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Burkina Faso : Dossier

OPÉRATIONS / MISSIONS RÉCENTES AU BURKINA FASO

DECISIONS / ACTIONS COMMUNES DU CONSEIL DE L'UNION EUROPEENNE

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RESOLUTIONS DU CDS, RAPPORTS DU SG DE L'ONU :

HISTOIRE - CHRONOLOGIE

- 12 000 à 5 000 ans av. J-Ch. : Burkina Faso a connu un peuplement très précoce, avec notamment des chasseurs-cueilleurs dans la partie nord-ouest du pays dont des outils (grattoirs, burins et pointes) ont été découverts en 1973.
- 3 600 et 2 600 ans av. J-Ch. : La sédentarisation apparaît avec des agriculteurs, dont les traces des constructions laissent envisager une installation relativement pérenne.
- 1 500 et 1 000 ans av. J-Ch. : L’emploi du fer, de la céramique et de la pierre polie se développe, ainsi que l’apparition de préoccupations spirituelles, comme en témoignent les restes d’inhumation découverts.
- entre le XVe et le XVIe siècle : Les Dogons (des vestiges attribués aux Dogons ont été découverts dans la région du centre-nord, du nord et du nord-ouest) ont quitté le secteur pour s’installer dans la falaise de Bandiagara. (Les ruines de Loropéni, situées près des frontières du Togo et du Ghana, sont aujourd'hui reconnues site du Patrimoine mondial.)

Empire songhaï (1464-1591) Source de l'image :

La période précoloniale
Avant la colonisation, le territoire actuel du Burkina Faso était partagé entre différents royaumes ou chefferies :
- le Gurma, habité par les Gurmanceba et les Bemba
- le Moogho, pays des Moose (Mossi?)
- le Gwiriko, pays des Bobo-Dioulas
- le Liptako, occupé par les Peuls, les Haoussa et les Bella

- vers le XIII ème siècle : Partis du delta du Niger, autour de la région de Kankaba (Mali), à la recherche de terres fertiles, les Sénoufo arrivèrent dans la région où ils résident actuellement. Korhogo (Côte d'Ivoire), protégée des incursions guerrières par le Bandama blanc devient la capitale et le siège de la plus importante chefferie sénoufo. Le nom "sénoufo" est un terme Bambara du Haut-Niger qui peut se traduire par "langue des cultivateurs". C'est un terme exogène pour désigner toutes ces populations hétérogènes installées dans cette zone et pratiquantt l'agriculture.

Les royaume mossi et gourmantche - Source de l'image :

NORD-EST / Les royaumes des Mossis (1000-1896)
Yatenga, Gourma, Mamprousi, Dagomba, Boussouma et Ouagadougou qui devint rapidement le plus influent.
- XIIIe et au XIVe siècles : Ces royaumes s'opposèrent aux grands empires de la boucle du Niger (Mali et Songhaï) dont ils n'hésitaient pas à attaquer et razzier les marges, quand ils ne s'enfonçaient pas plus profondément. La puissance de leurs armées permit aux royaumes mossis de préserver l'essentiel de leur indépendance. Mais, à la fin du xve siècle, l'empire songhaï établit sa suprématie sur la boucle du Niger, mettant fin aux chevauchées des Mossis. Jaloux de leur pouvoir, les rois mossis s'opposèrent toujours à une unification du pays mossi. Mais ces royaumes présentaient une remarquable cohésion sociale et religieuse et une stabilité politique exceptionnelle : ils se maintinrent jusqu'à la conquête française, à la fin du xixe siècle.
Les Mossis participèrent peu au commerce transsaharien : les grands flux d'échanges contournaient la région. Aussi l'islam ne s'implanta-t-il pas. Les Mossis furent donc beaucoup moins touchés que leurs voisins par la traite des esclaves. À la veille de la colonisation française, le centre du territoire était contrôlé par la confédération des royaumes mossis regroupant quatre ensembles politiques, le Yatenga, le Wogodogo (Ouagadougou), le Royaume de Boussouma et le royaume de Tenkodogo. À l'est avait été édifié le royaume de Gourma, et l'ouest, dominé par les souverains dioulas de Kong au xviiie siècle, était disputé entre plusieurs royaumes.

L`Afrique occidentale au XVIIIème siècle - Source de l'image :

Le Royaume Kong et "le montagne Kong" - Source de l'image :

SUD-OUEST / Le Royaume de Kong (?1400-1895)
situé au nord-est de la Côte d'Ivoire et comprenant une partie du Burkina Faso
aussi connu sous le nom d'Empire Ouattara ou Empire Wattara, était un État musulman pré-colonial d'Afrique. Les monts de Kong sont une chaîne de montagnes imaginaire qui a figuré à tort sur la plupart des cartes géographiques de l'Afrique au cours du xixe siècle. Leur nom fait référence au royaume et à la ville de Kong (aujourd'hui en Côte d'Ivoire) tous deux bien réels.
- XVe siècle : Un Prince Dioula du Clan Traoré, Bokar, qui fuyant l'invasion Mandé décide de s'installer sur cette terre peu habitée à l'époque unifiant sous son autorité les clans Traoré et sénoufos. L'ethnie Dioula a le sens du commerce et excelle dans cet art. Et ces précisément ces échanges commerciaux qui vont faire la puissance du royaume qui atteint rapidement son apogée en 1570.
- 1548 : A la mort du Roi Dé Maghan, une guerre civile éclate entre ses fils, Soundiata et Maghan II. C'est ce dernier qui s'assure le trône mais cette guerre a ruiné économiquement le Royaume. Les caisses dont vides, les Rois de Kong perdent peu à peu leur autorité naturelle.
- XVIIIe siècle : l'ouest burkinabé, à l'exception des pays lobi et birifor et d'une partie du pays dagara, passe sous la domination des souverains dyula de Kong. Famara Wattara, fils de Seku, s'installe à Bobo-Dioulasso et fonde le Gwiriko tandis que son frère Bakari tente en vain de conquérir le territoire des lobi, toujours farouchement attachés à leur indépendance.
- 1660 : le Royaume de Kong est violemment secoué par un coup d'état organisé par le Prince (Mandé) Isaac Traoré que l'histoire va reconnaître sous le nom de Faama Lasiri Gbombélé. Cet animiste convaincu va bouleverser les mœurs en vigueur dans le royaume musulman. Il s'aliène vite la bourgeoisie commerçante et la noblesse en prenant la décision de mettre sur un pied d'égalité tous ses sujets lorsqu'ils vont devoir s'acquitter des impôts. Pis, il met en place une taxe à l'entrée du Royaume afin de forcer tous les commerçants à lui payer des droits d'entrée dans la capitale. Il refusera même d'autoriser la construction d'une mosquée dans la capitale au grand dam de la noblesse encore attachée au culte de Mahomet.
- 1670 : La rébellion du Prince Tiéba , descendant du Roi Dé Maghan , qui revendique naturellement ses droits au trône des Traoré. Sheikh Oumar Abdel Kader (1705-, né en 1665), fils de Tiéba, restaure le culte musulman sur l'ensemble du royaume et interdit que les idoles de l'ancien régime soient vénérées. Ses partisans s'empressent de détruire tous les lieux de culte.
- 1710 : Abdel Kader prend le nom de Sékou Wattara (ou Ouattara) et unifie le royaume deux ans plus tard, accordant la liberté religieuse dans tout son royaume. Une nouvelle dynastie est née. ( > Empire Ouattara/Wattara)
Le royaume de Kong retrouve rapidement une prospérité mise à mal pas des décennies de guerre et de répression et l'armée un véritable vecteur d'ascension sociale. Et il s'agit pour la dynastie Ouattara de l'agrandir.
- 1735 : Le frère d`Abdel Kader, le Prince Famaghan se lance à la conquête du Royaume (voltaïque) de Kibidoué (actuelle Bobo Dioulasso) et fonde son propre royaume appelé Gouïriko. D'ailleurs, le Prince ne s'arrête pas là. En
- 1738 : le Prince Famaghan conquit brièvement le Djenné et Tombouctou mais devant la menace Ashanti entre 1740 et 1742, préfère se retirer dans son nouveau royaume afin de le sécuriser. Même son frère Sékou doit se battre afin de repousser les Ashantis hors de Kong.
- 1745 : Sekou Ouattara meurt. La question de sa succession se pose et pour éviter tous conflits entre ses héritiers, l'Empire de Kong est partagé en deux entités indépendantes :
> Au Sud (Côte d`Ivoire) avec la capitale Kong et
> au Nord (Burkina Faso), Bobo Dioulasso.
- XIXe siècle, l'empire de Kong est démantelé : Le Gwiriko est déchiré par d'incessantes révoltes. Le royaume dafing de Wahabu, naît sur ses décombres. Plus à l'ouest, mais toujours à l'intérieur des anciennes limites de l'empire de Kong, des Traoré fondent autour de Sikasso le royaume du Kenedugu (1825). Mieux organisé que le Gwiriko, et se posant en rival de ce dernier, le Kenedugu, comme son voisin, doit affronter de nombreuses et violentes révoltes. Le Kenedugu disparaît avec la prise de Sikasso par les français (1898).

Les langues du Burkina Faso - Source de l'image :

- juillet 1853 : L'Allemand humanitaire Barth atteint Dori (1e européen à fouler le sol burkinabé).
- 20 février 1888 : l'officier et explorateur français Louis-Gustave Binger, dans le cadre de sa mission de reconnaissance du cours du Niger de 1887-89, atteignit la ville de Kong. Il a démontré que les fameux monts de Kong qui figuraient sur les cartes n'avaient aucune existence réelle.
- juin 1888 : Les Européens ont eu peu de contacts avec « le Mossi », ainsi que l’on désignait ce territoire, et ils se sont produits peu avant la colonisation. Le compte rendu du voyage de Louis-Gustave Binger (1856-1936) (Du Niger au Golfe de Guinée) relate son séjour, chez Boukary, frère du Mogho Naba Sanem de Ouagadougou. Lequel Boukary devait devenir le Mogho Naba Wobgho qui résista aux Français, avec des moyens bien limités devant leurs armes modernes. Binger décrit un royaume organisé suivant un mode féodal.
- 1895 : Samory Touré envahit et détruit la ville de Kong (en Côte d`Ivoire) après que ses dirigeants ont résisté à sa domination et refusé de l'aider dans sa campagne contre la France. Après la défaite de Samory, Kong a retrouvé son indépendance pendant une brève période, puis est tombé sous la domination coloniale française. L`empire Kong a été divisé entre deux colonies - la Côte d'Ivoire et la Haute-Volta.

Un protectorat français (1896-1960)
- 1896 : le Royaume mossi de Ouagadougou devient un protectorat français.
- 1898 : la majeure partie de la région correspondant à l’actuel Burkina est conquise.
- 1904 : ces territoires sont intégrés à l’Afrique-Occidentale française au sein de la colonie du Haut-Sénégal-Niger.
- 1914-1918 : Participation des habitants à la Première Guerre mondiale au sein des bataillons de tirailleurs sénégalais.
- 1er mars 1919 : Édouard Hesling devient le premier gouverneur de la nouvelle colonie de Haute-Volta. (La Volta est un fleuve d'Afrique de l'Ouest qui se jette dans le golfe de Guinée à travers du Ghana. Elle est formée par la confluence de la Volta Noire /aujourd'hui : Mouhoun/, la Volta Blanche /aujourd'hui : Nakambé/ et la Volta Rouge /aujourd'hui : Nazinon/. Le lac Volta est un réservoir d’eau douce sur le fleuve Volta au Ghana, il est le plus grand lac artificiel au monde.)
- 5 septembre 1932 : La colonie Haute-Volta est démembrée, le territoire est partagé entre la Côte d'Ivoire, le Mali et le Niger.
- 4 septembre 1947 la Haute-Volta est reconstituée dans ses limites de 1932.
- 11 décembre 1958 : La colonie devient la République de Haute-Volta, une république membre de la communauté franco-africaine.

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Burkina Faso - Source de l'image :

La Dictature de Maurice Yaméogo (1959-1966)
- 11 décembre 1959 : Maurice Yaméogo est élu président de la République.
- 5 août 1960: Proclamation de l'indépendance sous le nom Haute-Volta.
- 6 novembre 1960 : Adoption d'une nouvelle Constitution.
Yaméogo, un proche allié du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, a créé une dictature à parti unique, faisant de sa propre Union démocratique voltaïque le seul parti politique légal du pays. Les partis d'opposition, comme le Parti du regroupement africain, ont été soit fusionnés avec lui, soit dissous.
Le gouvernement de Yaméogo en viendrait à faire face à des accusations de néocolonialisme, car il s'alignait étroitement sur le gouvernement français. Privilégiant à l'origine une politique panafricaniste, en faveur d'une fédération ouest-africaine, il finit par abandonner ces politiques au profit de l'antifédéralisme de la France et de son ami Houphouët-Boigny. Il a rejoint le Conseil de l'Entente avec quelques autres dirigeants pro-français. De plus, Yaméogo a étroitement soutenu Israël, devenant le premier dirigeant africain à visiter le pays, s'opposant fermement à la République arabe d'Égypte et à son président, Nasser.
- avril 1964: Dissolution des syndicats. Les politiques dures du président et l'état profondément corrompu de son administration l'ont rendu extrêmement impopulaire. En 1964, le gouvernement a fortement restreint le droit des travailleurs de s'organiser et interdit les grèves, faisant des syndicats puissants ses ennemis.
- 3 octobre 1965 : Réélection de Yaméogo (avec un soutien supposé de 100%)
- 30 décembre 1965 : À la suite de l'aggravation des troubles économiques, le gouvernement a annoncé un nouveau budget d'austérité, coupant massivement les salaires des employés du secteur public et augmentant les impôts. Le lendemain, Denis Yaméogo, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité et demi-frère du président, a fait usage de la force pour disperser une réunion de la direction syndicale nationale. En conséquence, une grève générale a été déclenchée
- 3 janvier 1966 : Le président Yaméogo est contraint de démissionner suite à des soulèvements populaires provoqués par sa politique d'austérité. Le lieutenant-colonel Aboubacar Sangoulé Lamizana, chef d'état-major prend le pouvoir et instaure un régime militaire autoritaire. Interdiction des partis politiques. Le président Maurice Yaméogo a été contraint de démissionner et a ensuite été emprisonné.
- 4 janvier 1966 : Un nouveau gouvernement militaire a été organisé, qui a reçu le soutien des syndicats qui mettent fin à la grève générale. La constitution a été suspendue et l'Assemblée nationale dissoute. Un nouveau cabinet a été formé avec sept responsables militaires et quatre civils, le Conseil supérieur des forces armées, avec Lamizana à la barre. Un comité consultatif a également été formé, avec 46 membres représentant les militaires, les partis politiques, les syndicats, les chefs religieux et les autorités traditionnelles

- Février 1969 : Création du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
- 12 février 1969 : Nationalisation des écoles privées catholiques.
- 20 novembre 1969 : Les partis politiques sont à nouveau autorisés.
- 14 juin 1970 : Adoption d'une nouvelle Constitution qui attribue la présidence de la République au militaire le plus ancien ayant le grade le plus élevé.

- 1974-1975 : Première guerre frontalier avec le Mali à propos de la bande d'Agacher.
De 1961 à 1974 ont lieu des rencontres sur le problème frontalier propre à cette zone, les autres frontières ayant été adoptées d’un accord commun. Ainsi, en 1964 est créée une "commission paritaire" avec comme mission la « délimitation des frontières ». Elle se transforme en 1968 en "commission technique mixte" fondant ses travaux sur les problématiques cartes et rapports coloniaux. Le Mali revendique les 4 villages car la population y serait « malienne par excellence », il met en avant le droit à l’autodétermination des minorités locales que sont les Touaregs. Il se fonde sur le décret de 193211 supprimant la Haute-Volta et réintégrant donc ces territoires dans le Soudan Français. La Haute-Volta12 met elle en avant le décret de 1947 réinstituant la Haute-Volta et supprimant le décret de 1932. De plus, le gouvernement voltaïque souligne le fait que sur toutes les cartes, les 4 villages apparaissent en territoire voltaïque. Les combats consistent finalement qu’en quelques escarmouches et durent véritablement deux jours du 15 au 17 décembre 1974. Le bilan officiel16 est de un mort du côté voltaïque et de deux du côté malien, les dégâts matériels sont peu importants et les civils ne sont pas touchés. L’offensive du 15 décembre est lancée par le Mali et cette première guerre est un succès militaire malien. Mais il y a une percée voltaïque avec le commando du lieutenant Thomas Sankara qui prend le village de Douma, tue deux soldats maliens et s’empare de fusils et de mitrailleuses. Les conséquences des affrontements sont fortes en Haute-Volta. L’armée voltaïque est déconsidérée sauf T. Sankara, jeune lieutenant, qui dès lors ne quitte plus le devant de la scène et est mis en avant par la jeunesse. En 1977, la Haute-Volta et le Mali s'engagent dans la voie de la médiation politique dans le cadre d'un groupe ouest-africain connu sous le sigle ANAD (Accord de non-agression et de défense). Ce processus ne débouche toutefois pas sur une solution concrète.

- 8 février 1974 : Aboubacar Sangoulé Lamizana suspend la Constitution et dissout l'Assemblée générale.
- 27 novembre 1977 : Adoption par référendum d'une nouvelle Constitution.
- 28 mai 1978 : Victoire d'Aboubacar Sangoulé Lamizana à l'élection présidentielle.
- 10 mai 1980 : Visite du pape Jean-Paul II.
- Octobre-novembre 1980 : Des grèves, déclenchées par le syndicat des enseignants, se généralisent et paralysent le pays.

Saye Zerbo (1980-1982), Jean-Baptiste Ouédraogo (1982-1983) et Thomas Sankara (1984-1987)
- 25 novembre 1980 : Coup d'Etat du colonel Saye Zerbo qui est à la tête du Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN).
- 7 novembre 1982 : Coup d'Etat du commandant Jean-Baptiste Ouédraogo à la tête du Conseil provisoire de salut du peuple (CPSP).
- 4 août 1983 : Soulèvement d'une partie de l'armée, conduite par le commandant Boukari Lingani et les capitaines Blaise Compaoré, Thomas Sankara et Henri Zongo. Le Conseil national de la révolution (CNR) désigne le capitaine Thomas Sankara comme président.
- En 1983, l’arrivée de T. Sankara au pouvoir en Haute-Volta permet un changement politique fort sur la question du règlement du conflit d`Agacher. Il accepte d’emblée la proposition franco-sénégalaise de porter le contentieux à la Cour internationale de Justice18. Le Mali est plus réticent malgré l’action du Burkina en faveur de son retour au Franc CFA. Finalement, les deux pays portent le 16 septembre 1983 le conflit devant la cour internationale de Justice et déposent leurs dossiers en octobre 1983. Ce recours tardif peut aussi être expliqué en partie par les coûts exorbitants d’une telle action en justice pour les deux pays (expertise, déplacement sur la zone et à la Haye, recherche documentaire).

- 4 août 1984 : La Haute-Volta est rebaptisée Burkina Faso (Patrie des hommes intègres / Patrie de l'intégrité).
- 14-30 décembre 1985 : Conflit frontalier avec le Mali à propos de la bande d'Agacher.
La Guerre de la Bande d'Agacher, aussi appelée Guerre de Noël a lieu du 14 au 30 décembre 1985 autour d'une bande de terrain de 275 km de longueur sur 50 de largeur à l’extrême nord ouest du territoire burkinabé. Ces conflits s'ancrent d'abord dans des problématiques économiques sociales et politiques intérieures. Elle s’étire depuis le village malien de Yoro, point de rencontre entre les frontières malienne, nigérienne et voltaïque, à l'Est, jusqu'à une zone occidentale, bande de 30 km de large, regroupant quatre villages Douma, Dionouga, Kounia et Oukoulourou. On peut diviser la zone en deux espaces importants : les 4 villages à l’ouest et à l’Est la bande d’Agacher, région traversée par le Béli qui forme sur 150 km un chapelet de mares. Toute la zone est désertique, et mis à part les quatre villages, est peu peuplée et occupée uniquement par des nomades Touaregs. Pour ces nomades, c'est une région essentielle, le Béli étant le seul point d’eau utilisable entre le fleuve Niger et la Haute-Volta. Il est très important pour leur ravitaillement en eau et le pâturage. De plus, l’eau du Béli est un poumon de vie des communautés3, apportant l’eau domestique, formant un lieu d’hygiène et permettant l’utilisation de l’argile pour les poteries et les constructions.
- 22 décembre 1986 : Arrêt de la Cour internationale de justice de La Haye ordonnant la partition de la bande d'Agacher avec le Mali. La Cour, se basant sur la reconnaissance par les deux parties de la frontière établie avant l'indépendance par l'administration française, partagea les 3 000 kilomètres carrés de façon presque égale entre les deux États selon cette frontière. Elle accorde la zone occidentale au Mali, la zone orientale au Burkina. Il est intéressant de souligner que l’eau du Béli est équitablement répartie dans une région désertique ce qui oblige les deux parties à coopérer. Le jugement est accepté définitif et obligatoire. Le président malien qualifia le jugement de « très satisfaisant » et de victoire pour les « peuples frères » du Burkina Faso et du Mali. Thomas Sankara déclare le 26 décembre 1986 « L’imprécision de la frontière ne sera plus jamais source d’affrontement »

L`époque de Blaise Compaoré (1987-2014)
- 15 octobre 1987 : Coup d'Etat de Blaise Compaoré et assassinat de Thomas Sankara. Création d'un nouveau parti politique par Blaise Compaoré, le Front populaire.
- 19 septembre 1989 : Tentative de coup d'Etat du commandant Jean-Baptiste Boukari Lingani et du capitaine Henri Zongo. Les deux hommes sont éxécutés sans procès le lendemain.
- 29-30 janvier 1990 : Visite du pape Jean-Paul II.
- 2 juin 1991 : Adoption par référendum d'une nouvelle Constitution qui instaure le multipartisme.
- 1er décembre 1991 : Victoire de Blaise Compaoré à l'élection présidentielle.
- 1992 : Privatisation d'une grande partie des entreprises d'Etat.
- 21 janvier 1993 : Violentes manifestations étudiantes suivies d'arrestations et de tortures.
- 12 janvier 1994 : Dévaluation du franc CFA.
- 1996 : Epidémie de méningite (4000 morts).
- 27 janvier 1997 : Révision de la Constitution.
- 15 novembre 1998 : Réélection de Blaise Compaoré.
- 13 décembre 1998 : Assassinat du journaliste Norbert Zongo, directeur de L'Indépendant.
- Août 1999 : Fermeture de la mine d'or de Poura suite à la liquidation judiciaire de la Soremib.
- 2000: Un amendement de la Constitution de la quatrième République du Burkina Faso a limité le nombre de mandats présidentiels à deux quinquennats. Cependant, cet amendement n'étant pas rétroactif, Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a pu se représenter aux élections présidentielles de 2005 et de 20107, et être réélu.
- 2001 : Epidémie de méningite (1800 morts).
- 2002 : Epidémie de méningite (1400 morts).
- Octobre 2003 : Tentative de coup d'Etat.
- 17 avril 2004 : Condamnation à dix ans de prison pour le capitaine Luther Ouali, cerveau de la tentative de coup d'Etat d'octobre 2003.
- 13 novembre 2005 : Victoire de Blaise Compaoré à l'élection présidentielle (3ème mandat).
- Janvier-avril 2006 : Epidémie de méningite (plus de 600 morts).
- 19 juillet 2006 : Non-lieu pour l'adjudant Marcel Kafando au procès de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo.
- 21 décembre 2006 : Report du sommet des chefs d'Etat de la CEDEAO suite à des affrontements armés entre l'armée et la police à Ouagadougou (5 morts).
- Février-mars 2008 : Emeutes de la faim et contre la vie chère dans plusieurs villes du pays.
- 16 avril 2009 : Adoption d'une loi obligeant les partis politiques à placer un quota de 30 % de femmes pour les candidatures aux élections législatives ou municipales.
- 12-13 mai 2009 : Grèves des fonctionnaires contre la vie chère.
- 1er septembre 2009 : Inondation de la cinémathèque de Ouagadougou, endommageant un tiers des 1500 films conservés.
- 1er janvier 2010 : Gratuité du traitement antirétroviral.
- 21 novembre 2010 : Victoire de Blaise Compaoré à l'élection présidentielle (4ème mandat).
- 14 avril 2011 : Mutinerie au sein de la garde présidentielle, à Ouagadougou.
- 15 avril-3 juin 2011 : Vague de contestations et de mutineries parmi les étudiants, les commerçants, les militaires et les policiers.
- 2012 : C'est l'un des 10 pays les moins développés du monde (avec un indice de développement humain de 0,343.

- 28 octobre 2014, :un million de manifestants (selon les organisateurs) ont défilé dans les rues de la capitale Ouagadougou à l'appel de l'opposition, pour protester contre l'amendement de l'article 37 de la constitution burkinabè limitant le nombre de mandats
- 31 octobre 2014: après 27 ans au pouvoir, à la suite du soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014 Compaoré a démissionné. L'insurrection populaire 'est produite en réponse à la soumission d'une révision constitutionnelle visant à autoriser le chef de l'État Blaise Compaoré à se représenter pour un cinquième mandat.

- 1er novembre 2014 : l`armée a désigné le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida chef de l'État burkinabè avant d'être nommé, le 21 du même mois, Premier ministre par le président de la transition, Michel Kafando.
- 2014-2015: Michel Kafando président de transition
- 17 septembre 2015 : Zida a fait face à un coup d`Ètat et a échoué.

La présidence de Roch Marc Christian Kaboré (2015-2022)
- 2015 : à l'élection présidentielle il est élu dès le premier tour pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, avec 53,49 % des voix.
- 7 mars - 12 avril 2019: L'opération Otapuanu («pluie de feu» ou «foudre» en gulmacéma), opération «antiterroriste» dans l'Est du Burkina Faso - sept soldats ont été tués et une centaine de djihadistes ont été arrêtés.
- 2020: il est réélu pour un second mandat dès le premier tour avec 57,87 % des voix
- 4 novembre 2021: les djihadistes d'Ansarul Islam a attaqué la garnison d'Inata, dans la province du Soum au nord du pays, et tuent 53 militaires et 4 civils. Cette cuisante défaite pour les forces armées du Burkina Faso entraîne des manifestations contre le gouvernement et le président Kaboré car les militaires n'étaient plus approvisionnés en nourriture depuis deux semaines. Plus généralement, les manifestants dénoncent l'incapacité du gouvernement et de l'armée à lutter efficacement contre les djihadistes et à assurer la sécurité de la population
- 23-24 janvier 2022: à la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, Kaboré Paul-Henri Sandaogo Damiba a mené un coup d'État qui a commencé par une mutinerie de soldats, est une prise de pouvoir par des militaires qui ont renversé le président.

La présidence d`Ibrahim Traoré (2022- )
- 30 septembre 2022 ; Ibrahim Traoré a renversé Damiba par un coup d'État et a pris la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration. Âgé de 34 ans, Il est le plus jeune chef d'État au monde. Traoré a participé à plusieurs opérations militaires dans la lutte contre le terrorisme, notamment l'opération Otapuanu ("pluie de feu» ou «foudre) en 2019. Il a aussi servi au sein du détachement militaire de Markoye au Sahel.


PERSONNAGES CLES

Roch Marc Christian Kaboré (1957-)
Roch Marc Christian Kaboré, né le 25 avril 1957 à Ouagadougou, est un homme d'État burkinabé, président de la République du 29 décembre 2015 au 24 janvier 2022.
Économiste de formation, il est Premier ministre du Burkina Faso de 1994 à 1996, période pendant laquelle il a géré la dévaluation historique du franc CFA, après avoir exercé plusieurs fonctions ministérielles. En 2002, il devient président de l’Assemblée nationale, poste qu'il occupe pendant dix ans.
Candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) à l'élection présidentielle de 2015, il est élu dès le premier tour pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, avec 53,49 % des voix. En 2020, il est réélu pour un second mandat dès le premier tour avec 57,87 % des voix. Lors du coup d'État de janvier 2022, il est arrêté par une garnison de militaires, puis renonce au pouvoir dans la foulée sous la pression de l'armée.

Blaise Compaoré (1951-)
ethnie : parti : ODP/MT religion :

Blaise Compaoré, né le 3 février 1951 à Ziniaré, ville au nord de Ouagadougou a été à la tête du Burkina Faso entre 1987-2014. Il est le fondateur de l'Organisation pour la Démocratie populaire/Mouvement du travail (ODP/MT) qui fusionne avec douze autres partis politiques pour donner le 5 février 1996 le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), actuel parti au pouvoir. Il a été impliqué dans le meurtre de Thomas Sankara, son prédécesseur, survenu lors du coup d'État de 1987. Il a été élu président de la République en 1991 suite à scrutin contesté et boycotté par l'opposition ; il a été réélu en 1998, en 2005 et en 2010.

Blaise Compaoré, a pris le pouvoir le « Jeudi noir » 15 octobre 1987, lors d'un coup d'État sanglant au cours duquel Sankara, son prédécesseur à la tête de l'État, a été tué. Compaoré a décrit le meurtre de Sankara comme un « accident »[réf. nécessaire] ; cependant, cette affirmation est largement contestée. Au moment de prendre la présidence, il a déclaré que Sankara avait « trahi l'esprit de la révolution »[réf. nécessaire]. Il engage alors une politique de « rectification de la Révolution », en réalité un retour à la normale des relations avec la Côte d'Ivoire et implicitement de la France, qui s'étaient précédemment envenimées. En septembre 2008, le sénateur et ex-seigneur de guerre libérien, Prince Johnson affirmera que ses hommes avaient participé à l'assassinat de Thomas Sankara et cela sous l'instigation de Blaise Compaoré. Juste après son accession au pouvoir, il a éliminé deux chefs révolutionnaires Henri Zongo et Jean-Baptiste Boukary Lingani, accusés de comploter à l'encontre du régime. La responsabilité de Blaise Compaoré dans l'assassinat de Sankara a fait l'objet d'une plainte contre le Burkina Faso déposée par Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara. En avril 2006, le Comité des droits de l'homme des Nations Unies a condamné le Burkina Faso pour refus d'enquêter sur les circonstances de la mort de Thomas Sankara (et d'en poursuivre les responsables)3

Blaise Compaoré a été élu président de la République en 1991. Les principaux partis de l'opposition avaient boycotté cette élection pour protester contre sa prise de pouvoir illégale. Lors de cette élection, le taux de participation a été de 25 %, traduisant la très forte instabilité politique et la protestation dans la population. En 1998, il a été réélu une première fois. Quelques jours après sa réélection, le célèbre journaliste Norbert Zongo est assassiné par des éléments de sa garde rapprochée sous l'instigation de son frère François Compaoré.

En août 2005, Blaise Compaoré a annoncé son intention de participer à la prochaine élection présidentielle. Les hommes politiques de l'opposition ont déclaré son souhait de se représenter en 2005 comme anticonstitutionnel à cause d'un amendement constitutionnel passé en 2000, limitant un président à deux mandats et réduisant la longueur d'un mandat de sept à cinq années, empêchant ainsi Compaoré d'entreprendre un troisième mandat. Les partisans de Compaoré ont contesté ceci, arguant que l'amendement ne pouvait pas être appliqué rétroactivement4. Malgré les objections de l'opposition, en octobre 2005, le conseil constitutionnel a jugé que Compaoré étant un président en exercice en 2000, l'amendement ne pouvait pas prendre effet avant la fin de son second mandat, l'autorisant ainsi à présenter sa candidature à l'élection de 2005. Le 13 novembre 2005, Compaoré a été réélu comme président face à 12 autres candidats en étant crédité de 80,35 % des votes. Bien que 16 partis de l'opposition aient annoncé une coalition pour empêcher Compaoré de garder le pouvoir, personne n'a finalement voulu abandonner son poste à un autre chef de la coalition et l'alliance a échoué. Compaoré a prêté serment pour un autre mandat présidentiel le 20 décembre 20055.

Le 25 novembre 2010, Blaise Compaoré est réélu dès le premier tour de scrutin à la tête du Burkina Faso, avec 80,15 % des suffrages exprimés, pour un dernier mandat6.

En 1993, le président Compaoré était à la tête de la délégation du Burkina Faso qui a participé à la première Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique7.
À l’issue de la 6e conférence des chefs d’États de l’Autorité de Liptako-Gourma réunie à Gao (Mali) les 25 et 26 avril 2005, Blaise Compaoré, a été reconduit comme président de cette organisation internationale.
Lors du sommet des chefs d'États à Ouagadougou les 1er et 2 juin 2005, Blaise Compaoré a succédé au président malien Amadou Toumani Touré comme président en exercice de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-Sad).
Compaoré a joué un rôle de médiateur dans des problèmes régionaux. Le 26 juillet 2006, il a été désigné comme le médiateur du Dialogue intertogolais, qui s'est tenu à Ouagadougou en août 20068 et qui a abouti sur un accord entre le gouvernement et les partis de l'opposition9. Il est aussi intervenu comme médiateur dans la crise ivoirienne qui a opposé le président ivoirien Laurent Gbagbo et le chef des Forces nouvelles Guillaume Soro. Un accord de paix signé par les deux partis a été signé à Ouagadougou, le 4 mars 2007.
En tant qu'intervenant dans des médiations, la crédibilité de Blaise Compaoré est notamment contestée par Louise Arbour, présidente de l'ONG International Crisis Group (ICG), qui a déclaré à The International Herald Tribune : « M. Compaoré, qui a été militaire, meneur d'un coup d'État et parrain politique de Charles Taylor (ex-chef rebelle et ancien président du Liberia, actuellement jugé pour crimes contre l'humanité, ndlr), n'est pas l'homme le plus fiable pour prêcher la démocratie et (favoriser) le pouvoir civil »11.

Le président Compaoré et sa garde présidentielle ont été impliqués dans la mort du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998 et continuent d'intimider les médias au Burkina Faso, d'après l'organisation internationale Reporters sans frontières12,13. Les allégations de meurtre de Norbert Zongo ont été une des seules fois où le pouvoir de Compaoré a été vraiment contesté et inquiété. Depuis, l'opposition et le milieu estudiantin rappellent chaque année dans un évènement d'une grande ampleur, l'impunité des responsables.
En février et mars 2011, c’est la mort de Justin Zongo qu'on accuse d'avoir été agressé par des policiers a Koudougou, qui provoque de nombreux mouvements de révolte au Burkina.

Thomas Sankara (1949-)

Thomas Sankara est un homme politique anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste burkinabè. Il est né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta et mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina Faso.
Il incarne et dirige la révolution burkinabè du 4 août 1983 jusqu'à son assassinat lors d'un coup d'État qui amène au pouvoir Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987. Il fait notamment changer le nom de la Haute-Volta, nom issu de la colonisation, en un nom issu de la tradition africaine : Burkina Faso, qui est un mélange de moré et de dioula et signifie pays des hommes intègres. Il conduit une politique d'affranchissement du peuple burkinabè. Son gouvernement entreprend des réformes majeures pour combattre la corruption et améliorer l'éducation, l'agriculture et le statut des femmes.

Thomas Isidore Noël Sankara était un « Peul-Mossi » issu d'une famille catholique. Son père était un ancien combattant et prisonnier de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Il a fait ses études secondaires d'abord au lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, puis à partir de la seconde et jusqu'au bac à Ouagadougou, au PMK, le Prytanée militaire du Kadiogo. Il a suivi tout comme son ami Blaise Compaoré une formation d'officier à l'École militaire inter-armée (EMIA) de Yaoundé au Cameroun, puis à l'Académie militaire d'Antsirabe, à Madagascar, et devint en 1976 commandant du CNEC, le Centre national d'entraînement commando, situé à Pô, dans la province du Nahouri, à 150 km au sud de la capitale. La même année, ils prennent part à un stage d'aguerrissement au Maroc. Ensemble, ils fondent le Regroupement des officiers communistes (ROC) dont les autres membres les plus connus sont Henri Zongo, Boukary Kabore et Jean-Baptiste Lingani.
En septembre 1981, il devient secrétaire d'État à l'information dans le gouvernement du colonel Saye Zerbo. Il démissionne le 21 avril 1982, déclarant « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ! »
Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d'État portait au pouvoir le médecin militaire Jean-Baptiste Ouédraogo. Sankara devint Premier ministre en janvier 1983, mais fut limogé et mis aux arrêts le 17 mai, après une visite de Guy Penne, conseiller de François Mitterrand1,2,3. Le lien entre la visite de Guy Penne et l'arrestation de Sankara reste sujet à controverse, même si les soupçons d'une intervention française restent forts.
Un nouveau coup d'État, le 4 août 1983, place Thomas Sankara à la présidence du Conseil national révolutionnaire. Il définit son programme comme anti-impérialiste, en particulier dans son « Discours d'orientation politique », écrit par Valère Somé. Son gouvernement retira aux chefs traditionnels les pouvoirs féodaux qu'ils continuaient d'exercer. Il créa les CDR (Comités de défense de la révolution), qui eurent toutefois tendance à se comporter en milice révolutionnaire faisant parfois régner une terreur peu conforme aux objectifs de lutte contre la corruption5.
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara fut assassiné lors d'un coup d'État organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré. Plusieurs jours plus tard, il fut déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. L'absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabè a été condamnée en 2006 par le Comité des droits de l’homme des Nations unies (voir Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme)6. Par ailleurs, le gouvernement français de l'époque (cohabitation entre Jacques Chirac qui gouverne et François Mitterrand qui préside) est soupçonné d'avoir joué un rôle dans cet assassinat, ainsi que plusieurs autres gouvernements africains gouvernés par des amis de la France7,4. Son frère d'armes, Blaise Compaoré, actuel président du Burkina Faso, est soupçonné d'être le principal responsable de son assassinat avec d'autres acteurs politiques. Kadhafi pourrait aussi être impliqué et avoir utilisé ce meurtre pour redevenir un ami de la France. C'est notamment la famille Sankara, réfugiée en France, qui soutient ces hypothèses. Cette hypothèse est aussi soutenue par la plupart des historiens africains8,4. En novembre 1986, il avait attaqué la France de la cohabitation devant les caméras en présence de François Mitterrand pour avoir accueilli Pieter Botha, le premier ministre d'Afrique du Sud, et Jonas Savimbi chef de l'UNITA, l'un et l'autre « couverts de sang des pieds jusqu'à la tête »9. De ce fait, aux yeux de Thomas Sankara, ces gouvernants « en portent aujourd'hui et toujours la responsabilité »10. Si la décision de condamner l'absence d'enquête constitue une première mondiale dans la lutte contre l'impunité, elle est insuffisante, puisqu'elle n'a conduit à aucune condamnation.
Thomas Sankara (et certains de ses camarades tués lors du coup d'État) furent enterrés sans tombeaux au Cimetière de Dagnoën à Ouagadougou à 12° 21′ 55.58″ N 1° 29′ 1.05″ O. Plus tard, des tombeaux simples de ciment y étaient construits. Thomas Sankara a été proclamé modèle par la jeunesse africaine au forum social africain de Bamako 2006 et au forum social mondial de Nairobi en 2007.
Depuis le 28 décembre 2005, une avenue de Ouagadougou porte son nom, dans le cadre plus général d'un processus de réhabilitation décrété en 2000 mais bloqué depuis lors11. Diverses initiatives visent à rassembler les sankaristes et leurs sympathisants, notamment par le biais d'un comité national d'organisation du vingtième anniversaire de son décès, de célébrer sa mémoire, notamment par des manifestations culturelles, tant au Burkina Faso qu'en divers pays d'implantation de l'émigration burkinabée. En 2007, pour la première fois depuis 19 ans, la veuve de Thomas Sankara, Mariam Serme Sankara, a pu aller se recueillir sur sa tombe présumée lors des 20e commémorations à Ouagadougou4.

Thomas Sankara était en premier lieu un des chefs du Mouvement des non-alignés, les pays qui durant la Guerre froide ont refusé de prendre parti pour l'un ou l'autre des deux blocs. Il a beaucoup côtoyé des militants d'extrême gauche dans les années 1970 et s'est lié d'amitié avec certains d'entre eux. Il a mis en place un groupe d'officiers clandestins d'influence marxiste : le Regroupement des officiers communistes (ROC).
Dans ses discours, il dénonce le colonialisme et le néo-colonialisme, notamment de la France, en Afrique (notamment les régimes clients de Côte d'Ivoire et du Mali, lequel lance plusieurs fois des actions militaires contre le Burkina Faso, soutenues par la France).
En octobre 1986, peu avant le sommet Gorbatchev-Reagan à Rekjavik, il se rendit une semaine en URSS. Devant l'ONU12, il défend le droit des peuples à pouvoir manger à leur faim, boire à leur soif, être éduqués. Pendant ces quatre années le Burkina-Faso fut ainsi, selon les critères géopolitiques nés au milieu des années 1970, la dernière révolution de l'« Afrique progressiste », opposée à l'« Afrique modérée ».
Souhaitant redonner le pouvoir au peuple, dans une logique de démocratie participative, il créa les CDR (Comités de défense de la révolution) auxquels tout le monde pouvait participer, et qui assuraient la gestion des questions locales et organisaient les grandes actions. Les CDR étaient coordonnés dans le CNR (Conseil national de la révolution). Cette politique aurait réduit la malnutrition, la soif (avec la construction massive par les CDR de puits et retenues d'eau), la diffusion des maladies (grâce aux politiques de « vaccinations commandos », notamment des enfants, burkinabés ou non) et l'analphabétisme (l'analphabétisme serait passé pour les hommes de 95 % à 80 %, et pour les femmes de 99 % à 98 %, grâce aux « opérations alpha »).
Sankara a également tenté de rompre avec la société traditionnelle inégalitaire burkinabé, en affaiblissant le pouvoir des chefs de tribus, et en cherchant à intégrer les femmes dans la société à l'égal des hommes.
Il a aussi institué la coutume de planter un arbre à chaque grande occasion pour lutter contre la désertification.
Il est le seul président d'Afrique à avoir vendu les luxueuses voitures de fonctions de l'État pour les remplacer par de basiques Renault 5. Il faisait tous ses voyages en classe touriste et ses collaborateurs étaient tenus de faire de même. Il est célèbre aussi pour son habitude de toujours visiter Harlem (et d'y faire un discours) avant d'arriver à l'ONU.
Il est considéré par certains comme le Che Guevara africain.


CLIVAGES, CONFLITS INTERNES

Sources :
http://www.jeuneafrique.com/Chronologie-pays_55_Burkina%20Faso
http://www.yennenga.com/fr/les-royaume-mossi/
http://www.histoiredelafrique.fr/le_royaume_de_kong.html

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dernière mise à jour : 28/11/2013