Après l'enquête de Juan Branco « Aux sources du scandale UraMin » (novembre), M. Christophe Neugnot, directeur de la communication de l'entreprise publique, souhaite préciser les conditions de suspension de l'exploration sur le site de Bakouma.
Fin 2011, Areva a notifié aux autorités centrafricaines la suspension des activités d'exploration sur le site de Bakouma, compte tenu de la forte chute des cours de l'uranium (— 40 % depuis l'accident de Fukushima en mars 2011). Ces travaux d'exploration visaient à mieux caractériser le gisement et aucune mine n'a jamais été en activité. En juin 2012, le camp de Bakouma a été attaqué et pillé par des bandes armées, en présence de certains employés. Areva a alors évacué tout son personnel, ne laissant sur place qu'une équipe réduite de maintenance ainsi qu'un gardiennage continu, assuré par une société privée.
Cette attaque a clairement démontré que la sécurité n'était plus assurée sur la zone de Bakouma où intervenait le personnel d'Areva, que ce soit sur le camp, dans le village ou sur les secteurs d'exploration. En conséquence, Areva a notifié en avril 2013 aux autorités centrafricaines une situation de « force majeure », en application des termes de la convention minière, compte tenu du fait que la sécurité de ses employés n'était plus assurée. Areva n'avait plus de possibilités de se rendre sur le site, plus aucun cadre d'Areva n'y ayant eu accès depuis décembre 2012.
En ce qui concerne le réaménagement du site, dans la période de responsabilité d'Areva et ce jusqu'à notification du cas de « force majeure », Areva s'est acquittée de toutes ses obligations en la matière, nonobstant la situation de guerre qui régnait alors localement.
À fin 2012, 95 % des travaux de réaménagement avaient été réalisés. L'objectif de ces travaux était une mise en sécurité et une remise en état des terrains dans une configuration aussi proche que raisonnablement possible de leur état initial avant le lancement des travaux d'exploration. En mars 2013, Areva a soumis à l'Agence nationale de radioprotection (ANR), l'équivalent local de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en France, les résultats des travaux de réaménagement menés à fin 2012, ainsi que des rapports de suivi radiologique du site et des travailleurs, et convenu avec elle du restant des travaux à réaliser. La fin des travaux a fait l'objet, en juillet 2013, d'un rapport déposé par Areva au ministère des mines en août 2013 aux fins de délivrance d'un quitus.
Les contrôles radiologiques réalisés en fin de travaux ont montré des valeurs du même niveau que la radioactivité naturelle de cette zone. Nous tenons à signaler qu'une partie de ces terrains recèlent une radioactivité naturelle significative en raison de la présence d'indice d'uranium naturel en surface. (...)
Nous ne pouvons que regretter que le site de Bakouma ait été pillé. En ce qui concerne la sécurité et la santé des travailleurs, il est important de souligner que nos activités étaient des activités d'exploration. Tous les employés du site avaient des tenues de travail adaptées et bénéficiaient d'une sensibilisation régulière aux enjeux de sécurité au travail et de radioprotection. Areva avait mis en place un suivi radiologique des salariés et, conformément à la réglementation, le médecin disposait des résultats de ce suivi. Les doses moyennes reçues par les salariés entre 2009 et 2011 étaient comprises entre 0,18 et 0,85 mSv par an avec une dose maximale de 2,28 mSv. Ces doses sont largement inférieures à la limite réglementaire centrafricaine et internationale de 20 mSv par an.
Tous les résultats ont été transmis à l'ANR. Dans un rapport de mars 2013, l'ANR centrafricaine « confirme que les doses reçues par le personnel sont faibles et largement au-dessous des seuils réglementaires ». Entre 2008 et 2012, Areva a noué de nombreux partenariats avec la République centrafricaine, et a déployé une politique sociétale ambitieuse pour un montant de plus de 600 000 euros investis en faveur de l'accès aux soins, de l'éducation et du développement local. (...)
De plus, la Fondation Areva a apporté son soutien dans un projet de lutte contre le paludisme, mené dans l'agglomération de Bangui, à Bambari et Soda à partir de 2015 par l'association française Guira et en partenariat avec le gouvernement centrafricain qui a notamment assuré la sécurisation des opérations. Ce projet comprend une campagne de sensibilisation, la mise à disposition d'antiseptiques, antihistaminiques, antispasmodiques et petit matériel médical, et de 4 000 moustiquaires imprégnées.
Évoquant une initiative américaine destinée à superviser les essais cliniques (dont dépend la mise sur le marché des médicaments), l'hebdomadaire britannique The Economist rappelle que dans ce domaine le vernis scientifique dissimule parfois les acrobaties statistiques les plus douteuses.
La moitié des essais cliniques n'ont pas réellement obtenu les résultats publiés. (...) Proportionnellement, les pires fraudeurs sont les gouvernements et les universités. En termes absolus, les coupables du plus grand nombre d'écarts sont deux géants du secteur pharmaceutique : Sanofi et Novartis, suivis du National Cancer Institute, une structure fédérale américaine.« Tested, and found wanting », 5 novembre.
MenaceUn mois après un discours remarqué dans lequel elle promettait de faire du Parti conservateur « le parti des travailleurs », la première ministre britannique Theresa May a annoncé vouloir offrir aux entreprises le taux d'imposition sur les sociétés le plus faible du G20, suscitant l'alarme en Irlande.
Prenant la parole devant la CBI, l'une des principales organisations patronales britanniques, [Mme Theresa May] a affirmé que son objectif « n'était pas seulement d'afficher le taux d'imposition des sociétés le plus bas des pays du G20, mais également de proposer un système fiscal qui récompense l'innovation ». Les experts estiment qu'elle pourrait réduire l'impôt sur les sociétés à moins de 15 % [il était passé de 20 à 17 % début 2016], dans l'optique de protéger l'économie de son pays des soubresauts liés à une sortie de l'Union européenne. Réduire l'impôt sur les sociétés pourrait attirer des entreprises et remettre en cause le statut de l'Irlande comme destination favorite des grandes transnationales.Joe Brennan, « Theresa May's retreat from Brexit ‘cliff edge' may cushion Ireland », Irish Times, 21 novembre.
Marche arrièreLe 14 novembre, Bogotá et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont rendu public un nouvel accord de paix après le rejet du premier lors du référendum du 2 octobre. Pour l'hebdomadaire communiste Voz, le document marque un recul considérable.
Le président [Juan Manuel] Santos et le chef de la délégation officielle à La Havane, Humberto de la Calle, ont déclaré que le nouvel accord était « meilleur que le précédent », mais les secteurs démocratiques avancent une autre analyse. Il s'agit en fait d'un pas en arrière, nécessaire pour sauver le processus de paix mis à mal par le résultat négatif du 2 octobre. (...) Désormais, l'accord ne bénéficie d'aucune garantie constitutionnelle, de sorte qu'il sera exposé aux contre-réformes que pourraient mettre en œuvre les prochains gouvernements. (...) Le nouveau texte mentionne par ailleurs le concept de « soutenabilité budgétaire » pour le financement de l'accord, mettant son application en danger si un jour le pouvoir exécutif alléguait un manque de ressources, réel ou non.Carlos A. Lozano Guillén, « El “nuevo acuerdo” : El turno es para la implementación », 18 novembre.
Film d'horreurInflexibles défenseurs de la propriété privée contre les réquisitions d'appartements en Union soviétique, les pères fondateurs de l'Union européenne auraient-ils frémi à la lecture de cet article du New York Times ?
Comptable à la retraite, M. Michalis Hanis a fidèlement remboursé le crédit immobilier de sa petite maison de la banlieue d'Athènes, où il vit depuis vingt-trois ans. Du moins jusqu'à l'éclatement de la crise grecque, il y a quelques années. Conformément aux mesures d'austérité exigées par les créanciers, le gouvernement a amputé sa retraite de 35 %. Et, comme celle du pays, sa dette gonfle. Il a désormais rejoint les rangs des dizaines de milliers de Grecs qui luttent pour sauver leur logement au moment où déferle une nouvelle vague d'expulsions et de manifestations. « C'est comme dans un film d'horreur, témoigne M. Hanis, 63 ans, qui tient grâce aux antidépresseurs et aux somnifères. La pression ne baisse jamais. Je veux juste protéger ma maison. » Les créanciers du pays [au premier rang desquels la Banque centrale et la Commission européenne] ont mis en demeure le gouvernement d'autoriser la vente aux enchères des biens appartenant aux débiteurs qui ne paient pas, et ce afin de collecter des milliards d'euros qui pourraient servir à renflouer les banques grecques chancelantes.Niki Kitsantonis, « Greek Homeowners Scramble as Repossession Looms : ‘It's Like a Horror Movie' », 29 octobre.
En 2015, le chiffre d'affaires du Monde diplomatique (11 499 000 euros) a progressé de 7,3 % par rapport à l'année antérieure (10 714 000 euros), une évolution d'autant plus satisfaisante que nous n'avons pas publié de hors-série comme cela avait été le cas en 2014.
L'amélioration de notre résultat financier tient largement à la forte croissance des recettes provenant de nos abonnements (+ 15,7 %), dont le nombre est en augmentation continue (83 127 en décembre 2015, contre 73 590 en décembre 2014). Cette progression ne s'est pas interrompue, puisque Le Monde diplomatique compte aujourd'hui plus de 88 000 abonnés. L'avantage financier est appréciable. D'abord parce qu'il ne s'agit pas, comme dans le cas de la plupart des magazines, d'abonnements à prix sacrifiés destinés à leurrer les annonceurs sur la popularité réelle du journal auquel ils achètent des espaces publicitaires. D'autre part parce qu'une proportion croissante de nos abonnés a choisi la voie du prélèvement automatique, ce qui nous permet d'économiser les frais des lettres de rappel.
Alors que les ventes au numéro de la quasi-totalité des organes de presse reculent de façon marquée depuis des années, Le Monde diplomatique s'est inscrit en rupture avec la tendance dominante. Nos ventes moyennes au numéro (France et international) sont passées de 61 702 exemplaires en 2014 à 73 591 exemplaires en 2015. Elles se sont stabilisées depuis.
En 2015, le nombre d'abonnés à nos archives électroniques a fortement progressé, passant de 13 620 à la fin de l'année 2014 à 21 489 un an plus tard. L'élan se poursuit puisque, fin octobre 2016, nous comptons 27 337 souscripteurs.
Les recettes diverses comprennent pour l'essentiel les droits de reproduction de nos éditions internationales, en recul (267 000 euros en 2015, contre 312 000 euros en 2014), et le produit de notre campagne de dons (276 000 euros). Grâce là aussi à la mobilisation de nos lecteurs, les aides à la presse profitent enfin au Monde diplomatique : 314 000 euros, accordés essentiellement parce que nous relevons des publications à faibles ressources publicitaires. « Faibles », ces dernières le sont en effet : elles ont rapporté 87 000 euros au journal en 2015, soit environ trois fois moins que les dons des lecteurs.
Concernant les postes de dépenses, la rédaction (salaires, piges, iconographie) représente 23,6 % du total, contre 22,4 % en 2014.
Les dépenses de distribution ont progressé avec la diffusion, mais aussi à cause d'une augmentation des tarifs postaux très supérieure à l'inflation.
Les dépenses de commercialisation ont, elles, été réduites de 15 % grâce à la rationalisation des outils, à la diminution des opérations de recrutement d'abonnements par voie postale et à la réduction du coût des relances de réabonnement.
Au total, en 2015, en raison principalement de l'augmentation de nos ventes et du soutien de nos lecteurs, notre résultat financier s'est considérablement amélioré. Cela consolide notre indépendance et nous permet à la fois de ne pas augmenter notre prix unitaire et de financer sans appel extérieur nos projets de développement (lire « Bien plus qu'un journal électronique »).
Toutefois, nous demeurons prudents : nous avons connu par le passé des résultats tout aussi spectaculaires, mais inverses. Même si rien n'indique qu'un tel retournement de tendance se dessine à nos dépens, les années électorales en France sont très peu favorables au développement de notre diffusion. Il nous reviendra donc là encore de surprendre…
Pour Le Monde diplomatique, le progrès ne constitue pas une course derrière tous les possibles, mais la recherche parmi ces possibles du souhaitable et de l'utile. Permis par le soutien croissant de nos lecteurs, nos derniers développements s'inscrivent dans une histoire longue avec Internet. Au lieu de céder à la mode du commentaire éphémère ou du bourdonnement insignifiant, nous explorons les ressources de ce support au service d'une information plus complète, avec le souci de la mise en perspective. Dès 1995, nos articles furent disponibles sur la Toile — une première dans la presse française (1). Aujourd'hui, nos abonnés reçoivent non seulement leur mensuel imprimé, mais aussi bien davantage qu'un journal électronique.
Écoutez votre journalDeux comédiens, Isabelle Rougerie et Arnaud Romain, nous prêtent désormais leurs voix. Chaque mois, ils font vivre une dizaine d'articles, soit près de trois heures d'enregistrement sonore. Nos reportages, enquêtes ou analyses lus sont disponibles le même jour que nos éditions électronique et imprimée, en général le dernier mercredi du mois, au plus tard le premier jour du mois de parution.
Issue du cours Florent et du Conservatoire national d'art dramatique, Isabelle Rougerie travaille pour le théâtre et la télévision. Également metteur en scène et chanteur, Arnaud Romain exerce davantage sa profession à la radio et au cinéma. Plus d'une centaine de leurs lectures sont déjà accessibles sur notre page « Journal audio ».
Les textes disposant d'une version sonore sont signalés par un symbole de haut-parleur situé sous le titre de l'article et à droite de la signature. Ils peuvent être écoutés en ligne ou en baladodiffusion (podcast). Pour les lire sur un baladeur, il suffit de télécharger chaque fichier au format MP3 ou de s'abonner à un téléchargement via un logiciel destiné à cet usage. Ce service est offert avec l'abonnement, sans supplément. Les lectures seront disponibles vingt-quatre mois, comme les textes.
Atlas, inédits et œuvres en ligneNos archives numériques, qui intégreront ces enregistrements, ont été enrichies depuis 2015 de la totalité des textes inédits parus dans les 150 numéros de Manière de voir, ainsi que des atlas et hors-séries publiés depuis plus d'une décennie. Plus de 2 200 textes, près de 400 cartes et graphiques viennent compléter le recueil des articles du mensuel, qui remonte à 1954. Ce corpus représente un volume de 42 700 articles et 830 cartes.
Depuis un an, également, les œuvres d'art et les photographies présentées dans l'édition imprimée apparaissent sur notre site, dont le style a été entièrement repensé. Le choix de l'épure qui le caractérise permet aux images d'ouvrir d'autres horizons en surgissant dans la pleine largeur de la page au cours du défilement, tout comme le texte rassemblé sur une seule colonne pour faciliter la lecture. Cette refonte graphique a été développée en interne grâce à des logiciels libres.
Une nouvelle édition en anglaisNotre réseau à l'étranger nous permet aujourd'hui d'être accessible en 20 langues et 37 éditions (dont 32 sur papier). Une nouvelle version du site destiné aux anglophones a été conçue dans le même esprit que son homologue en français. L'édition anglaise imprimée dispose également d'une nouvelle maquette permettant de mieux intégrer l'iconographie particulière de notre journal. Tandis que nos autres éditions étrangères ont chacune leur autonomie juridique, Le Monde diplomatique English Edition relève de l'édition française. Il nous permet d'élargir l'audience de nos idées dans le monde anglo-saxon. Nous incitons nos lecteurs francophones à le faire connaître à leurs amis anglophones en les y abonnant.
Les dons des lecteurs rendent également possible la constitution d'une base de données multilingue destinée aux universités, aux institutions et aux bibliothèques publiques. Après le français et l'anglais, plusieurs autres langues (espagnol, allemand puis portugais) devraient être accessibles en 2017 pour les abonnements collectifs et les étudiants du monde entier.
TypoDiplo, une référence typographiquePiégés par le mimétisme, la course à l'audience et à la rentabilité à court terme, nombre de titres de presse ont sacrifié le temps de la relecture, de la vérification et du recoupement de leurs informations. Nous avons fait le pari inverse. Chaque article que nous publions, lu par l'ensemble de l'équipe, est révisé au minimum par cinq personnes, dont deux correcteurs ou correctrices. Au fil des ans, le travail minutieux de ces derniers a conduit à compiler de très nombreux usages de la langue française, des règles de syntaxe à la transcription d'alphabets lointains. Rendre accessibles à tous les fruits de cette collecte grâce à un outil facile d'utilisation relève de l'intérêt général.
TypoDiplo regroupe les usages suivis au Monde diplomatique en matière de terminologie française, d'orthotypographie, d'écriture des noms étrangers… Il rassemble également des données originales sur tous les pays du monde.
Pour organiser ces éléments très disparates, nous avons imaginé une architecture permettant de s'approprier le site de trois façons : trouver instantanément une graphie via la fenêtre de recherche ; apprendre et comprendre en l'explorant de façon thématique, comme on utilise un manuel ; et naviguer par analogies grâce à une structure par mots-clics.
Étudiants, enseignants, curieux ou professionnels de l'édition devraient trouver là une référence, de quoi nourrir leur réflexion. Nous leur ouvrons l'envers du décor : les choix jamais innocents qui se présentent pour écrire et donner une représentation du monde. Incités à aiguiser leur regard critique, les visiteurs de ce site pourront réagir, pointer une contradiction et proposer d'autres solutions.
Sur le ZincDifficile aujourd'hui de se parler, s'écouter, se comprendre sans être détecté, suivi, calibré pour le supermarché des données. C'est pourquoi nous avons lancé Zinc, un réseau social indépendant qui fonctionne sur logiciel libre et permet de se retrouver entre lecteurs, entre amis du Monde diplomatique. Ce lieu reste par définition ouvert aux usages que chacun voudra en faire. On pourra bientôt y retrouver des rendez-vous, des conseils de lectures ou de sorties.
(1) Cf. Jean-Noël Jeanneney, « Les grandes heures de la presse — “Le Monde diplomatique” ouvre le bal sur la Toile », L'Histoire, n° 374, Paris, avril 2012.
Au cours des dernières années, deux tendances improbables, sur lesquelles nul ou presque n'aurait parié, ont vu le jour. Un vieux journal peu sensible aux modes, traitant sans trop d'ostentation de sujets difficiles, a reçu le soutien massif de ses lecteurs et lectrices. Leur mobilisation exceptionnelle a rétabli ses finances (lire « Une situation saine en 2015 »), assuré à moyen terme sa pérennité et permis la mise en chantier de nombreux projets de développement (lire « Bien plus qu'un journal électronique »). Îlot dans le fleuve gris de la presse française (lire « Critique des médias, vingt ans après »), ce journal est en ordre de bataille pour donner à comprendre les soubresauts du monde.
Parce qu'il combat depuis des décennies l'illusion d'optique intellectualiste qui prend Harvard pour l'Amérique et Sciences Po pour la France périphérique, le « Diplo » n'a guère été surpris par la montée en puissance d'un autoritarisme conservateur. Numéro après numéro, enquêtes, analyses et reportages en ont documenté l'ascension politique en divers points du globe. Face à cette nouvelle donne, des cris de vertu outragée conduiraient à une impasse. Mais, grâce à vous, Le Monde diplomatique dispose plus que jamais des moyens d'imaginer et de tracer une ligne claire. Celle qui ignore les indignations automatiques en même temps qu'elle refuse de céder à l'air du temps.
Lâché par les médias conservateurs mais soutenu par ceux de la « droite alternative » (lire « Triomphe du style paranoïaque »), M. Donald Trump, homme d'affaires sans expérience politique rendu célèbre par la télé-réalité, a remporté l'élection présidentielle américaine. Avec deux millions de voix de moins que son adversaire sur l'ensemble du pays, il doit sa victoire aux États-clés de la Rust Belt (« ceinture de la rouille ») qu'a délaissés Mme Hillary Clinton, jugée distante par les ouvriers blancs (lire « Comment perdre une élection ») et méprisante par les Américains peu diplômés (lire « La déroute de l'intelligentsia »). Hostile au libre-échange, à Wall Street, critiquant la vénalité du système politique, le franc-tireur socialiste Bernie Sanders aurait-il pu endiguer le phénomène Trump ? Les principaux journaux ont tout fait pour empêcher qu'un tel scénario se réalise (lire « Tir groupé contre Bernie Sanders »).
Le mensuel de l'Université de Liège présente l'Observatoire Hugo, qui s'intéresse à la question des réfugiés climatiques et entend décrire les mouvements de populations dus aux dégradations de l'environnement. (N° 257, octobre, mensuel, gratuit. — Liège, Belgique.)
Poursuite d'une réflexion sur les Lumières, à travers l'histoire et dans le monde musulman d'aujourd'hui. (N° 151, octobre-novembre, 2 euros. — CNT-AIT, Toulouse.)
Une nouvelle revue, née de la rencontre entre l'association Culture & Démocratie (Bruxelles) et la revue Cassandre / Horschamp liée au site L'Insatiable (Paris). Le premier numéro, riche d'illustrations, rend compte de la façon dont la création « s'empare de la question de l'exil » et dont « les exilés eux-mêmes s'emparent de la création ». (N° 1, octobre, périodicité non indiquée, 12 euros. — Bruxelles-Paris.)
La « revue de culture générale » consacre ce hors-série aux questions d'environnement. Une approche claire d'enjeux majeurs : une vision politique de l'épopée du CO2, l'impact des guerres, le lien des humains à la nature comme constitutif du contrat social, le gaspillage alimentaire, etc. (Hors-série, septembre, 15 euros. — Paris)
Quels liens peut-on établir entre les territoires et les conflits en Afrique ? À partir de cas concrets (Boko Haram, République démocratique du Congo, Corne de l'Afrique…), les auteurs étudient les ressorts de la violence. Des chercheurs africains analysent la question des frontières et celle du djihadisme. (N° 8, mai, semestriel, prix non indiqué. — Dakar, Sénégal.)
A surgical strike on corruption. Shock therapy for the economy. A financial system in chaos. All are descriptions of the recent actions taken by Narendra Modi, the Prime Minister of India to crack down on and root out corruption, money laundering, and the illicit financial transactions that comprise the so-called shadow economy.
The problemIndia is one of the world’s most cash-dependent countries. Over 90% of consumer purchases are transacted in cash. Much of this ends up as “black money,” used for unofficial or illicit transactions. Corruption, including racketeering and counterfeiting, is extensive, plus few workers pay income taxes and many rely on informal payments.
Modi’s solutionModi’s solution to this crippling problem? Ban his own country’s currency. On November 8, 2016, with no warning and to the shock of many at home and abroad, Modi declared India’s 2 most popular bank notes—500 and 1000 rupee bills—null and void. Instantly, cash held by millions of people became worthless paper (or demonetized, in finance terminology). The 500 and 1000 rupee notes represent 86% of cash in circulation, and according to Reuters “pushed Asia’s third largest economy to the brink of a liquidity crisis.”
As the government introduced new, theoretically “clean” (literally and figuratively) banknotes, what this meant for most Indians is that ATMs became inoperable. They were not reprogrammed to dispense the new notes prior to the announcement; the public was purposefully kept in the dark. The idea is that this would have tipped off users of black money, causing them to cover their tracks.
As a consequence, lines at banks stretched far and wide. As Panos Mourdoukoutas writes in Forbes, the currency shakeup “brought the nation’s economy to a standstill.” Natasha Sarin and Lawrence Summers of Harvard University wrote that the move is “is by far the most sweeping change in currency policy that has occurred anywhere in the world in decades.”
Customers wait in a long line outside a bank in Allahabad, India on Nov. 16, 2016. (Reuters/Jitendra Prakash)
The positivesModi and his administration have steadfastly supported the drastic policy. The government believes it will expose corruption, people with unaccounted for or undeclared wealth, and counterfeiting operations with a goal of eliminating black money.
Modi is even counting on the problems caused by the demonetization becoming the solution. The theory is that the broken ATMs and long bank lines making it difficult to acquire new, legally recognized cash will spur people to adopt digital payment methods, thereby boosting India’s nascent e-commerce sector. On November 27 in a national radio address, Modi urged small business owners to embrace digital transaction systems such as mobile bank applications and credit card swipe readers.
In an attempt to convince tax evaders to join the formal economy, on November 28 Indian Finance Minister Arun Jaitley pledged an amnesty scheme for anyone who legitimately declares their holdings. The move could lead to the recognition of billions of dollars of previously undeclared income.
While the action was certainly shocking, also surprising is that many Indians have seemed to support it. According to James Crabtree in Foreign Policy, “Modi trusted his instincts that both the boldness of the move, and perhaps even the pain it introduced, would win him support. Here he has been proved right […]. If that public sentiment holds, Modi’s gutsy (and arguably reckless) move will secure a remarkable political victory.”
The negativesBut as popular as the measure may seem, critics are plentiful. The opposition Congress party has claimed Modi is fleecing the people of their hard-earned cash. Many economists question whether the shadow economy will be impacted by demonetization in any significant way. In fact, some are convinced the people who will be hurt the most are the very people the measure intended to help the most: average law-abiding citizens. And the people supposed to be bankrupted—criminals and cheats—will be no worse for the wear.
As Pranjul Bhandari, economist at HSBC in Mumbai, puts it, “The minor entrepreneur, the shopkeeper, the farmer will be hurt by this. And even among the bad guys, the risk is you catch the minnows, but the big fish escape.” This is certainly a troubling proposition. If it comes true, it would certainly erode any goodwill Modi has accumulated with this bold change.
For better or for worse?Rooting out and eliminating corruption, collecting taxes, legitimizing the economy, reducing cash dependency and developing e-commerce are all fantastic goals. But will Modi’s decision to invalidate currency and replace it with new cash actually accomplish those goals? At this point the only reasonable answer is decidedly who knows? It seems hard to believe most (some? any?) of India’s financial problems will be solved by it.
It has certainly garnered worldwide attention to the country’s economic plight, and maybe this is the best outcome Modi could have hoped for. But many Indians are suffering because of it, including those whose lives were supposed to be improved by it. This situation needs to be rectified as soon possible. And now the world is watching.
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