This article is the English version of : Ekaterina Stepanova, « La Russie a-t-elle une grande stratégie au Moyen-Orient ? », published in Politique étrangère, Vol. 81, Issue 2, 2016.
During the armed conflict in Syria, Russia has significantly upgraded its role and status both in the Middle East and beyond the region. The most radical upgrade has been Moscow’s carefully calibrated military intervention on behalf of the Syrian government since late September 2015, as well as its role in the revived Geneva negotiation process since February 2016 and in the ensuing ceasefire co-brokered by Russia and the United States. This new role and level of engagement is at odds with the widespread stereotype about post-Soviet Russia’s departure from the Middle East.
In contrast, in the mid-2010s there has been growing talk about Russia’s return to the Middle East and, through its upgraded role in this region, to the central stage of global politics. This, in turn, has prompted the rise of expectations and speculation, both in and beyond the region, about Russia’s new “grand strategy” in the Middle East. How justified are these expectations? Does the fact that Russia outplayed the United States on Syria suffice as evidence of Moscow’s “grand strategy” for the broader region? Or should Russia’s engagement be seen instead as merely a series of measured, ad hoc steps involving skillful improvisation, and mainly in the pursuit of instrumental tactical goals, in the absence of any more ambitious, long-term and comprehensive regional strategy? Or are we dealing with something that does not fall neatly under either category, involving and displaying elements of broader strategic thinking – but not in the way of a “grand strategy” for the Middle East?
The international context and the Russia’s Global StrategyIt took at least a decade for post-Soviet Russia to adapt itself to the new international realities, start rediscovering its identity as a nation, and (re) shaping, to the extent possible, its new role and place in the world. It is only in the 2010s, however, that several key strategic “directions” and cross-cutting lines took full shape and could be clearly traced in Russia’s foreign policy. These survived all the subsequent foreign policy crises and even the economic calamities that Russia became involved in. This points to the long-term and fundamental, rather than merely contextual or declaratory, nature of these guiding principles. Three guiding principles are most pertinent to the subject of this article.
This aversion to forced regime change, especially with external support or through direct external intervention, was borne out of the Russian leadership’s growing suspicions about the so-called “color revolutions” in the post-Soviet space through the 2000s. These refer to change of government, through means other than legal succession of power and with varying degrees of popular support, in Georgia (2003), Ukraine (2004) and Kyrgyzstan (2005 and 2010). While undertaken under the banner and in the name of democracy and moderate nationalism, these “revolutions” essentially were, or morphed into, a reshuffling of the balance of power among the ruling oligarchical clans and elites under the disguise of broader social protest, ultimately reproducing the “pre-revolutionary” conditions and sources of instability and often creating more problems than they were expected by some within these countries to solve. They were also increasingly seen by Moscow as being at least partly, if not mainly, promoted by external influences and powers from outside the region, and as threats to Moscow’s influence. Russia’s own wave of mass pro-democracy protests of the early 2010s was interpreted by the Kremlin as an attempt to move in the same direction of color revolutions. […]
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Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère (n° 3/2020). Aurore Colin propose une analyse de l’ouvrage de Serge Marti, Une planète à sauver. Six défis pour 2050 (Odile Jacob, 2020, 240 pages).
Cet ouvrage n’est pas une description des défis du futur auxquels la planète va être confrontée, mais plutôt un panorama de l’ensemble des maux frappant déjà nos sociétés, et qui sont amenés à s’aggraver si nous, politiciens, entreprises, citoyens, ne réagissons pas dès maintenant.
Le journaliste Serge Marti ouvre son livre par une revue d’actualités s’efforçant de bousculer l’inaction politique des cinquante dernières années sur la question écologique : le mouvement des jeunes pour le climat emmené par Greta Thunberg, l’action en justice « L’Affaire du siècle », ou encore la Convention citoyenne pour le climat. Pour l’auteur, ces différentes actualités témoignent d’un « réveil des consciences », et même d’une « révolte verte » face à un système « productiviste qui saccage la nature ». La « vague verte » qui a touché certaines villes françaises lors des dernières élections municipales semble aller dans le sens de son analyse – pour la France tout du moins.
Le cœur de l’ouvrage est sa deuxième partie consacrée aux six défis pour 2050. Cette partie tire sa pertinence des descriptions chiffrées, documentées et riches en exemple de six grandes plaies qui ont déjà commencé à s’abattre sur nos sociétés, et dont nous sommes responsables : le dérèglement climatique, la destruction massive de la biodiversité et des forêts, la forte augmentation de la population et des migrations, la mauvaise gestion et la raréfaction de l’eau potable, la pollution et l’épuisement des sols et terres agricoles ainsi que de la mer et de la vie marine. La description de ces défis est ponctuée par la présentation de solutions, que chaque expert estimera dans son domaine, souvent peu approfondies, parfois superficielles et n’apportant qu’une réponse court-termiste et isolée face à des problèmes globaux aux causes multiples. On doutera, par exemple, de la capacité à compenser la déforestation massive en Amazonie et en Afrique, et de la durabilité des méga-projets de reforestation et de lutte contre la désertification en Chine et au Sahel, appelés « muraille verte ». Si à propos du défi lié à l’agriculture, l’auteur va au-delà des constats et des exemples en donnant sa propre vision de la réponse à apporter – la sauvegarde et le développement de l’agriculture paysanne et écologique –, il faut attendre la troisième et dernière partie pour que Serge Marti nous livre son analyse des responsables de la situation et des solutions globales à mettre en œuvre. On appréciera particulièrement cette dernière partie en ce qu’elle pose les bonnes questions : le capitalisme est‑il compatible avec l’écologie ? Doit‑on adopter un modèle décroissant ? L’écologie est‑elle la seule capable de sauver la planète ? etc. Avec quelques éléments de réponse, notamment à travers la sortie du modèle du capitalisme financier guidé par la rentabilité à court terme, le développement de la « social-écologie » et le changement des modes de consommation.
Sans prétendre fouiller en profondeur les multiples sujets qu’il aborde, ce livre donne une vision intégrée et pertinente des menaces qui pèsent non pas sur la planète mais bien sur la vie humaine dans son ensemble, et des pistes de solutions possibles. Menaces auxquelles on devrait aujourd’hui adjoindre la question des pandémies mondiales et de leur gestion, que la crise sanitaire liée au COVID-19 a révélée comme un nouveau défi majeur pour nos sociétés.
Aurore Colin