomate européen, dont les autres dirigeants se seraient bien passés.

L’arrivée possible d’un parti d’extrême-droite sinon au pouvoir, du moins en position de déstabiliser celui-ci n’est plus aujourd’hui une hypothèse de papier. Voir ainsi un des principaux pays de l’Union européenne, au plan économique comme démographique, paralysé dans une cohabitation sournoise n’est pas du goût ni de l’habitude européenne et beaucoup ne comprennent pas le choix délibéré du président français.

La France n’est en effet pas n’importe quel pays. Outre son poids naturel, elle est une puissance militaire (la seule puissance nucléaire des 27 aujourd’hui) et a hérité de son rôle de pays fondateur de la construction européenne, un rôle inénarrable de propulseur d’idées, d’initiateur de projets. Un rôle qui pourrait être largement amoindri dans le futur. Le fonctionnement de l’Union européenne pourrait en pâtir.

Le président français, Emmanuel Macron, devra certainement utiliser toute sa fougue et son savoir-faire pour tenter de convaincre ses interlocuteurs que sa parole restera libre et qu’il pourra engager la France lors des réunions futures de façon aussi certaine qu’aujourd’hui. Mais cela pourrait bien ne pas suffire. Quoi qu’il en soit, la position française, demain et dans les mois prochains, pourrait bien être affaiblie.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

Catégories: Défense

[Actualité] Les Houthis continuent leurs attaques en mer Rouge. Un autre navire à la dérive (v2)

dim, 23/06/2024 - 18:00

(B2) La situation en mer Rouge et dans le détroit de Bab-el-Mandeb reste très tendue. Et les navires marchands continuent de subir des attaques

Dimanche (23 juin), vers 4 heures du matin (heure Sanaa), le MV Trans World Navigator, un vraquier grec, battant pavillon libérien, a été atteint par un drone naval armé (UAS). L’équipage a signalé des blessures mineures et des dommages modérés au navire, mais le navire a pu continuer sa route vers l’Égypte. C’est la quatrième fois que le navire a été visé par une attaque Houtis

Le même jour, un appel de détresse émanant d’un navire en position 14°29 053°08′ Est, à 96 nautiques au sud-est de Nishtun, au Yémen. La navire aurait subi « une inondation impossible à contenir. Cela a contraint le capitaine et l’équipage à abandonner le navire. Ils ont été récupérés par un navire d’assistance », explique le centre britannique d’assistance (UKMTO) dans un bulletin d’alerte. La cause du naufrage reste non indiquée. Le navire abandonné reste à la dérive à la position 14 ̊31’ N 053 ̊08’ E.

D’autres attaques ont lieu récemment, signale le commandement central US (CentCom) Mercredi (19 juin), deux USV ont été détruits mercredi (19 juin) en mer Rouge. Jeudi (20 juin), quatre USV en mer Rouge et deux UAS ont été détruits au-dessus de la mer Rouge. Aucun blessé ni dommage n’a été signalé ».

Dimanche (16 juin), à 01h32 UTC, un navire marchand a été visé par deux missiles en mer Rouge. Le navire marchand n’a pas été touché. A 02:02 Zoulou, le même jour, le navire marchand a signalé deux explosions (probablement deux missiles antinavires ABSM) près du côté tribord. Aucun blessé ni dommage n’a été signalé.

En revanche, le vraquier Tutor, propriété d’une compagnie grecque battant pavillon libérien, avec à son bord un équipage philippin, attaqué le 12 juin à 66 miles marins au sud-ouest d’Al-Huaydah, a bel et bien sombré, mardi (18 juin). Attaque qui a fait un mort parmi l’équipage (lire : [En bref] Les tirs houthis font mouche sur deux navires. Le Karel Doormans évacue un blessé).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Catégories: Défense

[En bref] Les tirs houthis font mouche sur deux navires, le Tutor et Verbena. Le Karel Doormans évacue un blessé

ven, 14/06/2024 - 11:35

(B2) Un navire marchand grec a été gravement atteint en mer Rouge mercredi (12 juin). L’équipage contraint d’évacuer. Le lendemain, un autre navire ukraino-polonais a été atteint, moins gravement. Mais un marin a dû être évacué.

Le MV Tutor, atteint par un navire suicide

La veille, mercredi (12 juin), un incident plus grave a été observé. Le MV Tutor, un vraquier battant pavillon libérien, détenu et exploité par des Grecs, a été atteint par un bateau suicide — un navire de surface sans équipage (USV), rempli d’explosifs — alors qu’il se situait près de la côte érythréenne (à 24 miles marins), à 66 miles marins au sud-ouest de Al Hudaydah, en mer Rouge. Le navire attaquant faisait entre 5 à 7 mètres de long et de couleur blanche, et il a heurté le MV Tutor par l’arrière, précise le centre britannique de surveillance maritime (UKMTO).

… le navire abandonné, un mort

L’attaque provoque « de graves inondations et des dommages à la salle des machines », indique le commandement américain (CentCom). Un marin a été « porté disparu suite à l’attaque ». C’est un des premiers marins victimes directement d’un tir Houthi. L’équipage décide alors d’abandonner le navire. Il est secouru par un navire de guerre américain, l‘USS Philippine Sea (CG 58) et d’autres forces. Quant au navire, parti à la dérive, il « prend lentement l’eau », indique le commandement US, le 14 juin, et pourrait couler.

Le MV Verbena, touché également

Un autre navire marchand, le MV Verbena, battant pavillon de Palau, propriété ukrainienne, exploité par une société polonaise, a été atteint jeudi (13 juin), par deux missiles tirés par les Houthis, alors qu’il naviguait à 70 miles de Djibouti.

Incendie important à bord

Les tirs ont provoqué un incendie. Les informations sont ensuite contradictoires. Tout d’abord, le 14 juin, le commandement américain CentCom a indiqué que l’équipage du MV Verbena « a éteint l’incendie » et a « repris son transit dans le golfe d’Aden ». Mais le lendemain (15 juin), le message du commandement américain est beaucoup alarmant.

Incendie non maitrisé, l’équipage abandonne

En fait, l’équipage a lancé un signal de détresse. Un autre navire marchand, le MV Anna Meta a répondu « à l’appel à l’aide a récupéré les marins pour les amener en lieu sûr ». L’équipage a « dû abandonné le navire en raison des incendies persistants et de l’incapacité de les contrôler » indique le CentCom. Et les Américains de préciser que la frégate iranienne IRIN Jamaran, qui se trouvait tout près, « à huit milles marins du MV Verbena, n’a pas répondu à l’appel de détresse ».

Un blessé évacué

Ce qui est sûr c’est qu’un des marins du MV Verbena a été gravement blessé, un Népalais. L’hélicoptère de bord du Karel Doormans, le navire néerlandais de soutien de l’opération Aspides, est alors intervenu. Le marin blessé a reçu des premiers soins à bord, et opéré, puis transféré vers un hôpital à Djibouti.

(Photo : EUNAVFOR Aspides)

D’autres attaques signalées

Le même jour, jeudi (13 juin) à 11 h 27 UTC, un navire marchand a signalé une explosion de missile à proximité du navire en mer Rouge. Par ailleurs, les forces américaines ont réussi à détruire un navire de surface sans équipage (USV° ainsi qu’un système aérien sans pilote (UAS) en mer Rouge.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Catégories: Défense

[Analyse] Emmanuel Macron sème le blues à Bruxelles. L’influence française affaiblie

lun, 10/06/2024 - 18:01

(B2) Oubliés le discours de la Sorbonne, les cérémonies du 6 juin, les grands et beaux discours, le président français apparait aujourd’hui largement affaibli. Non seulement en France, mais aussi dans les couloirs européens. En cause, sa propre décision de dissoudre l’Assemblée nationale.

Une décision incompréhensible…

Quand il arrivera à la réunion des leaders au G7 dans les Pouilles, le 13 juin, puis au Conseil européen, le 17 juin, l’accueil que recevra Emmanuel Macron ne sera sûrement plus le même qu’avant le 9 juin. La France restant la France, il sera reçu avec élégance. Mais pour l’influence, c’est autre chose. Le président français aura fort à faire pour convaincre de la pertinence de son choix de dissoudre l’Assemblée nationale. Décision jugée inconséquente pour l’équilibre européen et surtout incompréhensible !

… que rien ne justifiait

Le résultat de la liste Renaissance (14%) est certes très mauvais : deux fois moins que le Rassemblement national et à quasi-égalité avec la liste du PS (envoyant le même nombre de députés au Parlement européen : 13 élus). Mais ce résultat était attendu et, d’une certaine manière, anticipé. Ce n’est pas la première fois qu’un parti de gouvernement boit la tasse dans un vote européen (élection ou référendum). Cela n’a jamais entraîné une telle crise politique. D’autant que les centristes français gardent un poids notable dans leur groupe (la première délégation) et comptent nombre de personnalités bien au fait des dossiers (N. Loiseau, P. Canfin, C. Grudler, etc.) qui permettront de compenser un effectif plus faible.

… transformée en crise politique majeure

En dissolvant l’Assemblée nationale, le président se tire une balle dans le pied. Il ouvre une période d’incertitude. Ce que la plupart des Européens détestent. Nul ne sait si la France sera gouvernable demain, quel sera le profil de la future assemblée, et donc du futur gouvernement. Ou plutôt chacun pressent que cette assemblée pourrait très bien être bleue foncée à l’image du Rassemblement national. Jamais le parti d’extrême-droite n’ayant été aussi proche du pouvoir. Nul ne peut prédire ce que sera l’avenir après le 7 juillet. Macron jouera-t-il le jeu de la cohabitation ou préférera-t-il remettre en jeu son mandat de président ? et démissionner ?

Une faiblesse européenne

De manière quasi-automatique, le poids de la France va être réduit. A la fois pour des raisons psychologiques et politiques. Comment faire confiance à un président qui pourrait ne plus être en position de décider le lendemain, qui est démonétisé en quelque sorte. D’autant qu’Emmanuel Macron a commis une erreur politique notable. Trop confiant dans son aura, il a mené une campagne quasi-publique contre le renouvellement de Ursula von der Leyen, par presse interposée ou via le commissaire européen (1). Or l’Allemande — dont le parti, le PPE, a gagné quelques sièges — est bien partie aujourd’hui pour trouver les voix nécessaires au Parlement européen à sa reconduction. Et aucun candidat alternatif ne se présente vraiment.

Malheur au vaincu

Cramé, Thierry Breton va pouvoir faire ses valises (2). Un nouveau nom devra être proposé par Paris : un homme ou une femme (3). Mais quelle que soit la personnalité, au sein du futur exécutif européen, la France ne sera pas assurée de récupérer un portfolio aussi majeur (marché intérieur, électronique, défense et services) que celui détenu depuis 2019. Il va falloir choisir de façon subtile le bon secteur. D’autres pays, tels l’Italie ou la Pologne notamment, sont à la recherche d’une place plus importante.

Double solitude à Bruxelles

Cette bataille perdue se double d’un certain isolement au Conseil européen. Le Français avait déjà perdu la compagnie de son ami  luxembourgeois Xavier Bettel, il va perdre celles du Néerlandais Mark Rutte comme du Belge Alexander De Croo, sévèrement étrillé lors des élections belges et qui a présenté sa démission au Roi. Les « trois mousquetaires » libéraux sortis, la majorité au Conseil européen bascule au profit des conservateurs ou souverainistes devenus, après les démocrates-chrétiens, le second groupe en importance (lire : [Fiche-Mémo] Un Conseil européen à droite toute).

Un suicide politique ?

Autant dire que, dans un panorama déjà compliqué, l’annonce de la dissolution — qui apparait surtout guidée par une blessure d’amour-propre mal digérée — s’apparente à une faute, qui pourrait affaiblir durablement la position française. Effacées les belles propositions du discours de la Sorbonne et autres déclarations des cérémonies du débarquement aux côtés de l’Américain Joe Biden ou de l’Ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce véritable coup de poker, sauf réussite peu évidente, pourrait apparaitre alors comme un véritable suicide politique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Jamais en retard d’adresser une pique, par média interposé à la présidente de la Commission, Thierry Breton l’avait ouvertement critiqué, en mars dernier, sur twitter : « Est-il possible de (re)confier la gestion de l’Europe au PPE pour 5 ans de plus, soit 25 ans d’affilée? (quand) le PPE lui-même ne semble pas croire en sa candidate ». La presse a aussi été mobilisée par l’Élysée pour indiquer combien il serait difficile à l’Allemande d’avoir une majorité au Parlement ou imposer une alternative type Mario Draghi.
  2. On voit mal en effet von der Leyen s’accommoder, à nouveau, durant cinq ans, de cette compagnie.
  3. Par Emmanuel Macron ou encore avec le nouveau gouvernement issu des urnes.

Catégories: Défense

[Actualité] Deux navires marchands, un Suisse et un Allemand, atteints par des missiles Houthis en mer Rouge et golfe d’Aden

lun, 10/06/2024 - 07:20

(B2) Les Houthis n’ont pas abandonné leurs attaques contrairement à ce qu’on pourrait penser. Coup sur coup dans les dernières 24 heures, ils ont réussi plusieurs tirs de missiles visant des navires marchands.

Un navire suisse touché sans trop de dégâts

Un premier navire, le MV Tavvishi, battant pavillon libérien, a été touché par un missile balistique antinavire (ASBM). Avec quelques dommages, mais ce porte-conteneurs, détenu et exploité par la Suisse, continué sa route. Un second missile a été détruit par un navire de la coalition américano-britannique, selon le CentCom, le Commandement central américain.

Un navire allemand plus durement atteint

Deux autres missiles lancé par les Houthis — un missile balistique antinavire (ASBM) et un missile de croisière antinavire (ASCM) — ont touché le MV Norderney, dans le golfe d’Aden. Atteint à l’arrière, un incendie s’est vite déclaré, mais a été neutralisé. Aucun blessé à signaler. Ce cargo battant pavillon d’Antigua-et-Barbuda, propriété et exploité (Sunship) par un armateur allemand, parti de Nhava Sheva (Inde) et avec pour destination Beyrouth (Liban) se trouvait alors au large du Yémen, sud-est d’Aden, à 11°45 Est et 044°17 Est.

Opération confirmée par les Houthis

Les Houthis ont confirmé par la voix de leur porte-parole Yahya Sare’e avoir mené deux opérations « contre deux navires appartenant à des sociétés qui ont violé la décision d’interdire l’entrée dans les ports occupés de Palestine », comme avoir ciblé également le destroyer britannique HMS Diamond en mer Rouge.

Une frappe au Yémen

De leur côté, les forces américaines (CentCom) affirment avoir mené une opération au Yémen visant un lanceur de missiles et deux missiles de croisière d’attaque terrestre Houthis (LACM). Par ailleurs, un drone (UAS) a été détruit au-dessus du golfe d’Aden par les forces américaines.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Article publié dans une première version en brève, étoffé et complété

Catégories: Défense

[Avant-Propos] Défense européenne. Un changement de paradigme est nécessaire (Josep Borrell)

mer, 29/05/2024 - 15:30

(B2) Beaucoup a été fait déjà ces dernières années dans le sens d’un sursaut européen en matière de défense, mais il reste encore beaucoup plus à faire pour répondre aux menaces auxquelles nous sommes confrontés dans un environnement géopolitique qui se dégrade rapidement. Un bond en avant en matière de défense nécessite un changement des mentalités.

Le haut représentant de l’Union pour la politique étrangère et de sécurité commune, Josep Borrell, signe ainsi une préface, fort intéressante, à notre ouvrage sur la défense européenne à l’heure de la guerre en Ukraine qui parait dans quelques jours

Le retour des “vieilles” guerres conventionnelles

« En 2019, lorsque j’ai pris mes fonctions de Haut représentant, j’avais expliqué que l’Europe devait apprendre à « parler le langage de la puissance ». J’étais déjà convaincu à l’époque que la sécurité devait devenir une priorité majeure pour l’Union. Je n’imaginais cependant pas l’ampleur des menaces qui pèseraient sur l’Europe au cours des années suivantes.

« Nous assistons à la fois au retour des “vieilles” guerres conventionnelles et à l’émergence de “nouvelles” guerres hybrides caractérisées par des cyberattaques et par l’utilisation de toutes les formes d’interaction au service du rapport de force, qu’il s’agisse du commerce, des investissements, de la finance, de l’information ou encore des migrations.

Une menace existentielle pour l’Union

« À l’heure où l’implication américaine dans la défense de l’Europe devient moins certaine à terme, la guerre d’agression russe contre l’Ukraine constitue une menace existentielle pour l’Union. Si Poutine parvenait à détruire l’indépendance de l’Ukraine, il ne s’arrêterait pas là. S’il l’emportait, le signal serait désastreux quant à notre capacité à défendre ce en quoi nous croyons.

« Cette profonde détérioration de notre environnement géopolitique implique un changement de paradigme pour l’Union européenne. Notre Union s’est construite en effet jusque-là autour du marché intérieur et de l’économie. Cela a permis d’apporter la paix aux peuples européens après les deux guerres dévastatrices du XXème siècle. Mais nous avons, du coup, délégué trop longtemps notre sécurité extérieure aux États-Unis. Après la chute du mur de Berlin, nous avons même organisé ce qu’on peut qualifier de « désarmement silencieux » de l’Europe.

Un saut à la fois quantitatif et qualitatif à réaliser d’urgence

« Pour corriger le tir, nous devons maintenant réaliser d’urgence un saut à la fois quantitatif et qualitatif en matière tant de défense que d’industrie de défense. Nous avons commencé à prendre ce tournant en nous appuyant sur la Boussole stratégique adoptée il y a deux ans, le premier livre blanc sur la défense européenne endossé par les leaders de l’Union. Cette analyse partagée des menaces était associée à 80 actions concrètes assorties d’échéances précises qui continuent de guider notre action. Mais beaucoup reste à faire.

Des tabous bousculés

« Comme le souligne cet ouvrage, la guerre d’agression russe contre l’Ukraine nous a déjà poussé à bousculer des tabous, notamment en apportant pour la première fois une aide militaire à un pays en guerre.

« En 2021, nous avions créé la Facilité européenne pour la paix (FEP), un fonds intergouvernemental, pour nous permettre de fournir à nos partenaires des équipements militaires, ce qui n’était pas possible via le budget de l’UE. Nous avions commencé avec 5 milliards d’euros ; trois ans plus tard, le plafond de ce fonds s’élève désormais à 17 milliards d’euros. Bien qu’elle n’ait pas été créée à l’origine dans ce but, la Facilité a été l’épine dorsale de notre soutien militaire à l’Ukraine avec 6,1 milliards d’euros provenant de ce fonds utilisés pour inciter les États membres de l’UE à soutenir l’Ukraine. Avec ses États membres, l’UE a fourni ainsi 32 milliards d’euros de soutien militaire à l’Ukraine depuis le début de la guerre. Et ce chiffre augmente chaque jour.

« Grâce à la plus grosse mission militaire de l’histoire de l’UE, EUMAM Ukraine, lancée en novembre 2022, nous aurons notamment formé 60 000 soldats ukrainiens d’ici l’été 2024. Et d’ici la fin de l’année, nous aurons fait don de plus d’un million d’obus d’artillerie à l’Ukraine. L’industrie européenne de la défense, qui augmente constamment ses capacités de production (1.4 million d’obus par an fin 2024 et 2 millions en 2025), lui fournit en outre 400 000 obus dans le cadre de contrats commerciaux. L’initiative tchèque visant à acheter des munitions en dehors de l’UE vient s’ajouter à ces efforts.

Un effort supplémentaire nécessaire

« Cependant, dans un contexte où le soutien américain est devenu plus incertain, cela reste insuffisant. Nous devons augmenter à la fois nos capacités de production et les ressources financières consacrées au soutien de l’Ukraine. C’est pourquoi, lors du Conseil des affaires étrangères de mars, nous avons créé un nouveau fonds spécifique d’assistance à l’Ukraine au sein de la FEP, doté de 5 milliards d’euros, afin de pouvoir continuer à soutenir l’Ukraine sur le plan militaire dans la durée. J’ai également proposé au Conseil de réorienter 90 % des recettes provenant des actifs russes immobilisés vers la FEP, afin d’accroître notre capacité financière pour soutenir militairement l’Ukraine.

Assumer notre responsabilité stratégique

« Mais c’est aussi chez nous que nous devons répondre à des défis pressants. Nous devons en effet assumer désormais notre responsabilité stratégique en devenant capables de défendre l’Europe par nous-mêmes, et construire pour cela un pilier européen fort au sein de l’OTAN. Nous devons effectuer ce bond en avant dans un laps de temps très court.

« Non pas parce que nous aurions l’intention de faire la guerre, mais au contraire, pour pouvoir l’éviter en nous dotant des moyens à la fois de dissuader de manière crédible tout agresseur potentiel et de continuer à soutenir l’Ukraine au niveau indispensable pendant tout le temps nécessaire.

Pas une armée européenne, mais investir

« Cela ne signifie pas que nous serions sur le point de créer une armée européenne. La défense est et restera dans un avenir prévisible une compétence exclusive de nos États membres. Il s’agit d’abord d’investir davantage dans la défense au niveau national. En 2023, nous avons dépensé en moyenne 1,7 % de notre PIB pour la défense, ce pourcentage doit passer à plus de 2 %. Nous n’avons pas le choix si l’on considère l’ampleur des besoins tant pour soutenir l’Ukraine que pour permettre à nos États membres de reconstituer leurs stocks et d’acquérir les nouveaux équipements indispensables. Mais, surtout, il s’agit de dépenser ensemble pour combler les lacunes, éviter les doublons et accroître l’interopérabilité de nos équipements. Seuls 18 % des achats d’équipements par nos armées sont actuellement effectués en coopération. Alors que nous nous étions fixé en 2007, il y a 17 ans, un objectif de 35 %. Nous devons également faire faire un bond en avant à notre industrie de défense. Depuis le début de la guerre contre l’Ukraine, les armées européennes ont acheté 78 % de leurs nouveaux équipements en dehors de l’UE.

Avoir une industrie européenne de défense autonome

« Nous devons nous doter d’une industrie européenne de défense capable de répondre à nos propres besoins. Nous sommes confrontés à des défis quantitatifs mais aussi qualitatifs dans les nouvelles technologies militaires comme les drones ou l’Intelligence artificielle. Nous devons en outre développer nos capacités à répondre à des cyberattaques et à protéger nos infrastructures essentielles. L’un des principaux enseignements de la guerre contre l’Ukraine est que la supériorité technologique est essentielle. En particulier, face à un adversaire qui n’a cure des pertes humaines, y compris les siennes.

« C’est la raison pour laquelle j’ai présenté en mars, avec la Commission, la toute première stratégie industrielle européenne en matière de défense. Nous devons encourager la passation de marchés en commun, mieux garantir la sécurité de nos approvisionnements, et organiser une montée en puissance massive de cette industrie. Nous devons également rattraper notre retard en matière de nouvelles technologies militaires. Avec son pôle d’innovation, l’Agence européenne de défense continuera à jouer un rôle clé dans ces efforts.

Arrimer l’industrie ukrainienne

« Nous souhaitons également arrimer dès maintenant l’industrie ukrainienne à l’industrie de défense européenne. C’est pour cela que nous avons proposé de traiter l’Ukraine comme si elle était déjà quasiment un État membre, en lui permettant de participer à des projets d’acquisition conjointe ou de soutenir son industrie via nos instruments dédiés pour l’aider à produire davantage.

« Pour atteindre ces objectifs, nous devons investir massivement. Pour cela nous devrions modifier la politique de prêt de la Banque européenne d’investissement pour lui permettre d’investir dans le secteur de la défense et émettre une dette commune, comme nous l’avons fait avec succès pour faire face à la pandémie de Covid-19. Ces discussions n’en sont toutefois qu’à leurs débuts parmi nos États membres et il est essentiel d’obtenir l’adhésion de tous.

Un bond en avant signifie un changement des mentalités

« Ce bond en avant en matière de défense nécessite également un changement des mentalités. Des industriels de l’armement m’ont expliqué qu’ils avaient des difficultés à recruter les ingénieurs les plus brillants. De même, les investisseurs privés sont souvent dissuadés d’investir dans des entreprises du secteur de la défense. Chaque Européen doit comprendre qu’une défense efficace est la condition sine qua non de la survie de notre modèle social, environnemental et démocratique.

« Beaucoup a été fait déjà ces dernières années dans le sens d’un sursaut européen en matière de défense, mais il reste encore beaucoup plus à faire pour répondre aux menaces auxquelles nous sommes confrontés dans un environnement géopolitique qui se dégrade rapidement. »

Josep Borrell Fontelles Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et Vice-président de la Commission européenne.

Catégories: Défense

[Reportage] Pour la fête de l’indépendance, les deux Géorgie se jaugent

lun, 27/05/2024 - 22:25

(B2 à Tbilissi) Ce dimanche, 27 mai, c’était jour de la fête de l’indépendance. À Tbilissi, discours officiels, parade militaire, fête populaire et manifestations ont rythmé cette journée. Comme la rencontre de deux Géorgie, l’une ouverte sur l’Occident, l’autre plus attachée à ses traditions. Parfois les deux en même temps.

Sur la place de la Liberté, le ban et l’arrière ban du gouvernement étaient convoqués pour une longue série de discours, venant des deux principaux protagonistes du pouvoir : la présidente de la République et le gouvernement tenu par le Rêve Géorgien, qui tous deux s’opposent sur un sujet fondamental, l’Europe.

Vivre dans l’Europe

« Personne ne peut forcer la Géorgie d’aujourd’hui à vivre à nouveau avec les croyances, les dogmes et les entraves des autres, […] personne ne pourra jamais ramener la Géorgie vers le passé » a déclaré la présidente géorgienne, Salome Zurabishvili. La première « pierre angulaire de la solution », selon elle, est de sauver l’avenir européen de la Géorgie. « L’Union européenne, dans son essence et son idée, est créée pour la paix. Il n’y a pas de « parti de la guerre » en Europe », a-t-elle ajouté, faisant allusion à la propagande gouvernementale (lire aussi : [Confidentiel] La tension monte d’un cran entre Tbilissi et Bruxelles). « Aucune guerre n’a été déclenchée par l’Europe depuis sa fondation. Le véritable parti de la guerre est le seul et unique parti que nous voyons aujourd’hui dans nos territoires occupés : l’impérialisme russe. » NB : selon les propos traduit en anglais par les journalistes de Civil.ge.

Ou la tradition

Pour le Premier ministre Irakli Kobakhidze, la réalité est toute autre, plus traditionnelle. « La Géorgie s’est engagée sur ce qu’on appelle le « Chemin de Moïse », qui [la] mènera sûrement à la « Terre promise ». Une « Géorgie unie et forte avec ses frères et sœurs abkhazes et ossètes d’ici 2030, lorsque la Géorgie deviendra un membre à part entière de la famille européenne. […] Une Géorgie unie et forte, qui prendra la place qui lui revient dans la famille européenne commune avec souveraineté, dignité et valeurs. » Cette souveraineté a connu « des atteintes nombreuses, notamment ces quatre dernières années, pour la miner ».

Une parade limitée

Des discours clôturés par des chants traditionnels, l’hymne national et une parade militaire. Parade quelque peu limitée, à l’image de la limite des forces de défense géorgiennes. Quelques centaines d’hommes de l’infanterie et de la garde nationale, restés stoïques durant plus d’une heure, ont défilé devant la tribune officielle, ont fait à moitié le tour de la place, avant de se disperser. En l’air, une dizaine d’hélicoptères portant le drapeau géorgien suivis d’avions — les L39 donnés par les Tchèques — ont fermé la marche. La cérémonie officielle terminée, pouvait commencer la fête populaire.

Les activistes tenus à l’œil

Durant toute la cérémonie, la surveillance était au maximum afin que les étudiants et autres manifestants, tentés de venir troubler le bon déroulement du cérémonial, se tiennent cois. Outre les policiers en uniforme, on trouvait par groupes de trois ou quatre, tous les vingt mètres environ, des policiers en civil surveillant la population, prêts à intervenir le cas échéant. Assez reconnaissables, par leur air complètement détachés à l’égard de la cérémonie qui se déroulait, mais au contraire très attentifs à tout mouvement dans la foule. Une jeune activiste un peu trop bruyante s’est ainsi faite rapidement expulsée et amenée à l’écart par des policiers. Les quelques sifflets des opposants ne sont pas arrivées jusqu’à la tribune, hors de portée de la foule. Également couverts par la sono, puissante, mise en œuvre.

Expulsion d’une jeune activiste de la foule (© NGV / B2)

Quelques moments d’humour

Les tensions n’ont pas empêché quelques rires ou des joies. Telle cette patrouille de policiers se voulant discrets avec leur chien qui se sont faits prendre à partie par… un chien errant (nombreux à Tbilissi) aboyant et les forçant à accélérer le pas. Non sans quelques éclats de rires et applaudissement des jeunes présents sur place. Ou sitôt la cérémonie terminée, cette déclaration de mariage d’un jeune militaire qui a fait monter sa promise sur son véhicule blindé, un gros bouquet de roses rouges à la main, pour lui déclarer sa flamme. Sous les applaudissements de ses amis, sa famille et des anonymes. Applaudissements plus nourris que pour les discours officiels, écoutés patiemment, mais sans émotion réelle. Si ce n’est la claque des Jeunes du Rêve géorgien, le parti au pouvoir, qui ont rythmé certains des points du discours de leurs applaudissements, bien déclenchés sur commande, ou ont sifflé la présidente.

Les deux Géorgie

Sitôt la cérémonie terminée, s’est ouvert sur l’avenue Rustavelli, une fête plus populaire avec des stands divers et variés : barbes à papa, concours de bras de fer, bières, drapeaux, jeux pour enfants… Tout était réuni pour une fête populaire. Deux sonos puissantes installées face au Parlement géorgien ont transformé la rue en un petit dance floor, où quelques jeunes ados ou les moins jeunes se sont donnés à cœur joie. Un peu plus loin, sur l’avenue Chevarnadze, au Vake Park se rassemblent des milliers de manifestants, beaucoup de jeunes encore, pour une nouvelle marche contre la position du gouvernement sur la loi de transparence, jusqu’à la place de la Liberté, lieu de croisement de toutes les Géorgie.

Une opposition réunie et un gouvernement technique

La présidente Zourabichvili a demandé aux partis d’opposition de se réunir et signer une « Charte géorgienne », s’engageant à soutenir ses nominations pour un nouveau gouvernement technique après les élections en octobre. Objectif : faire tomber le gouvernement du Rêve géorgien et mener des réformes pro-européennes. Un vrai pari. La révolution géorgienne n’est pas terminée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : [Analyse] Pourquoi le gouvernement géorgien prend le large de l’Europe ?

Catégories: Défense

[En bref] La réserve d’EUFOR Althea déployée en Bosnie-Herzégovine

ven, 10/05/2024 - 09:49

(B2) Depuis le 22 avril, le bataillon multinational de la Strategic Reserve Force est déployé à Orasje (nord de la Bosnie-Herzégovine).

Des patrouilles dans les villages et des entraînements

Formés d'éléments français, roumains et italiens, ils vont patrouiller durant plusieurs semaines, à bord de véhicules blindés légers (VBL), en zone urbaine et dans les campagnes. Cet exercice a deux objectifs officiellement : premièrement, « aller à la rencontre de la population locale pour expliquer les missions de EUFOR », deuxièmement : effectuer avec l’armée de Bosnie-Herzégovine des exercices en commun, de tirs notamment.

Préserver la stabilité dans les Balkans

Au-delà de ces objectifs assez banaux en soi, ce déploiement exceptionnel a surtout une vertu stratégique : rappeler la présence militaire européenne de stabilisation du pays pour éviter les tentations sécessionnistes surtout du côté de la Republika Sprska. La décision avait été prise par les ministres des Affaires étrangères des 27, lors d'une réunion d'urgence, le 25 février 2022, au lendemain de la décision russe d'intervenir militairement en Ukraine. À titre de précaution. « Nous allons assister à des provocations dans les Balkans », avait averti le haut représentant de l'UE, Josep Borrell, qui présidait la réunion.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Catégories: Défense

[Actualité] Relève en mer Rouge pour l’opération Aspides

lun, 06/05/2024 - 07:47

(B2) La frégate belge Louise-Marie a enfin rejoint l'opération européenne déployée en mer Rouge samedi (4 mai). Le QG de l'opération Aspides vient de le confirmer. Ce qui permet de disposer d'au moins trois navires sur zone. Ce qui n'était plus le cas depuis plusieurs semaines après le départ des frégates française et allemande. 

Une arrivée quelque peu retardée

Partie le 10 mars de Zeebruge, la frégate belge aura mis quelque temps à rejoindre sa zone d'opération. Avant l'engagement même, l'équipage et la frégate étaient restés en Méditerranée pour s'entraîner. Mais début avril, l'état-major indique que la période d'entrainement serait prolongée. « Les entraînements et tests techniques n'ont pas donné entière satisfaction » indiquait-il dans un communiqué adressé à l'agence Belga. « Les manquements identifiés font actuellement l'objet d'analyse et de mesures correctives seront prisent en vue de l'engagement de la frégate vers sa zone d'opération ». Les anomalies étant résolues, au bout de plusieurs longues semaines, la frégate est entièrement opérationnelle.

Pas d'hélico à bord

Malgré la possibilité pour la frégate d'accueillir un hélicoptère, celle-ci n'en sera pas dotée. « Après une analyse approfondie, il a été décidé que le déploiement d'un NH90 à bord de la frégate Louise- Marie n'était pas nécessaire » selon la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, répondant à une séance de questions-réponses à la Chambre. La marine belge dispose d'un seul hélicoptère NH90 en service ! La frégate sera en revanche dotée d'un dispositif anti-drones. « Des systèmes de défense supplémentaires contre les aéronefs et les appareils de surface de petite taille et sans pilote ont été acquis en collaboration avec les Pays-Bas » indique la ministre.

Deux frégates FREMM, italienne et française

Le navire italien ITS Caio Duilio, navire amiral de l'opération a été relayé par la frégate ITS Virginio Fasan (F591). Tandis que la frégate française Lorraine vient remplacer la frégate française Alsace, rentrée un peu plus tôt que prévu à Toulon, début avril, faute de munitions. Deux frégates sœurs de type FREMM, frégates multi-missions. Le navire néerlandais, le Karel Doorman, qui doit arriver début mai, assurera le soutien et le ravitaillement des navires européens engagés dans Aspides comme des navires américains ou britanniques de l'opération Prosperity Guardian (lire : [Actualité] Les Pays-Bas vont déployer un navire logistique en mer Rouge en soutien à l’opération Aspides).

Pas de frégate allemande

La frégate allemande Hessen présente dans l'opération depuis février a terminé sa mission le 20 avril dernier. Mais n'a pas été remplacée immédiatement. Une nouvelle frégate allemande, le Hamburg, va prendre le relais dans l’opération Aspides. Mais uniquement à partir de début août.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

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[A lire] La défense européenne à l’heure de la guerre d’Ukraine. Des tabous tombent

dim, 05/05/2024 - 09:40
(B2) Le 24 février 2022 restera dans les mémoires. Un moment clé de l'histoire européenne qui a engendré nombre de changements. Une petite révolution. Du temps de la quiétude au temps de l'inquiétude, comment s'est adaptée l'Europe ? Notre dernier manuel fait le tour du sujet.

L'intervention militaire massive russe le 24 février 2022 en Ukraine est un choc pour la défense et pour l'Union européenne. Incontestablement, il y aura un avant « 24 février » et un après « 24 février ». Non sans surprise pour certains peu connaisseurs de l'esprit national ukrainien, Kiev résiste face aux troupes russes. Et l'Europe se range, en bloc, derrière la bannière bleue et jaune de l'Ukraine. De façon unie, solidaire, et sans barguigner. Un à un, les tabous tombent. Les Européens décident de réinvestir dans la défense. Ensemble, ils fournissent un soutien militaire et financier conséquent à l’Ukraine et mettent en place un dispositif inégalé de sanctions. La défense devient une priorité. La Russie, hier partenaire, devient adversaire.

Cet ouvrage de 250 pages est conçu selon la méthode habituelle de B2 : lisible par tous, précis, sourcé et annoté. Il parcourt quelques unes des principales évolutions stratégiques : la semaine qui a révolutionné l’Europe, le défi de l’unité, la transformation stratégique du continent, le retour en force de l’OTAN. Il raconte comment des mesures exceptionnelles ont été mises en place : le fonds d’assistance pour l’Ukraine, le plan munitions, l'effort de défense, les engagements de sécurité, l’assistance financière, la réutilisation des avoirs immobilisés russes, les paquets de sanctions, l'aide aux réfugiés, les réseaux de transport et les corridors de solidarité.

Tout n'est pas rose cependant. L'Europe subit quelques déboires notoires, particulièrement en Afrique. Le refus d'une bonne partie de l'Afrique de se ranger aux côtés de l'Ukraine illustre les limites de l'outreach européen. L'offensive méthodique de la Russie contre la présence militaire européenne et française, et plus largement de son influence diplomatique, au Sahel et en Afrique centrale, aboutissant à l'éviction de cette zone pourtant investie à grands renforts de millions d'euros et de milliers de militaires investis sur le terrain. Derrière les apparences d'unité entre les Alliés, se cachent aussi de sévères rivalités entre OTAN et Union européenne, il y a plus qu'un zeste de divergence. Entre Européens et USA également. Entre France et Allemagne surtout.

Sortie prévue : 1er juin 2024

Une vingtaine de chapitres, intertitrés pour faciliter la lecture, avec les habituelles références utiles (plus de 400 notes), commentaires et anecdotes qui sont la touche habituelle de B2. Le tout préfacé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et Josep Borrell. À quelques encablures des élections européennes et de l'été, une lecture indispensable. Vous pouvez d'ores-et-déjà réserver un (ou plusieurs exemplaires) au prix spécial adhérent/abonné de B2. Ils vous seront livrés directement dès l'impression des livres

(Nicolas Gros-Verheyde)

« La défense européenne à l'heure de la guerre en Ukraine. Des tabous tombent », Nicolas Gros-Verheyde, préfaces : Ursula von der Leyen et Josep Borrell, 252 pages, 25 euros, Éditions du Villard, collection Manuel.

A commander sur le site des Éditions du Villard

Catégories: Défense

[Actualité] Les attaques des Houthis continuent. Deux navires marchands atteints légèrement en mer Rouge. Un autre visé en plein Océan indien

dim, 05/05/2024 - 08:25

(B2) Ces derniers jours, les attaques des Houthias n'ont pas cessé. Un pétrolier britannique et un cargo grec ont été atteints. Avec des dégâts mineurs. Un porte-container britannique a été visé en plein océan indien. Les forces américaines et européennes ont répliqué détruisant plusieurs drones.

Un pétrolier britannique transportant du pétrole russe

Vendredi 26 avril, à 18h00 (heure locale), deux missiles anti-navires ont atteint un pétrolier, le Andromeda Star, un navire propriété britannique (enregistré aux Seychelles) et battant pavillon panaméen, à 14 nautiques au sud-ouest d'Al Mukha, en mer Rouge. Il transportait une cargaison de pétrole venant de Russie vers l'Inde. Attaque revendiquée par les Houthis. « Nos forces navales ont pris pour cible (vendredi) un navire pétrolier britannique, l'Andromeda Star, en mer Rouge, avec plusieurs missiles  et l'ont directement atteint », a déclaré le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Sarea, sur la chaîne de télévision al-Masirah.

Un autre missile tombe en mer à proximité du navire marchand Mv Maisha, navire battant pavillon d'Antigua et Barbuda et opéré par une société basé au Liberia. Sans dégât pour l'équipage, selon des sources américaines.

NB : il sera intéressant de préciser si ce navire britannique a bien respecté les conditions de l'embargo fixé par les pays duG7 (dont le Royaume-Uni) sur l'exportation de pétrole russe. Les conditions de son immatriculation aux Seychelles, fin 2023, avaient peut-être pour objectif d'échapper aux sanctions britanniques contre la Russie.

Un porte-containers visé en mer d'Arabie

Une autre attaque a eu lieu, le même jour. Mais, cette fois, en plein Océan indien. Elle vise dans la nuit du 26 avril au 27 avril, vers 1 heure du matin (heure locale), le MSC Orion, un porte-containers battant pavillon portugais, propriété de Zodiac Maritime, une société basée au Royaume-Uni, mais propriété de l'homme d'affaires israélien Eyal Ofer, établi à Monaco. L'attaque a lieu à 170 nautiques au sud de l'île yéménite de Socotra, à 300-400 nautiques des côtes somaliennes (à hauteur de Eyl au Puntland), selon le centre de surveillance maritime britannique UKMTO. Un autre navire de la même compagnie, le MSC Aries, avait déjà été saisi par les gardiens de la révolution iranien, le 13 avril dernier.

NB : cet incident prouve que les Houthis enclenchent un autre type d'action, visant des navires en haute mer, avec des missiles plus performants, d'une portée de plusieurs centaines de km. L'incident était en effet hors de la zone habituelle (mer Rouge ou golfe d'Aden à proximité des côtes yéménites). Pour autant, ce n'est pas tout à fait le premier incident hors de la zone habituelle. Un navire marchand avait rapporté une explosion au large du navire, à tribord, alors qu'il était en plein Océan indien, un peu plus à l'est de l'île de Socotra, le 15 mars dernier. Sans dommage .

Un navire grec atteint

Lundi (29 avril), entre 10h02 et 17h30 (heure locale), un cargo grec battant pavillon maltais, le MV Cyclades, est la cible de trois missiles anti-navires et trois drones tirés depuis le Yémen, selon le commandement américain US CentCom. Quelques dégâts légers, le navire peut poursuivre sa route.

Selon certaines informations maritimes, les missiles se sont abîmés en mer. Un des drones est abattu, apparemment par la frégate italienne ITS Fasan, qui était en mission de protection rapprochée d'un navire marchand. La frégate a « repoussé avec succès plusieurs attaques venant des territoires contrôlés par les Houthis au Yémen. Au cours de cette opération de protection, ITS FASAN a abattu un drone avec son canon de 3 pouces » indique le QG de la mission maritime européenne EUNAVFOR Aspides.

Un peu plus tôt dans la même journée, à 07h49 (heure locale), un drone Houthi est abattu alors qu'il se dirigeait en direction de deux navires américains, l'USS Philippine Sea et l'USS Laboon, précise le commandement américain.

Plusieurs autres incidents dans les derniers jours

Jeudi (25 avril), la frégate grecque Hydra, qui opère dans le cadre de l'opération EUNAVFOR Aspides, en protection d'un navire marchand dans le Golfe d'Aden, repère deux drones représentant « une menace imminente pour la liberté de navigation » selon le QG d'Aspides. Le premier drone a été abattu, tandis que le second a changé de cap.

Dimanche (28 avril), dans la nuit entre 1h48 et 2h27 (heure locale), cinq drones sont repérés au-dessus de la mer Rouge et abattus par un navire américain.

Mardi (30 avril), vers 13h52 (heure locale), un navire de surface sans équipage (USV) est détruit par les forces américaines.

Jeudi (2 mai), vers 14h (heure locale), un drone est détruit annonce le commandement US (CentCom).

Vendredi (3 mai), une frégate française (la Lorraine) s'interpose « pour protéger un groupe de trois navires marchands » qui remontent dans le détroit de Bab El Mandeb vers le nord, indique l'état-major des armées, le 4 mai au matin. Un drone kamikaze est intercepté et abattu par la frégate « avant qu'il n'atteigne sa cible ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

Catégories: Défense

[Editorial] Incapables d’assurer la défense antiaérienne de l’Ukraine. L’OTAN une puissance de l’impuissance ?

jeu, 18/04/2024 - 16:45

(B2) Le président ukrainien V. Zelensky et les Ukrainiens ont raison d'être en colère. La lenteur du soutien européen, et surtout allié, à fournir à l'Ukraine de quoi défendre son ciel est patente. Et inadmissible. Car cette demande est connue depuis le début de la guerre.

Un besoin connu, répertorié, financé

Depuis le début, la défense anti-aérienne a constitué, une demande des forces ukrainiennes. La flotte aérienne ukrainienne ayant été clouée rapidement au sol. Il s'agissait en effet de pouvoir protéger les villes, les civils, les infrastructures critiques des bombardements russes. Dès la fin février, les Ukrainiens dans la liste transmise aux alliés mentionne (avec les armes anti-chars) la défense anti-aérienne (code ML4 dans la nomenclature d'armes de l'UE). Elle est incluse, dès le début, dans la première mesure de soutien prise par l'Union européenne le 27 février, quatre jours après le début du conflit (lire : [Confidentiel] Les besoins en armes de l'Ukraine. La liste de courses remise à l'UE) (1).

Une demande répétée à de multiples reprises

Tous les officiels ukrainiens, président, ministres comme haut gradés à leurs interlocuteurs, dans toutes les enceintes, sur tous les tons le disent. « Vous savez de quel type de systèmes de défense nous avons besoin. (...) J'ai un rêve. J'ai un besoin. Je dois protéger nos cieux. J'ai besoin de votre aide » supplie, quasiment à genoux, le président ukrainien V. Zelensky devant le Congrès US le 16 mars 2022 ! Le fameux « des armes, des armes, des armes » de Dmytro Kuleba prononcé devant les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance le 5 avril 2022, résonne encore dans toutes les têtes (lire : L’objectif de l’OTAN : réarmer les Ukrainiens ! dixit Stoltenberg).

Un plan B

Cette demande constitue fait le plan B de la défense ukrainienne. Kiev demandait à l'origine une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son territoire. Mais l'OTAN ne veut pas être impliquée « directement ». Jens Stoltenberg, le dit clairement par les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance le 5 mars 2022. Le soutien des Alliés restera donc cantonné à « intensifier le soutien » en équipements de l'Ukraine et à défendre les Alliés, « notre tâche principale ». (lire : Guerre en Ukraine. L’OTAN se limitera à défendre ses États membres. Pas de no fly zone. Mais des avions ?).

Des Alliés confortables dans leurs pantoufles

Or, aujourd'hui, plus deux ans après, les Alliés ont échoué à fournir les équipements nécessaires en nombre suffisant. Certes le territoire ukrainien est vaste, ses villes nombreuses. Mais une telle impréparation, un tel manque de suivi des engagements est difficile à comprendre et à justifier. Si les préventions pour fournir à Kiev des avions est assez logique — vu la dimension militaire et symbolique —, fournir des armes de défense anti-aérienne n'emporte pas la même question idéologique et stratégiques. Quoi de plus défensif et de moins co-belligérant en effet qu'un système de défense anti-aérienne...

Israël et Ukraine, deux poids deux mesures ?

Même si les situations ne sont pas tout à fait comparables, on ne peut s'empêcher de comparer l'attitude alliée avec celle que viennent d'assumer trois des principaux membres de l'OTAN (USA, Royaume-Uni, France) en réponse à l'attaque iraniennes lancée contre l'État hébreu le dernier week-end. Certes la configuration du terrain légèrement différente (les drones iraniens devant traverser ou frôlant des territoires où ces alliés ont des forces prépositionnées). Certes Israël n'est pas l'Ukraine, doté depuis longtemps d'un dôme de fer. Mais V. Zelensky n'a pas tort quand il s'interroge pourquoi la protection d'Israël est plus chère aux yeux des occidentaux que celle de l'Ukraine (2). Pourquoi les Alliés n'ont pas livré à Kiev de quoi réaliser son dôme de fer ? Pourquoi n'utilisent pas les armes de défense anti-aérienne prépositionnées autour de l'Ukraine pour prêter main force à la défense ukrainienne ?

Arrêter de causer et agir

Cette inaction appelle plusieurs séries de questions. Où sont les États qui proclament, tous les jours, vouloir « fournir un soutien militaire durable aussi longtemps qu'il faudra » ? (3) Pourquoi n'ont-ils pas fourni ces équipements ? À défaut, pourquoi n'ont-ils pas été capables de les commander en nombre aux industriels ? À quoi ont servi les 35 milliards de dollars d'augmentation des budgets de la défense des Alliés en 2023 ? (4) Que fait cette Alliance atlantique qui affirme avoir l'expérience, au travers de son agence NSPA, « des procédures d'achat en commun », se vante de fixer des objectifs capacitaires, des normes », de disposer de plans de défense et d'objectifs capacitaires efficaces ? (5) Pourquoi a-t-il fallu attendre que Kiev demande formellement une réunion du Conseil OTAN-Ukraine pour convoquer celui-ci à cette fin ? (6) Etc.

Une OTAN Manneken Pis ?

Aujourd'hui, l'Union européenne, mais surtout l'Alliance atlantique — qui dispose de davantage de moyens en défense anti-aérienne — sont donc placées devant leurs propres contradictions. Soit ils avancent de façon décisive, audacieuse et déterminée en fournissant très rapidement (dans les jours et semaines qui suivent) les systèmes nécessaires à assurer la défense anti-aérienne à l'Ukraine (il en manque 25 selon V. Zelensky). Soit ils renoncent, continuent à s'occuper de petites choses » — comme habiller le Manneken-Pis à Bruxelles (7), faire des déclarations à l'emporte-pièces sur la nécessité d'avoir des troupes au sol en Ukraine ou faire quelques exercices de démonstration de force, bien tranquilles à l'abri de ses frontières, en pantoufles.

La puissance de l'impuissance

Si les Européens et Alliés ne sont pas capables, immédiatement, d'assurer le minimum (la protection des civils et infrastructures ukrainiennes), si l'engagement pris il y a deux ans par Jens Stoltenberg « de réarmer, de ravitailler les forces ukrainiennes » avec une « priorité aux [...] systèmes de défense aérienne » (8) n'est pas tenu aujourd'hui, ... ce serait non seulement une grave faillite morale et politique, mais un grave aveu d'impuissance. Et aux yeux du Kremlin, est un sacré aveu de faiblesse. Déjà mis à rude épreuve au Proche-Orient, l'Europe et les USA seraient alors en passe de devenir une puissance de l'impuissance.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Décision qui a une conséquence concrète. Tout pays qui fournit à Kiev un tel système d'armes a droit à un remboursement d'environ 40% du montant du système.
  2. Message quotidien à la nation de V. Zelensky le 16 avril 2024. Lire : [Actualité] Ukraine cherche désespérément Patriot et autres systèmes antiaériens. Une réunion de l’OTAN
  3. Cf. conclusions du Conseil européen du 30 juin 2023, formule classique reprise de sommet en sommet.
  4. Lire : année faste pour l'OTAN en 2023. Dépenses de défense en hausse).
  5. Propos du secrétaire général de l'OTAN, le 14 mars 2024, lors de la présentation de son rapport annuel.
  6. La réunion est (enfin) prévue ce vendredi (19 avril).
  7. Clin d'oeil au selfie de la directrice de la diplomatie publique, M. D. Besansenot, le 3 avril 2024, jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance.
  8. Propos du secrétaire général de l'OTAN, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance, le 8 avril 2022.

Catégories: Défense

[Actualité] Le navire Abdullah et son équipage libérés. Contre une rançon

lun, 15/04/2024 - 16:15

(B2) L'opération maritime militaire européenne au large de la Somalie a confirmé lundi (15 avril) la libération des 23 membres d'équipage du navire marchand Adbullah et du navire. Mais elle n'a rien précisé sur les conditions de cette libération.

Le navire Abdullah escorté par les navires européens (Photo : EUNAVFOR Atalanta)

Un vraquier du Bangladesh suivi à la trace par Atalanta

Ce navire qui transportait plus de 55 000 tonnes de charbon du Mozambique vers les Émirats arabes unis (1) avait été  capturé le 12 mars dernier (lire : [Actualité] Un navire bangladais piraté dans l’Océan indien. Ancré au large de la Somalie). Tout au long des 32 jours de captivité des marins, EUNAVFOR Atalanta « s'est activement engagée », assurant notamment la surveillance continue du navire, indique le QG de l'opération à La Rota.

Une rançon de cinq millions de dollars

Cette libération n'est pas inopinée. Les propriétaires bangladais auraient payé une rançon de 5 millions de dollars (environ 4,7 millions d'euros), indique l'agence de presse Reuters. « L'argent nous a été apporté il y a deux nuits. Comme d'habitude... nous avons vérifié si l'argent était faux ou non. Ensuite, nous avons divisé l'argent en groupes et sommes partis en évitant les forces gouvernementales », a déclaré Abdirashiid Yusuf, l'un des pirates à l'agence britannique.

Versée par avion

« Un avion a largué trois sacs remplis de dollars américains sur le navire » a précisé Fahmida Akter Anny l'épouse du capitaine du navire, Mohammed Abdur Rashid à l'Agence France Presse, repris par le Marin. « Les pirates nous ont appelés lorsqu'ils sont arrivés près des côtes somaliennes ». Et l'un d'eux parlait anglais, a confirmé dimanche Meherul Karim, PDG de KSRM aux journalistes à Chittagong, au Bangladesh. « Il a communiqué avec nous jusqu'à ce que nous finalisions les négociations », a-t-il ajouté. Ne voulant pas confirmer le montant de la rançon.

Une autre libération

Selon nos informations, un autre navire, le Al-Kambar battant pavillon iranien, capturé le 28 mars a été libéré également, peu de temps après sa capture.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. L'exportation du charbon somalien aux mains des terroristes d'Al Chabab est interdit par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies

Catégories: Défense

[Actualité] Les Pays-Bas vont déployer un navire logistique en mer Rouge en soutien à l’opération Aspides

dim, 14/04/2024 - 12:39

(B2) Le navire amphibie Zr.Ms. Karel Doorman va participer à l'opération européenne Aspides en mer Rouge de protection de la marine marchande dans le détroit de Bab-el-Mandeb et la mer Rouge.

Pour Aspides comme Prosperity Guardian

Début mai à mi août

Navire de soutien logistique, Zr.Ms.Karel Doorman (A-833) sera déployé de début mai à mi-août. Il permettra d'approvisionner en carburant, diverses fournitures les navires de l'opération européenne EUNAVFOR Aspides. Il sera équipé d'un centre médical, de Rôle 2, pouvant assurer les soins médicaux d'urgence et interventions chirurgicales. Le navire dispose d'un hélicoptère de transport Cougar pour ce type d'évacuations médicales. 

Un soutien à Prosperity Guardian

Les unités participant à l’opération Prosperity Guardian menée par les États-Unis pourront également y faire appel. C'est « une contribution supplémentaire à l'ordre juridique international et à la protection du transport maritime sur cette importante route commerciale » a mis en avant la ministre de la Défense, Kajsa Ollongren.

En dehors des zones à risque sauf si...

Le navire de soutien logistique opèrera « en dehors des zones à haut risque » indique-t-on côté néerlandais. S'il est néanmoins nécessaire de naviguer dans cette zone, il bénéficiera « du guidage et de la protection des autres navires de guerre ». C'est le second navire engagé par la marine néerlandaise dans la mer Rouge depuis le début des hostilités des Houthis

Un navire logistique

Rescapé des coupes budgétaires

Construit sur le chantier naval du Néerlandais Damen à Vlissingen (Pays-Bas) et en Roumanie, le Karel Doorman a failli ne jamais entrer en service. Victime des coupes budgétaires sévères décidées dans le budget de défense par le gouvernement de Mark Rutte II en 2013 (lire : La marine néerlandaise vend un de ses fleurons). Des coupes qui seront finalement annulées. Le même gouvernement fait machine arrière après l'intervention de la Russie en Crimée et le sommet du Pays de Galles de l'OTAN en septembre 2014. Les pays de l'Alliance s'engagent alors à renverser la vapeur et ne plus faire de réductions de dépenses sur la défense. Il a finalement été mis en service en avril 2015.

Un navire exploitable par l'Allemagne

C'est l'un des premiers navires européens à avoir fait l'objet d'une utilisation commune entre deux États. En 2016, les deux ministres de la Défense, la Néerlandais Jeanine Hennis-Plasschaert et l'Allemande Ursula von der Leyen, signent une lettre d'intention permettant son utilisation par l'Allemagne (lire : Ursula et Jeanine sur un bateau).

Multi usages

Ce navire peut servir à de multiples usages, un peu comme les BPC ou porte-hélicoptères amphibies français. Il dispose ainsi d'une soute de 8000 m3 de carburant (et de carburant aviation), d'une possible réserve de 450 m3 d’eau potable et peut héberger 400 tonnes de nourriture et équipements divers, dont des munitions. Équipé d'un radier, cela permet le départ du navire barges de débarquement (deux péniches de débarquement LCVP).

Déployé dans des missions humanitaires

Il a été déployé à plusieurs reprises dans le cadre de missions de secours ou d'assistance médicale : en Afrique de l'Ouest (Sierra Leone, Guinée) en 2014 lors de l'épidémie d'Ebola (lire : Le Karel Doorman envoyé contre Ebola), aux Antilles après l'ouragan Irma en 2017 et à nouveau dans les Caraïbes en 2020 pour pallier à l'épidémie de Covid-19 et aux ouragans (lire : France, Pays-Bas et Royaume-Uni se coordonnent dans les Caraîbes). C'est son premier déploiement dans une zone de tension armée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Une frégate déjà engagée sur zone

Les Pays-Bas ont déployé le 27 mars dernier un navire, la frégate de défense aérienne et de commandement Zr.Ms. Tromp (F-803) qui participe à l'opération Prosperity Guardian menée sous direction américaine. Elle peut aussi apporter un soutien à l'opération européenne Aspides, si nécessaire.

Sa mission est en passe de se terminer. Ce déploiement étant temporaire — pour 25 jours — et plutôt inopiné. Le navire qui se dirigeait vers l'orient a en fait ajusté « son plan initial » pour participer aux opérations en mer Rouge.

Le HNLMS Tromp continue ensuite son voyage vers l'Indo-Pacifique, où il va participer à « divers exercices et opérations avec des alliés et des partenaires ». Les Pays-Bas se sont engagés à avoir un navire présent dans la zone Indo-Pacifique une fois tous les deux ans, en coordination avec d'autres pays (France et Allemagne principalement).

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