(crédit : Conseil de l’UE)
(BRUXELLES2 – Exclusif) L’opération européenne de sécurisation en Méditerranée — que nous nommerons par son nom de code « EUNAVFOR Med » (EUNAVFOR Mediterranea)— est un petit chef d’oeuvre de préparation, politique et opérationnelle en fait. Récit. Et premiers éléments d’une opération qui n’est pas encore lancé.
Une tactique politique remarquable
La charge du Pont d’Arcole
D’une part, les responsables politiques se sont très vite mis d’accord sur sa nécessité. D’autre part, entre l’idée politique et sa conceptualisation, il aura fallu aussi peu de temps, 4 semaines, selon nos éléments, en comptant 2 jours fériés (1er mai et 8 ou 9 mai selon les pays). Une belle manoeuvre tournante qui est à peu près digne des offensives éclairs de Napoléon, avec écran de fumée, préparation intense et coup de butoir décisif et rapide. Si je me permettrais, une analogie, c’est un peu la charge du Pont d’Arcole… Ainsi, entre la mise à l’ordre du jour de ce question à l’ordre du jour d’un conseil des ministres des Affaires étrangères, le 20 avril, et la réunion du 18 mai qui pourrait donner le feu vert à l’opération (concept de gestion de crises), il ne se sera écoulé que quelques semaines.
Mogherini à la manoeuvre
Quand arrive le naufrage, dans la nuit de samedi à dimanche (18/19 avril), avec les 700 à 1000 morts, l’émotion s’empare de toute l’Europe. Au temps de l’inaction (lire : Sortir la tête du sable !) semble venu le temps de l’action. L’équipe Renzi-Mogherini sait qu’il est temps de repasser à l’offensive. Mais, cette fois-ci, en version éclair. L’avantage est que les deux postes clés à Bruxelles — les Affaires étrangères et l’Intérieur sont aux mains des « Méditerranéens », parfaits connaisseurs de la situation. L’agenda facilite la donne. Une réunion des ministres des Affaires étrangères, est déjà prévue le 20 avril, avec à son ordre du jour, la Libye.
Agenda bousculé
La concertation va vite. Les téléphones crépitent. Federica Mogherini est en Italie chez elle et rencontre le Premier ministre italien (son ancien boss). Et son homologue chargé de la migration, Dimitris Avramopoulos, qui devait visiter Ceuta et Mella, avec le ministre de l’intérieur Jorge Fernández Díaz, annule sa visite mais décide d’aller à Luxembourg. Ils ont le soutien du président de la Commission, JC Juncker et de plusieurs capitales. Ils décident d’un commun accord de réunir ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères à Luxembourg (en avril – les réunions ont lieu dans la capitale luxembourgeois et non à Bruxelles). On bouscule quelque peu l’agenda. Et on y ajoute l’après-midi une session commune. Tous les ministres des Affaires étrangères sont là (en personne ou le vice-ministre) et plus de la moitié des ministres de l’Intérieur ont fait le déplacement. Ce qui est une gageure en aussi peu de temps (à peine 24 heures).
Un plan en dix points concoctés aux petits oignons
Les deux commissaires ont préparé un plan en dix points, rapidement mis au point, qui reprend pour une bonne partie les demandes italiennes (sauf la répartition solidaire des réfugiés, la relocalisation qui restera partielle et volontaire (lire sur le Club : La Commission propose un plan en 10 points face au choc migratoire en Méditerranée). Ce plan n’est savamment révélé que le plus tard possible. Peu de choses fuitent dans la presse, à part la volonté de renforcer Frontex, et une idée allemande d’avoir une clé de répartition pour répartir les réfugiés venant de Syrie. Le collège des commissaires n’a pas vraiment eu le temps de discuter de façon approfondie de ces points, qui figuraient en partie dans une communication sur les migrations prévue le 13 mai. Et cette approbation par les Ministres grille un peu le processus. Un porte-parole l’avouera sur le bout des lèvres, le lendemain. « Le Commissaire Avramopoulos est en droit d’annoncer des pistes nouvelles. Mais la décision appartient au collège. » Trop tard…
Renzi et Mogherini à la manoeuvre, entre égaux (crédit : CUE)
Enjeu : enfoncer le clou
La seconde phase déjà enclenchée
Le Conseil n’est pas encore terminé que la seconde phase est déjà enclenchée : la convocation d’un sommet européen, consacré aux migrations et sauvetage en Méditerranée. Dès 17h, le président du Conseil européen Donald Tusk annonce sa convocation. Il s’agit, là aussi, de prendre de la vitesse, éviter un revirement de dernière minute, aux sceptiques de s’exprimer et au processus de s’enliser. Durant le week-end, les téléphones ont sonné entre les capitales, entre Renzi, Hollande, Merkel, Cameron et Tusk notamment (ces 4 se retrouveront d’ailleurs pour une réunion entre « grands pays » lors du sommet européen). Le terrain a été bien balisé.
Le soutien britannique
Le leader Britannique, en pleine finale de campagne électorale, sait qu’il a une double carte à jouer : montrer la puissance navale britannique (ce qui permet au passage de ravaler toutes les critiques qui lui ont été fait sur la diminution des moyens des armées et çà plait toujours aux Anglais attachés à la Royal Navy comme à la famille royale) et prendre un de ses chevaux de bataille favoris : la lutte contre l’immigration. Au passage, les chefs d’Etat lui donnent, involontairement, un petit coup de pouce dans sa campagne.
L’imprimatur des « Chefs » obtenue sans grande difficulté
Réunis, le 23 avril, les Chefs d’Etat et de gouvernement donnent leur « imprimatur », à leur tour. La discussion a été longue, surtout parce que chacun a voulu parler. « Multiplier 28 prises de parole par 5 mn minimum, cela fait déjà 2 heures au minimum » explique un témoin régulier de ces réunions. « Et comme il y en quelques uns qui étaient particulièrement prolixes … », notamment l’Italien ou le Maltais, « vous arrivez presque à 3 heures ». Ajouter le temps de revoir les conclusions. Car, pour aller plus vite, les conclusions ont été revues et corrigées, dans la salle même. La « plume du Conseil » qui a pris note de la plupart des demandes de corrections des Chefs. Le tout est lu ensuite devant les Chefs pour obtenir leur approbation.
Un plan en dix points
Le plan en dix points est globalement approuvé, mis à part une ou deux exceptions, les plus délicates au plan politique – le caractère obligatoire ou non d’un programme de réinstallation des réfugiés. Mais l’essentiel du caractère opérationnel est conservé : renforcement de l’opération Frontex (trois fois au lieu de deux fois proposé), mise en place d’une opération PSDC, mise en place d’éléments dans plusieurs pays clés (Niger, Tunisie, etc.) pour « bloquer » ou « surveiller » les migrants/réfugiés qui partent vers la Libye. On rajoute par ci par là un élément : la concertation avec l’Union africaine, avec la Turquie. Mais B2 a soigneusement fait la track-list entre le projet de conclusions et le projet final. Et l’analyse est claire. (lire : Eviter de nouvelles tragédies en Méditerranée. Les mesures du Conseil européen)
Un savant dosage pour satisfaire chacun
Ce plan est savamment équilibré : un peu de sauvetage, un peu de répartition des réfugiés/migrants, un peu de retour à l’envoyeur et surtout la lutte contre les trafiquants. « Il y de quoi satisfaire tout le monde. Chaque chef d’Etat et de gouvernement peut rentrer chez lui en disant : j’ai gagné. » me raconte un expert de ces joutes européennes. Finement joué ! La Commission européenne a, prudemment, choisi de ne pas jouer les provocateurs. Le président Jean-Claude-Juncker, une larme à l’oeil, se dit bien « déçu » du résultat. C’est un peu une larme de crocodile… L’exécutif européen a bien pris soin de ne pas fâcher les 28 ; il a notamment renoncé à une quelconque velléité de proposer l’ouverture de la directive sur la protection temporaire (pourtant destinée à assurer la solidarité entre Européens en cas d’arrivée massive de réfugiés). Et sa proposition de « quotas » européens pour la migration légale fait davantage partie du paquet « migrations » présenté le 13 mai que de la discussion du 23 avril.
La planification de l’opération
Des bâtisseurs de concept
Les Chefs d’Etat et de gouvernement ont à peine fini de débattre que les planificateurs dans les structures européennes et dans différents ministères de la défense (particulièrement en Italie) se sont déjà mis au travail, dès la fin du Conseil des ministres des Affaires étrangères en fait. Au pas de course. Un premier brouillon du concept est bâti dans la foulée. Les premiers commentaires fusent. Et un projet de concept de gestion de crises peut alors être présenté officiellement et discuté par les ambassadeurs du COPS qui se penchent sur la question le 5 mai (lire détails sur le Club : Perturber le « business model » des trafiquants. L’opération PSDC Méditerranée se précise). Comme le raconte un des diplomates européens, on a « rarement été aussi vite pour mettre sur pied, conceptualiser une opération et obtenir un consensus ». Les premiers retours des Etats membres sont, en effet, positifs, si positifs, que pour une fois, on ne se pose que très peu la question des moyens disponibles ou nécessaires. C’est le casse-tête habituel des opérations militaires de l’UE.
On s’interroge, on se tâte, mais on est d’accord
Il y a bien quelques voix sceptiques. On sent bien que quelques pays, notamment à l’Est ne sont pas vraiment super enthousiastes (la crainte sans doute de voir l’attention politique se détourner du front oriental). Il y a les interrogations habituelles : l’opération doit-elle avoir un but humanitaire (le sauvetage des réfugiés) ou principalement de lutter contre les trafiquants (le sauvetage étant le domaine des Italiens et de Frontex, et le droit de la mer couvrant de toute façon une obligation de sauvetage général). Mais le consensus se fait de continuer à travailler et vite.
Qui participera ?
Plusieurs Etats se montrent disposés à contribuer à l’opération (avec des moyens). Même les Britanniques ! Ce qui est une première pour une opération militaire depuis le Congo et Artémis (2003) ou la Bosnie et Althea (2004). Selon nos informations : l’Italie bien sûr et Malte mais aussi l’Espagne, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni devraient fournir des moyens, voire la Belgique et/ou les Pays-Bas. En bref, la plupart des puissances maritimes européennes sont partantes. Et les autres participeront avec des moyens aériens, des hommes et officiers, etc. Un ou deux pays tiers pourraient même éventuellement participer (Norvège par exemple). C’est l’Italie avec Rome qui devrait proposer son quartier-général. Et un ou deux amiraux sont déjà « fléchés » pour commander l’opération. Mais chut… rien n’est officiel (lire sur le Club : Une opération maritime de lutte contre les trafiquants. Premiers éléments).
La difficulté politique et juridique
Chacun sait en fait que la vraie difficulté est d’ordre… à la fois juridique et politique. Il faut arriver à avoir un consensus international, pour décrocher une résolution de l’ONU, a minima, pour pouvoir continuer à préserver le consensus européen. L’Italie – qui n’est pas membre du Conseil de sécurité – l’Espagne, la France, le Royaume-Uni qui en sont membres (avec la Lituanie qui préside le Conseil ce mois-ci) sont sur le pont pour préparer et affiner un projet de résolution. Chacun active ses contacts pour convaincre d’un côté les Africains, de l’autre les 2 pays avec droit de veto Chine et Russie. Cela tombe bien, là encore. François Hollande voit Poutine en Arménie, le dimanche. Tandis que Federica Mogherini est en Chine avec le ministère des Affaires étrangères. Et, selon mes informations, ce seraient les Britanniques qui tiendraient le « stylo » pour écrire le draft de la résolution. Des ouvertures se font sentir…
Une opération EUNAVFOR en 3-4 phases
A Bruxelles, les planificateurs européens, fins connaisseurs de ces difficultés, ont bâti un concept d’opération en 3 – 4 phases, qui sont autant de plans B ou C, selon les résultats obtenus à New-York, mais permettent de pallier, à peu près, toutes les hypothèses.
Voici les phases de l’opération telles qu’on peut les présenter sommairement
1ère phase – qui peut être commencée immédiatement – sans attendre la résolution de l’ONU – dès l’aval des ministres européens avec du renseignement et de la coopération policière. Objectif : amasser un maximum d’informations sur les navires, les pavillons, les réseaux en cause, les ficher pour pouvoir les frapper au plus juste, geler leurs financements, etc. puis graduellement de pouvoir monter en puissance, selon l’intensité de la résolution.
2e phase : pouvoir approcher (et saisir si nécessaire) les navires suspects qui battent soit un pavillon européen, soit n’ont pas de pavillon, en haute mer, voire les neutraliser (une fois vidés de leurs migrants). Sur ce plan, il est possible d’agir, si on le fait avec tact, selon le droit de la mer, sans résolution de l’ONU. Une option est prévue pour permettre des accords avec certains pays (Tunisie, Egypte) qui autoriseraient alors sous certaines conditions le contrôle sous l’etat de leur pavillon.
3e phase (et 4e phase) : ce sont des opérations identiques mais cette fois à l’égard d’autres navires battant pavillon « libyen », ou « étranger ». Et une option est prévue pour entrer dans les eaux territoriales libyennes. Cela nécessite alors une résolution de l’ONU, voire une demande du gouvernement libyen (mais lequel), voire les deux.
Et maintenant ? Deux rendez-vous décisionnels
Deux rendez-vous sont maintenant sur la table qui permettront de fixer le niveau des ambitions : à New-York, le 11 mai. La Haute représentante a décidé de monter à la « Grosse Pomme » pour défendre, elle-même le point de vue européen. et à Bruxelles, le 18 mai, où les ministres des Affaires étrangères devraient approuver, si tout va bien, le concept de gestion de crises. Le lancement de l’opération étant prévu en juin normalement.
Premières leçons ?
1ère leçon. Toujours insister : un Oui pourra survivre à une série de « non »
Une telle rapidité n’est cependant pas née de nulle part. On peut remonter il y a 18 mois, pour en retracer les origines, après le premier drame de Lampedusa. Les Italiens, par la voie d’Emma Bonino (affaires étrangères) et Mario Mauro (défense) demandent en novembre à la Haute représentante Catherine Ashton différentes mesures — dont la mise sur pied d’une opération navale de sauvetage et de lutte contre les trafiquants, le renforcement de Frontex, la discussion avec les pays tiers sur l’immigration —, discutés au conseil des ministres des affaires étrangères et de défense en novembre 2013. Des options sont élaborées par les diplomates européens : militaire ou civile, et diplomatique (Lire sur le Club : Opération PSDC en Méditerranée : trois options à l’étude). Italiens et Grecs conviennent d’agir ensemble, lors d’une rencontre entre Mario Mauro et Dimitris Avramopoulos (alors ministre de la défense). Mais la discussion entre ministres n’aboutira pas vraiment. Et le sommet des chefs d’Etat en décembre 2013 se terminera sans résultat. Les « 28 » rejettent la demande italienne… Rome et Athènes n’abandonnent cependant pas. Et ils ne ratent pas une occasion – avec les Grecs, Maltais, Espagnols et Bulgares – de revenir à la charge pour réclamer plus de solidarité européenne. Dans les services diplomatiques, l’option maritime reviendra sur la table quand on parlera d’une assistance à la Libye.
2e leçon. La rapidité est une question de volonté plus que de procédure
On n’a pas connu un tel engouement et une telle rapidité depuis la mise sur pied de la mission d’observateurs en Géorgie en 2008, après le coup de force de la Russie. Mais il s’agissait, là, d’une mission civile, d’une taille assez limitée (400 personnes) sur un territoire aussi bien délimité, face à un « adversaire » somme toute connu, qui avait donné son accord préalable à la mission. « Même avec Artémis en 2003, on n’avait pas été aussi vite. Du moins pour l’instant » me raconte un vieil habitué de la PSDC.
3e leçon : Quand Européen veut, Européen peut
L’opération n’est pas encore lancée, ni opérationnelle. Mais si elle se concrétise, cela montrera que, quand l’Europe veut, elle peut. Et surtout elle peut faire assez vite, en accélérant la cadence et violant un peu les procédures. Bien sûr, on peut rétorquer qu’un Etat national peut aller plus vite. Mais quel Etat peut et veut mettre aujourd’hui, à l’heure de la multiplication des crises, des difficultés budgétaires et des autres engagements, une petite dizaine de navires en mer rapidement, avec une assistance aéronavale, au large de la Libye ?
(Nicolas Gros-Verheyde)
Juncker et Cameron au sommet du 19 mars (crédit : Conseil de l’UE)
(BRUXELLES2) Le président Juncker a adressé un signe amical vendredi (8 mai) à David Cameron après l’avoir félicité pour sa victoire aux législatives. « I stand ready to work with you to strike a fair deal for the United Kingdom in the EU and look forward to your ideas and proposals in this regard » autrement dit : « Je suis prêt à travailler avec vous pour trouver un accord équitable pour le Royaume-Uni dans l’UE et nous nous réjouissons de vos idées et des propositions sur ce sujet ». Ce qui ouvre la porte à une négociation accommodante. Peu avant cette déclaration, lors de l’échange quotidien de la presse avec le porte-parole, nous en avions eu les pistes de négociation possibles.
Intransigeant sur le principe…
A la question de savoir si la libre circulation des personnes comme les autres libertés fondamentales (marchandises, services, capitaux) était négociable, la réponse a fusé, martiale, intransigeante. « Les quatre libertés restent non négociables. » Mais quand on cherche à en savoir plus, à creuser, vouloir préciser les lignes rouges ou les points de négociation (ce qui était le sens de ma question de suivi, le ton change.
Accommodant sur l’application
On s’aperçoit que, même à l’intérieur des 4 libertés, en particulier pour la libre circulation des personnes, il y a des marges de négociation qui pourraient rencontrer l’intérêt du Royaume-Uni. « Oui — a-t-il répondu —, il y a des zones grises, des points qui méritent éclaircissement (notamment pour le cas de l’aide sociale ou de la libre circulation des chômeurs). Ce n’est pas une nouveauté. Car l’abus de liberté est autre chose. » Or, on sait que c’est là où cela coince : le droit de séjour des personnes qui se retrouvent privées d’emploi ou au chômage.
Essai de ruse
En fait, la Commission louvoie, essaie de ruser. Mais le message délivré reste un peu confus. Londres qui bénéfice déjà d’un rabais de cotisation, a négocié une exonération à la Charte des droits fondamentaux, ne participe ni à certaines politiques (Euro, Schengen, Coopération policière), ni à certaines charges (sa participation à la politique de défense est minime) mais par contre veut participer à toutes les décisions bénéficierait encore d’autres exonérations.
Deux poids, deux mesures
Plus que jamais, avec le Royaume-Uni, on semble en face d’un « deux poids, deux mesures ». Pour les Etats qui veulent rester dans l’Union, c’est l’application des règles, de toutes les règles. Pour ceux qui disent : retenez-moi sinon je pars. Alors, là on dit : « négocions, c’est une bonne idée, pourquoi pas, hein, que voulez-vous ? Un petit rabais de plus ? une exception de plus ? Un calin et une jolie histoire pour vous border le soir, le petit déjeuner servi au lit le matin, tous les jours, le beurre, l’argent du beurre, la crémière et le potage, allez, soyons généreux, c’est normal, vous êtes le Royaume-Uni… » Non soyons sérieux. Plus l’Europe se couchera, fera la danse du ventre devant David Cameron et Londres, plus les Britanniques exigeront de l’Europe, sans renoncer à aucun de leurs privilèges. Et il n’est pas dit au final qu’ils ne rejetteront pas la proposition, juste pour pouvoir exiger davantage encore que ce que nous aurons octroyer au départ.
(BRUXELLES2) Est-ce un véritable conflit qui est en passe de renaître en Macédoine (ex république Yougoslave / Fyrom) ? Ou un nouveau soubresaut politique d’un pays qui n’arrive pas à la maturation de la démocratie (*) ? Quoi qu’il en soit, l’Europe qui avait son attention concentrée sur une série d’autres régions du monde va devoir se réintéresser (un peu) aux Balkans. Car la situation reste confuse. Et il n’est pas exclu qu’on soit face à une tentative de manipulation du pouvoir.
Plusieurs tués et blessés dans les forces de l’ordre et parmi les assaillants
5 policiers des unités spéciales et unités de déploiement rapide ont été tués ce samedi (9 mai), et 30 autres blessés dans une action menée contre un « groupe armé venu d’un pays voisin » à Kumanovo, ville albanophone du nord du pays, proche de la frontière de Serbie, a indiqué un communiqué du ministère qui donnait les noms des policiers tués. « Informé, le matin, le ministère de l’intérieur a entrepris de neutraliser (ce) groupe terroriste. Le groupe a fini par être vaincu après 18h, un premier élément de 20 personnes a quitté les maisons pour se rendre. » La situation devient ensuite confuse. « Un groupe a refusé de se rendre sans condition et continué les tirs. C’est durant cette période que les policiers ont été tués. » (NB : il n’est pas du tout exclu qu’on soit en présence également de tirs « amis »).
(Maj) Un bilan revu dans les jours suivants, le nombre total de victimes s’éléverait à 22 : 8 policiers et 14 « terroristes » selon la dénomination du ministère macédonien de l’intérieur.
La préoccupation de l’Union européenne
Le commissaire européen Johannes Hahn, en charge du Voisinage, a réagi rapidement se montrant « préoccupé par la situation qui se déroule dans la région de Kumanovo. Je demande instamment aux autorités et à tous les dirigeants politiques et communautaires à coopérer, pour rétablir le calme et enquêter pleinement sur les événements de manière objective et transparente dans le respect du droit. » Il a appelé « tous les acteurs à la plus grande retenue. Toute nouvelle escalade doit être évitée, au moins dans l’intérêt de la stabilité générale dans le pays. »
(Maj) Lundi, répondant à des questions de journalistes, Johannes Hahn a été plus loin. « Cette attaque ne peut pas et ne doit se distraire de la situation interne en FYROM » a-t-il indiqué lançant un appel au gouvernement comme à l’opposition à rester engager dans la négociation. Cet évènement « ne doit pas être une opportunité de quitter la table des négociations. (…) Ce ne doit pas être l’occasion de compliquer encore la situation en attisant les tensions ethniques. »
(NGV)
(*) Une série d’écoutes sur des responsables politiques, journalistes et autres personnes a été révélée par l’opposition, il y a quelques semaines.
(Maj) lun 11 mai, révision du bilan et déclaration supplémentaire du commissaire Hahn
/Voir la version française plus bas/
One of the new A400M military transport aircraft crashed Saturday, May 9 near Seville in southern Spain. It was a test flight, conducted systematically before a new airplane is delivered to the customer. This usually occurs with a reduced crew. This is the first accident of this type of device since its commissioning. The aircraft informed the control tower to report a problem, before rushing toward the ground. The crew was Spanish and the accident has cost four lives.
The manufacturer Airbus Defence and Space, a subsidiary of European aerospace group (former EADS, up to 2013), which assembles the A400M at its factory in Seville, Andalusia, said in a statement that the plane was destined for Turkey. Airbus was not able to provide details of the accident, but has formed a crisis unit.
The first copy of the new European aircraft was delivered to France in 2013. Since then, Turkey and Germany have also taken delivery. Equipped with four turboprop engines, the A400M can carry up to 37 tons on 3300 km, land on unprepared terrain like sand, with a cargo of tanks or helicopters. The device has experienced many delays in its production and in its deliveries and accumulated an overbudget of 6.2 billion euros (around 30%).
Airbus has high hopes for this device that hits the market when its US competitors are at an end, including the C-130 developed there over 50 years. A total of 174 copies have been ordered to date, including 50 from France, 53 from Germany, 27 from Spain and 22 from the UK.
Following the crash of the Saturday A400M, Germany, the UK and Turkey have decided to stop their planes. If other countries are waiting for the identification of disaster`s causes, France has meanwhile decided to keep its six A400M in service but only "for priority flights," said the Defence Minister Jean-Yves Le Drian.
In March 2015, the Royal Air Force has received its second A400M transport aircraft "Atlas". And one of the six aircraft delivered to the Air Force will going to fly, this March 6, around the world, in 15 days, 11 stops and 3 days, 2 hours and 20 minutes of cumulative flight (Transall C-160 would require three times as long). And that in order to ensure the commercial promotion of the device in Australia, check the availability of land and Faa'a Tontouta in New Caledonia and measure crew`s fatigue and alertness during the long trips.
These appearances are deceiving. After being rescued in 2010 while additional costs and delays mounted, the A400M program traverses a zone of turbulence again, which led to the replacement of Airbus military aviation branch`s director, Domingo Ureña-Raso by Fernando Alonso. The first A400M delivered in December to the German army, would have been found some "875 shortcomings" ... Hence the severe criticism of the manufacturer by Berlin, which also wants to replace as soon as its C-160 Transall suffering a serious problem of availability. "There is more at stake than the single image of an industrial company, it is question of the reliability of Germany in its alliances' military even said Ursula von der Leyen, the German Minister of Defense. And estimate that Airbus "seemed to have a problem with understanding the quality of a product". French Air Force was to receive 4 planes in 2015, it will have to settle for just 2. And Again, if all goes well as the delivery of the second aircraft is expected to occur at the end of the year.
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L`une des nouveaux avions de transport militaire A400M s'est écrasé samedi, le 9 mai près de Séville, dans le sud de l'Espagne. Il s'agissait d'un vol d'essai, réalisé systématiquement avant qu'un nouvel appareil soit livré au client. Il s'effectue généralement avec un équipage réduit. C'est le premier accident de ce type d'appareil depuis sa mise en service. L'avion a informé la tour de contrôle pour lui signaler un problème, avant de foncer vers le sol. L'équipage était espagnol et l`accident a coûté la vie à quatre personnes.
Le constructeur Airbus Defence and Space, filiale du groupe aéronautique européen (EADS jusqu`à 2013) qui assemble l'A400M dans son usine de Séville, en Andalousie, a indiqué dans un communiqué que cet avion était destiné à la Turquie. Airbus n'a pas été en mesure de donner des détails sur l'accident, mais a constitué une cellule de crise.
Le premier exemplaire de ce nouvel avion européen a été livré à la France en 2013. Depuis, la Turquie et l'Allemagne en ont également pris livraison. Équipé de quatre turbopropulseurs, l'A400M peut transporter jusqu'à 37 tonnes sur 3.300 kilomètres, se poser sur des terrains non préparés comme le sable, avec à son bord des blindés ou des hélicoptères. L'appareil a connu de nombreux retards dans sa fabrication puis dans ses livraisons et a accumulé un dépassement de budget de 6,2 milliards d'euros (environ 30%).
Airbus a de grands espoirs pour cet appareil qui arrive sur le marché quand ses concurrents américains sont en bout de course, notamment le C-130 conçu il y a plus de 50 ans. Au total, 174 exemplaires ont été commandés à ce jour, dont 50 par la France, 53 par l'Allemagne, 27 par l'Espagne et 22 par le Royaume-Uni.
Suite au crash de l'A400M de samedi, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Turquie ont décidé d'immobiliser leurs avions. Si les autres pays attendent que soient identifiées les causes de la catastrophe, la France a quant à elle décidé de garder ses six A400M en service mais seulement "pour les vols prioritaires", a précisé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
En mars 2015 le Royal Air Force vient de recevoir son deuxième avion de transport A400M « Atlas ». Et un des six exemplaires livrés à l’armée de l’Air va boucler, ce 6 mars, un tour du monde accompli en 15 jours, 11 escales et 3 jours, 2 heures et 20 minutes de vol cumulé (un Transall C-160 aurait besoin de trois fois plus de temps). Et cela afin d’assurer la promotion commerciale de l’appareil en Australie, de vérifier l’accessibilité des terrains de Faa’a et Tontouta en Nouvelle-Calédonie et de mesurer la fatigue et le niveau de vigilance des équipages sur de longs trajets.
Ces apparences sont trompeuses. Après avoir été sauvé en 2010 alors que les surcoûts et les retards s’accumulaient, le programme A400M traverse à nouveau une zone de turbulences, ce qui a conduit au remplacement du directeur de la branche aviation militaire chez Airbus, Domingo Ureña-Raso par Fernando Alonso. Sur le premier A400M livré en décembre à l’armée allemande, il aurait été constaté quelques « 875 manquements »… D’où les sévères critiques adressées au constructeur par Berlin, qui veut par ailleurs remplacer au plus vite ses Transall C-160 qui souffrent d’un sérieux problème de disponibilité. « Il y a plus en jeu que la seule image d’une entreprise industrielle, il est question de la fiabilité de l’Allemagne dans ses alliances » militaires, a même déclaré Mme Ursula von der Leyen, le ministre allemand de la Défense. Et d’estimer qu’Airbus « semblait avoir un problème avec sa compréhension de la qualité d’un produit ».L`armée de l’Air française devait recevoir 4 avions en 2015, elle devra s’en contenter de seulement 2. Et encore, si tout va bien étant donné que la livraison du second avion devrait avoir lieu à la fin de l’année.
Source : Sudouest.fr et Zone militaire
Language English Tag: A400MVoici une fiche de lecture du livre "Edward Snwoden, une rupture stratégique que nous avons écrit, avec Quentin Michaud. Elle est publiée par le blog La plume et le canon que je ne connaissais pas et qui produit, régulièrement, des fiches de lecture sur des livres de stratégie et de défense : merci à lui. O. Kempf
L’actualité récente a montré que le « cyberconflit » n’était plus une abstraction issue de romans de Steampunk. Ukraine, Chine, Iran, Syrie… et France : le cyber n’a pas de frontières et définit sa stratégie propre. Dans cette bataille, les États-Unis ont une longueur d’avance considérable par leur puissance historique, technologique et économique. Pourtant, cette toute-puissance s’est trouvée grandement remise en question depuis juin 2013, suite à la publication d’informations sur le fonctionnement et les méthodes de la National Security Agency (NSA) par les journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras.
Un scandale international qui n’est pourtant pas dû à Anonymous, Wikileaks ni à une puissance étrangère, mais à un jeune américain, Edward Snowden. Ce dernier n’est pas un agent de la NSA, mais administrateur réseau chez Booz Allen Hamilton, un sous-traitant de l’agence. Bien qu’ayant eu un passé au sein de la CIA, c’est ce poste qui lui permettra de fuir avec un nombre considérable de données sur l’activité de la NSA.
« L’affaire Edward Snowden – Une rupture stratégique. » de Quentin Michaud et Olivier Kempf revient sur cette affaire qui a redistribué les cartes au niveau de la cyberstratégie mondiale. S’il existe déjà une bibliographie sur l’affaire, notamment le bouquin de Greenwald No Place to Hide, le livre a le grand mérite de revenir de façon globale sur l’action de Snowden, en détaillant les acteurs présents, leurs méthodes, le contexte, et surtout les conséquences. Une gageure pour un bouquin de 200 pages, mais le pari est remporté grâce à une clarté dans le propos qui évite le détail technique superflu, et à un cheminement thématique efficace évoqué plus haut. La fuite de Snowden, sa collaboration avec les journalistes, les révélations de la presse, la réaction des États-Unis et surtout de ses alliés… Des évènements presque aussi passionnants que les fuites des documents de la NSA, puisqu’ils vont révéler les coulisses du renseignement et les jeux de pouvoir qui en sont à l’origine.
« L’affaire Edward Snowden… » se divise en trois grandes parties, les deux premières étant l’œuvre de Quentin Michaud, la dernière d’Olivier Kempf, tous deux ayant déjà publiés des ouvrages sur la cyberdéfense aux éditions Economica. Les cinq premiers chapitres reviennent chronologiquement sur le déroulement des révélations orchestrés par l’analyste avec le concours de la presse. L’autre grande partie développe chacun des acteurs (NSA, Snowden, journalistes…) mais comporte surtout deux aspects intéressants. Le premier aborde les réactions des pays face aux méthodes de la NSA rendues publiques. Il est fascinant de voir sous les apparences, les différentes cultures du renseignement et le passif vis-à-vis du partenaire principal, les États-Unis. Difficile d’y discerner de grandes tendances, tant les intérêts nationaux divergent. Dernier point qui est abordé chapitre 11: l’architecture du programme du surveillance et ses différentes ramifications couvrant autant de cibles du renseignement américain. Le dernier volet, écrit par Olivier Kempf, développe lui les angles politiques, géopolitiques et stratégiques. Cette prise de hauteur permet de voir à quel point les fuites mises au point par l’ancien sous-traitant de la NSA et les journalistes n’est pas une énième affaire de lanceur d’alerte, à l’image de ce que Bradley Manning avait pu faire avec Wikileaks. Les répercussions se font ici plus profondes et lourdes de questionnement. S’il n’y pas ici le poids médiatique d’une bavure américaine filmée depuis un hélicoptère, c’est le quidam moyen qui se voit ici ciblé à travers son quotidien passé au crible de façon globalisée.
Le travail de synthèse de Michaud et Kempf met en avant les questions que soulève un tel cas de figure : Quels sont les moyens employés aujourd’hui dans le cybersurveillance ? Dans quel cadre et pour quels résultats ? L’acceptation tacite du peuple américain de la surveillance généralisée après le 11 septembre doit-elle s’appliquer partout ? Et comment dans un monde dominé par l’omniscience technologique américaine peut-on espérer garder une souveraineté nationale en la matière ? Au terme de l’ouvrage, ces points sont détaillés avec autant de concision que de pertinence. Au-delà de l’analyse factuelle nécessaire, sa grande qualité est bien d’élever le débat
Une rupture stratégique l’affaire Snowden, donc ? Assurément quand on détaille ses effets sur l’économie, la politique internationale et même la culture cyber. Si de prime abord, passé le choc des premières révélations en juin 2013, le cas Snowden semble « digéré », il n’en demeure pas moins qu’il y aura désormais un « avant » et un « après ». Une rupture d’autant plus marquée, qu’elle vient d’un individu isolé et issu du système qu’il dénonce et qui dépasse largement le cadre du secret d’état pour interroger directement tout un chacun sur les valeurs de la cité.
« L’affaire Edward Snowden – Une rupture stratégique. » Par Quentin Michaud et Olivier Kempf Ed. Economica
La plume et le canon
Photo El Pais
(BRUXELLES2) Un A400M vient s’est écrasé, ce samedi (9 mai), à Séville (Espagne) lors d’un vol de test. Il s’agit du modèle « MSN23″, « un appareil destiné aux autorités turques » a indiqué la société Airbus, qui a confirmé l’accident, indiquant qu’une équipe du constructeur se déplaçait sur le lieu de l’accident.
6 personnes à bord
Quatre personnes ont été tuées sur le coup et 2 autres blessées grièvement (avec des brûlures au second et troisième degré), selon un bilan provisoire détaillé par la presse espagnole. Les rescapés ont réussi à sauter « de l’avion par une des fenêtres du cockpitt avant que l’appareil ne prenne complètement feu et n’explose », ont raconté des témoins (lire ici). Le bilan aurait cependant pu être pire. Et en Espagne on salue le sang-froid du pilote de l’A400M qui a ainsi crashé l’avion dans un champ de pommes de terre, épargnant ainsi l’usine Coca Cola, des habitations et un centre commercial Factory, tout proches (lire ABC).
Premier accident pour l’avion de transport militaire
Selon les premières indications, l’avion avait décollé quand il a averti la tour de contrôle de problèmes. Il aurait tenté un atterrissage d’urgence mais a heurté lors de sa descente, une ligne de haute tension. C’est le premier accident pour l’avion de transport européen qui avait jusqu’ici réussi un parcours sans faute en matière de sécurité (même si les retards se sont accumulés). Mais un coup dur pour l’avionneur européen dont l’A400M est en cours de livraison.
(NGV)