(BRUXELLES2) L’annulation du contrat de livraison aux Russes des deux navires porte-hélicoptères de type BPC Mistral — le Vladivostok et le Sébatospol — peut apparaitre très défavorable aux Français. 1,2 milliard d’euros d’indemnités, deux navires sur les bras à revendre… l’addition peut paraitre lourde, à première vue. Il faut cependant se garder d’une analyse à courte vue….
Premièrement, l’industrie française a pu gagner d’autres contrats, notamment avec la Pologne, grâce à cette annulation. Il n’est pas évident que le gouvernement polonais aurait pu signé un contrat avec un industriel européen (mais à forte tonalité française) pour les hélicoptères qui vendait de l’autre côté des armes aux Russes. Autrement plus rentable à terme que le contrat russe. (lire sur le club : La Pologne répartit ses premiers contrats entre Européens et Américains).
Deuxièmement, on l’oublie assez souvent, ce contrat a permis de donner aux chantiers de St-Nazaire un sacré souffle. A la fin des années 2000, début 2010, les ex-chantiers de l’Atlantique n’étaient pas au mieux. La construction de navires civils (grands paquebots) faisait alors défaut. Les effectifs avaient fondu d’année en année, n’employant plus qu’un peu plus de 2000 personnes début 2010, avec un nouveau plan social de 200 personnes à l’oeuvre. La commande anticipée en 2009 d’un troisième BPC, le Dixmude, avait donné un premier souffle d’air aux chantiers que la fabrication des deux BPC Russes avait complété, lui permettant ainsi de traverser une passe difficile. Le marché des BPC russes représentait – expliquait alors l’Elysée — « 5 millions d’heures de travail et 1.000 emplois maintenus pour quatre ans » pour les chantiers STX et l’industriel français DCNS (1). D’une certaine façon, l’annulation de la commande des navires ressemble d’un point de vue économique à une aide publique d’Etat, même si elle n’en revêt pas le format. Aide qui n’a pas besoin de passer sous les fourches caudines de la Commission européenne.
Troisièmement, en rompant ce contrat, Paris met une croix définitive sur la seconde partie du contrat. Celle-ci consistait à transférer une partie du savoir-faire aux chantiers maritimes russes de St Petersburg pour leur permettre de fabriquer deux répliques des navires type Mistral. En signant ce contrat, en 2011, contesté aussi par certains milieux militaro-industriels, Moscou espérait gagner en technologie et rattraper une partie du retard qu’ont acquis les chantiers navals russes. Les Russes avaient renoncé en 2012 à cette option autrement plus risquée à la fois pour l’industrie française maritime et pour l’équilibre géopolitique que la livraison des deux navires Vladivostok et Sebastopol.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer la possibilité, éventuelle, de revente du navire qui pourrait réduire d’autant la facture.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Jamais avare d’emphase, Nicolas Sarzkoy, arrondissait aux chiffres supérieurs : 6 millions d’heures et 1200 emplois selon le président de la République.
Lire aussi :
Voici un excellent numéro de la revue Questions Internationales sur La puissance militaire. Numéro double d'été (mai-août 2015) et que je vous conseille vivement d'acquérir pour la plage... 12 euros, c'est donné vu la qualité des articles que j'ai lus. En effet...
...la plupart des auteurs ont fait l'effort d'une réflexion originale, à partir de leurs domaines d'expertise, cela va de soi.
L'introduction (8 pages quand même) de Serge Sur est copieuse est dresse un très bon tour du sujet. J'ai particulièrement apprécié le premier sous-dossier sur "la puissance militaire en mouvement" avec notamment (je note ceux qui m'ont particulièrement frappé) les textes de Christian Malis, Yves Boyer, Michel Goya et Corentin Brustlein. Le deuxième sous-dossier (Quelques acteurs militaires) s'intéresse plus aux déclinaisons de cette puissance militaire, qu'elle soit par milieu (puissance aérienne ou navale) ou géographique (puissance américaine, chinoise, russe). Enfin, la troisième partie évoque la puissance militaire dans l'histoire, heureuse façon de donner quelques aperçus historiques. J'ai notamment rertenu les articles sur Rome (B. Rossignol) et l'empire ottoman (Jean Marcou).
Bref, 200 pages de très bonne tenue qui valent le détour.
O. Kempf
Le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer a prononcé ce 31 juillet la mise en liquidation judiciaire, sans poursuite d’activité, de la SCOP SeaFrance. Cette société coopérative emploie les 487 marins et sédentaires qui travaillaient pour MyFerryLink.
Les négociations se poursuivent entre les représentants syndicaux, Eurotunnel, DFDS et le gouvernement pour sauver un maximum d’emplois.