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Diplomacy & Crisis News

De l'Afghanistan au Caucase

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 11:18
2001

20 janvier. Entrée en fonctions de M. George W. Bush.

13 mars. Les Etats-Unis rejettent le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.

20-22 avril. M. Bush présente, lors du Sommet des Amériques, le projet de création d'une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA).

11 septembre. Les attentats contre le World Trade Center, à New York, et le Pentagone, à Washington, provoquent la mort de près de trois mille personnes.

7 octobre. Intervention militaire en Afghanistan, avec l'aval des Nations unies, d'une coalition dirigée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

26 octobre. Le Congrès adopte le Patriot Act, qui introduit des statuts d'exception pour les individus soupçonnés de terrorisme. Le camp X-Ray, une prison installée sur la base de Guantánamo (Cuba), est ouvert en janvier 2002.

13 décembre. Les Etats-Unis se retirent du traité américano-soviétique de défense antimissile (ABM, 1972), qui interdisait le déploiement d'un bouclier antimissile sur le sol américain.

2002

29 janvier. M. Bush qualifie l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord d'« axe du Mal », contre lequel il promet d'agir.

11-14 avril. Coup d'Etat avorté contre le président vénézuélien Hugo Chávez.

21 mai. Washington annonce que les Etats-Unis ne ratifieront pas le traité instituant la Cour pénale internationale (CPI), signé par M. William Clinton en décembre 2000.

22 mai. Les Etats-Unis incluent Cuba dans la liste des pays qui « favorisent le terrorisme ».

24 juin. M. Bush demande le remplacement du président Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne.

21 juillet. M. Bush décide de supprimer l'aide américaine au Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) au motif qu'il encourage l'avortement et la stérilisation des femmes en Chine.

20 septembre. Adoption d'une nouvelle « stratégie de sécurité nationale » prévoyant notamment des attaques préventives contre les « Etats voyous ».

11 octobre. Le Congrès autorise le recours à la force armée contre l'Irak.

2003

20 mars. Début de l'opération militaire américano-britannique « Liberté de l'Irak ». Bagdad tombe le 9 avril. Le 1er mai, M. Bush déclare que la « mission » en Irak est « accomplie ».

11 novembre. Le Congrès adopte une série de sanctions contre le régime syrien.

2004

29 février. Les Etats-Unis, aidés par la France, démettent le président de Haïti, M. Jean-Bertrand Aristide, de ses fonctions.

23 avril. Levée des sanctions américaines contre la Libye. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies en mai 2006.

28 avril. La chaîne CBS diffuse des photographies de prisonniers irakiens torturés par leurs geôliers américains à la prison d'Abou Ghraib, près de Bagdad.

6 octobre. Le rapport de la mission américaine chargée d'enquêter sur la présence d'armes de destruction massive en Irak conclut que Saddam Hussein n'en possédait plus depuis 1991.

15 novembre. M. Colin Powell est remplacé au département d'Etat par Mme Condoleezza Rice.

2005

10 février. La Corée du Nord affirme détenir l'arme nucléaire afin d'assurer son « autodéfense contre la volonté américaine de [l']étouffer ».

Octobre. Une revue médicale britannique estime que cent mille Irakiens seraient décédés à la suite de l'occupation américaine.

2006

7 mars. Le vice-président Richard Cheney déclare que les Etats-Unis « ne permettron[t] pas à l'Iran d'avoir l'arme nucléaire ».

16 mars. M. Bush dévoile sa « nouvelle » doctrine stratégique de sécurité nationale, axée sur la notion de « guerre préventive ». Sept pays sont qualifiés de « despotiques » : l'Iran, la Corée du Nord, la Biélorussie, la Birmanie, Cuba, la Syrie et le Zimbabwe.

26 septembre. Une étude des services de renseignement américains affirme que la guerre en Irak « a aggravé la menace terroriste » et renforcé l'islamisme radical.

16 octobre. Le président Bush promulgue une loi sur la paix au Darfour, qui impose des sanctions contre le Soudan.

18 octobre. Les Etats-Unis actualisent leur politique spatiale. Ils entendent empêcher leurs adversaires « d'user de leurs capacités d'armement hostiles aux intérêts nationaux américains ».

5 novembre. Saddam Hussein est condamné à la mort par pendaison par le haut tribunal pénal irakien. Il sera exécuté le 30 décembre.

8 novembre. Le secrétaire à la défense, M. Donald Rumsfeld, symbole de la guerre en Irak, démissionne au lendemain de la victoire des démocrates aux élections de mi-mandat. Il est remplacé par M. Robert Gates.

6 décembre. Publication du rapport de la commission bipartisane Baker-Hamilton. Critiquant la politique de M. Bush au Proche-Orient, il préconise un changement de stratégie en Irak, ainsi qu'une ouverture diplomatique en direction de la Syrie et de l'Iran.

2007

10 janvier. M. Bush annonce l'envoi de vingt et un mille cinq cents soldats supplémentaires en Irak et le déploiement de missiles antimissiles Patriot dans la région.

13 novembre. Washington décrète une série de sanctions économiques contre la Biélorussie, accusée de violer les droits de l'homme.

4 décembre. Selon une étude menée par seize agences de renseignement américaines (NIE), Téhéran aurait arrêté son programme nucléaire militaire en 2003. M. Bush réitère ses accusations : « L'Iran était dangereux, l'Iran est dangereux et sera dangereux s'il dispose de la technologie pour fabriquer une arme nucléaire. »

2008

19 février. Le président cubain Fidel Castro annonce son retrait politique. Les Etats-Unis indiquent qu'il n'y aura aucune modification de la politique américaine à l'égard de Cuba. Ils n'envisagent pas une levée de l'embargo « dans un proche avenir ».

8 juillet. Le gouvernement tchèque donne son accord à l'installation de radars américains près de Prague, dans le cadre du projet de bouclier antimissiles que Washington entend déployer en Europe centrale et orientale.

11 août. Le vice-président Cheney déclare que « l'agression russe [contre la Géorgie] ne doit pas rester sans réponse ».

De Theodor Herzl à la naissance d'Israël

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 11:10

1897, premier Congrès sioniste mondial. Theodor Herzl écrit dans son Journal : « A Bâle, j'ai créé l'Etat juif. Si je disais cela aujourd'hui publiquement, un rire universel serait la réponse. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante sûrement, tout le monde comprendra. » Prédiction réalisée, à quelques mois près…

Le sionisme est un projet politique aux aspects multiples, qui a su s'imposer grâce aux circonstances historiques, mais aussi à ses propres capacités d'organisation et de mobilisation. Sa mise en œuvre ne s'est pas réalisée en un jour. La tâche était immense. Se présentant comme volonté de créer une nation juive sur un territoire donné, il lui fallait partir absolument de rien.

Sa vision correspond à la norme des nationalismes territoriaux de la fin du XIXe siècle en Europe centrale et orientale, qui se revendiquent d'un Etat ayant existé précédemment avec une langue et un territoire définis (la Serbie renvoie à un royaume serbe médiéval et à une langue en train de redevenir une langue de culture, même chose pour la Bulgarie, la Pologne, l'Ukraine...). A cela s'ajoute une identification correspondant à une religion (un « vrai Polonais  » ne peut être que catholique, un « vrai Russe » qu'orthodoxe). Ces caractéristiques, le sionisme les porte aux extrêmes.

Le territoire revendiqué ne peut se situer en Europe, et seule la mobilisation des affects renvoyant à la terre ancestrale permet d'espérer la matérialisation de son ambition en Palestine : comment s'enthousiasmer pour un Etat juif en Amérique ou en Afrique, localisations un temps envisagées  ? Quant à la langue hébraïque, jusque-là exclusivement religieuse, elle est à réinventer. Et la grande majorité des religieux se montre hostile au projet, en raison du risque d'empiétement qu'il présente sur la volonté divine (les rabbins redoutent une dérive messianique).

Bref, tout fait défaut au départ : le territoire, la langue et même, partiellement, le référent religieux.

Les Juifs de Palestine sont essentiellement des fidèles vivant des subsides de la diaspora, que la philanthropie juive occidentale travaille depuis des décennies, avec un succès inégal, à rendre « productifs ». Ils ne peuvent donc pas servir de base humaine au projet sioniste.

Au-delà de quelques précurseurs, le sionisme ne devient réalisable qu'avec les débuts de la première mondialisation, dans les années 1870 : les réseaux des chemins de fer d'Europe orientale se connectent alors aux réseaux d'Europe occidentale et, par là, aux ports d'où partent des navires à vapeur à horaires réguliers. Au Proche-Orient, c'est l'âge d'or de la domination collective des puissances européennes qui, en s'appuyant sur la « diplomatie de la canonnière », imposent leurs décisions à une administration ottomane réformée qui a rétabli l'ordre public.

Le réservoir humain réside dans la masse des Juifs de l'Empire russe et de la Roumanie, soumise à des législations antisémites discriminatoires alors qu'elle est en pleine explosion démographique. La mondialisation favorise une émigration massive, mais à destination des « pays neufs » qui ont besoin de main-d'œuvre (les deux Amériques, l'Afrique du Sud, l'Australie) : la traversée océanique tient lieu d'investissement de départ. Il n'en va pas de même avec la Palestine : au coût du transport s'ajoutent les investissements économiques indispensables pour créer les activités correspondantes. Les premiers émigrants des années 1880 (ou première alya, en hébreu « montée ») s'en rendent rapidement compte : ils végètent dans une terrible misère.

Si les comités des Amants de Sion ont pu diffuser l'idée sioniste parmi les Juifs d'Europe orientale, ils ne disposent pas des moyens de lui donner vie. Ils doivent donc se tourner vers les philanthropes juifs d'Europe occidentale qui, par le biais de la Jewish Colonization Association (ICA), assurent déjà une partie des frais de transport et d'installation en Amérique (en particulier en Argentine).

Pour le baron français Edmond de Rothschild, la colonisation juive en Palestine est une affaire personnelle. Il est intervenu pour empêcher que, par désespoir, les immigrants se convertissent au protestantisme des missionnaires britanniques, puis s'est passionné pour cette entreprise. Il crée alors un certain nombre de colonies agricoles, encadrées par des « israélites » français. Son idée consiste à créer une population de paysans indépendants sur le modèle français ; mais il lui faut se méfier de la mauvaise qualité du « matériel humain » : celui-ci doit être régénéré par le travail et la formation. D'où le caractère paternaliste de son mode d'organisation.

La question essentielle est d'arriver à un minimum de rentabilité permettant de mettre fin aux subventions permanentes. Cet objectif n'est atteint qu'au début du XXe siècle, grâce à la mise en place d'une agriculture de plantation utilisant une abondante main-d'œuvre arabe. En 1899, le baron transfère officiellement ses colonies à l'ICA, mais en fait il continue de les gérer par le biais de la « commission palestinienne  » de ladite organisation. Après la première guerre mondiale, l'organisation prendra le nom de Palestine Jewish Colonization Association (PICA). Jusqu'à sa mort, en 1935, le baron étendra constamment son domaine agricole en accordant toujours plus d'autonomie aux paysans qui en dépendent, favorisant leur accès à la propriété individuelle.

La perspective d'Edmond de Rothschild dépasse la seule philanthropie : ses achats de terres tendent à créer un véritable maillage de la Palestine. Il a compris très tôt la nécessité d'une totale discrétion, afin de ne pas inquiéter les autorités ottomanes et la population arabe. Et c'est pourquoi l'orientation de Theodor Herzl, qui joue, au contraire, la carte de l'action publique, le contrarie.

Ce publiciste autrichien s'est converti en 1895 au sionisme. Théoricien de sa version politique, il fonde l'organisation sioniste lors du premier congrès de Bâle en 1897, un an après la parution de son livre L'Etat des Juifs. Sa priorité : obtenir une charte internationale garantissant la création d'un foyer national en Palestine pour le peuple juif. Il encourage secondairement la colonisation. Dirigé par des Juifs autrichiens et allemands, le mouvement recrute surtout dans l'Empire russe, mais réussit à s'établir un peu partout (sauf en France, à cause de l'hostilité du baron). Jusqu'à sa mort, en 1904, Herzl travaille essentiellement auprès des dirigeants européens. Ses successeurs continuent dans la même ligne, mais s'intéressent aussi à la colonisation avec la création, en 1908, de la Palestine Land Development Company (PLDC), qui dépend du Fonds national juif (FNJ).

L'organisation sioniste s'implante en Palestine à partir de 1908 avec la deuxième alya, composée de militants déterminés issus de sa fédération russe et des Amants de Sion, souvent des socialistes marxisants ayant connu l'expérience de la révolution de 1905. L'attitude de l'ICA, qui préfère le travail arabe, déçoit ces immigrants dont la doctrine exige une séparation totale d'avec la population indigène afin de constituer une société nationale intégralement juive. Mais ils reçoivent un accueil favorable de la part des technocrates de l'ICA et de la PLDC, qui acceptent de financer des colonies agricoles collectivistes (kibboutz) ou coopératives (moshav) sans recourir à la main-d'œuvre arabe. En ville, ils fondent l'agglomération juive de Tel-Aviv, indépendante de la Jaffa arabe. Cette logique de séparation a sa justification socialiste : elle évite qu'une population exploite l'autre.

Durant la première guerre mondiale, le mouvement sioniste cesse d'agir en tant qu'entité unique puisqu'il est présent dans les deux camps en conflit. C'est le chef de la fédération britannique, Haïm Weizmann, un Juif d'origine lituanienne, qui va jouer un rôle essentiel en obtenant, le 2 novembre 1917, avec la déclaration Balfour, cette fameuse charte recherchée par Herzl : lord Arthur James Balfour, ministre britannique des affaires étrangères, y annonce à lord Walter Rothschild, représentant des Juifs britanniques, que «  le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif ». Cet engagement contredit la promesse faite par Londres aux Arabes de la création d'un Etat indépendant comme le partage négocié avec les Français, dans le cadre des accords Sykes-Picot...

Après-guerre, Weizmann devient naturellement le président de l'organisation sioniste. Son ambition : transformer cette déclaration unilatérale britannique en document de droit international. Ce sera chose faite en juillet 1922, grâce à la ratification par la Société des nations (SDN) du mandat britannique sur la Palestine, qui inclut le Foyer national juif.

Le mouvement sioniste se structure maintenant en fédérations nationales dotées d'organisations satellites chargées de la levée de contributions et de préparation à l'émigration. La charte du mandat prévoit la création d'une Agence juive, mais elle ne verra le jour qu'en 1929 ; entretemps, l'Organisation sioniste en fait fonction. Outre les relations avec les autorités, sa fonction est de gérer le domaine du FNJ et de l'augmenter par de nouvelles acquisitions. Malgré des progrès spectaculaires, ce domaine reste moins important que celui de la PICA et des propriétaires individuels qui lui sont liés : en 1941, le FNJ disposera de 532 900 dounoum (dixièmes d'hectare), contre 1 071 000 à la PICA et aux propriétaires individuels. A la fin du mandat, en 1948, la propriété juive ne couvrira que 6,6 % de la superficie de la Palestine.

Comme avant 1914, les coûts d'établissement restent le problème essentiel. L'immigration juive est fixée en fonction de la capacité économique d'absorption, et la différence est faite entre «  capitalistes », dont l'entrée est libre puisqu'ils viennent avec des capitaux suffisants, et « ouvriers », sélectionnés par l'Organisation sioniste en fonction de leur qualité en « matériel humain » (capacité productive). Des catégories intermédiaires existent. La troisième alya est analogue à la précédente, composée pour une bonne part d'ouvriers socialistes. Venue de Pologne au milieu des années 1920, la quatrième alya, elle, est bourgeoise et capitaliste. La cinquième alya, à partir de 1933, rassemble capitalistes allemands et ouvriers polonais. La montée du nazisme accélère évidemment l'immigration : de 110 000 arrivées (officielles) dans les années 1920, on passe à plus de 220 000 dans les années 1930...

Faute de pouvoir constituer une unité politique homogène en Palestine, les Britanniques adoptent la voie d'un développement communautaire séparé tout en maintenant un important secteur public. En ce qui concerne la population juive, l'Organisation sioniste fournit à la population juive un ensemble de services que l'Etat mandataire ne peut lui procurer. Il s'agit de lui assurer un niveau de vie se rapprochant de celui de l'Europe, en particulier dans les domaines de l'éducation et de la santé. Les colonies agricoles du FNJ sont subventionnées à la fois lors de leur création et pour leur fonctionnement. Elles sont en effet par nature déficitaires, mais leur fonction n'est pas d'ordre économique : elles servent à prendre le contrôle du territoire et à former le « Juif nouveau », débarrassé de l'oppression de l'exil.

Le mouvement ouvrier juif très politisé et divisé en organisations concurrentes fédère ces colonies agricoles. La centrale syndicale Histadrout fournit un certain nombre d'assurances sociales et crée ses propres entreprises par manque de capitalistes.

L'ensemble de la population juive (sioniste et non sioniste) élit une assemblée élue d'où émane un conseil permanent, mais le vrai pouvoir réside dans l'Exécutif sioniste désigné par l'Organisation sioniste. En 1929, la création de l'Agence juive permet en théorie une plus grande implication des Juifs non sionistes de la diaspora, qui disposent de la moitié des sièges dans les instances dirigeantes. En 1931, l'exécutif de l'Agence en Palestine revient pour la première fois à un socialiste établi dans le pays, Haïm Arlosoroff.

La droite du mouvement sioniste n'accepte pas l'alliance stratégique opérée entre les « centristes » de Weizmann et les socialistes du mouvement ouvrier. Pourtant, la grande intelligence des premiers a été de comprendre que l'établissement du Foyer national juif, ou Yichouv, ne peut passer que par les modes d'organisation collective des seconds. Les « capitalistes » s'avèrent trop individualistes pour pouvoir prendre en charge la colonisation : la prise de contrôle du pays devient plus facile dès lors qu'elle passe par la socialisation des activités. En absence d'Etat, seul le mouvement ouvrier a la capacité de gérer les intérêts nationaux.

Le mouvement sioniste révisionniste de Zeev Jabotinsky rejette à la fois le socialisme des ouvriers et la prudence diplomatique des centristes. Il recrute chez les éléments bourgeois issus pour la plupart de la première et de la quatrième alya, tandis que les leaders ouvriers viennent de la deuxième et de la troisième alya. Le romantisme des révisionnistes masque leur ignorance du travail au jour le jour indispensable pour créer le Yichouv.

Le clivage entre sionistes socialistes et révisionnistes concerne surtout les rapports avec les Arabes. Là où David Ben Gourion et ses amis donnent la priorité à la conquête progressive du pays en alliance avec la puissance mandataire, ceux de Jabotinsky entendent s'emparer de toute la Palestine par la force : c'est le fameux « mur d'acier » qui, à partir de 1948, fondera en réalité la stratégie de l'Etat d'Israël, toutes composantes confondues.

Après l'assassinat, en 1933, d'Arlosoroff, que les socialistes attribuent aux révisionnistes, le mouvement ouvrier devient l'élément dominant au sein des instances de l'Organisation sioniste et de l'Agence juive. Les révisionnistes font scission et créent leur propre organisation sioniste. A partir de cette date, l'exécutif de l'Agence juive est contrôlé par les socialistes, dont la personnalité la plus importante est celle de Ben Gourion. A la fin des années 1930, le glissement du pouvoir est terminé : les hommes du Yichouv ont pris le contrôle du mouvement et de ses institutions, la diaspora doit être mise à son service, et Weizmann n'est utile que grâce à ses contacts avec les hommes politiques occidentaux.

Après les premières émeutes de 1921 et de 1929, la grève générale arabe de 1936 et la révolte palestinienne de l'automne 1937 poussent le Yichouv à devenir plus autonome, y compris sur le plan militaire, avec la construction de sa propre force armée, la Hagana, tolérée par les Britanniques. Mais, à partir du Livre blanc de 1939, Londres donne la priorité à son influence dans le monde arabe : en 1944, le mouvement sioniste affrontera militairement les Britanniques pour mieux préparer sa prise de contrôle du gros de la Palestine.

Le sionisme est probablement la forme la plus pure du volontarisme politique. Il est parti littéralement de rien, ou presque, pour créer une nation, une langue, un territoire à travers les catastrophes historiques de la première moitié du XXe siècle. Il a su capitaliser les efforts et les expériences de la grande philanthropie juive, puis appliquer les principes organisationnels d'un mouvement ouvrier, dont la mission comprenait tout aussi bien la fondation d'une classe ouvrière que l'établissement d'un réseau d'entreprises publiques. Avant 1914, il a bénéficié de la protection des consuls européens. Sous le mandat, la technocratie britannique a encouragé et favorisé son action, qui allait dans une logique de développement qui lui était chère.

En 1948, le Yichouv dispose de tout un système d'organisations qui préfigure l'Etat. Mais ces institutions dépendaient des partis politiques. Le génie politique de Ben Gourion a été de comprendre la nécessité de transférer ces institutions à l'Etat nouveau en les « dépolitisant ». D'où le maintien d'une coalition politique regroupant socialistes, centristes et religieux et isolant – jusqu'en 1967 – les forces de droite proprement dites. Le socialisme des « pionniers » s'est accompagné d'une bureaucratie proliférante et d'un relatif égalitarisme des conditions sociales.

Après la création de l'Etat, les institutions sionistes ont été maintenues afin de canaliser les moyens venus de la diaspora et assurer des services sociaux destinés exclusivement à la population juive.

Une si longue attente…

Le Monde Diplomatique - Thu, 29/09/2016 - 10:55

Sa première victoire électorale, il l'a remportée à 80 ans passés. Né Persky en 1923 dans un shtetl (1) biélorusso-polonais, M. Shimon Pérès a convaincu la Knesset, le 13 juin 2007, de le nommer (neuvième) président d'Israël. Sa précédente tentative, en 2000, s'était soldée par un humiliant échec face au candidat du Likoud, M. Moshe Katsav — dont l'histoire retiendra surtout qu'il fut accusé de viols et autres agressions sexuelles...

Certes, auparavant, M. Pérès avait été par trois fois premier ministre, mais brièvement : en 1977, pour remplacer durant moins de deux mois un Itzhak Rabin en plein scandale financier ; en 1984, dans le cadre d'une alternance (rotatsia) avec l'ultranationaliste Itzhak Shamir, qui lui succéda dès 1986 ; et à nouveau Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 (voir « “Faucon”, puis “colombe” »).

Héritier du signataire des accords d'Oslo, qu'il avait si longtemps combattu, les sondages lui promettent alors vingt-cinq points d'avance sur M. Benyamin Netanyahou (voir « Made in USA »), qui finira par le coiffer sur le poteau, le 29 mai 1996. Et pour cause : en donnant, le 5 janvier 1996, son feu vert à l'exécution de l'« ingénieur » du Hamas, Yehia Ayache, M. Pérès a provoqué une vague d'attentats meurtriers du Hamas, puis, le Hezbollah s'en mêlant, déclenché une guerre sanglante contre le Liban…

Ce suicide politique (2) éclaire le parcours de ce « mal aimé » de la politique israélienne, et pourtant « favori » des médias étrangers, qui lui ont fait une réputation de « colombe ». Comme si la négociation secrète d'Oslo, qui valut à M. Pérès de partager avec Yasser Arafat et Rabin le prix Nobel de la paix, gommait l'essentiel de sa carrière antérieure et postérieure…

Dès 1947, David Ben Gourion (voir « Le père fondateur ») l'envoie aux Etats-Unis afin de compléter l'arsenal déjà fourni aux forces juives par l'Union soviétique. Devenu, en 1953, directeur général du ministère de la défense, il démarche des armes en Europe. A Sèvres, en octobre 1956, le flirt va plus loin : Guy Mollet et Maurice Bourgès-Maunoury y donnent le feu vert de la France à l'opération tripartite contre Gamal Abdel Nasser, et surtout au transfert de la technologie nucléaire à Israël. Vice-ministre de la défense en 1959, M. Pérès va superviser la mise au point au centre de Dimona, aux portes du Néguev, du secret qui bouleversera définitivement les rapports de forces au Proche-Orient : la force de frappe israélienne. La bombe A est au point en 1966, la bombe H dans les années 1970.

Trois décennies plus tard, Pérès le « pacifiste » participe au gouvernement de M. Ariel Sharon (voir « A tout prix »), qui enterre les accords d'Oslo et réprime dans le sang la seconde Intifada, faisant près de cinq mille morts parmi les Palestiniens, les Israéliens en comptant pour leur part un millier. En 2005, il suivra même le vieux généra au sein de son nouveau parti, Kadima, abandonnant la maison travailliste qui l'abritait depuis une bonne soixantaine d'années…

La boucle est bouclée.

(1) Nom générique donné, en yiddish, aux petites bourgades juives de Pologne et de Russie.

(2) Lire « Un suicide politique », Le Monde diplomatique, mai 1997.

Missiles for the Jihad

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Thu, 29/09/2016 - 00:00
(Own report) - Berlins demands for a renewed ceasefire are being accompanied by reports of the possible initiation of a program to supply insurgents in Aleppo with man portable anti-aircraft missiles. The Syrian government and Moscow must immediately return to a ceasefire, admonished German Chancellor Angela Merkel. The combat in Aleppo is intolerable. Even though the combat is becoming increasingly gruesome, the ceasefire had been doomed to fail from the beginning, because important insurgent militias - partisans of the West - rejected it and continued their combat. They even refused to accept a key element of the ceasefire, rejecting the demand that they halt their collusion with al Qaeda and its Syrian affiliate, the Jabhat al Nusra / Jabhat Fatah al Sham. That demand was considered particularly important because, as experts have been warning for months, al Qaeda is establishing a jihadi emirate in northern Syria. Confronted with the eventuality that the Syrian army may recapture Aleppo, Washington is now considering supplying man portable air defense systems, or "MANPADS," to insurgents allied with al Nusra - similar to the ones the US had previously provided the mujahidin fighting the Soviet military in Afghanistan. The German government remains silent because its own preferences will benefit - even though the missiles could wind up in the hands of al Qaeda.

A settlement to Cypriot dispute ‘closer than ever before, but there’s still a way to go’ – UN Special Adviser

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 23:31
On 22 August 2014, the United Nations Secretary-General Ban Ki-moon announced that he had appointed Mr. Espen Barth Eide of Norway as his new Special Adviser on Cyprus, replacing Mr. Alexander Downer of Australia, who had stepped down four months earlier, in April.

‘No words left’ to describe suffering of children in Aleppo –UNICEF

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 21:02
Children in Aleppo are trapped in a “living nightmare,” a senior official of the United Nations Children’s Fund (UNICEF) said today, stressing yet again, the direness of the situation, particularly for the children, in Syria’s war-ravaged Aleppo.

Republic of Korea: UN rights expert calls for probe in death of 69-year old protester

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 19:54
Expressing dismay over the death of a protestor who was injured by the police use of a water cannon on a peaceful rally last year in the country, a United Nations human rights expert has called for a full investigation into the incident and to ensure that such a “tragedy” is never repeated.

UN health agency declares elimination of measles in the Americas

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 19:33
The region of the Americas is the first in the world to have eliminated measles, a viral disease that can cause severe health problems, the United Nations health agency has declared.

Ban calls on UN Security Council for decisive steps to end attacks on hospitals, medical staff

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 19:25
Denouncing a surge in “horrific attacks” on hospitals, clinics and medical staff, most recently in the war-torn Syrian city of Aleppo, United Nations Secretary-General Ban Ki-moon called on the Security Council today to take decisive steps to end such obvious war crimes and hold the perpetrators accountable.

Improved UN database spotlights huge global disparities in access to cancer care

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 18:24
A revamped global database launched today by the United Nations atomic agency highlights startling disparities across the world when it comes to access to treatment and care for cancer.

UN food relief agency reaches town in northern Iraq for first time in two years

UN News Centre - Wed, 28/09/2016 - 18:09
For the first time in more than two years, the United Nations food relief agency has distributed urgently-needed food for people in and around the northern Iraqi town of Shirqat, which was under siege and cut off from humanitarian access from 2014 until earlier this month.

Un système verrouillé depuis l'indépendance

Le Monde Diplomatique - Wed, 28/09/2016 - 12:34

17 août 1960. Indépendance du Gabon, ancienne colonie française.

12 février 1961. Élection de Léon Mba à la présidence de la République.

27 novembre 1967. Décès de Léon Mba. Sous la pression de la France, Albert-Bernard Bongo, vice-président, lui succède.

12 mars 1968. Le Parti démocrate gabonais est désigné parti unique.

25 février 1973. Seul candidat, Bongo est élu président avec 99,6 % des suffrages. Converti à l'islam, il devient El Hadj Omar Bongo.

Avril 1990. Rétablissement du pluripartisme.

Mai-juillet 1990. Officiellement destinée à l'évacuation des ressortissants français, l'opération militaire « Requin » permet à Paris de rétablir l'ordre à Libreville après des émeutes insurrectionnelles.

5 décembre 1993. La réélection contestée de Bongo provoque un soulèvement, sévèrement réprimé.

8 juin 2009. Décès d'Omar Bongo.

3 septembre 2009. Élection contestée de M. Ali Bongo Ondimba, fils d'Omar Bongo. Émeutes contre les intérêts français.

13 février 2014. Perquisition dans une villa de Nice appartenant à la famille Bongo dans le cadre de l'enquête sur les biens mal acquis.

31 août 2016. Réélection contestée de M. Bongo. Les manifestations de protestation sont durement réprimées.

Repères

Le Monde Diplomatique - Wed, 28/09/2016 - 12:30
Birmanie

République, régime parlementaire

Résultats des dernières élections générales, 8 novembre 2015 :

• LND (Ligue nationale pour la démocratie, social-démocrate) : 60,27 % à la Chambre des nationalités (Chambre haute), 57,95 % à la Chambre des représentants (Chambre basse).

• USDP (Parti de la solidarité et du développement de l'Union, nationaliste) : 4,91 % à la Chambre des nationalités, 6,81 % à la Chambre des représentants.

Président  : Htin Kyaw (LND).

Indonésie

République, régime présidentiel

Résultats des dernières élections législatives, 9 avril 2014 :

• PDI-P (Parti démocratique indonésien de lutte, social-démocrate) : 18,95 % des voix.

• Golkar (Parti des groupes fonctionnels, libéral-conservateur) : 14,75 %.

• Gerindra (Parti du mouvement de la grande Indonésie, gauche populaire nationaliste) : 11,81 %.

Résultats de la dernière élection présidentielle, 22 juillet 2014 :

• Joko Widodo (PDI-P) : 53,15 %, élu.

• Prabowo Subianto (Gerindra) : 46,85 %.

Malaisie

Monarchie fédérale, régime parlementaire

Résultats des dernières élections générales, 5 mai 2013 :

• Barisan Nasional (Front national, national-conservateur) : 50,87 %.

• Pakatan Rakyat (Pacte du peuple, social-démocrate) : 47,38 %.

Premier ministre : Najib Razak (Barisan Nasional).

Philippines

République, régime présidentiel

Résultats de la dernière élection présidentielle, 9 mai 2016 :

• Rodrigo Duterte (Parti démocratique des Philippines-Pouvoir populaire) : 39,01 %, élu.

• Mar Roxas (Parti libéral) : 23,45 %.

Résultats des dernières élections générales, 9 mai 2016 :

• Parti libéral : 41,73 % à la Chambre des représentants (Chambre basse).

• NPC (Coalition nationaliste populaire, conservatrice) : 17,19 % à la Chambre des représentants.

Singapour

République, régime parlementaire

Résultats de la dernière élection présidentielle, 27 août 2011 :

• Tony Tan (indépendant) : 35,2 %, élu.

• Tan Cheng Bock (indépendant) : 34,85 %.

Résultats des dernières élections générales, 11 septembre 2015 :

• PAP (Parti d'action populaire, conservateur) : 69,86 %.

• Parti des travailleurs (social-démocrate) : 12,48 %.

Premier ministre : Lee Hsien Loong (PAP).

Thaïlande

Monarchie, régime militaire

En mai 2014, un coup d'État a renversé la première ministre Yingluck Shinawatra (Peua Thai), élue en 2011. Le 7 août 2016, environ 61 % des électeurs ont voté « oui » lors d'un référendum constitutionnel organisé par la junte au pouvoir, qui promet des élections en 2017.

Premier ministre  : général Prayuth Chan-o-cha.

L'heure du choix

Le Monde Diplomatique - Wed, 28/09/2016 - 12:29

Monsieur Barack Obama laissera derrière lui un paysage politique méconnaissable. Divisés comme jamais, les républicains présentent au scrutin de novembre un homme d'affaires opposé au libre-échange, haï par les caciques du parti mais soutenu par les classes populaires blanches. Lors des primaires démocrates, un sénateur se disant « socialiste » a tenu la dragée haute à la candidate de l'establishment. Que s'est-il passé pour que le pays qui a désigné son premier président noir en 2008 n'ait aujourd'hui d'alternative qu'entre un milliardaire aux propos sulfureux et une fidèle alliée de Wall Street ?

Dans sa dernière livraison, Manière de voir (1) apporte des éléments de réponse à cette question. À commencer par l'analyse des réalignements politiques opérés au sein de chaque camp sur des sujets comme l'immigration, le libre-échange, le salaire minimum ou l'avortement. Mais ce numéro se penche également sur la situation sociale du pays. Avec 5 % de chômage et 2,4 % de croissance, l'économie américaine semble, à première vue, s'être remise de la grande récession de 2008. Pourtant, les inégalités atteignent des niveaux record. Pour les migrants clandestins, les travailleurs pauvres, les victimes de l'incarcération de masse, les résidents des anciennes villes industrielles, la crise reste une réalité bien tangible, expliquant la désillusion qui saisit nombre d'électeurs à l'issue des deux mandats de M. Obama.

Au nombre des déçus, on retrouve évidemment les Afro-Américains. L'élection d'un président noir avait renvoyé au monde l'image d'une Amérique apaisée, débarrassée de ses clivages raciaux. Huit ans plus tard, tandis que les États gouvernés par les républicains multiplient les artifices pour les décourager d'aller voter et que les forces de l'ordre continuent de tuer un Noir tous les trois jours, l'espoir a laissé place à la colère. De Ferguson à Charlotte, de Baton Rouge à Dallas, les manifestations contre les violences policières ont essaimé à travers les États-Unis, donnant naissance au mouvement Black Lives Matter (« Les vies des Noirs comptent »), qui poursuit la longue histoire de la lutte pour l'égalité raciale, tout en réinventant ses formes d'action.

Enfin, l'actuel tumulte américain revêt une dimension géopolitique. Pour la première fois depuis l'entre-deux-guerres, le Parti républicain présente à l'élection présidentielle un candidat hostile aux interventions militaires à l'étranger. Afin de comprendre cette évolution, Manière de voir décrypte la politique étrangère conduite par la Maison Blanche depuis 2008 : de l'intervention en Libye au refus de renverser M. Bachar Al-Assad en Syrie, des bombardements illégaux par drones à l'accord signé avec l'Iran, du rapprochement avec Cuba au refroidissement avec la Russie, peut-on déceler une logique derrière ces choix en apparence contradictoires ?

(1) « Affrontements américains », Manière de voir, no 149, octobre-novembre 2016, 8,50 euros, en kiosques.

Nostalgie

Le Monde Diplomatique - Wed, 28/09/2016 - 12:29

Paysan en Chartreuse, Vincent Gilbert réagit à l'article « Éloge de la fermière » (août), extrait du dernier livre de Benoît Duteurtre.

Je rejoins l'auteur sur le constat de la menace de disparition de l'agriculture de montagne. Mais je pense que la principale menace qui pèse sur la ferme de Josette Antoine n'est autre que la mentalité totalement décalée des citadins apprentis campagnards.

Pêle-mêle, je note une confusion entre les termes « pasteurisation » et « stérilisation », entre « élevage hors-sol » (qui est effectivement absurde) et « création d'un bâtiment avec une dalle ».

La référence à cette magnifique agriculture montagnarde née au Moyen Âge semble oublier qu'à l'époque les agriculteurs étaient pour la plupart des serfs travaillant pour un seigneur peu concerné par les droits et la protection sociale de ses « larbins ».

Enfin, le paragraphe sur la possible reprise de l'exploitation par le fils de Josette néglige la réalité du travail quotidien dans une ferme. Certes, les vieux bâtiments sont bucoliques, adorables, poétiques... Mais ils sont inadaptés aux pratiques actuelles de l'agriculture, et ce même pour de petites exploitations agricoles de montagne. Et je ne parle pas là des normes qui semblent vous révulser. Je parle de fonctionnalité, de praticité, de gain de temps et d'économie... de sa santé !

Gigantisme universitaire

Le Monde Diplomatique - Wed, 28/09/2016 - 12:29

Après la parution de l'enquête de Christelle Gérand « Aix-Marseille, laboratoire de la fusion des universités » (septembre), le président de cette université, M. Yvon Berland, a souhaité apporter son point de vue. En voici les principaux éléments.

Aix-Marseille Université (AMU) ne procède pas d'un pari de gigantisme, mais d'une démarche volontariste visant à décloisonner, constituer et coordonner une masse critique de compétences et d'excellence dans le secteur public. Il y avait des raisons intrinsèques à fusionner les trois anciennes universités, ne serait-ce que l'enjeu de cohérence et de lisibilité en matière de recherche et de formation.

Si AMU avait eu le classement de Shanghaï pour seul horizon, il lui eût fallu alors ne pas intégrer les lettres, langues et sciences humaines, pourtant essentielles aux savoirs, mais dont les publications des enseignants-chercheurs ne sont pas ou peu prises en compte dans ce classement, qui juge de la performance de l'établissement au regard du nombre total d'enseignants-chercheurs.

Vous soupçonnez le président de l'université de clientélisme. Compte tenu de la très large majorité qui soutient sa politique, s'il y avait clientélisme, presque tout le monde serait déjà servi ! Et comment expliquer que des opposants notoires (que vous citez à plaisir) aient également bénéficié de financements ? Le seul critère ayant régi le financement des projets dans le cadre des Initiatives d'excellence (Idex) a été l'expertise internationale indépendante.

Vous contestez des faits pourtant incontestables tels que l'augmentation du régime indemnitaire des personnels administratifs, la réfection des locaux (dont la vétusté ne dépend pas de la fusion) ou encore l'augmentation des dotations en sciences sociales.

Vous critiquez le fait que l'université se préoccupe de l'employabilité de ses étudiants et son dialogue avec le monde socio-économique dans lequel se trouve l'essentiel des emplois. Vous auriez pu souligner le travail d'AMU, qui, au travers de ses accords-cadres avec de grands industriels, mais aussi avec le tissu de PME-PMI locales, facilite l'insertion professionnelle de ses étudiants et contribue à la reconnaissance du diplôme de doctorat dans le monde socio-économique.

Il est triste de voir éreintée de la sorte une université qui travaille, a connu de premiers succès et est déterminée à poursuivre dans la voie qu'elle a choisie, car avoir l'ambition d'être une université de rang mondial n'est absolument pas incompatible avec celle d'être une grande université de service public. C'est le pari que fait chaque jour Aix-Marseille Université.

Rectificatifs

Le Monde Diplomatique - Wed, 28/09/2016 - 12:28

— L'article « Riposte culturelle au Cachemire » (septembre 2016) évoquait l'absence d'élu musulman ou chrétien. Il fallait comprendre « dans la majorité gouvernementale », et non dans l'ensemble du Parlement.

— La carte accompagnant l'article « Cette France en mal de médecins » (septembre) ne prenait en compte que le nombre de médecins exerçant en libéral. Une carte interactive, plus détaillée, est présentée sur ce site.

— Dans « La Corne de l'Afrique dans l'orbite de la guerre au Yémen » (septembre), une coupe malheureuse a conduit à écrire que des forces arabes pourraient menacer Assab, alors que nous voulions dire que cette base érythréenne pourrait être utilisée par l'aviation égyptienne.

— L'article « “Enchanter la vulgaire réalité” » (septembre) donnait une traduction approximative de la devise de Paris. Fluctuat nec mergitur signifie plutôt « Il est battu par les flots, mais ne coule pas ».

— Dans « Traduire Shakespeare » (septembre), l'auteur faisait référence au mot finlandais sisu, et non situ comme indiqué par erreur.

Théorème de la soumission

Le Monde Diplomatique - Wed, 28/09/2016 - 12:28

Fins connaisseurs de la loi de l'offre et de la demande, les économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg ont trouvé une méthode pour écumer les plateaux télé et les antennes radio : provoquer la polémique de la rentrée en intitulant subtilement leur livre Le Négationnisme économique. Principale cible de leur brûlot : les économistes hétérodoxes, dont bon nombre figurent parmi les auteurs du Manuel d'économie critique du Monde diplomatique, actuellement en kiosques.

Que leur reprochent MM. Cahuc et Zylberberg ? De contester les résultats d'une discipline qui aurait opéré sa « révolution expérimentale » au point de devenir aussi indiscutable que « la physique, la biologie, la médecine ou la climatologie ». Désormais, les économistes, disent ces deux amoureux de la science, sont capables d'évaluer l'efficacité d'une mesure politique (par exemple, la hausse du smic) ou d'une prestation sociale exactement comme leurs collègues médecins testent les vertus d'un nouveau médicament : en comparant un premier groupe de patients, auquel la molécule est prescrite (dans ce cas, les bénéficiaires d'une mesure), à un second, auquel on administre un placebo (les autres).

Dans les années 1930, les économistes ont contracté un complexe d'infériorité vis-à-vis des sciences « dures », qui ne les a jamais quittés. Chez ces deux-là, la physics envy (1), ou jalousie envers les sciences physiques, confine au caprice de bambin. À ceux qui auraient l'idée saugrenue de reprocher aux économistes de ne pas avoir prévu la crise de 2007-2008, ils rétorquent : « En fait, la science économique n'est pas capable de prévoir un futur très complexe. De la même manière, la médecine est incapable d'anticiper la prochaine grande épidémie. Arrêtez-vous de voir votre médecin parce qu'il ne peut pas prédire si vous aurez un cancer l'année prochaine (2)  ? » Certes… Mais, si mon médecin m'a encouragé à fumer les trente dernières années, j'aurai de sérieuses raisons de vouloir changer de praticien. En préconisant énergiquement de déréguler la finance, les économistes dominants ont une grande responsabilité dans les tares du système actuel. Et, contrairement aux physiciens, qui ne peuvent guère modifier la loi de la gravité, les économistes influencent souvent leur objet d'étude…

Même le « Prix Nobel d'économie » 2015 Angus Deaton s'est agacé du scientisme naïf de ses collègues : « [Ce type de test empirique] n'est utile que s'il est combiné avec d'autres méthodes et d'autres disciplines pour découvrir non pas “ce qui marche”, mais pourquoi les choses marchent, à tel moment et à tel endroit (3).  » Car les phénomènes sociaux, contrairement aux expériences de laboratoire, ne sont pas reproductibles à l'identique. Ces subtilités donnent raison aux citoyens, de plus en plus nombreux, qui doutent des préconisations des économistes dominants. Faut-il vraiment s'en désoler ?

(1) Cf. Philip Mirowski, « Do economists suffer from physics envy ? », Finnish Economic Papers, vol. 5, no 1, Helsinki, printemps 1992.

(2) Challenges, Paris, 1er septembre 2016.

(3) Le Monde, 12 septembre 2016.

Clinton and Why the State Department Doesn’t Follow Its Own Rules (Pt I)

Foreign Policy Blogs - Wed, 28/09/2016 - 12:28

Kevin Lamarque (Associated Press)

There has been a lot of discussion of Hillary Clinton’s e-mails and her handling of classified material—a lot. Press coverage of Clinton has focused on the e-mail issue so much that it is the first thing people mention when pollsters ask about her. The topic is certainly worthy of discussion, but much of it has been misinformed, involving some combination of willful distortion and innocent misunderstanding about some fairly esoteric topics. I would like to take some time to examine some points about Clinton’s e-mails, the government classification system, and the reason why the State Department often does not follow its own rules when it comes to information security. This is not an exercise in excuse making but an effort to understand what has been happening at the State Department and why.

First, some people view FBI director James Comey’s public statement of July 5, 2016, explaining the FBI’s investigation and recommendation regarding Clinton’s handling of classified information, as an attack on Clinton. It is, I believe, more accurately understood as a preemptive defense of the FBI as an institution. So many exaggerated claims and assertions had been made about Clinton’s e-mails in terms of criminal liability that he would have opened his agency to attack if he had simply recommended against prosecution and left it at that.

Thus he went into an unusual degree of detail about the investigation and its thoroughness to prevent charges of bias. Comey said as much toward the end of his statement: “I know there will be intense public debate in the wake of this recommendation, as there was throughout this investigation. What I can assure the American people is that this investigation was done competently, honestly, and independently. No outside influence of any kind was brought to bear.” In a later memo to FBI employees, he stated: “The hard part was whether to offer unprecedented transparency about our thinking. . . . I struggled with that part, but decided the best way to protect the FBI, the Department of Justice, and the American people’s sense of justice was to announce it the way we did—with extraordinary transparency and without any kind of coordination.”

Despite what some people have suggested, Clinton’s use of a personal e-mail account, in and of itself, was not a violation of the law, nor was it necessarily unusual. Examining the period between 2001 and 2008, before Clinton came to the department, the State Department Office of Inspector General (OIG) “identified more than 90 Department employees who periodically used personal email accounts to conduct official business.” The OIG report—which addressed department-wide practices, not just Secretary Clinton—went on to quote a former department official as saying, “State’s technology is so antiquated that NO ONE uses a State-issued laptop and even high officials routinely end up using their home email accounts to be able to get their work done quickly and effectively.”

According to the OIG report, it was a violation of department policy to use an unauthorized system without seeking official guidance or approval from the department’s Bureau of Information Resource Management (IRM) and Bureau of Diplomatic Security (DS), which Clinton did not seek. (The report’s wording implies that the burden was on the secretary to initiate these actions, yet the IRM director was clearly aware of the situation.) Even there, however, the FBI report suggested some ambiguity: “While State policy during Clinton’s tenure required that ‘day-to-day operations [at State] be conducted on [an authorized information system]’ according to the Bureau of Information Security Management there was no restriction on the use of personal email accounts for official business. However, State employees were cautioned about security and records retention concerns regarding the use of personal e-mail. In 2011, a notice to all State employees was sent on Clinton’s behalf, which recommended employees avoid conducting State business from personal e-mail accounts due to information security concerns.” [Emphasis added; insertions and deletions made by FBI.] Was it required or recommended, or were there no restrictions? Apparently it is still hard to say.

The mishandling of classified material is a different matter. That can involve serious violations of the law, and that was the main focus of the FBI investigation. We shall return to that shortly, after reviewing a few intermediary points.

Why Would Clinton Use Her Own Server?

The State Department has two e-mail systems, a classified system for classified documents and an unclassified system (@state.gov) for other documents and messages. It is not permitted to transfer documents from the classified system to the unclassified system, and in any event they cannot be transferred without the direct assistance of system administrators.

Clinton regularly used the classified system for classified documents (or, more precisely, she assigned people to do it for her). The controversy arises from her use of a personal server in place of @state.gov and, more particularly, from the occasional use of that server—or any unclassified system—to communicate on classified topics. We will return to that topic below. First, why did she use a personal server?

My own initial assumption was that she wanted to control access to her communications. Clinton has been the target of political attacks for a quarter century, and some of those who attack her are not shy about taking information out of context or distorting it in the process. Thus one might expect her to want to limit access to her communications. Yet this does not seem to have been the case. Rather, just as she has said all along, she said to the FBI that she used the private server as a matter of convenience, and the FBI appears to have accepted this explanation.* The decision seems to be rooted in Clinton’s quite profound lack of expertise in, or curiosity about, information technology. She did not fully comprehend the possible consequences, and—probably because she was the secretary—no one forced her to confront them.

The decision to use a personal server, of course, raised two issues: possible exposure of her communications to hacking by hostile powers (or others) and complications concerning the proper archiving of what the State Department now calls “record emails.” Record e-mails are those that are to be marked for archiving. Not all e-mails are preserved. Department employees are instructed to delete personal e-mails and most “working emails,” which concern day-to-day administrative matters. Employees determine on their own which messages to delete and which to archive.

While Clinton was aware of these issues, they did not cause her concern. With regard to archiving, she simply believed that her e-mails could be found in the archives of the officials with whom she communicated (which undermines my initial theory that she used the private server to prevent access to her communications). This is really not a satisfactory means of record keeping, but then many people underestimate the difficulty of maintaining records, and even if frustrating, it is not designed to prevent record keeping. After all, the FBI did find many of Clinton’s deleted e-mails by looking in the archives of people with whom she corresponded, just as she said they would. (Many of the deleted e-mails that were deemed to be business-related have turned out to be earlier versions of e-mail chains that had already been turned over.) Incidentally, this was the exact opposite of Colin Powell’s practice. According to an e-mail he sent to Clinton in January 2009, he used a personal e-mail account precisely in order to prevent his messages from becoming “an official record and subject to the law” and for that reason advised Clinton to avoid “systems that captured the data.”

As for security, Clinton did not consider it a problem. According to her FBI interview, “CLINTON understood the email system used by her husband’s personal staff had an excellent track record with respect to security and had never been breached.” Although the FBI could not find evidence of any breach of her account, Comey stated that the nature of the technology might have allowed talented hackers to enter without leaving traces (although the FBI did find evidence that another e-mail account on the server had been hacked). On the other hand, David Sanger reported in the New York Times (after 10 paragraphs of how vulnerable Clinton’s private server was) that the Russians had access to the @state.gov e-mail system that she was supposed to be using for more than seven years, from at least 2007 through the end of 2014, so they probably have her e-mails and everyone else’s anyhow.

For the record, Clinton has stated that it was a mistake to have used her own server. Given the hullabaloo over the decision, it is safe to assume that she is not likely to do this again.

Not All Classified Documents Are Created Equal

The process of classifying and declassifying government documents is complex and highly arbitrary. The rules are vague enough to be open to interpretation, and the incentives generally favor “overclassification.” In other words, permitting the release of information that should have been classified has repercussions; classifying a document that did not require it does not. Thus there is a lot of material that is needlessly classified. Some analysts speak of a disconnect between the classification system and the actual needs of national security.

The arbitrariness of the system has been taken into account by people who deal with it regularly. For example, George Washington University’s National Security Archive, which frequently requests the declassification of old documents for historical purposes, routinely submits multiple requests for the same document in the hope that different officials will declassify different portions. On one occasion, the archive received the beginning and the end of a document from which the entire middle had been redacted. The very next day, in response to a separate request, it received a version of the same document with the middle intact but with the beginning and end removed. Thus within 24 hours the archive had received the entire document. The markings on the two copies indicated that both versions had been reviewed, redacted, and released by the same official.

The current Clinton case presents another example. The notes from Clinton’s FBI interview contain the sentence: “CLINTON believed information should be classified in the case of covert military action, the use of sensitive sources and where sensitive deliberations took place.” The FBI report, which was based in part on the interview and was released as part of the same package, contains virtually the same sentence except that the words “covert military action” have been redacted. Among the redactions from the interview notes, on the other hand, is Clinton’s date of birth.

That said, of course, not everything is overclassified, and the subject is not to be dismissed out of hand. Officially there are three levels of classification as defined by the National Security Act of 1947: Confidential (C), Secret (S), and Top Secret (TS). Bureaucrats often treat Confidential and Secret information in a fairly cavalier manner. This is the sort of thing that you read in the newspaper every day, attributed to a government official who will not give his name because he’s violating the law by giving classified information to a reporter. (Although, to be sure, some unauthorized leaks to the press are actually authorized releases masquerading as unauthorized leaks. Bureaucracy works in strange ways.)

Top Secret information is treated much more seriously. Fred Kaplan has related that when he began a job on Capitol Hill years ago, he was granted access to Confidential and Secret information from the first day, while he was restricted from seeing Top Secret material until his security clearance actually came through. Perhaps because there is only one category that everyone treats so seriously, a number of “unofficial” gradations have been invented within it, degrees of Top Secret, if you will. These include: Special Access Programs (SAP), Sensitive Compartmentalized Information (SCI), and the anatomically challenging EYES ONLY. Incidentally there are two grades of unclassified information as well, both of which may be sent on (authorized) unclassified systems: Unclassified (U) and Sensitive But Unclassified (SBU).**

Various categories of secretiveness can pile up. To take a random example, a 1991 assessment of the 1983 Able Archer war scare*** was marked: TOP SECRET UMBRA GAMMA WNINTEL NOFORN NOCONTRACT ORCON, which roughly translates as: Release Would Cause Exceptionally Grave Damage to National Security; Highly Sensitive Communications Intelligence; Contains Intercepts of Soviet Communications; Warning Notice—Intelligence Sources and Methods Involved; Not Releasable to Foreign Nationals; Not Releasable to Contractors or Consultants; Dissemination and Extraction of Information Controlled by Originator. As of last year, the document is freely available, albeit in redacted form.

*The argument that Clinton must have lied about it being convenient because she was really using multiple devices is false. She used multiple devices over the course of four years, one at a time.

**SBU is a State Department designation. Other agencies, including the FBI, use For Official Use Only (FOUO).

***Yes, there was a war scare in 1983, when the Soviets began to suspect that President Reagan was preparing to launch a nuclear missile strike and went on alert. Don’t feel bad, U.S. intelligence was not aware of it at the time either.

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NATO’s Strategic ‘Six-Pack’

Foreign Policy Blogs - Wed, 28/09/2016 - 12:13

By Dominik P. Jankowski and Maksymilian Czuperski

The transatlantic community faces threats on multiple fronts, rendering NATO as essential as it has ever been. Because of these changing regional security dynamics, the Alliance should consider some additional reforms to its internal structure and capacities, so that it can achieve necessary readiness. There is still much to ponder. On the road from the 2016 Warsaw Summit to the 2017 Brussels Summit, the Alliance should embrace six core approaches—a new strategic “six-pack”—in order to strengthen the process of NATO’s long-term strategic adaptation.

First, NATO should become a key platform for a new transatlantic grand bargain. The ongoing presidential race in the United States has once again revealed growing criticisms of NATO in some American political circles, especially among supporters of Donald Trump. A new transatlantic bargain should lead to more fair and balanced burden sharing, both in terms of devoting necessary financial resources as well as investing in the right capabilities. Following the decisions of the Warsaw Summit, the Alliance will, in fact, need additional heavier high-end capabilities. A NATO Defense Planning Pledge—which would not replace the NATO Defense Investment Pledge, but concentrate more on a desired military output—could become a starting point for a renewed transatlantic bond.

Second, NATO needs a clear political-military strategy to counter the Russian “Anti-Access/Area Denial” (A2/AD) systems. Even if A2/AD is by no means a new concept, it poses a formidable challenge to the political and military credibility of NATO, as it restricts the freedom to maneuver. Therefore, it should be considered an aggressive posture. In fact, Russia has harnessed an array of stand-off weapons—including air defense, coastal defense, cruise missiles, tactical ballistic missile platforms, and naval and submarine forces, as well as electronic and cyber warfare—which can turn areas falling within their range into strategically and operationally isolated “bubbles”.

Third, in an A2/AD and hybrid environment the Alliance needs a renewed and more ambitious exercises policy. NATO drills should not only provide assurance to Allies, but also serve as an element of a deterrence policy. An updated approach to exercises should not only include visibility, high-end capabilities and large-scale formations, but also be employed in a non-permissive environment on the eastern, northern and southern flanks. In short, what NATO needs are regular drills of the Follow on Forces in A2/AD “bubbles”.

Fourth, NATO needs additional robust intelligence, surveillance, and reconnaissance (ISR) capabilities, which are a fundamental requirement for effective situational awareness, strategic foresight, and early warning. In response to the current threats and challenges, NATO should consider employing a Regional Intelligence Analysis Centre (RIAC) on its eastern flank, which would supplement the work done by the NATO Intelligence Fusion Centre (NIFC). An additional ISR presence in the region, e.g. an AGS forward-operating location in Poland, would also support the planning and execution of current and future activities on the eastern flank.

Fifth, the Alliance needs a reviewed NATO Command Structure (NCS) that should be better suited to deliver on the collective defense tasks. Current regional security dynamics have challenged some assumptions on which the NCS was based, showing that its connectivity with the NATO Force Structure is not sufficient. Moreover, the Warsaw Summit decisions on strengthened deterrence and defense posture added new requirements for the existing NCS.

Sixth, NATO’s actions require a fully integrated approach to strategic communications (StratCom). The Russian pressure to redefine our values has now reached the stage of undermining the coherence of Euro-Atlantic communication. In the fog of misinformation NATO might be well prepared for classical cyber challenges, but the Russian-Ukrainian conflict shows that it also needs to be prepared for information war when the events are seamlessly melded with cyber, kinetic and electronic warfare operations. In fact, NATO’s activities should be enhanced by a creation of special StratCom departments throughout the Alliance member states to rapidly gather evidence, analyze and respond to disinformation campaigns.

As Europe confronts the prospect of future Russian aggression, terror, and domestic upheaval, NATO must remain a primary security guarantor on the continent. In fact, there is no viable alternative to NATO. But new security challenges cannot be borne by the Alliance of decades past. Indeed, NATO’s military adaption should be continued The Alliance must emphasize what is required of it, like intelligence, strategic communications and effective coordination and command, to confront these threats to transatlantic security. By developing a strategic “six-pack” NATO will stay on the right path and draw credible red lines that can keep Russian adventurism in check.

Dominik P. Jankowski is Head of OSCE and Eastern Security Unit at the Polish Ministry of Foreign Affairs.

Maksymilian Czuperski is Strategic Communications Advisor Europe and Special Assistant to the President of the Atlantic Council.

The views and opinions expressed in this article are those of the authors and do not necessarily reflect the official positions of the institutions they represent.

This article was originally published by The National Interest.

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