March 8, commemorates the struggle for women’s rights. This day is celebrated in many countries around the world. According to the UN, it is a day when women are recognized for their achievements without regard to divisions, whether national, ethnic, linguistic, cultural, economic or political. International Women’s Day first emerged from the activities of labor movements at the turn of the twentieth century in North America and across Europe. The earliest Women’s Day observance was held on February 28, 1909, in New York and organized by the Socialist Party of America. On March 8, 1917, in the capital of the Russian Empire, Petrograd, a demonstration of women textile workers began, covering the whole city. This was the beginning of the Russian Revolution. Seven days later, the Emperor of Russia Nicholas II abdicated and the provisional Government granted women the right to vote. March 8 was declared a national holiday in the Soviet Russia in 1917. The day was predominantly celebrated by the socialist movement and communist countries until it was adopted in 1975 by the United Nations. Since those early years, International Women’s Day has assumed a new global dimension for women in developed and developing countries alike. The growing international women’s movement, which has been strengthened by four global United Nations women’s conferences, has helped make the commemoration a rallying point to build support for women’s rights and participation in the political and economic arenas.
The Charter of the United Nations, signed in 1945, was the first international agreement to affirm the principle of equality between women and men. Since then, the UN has helped create a historic legacy of internationally agreed strategies, standards, programmes and goals to advance the status of women worldwide. Over the years, the UN and its technical agencies have promoted the participation of women as equal partners with men in achieving sustainable development, peace, security, and full respect for human rights. The empowerment of women continues to be a central feature of the UN’s efforts to address social, economic and political challenges across the globe. In order to end gender inequality, everyone has to be involved. Fighting for women’s rights has too often become synonymous with man-hating. But it is not. To affect change in the world, men must take part in it. Unfortunately today, there is no one country in the world where all women can expect to receive the same rights as men. No country in the world can yet say that they have achieved gender equality. Men are also imprisoned by gender stereotypes. Both men and women should be free to be strong, to be sensitive. Gender has to be considerate on a spectrum instead of two sets of opposing ideals.
March 8 should be a day of questioning for all of us. Women’s rights are human and fundamental rights and it’s time to make this point real and effective throughout the world. In Europe, the Institution of European Union have started the work with the Istanbul Convention (Convention on preventing and combating violence against women and domestic violence). But there is still a long way to go and much to do before women’s rights become a central concern of every society.
Sophie Mincke
Sources :
http://www.un.org/en/sections/observances/united-nations-observances/
https://en.wikipedia.org/wiki/International_Women%27s_Day
https://www.internationalwomensday.com/
https://europe-liberte-securite-justice.org/2017/02/18/ue-contre-violence-femmes/
Guerre et paix, deux termes que l’on n’a plus l’habitude d’associer. Le faire ne revient-il pas à se poser la question d’une l’Europe à plusieurs vitesses ? Pourquoi ne les a-t-on pas associés jusqu’à aujourd’hui ? Car le monde actuel connaît plus de quarante guerres et conflits militaires, mais pas un seul ne se déroule sur le sol de l’Union européenne. Car l’Europe a été capable de réaliser l’impossible et elle le reste : elle s’est relevée des cendres de la deuxième Guerre Mondiale et a mis fin à cette longue tragédie de plusieurs siècles qui nous obligeait régulièrement à choisir entre la paix et la guerre. Pour autant, sommes nous totalement immunisés, étant donné le nombre de conflits et le fait que, géographiquement, ils se rapprochent de plus en plus de nous, de pays qui se croyaient immunisés ? Les formes nouvelles que prennent ces conflits (terrorisme surtout) les rapprochent singulièrement de nous : ils sont à nos portes. Par ailleurs, comment espérer raisonnablement participer au règlement de ces nombreux grands conflits sans s’appuyer sur une politique européenne de Défense ? Le règlement de ces crises (Ukraine, Syrie, Proche et Moyen Orient…) va structurer durablement les relations internationales au cours des prochaines années.
Aujourd’hui, relativement bien immunisée, est-ce une raison pour pour l’Europe de refuser d’avoir cette culture stratégique commune ? Bien au contraire, il est même urgent de s’en construire une, une culture qui dépasserait la poignée des professionnels. Cette absence de culture commune en matière de défense et de sécurité, nous interdit d’envisager quoi que ce soit, y compris l’éventualité de conflits militaires auxquels il faudrait participer d’une manière ou d’une autre. Or, dans ce domaine, l’Union dispose d’instruments intéressants. Pourtant peu nombreux sont ceux qui ont des doutes sur la nécessité pour l’Europe d’agir en matière de maintien de la paix et de stabilisation du voisinage. Cela comprend nécessairement d’envisager le recours aux armes et la mobilisation de forces militaires. Il faut le faire sans trembler, après une réflexion approfondie et une prise de décision commune. Mais surtout, il faut s’y préparer et s’organiser selon l’adage latin : si vis pacem, para bellum.
Relativement bien immunisée certes, mais face à une quarantaine de conflits dans le Monde l’Union peut-elle continuer à hésiter, tergiverser en matière de politique de Défense ? Les absents ont toujours tort, dit la sagesse populaire.
La dernière actualité européenne, le Livre Blanc de la Commission comme les débats au Parlement européens, fournissent une occasion pour ouvrir, enfin, le débat sur la défense européenne. Difficile de qualifier en un mot ce Livre Blanc : est-ce l’acte de naissance d’une Union européenne sans les Britanniques, comme l’a qualifié Jean-Claude Juncker ? Cinq propositions de scénarios y figurent, allant d’une Union limitée au Marché unique à un saut fédéraliste, en passant par une Europe à plusieurs vitesses. La Commission a surtout voulu placer les Etats membres devant leurs responsabilités, dans une Europe en crise. Le vaste champ des possibilités a été déployé, mais sans que soit affichée une quelconque préférence. Aucune sensibilité n’a été fortement froissée. Domine cependant l’idée maîtresse exprimée par Jean-Claude Juncker dans un discours prononcé à l’Université de Louvain : « L’heure n’est plus venue de s’imaginer que nous pourrions, tous, faire la même chose […]. Ceux qui sont d’accord pour faire le plus grand nombre de choses ensemble, qu’ils se mettent d’accord sur ce qui est essentiel à faire, qu’ils soient 15 ou 28 […], cela peut varier d’un sujet à l’autre ».
L’objectif de ce texte serait donc de pousser chacun à préciser ses positions et ainsi conduire progressivement vers « l’Europe différenciée », sans drame inutile et une fois fait le constat des différences. Pour les uns, ce serait un moyen de relancer le projet européen, pour les autres ce serait renforcer les divergences. Les uns pensent que le noyau dur entraînerait les hésitants alors que les autres estiment qu’une telle évolution ne ferait que creuser le fossé entre les plus déterminés et ceux qui le sont moins. La preuve, la Pologne d’abord, rapidement suivie par le groupe de Visegrad en entier, ont exprimé très clairement une opposition au scénario d’une Europe à plusieurs vitesses.
Toujours est-il que le thème de « la Défense européenne » est entré dans le dernier carré des catégories des politiques prioritaires, qualifiées « d’essentielles » telles que la dimension sociale, l’accompagnement de la mondialisation, l’approfondissement de l’Union économique et monétaire, l’avenir de l’Europe de la défense, ou encore l’avenir du budget de l’Union. La Commission soumettra cet été des documents de réflexion sur chacun de ces thèmes. A la mi-septembre, le discours sur l’état de l’Union durant lequel le Président de la Commission présentera sa vision et en décembre, entrainera une prise de position de la part du Conseil européen. La célébration de l’anniversaire du Traité de Rome sera également un moment fort. Le réel moment du choix démocratique se présentera toutefois lors des prochaines élections européennes, dans deux ans. Il est donc grand temps de se mobiliser dès aujourd’hui. L’heure n’est cependant pas à ce stade à l’évocation d’une éventuelle révision des traités : outre le fait que cela n’intéresse pas les citoyens selon Jean-Claude Juncker, « cela viendra lorsqu’il y aura une volonté collective qui n’existe pas aujourd’hui ».
Sur ces points, le Parlement européen a aussi eu l’occasion de s’exprimer dans le détail (cf. Pour en savoir plus ), à l’occasion de la présentation et de l’adoption de ses différentes résolutions sur l’amélioration du fonctionnement de l’Union européenne en mettant à profit le potentiel de l’Union. Bien que moins réservé que la Commission, le Parlement souhaite que la priorité soit donnée à un traité constant, la réforme des traités reste toutefois un impératif préalable pour certains parlementaires, comme Guy Verhofstadt. Dans cette large réflexion, une politique de Défense commune occupe une place importante (une page sur 12 dans le texte de la résolution du Parlement européen).
Pour le Parlement européen, l’Union « doit améliorer l’efficacité, la cohérence et la responsabilité de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), notamment en utilisant les dispositions actuelles du traité et en remplaçant le vote à l’unanimité par le vote à majorité qualifiée dans un nombre toujours plus important de domaines de la politique extérieure, ainsi qu’en appliquant le cas échéant les dispositions relatives à la flexibilité et la coopération renforcée […]. Les menaces actuelles en matière de sécurité, y compris dans le voisinage immédiat de l’Union européenne, démontrent qu’il nécessaire de s’acheminer progressivement vers l’établissement d’une politique commune en matière de défense et, au final, d’une défense commune […]. Le traité contient déjà des dispositions claires concernant la marche à suivre pour y parvenir, notamment dans les articles 41, 42, 44, et 46 du traité sur l’Union européenne ».C’est une invitation forte du Parlement européen : les Etats sont sommés d’agir.
Peut-on espérer une évolution tangible rapide ? Un signal modeste mais réel vient d’être donné le 6 mars avec la décision d’établir une structure de commandement pour les missions militaires et de conseil de la PESDC. Cela va dans le bon sens, mais que peut-on espérer du sommet de Versailles ?
Réunis à Versailles pour un sommet informel, les dirigeants des quatre principaux pays de la zone euro (Allemagne, France, Italie et Espagne) ont déjà choisi lesquels des cinq options du Livre Blanc ils retenaient : il s’agit de la troisième, celle d’une Europe à plusieurs vitesses.
« L’ Europe à vingt-sept ne peut plus être l’Europe uniforme à vingt-sept ». L’Europe à vingt-sept ne peut plus être uniforme avec autant de membres. Longtemps, cette idée d’une Europe différenciée, avec des rythmes distincts de progression a suscité beaucoup de résistance. Aujourd’hui, c’est une idée qui s’impose. « Sinon, c’est l’Europe qui explose », déclare François Hollande au journal Le Monde. Le ton est donné : si une réelle « Europe à plusieurs vitesses » n’est pas mise en place, l’Union européenne est condamnée.
Les dirigeants français, allemand, italien et espagnols ont donc discuté de cette idée. À l’occasion de cette rencontre, les chefs d’État et de gouvernement ont fait quatre déclarations « distinctes » mais « coordonnées » sur leur foi partagée dans le projet européen et dans les chantiers communautaires à lancer. Cet événement du mini-sommet de Versailles a préparé le sommet européen des 9 et 10 mars à Bruxelles, puis celui de Rome le 25 mars à l’occasion de la célébration des 60 ans du traité de Rome au cours duquel les dirigeants des pays de l’Union devront trouver un cap commun à 27.
Les domaines envisagés en priorité pour cette « Europe à plusieurs vitesses » sont indiqués dans le Livre Blanc : l’union monétaire, la fiscalité, le social, l’antiterrorisme et la protection des frontières. C’est surtout dans le domaine de la Défense que les quatre partenaires veulent des progressions. À cet égard, François Hollande estime que, « s’agissant de l’Europe de la défense, tous les pays de l’UE n’ont pas à en être membres, certains n’ont pas cette tradition mais la porte doit être ouverte à tous ». Il propose ainsi « une coopération structurée, pour fédérer les pays qui veulent aller beaucoup plus loin », à laquelle « dans [son] esprit, le Royaume-Uni, même en dehors de l’UE, doit […] être associé ».
Si François Hollande, de même qu’Angela Merkel, ont clairement fait savoir leur volonté de bâtir une « Europe à plusieurs vitesses », les quatre « grands » veulent éviter de froisser leurs vingt-trois partenaires européens. A l’issue du sommet, les dirigeants veilleront « à ne pas être trop concrets » pour ne pas « donner l’impression aux autres partenaires européens d’être trop prescriptifs », commentent les milieux autorisés à être relayés par la presse accréditée. « D’ailleurs, il n’y aura pas une déclaration commune, mais quatre », souligne-t-on. Dans le contexte du Brexit, mais aussi des différentes échéances électorales qui fragilisent les dirigeants présents à Versailles et du risque populiste, les partenaires européens ne veulent froisser personne tout en essayant de rendre l’Europe plus efficace. Ne froisser personne, certes, mais peut-on éviter de ne pas froisser les pays du groupe de Visegrad ? Autant s’engager à ne rien faire ; d’autant plus que le populisme ne cesse de progresser en Europe, encore faut-il le relativiser et surtout le combattre. Selon le dernier eurobaromètre de la Commission européenne daté de fin 2016, 38% des Européens sondés ont une image ‘neutre’ de l’Union, 25% une image négative et 35% une image positive. Des chiffres qui ne sont pas catastrophiques loin de là (25% d’opposants ) et qui pourraient être consolidés si les gouvernements osaient affronter leur opinion publique et faire œuvre de pédagogie.
Les institutions européennes, la Commission comme le Parlement européen, ne peuvent continuer à se dérober face aux questions de leurs citoyens et doivent, dans l’année, répondre aux questions existentielles qu’ils se posent. La première : « Où va le Monde ? » pour reprendre le titre de l’excellent livre de Nicole Gnesotto et Pascal Lamy (édition Odile Jacob), une question qui est sur toutes les lèvres. La seconde question, également sur toutes les lèvres, est : que fait l’Europe ? Comment ne pas se la poser, confronté que l’on est tous les jours aux guerres, massacres, siège d’Alep, chômage, misère, pauvreté, disparités, pollutions, malfaçons en tout genre des produits de grande consommation, insécurité, pénuries, perte de repères, corruption, trafiques internationaux, etc..
Que fait l’Europe ?
Pour en savoir plus : principales sources d’information :
-. Livre blanc :
http://europa.eu/newsroom/home_en
-. Quo vadis Europa à 27 ? Discours de Jean-Claude Juncker (EN) :
http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-17-424_en.htm (FR) http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-17-424_fr.htm
-. Soixante années de Traité :
https://europa.eu/european-union/eu60_en
-. Soixante années de progrès partagés :
-. Soixante ans d’Europe : débats au Parlement européen :
-. http://www.politico.eu/article/breaking-politico-obtains-white-paper-on-eu-future/
-. http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/03/01/jean-claude-juncker-presente-au-parlement-europeen-ses-propositions-pour-relancer-l-union_5087631_3214.html
-. http://www.euractiv.com/section/future-eu/news/commission-pushes-for-stronger-defence-trade-and-border-powers-after-brexit/
-. http://www.businesstimes.com.sg/government-economy/eus-juncker-unveils-plans-for-new-chapter-after-brexit
-. https://euobserver.com/political/137069
-. http://www.euractiv.com/section/future-eu/news/junckers-real-scenario-is-multi-speed-europe/
-. Communiqué de presse du Conseil sécurité et défense,et au conseil affaires étrangères du 6 mars 2017 :
http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2017/03/06-defence-security/
White Paper on the future of Europe, Reflections and scenarios for the EU27 by 2025. European Commission, 1/03/2017 :
-. Entretien de François Hollande à plusieurs journaux européens dont le journal le Monde :
http://www.lemonde.fr/international/article/2017/03/06/hollande-l-extreme-droite-n-a-jamais-ete-aussi-haute-depuis-plus-de-30-ans-mais-la-france-ne-cedera-pas_5089684_3210.html
-. Déclaration du groupe de Visegrad sur l’avenir de l’Europe :
Entre perplexité, confusion et consternation, la Conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue les 17-18-19 février dernier démontre de la volonté de rechercher l’apaisement, sans pour autant convaincre réellement. Jean-Claude Juncker appelle à nouveau à l’unité des membres de l’Union, et demande aux Américains de respecter cette unité.
A Munich …
L’administration Trump, en multipliant nuances, déclarations aussi évasives que contradictoires, a plus inquiété que rassurer : « Le président fait des déclarations et parfois se contredit. Alors du coup on a appris à faire attention à ce que le Président fait plutôt qu’à ce qu’il dit » a d’ailleurs expliqué John Mac Cain. Cela explique en grande partie la perplexité de la plupart des commentateurs : Le Figaro indique ainsi Mike Pence rassure les Européens, alors que de son côté le journal La Croix, pas du tout rassuré lui, pose LA question : « l’Occident a-t-il encore quelque chose – valeurs ou intérêts -, en commun et pourra-t-il continuer à soutenir une architecture de sécurité, ou bien allons-nous vers un monde « post-occidental » ?Dans la même veine, Le Monde titre : « Les errements américains sèment la consternation. Mike Pence et James Mattis n’ont pas réussi à rassurer les Européens sur les intentions de Washington ».
Quant à la position du Président de la conférence de Munich sur la sécurité, Wolfgang Isching, c’est d’accablement qu’il faut parler. Il souligne ainsi « l’incertitude massive » qui règne sur les relations internationales depuis l’élection de Donald Trump : « du jamais vu » en cinquante-trois ans d’existence de ce forum annuel.
Une fois de plus, ce sont les propos allemands qui tranchent en faveur d’un plus grand engagement de la part de l’Allemagne en matière de Défense : « Nous, Allemands, voulons relever le défi, à la fois comme Européens et alliés des Etats-Unis, mais avant tout en tant que pays qui, plus de vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, est devenu une démocratie adulte prête à assumer ses responsabilités » a ainsi déclaré la Ministre de la Défense Ursula von der Leyen face à son homologue américain, avant d’ajouter : « Nous voulons nous affirmer, et nous voulons le faire en tant qu’Européens ».
Lors de la Conférence de Munich, la moindre déclaration des dirigeants et observateurs patentés a été scrutée, disséquée, et c’est l’Alliance militaire transatlantique de l’OTAN qui était à l’évidence la principale source de préoccupations. Avant de se rendre à Bruxelles, Mike Pence a tenté d’apaiser les peurs des Européens et n’a pas hésité à indiquer que l’engagement américain était « inébranlable ». Mais inconnues, inquiétudes et désorganisation demeurent. Pire, elles ont été confirmées, et cela n’a pas empêché le Vice-Président de proclamer : « Le Président m’a demandé d’être ici pour apporter ses salutations et un message. Aujourd’hui au nom du Président Trump, je vous transmets ce message : les Etats-Unis d’Amérique soutiennent fermement l’OTAN et nous serons inébranlables dans notre engagement ». Cette déclaration, certes appréciée, suffira-t-elle à relancer la relation transatlantique sérieusement mise à mal par les déclarations hostiles de Trump à l’égard de l’Union et de l’OTAN ? Alors-même qu’il a été jusqu’à remettre en cause leur existence ? Malgré sa volonté de plaire aux Européens, Mike Pence a renouvelé ses critiques concernant des dépenses très insuffisantes : « la promesse de partager le fardeau n’a pas été tenue depuis bien trop longtemps. C’est ce qui fait que le fondement de notre alliance n’est plus solide ». « Soit tu paies, soit tu es viré. Le système d’alliance devient purement transactionnel » analyse alors François Heisbourg pour le journal La Croix. Mike Pence a beau avoir renouvelé son soutien en matière de défense, les Européens sont encore loin d’être rassurés : « L’absence totale de mention de l’Union européenne dans le discours du Vice-Président par exemple a été aussitôt relevée par les responsables européens, choqués par les attaques répétées de Trump contre l’Union au cours de ces dernières semaines. Ils espéraient au moins une mise au point sur ce sujet , mais elle n’est pas au rendez-vous…» analyse le journal Le Monde. Autre source d’inquiétudes : l’absence des responsables américains à la traditionnelle conférence de presse, à la différence des Russes et des Chinois, eux bien présents. L’administration Trump a ainsi donné l’impression qu’elle ne savait pas où elle en était, notamment vis-à-vis des dossiers les plus brûlants.
D’autres échantillons et exemples démontrant une diplomatie décousue peuvent aisément être montrés du doigt : ainsi, M. Pence réclame l’application des accords de Minsk mais à la condition que cela ne porte pas préjudice à un futur accord entre la Russie et les Etats-Unis et pour illustrer son propos, il déclare : « Sachez que les Etats-Unis continueront à demander des comptes à la Russie, même si nous cherchons des terrains d’entente. Comme vous le savez le Président Trump pense que c’est possible » . La signification de ces propos soulève davantage de questions que de réponses : François Heisbourg tente une explication : « La phrase de Pence rassure, mais elle était à double tranchant. Elle disait voilà ce que je pense et voilà ce que pense Trump ». Une bien bonne chance au diplomate qui part en mission muni de ce viatique.
Pour compléter le tableau, écoutons ce que dit la Russie par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, qui annonce tout simplement la fin de l’ordre mondial libéral : « Les dirigeants responsables doivent faire un choix. J’espère que ce choix sera celui d’un ordre mondial démocratique et juste. Si vous le voulez, appelez le ‘le post-west’ ». Un ordre post-occidental taillé sur mesure pour l’agenda de Moscou donc, mais qui ne serait pas forcément incompatible avec une Amérique isolationniste : autant dire une conduite diplomatique faite d’embardées, de changements de direction brusques.
… Puis à Bruxelles (20 février)
A Bruxelles, en mission commandée, M. Pence a su déverser une musique douce et apaisantes pour les oreilles européennes, blessées ces dernières semaines par les propos fracassants de Donald Trump. Mais chasser le naturel et il revient au galop : une nouvelle fois, il a rappelé durement aux alliés européens leur engagement de consacrer 2% de leur budget aux dépenses militaires : « Ceux qui n’ont pas encore de plan pour y arriver, je leur dis : c’est maintenant ».
Après cette entrée en matière sans ambiguïté, M. Pence a fait un effort pour, si possible, rassurer Jean-Claude Juncker et Donald Tusk sur sa détermination à consolider la relation entre les Etats-Unis et l’Europe, leur coopération et leur partenariat. Il a exprimé la volonté d’approfondir le partenariat (…) quelles que soient les différences (…) Nous sommes convaincus que ce lien durera et se resserrera dans les années à venir alors que nous abordons notre avenir ensemble ».
Parlant de sécurité et de lutte contre le terrorisme, il indique que : « Nous devons être forts et unis dans nos efforts pour faire face à la menace à la sécurité et la stabilité en Europe », soulignant au passage sa détermination « pour s’assurer que de telles attaques ne se répètent jamais ». Il a alors invité les européens « à rejoindre les Etats-Unis pour continuer à intensifier nos efforts pour contrer la menace terroriste islamique radicale ». Il prend toutefois bien soin de lancer un avertissement : « cela va exiger une plus grande coordination, un réel partage de renseignements entre les Etats membres de l’UE et entre l’UE et l’OTAN, car notre sécurité est basée sur l’OTAN et la coopération transatlantique la plus étroite possible. Nous devons travailler ensemble à moderniser les formes de cette coopération ». Ne reculant devant rien, il va jusqu’à ajouter que l’OTAN avec ses valeurs n’est pas « obsolète ».
Concernant la Russie, est-il besoin de dire que la position américaine manque singulièrement de clarté ? D’un côté, il rappelle son attachement aux principes de souveraineté et d’intégrité territoriale : « les Etats-Unis vont continuer à tenir la Russie pour responsable et lui demandent d’honorer les accords de Minsk en commençant par la désescalade de la violence dans l’est de l’Ukraine ». Mais d’un autre côté, il explique que les Etats-Unis « allaient chercher de nouvelles voies pour un nouveau terrain d’entente avec la Russie ». Sur quelles bases alors ? Le droit international, « où la force brute et l’égoïsme ne déterminent pas tout » et où cela ne peut avoir lieu « qu’à-travers une politique commune, mutuellement favorable et décisive de l’ensemble de la communauté internationale » ? Cette possibilité semble quelque peu complexe à élaborer…
Une dernière chose frappe l’observateur : il n’a presque jamais été question d’économie, aucune référence par exemple aux négociations TTIP, un point pourtant sensible pour M. Trump. Notons cependant que Mike Pence a rappelé que les économies européenne et américaine étaient les plus importantes du monde et a souligné « leur engagement pour des économies libres, équitables et florissantes […]. Maintenir et renforcer notre vitalité économique va nécessiter des choix assez difficiles, mais nécessaires ». C’est une évidence peut-être encore insuffisamment partagée par tous.
Un constat s’impose : une crise de confiance évidente et grave existe : comment la surmonter ? dans quels délais ? Peut-on se réfugier dans l’humour du journal Libération qui titre en première page : « Plus que 1429 jours. Un seul mois de Trump à la Maison Blanche aura suffi à donner le vertige à la planète. Expiration prévue en 2021, sauf s’il est réélu ».
Au final, Jean-Claude Juncker n’avait plus qu’à opposer un nouvel appel à l’unité de l’Europe, un appel adressé à toutes les parties : ce n’est pas le moment de diviser les Européens et les Américains : « nous sommes partenaires depuis si longtemps, la stabilité mondiale dépend fortement des bonnes relations entre l’UE et les Etats-Unis ». Il ajoute que les Etats-Unis ont besoin de l’Europe sur tous les sujets : « Nous comptons sur le soutien sincère et sans équivoque des Etats-Unis à l’idée d’une Europe unie […] : ce n’est pas le moment pour l’Europe de se diviser ». Un rappel qui s’adressait aussi bien à certains dirigeants de l’Union qu’à ceux qui à Washington rêvent de la voir imploser. Donald Tusk a, de son côté, donné la réplique : « Américains et Européens doivent mettre en pratique ce qu’ils ont promis […]. Le monde serait dans un moins bon état si l’Europe n’était pas unie […]. On n’inventera rien de mieux que l’Union ».
Imperturbable face aux questions qui voulaient souligner les différences par rapport aux propos de la campagne, Mike Pence a néanmoins tenu à les tempérer : ainsi, l’OTAN n’est plus « obsolète » mais « garant d’un monde plus sûr […], un rôle crucial pour la paix et la prospérité ». Il a renouvelé les engagements du passé, mais les propos sont restés enveloppés de généralités. Une prudence dans l’attente des résultats des prochaines élections, de bonnes paroles qui n’engagent à rien mais témoignent d’un souci réel d’apaisement : il a ainsi présenté ses condoléances pour les attentats de Bruxelles de l’an dernier et rendu hommage aux victimes. Au cours de ses déplacements, il a de même su tout pareillement rendre hommage aux victimes de l’holocauste et aux lieux de mémoire le concernant.
Mike Pence est venu rencontrer ses principaux interlocuteurs, vêtu de lin blanc et de probité candide, protestant de sa bonne foi et de sa bonne volonté, affichant une mine contrite de bon apôtre. De concret, qu’en restera-t-il ?
Malgré tout, des perspectives intéressantes s’offrent aux Européens mais à la condition qu’ils se fassent confiance entre eux, comme vient de le souligner à Paris et avec force le Ministre italien de l’Économie et des Finances Carlo Padoan.
Pour en savoir plus :
Munich Security Report 1017 : Post-Truth, Post West, Post Order a selection of current analyses and press reports :
Euractiv : Mike Pence’s promises to the EU are meaningless :
https://www.euractiv.com/news/
Euractiv : US vice president pledges support for EU Nato in first Brussels visit :
La Croix : à Munich les Européens face aux incertitudes américaines :
Le Figaro : le vice président rassure les Européens :
Le Monde : grave crise de confiance entre l’ Europe et les Etats-Unis :
Communiqué de presse du Conseil sur la rencontre entre Donald Tusk et Pence :
Communiqué de presse des ministres de la Défense :
http://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_141613.htm