This article is the English version of : Clément Beaune, « L’Europe, par delà le COVID-19 », published in Politique étrangère, Vol. 85, Issue 3, 2020.
A few weeks after the groundbreaking budget agreement adopted by the European Council on July 21, 2020, it would be tempting to say that COVID-19 changed everything in the European Union (EU), in line with the oft-repeated principle: “It takes a crisis for Europe to act.” Like all clichés, there is some truth in this statement. The EU’s shared debt plan is the most important boost to European integration since the euro, and a step that would have been impossible without this crisis. This major progress owes, in large part, to a less obvious dynamic—the return of a golden triangle, which had not made such an impact since the early 1990s—the French-German partnership and an ambitious European Commission.
The EU must also address that citizens’ expectations regarding Europe have increased, which has long been underestimated. They criticize it less for interfering with national competences than for its failure to act on shared challenges. In the past, it was migration; now it is health, from the lack of harmonized quarantine measures to shared research on a vaccine. Nowadays, citizens expect Europe to take action, and criticize it when it does not act sufficiently, acts too late, or fails to act.
The COVID-19 crisis has also shown that the EU’s effectiveness seems linked to its competences: it is responsive in the economic sphere (suspension of budgetary rules or state aid, large-scale monetary support), largely powerless in coordinating border restrictions, and practically nonexistent in terms of the core health aspect of the crisis…
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Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Hans Stark, ancien secrétaire général du Cerfa à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Joachim Lange et Henrik Uterwedde, Frankreich und Deustchland: Yin und Yang der EU-Reform (Nomos Verlag, 2019, 200 pages).
Le 18 mai 2020, le gouvernement allemand provoquait une surprise générale en annonçant avec son partenaire français un plan de relance de 500 milliards d’euros, empruntés par l’Union européenne (UE). Avec cette initiative, partiellement diluée au Conseil européen du mois de juillet, l’Allemagne acceptait le principe d’une mutualisation des dettes européennes – même si elle soulignait par la suite qu’il s’agissait d’une mesure exceptionnelle rendue nécessaire par le contexte de la crise sanitaire et la crise économique qu’elle a déclenchée. Pourtant, s’il s’agit bien d’un véritable tournant dans la politique allemande en matière de gouvernance de la zone euro, il ne s’explique évidemment pas par la seule crise sanitaire.
Pour comprendre le cheminement du gouvernement fédéral, mais aussi le rapprochement, lent mais constant des positions françaises et allemandes depuis le sommet de Meseberg de juin 2018, l’ouvrage de Joachim Lange et de Henrik Uterwedde tombe à point nommé. Réunissant les analyses croisées de neuf économistes allemands et français, il analyse la politique économique des deux pays sous l’angle de l’évolution de la zone euro depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, en trois parties : les propositions de réformes économiques de Macron et les réponses allemandes ; Paris et Berlin face à la zone euro dix ans après la crise de la dette souveraine ; au-delà d’Emmanuel Macron : les réformes dont la zone euro a besoin.
Il ressort de ce plan que les différences structurelles entre les politiques et les performances économiques des deux pays forment certes le cadre général dans lequel évolue l’économie de l’UE dans son ensemble, mais que ces différences, qui s’accentuent, menacent dans le même temps les fondements du marché unique, et donc de la zone euro. Cet avertissement ressort clairement des contributions de Henrik Uterwedde, Rémy Lallement et Martin Hallet, qui passent chacun à la loupe, et donc avec une précision chirurgicale fort peu complaisante, l’évolution économique de nos deux pays.
S’ils critiquent les aléas des politiques de réforme économique en France, et notamment les concessions faites à ceux qui y résistent, les auteurs se montrent tout aussi sévères à l’égard des postulats ordo-libéraux allemands. Michael Thöne revendique ainsi une programmation financière plus audacieuse dans le cadre l’UE, tandis que Christian Kastrop, Frédéric Petit et Birgit Honé réclament des réformes plus ambitieuses, qu’ils détaillent dans leurs analyses.
L’ouvrage mérite clairement une traduction en français, qui pourrait aller de pair avec une actualisation tenant compte des événements de 2020. Il en ressort que les économistes allemands sont conscients des risques que le décrochage économique et les divergences idéologiques entre les 19 (et surtout entre Paris et Berlin) font peser sur le projet européen. En témoignent le retournement allemand face au financement de l’UE, mais aussi les prises d’initiative d’Ursula Von der Leyen. Cet ouvrage, en conclusion, permet de comprendre un changement de paradigme.
Hans Stark