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« En Hongrie, la majeure partie des réfugiés se trouve dans des structures fermées »

HU-LALA (Hongrie) - Tue, 28/02/2017 - 10:59
Le 14 février dernier, le gouvernement de Viktor Orbán a présenté un paquet d’amendements législatifs qui prévoient une expulsion automatique en Serbie de tous les réfugiés se trouvant en situation irrégulière sur le territoire hongrois, ainsi que la détention des demandeurs d’asile pendant toute la durée de la procédure. Entretien avec Anikó Bakonyi du Comité Helsinki de Hongrie. Article publié le 28 février 2017 sur Q Code Mag. Traduit de l’italien par Sylvain Bianchi. Actuellement, quel est le nombre de réfugiés dans le pays ?

Le nombre de demandeurs d’asile, dont la procédure est en cours, est de l’ordre de 500 personnes. Il faut ensuite ajouter les réfugiés et les bénéficiaires de la protection internationale, qui seraient environ 3000. Mais il est difficile d’estimer les chiffres car beaucoup ont quitté la Hongrie. Chaque année, un petit nombre de personnes – environ 400 à 500 – bénéficient d’une certaine protection. En général, environ 90 % des réfugiés se dirigent vers l’Europe occidentale dès l’ouverture de leur procédure. Évidemment, ceux qui sont en détention ne le peuvent pas, mais bien souvent ils partent une fois relâchés.

Toute la question des réfugiés a été profondément instrumentalisée ces deux dernières années. Des obstacles aussi bien physiques que légaux à l’entrée en Hongrie et à la demande d’asile ont été instaurés. L’exemple le plus récent est la mise en place l’année dernière d’une bande de huit kilomètres, à l’intérieur de laquelle les personnes arrêtées peuvent être déportées au-delà de la frontière pour ensuite devoir attendre d’être autorisées à entrer via les deux zones légales de transit, à Röszke et à Tompa. Mais le bureau de de l’immigration réduit constamment le nombre de personnes autorisées à entrer sur le territoire. Actuellement, ce sont 10 personnes en tout pour les deux zones, alors que c’était 30 en novembre. Et justement, à propos de la gestion des frontières, nous avons recueilli des témoignages de traitements inhumains de la part de la police hongroise : expulsions violentes et passages à tabac avec l’intervention de chiens, des réfugiés se sont même fait confisquer leurs écharpes malgré le froid.

Quels sont aujourd’hui les règlements concernant la détention des réfugiés et des migrants ?

D’après la législation hongroise, les demandeurs d’asile peuvent être détenus pour plusieurs motifs. Actuellement, ils ne sont pas tous détenus – les familles avec enfants sont par exemple placées dans des structures fermées. Mais la proportion est en train de changer et, aujourd’hui, la majeure partie des réfugiés se trouve dans des structures fermées et on parle de détenir en masse les demandeurs d’asile. En ce moment, il y a deux types de détentions, celle pour les demandeurs d’asile et celle pour les migrants, dans des structures compétentes distinctes. Dans les premières se trouvent justement les demandeurs d’asile, et dans les autres se trouvent par exemple ceux qui ont vu leur demande d’asile refusée et qui sont en attente d’expulsion ou encore les personnes arrêtées sans visas ou sans permis de séjour en Hongrie. Les raisons pour lesquelles les demandeurs d’asile peuvent se retrouver en détention sont diverses. Par exemple, les autorités invoquent le risque qu’ils quittent le pays alors que leur demande est en cours de traitement, ce qui est considéré comme un manque de collaboration. L’idée est que les demandeurs d’asile doivent être traçables durant toute la procédure.

En ce moment, des personnes sont-elles bloquées en Hongrie ?

Je ne pense pas. Il y a des contrôles à la frontière entre l’Autriche et la Hongrie mais tous les véhicules ne sont pas arrêtés. Le nombre de personnes qui quittent la Hongrie reste gérable. Cependant, il est important de souligner un autre aspect. Depuis l’été dernier, ceux qui bénéficient de la protection en Hongrie sont privés d’une quelconque assistance ou mesure d’intégration. Actuellement, ils reçoivent un statut, mais doivent quitter les camps avant un mois et risquent de devenir sans-abri ou indigents. Les seuls qui fournissent une aide sont les volontaires et les organisations internationales. Il est donc très difficile pour ceux qui reçoivent une forme de protection de commencer une nouvelle vie ici. Un fait supplémentaire est l’atmosphère politique envers les étrangers qui est devenue beaucoup plus dure qu’auparavant.

Existe il des communautés de ressortissants sur lesquelles les réfugiés peuvent s’appuyer ?

Parfois oui, mais elles ne sont pas très solides et ne peuvent pas fournir une aide comme cela se passe dans d’autres pays.

Quelle est la situation à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, considérant que l’on a récemment enregistré une victime noyée dans sa tentative de traverser le fleuve Tisza ?

Il me semble qu’il y a plus de 7000 personnes qui sont bloquées en Serbie, dont toutes ne sont pas dans les camps, et cherchent à entrer dans l’UE. Je crois que la différence entre la Serbie et la Hongrie est que la Serbie n’a pas les structures adéquates, tandis qu’en Hongrie, elles existent mais il manque la volonté politique. En Serbie, environ 1000 personnes dorment à l’extérieur, quelques unes campent dans les zones de transit, que ce soit sur le territoire serbe ou hongrois, vivant dans des tentes non imperméables, dans des conditions désespérées. En novembre, le gouvernement serbe a interdit de fournir une protection humanitaire aux réfugiés, même si quelques organisations le font dans un environnement hostile. Les réfugiés, parmi lesquels de nombreuses familles avec enfants, attendent dans les zones libres de transit, dans des conditions inhumaines.

Quand les réfugiés sont-ils devenus aussi importants dans le débat public hongrois ?

Le point de départ a été la consultation nationale lancée en 2015 par le gouvernement hongrois sur l’immigration et le terrorisme, qui présentait cette conjonction pour la première fois. Par exemple, un questionnaire a été envoyé aux citoyens, avec des questions qui impliquaient une réponse non neutre, orientant de cette manière l’opinion des citoyens. Le gouvernement a compris qu’il existait une grande peur de l’immigration et un jeu dangereux a débuté. Avant 2015, très peu de hongrois avaient vu des réfugiés et même avant le référendum d’octobre 2016, le Parti du chien à deux queues (MKKP) avait lancé une contre-campagne soulignant que les hongrois avaient vu plus d’OVNI que de réfugiés. Pourtant, le gouvernement a fait des réfugiés l’ennemi principal, les accusant d’être porteurs de maladies et du terrorisme.



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Comment était la situation avant 2015 ?

Chaque année, il y avait quelques milliers de demandeurs d’asile mais les gens n’en étaient pas conscients. Ils me demandaient personnellement s’il y avait vraiment des demandeurs d’asile en Hongrie. Maintenant, ils ne me le demandent plus car ils sont convaincus qu’il y a des demandeurs d’asile à chaque coin de rue, alors que leur nombre réel est même plus bas qu’avant ! Avant, la question n’était absolument pas politisée. Puis, en 2014, il a eu 40 000 demandes et 176 000 en 2015, mais la très grande majorité des réfugiés quittaient le pays dans les 10 jours. Je crois que la population n’a jamais vu un grand nombre de réfugiés. Même pendant les jours chauds de l’été 2015, il y avait seulement quelques milliers de réfugiés.

La Hongrie a déjà été confrontée à des flux de réfugiés après la chute du socialisme ?

Il y a eu un grand flux de Hongrois issus des minorités de la Roumanie et de la Yougoslavie qui se sont intégrés avec une procédure accélérée pour obtenir la nationalité. Puis, pendant les guerres yougoslaves, il y avait environ 20 000 demandes d’asile, avec quelques centaines approuvées chaque année. Mais, pour un pays de 10 millions d’habitants, cela n’a jamais été un phénomène de masse.

Il n’y a jamais eu un sentiment d’empathie sur la base de la mémoire d’une expérience commune des réfugiés que les Hongrois ont vécu suite à l’invasion soviétique de 1956 ?

Quand nous parlons aux journalistes et aux étudiants, nous essayons toujours d’utiliser ce parallèle en rappelant les 200 000 hongrois qui ont fuit la Hongrie et qui ont été acceptés par d’autres pays. La crise hongroise a été le premier test de la Convention sur les réfugiés de 1951. La propagande officielle nie tout parallélisme, car les réfugiés d’aujourd’hui sont définis comme une population différente. Elle insiste plutôt sur le fait qu’ils sont des criminels ou sont dangereux. Les réfugiés hongrois ont été idéalisés et, pour cette raison, ils sont considérés incomparables aux autres réfugiés.

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Un référendum contre l’agrandissement de la centrale de Paks ?

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 27/02/2017 - 16:47
Le parti vert LMP a indiqué vendredi 24 février vouloir un référendum national sur l’agrandissement de la centrale nucléaire de Paks, rapporte l’agence de presse MTI.


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Cette demande tombe juste après que le mouvement Momentum a obtenu le retrait de la candidature de Budapest pour accueillir les Jeux Olympiques de 2024. Cette fois, c’est le LMP (« Une autre politique est possible »), un petit parti écolo-agrarien, membre du parti Vert européen, qui souhaite un référendum national sur l’agrandissement de la centrale nucléaire de Paks, confié au début de l’année 2014 à l’entreprise russe Rosatom.

Nucléaire : la Hongrie s’en remet à Moscou

Sa co-présidente, Bernadett Szél, a annoncé lors d’une conférence de presse vendredi dernier que le recul du gouvernement sur la question des Jeux olympiques prouve que les citoyens hongrois ne devraient pas non plus donner quitus sur un sujet aussi important. Selon elle, tous les Hongrois devaient être consultés avant de poursuivre un projet d’ampleur nationale comme celui-ci, représentant un investissement estimé à 12 milliards d’euros.

Le LMP a toutefois peu de chance de réussir dans son entreprise. Interrogé par l’agence de presse MTI, Miklós Szánthó, directeur du Centre pour les droits fondamentaux, estime que la Commission nationale électorale (NVB) pourrait rejeter la demande de référendum initiée par LMP. En effet, l’extension de la centrale nucléaire relevant de financements et d’investissements internationaux, elle est régie par des accords entre État sur lesquels un référendum n’aurait aucune valeur. La Loi fondamentale hongroise stipule qu’il est impossible de soumettre à référendum ni la signature de traités internationaux, ni les obligations et engagements qui en découlent. Par ailleurs, une initiative similaire portée par l’eurodéputé hongrois Benedek Jávor avait achoppé pour cette raison.

Plusieurs enquêtes d’opinion réalisées depuis 2014 semblent indiquer que l’opinion publique est réservée voire hostile au projet « Paks 2 » et qu’une majorité de hongrois se montre en faveur du développement des énergies renouvelables.

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Aux Césars, François Ruffin dénonce les délocalisations vers la Pologne

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 27/02/2017 - 08:15
En recevant son César pour «Merci patron !», le rédacteur en chef du journal «Fakir» a vivement dénoncé l’inaction politique en France vis-à-vis des délocalisations industrielles vers l’Europe centrale et la Pologne en particulier.

Lors de la cérémonie des Césars, vendredi soir, François Ruffin a reçu le César du meilleur documentaire pour son film « Merci Patron !», qui a fait plus de plus de 500 000 entrées en 2016.

Depuis, son discours fait buzzzzz sur internet. En Pologne, il n’est pas passé tout à fait inaperçu non plus. La chaîne d’actualités en continu Telewizja Republika (de droite conservatrice) a rapporté l’information sous la forme d’une courte dépêche factuelle, tout comme la station de radio RMF24.

« Mon film, il parle d’une usine qui part en Pologne et qui laisse derrière un paquet de misère et un paquet de détresse. Et au moment où je vous parle, c’est une usine d’Amiens, qui s’appelle Whirlpool, qui fabrique des sèche-linges, qui subit la même histoire puisque maintenant ça part là aussi en Pologne. […] Mais imaginons que ce soient les députés, qu’on dise les députés ne sont pas assez compétitifs. Un député français coûte 7610 euros par mois, un député polonais coûte 2000 euros par mois. […] Imaginons qu’on dise : demain, il faut délocaliser l’hémicycle à Varsovie ».

 

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« Il y avait une taupe parmi mes amis… »

HU-LALA (Hongrie) - Sun, 26/02/2017 - 21:01
En 1975, après six mois de visites, démarches, papiers et entretiens au consulat de Hongrie à Paris j’eus enfin l’autorisation de rejoindre mon mari, étudiant en médecine. Le 11 septembre je débarquai de l’Orient-Express à Budapest. Je devais y passer une année scolaire de préparation pour apprendre le hongrois avant de me présenter au concours d’entrée d’une Université.




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Dès le lendemain de mon arrivée on me prit mon passeport que l’on remplaça par une feuille A4 chargée d’un texte hongrois totalement incompréhensible pour moi. À l’époque je ne connaissais qu’un mot, et encore, à l’envers : szökönöm au lieu de köszönöm (merci). Cette feuille, je devais la présenter en cas de contrôle d’identité. Au bout de deux mois on me rendit mon passeport accompagné d’un petit livret à mon nom avec photo, adresse, profession, nom de jeune fille de ma mère, lieu d’étude ou de travail. Ce livret changea de couleur plusieurs fois au cours de ma vie. Jaune, gris, bleu, bleu plus foncé, il me suivait, d’une couleur de plus en plus profonde au rythme de mon intégration dans la société qui m’accueillait. Le bleu foncé, le dernier, était le livret donné aux résidents étrangers permanents. Le rouge foncé, presque bordeaux, était réservé aux Hongrois. Quelle symbolique dans les détails ! Puis, victime de la modernité il fut remplacé par une simple carte plastifiée, la carte de résident.

La restitution de mon passeport ne signifia pas pour autant que je pouvais de nouveau voyager selon mon bon plaisir. Jusqu’en 1990 chaque fois que je voulais me déplacer hors de Hongrie et malgré le fait que je sois étrangère, je devais me plier à un parcours bien balisé. La première étape était le service scolaire de l’Université ou plus tard, la direction de mon employeur qui devait émettre un avis favorable à mon voyage. Munie de cet avis, seconde étape, le service de contrôle des étrangers au commissariat de police où je déposais ma demande de visa de sortie qui m’était généralement délivré en huit jours.

Là je rencontrais József, le fonctionnaire chargé de suivre mon dossier. De quelques années plus âgé que moi, il était toujours d’un respect et d’une distance impeccables. Après m’avoir demandé de prendre place il sortait de son placard un imposant classeur d’une hauteur de dix à douze centimètres et composé de feuilles volantes à mon nom. Même en additionnant les nombreuses demandes de sorties du territoire, ce dossier me paraissait bien fourni. József en tournait lentement les pages et toujours très professionnellement entamait avec moi une conversation qui me semblait alors anodine.

Avais-je des amis, des problèmes financiers, mes frères et sœurs allaient-ils bien, quelles études faisaient-ils, mes parents étaient-ils toujours engagés politiquement, mes problèmes de garde d’enfant s’étaient-ils arrangés ? Naïve et surtout n’ayant rien à cacher, je répondais volontiers à toutes ces questions malgré ou peut-être, justement, à cause de la sourde anxiété qui m’accompagnait lors de ces rencontres. En 1983, en sixième année de médecine après une série éprouvante de partiels, nous fêtions, trois camarades de promotion et moi-même la fin du semestre. Emportés par le soulagement du succès nous faisions des projets immédiats : « Soyons fous, partons ! Une semaine ! Faire du ski en Tchécoslovaquie ».

Je fus celle qui refroidit l’enthousiasme : « contrairement à vous, Hongrois qui pouvez voyager sans contrainte dans les pays du camp communiste, moi, j’ai besoin d’un visa, de deux même, puisqu’il me faut sortir de Hongrie et entrer en Tchécoslovaquie ». Mais je tentai le coup et après être passée en vitesse au service étudiant de l’université, j’arrivai au commissariat. József me vit dans le couloir et m’accueillit d’un « vous venez pour un visa de sortie en Tchécoslovaquie ? » C’est là que j’eus la certitude qu’il y avait une taupe parmi mes amis. Je les avais quittés quelques heures auparavant. Une drôle de sensation ! Même si je me doutais bien que la surveillance faisait partie du « package all inclusive ».

Bien plus tard, après les changements de régime, József continua une carrière brillante dans la police hongroise. J’ai également changé de statut, ai rempli d’autres fonctions. Nous sommes devenus amis.

Les autres protagonistes de l’histoire ont quitté la Hongrie définitivement, avant les changements de régime !

Photo d’illustration prise à Ferenciek tere en 1976 (Felszabadulás tér). Crédit : UVATERV / Fortepan. 

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La mise en scène d’un « blasphème » suscite l’émoi à Varsovie

HU-LALA (Hongrie) - Fri, 24/02/2017 - 11:21
Malédiction, une pièce de théâtre mise en scène par le croate Oliver Frljić, a été jugée « blasphématoire » par l’Institut Ordo Luris, un organisme qui prône la défense de l’ordre constitutionnel polonais.

La pièce de théâtre est jouée depuis dimanche au théâtre Powszechny de Varsovie et elle fait déjà parler d’elle. Violemment anticléricale, Klątwę (« Malédiction ») a de quoi choquer l’Église catholique en Pologne. Outre les citoyens polonais pro-PiS (Droit et Justice, le parti au pouvoir, ndr), le metteur en scène croate Oliver Frljić n’épargne pas non plus son propre pays, en mettant en scène le drapeau au damier dans une scène d’accouchement.



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Adaptée de la pièce du même nom de l’écrivain polonais Stanisław Wyspiański (1899), la mise en scène de Oliver Frljić a insurgé les organisations religieuses et politiques en Pologne. Le spectacle contient plusieurs scènes qui ont choqué jusqu’à une partie de la communauté chrétienne, le procureur de Varsovie Łukasz Łapczyński ayant relaté de nombreuses menaces de plaintes. Outre les personnages en soutane prenant part à des scènes de violence et d’accouplement, les détracteurs de la pièce ont aussi dénoncé des scènes où les armes sont faites à partir de symboles religieux et où des actes sexuels sont pratiqués sur le chef de l’Eglise catholique. Ce dernier est par ailleurs défini comme le « défenseur des pédophiles » et quasi exécuté.

L’« incitation à commettre un crime » contre le président du PiS, Jarosław Kaczyński, a aussi été invoqué en raison de la confidence d’une actrice selon laquelle une scène – finalement coupée – devait représenter une collecte d’argent pour l’assassinat de Jarosław Kaczyński. Le théâtre dément toutefois qu’une telle scène ait pu être jouée.

Oliver Frljić a aussi fait l’objet d’attaques dans son pays ces dernières années, comme le rapportait Balkan Insight l’année dernière. Dans une interview avec le magazine Nachtkritik.de au printemps 2016, celui-ci dénonçait le climat nationaliste en Europe médiane et particulièrement en Croatie, en Hongrie et en Pologne. « Les gens ne comprennent pas que l’État devrait être une structure au service de leurs intérêts, et non pas une idée pour laquelle on serait prêt à donner sa vie dans se poser de questions, ou qui nous pousse à détester l’Autre sans raisons », avait-il déclaré en 2013 à Novosti, dans un entretien traduit par le Courrier des Balkans.

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Budapest construira bien les infrastructures prévues pour les JO 2024

HU-LALA (Hongrie) - Thu, 23/02/2017 - 19:51
Une mobilisation pour rien ? Selon l’hebdomadaire HVG, les investissements promis par l’État et la municipalité de Budapest en vue des Jeux olympiques 2024 seront réalisés malgré le retrait de la candidature hongroise.

Budapest promettait pour 2024 des Jeux olympiques modestes, en raison de l’utilisation d’infrastructures déjà existantes ou qui seraient construites pour répondre à des besoins réputés réels des habitants. Selon le magazine HVG, une bonne partie des projets d’équipements sportifs et de transports urbains figuraient effectivement déjà dans plusieurs documents de planification. Ce qui signifie qu’ils seront mis en chantier tôt ou tard, en dépit du retrait de la candidature hongroise.



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Du côté des équipements sportifs, le document de référence reste le Schéma de développement Ferenc Kemény, objet d’un décret gouvernemental en 2016. Censé « augmenter le niveau des infrastructures sportives » de la capitale, ce document de planification prévoit la construction de nombreux stades, gymnases, etc., d’ici 2022. Au-delà – ou plutôt en-deçà – des olympiades, la stratégie assumée de Budapest est de se spécialiser en métropole sportive pour accueillir de nombreuses compétitions internationales, à l’instar cette année des championnats du monde natation ou en 2020 de quelques matchs du championnat d’Europe de football. Les développements en transports urbains devraient suivre selon HVG, qui cite de nouveau un décret gouvernemental de janvier 2017, ainsi que le Schéma de développement urbain conçu à l’horizon 2030.

Budapest devrait se voir dotée d’ici quatre à cinq ans d’une piste d’Xtrem VTT, d’un centre nautique sur le Danube, d’un stade d’athlétisme à la confluence du Danube et du « bras de Ráckeve » (au niveau du pont Rákóczi), d’un palais des sports, d’un nouveau court de tennis, d’un nouveau vélodrome, d’un hippodrome, d’un stand de tir et d’une patinoire. A cela s’ajoutent les reconstructions du stade Ferenc Puskás et de la piscine de Dagály, ainsi que le développement du Népliget comme lieu d’entraînement sportif. En matière de transports urbains, la ville devrait anticiper les flux de visiteurs par le renouvellement de nombreux matériels roulants (tramways, métro, bus), la reconstruction du métro 3 et le développement d’infrastructures autoroutières aux abords de Budapest.

La confirmation de ces grands projets pose néanmoins question, alors que la mobilisation en faveur d’un référendum sur les Jeux olympiques s’appuyait en grande partie sur un argument économique. Le mouvement Momentum – mais aussi les autres partis d’opposition ayant participé à la récolte des signatures – estimaient notamment que la Hongrie ne pouvait pas se permettre des investissements somptuaires alors que certains services publics sont dysfonctionnels, la santé en particulier.

En Hongrie, des Jeux Olympiques pour faire oublier les vrais problèmes ?

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En Hongrie, « l’explosion peut survenir n’importe quand »

HU-LALA (Hongrie) - Thu, 23/02/2017 - 14:10
Mes inquiétudes dont je vais parler sont certes politiques mais tout le monde peut les comprendre et les ressentir, y compris les soutiens convaincus et sincères du gouvernement actuel. Ces lignes s’adressent aussi à eux, bien que je sois évidemment de gauche, même si ce n’est pas au sens courant du terme en Hongrie (social-libéral). […] Tribune de G.M. Tamás, publiée 31 janvier 2017 dans HVG sous le titre « Aggodalmaink » (« Nos inquiétudes »). Traduite du hongrois par Paul Maddens.

La situation politique actuelle paraît calme et équilibrée. Nos concitoyens qui aimeraient voter, au fond, dans leur majorité sont des fidèles du premier ministre Viktor Orbán, mais au sein de la population du pays ils ne représentent qu’une minorité – il est vrai la minorité la plus grande en proportion. M. Orbán aura une majorité confortable dans le prochain parlement si l’on s’en tient à la situation actuelle. Les électeurs du camp d’Orbán partagent les vues qu’il proclame ces jours-ci. Une partie non infime des sympathisants de l’opposition pense aussi comme lui sur de nombreuses questions importantes, avant tout celles qui concernent les demandeurs d’asile et certaines minorités. Sur ces points, je désapprouve l’attitude et le point de vue de la majorité de l’opinion publique : ce n’est ni plus ni moins que du conformisme que de rester avec la majorité si on les considère comme moralement inacceptables. Je sais que je suis en minorité. Selon les règles du jeu en vigueur, je respecte l’opinion de la majorité bien que ma conviction, située à l’opposé, soit très ferme.



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En même temps, les gens de gauche doivent comprendre les sentiments profonds de la classe moyenne conservatrice. Entre Mohács (ndlr : défaite de l’armée hongroise en 1524 qui marque le début de l’occupation turque en Hongrie) et 1918, le souci de la nation hongroise (ou plus précisément de la noblesse hongroise[1]Longtemps l’idée de « nation hongroise » ne s’appliquait qu’à la noblesse hongroise jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });) a été l’absence d’existence d’un Etat autonome et le lien conflictuel avec une dynastie étrangère, la peur d’être dissous dans un empire. Pour finir c’est le traité tragique de Trianon (ndlr : en 1920, suite à la 1ère guerre mondiale) qui a à la fois apporté l’indépendance et mis fin à la Hongrie dite historique[2]Le terme Hongrie historique désigne la Hongrie dans ses frontières d’avant le traité de Trianon qui l’a amputé des deux-tiers de ses territoires ; c’était la Hongrie de l’époque de l’Empire austro-hongrois. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. Après quelques années d’une indépendance extorquée et contrainte, à partir de 1938 la Hongrie a vécu à l’ombre d’abord du Troisième Reich puis de l’Union Soviétique. Aux yeux de beaucoup, et pas seulement à droite, il est apparu que l’Union Européenne (et l’influence occidentale en général) rend illusoire l’indépendance hongroise ce qui, s’accompagnant des nouvelles valeurs sociales – le féminisme, l’égalité des droits des homosexuels, l’antiracisme, l’écologie, la sympathie à l’égard des classes « inférieures », « improductives », la culture populaire de la consommation, l’influence des réseaux sociaux – met en danger l’« âme » traditionnelle de la nation. L’idéologie d’Orbán fait écho à ces inquiétudes conservatrices (on ne peut savoir jusqu’à quel point il le fait avec sincérité, mais ceci est accessoire) –et c’est ce qui en fait le succès, malgré les doutes qui se propagent chez les conservateurs. Personnellement, je ne crois pas correcte cette interprétation de l’histoire hongroise, mais je ne nie pas qu’elle possède une base réelle : personne ne peut mettre en doute que l’indépendance de la nation est une question importante et réelle. Les lecteurs attentifs d’Antonio Gramcsi le savent bien.

Le système paraît stable en Hongrie – mis à part quelques grognements – le silence règne. En même temps, de plus en plus de personnes posent des questions (pour l’instant principalement à elles-mêmes) auxquelles on ne peut répondre.

Comment est-il possible que des hommes politiques et leurs amis qui n’ont jamais exercé dans le monde des affaires, qui n’y connaissent rien au commerce, à la gestion, au marché des capitaux, à la production, accumulent des biens valant des milliards (de forints[3]1 milliard de Forints équivaut à peu près à 33 millions d’euros. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_3").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_3", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });) en un rien de temps ? Comment est-il possible que seuls les membres du groupe politique dirigeant et ses délégués décrochent les appels d’offre de l’Etat que l’UE finance en partie ? Comment est-il possible que des sociétés liées à l’entourage du premier ministre – devenues très riches grâce à des crédits d’Etat et d’autres bienfaits – accaparent avec facilité des journaux hongrois, des stations de radio, des chaînes de télévision, des sites internet populaires ? Comment est-il possible que les hommes du gouvernement –ainsi que leurs hommes de confiance, les membres de leurs familles, leurs institutions favorites, leurs associations – font rénover des palais et des châteaux de magnats pour eux-mêmes ? Comment se fait-il que l’un des dirigeants du gouvernement (maire d’une petite ville depuis quelques années) organise une chasse à courre dans la propriété tchèque du prince héritier François Ferdinand, et ici tire le faisan en compagnie de l’aristocratie internationale ? Comment est-il possible qu’un homme modeste de province, inexpérimenté, proche du Premier ministre, achète déjà des équipes de football dans des pays voisins pour lesquelles l’Etat hongrois a construit un stade et engagé des joueurs talentueux[4]Le texte fait allusion aux équipements qui ont été construits dans le village où Viktor Orbán possède une maison (Felcsút) : stade de foot, école de foot… jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_4").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_4", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] }); ? Comment est-il possible que le même homme modeste, encore désargenté il y a peu, mette son yacht au mouillage dans le port exclusif des vedettes mondiales ?

Que suggère le fait que le premier ministre s’installe dans le château royal de Buda ?

Le jugement porté sur ces faits par les citoyens de droite, de gauche, ainsi que les membres inclassables de la majorité silencieuse, ne diffère pas. Leurs opinions divergent tout au plus sur la question de savoir jusqu’à quel point le phénomène est nouveau, dans quelle mesure la pratique des adversaires et concurrents du Premier ministre était semblable. Visiblement, la plupart – à l’exception peut-être du jugement des acteurs de la vie publique les plus jeunes – méprisent le comportement affairiste de l’ensemble de la classe politique, même si ce n’est pas au même degré.

Pour ceux qui ont quelques connaissances et éventuellement une expérience historique, c’est extrêmement angoissant.

Dans n’importe quel système – y compris dans les tyrannies « dures », comme il n’en existe plus en Hongrie depuis le milieu des années 1960 – la stabilité apparente est très fragile, si les citoyens ressentent que les dirigeants de l’Etat trouvent leur satisfaction dans l’assouvissement de leurs intérêts personnels ou de groupe, dans l’accroissement des avantages du pouvoir et de la fortune et ne sont pas avant tout les serviteurs du bien commun, de l’intérêt général et du bénéfice collectif, si cela influence leurs projets politiques, leur façon d’administrer, leur façon de gouverner, si la façon de traiter leurs détracteurs et leurs adversaires en dépend, s’ils utilisent pour cela la possibilité de modifier le droit par le biais de la législation dans le but de faire taire ceux qui les démasquent, si l’argent public perd son caractère public de façon aussi visible, il peut s’en suivre un mal terrible, à supposer que la situation se dégrade jusqu’à ce que les citoyens aient le sentiment que l’Etat dont la vocation est de les protéger, de les aider et de les servir, ne représente que les intérêts d’un groupe étroit et rien d’autre.

En effet, à présent, il n’est pas question ici que quelqu’un désapprouve la ligne politique influencée de façon décisive par le gouvernement –il serait possible de la discuter rationnellement et il serait possible de parvenir à plus ou moins d’accords sur les changements à apporter. Ici il n’est pas non plus question du fait que l’Etat actuel agit en priorité en faveur de la classe régnante de toujours (les possédants, les puissants, les gens célèbres, les plus cultivés, les chanceux : les « forts » et « ceux qui ont réussi »), en cela il n’y a rien de nouveau, hélas ce fut toujours plus ou moins ainsi. Ce dont il est question est que l’Etat n’est plus l’Etat mais une entreprise privée menée par des personnes privées égoïstes. Saint Augustin a appelé cela latrocinium (ce qui signifie bande de voleurs). Selon lui, sans équité l’Etat n’est qu’un latrocinium et l’état de nature se rétablit, dans lequel les citoyens ne doivent plus reconnaître l’autorité de l’Etat et peuvent prendre en main la direction des affaires publiques.

« Les hommes du gouvernement et les médias de toute orientation n’ont aucune idée du niveau de haine effrayante qui s’est accumulée contre le premier ministre Orbán et son système ».

Il faut craindre que l’effacement de l’autorité de l’Etat ne soit pas une transition tranquille et ordonnée vers la formation d’une nouvelle autorité étatique, mais plutôt un chaos. Espérons qu’il ne soit pas sanglant, Dieu nous en garde.

Les hommes du gouvernement et les médias de toute orientation n’ont aucune idée du niveau de haine effrayante qui s’est accumulée contre le premier ministre Orbán et son système. Les données des études d’opinion ne le montrent pas, elles montrent simplement que le peuple hongrois n’a pas confiance dans l’opposition parlementaire et que le peuple est d’accord avec l’opinion d’Orbán sur de nombreuses questions. Ceci dit, le peuple n’est pas d’accord avec le zèle affairiste du Premier ministre et de son entourage, avec son influence d’ampleur sidérante sur l’économie et son enrichissement ahurissant ainsi qu’avec sa façon profondément antidémocratique d’exercer le pouvoir. Il trouve stupéfiant le gaspillage, la légèreté, l’irresponsabilité du gouvernement et la façon ostensible de jeter l’argent par les fenêtres dans ce pays pauvre.

Ce qui cache aussi la fureur perceptible et prévisible de l’opinion publique est que le Premier ministre dirige visiblement une partie de l’opposition (ou, comment dire, l’a acquis à sa cause). Le Premier ministre, après avoir fait sien les 9/10e des médias hongrois du bassin du Danube avec les méthodes que l’on sait, essaie d’embrigader ses détracteurs en influençant la presse de l’opposition. Si ses plans réussissent, le pouvoir « orbániste» va se retrouver face à une opposition «orbániste» et puisqu’il ne reste que peu de limites à l’exercice du pouvoir d’Orbán, émergeront alors les problèmes connus du pouvoir absolu. (L’opposition parlementaire et les médias mainstream ont été passablement conformistes jusqu’à maintenant, et ils n’ont cherché d’aucune façon à se mesurer à l’opinion majoritaire – sur la question des réfugiés et celle des Tsiganes notamment – et ils ont laissé Orbán remporter le référendum perdu[5]Un référendum a eu lieu le 2 octobre 2016 sur la question des réfugiés, il a été préparé par une campagne anti-réfugiés intensive du gouvernement. « Voulez-vous que l’Union Européenne puisse prescrire l’installation obligatoire en Hongrie de citoyens non hongrois sans l’approbation du Parlement ?» Ce référendum a été un échec car le taux de participation n’a pas atteint le seuil minimum, mais le pouvoir a surtout communiqué sur le % de non qui était majoritaire chez ceux qui avaient voté. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_5").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_5", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });.

« Ce système fonctionne selon la logique moyenâgeuse des « cadeaux du roi » dans lequel l’Etat octroie au groupe régnant et à ses fidèles des biens, des revenus, des entreprises, des propriétés foncières, des prébendes ».

L’opinion publique hongroise, paisible et inorganisée, aussi patiente et placide qu’elle soit d’habitude, a déjà compris qu’il n’est probablement pas possible d’améliorer par le biais des élections le mode de gouvernement insupportable, moralement et politiquement. Hélas cette opinion publique a supporté passivement le détricotage d’une partie des libertés constitutionnelles, elle n’en est pratiquement pas informée. Il n’y a pas eu non plus d’objection. Mais le mouvement d’accaparement mené à bien sous des noms d’emprunt, « Lőrinc Mészáros, István Garanci, Andy Vajna, etc…. » – tout au moins à certains égards – a ouvert les yeux des citoyens patriotes de Hongrie. Ils soupçonnent vaguement qu’il ne s’agit pas de corruption classique qui, elle, ne peut être légalisée. Par contre ce système fonctionne selon la logique moyenâgeuse des « cadeaux du roi » dans lequel l’Etat octroie au groupe régnant et à ses fidèles des biens, des revenus, des entreprises, des propriétés foncières, des prébendes. Quand l’argent public perd son caractère public, qui plus est de façon légale, alors L’ETAT PERD SON CARACTÈRE D’ÉTAT, les citoyens indignés ne voient pas l’Etat comme autorité mais comme un éventuel rassemblement de personnes privées égoïstes et c’est la fin de l’Etat.

La royauté patrimoniale – dans laquelle les biens de la Couronne (en termes modernes, l’Etat) et les biens publics ne sont pas séparables des biens privés du souverain – a cessé depuis des siècles. En essayant de lui redonner forme dans les conditions du XXIe siècle, ils mettent fin aux illusions des citoyens qui se rattachaient à l’idée d’Etat de droit constitutionnel. Ce dernier a été confisqué sans qu’on le remarque. Ce n’est pas un « Etat-mafia », la mafia acquière de l’influence sur l’Etat de l’extérieur, chez nous, par contre, c’est le groupe dirigeant qui prend l’Etat pour proie et qui s’approprie les richesses privées : dans un premier temps il les nationalise et dans une deuxième étape les privatise pour son compte. C’est ainsi que l’argent public perd son caractère public.

Toutes les expériences historiques indiquent que dans le cas d’une très forte contradiction entre les apparences (l’Etat de droit) et le contenu réel (l’arbitraire), il suffit d’une étincelle pour que l’ensemble de l’édifice s’écroule, explose. En général les puissants ne s’en doutent pas. Louis XVI ne s’en doutait pas le 14 juillet 1789, Gerő Ernő non plus le 23 Octobre 1956. Au cœur du parti ils se moquaient des requêtes d’Imre Nagy.

Le Premier ministre Viktor Orbán ferait bien de transmettre au plus vite le pouvoir de gouverner à l’un des représentants non compromis (ou beaucoup moins) de sa ligne politique, qui, d’une façon ou d’une autre, emmènerait le pays jusqu’aux élections et prendrait des mesures pour restituer en catimini les biens appropriés. Il ferait bien de ne pas s’installer au château royal et de renoncer au projet fou de Jeux Olympiques à Budapest. Il se peut que – Dieu nous en garde – une rame de métro prenne feu[6]Cette phrase fait allusion aux problèmes de vieillissement de la ligne de métro 3 de Budapest. Les rames de métro sont en mauvais état et certains pensent qu’un accident est possible si rien n’est fait rapidement. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_6").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_6", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] }); ou que quelque chose du même genre enflamme le pays ou l’ensanglante. Il n’est pas permis d’attendre cela. Si Orbán est cet homme que tout le monde considère, un homme intelligent et un politicien astucieux, alors il faudrait qu’il ait suffisamment de clairvoyance pour prévenir une tragédie nationale.

« Nous tous qui observons la société hongroise, nous savons que le danger existe. Le seul remède est un transfert du pouvoir le plus tôt possible ».

Qu’il n’y ait pas de malentendu : si le bouleversement commence, il est fort peu probable que les préférences politiques de celui qui écrit ces lignes se réalisent. Il peut arriver que la situation soit pire que sous le règne passablement problématique de M. Orbán. Il n’est pas sûr que le résultat sera plus rationnel, plus libre, plus agréable que l’édifice actuel. L’opposition démocratique au système de Rákosi ne pensait pas non plus qu’il pouvait se produire un évènement tel que la tuerie de la place de la République[7]Cette tuerie s’est produite lors des événements de 1956 : une manifestation s’est dirigée vers cette place où siégeait le secrétariat du parti. Des coups de feu ont été échangés et des membres de la police politique (AVH) ont été lynchés par la foule. Cette police politique était honnie. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_7").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_7", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. Mais nous, nous avons déjà l’expérience historique de telles crises et des fureurs terribles de ceux qui souffrent, de ceux qui sont désabusés ou trompés. La situation de crise qui a suivi le discours d’Őszöd[8]Le discours d’Őszöd est celui prononcé en mai 2006 par l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány à huis clos devant les parlementaires de son parti qui venait de gagner les élections. Dans ce discours, il affirmait avec force qu’il fallait arrêter de mentir aux électeurs. Il venait d’être réélu. Quelqu’un de son camp a fait fuiter ce discours vers les médias et sa diffusion a provoqué un scandale énorme et des manifestations violentes. A partir de cette date le Fidesz a mené une guerre d’usure par tous les moyens disponibles. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3921_8").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3921_8", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] }); a presque fait surgir la possibilité du dénouement le plus horrible, qui a été résolu quelques années plus tard par la prise de pouvoir d’Orbán, pouvoir dont il a probablement caché la nature.

Que cela nous plaise ou non, le danger est grand. Bien sûr je ne peux pas prouver scientifiquement cette intuition, cette prédiction. Il se peut aussi que je prenne la parole trop tôt. Mais, nous tous qui observons la société hongroise, nous savons que le danger existe. Le seul remède est un transfert du pouvoir le plus tôt possible et le plus ordonné (ce qui signifie selon moi un transfert à l’intérieur de la droite qui gouverne). Accessoirement, cela peut aussi sauver la droite conservatrice hongroise en tant qu’actrice traditionnelle et importante de la vie de la nation hongroise. Cependant, ce camp conservateur devrait au moins comprendre que le rétablissement des barrières institutionnelles, le partage du pouvoir, une administration compétente et professionnelle, le pluralisme, la culture indépendante sont la garantie de la sécurité, de l’équilibre, de la tranquillité publique – l’univocité de la politique hongroise actuelle est une source de danger. Bien sûr, tous les autres aussi devraient penser cela (j’attire encore l’attention sur le fait que je ne peux parler ici de la politique postérieure au dénouement paisible, c’est simplement une autre affaire). Naturellement, n’importe lequel des deux mauvais extrêmes – explosion spontanée et chaos ou dégénérescence, pourrissement et déclin – peut se produire et l’un peut être suivi de l’autre ou bien les deux peuvent se mélanger.

Ce serait de l’inconscience de la part des intellectuels de ne pas donner une voix à cette inquiétude. L’idée, en soi imbécile, que le centre-gauche modéré et social-libéral s’associe avec une extrême droite adoucie contre Viktor Orbán en est un signe. Personnellement, j’ai écrit dans le passé que Viktor Orbán est un moindre mal face à l’extrême droite. Je ne suis plus convaincu de cela, mais l’union droite-gauche à ce sujet est encore impossible et ne serait pas souhaitable. L’idée est très mauvaise, mais elle montre que le sentiment de danger est quelque peu actif, bien qu’inconsciemment. L’opposition officielle ne vaut pas grand-chose (y compris, hélas, l’intelligentsia officiellement sociale-libérale en général) mais d’autres apparemment s’éveillent. Il est d’importance vitale qu’aux côtés des intellectuels de droite déjà critiques d’autres personnes de droite ressentent cette crise muette, si possible des personnes qui ont quelle qu’influence sur le gouvernement.

Pour l’instant, seuls les nerfs des organisateurs de la pétition contre les Jeux Olympiques à Budapest tiennent bons. Cette campagne de pétitions est éclectique et non idéologique. Ils ont ressenti à quel point le problème est grand et qu’au centre du problème il y a ce gouvernement qui fait « flamber » l’argent des contribuables.

Comme le gouvernement Orbán à sa façon particulière, et généralement l’adversaire de la société bourgeoise et du capitalisme, je ne m’attends pas à ce que les différents courants de droite m’écoutent. Dans la situation actuelle, mon sentiment est que la recherche des modalités d’un dénouement paisible est la tâche et la responsabilité des intellectuels de droite conservateurs – j’y inclue de trouver des solutions pour que les responsables de la crise actuelle puissent se retirer de la « première ligne » du front politique en sécurité, sans être malmenés et que leurs fidèles ne se sentent pas menacés dans leur existence. En effet, il est de notre intérêt à tous que les puissants ne craignent pas le peuple, sinon ils n’oseront pas céder.

L’explosion peut survenir n’importe quand et les incendiaires ne se doutent pas encore que dans quelques minutes ils le seront. Celui qui prête l’oreille aux conversations dans les trams qui vont dans les banlieues, dans les trains des lignes secondaires, dans les magasins bon marché, sait à quoi je pense. Il se peut que cette fausse paix se nourrissant de désenchantements, désillusions, d’impuissance dure encore un bon moment. Mais que cela ne trompe personne. Il reste peut-être encore un peu de temps, mais il n’y a qu’une solution, même à l’intérieur du système et le plus vite possible : ORBÁN DOIT PARTIR.

Notes   [ + ]

1. ↑ Longtemps l’idée de « nation hongroise » ne s’appliquait qu’à la noblesse hongroise 2. ↑ Le terme Hongrie historique désigne la Hongrie dans ses frontières d’avant le traité de Trianon qui l’a amputé des deux-tiers de ses territoires ; c’était la Hongrie de l’époque de l’Empire austro-hongrois. 3. ↑ 1 milliard de Forints équivaut à peu près à 33 millions d’euros. 4. ↑ Le texte fait allusion aux équipements qui ont été construits dans le village où Viktor Orbán possède une maison (Felcsút) : stade de foot, école de foot… 5. ↑ Un référendum a eu lieu le 2 octobre 2016 sur la question des réfugiés, il a été préparé par une campagne anti-réfugiés intensive du gouvernement. « Voulez-vous que l’Union Européenne puisse prescrire l’installation obligatoire en Hongrie de citoyens non hongrois sans l’approbation du Parlement ?» Ce référendum a été un échec car le taux de participation n’a pas atteint le seuil minimum, mais le pouvoir a surtout communiqué sur le % de non qui était majoritaire chez ceux qui avaient voté. 6. ↑ Cette phrase fait allusion aux problèmes de vieillissement de la ligne de métro 3 de Budapest. Les rames de métro sont en mauvais état et certains pensent qu’un accident est possible si rien n’est fait rapidement. 7. ↑ Cette tuerie s’est produite lors des événements de 1956 : une manifestation s’est dirigée vers cette place où siégeait le secrétariat du parti. Des coups de feu ont été échangés et des membres de la police politique (AVH) ont été lynchés par la foule. Cette police politique était honnie. 8. ↑ Le discours d’Őszöd est celui prononcé en mai 2006 par l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány à huis clos devant les parlementaires de son parti qui venait de gagner les élections. Dans ce discours, il affirmait avec force qu’il fallait arrêter de mentir aux électeurs. Il venait d’être réélu. Quelqu’un de son camp a fait fuiter ce discours vers les médias et sa diffusion a provoqué un scandale énorme et des manifestations violentes. A partir de cette date le Fidesz a mené une guerre d’usure par tous les moyens disponibles. function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
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JO 2024 : fin de l’aventure olympique pour Budapest

HU-LALA (Hongrie) - Thu, 23/02/2017 - 07:48
La décision du gouvernement hongrois de retirer la candidature de Budapest pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 est tombée mercredi soir, a fait savoir le cabinet du Premier ministre à l’agence de presse MTI.

Il s’agit plus précisément d’une recommandation au conseil municipal de Budapest et au comité olympique hongrois, mais le résultat sera le même : Budapest se retire de la compétition contre Paris et Los Angeles.



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« La seule décision responsable pour Budapest et le Comité Olympique hongrois est de retirer leur offre d’accueillir les Jeux olympiques », a indiqué le gouvernement hongrois mercredi soir.

Le texte de la décision du gouvernement transmis à MTI rappelle que « le consensus existait entre les dirigeants du pays et les partis politiques lors de la présentation de la candidature olympique », mais qu’aujourd’hui « les Jeux Olympiques sont devenus une question de parti politique ».

Par conséquent « il est désormais inconcevable que la ville puisse réussir une candidature olympique. Dans cette situation, la seule décision responsable pour Budapest et le Comité Olympique hongrois est de retirer leur offre d’accueillir les Jeux olympiques ».

« Les partis d’opposition qui se sont retirés de leur engagement précédent doivent être tenus responsables de cette situation », indique le gouvernement.

Le mouvement Momentum a réussi à recueillir deux fois plus que les 138 000 signatures nécessaires pour organiser un référendum sur cette question.

Face à la perspective de ce référendum, l’accueil des Jeux présentait un risque politique majeur pour le gouvernement, comme nous l’expliquions la semaine dernière.

Référendum contre les JO : « une fièvre démocratique s’est emparée de la population »

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La Pologne rejette les recommandations de la Commission européenne

HU-LALA (Hongrie) - Tue, 21/02/2017 - 19:42
Alors que Varsovie et Bruxelles sont engagées depuis plusieurs mois dans un bras de fer concernant l’État de droit en Pologne, le gouvernement a estimé lundi que le différend était « réglé ».

La Pologne avait jusqu’au 21 février pour se conformer aux recommandations de la Commission concernant le respect de l’État de droit. Varsovie avait obtenu en décembre une rallonge de deux mois, alors que la procédure avait été déclenchée par l’Union européenne en juillet 2016. À la veille de cette échéance, le gouvernement a transmis une réponse sans appel : « Les déclarations sur une menace systémique pesant sur l’État de droit en Pologne » sont « infondées » (AFP). Les lois controversées visant à réformer le Tribunal constitutionnel – et à le paralyser, d’après l’opposition – sont « conformes aux standards européens », estime le gouvernement conservateur, au pouvoir depuis la fin 2015.



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En refusant de tenir compte de ces recommandations, la Pologne s’expose à des sanctions, prévues par l’article 7 du Traité de l’Union européenne, notamment la suspension de son droit de vote au Conseil. Il s’agirait alors du premier État-membre à être confronté à cette situation.

« C’est un peu tôt pour prendre une décision », a réagi la Commission par la voix de son porte-parole, Margaritis Schinas (AFP). Il a toutefois précisé que la réponse de la Pologne serait évoquée par les commissaires européens lors de leur réunion hebdomadaire.
Jean-Claude Juncker, le président de la Commission Européenne, déclarait récemment dans les médias allemands que les États membres de l’UE étaient de plus en plus partagés et affichaient des opinions « pas nécessairement compatibles », en faisant référence à la Hongrie et la Pologne. Le soutien de la Hongrie pourrait permettre à la Pologne d’échapper aux sanctions, qui nécessitent un vote à l’unanimité pour être appliquées.

L’ONG Reporters sans frontières a choisi de tenir une conférence de presse à Varsovie le 21 février afin de dire à la Commission : « Voilà, vous avez la réponse des autorités polonaises (…), maintenant, on attend des mesures ! », a déclaré Pauline Adès-Mével, la responsable de la zone Union européenne et Balkans, rapporte le journal Ouest-France. RSF suit de près l’évolution de la situation politique depuis l’an dernier et s’inquiète particulièrement du sort des journalistes, qui « sont dans une situation intenable », et appelle l’UE à appliquer l’article 7.

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Berlinale 2017 : Ours d’Or pour la Hongrie et d’Argent pour la Pologne

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 20/02/2017 - 15:52
Lors du 67e Festival international du film de la Berlinale, du 9 au 19 février 2017, la Hongrie et la Pologne ont raflé deux prix majeurs : l’Ours d’Or du meilleur film et l’Ours d’Argent. Cet article fait l’objet d’une publication commune avec l’association Kino Visegrad, site d’information et de diffusion du cinéma centre-européen dans l’espace francophone.

Le film hongrois On Body and Soul réalisé par Ildikó Enyedi a remporté l’Ours d’or du meilleur film de la compétition principale à la Berlinale, dont le jury était présidé par le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven.

Avant même la cérémonie de clôture, ce résultat semblait se dessiner : le prix des critiques du jury Fipresci et celui des lecteurs du Berliner Morgenpost étaient également remis à On Body and Soul, parfois qualifié de radical. Le film parle d’un homme et d’une femme qui se désirent mais ne parviennent pas à communiquer, sauf dans les rêves qu’ils partagent. Ils vont se rapprocher en évoquant leurs songes, qui les emmènent loin de l’abattoir où ils travaillent.



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Cette reconnaissance offre une véritable renaissance à sa réalisatrice, perdue de vue après avoir été révélée à Cannes, où elle avait obtenu la Caméra d’or pour Mon vingtième siècle, en 1989. Avec On Body and Soul, on va reparler d’elle. Le film sortira en France dans quelques mois. « Nous voulions un film simple, clair comme de l’eau de roche et nous ne savions pas si le public allait nous suivre car il se voit uniquement avec un cœur empreint de générosité », a-t-elle déclaré en recevant l’Ours d’or.

Pour la troisième fois de suite, c’est un film polonais qui remporte l’Ours d’argent. Après United States of Love de Tomasz Wasilewski (2016),  Body de Malgorzata Szumowska (2015), c’est donc Agnieszka Holland et Kasia Adamik qui remportent le Prix d’Alfred Bauer pour Spoor / Pokot, coproduction entre la Pologne, l’Allemagne, la République Tchèque, la Suède et la Slovaquie. Décrit par la plupart des critiques come étant d’un genre particulier, l’éco-thriller a été l’un des plus originaux de la longue carrière de Holland.

La monteuse roumaine Dana Bunescu a remporté l’Ours d’argent pour la contribution artistique pour son travail exceptionnel sur Ana, mon amour, coproduction roumaine, française et allemande dirigée par Călin Peter Netzer.

Dans la section Jeune génération du festival, l’Ours de cristal pour le meilleur film a été attribué à la coproduction slovaque et tchèque Little Harbor / Piata lod réalisé par Iveta Grófová. La coproduction croate,  slovène et suédoise Into the Blue / U Plavetnilo, réalisée par Antoneta Alamat Kusijanovic, a reçu une Mention Spéciale.

Le Prix International ARTE pour le développement est allé à Lost Country, du Serbe Vladimir Perišić.

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« Merkel se rapproche de Varsovie pour mieux rassembler l’Europe »

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 20/02/2017 - 12:04
Le 7 février dernier, Angela Merkel s’est rendue à Varsovie sur fond de contentieux européen concernant l’État de droit en Pologne. Entretien avec Christophe Gauer, franco-polonais, consultant senior pour un cabinet franco-allemand en communication stratégique et en affaires publiques. Alors que les médias polonais soulignent le succès de la visite d’Angela Merkel le 7 février dernier à Varsovie, les médias allemands semblent plus réservés. Quelle est la portée de cette rencontre entre la chancelière allemande et les principaux dirigeants polonais sur la relation germano-polonaise ?

Il est encore trop tôt pour le dire mais cette rencontre prouve au moins que Berlin et Varsovie sont de nouveau disposés à dialoguer. En soi, cela constitue déjà un tournant après des mois de tensions bilatérales. Les deux pays commencent à se rendre compte qu’ils ont besoin l’un de l’autre et cherchent donc à normaliser leurs relations. C’est tout le sens de cette visite.

Du côté de la Chancelière, l’objectif était clair : elle souhaite se rapprocher de Varsovie pour pouvoir mieux rassembler une famille européenne menacée de toutes parts, entre Poutine, Trump, le Brexit et bien sûr les élections françaises, qui causent pas mal de craintes à Berlin. Pour elle, isoler Varsovie dans ce contexte ne sert à rien. Mieux vaut lui tendre la main, quitte à tenter de l’influencer par la suite.

La Pologne, quant à elle, cherche surtout de nouveaux alliés face à Poutine. Elle souhaite aussi normaliser ses relations avec Bruxelles et enterrer si possible les procédures de sauvegarde de l’Etat de droit à son encontre. Dans un cas comme dans l’autre, l’Allemagne peut être un allié de choix, qu’il vaut mieux caresser dans le sens du poil. La présidente du Conseil Beata Szydło a d’ailleurs été tout à fait cordiale avec Angela Merkel.



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La Pologne n’est-elle pas tentée de réactiver l’axe Paris-Berlin-Varsovie face à Moscou?

Certainement. Les Français ne s’en rendent pas bien compte, mais les Polonais ont de véritables craintes vis-à-vis de la Russie, surtout après le Brexit et l’élection de Trump. Les déclarations anti-OTAN du président américain ont été très mal perçues à Varsovie, qui a l’impression ne plus pouvoir compter sur les Etats-Unis comme avant. Quant aux Britanniques, ils ont toujours été en pointe contre Moscou sur le dossier ukrainien. Leur départ est également ressenti durement.

Il est donc logique que la Pologne cherche aujourd’hui à se rapprocher de l’Allemagne. Après tout, Merkel reste le seul grand leader européen à prôner la fermeté face à Poutine, bien plus que la France, toujours soupçonnée de russophilie. En outre, Berlin a fortement augmenté ses dépenses militaires l’an dernier, ce qui n’est pas passé inaperçu à Varsovie. Preuve que les choses changent, Kaczyński a d’ailleurs fait des déclarations détonantes dans sa dernière interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung, où il s’est dit favorable à ce que l’UE se dote de capacités nucléaires.

Geste inhabituel, Angela Merkel a rencontré Jarosław Kaczyński, qui n’occupe aucune fonction exécutive – pendant plus d’une heure à l’Hôtel Bristol.

En rencontrant Kaczyński, Merkel a agi de manière pragmatique. Elle reconnaît implicitement que le véritable homme fort de la Pologne aujourd’hui, c’est lui. Et de fait, c’est bien Kaczyński qui tire les ficelles. Il est à l’origine de toutes les grandes initiatives de ces deux dernières années, le président Duda et Beata Szydło lui doivent leurs postes.

Quels étaient les enjeux de cette rencontre entre Merkel et Kaczyński ? Est-ce là une tentative pour surmonter les divergences entre la CDU allemande et le PiS polonais ?

Il ne faut pas se leurrer, les divergences restent encore fortes. Mais Merkel et Kaczyński ont compris qu’ils avaient tout intérêt à se rapprocher. Ce dernier a d’ailleurs dit clairement qu’il souhaitait voir Merkel gagner les élections fédérales d’octobre. Pour lui, la Chancelière présente des avantages certains par rapport au candidat social-démocrate (SPD), Martin Schulz, qui risque d’être beaucoup plus critique sur la question de l’Etat de droit en Pologne et plus arrangeant avec Poutine.

Quant à Merkel, son intérêt est de trouver des partenaires sur les grandes questions européennes du moment, comme la défense, le Brexit ou le droit d’asile. Opérer un rapprochement avec la Pologne ne peut être qu’une bonne chose, également pour peaufiner sa stature internationale avant les élections. N’oublions pas que sa position n’est pas évidente en interne, avec un parti populiste, l’Alternative für Deutschland (AfD), à plus de 15 % dans les sondages et un Martin Schulz toujours très haut.

Angela Merkel a tenté de jouer sa carte Est-Allemande pour essayer de séduire l’opinion publique polonaise, tandis que Witold Waszczykowski (ministre des Affaires étrangères) a moqué les Allemands en « cyclistes végétariens ». Pensez-vous que les incompréhensions culturelles entre l’Est et l’Ouest pourraient freiner encore longtemps l’émergence d’un espace politique européen ?

C’est la grande question que se posent certainement tous les Français qui connaissent l’Europe centrale ! A titre personnel, je continue de penser qu’il existe toujours une forte césure dans les mentalités. Les sociétés post-historiques d’Europe de l’Ouest ont du mal à appréhender les passions qui agitent cette région, et inversement. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Varsovie et Budapest étaient encore sous la férule de dictatures communistes il y à peine 27 ans… Paris et Bonn n’ont pas connu ça.
Maintenant, je pense que le temps finira par faire son œuvre. Les menaces que nous vivons sont également telles qu’elles devraient inciter les Européens à travailler ensemble. Après tout, l’Europe s’est toujours faite dans les crises.

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« Vous aussi vous allez blaguer sur l’Holocauste, comme Charlie Hebdo ? »

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 20/02/2017 - 08:00
Vendredi soir, Gergely Kovács, le président du Parti satirique du chien à deux queues (MKKP) a tenté de répondre avec humour au journaliste de la chaîne conservatrice Echo TV. Le moment, surréaliste, témoigne bien du fossé culturel et politique qui peut parfois séparer les « deux Hongrie ».

Vendredi soir, l’invité de la rédaction de Vilmos Velkovics n’était autre que Gergely Kovács, le président du Parti du chien à deux queues (MKKP), organisation satirique considérée comme l’un des responsables de l’échec du référendum voulu par Viktor Orbán contre les réfugiés. La raison ? La contre-campagne d’affichage à travers tout le pays, durant laquelle des messages tous plus absurdes les uns que les autres concurrençaient la propagande gouvernementale, créant un véritable engouement à travers le pays. Fort de son succès, le MKKP a déclaré vouloir entrer en politique et s’est allié récemment au mouvement Momentum pour réclamer une consultation municipale sur l’organisation des Jeux olympiques à Budapest.

Face aux questions inquisitrices du journaliste d’Echo TV, l’activiste n’a pas manqué de manier l’arme de l’humour pour pointer ça et là les dérives du Fidesz au pouvoir. Gergely Kovács a notamment tourné en dérision la rhétorique conspirationniste du Fidesz et de Viktor Orbán, sans toujours bien se faire comprendre. Verbatim.

(à partir de 6’30)

Vilmos Velkovics : Nous accueillons dans notre studio Gergely Kovács, président du Parti du chien à deux queues, avec qui l’on va parler de lui, des Jeux olympiques.

Gergely Kovács : Bonsoir.

Mais aussi des petites blagues, des petites blagues politiques… Si je suis bien informé, vous êtes devenu le porte-parole de Lajos Simicska, c’est bien ça ? (ndlr : Lajos Simicska est un ancien soutien de Viktor Orbán. Puissant oligarque et homme de médias, il s’est depuis juré de faire tomber son ancien ami. Cf. notre article)

En fait je suis à la fois le porte-parole de Simicska et de George Soros.

La campagne de récolte des signatures pour le référendum olympique vient de toucher à sa fin. Combien de signatures avez-vous récoltées ?

Nous avons essayé d’en récolter le moins possible. Nous n’en avons récoltées que 4500, et je dois dire que nous sommes très tristes du résultat, qu’il y ait eu autant de signatures. Bon, je dois aussi dire que ces 260 000, ça n’est pas tant que ça… István Tarlós (ndlr : le maire Fidesz de Budapest) s’est quand même fait élire avec quasiment 30 000 voix de plus lors des dernières municipales, donc c’est bien sûr à lui de continuer à prendre les décisions. Nous disons qu’il y a ici trahison à la patrie, une trahison à plusieurs niveaux…



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C’est-à-dire ?

Eh bien il n’y a pas que les organisations financées et représentant les intérêts étrangers, la fameuse « puissance de l’ombre » (ndlr: référence à l’expression háttérhatalom à connotation antisémite, employée en mai dernier par Viktor Orbán pour critiquer l’ingérence supposée de George Soros dans le jeu politique hongrois. Cf. notre article.) comme Momentum ou bien nous-mêmes… en fait tous les partis d’opposition ont trahi leur patrie en soutenant la campagne pour un référendum olympique… Mais le gouvernement aussi ! Le gouvernement a commis une véritable faute en laissant le Comité international olympique décider si la Hongrie pourra organiser les jeux. Nous ne pouvons accepter qu’une décision qui engage la vie de millions de Hongrois pour les cent prochaines années soit entre les mains de bureaucrates de Bruxelles ou de Lausanne…(ndlr : Gergely Kovács fait ici référence à la rhétorique « anti-Bruxelles » de Viktor Orbán depuis la crise des réfugiés. Cf. notre article.)

Vous avez déclaré il y a quelques temps qu’il ne faut pas prendre vos campagne avec sérieux… Maintenant on a l’impression que vous vous prenez au sérieux, ou bien est-ce là encore une blague ?

La réalité, c’est que nous ne faisons pas ce que nous voudrions faire. Des gens comme nous, qui ne vivent que de l’argent étranger et qui ne savent même pas qui les finance, ne peuvent pas faire de la politique normalement. Là nous étions incapables de faire la campagne pour le référendum olympique, même si nous sommes contre les jeux… Bien sûr, la semaine prochaine nous afficherons en grand la façon dont nous utilisons l’argent de nos 2000 contributeurs, même si nous ne dirons pas la vérité.

Enfin, vous recevez de l’argent d’ailleurs… Si l’on pense aux affiches de vos précédentes campagnes, vous aviez utilisé les emplacements de Lajos Simicska. Vous êtes toujours en lien avec lui ? (ndlr : voir la contre-campagne référendaire du MKKP sur le quota de réfugiés. Cf. notre article).

Peu de gens savent que George Soros et Lajos Simicska ont un enfant caché, qui est lui-même propriétaire d’une société d’affichage, et c’est bien sûr lui qui nous les a loués…

Donc de leur enfant commun…

Oui, il nous a fait un bon prix.

Parce que bon, ça a peut-être un rôle dans le fait que vos affaires restent rentables… Vu que vous n’avez dépensé que la moitié de ce que le gouvernement avait comme budget pour sa campagne, j’ai pensé que Lajos Simicska vous avait attribué les emplacements gratuitement…

En fait, c’était intéressant à court terme, car vu que nous sommes un parti politique, il nous faudrait également notre propre entreprise d’affichage pour pouvoir détourner de l’argent sans souci.

Votre lien avec George Soros, il passe par Átlátszó, c’est bien ça ? (ndlr : Átlátszó est un site d’investigation hongrois, fondé par Attila Mong, un ancien journaliste d’Origo. Cf. notre article).

Simicska nous a a présenté à George Soros, mais c’est vraiment à travers leur enfant commun que nous gardons contact.

Le vice-président du MKKP travaille également pour Átlátszó 

Plusieurs de nos vice-présidents effectivement.

Je ne suis au courant que pour l’un d’entre eux. Bien. Bon, dans le civil, vous êtes graphistes, vous concevez des sites Internet. Vous avez déclaré être pour une large part autodidacte. En réalité, vous vous y connaissez en quoi ?

C’est vrai que je travaille comme graphiste, mais vous savez j’essaye de gagner les élections, donc je m’y prépare. C’est d’ailleurs pour ça que je viens à ce genre d’émission, pour savoir quelles questions on va me poser, ce que nous pouvons dire ou ne pas dire…

Et vous pensez que vous commencez à vous y connaître ?

Je ne sais pas, nous nous rendons compte de quelques problèmes, qui sont notamment apparus avec cette campagne sur le référendum olympique… En fait, je pense que le gouvernement a également trahi la patrie en…

Vous commencez à vous y connaître en politique ?

Je le dis, nous nous rendons compte que… Le gouvernement a commis cette erreur, sur les sujets comme la liberté d’expression…

Ce sont des sujets très intéressants. Vous commencez à vous y connaître en politique ?

Là en fait j’apprends à faire l’électricité chez moi, et dans le temps qui me reste, j’essaye de me former à la politique.

Vous avez étudié la sociologie, les mathématiques, les sciences vétérinaires…

Également comment fabriquer des vaisseaux spatiaux…

… bref à chaque fois vous n’êtes pas allé au bout…Quel est votre niveau de diplôme le plus élevé ?

Le baccalauréat.

Vous n’avez pas considéré important d’aller plus loin ?

Non pas vraiment, de toute façon l’éducation en Hongrie est complètement inutile, mes enfants iront d’ailleurs étudier à l’étranger… Nous aimerions continuer à détruire le système scolaire…

Vous avez des enfants ?

Pas encore.

Car vous aviez dit que vous aimeriez avoir un enfant pour l’utiliser pendant la campagne…

Hélas, je dois en louer.

C’est juste pour ça que vous voudriez un enfant ? Pour l’utiliser pendant la campagne ?

C’est vrai que c’est la principale raison, mais c’est aussi pour ça que nous voulions accueillir plusieurs millions de réfugiés, car ç’aurait été plus simple d’adopter un petit Noir ou un enfant d’origine asiatique.

Vous avez déclaré travailler comme graphiste chez vous, 3-4h par jour, ne pas avoir à aller au bureau, pourtant vous ne souhaitez pas dire pour qui vous travaillez ? Pourquoi est-ce important de le cacher ?

C’est aussi le cas des gens auprès de qui nous avons loué les emplacements publicitaires ou auprès de qui nous avons imprimé les affiches, ils n’ont pas jugé que ce serait une bonne chose de donner leurs noms. C’est le monde dans lequel nous vivons. Le cap est bon, mais nous sommes hélas encore loin de la Russie. De ce point de vue, la Hongrie doit encore fournir quelques efforts (ndlr : si le terme d’amitié est abusif, la relation russo-hongroise est au beau fixe depuis quelques années. Beaucoup de Hongrois reprochent à Viktor Orbán ses accointances avec le régime de Vladimir Poutine. Cf. notre article).

Parlons de vos relations avec les autres partis politiques. Là vous avez récolté les signatures avec le mouvement Momentum. Est-il envisageable que vous vous alliez lors des prochaines élections ?

Malheureusement, ce n’est pas le genre de décision qui nous appartient. Ce sont les gens qui nous financent, et que nous ne connaissons pas, qui vous décider à notre place. Hélas je n’ai pas les compétences pour me prononcer sur ces questions de parti.

Concernant votre relation avec la population et vos électeurs, tout se passe uniquement sur Internet ?

Principalement oui. Nous gardons le contact surtout grâce à iWiW et aux fax… (ndlr : iWiW a été créé en 2002 avant Facebook et est rapidement devenu un Hungarikum, c’est à dire une fierté nationale. Le site a hélas fermé en 2014. Cf. notre article)

… iWiW qui n’existe plus depuis plusieurs années…

Ce qui n’empêche pas de l’utiliser… Mais c’est vrai que nous utilisons beaucoup le fax. C’est très efficace.

Vous utilisez donc surtout Facebook. J’ai regardé hier votre page, et j’ai vu une image que vous avez mise en ligne, avec la Grande Hongrie et les couleurs nationales, avec comme inscription « A bas le triathlon » (ndlr : « Vesszen a Triatlon » est un jeu de mot avec « Vesszen a Trianon » (« A bas Trianon »), référence aux affiches dénonçant pendant l’entre-deux-guerres le traité de paix qui s’est conclu en 1920 par un démembrement de l’ancien royaume de Hongrie. L’illustration incriminée est visible ici sur 168óra ; le parti d’extrême-droite Jobbik en avait également fait une affiche, sans blaguer cette fois-ci).

Oui c’est vraiment choquant ; nous allons d’ailleurs porter plainte contre nous-mêmes. Le fait qu’un drapeau hongrois apparaisse de la sorte, c’est à coup sûr une trahison à la patrie. Sans parler du fait de discréditer le triathlon, le sport historique des Hongrois.

C’est juste que vous avez déclaré il y a quelques temps qu’il n’était pas utile de s’occuper des gens pour qui Trianon, le sentiment national étaient des choses importantes…

Oui nous savions à la base, qu’il valait mieux s’occuper du biathlon…

Mais là il s’agit de choses qui affectent les Hongrois…

Bien sûr, moi aussi je sais que le triathlon est le sport millénaire des Hongrois…

Je ne parle pas du triathlon… Je parle de Trianon, de la carte de la grande Hongrie, et des couleurs nationales…

Vous parlez du triathlon là, non ?

Je parle de Tri-a-non…

Ha oui, je comprends maintenant. Mais j’ai déjà dit dans la campagne que nous ne disons pas ce que nous pensons, on n’y peut rien si on ne dit pas ce que nous aimerions dire.

Vous ne modérez pas vos commentaires et l’un d’eux dit justement que le parti devient comme Charlie Hebdo. C’est quelque chose que vous reconnaissez ?

Oui ce sont des braves types ; nous les avons déjà rencontrés. Ils étaient venus nous interviewer et nous ont accompagnés. Il y avait des gardes du corps, c’était un peu impressionnant.

Vous allez aussi vous mettre à faire des blagues sur l’Holocauste, comme eux ?

Nous n’avons pas encore réfléchi à ça, mais c’est une bonne idée, surtout si nous pouvions avoir une petite chronique sur Echo TV (ndlr : Echo TV, chaîne sur laquelle se déroule l’interview, est réputée pour son soutien sans faille au gouvernement dirigé par Viktor Orbán. Sa ligne éditoriale est très conservatrice. Y officie notamment Zsolt Bayer, journaliste connu pour ses sorties antisémites. Cf. notre article).

Donc vous n’excluez pas de faire de l’humour sur l’Holocauste ?

Si nous avons une émission sur Echo TV, c’est tout à fait envisageable.

Bon. Vous vous souvenez des propos d’un des vice-présidents de Momentum, comme quoi il n’arrivait pas à supporter les gens de la province ? Ils avaient alors dit que c’était de l’humour. Vous, vous trouvez ça drôle ?

C’est vrai que moi ça ne m’a pas fait rire, mais ça a sûrement dû faire rire des gens.

Vous avez dit à Momentum que ça n’avait pas été une bonne idée de dire ça ?

C’était un papier ironique. Chacun peut faire exprès de ne pas le comprendre.

Vous vous définissez comment politiquement ? De gauche ? De droite ? Parce que Momentum a déclaré vouloir secouer la gauche…Vous assumez ce positionnement ?

Non, nous nous définissons comme un parti centriste démagogue et populiste. Sauf quand il s’agit de réfugiés. Nous nous définissons alors de gauche et nous nous positionnons pour que plusieurs millions de migrants trouvent leur place en Hongrie.

Quel est le rôle de votre programme ? Vous avez dit que le plus important n’était pas les gens, mais à 80% le programme.

Bien sûr, c’est pour ça que nous ne pouvons envisager qu’un accord programmatique avec les autres partis.

Car vous avez parlé de « puissance de l’ombre » avec Simicska et Soros…

Non ça c’est différent. Eux disent juste ce que nous devons faire. Notre programme, c’est « bière gratuite à vie » et « baisse généralisée des impôts ».

Vous avez également déclaré que ce sont ceux qui laissaient des commentaires qui écrivaient votre programme. Sur ces deux propositions, qui a proposé quoi ?

Ce sont eux qui ont ajouté 20 ans à la vie éternelle, et je crois que ce sont aussi eux qui ont proposé d’élargir la gratuité à d’autres types d’alcool.

Vous lisez les sondages d’opinion ?

Oui, j’ai l’habitude de lire le Kutyostat (ndlr : il s’agit d’une rubrique parodique sur le site du MKKP), la seule société de sondage indépendante… Aux dernières nouvelles, nous avions 117%. Nous devons faire attention à ne pas gagner avec trop d’avance.

«Question con, réponse con» : la réponse du MKKP à la campagne d’Orbán

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En Hongrie, charge politique contre les gender studies

HU-LALA (Hongrie) - Sat, 18/02/2017 - 14:49
En Hongrie, un responsable du Parti populaire chrétien-démocrate (KDNP) a brutalement réagi au lancement, à la rentrée prochaine, d’un master de gender studies à l’Université Loránd Eötvös de Budapest.

L’Université Loránd Eötvös (ELTE) a récemment annoncé sur son site Internet l’ouverture d’un master de gender studies (études de genre) à la rentrée prochaine. L’objectif est de former les étudiants hongrois aux champs scientifiques explorant les rapports sociaux entre les sexes, du point de vue notamment de la sociologie, de l’anthropologie et de la psychanalyse. La nouvelle, reprise par le très conservateur site 888.hu, a provoqué une réaction en règle de Lőrinc Nacsa, président de la Fédération des jeunes chrétiens-démocrates hongrois (IKSz), l’organisation de jeunesse du Parti populaire chrétien-démocrate (KDNP), allié gouvernemental du Fidesz de Viktor Orbán.



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Dans une lettre adressée au recteur d’ELTE Barna Mezey – publiée sur le site HVG.hu (en hongrois) – Lőrinc Nacsa déplore l’ouverture d’une formation portant sur un domaine « aux allures de science, gavée de politiquement correct, et qui n’apportera rien à la société hongroise ». Caricaturant les positions des chercheurs en sciences sociales engagés dans ce champ, le président du IKSz estime que « contrairement à certains pays scandinaves, la Hongrie ne peut pas se permettre de dépenser de l’argent pour que la signalétique des sanitaires hommes/femmes ou encore la neutralité des jouets et des livres scolaires ne viennent perturber l’appartenance sexuelle des petites filles et des petits garçons ». Selon Lőrinc Nacsa, « les genres sont déterminés biologiquement et ne sont pas des constructions sociales ».

Telle charge politique s’inscrit dans un contexte tendu pour les sciences sociales en Hongrie. En septembre dernier, le magazine libéral HVG s’était ainsi ému de la disparition silencieuse de plusieurs cursus universitaires, notamment celui d’anthropologie culturelle ou d’études sociales à ELTE. La maigreur des bourses de recherche dans l’enseignement supérieur public traditionnel contraste avec les milliards de forint investis par l’État dans la clinquante Université nationale de l’administration publique (ENAP) ou de façon plus controversée par la fondation de la Banque nationale hongroise (MNB) dans l’Université Pallas Athéna (PAE) et la faculté « d’économie hétérodoxe » de l’Université Corvinus.

Jusqu’à présent, les gender studies avaient déjà leur centre de recherche à ELTE, mais n’étaient enseignés qu’à l’Université d’Europe centrale (CEU), financée par l’OSF de George Soros. Un alignement que Lőrinc Nacsa qualifie de « folie et de non-sens », signe de la victoire « du lobby gay ».

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Budapest serait sur le point d’enterrer sa candidature aux JO 2024

HU-LALA (Hongrie) - Fri, 17/02/2017 - 14:17
Engagée depuis le 19 janvier dernier, la campagne réclamant la tenue d’un référendum sur les Jeux Olympiques à Budapest s’est officiellement achevée ce matin. Le collectif Momentum a déjà annoncé avoir récolté davantage que les 138 000 signatures nécessaires pour que se tienne une consultation municipale sur le sujet.

Budapest – La collecte des signatures pour la tenue d’un référendum municipal sur les Jeux olympiques s’est officiellement terminée à 12h. Le mouvement Momentum (« Élan ») a annoncé avoir réuni le soutien de 139 000 Budapestois lors d’une campagne qui a duré 28 jours. Si les signatures collectées sont déjà au-dessus du seuil légal de 138 000 parrainages pour contraindre la municipalité à la tenue d’une consultation, leur nombre pourrait encore augmenter de manière significative avec les récoltes effectuées par d’autres organisations. En effet, le parti écologiste LMP a également transmis 23 000 signatures collectées par ses militants, tandis que les partis Ensemble (Együtt) et Dialogue (Párbeszéd) ont livré quelques 10 000 signatures supplémentaires samedi dernier.

Le collectif espère pouvoir présenter un total de 200 000 signatures, celles-ci seront envoyées au Bureau des élections de la capitale (FVB), qui aura 45 jours pour vérifier que les signataires sont bien tous résidents à Budapest. C’est là que la quantité est amenée à diminuer car le Bureau invalidera sans doute un certain nombre de signatures, d’où l’importance pour les partisans d’un référendum de bénéficier d’une marge confortable. Le collectif n’a en tout cas pas ménagé sa peine, organisant des points de collecte dans plusieurs pays et dans de nombreux lieux de passage à Budapest.

David contre Goliath

Les conservateurs du Fidesz au pouvoir n’attendront peut-être pas la fin du processus de validation des signatures pour annoncer le retrait de la candidature de Budapest auprès du Comité olympique, croient savoir plusieurs médias locaux. Le porte-parole du Premier ministre, János Lázár, s’est employé hier lors de sa conférence de presse hebdomadaire à préparer ce qui ressemble à une sortie de route maîtrisée pour la capitale hongroise : « Nous sommes désavantagés (…) C’est une bataille entre David et Goliath » a-t-il affirmé en comparant les candidatures de Paris et Los Angeles à celle de Budapest.

À un peu plus d’un an des élections législatives, le Fidesz agit en terrain miné. Quelle que soit l’issue du processus de validation des signatures par le FVB, le mouvement hostile aux Jeux Olympiques comporte pour lui le risque de se transformer en catalyseur d’une gronde contre le pouvoir en place. Selon le quotidien conservateur Magyar Nemzet, le parti gouvernemental serait tenté de louvoyer pendant les prochaines semaines le temps que le soufflet retombe, puis se prononcera en fonction de l’évolution du contexte, et du sens du vent.

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Budapest face à sa réputation de « Paris de l’Est »

HU-LALA (Hongrie) - Fri, 17/02/2017 - 11:52
Résidant à Budapest et Parisien de naissance, suis-je vraiment conscient de cette chance que j’ai de pouvoir aller et venir à mon gré entre ces deux villes si merveilleuses et attachantes ? Un peu comme un amant qui aurait deux maîtresses. L’une, la sage blonde sur les bords de la Seine et l’autre, la coquine brune un peu sauvageonne sur les bords du Danube.

D’aucun trouveront l’image pour le moins simpliste, mais il est un fait que ces deux villes sont probablement celles qui, en Europe, ont ma préférence, du moins pour y vivre. Auxquelles j’ajouterai Madrid. Attention : il ne s’agit nullement d’un concours de beauté, mais uniquement de sentiments que j’éprouve spontanément sans trop chercher à les analyser. Car, d’autres villes peuvent être considérées comme au moins aussi belles dans d’autres genres, telles par exemple Rome, Vienne ou Prague.



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Entre Paris et Budapest, beaucoup de points communs, mais aussi de forts contrastes. On qualifie parfois Budapest de « Paris de l’Est », terme à mon sens mérité.

Les points communs: ces grandes avenues « haussmanniennes » bordées d’immeubles bourgeois, du moins côté Pest. Cette animation, ces boulevards bordés de théâtres et de cafés, parsemés de kiosques et de colonnes Morris. « Haussmannien »… Il se trouve justement que l’un des principaux architectes à qui l’on doit ce bel urbanisme pestois s’appelait Hauszmann. Le nôtre n’était pas architecte, mais préfet. Mais bon… ils ont œuvré à la même époque et dans le même sens.

Mais de grands contrastes également. A commencer par leur site et leurs fleuves: un Danube large et majestueux que seuls cinq grands ponts osent enjamber dans son centre. Face à cela une Seine plus étroite, mais si charmante, se laissant orner par une multitude de ponts dont l’enfilade constitue un si beau spectacle, moins impressionnant, mais peut-être plus apaisant, sans parler des quais plantés d’arbres et de ses deux îles jetées avec bonheur côte à côte au milieu de la cité, se chevauchant presque l’une l’autre. Contraste par le paysage aussi, avec ces vertes collines de Buda parsemées de villas qui n’en finissent pas d’onduler à l’assaut de l’horizon. Si certes, Budapest n’offre pas ces beaux jardins que nous trouvons à Paris et à Vienne (Luxembourg, Tuileries, Palais Royal), sans compter les deux Bois, cet immense espace offert par les collines offre une large compensation avec mille possibilités de promenade offrant au passage de merveilleuses vues plongeantes en contre-bas. Et, bien sûr, l’île Marguerite, paradis des joggers et promeneurs du dimanche.

Derrière l’Opéra, le paysage haussmannien traditionnel du centre de Paris.

Mais c’est aussi et surtout dans le style de ses immeubles que je vois une différence notable. L’un des attraits de Paris réside dans l’unité de ses façades avec leur belle pierre blonde qui n’en fait que mieux ressortir la beauté de ses balcons en fer forgé, bien sagement alignés d’un immeuble à l’autre. A Budapest, c’est précisément l’inverse : foisonnement de styles des plus variés, le néo-gothique côtoyant sans complexe l’Art nouveau, le classique ou le néo-Renaissance. Des immeubles aux tailles souvent impressionnantes avec leurs atlantes et autres statues géantes. Différence qui se ressent encore plus à l’intérieur: halls parfois ornés de statues et vasques de marbre, cours et cursives souvent décorées d’arcades, appartements avec leurs grandes pièces en enfilade aux plafonds atteignant jusqu’à 4 mètres.

A Budapest, c’est sans doute à Andrássy út où l’on trouve les immeubles les plus parisiens.

Mais à noter aussi, côté Pest, un contraste saisissant entre des immeubles superbement restaurés et repeints et d’autres dans un état de ruine parfois dramatique, voire peu rassurant (risques d’éboulement). Une explication : lors du changement de régime au début des années quatre-vingt dix, la Municipalité eut hâte de revendre les immeubles dont la gestion et l’entretien constituaient un gouffre financier. Pour en faciliter et accélérer la privatisation, elle céda pour un montant symbolique les appartements aux personnes qui les occupaient. Occupants installés en majorité sous le régime communiste, aux revenus le plus souvent modestes. Et qui donc, nouveaux propriétaires, n’ont pas les moyens d’entretenir leur bien. D’autant que l’entretien et la rénovation coûtent infiniment plus cher qu’à Paris, du fait que ces immeubles sont construits en brique recouverte de stuc, souvent décoré de fresques… Mais une solution existe pour restaurer à moindre frais les immeubles usés : la vente à prix symbolique des combles à un promoteur qui en fait des lofts et duplex de luxe revendus à prix élevé. En échange, le promoteur restaure la façade et la cage d’escalier où il installe un ascenseur.

J’ai exprimé plus haut mon attrait pour Madrid. Une ville qui ne lésine pas sur les fontaines, souvent monumentales, alors que l’environnement madrilène me paraîtrait a priori plutôt aride. Budapest qui, par contre, nage littéralement sur des immenses nappes d’eau, n’a que relativement peu de fontaines toutes proportions gardées. Et pourtant, comme la ville pourrait être embellie! Je pense par exemple à la place des Héros, immense espace dallé, imposant, mais un peu froid. Deux belles fontaines sur le côté ne seraient pas de trop pour meubler ce grand espace vide. Un bon point, cependant: tous ce petits jets d’eau qui agrémentent les nouveaux espaces piétonniers, au demeurant fort réussis (Szabadság tér, Március 15-e tere) ou encore le boulevard Károly körút. Un progrès sensible, donc.

Un alignement haussmannien, avec un peu de fantaisie du côté d’Oktogon, à Budapest (Photo : Yohan Poncet)

A noter également, un grand progrès au plan des illuminations vraiment superbes dont le spectacle, le soir, notamment si vous vous promenez au bord du Danube (et sur les deux rives) constitue une véritable féerie. Sans parler aussi de ces jardins merveilleusement restaurés en contre-bas du Château, avec leurs kiosques couverts de mosaïques et de fresques, dans un style très Renaissance italienne (Várkert Bazár).

Le bazar du château le soir.

Dans l’ensemble, Budapest demeure une ville agréable à vivre et où il fait bon flâner, que ce soit dans ses zones piétonnes, sur les Boulevards ou encore sur le korzó, par exemple le soir au coucher de soleil (spectacle grandiose dont je ne me lasserai jamais). Et ce côté « villégiature » que je ressens moins à Paris dans les mois d’été. Et puis… tout ce que je viens d’évoquer se limite pratiquement à la ville de Pest ; mais n’oublions pas Buda avec sa verdure, ses villas et ses hautes collines boisées qui offrent de belles perspectives et mille possibilités de randonnées et excursions. Je ne parle même pas des bains pour lesquels nos compatriotes font volontiers le voyage de France. Car Budapest est aussi, rappelons le, une ville thermale, la plus grande d’Europe avec ses 120 sources.

Budapest-Paris, Paris-Budapest: un couple contrasté, mais se complétant à merveille. Dont je ne saurais me passer, ni de l’une, ni de l’autre. Et je donne à parier que je ne suis pas le seul.

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Alimentation : les mêmes emballages qu’à l’Ouest mais pas la même qualité

HU-LALA (Hongrie) - Thu, 16/02/2017 - 14:16
Le ministère hongrois de l’agriculture reconnaît le problème : les produits importés en Hongrie n’ont pas la même qualité que ceux vendus en Europe de l’Ouest. Les multinationales de l’alimentation vendraient aux Hongrois et aux Slovaques des ersatz des marques occidentales avec le même emballage.

L’Office hongrois de sécurité des produits de consommation (Nébih) a procédé à une série de tests sur 24 produits alimentaires vendus dans les magasins du pays et les a comparés à leurs versions autrichiennes. Le résultat, révélé par le journal conservateur Magyar Idők est clair : sous la même marque, les produits que l’on peut se procurer en Hongrie sont souvent de moins bonne qualité nutritionnelle et gustative. Alors que la célèbre marque de cola d’Atlanta vend aux Hongrois une variante plus sucrée de sa boisson (de 0,6%), les producteurs de produits chocolatés (cacao, biscuits, crèmes à tartiner) leur exportent des versions de seconde gamme, où domine également le goût sucré.



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Le Nébih a également fait les tests avec des produits laitiers comme le yaourt et les desserts : l’un des puddings vendus en Hongrie aurait un goût moins marqué, plus dilué, les arômes contenus dans les crèmes seraient plus chimiques au palais. Magyar Idők évoque par ailleurs les soupes instantanées, dont les versions hongroises contiendraient 48g de poudre contre 60g pour leurs homologues autrichiennes vendues au même prix. Le consommateur autrichien bénéficierait en plus de 2% de pâtes, plus du double de viande et de 3% de légumes. Dans certaines préparations pour carbonara, les enquêteurs du Nébih n’ont même pas décelé de fromage dans la version hongroise, alors qu’en Autriche, la même marque propose trois fromages différents dans la même préparation.

Magyar Idők a eu l’idée d’interpeller le ministère hongrois de l’agriculture après avoir pris connaissance de tests similaires menés par l’État slovaque. Les différences observées entre les produits importés en Slovaquie et leurs équivalents occidentaux sont du même ordre, ce qui laisse penser que de nombreuses multinationales de l’alimentation considèrent encore le marché centre-européen comme une zone de second rang. Selon la secrétaire d’État slovaque à l’agriculture Gabriela Matecná et le gouvernement hongrois, l’affaire mériterait d’être réglée au niveau européen, encore faut-il que tous les pays concernés fassent front commun. Du côté de Budapest, les récents rappels à l’ordre de la Commission européenne portant sur des infractions au marché libre entre États membres compliquent la marge de manœuvre du gouvernement, rappelle Magyar Idők.

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« Optimiste » et « tournée vers l’avenir » la jeunesse hongroise ?

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 15/02/2017 - 19:23
En Hongrie, une récente étude de l’institut Új Nemzedék dresse le portrait d’une jeunesse qui, selon les mots de Zoltán Balog, le ministre des Ressources humaines, « va de l’avant », est « optimiste » et « tournée vers l’avenir ». Pourtant, dans le texte, les résultats contrastent quelque peu avec le satisfecit gouvernemental.

Les jeunes de moins de 30 ans n’auraient plus peur de ne pas trouver de travail et aspirent majoritairement à fonder une famille. C’est tout ce que Zoltán Balog, ministre des ressources humaines et Katalin Novák, secrétaire d’État à la jeunesse, ont retenu du rapport présenté lundi soir à l’Académie hongroise des sciences par l’institut Új Nemzedék (en hongrois). Si la peur du chômage est passée en huit ans de la deuxième à la huitième place des éléments d’inquiétude pour l’avenir, c’est bien la peur de la paupérisation qui truste désormais le haut du podium.



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Côté démographie, le désir de fonder une famille et de procréation ressortent nettement de cette étude. Mais comme le relève Andrea Szabó – une des contributrices de l’étude interrogée par HVG – la perspective d’un déclassement social peut également agir comme un frein sur la fécondité des couples, en dépit des efforts considérables de l’Etat en matière de politique familiale.

Existe-t-il pour autant une aspiration à changer les choses chez la jeunesse hongroise ? Pas vraiment, si l’on en croit l’étude. Celle-ci présente les jeunes Hongrois comme majoritairement modérés et partisans des valeurs conservatrices qui font le lit et l’ancrage populaire du Fidesz au pouvoir. Selon Andrea Szabó, cette faible inclination pour la radicalité est une constante socio-culturelle en Hongrie, sans doute renforcée par l’expérience communiste et le caractère singulier du régime dominé par János Kádár, dans laquelle la docilité et la passivité politiques étaient socialement valorisées.

Pour la chercheuse, seule un infime segment des jeunes Hongrois expriment son rejet en descendant manifester dans la rue, comme l’illustrent les mobilisations ponctuelles contre la réforme universitaire en 2013 ou contre la « taxe Internet » en 2014. Andrea Szabó rappelle d’ailleurs que l’émigration, à laquelle un tiers des jeunes enquêtés aspirerait, peut représenter une forme comme une autre de protestation.

La Hongrie produit en masse des travailleurs pauvres

L’Image d’illustration a été extraite du film VAN valami furcsa és megmagyarázhatatlan.

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Pologne et Tchéquie se distinguent au festival du court métrage de Clermont-Ferrand

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 15/02/2017 - 12:39
Le jury du 39e Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, composé de Kaouther Ben Hania, Daniel H. Byun, Madalina Constantin, Ohna Falby et Franco Lolli a dévoilé son palmarès ce dimanche 12 février. Cet article fait l’objet d’une publication commune avec l’association Kino Visegrad, site d’information et de diffusion du cinéma centre-européen dans l’espace francophone. Cipka de la polonaise Renata Gasiorowska

Le Prix du meilleur film d’animation dans la catégorie « International » a été attribué à Cipka (Minou) de la polonaise Renata Gąsiorowska. Ce film d’animation de 8 minutes retrace l’histoire d’une jeune fille passant la soirée seule à la maison, celle-ci décide de s’octroyer un moment de plaisir solitaire, mais tout ne se passe pas comme prévu. Née en 1991, l’étudiante en dessin et animation vient de Krakow en Pologne. Elle est diplômée du Lycée des Beaux-Arts de cette même ville en 2010 et est actuellement en 5e année du département « Film d’Animation et Effets Spéciaux » de l’École Nationale de Cinéma de Łódź. En parallèle de cette activité, Renata Gąsiorowska a aussi dirigé deux vidéo-clip animés : Birthday et With your eyes closed.




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Time Rodent de Ondrej Svadlena

Le Prix Festivals Connexion – Région Auvergne-Rhône-Alpes dans la catégorie « Laboratoire » a lui été attribué au film Time Rodent (Le rongeur du temps) du tchèque Ondrej Svadlena. Le synopsis est quant à lui moins frivole : « Dans un futur lointain où la nuit a dévoré le jour, les habitants d’un monde en mutation accélérée se nourrissent exclusivement de lumière artificielle ».

(avec Yohan Poncet)

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Petite typologie des restaurants et cafés de Budapest sous Kádár

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 15/02/2017 - 10:46
Un jour que je m’extasiais devant la longueur de la carte d’un modeste restaurant dans un petit village de la province hongroise, l’ami qui m’accompagnait me dit: « Ne t’affole pas, c’est le serveur qui va décider pour toi ! » Car quiconque a fait l’expérience d’aller au restaurant dans la Hongrie d’avant 1990 se devait de maîtriser le terme magique « Elfogyott », littéralement « il n’y en a plus ».

Il ne faudrait pas pour autant croire que l’on mourrait de faim à cette époque. Bien au contraire. Ce qui était le plus intéressant, c’était la variété des endroits où l’on pouvait manger.

Il y avait d’abord le Büfé mot emprunté du français qui de votre lieu de travail à l’Opéra en passant par les établissements scolaires permettait d’assouvir une petite faim avec une épaisse tranche de pain blanc tartiné de körözött (un délicieux mélange de fromage de brebis, d’oignon et de paprika en poudre) couvert d’une ou deux rondelles de salami.



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On trouvait ensuite l’Ételbár, petite échoppe de quelques mètres carrés ouverte sur la rue qui offrait quelques plats chauds essentiellement à base de viande panée accompagnée de riz blanc qu’on avalait debout ou perché sur de hauts tabourets.

Puis se déclinait toute la gamme des restaurants où on déjeunait assis à une table qui offraient souvent à peu près tous la même cuisine traditionnelle hongroise roborative et goûteuse à la fois, ragoûts en sauce (pörkölt) ou volailles sous toutes ses formes que l’on accompagnait de savanyúság des légumes en saumure, du cornichon au poivron farci de choucroute dont la douce aigreur permettait de mieux digérer.

Il ne faut pas oublier non plus les cafés où le temps semblait avoir suspendu son vol. Mes deux préférés étaient le Lukács situés sur Népkő non loin de l’institut français de Szegfű utca et le Müvész en face de l’Opéra, un des rares à avoir survécu à la bêtise des promoteurs immobiliers.

Très vite, j’eus mes lieux de prédilection qui remplissaient des fonctions différentes :

– l’ételbár de János, un Hongrois de Transylvanie qui vendait un caviar d’aubergine et des crêpes fourrées au fromage blanc à se damner nous accueillait presque chaque midi dans ce qui est devenu aujourd’hui l’un des plus beaux hôtels de Budapest, le Gresham ;

– Kádár qui existe toujours était le passage obligé du samedi au retour du marché aux puces d’Ecseri. Situé Klauzál tér, en plein milieu du ghetto, on y mange toujours le samedi un délicieux sólet, plat traditionnel du shabbat dont une version se mange même avec du jambon fumé, comme quoi la cuisine hongroise a su composer avec les interdits religieux ;

– le Kispipa en hiver et le Fészek en été étaient les restaurants du soir. La carte identique était riche de ces spécialités hongroises qu’on ne mange malheureusement plus qu’à la maison et qu’on dégustait au son de la musique d’un piano ;

– pour boire une bière accompagnée de délicieuses pogácsa (un genre de brioche salée dont la pâte est faite avec du saindoux et du paprika) le Bierkatakomba était l’adresse idéale. Avec le Postakocsi, il s’agissait à l’époque des deux seuls restaurants de Ráday utca qui est devenue aujourd’hui une des rues les plus achalandée de Pest.

Car en effet, l’offre gastronomique de Budapest est sans commune mesure aujourd’hui avec ce qu’elle était il y a près de trente ans. Budapest fut la première capitale d’un pays de l’Est à accueillir un McDo avant la chute du mur. Les franchisés ont désormais envahi la ville tout comme heureusement des restaurants de qualité offrant une cuisine sophistiquée dont les chefs sont reconnus.

Il n’en demeure pas moins que je préfère encore aujourd’hui retrouver l’authenticité de cette cuisine hongroise traditionnelle que servent encore des petits restaurants souvent en dehors des sentiers battus touristiques.

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600 néo-nazis se rassemblent à Budapest

HU-LALA (Hongrie) - Tue, 14/02/2017 - 13:40
Le « Becsület napja » a été célébré en bonne et due forme ce dimanche 12 février, à Budapest, en dépit de l’interdiction des symboles faisant l’apologie de régimes totalitaires. Cette célébration se tient chaque année pour rendre hommage aux soldats allemands et hongrois qui se sont opposés à l’Armée rouge et roumaine en 1945, lors de la Bataille de Budapest.

Ce « jour de l’honneur » est organisé chaque année par divers groupuscules d’extrême-droite et par le Mouvement hungariste (HM), légataire idéologique du Parti des Croix Fléchées (NP-HM). Cette année, ils étaient plus de 600 à défiler à Városmajor, quartier sur les hauteurs de Budapest, menés par Zsolt Tirityán. Ce dernier est le leader du Betyársereg (« l’Armée des Bandits »), un groupe d’extrême droite revendiquant une idéologie fasciste, raciste et national-socialiste.



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Le drapeau des Croix Fléchées a été hissé à un pylône électrique vers Tök, malgré son bannissement lié au caractère révisionniste qu’il représente. Aucune sanction n’a été prononcée, et pour cause, les forces de l’ordre n’étaient même pas présentes. Une absence d’autant plus remarquée que, cette année, le rassemblement n’a pas eu lieu dans une commune extérieure à Budapest comme l’année dernière, mais bien dans le 12e arrondissement de la capitale.

La Coalition démocratique (DK) est le parti qui a le plus vivement réagi à l’événement. « Où était la police lorsque plus de 600 personnes arborant des signes nazis se sont rassemblées ? » questionne le parti de centre-gauche dans un communiqué. DK a jugé intolérable que l’extrême-droite parade en brandissant les mêmes drapeaux sous lesquels 6 millions de Juifs – dont environ 600 000 Hongrois – ont été tués par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

László Toroczkai, figure de l’extrême-droite et désormais vice-président du parti Jobbik, s’est abstenu cette année de prendre part au rassemblement. Il a toutefois pris soin d’exprimer sa déception quant à l’absence d’une commémoration nationale pour la Bataille de Budapest qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de soldats et de civils. En cela, le siège de Budapest est comparable à celui de Stalingrad ou de Berlin.

Photo : L’hommage des groupuscules d’extrême-droite aux combattants Hongrois et Allemands de la seconde guerre mondiale en février 2012 (Crédit photo : Benoît Braban pour Hu-lala.org).

A Budapest, des néo-nazis célèbrent l’amitié germano-hongroise

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