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Nigeria : Dossier

OPÉRATIONS / MISSIONS RÉCENTES AU NIGERIA


DECISIONS / ACTIONS COMMUNES DU CONSEIL DE L'UNION EUROPEENNE

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RESOLUTIONS DU CDS, RAPPORTS DU SG DE L'ONU :


HISTOIRE - CHRONOLOGIE

- De 900 à 1500 : le territoire de l’actuel Nigeria était divisé en plusieurs États correspondant peu ou prou aux actuels groupes ethniques, dont > les royaumes Yoruba,
> le royaume Ibo de Nri,
> le royaume Edo du Bénin,
> le royaume Haoussa et les Nupe.
De nombreux petits États au sud et à l’ouest du lac Tchad furent absorbés. Le Bornou, d’abord province occidentale du royaume de Kanem, devint indépendant à la fin du xive siècle. D’autres États ont probablement existé, mais ne sont pas encore formellement attestés.

Royaumes Yoruba
Les Yoruba furent le premier groupe dominant la rive ouest du fleuve Niger. D’origines diverses, ils sont issus de plusieurs vagues de migrations. Les Yoruba étaient organisés en plusieurs clans patrilinéaires qui formaient des communautés villageoises et vivaient de l’agriculture. À partir du xie siècle, les villages adjacents se regroupèrent en de multiples villes-États. Cette urbanisation s’accompagna d’un florissement artistique (statues en ivoire et en terre cuite, objets en métal). Les Yoruba vénéraient une multitude de dieux, à la tête desquels se trouvait une divinité impersonnelle, Olorun. Oduduwa était vénéré comme le créateur de la Terre et l’ancêtre des rois. Selon la légende, il fonda Ife et chargea ses fils d’établir d’autres villes, où ils régnèrent en tant que prêtres-rois. Ife se trouvait au centre de plus de 400 cultes aux dimensions politiques autant que religieuses.

Royaumes d’Oyo (1300-1837) et du Benin
Au xve siècle, le royaume d'Oyo et celui du Benin dépassèrent Ife sur le plan politique et économique, tandis que cette dernière gardait son statut de centre religieux. Oyo adopta le modèle gouvernemental d’Ife, avec un membre de la dynastie au pouvoir contrôlant plusieurs villes-États plus petites. Un conseil nommait le roi et surveillait ses actes. La capitale était située à environ 100 km de l’actuelle ville d’Oyo. Contrairement aux royaumes Yoruba dont la végétation était essentiellement forestière, l’Oyo était couvert de savane et son armée développa une puissante cavalerie, ce qui lui permit d’affirmer son hégémonie sur les royaumes Nupe et Borgou adjacents et d’ouvrir des routes commerciales vers le nord.
Les Yoruba installèrent une communauté dans la zone edophone à l’est d’Ife, qui en devint dépendante au début du xive siècle. Au siècle suivant, elle devint un centre commercial indépendant, bloquant l’accès d’Ife à la côte. Le roi détenait le pouvoir politique et religieux, et la tradition en faisait un descendant de la dynastie d’Ife.

Oyo, a pre-colonial kingdom in present-day Nigeria, was founded in the 1300s. Established by Oranmiyan of the Yoruba people of West Africa, Oyo quickly grew to become one of the most powerful states in the Yoruba-speaking region. From its capital city at Oyo-Ile, this weak state in the early 1500s, had by 1550 conquered two neighboring kingdoms, Borgu and Nupe, to become the most dominant political entity in the region.
Oyo was ruled by an alafin (king) who shared power with the Oyo Mesi, aristocratic leaders from each of Oyo city's seven wards. The Oyo Mesi were responsible for the selection of the alafin. They could also call for an alafin's suicide if he abused his power.

Under Alafin (King) Obalokun, Oyo expanded southwestward to the Atlantic coast, and became part of the Atlantic Ocean trade system. Trading mainly in slaves, Oyo was able to acquire much-needed foreign exchange. During the seventeenth and eighteenth centuries, Oyo further expanded westward under Alafin Ajagbo, becoming a major empire, but never encompassing all Yoruba-speaking peoples.

In response to attacks by the Nupe people, Oyo became much more militarized, reorganizing its cavalry and infantry in the sixteenth century. The cavalry became the foundation of the army. Because of its Atlantic ports, Oyo was able to obtain horses for its cavalry from Europe and North Africa.

Oyo's wealth from trading and especially slave trading led to debates about the kingdom's future. Some alafins wanted to use the wealth to maintain the army and expand the geographic area of the state, others wanted it for conspicuous consumption. These differences led to civil wars as rivals competed for control of the throne and of Oyo's vast treasury. This period of internal strife ended with Alafin Abiodun (1754-1789) who reduced the power of the army.

The downfall of the Kingdom of Oyo was rather swift. Abiodun, concerned with little other than grand displays of royal wealth, allowed the Oyo army to disintegrate. This in turn allowed weaker peripheral states to break free of Oyo's control. One of those states, Dahomey, in the southwest, soon became a political and military rival. Oyo was also affected by the Fulani Jihad waged by Muslims on its northern frontier. Eventually these provinces broke free as well.

By the beginning of the 19th Century Oyo lost control of lucrative trade routes which had been a major source of state revenue. By 1837, the kingdom of Oyo had collapsed.

Pourquoi Bénin? - Le Royaume du Bénin (900-1900) et le Golfe du Bénin
Le territoire de l`ancien Royaume du Bénin ne correspond pas au territoire de la République de Bénin. Actuellement il se trouve au sein de la fédération du Nigéria sud-ouest du fleuve Niger, avec la capitale Benin city et il est habité majoritorairement par des Edo. C`est le territoire du "grand Bénin" qui correspond à la partie du Nigeria située au sud-ouest du fleuve Niger, du Bénin actuel et d'une partie du Togo. Benin est la prononciation portugaise du mot itsekiri "Ubinu", qui signifie capitale, siège de la royauté et désignait la capitale Benin City.
Vers le Xe siècle de notre ère, un État connu sous le nom de Royaume du Bénin fut fondé par les Edos, basés dans le sud-ouest du Nigeria actuel. Fameux pour ses plaques et portraits en bronze, il passera, entre la moitié du XVe siècle et le XVIe siècle, du statut d’un petit État à celui d’un empire, l’un des plus puissants et plus prestigieux de l’histoire de l’Afrique précoloniale. Selon la tradition, Bénin a été dirigé par deux dynasties, des Ogisos (roi venu du ciel) et des Oranmiyans. Ne pouvant plus trouver cette légitimité chez un souverain venu du ciel, ces-derniers la cherchèrent dans le lieu d’origine de l’humanité, la ville sainte de la région, la cité mythique d’Ifé (vieille cité yoruba située au sud-ouest du Nigeria) d’où sera originaire le fondateur de la deuxième dynastie edo Oranmiyan. Ainsi selon la légende, vers l’an 1300, un prince d’Ifé (Evian?) émigra vers l’est pour fonder le royaume du Bénin qui connut un essor et un rayonnement au niveau de toute la région. C’est avec lui que les Européens ont pris le premier contact et d’où le nom donné au golfe a l`origine qu’ils ont baptisé "Golfe du Bénin".
Prononciation : Bénin (Dahomey) en français : bé-nin ; Bénin city (au Nigéria, capitale de l`ancien Royaume de Bénin) en anglais : bé-ni-n(e).

Dahomey (Bénin actuel) partie de l`empire Oyo, Ife et Benin (Royaume du Bénin, au Nigéria actuel) et le Golfe du Bénin
Source de l'image :

Royaumes d’Oyo (1300-1837) et du Benin
Au XVe siècle, le royaume d'Oyo et le Royaume du Benin dépassèrent Ife sur le plan politique et économique, tandis que cette dernière gardait son statut de centre religieux. Oyo adopta le modèle gouvernemental d’Ife, avec un membre de la dynastie au pouvoir contrôlant plusieurs villes-États plus petites. Un conseil nommait le roi et surveillait ses actes. La capitale était située à environ 100 km de l’actuelle ville d’Oyo. Contrairement aux royaumes Yoruba dont la végétation était essentiellement forestière, l’Oyo était couvert de savane et son armée développa une puissante cavalerie, ce qui lui permit d’affirmer son hégémonie sur les royaumes Nupe et Borgou adjacents et d’ouvrir des routes commerciales vers le nord.
Les Yoruba installèrent une communauté dans la zone edophone à l’est d’Ife, qui en devint dépendante au début du XVIe siècle. Au siècle suivant, elle devint un centre commercial indépendant, bloquant l’accès d’Ife à la côte. Le roi détenait le pouvoir politique et religieux, et la tradition en faisait un descendant de la dynastie d’Ife.

(...)

- 1861 : Lagos est officiellement annexée en tant que colonie britannique. Ceci a l'effet d'éliminer la traite des esclaves et de permettre le contrôle britannique sur le commerce, entre autres, de l'huile de palme.
- 1862, January 1 – Lagos Island is annexed as a colony of Britain
- 1879: Sir George Goldie unifie les commerçants britanniques (de plusieurs compagnies) contre leurs rivaux français en créant le United African Company (renamed to National African Company in 1881 and to Royal Niger Company in 1886.) Lui et le consul Hewett a demandé le gouvernement britannique de transformer le territoire de "Oil Rivers" et "Lower Niger" à une colonie britannique.
- 1884 : Allemagne a annexé le Cameroun (à l`Est de Biafra)

La conférence de Berlin (1884-1885)
sur le partage de l'Afrique entérine la domination britannique sur la région, alors que Goldie, une fois assuré du contrôle militaire des berges du fleuve par le biais de canonnières, constitue un vaste réseau commercial s'étendant à l'intérieur des terres. À la fin de l'année 1884, il avait conclu plus de 37 traités avec les chefs de tribus africaines stipulant que les signataires cédaient à jamais l'ensemble de leur territoire à la "National African Company" et à ses descendants tout en leur assurant le monopole commercial.

> Royal Niger Company (1886-1893- au Nord + fleuve Niger)
- 1885 : Sir George Goldie’s National African Company (avant : United African Company) signed treaties with the Nigerian emirs of Sokoto and Gando (1885) by which it hoped to secure access to the Benue River and to Lake Chad—an avenue of expansion that the Germans, operating from the Cameroons, were preparing to close. La compagnie de Goldie fonctionnait dorénavant comme un gouvernement de facto et il ne lui restait plus qu'à obtenir une charte royale.
- 1886 : RNC a vu le jour with Henry Austin Bruce, 1st Baron Aberdare as governor and Goldie as vice-governor. La compagnie de Goldie a obtenu une charte royale, mais ne pouvait prétendre finalement à un monopole commercial sur le fleuve Niger. Elle avait droit de prélever des taxes et des droits de passage sur tous les navires transitant sur le fleuve.
- 1895: on Lord Aberdare's death, Goldie became governor of the company, whose destinies he had guided throughout.

> Oil Rivers Protectorate (1884-1893, au Sud)
- 1885: Nigeria territory confirmed at the Conference of Berlin
- 1885: Oil Rivers Protectorate proclaimed by the British after they had defeated King Jaja of Opobo. The Niger Delta is the delta of the Niger River at the Gulf of Guinea on the Atlantic Ocean in Nigeria. It is a very densely populated region sometimes called the Oil Rivers because it was once a major producer of palm oil.

Source de l'image : http://www.stampworldhistory.com/country-profiles-2/africa/niger-coast/

Compagnie et protectorat britanniques : Royal Niger Company and Niger Coast Protectorate (1893-1900)

- Royal Niger Company (-1893-1900, au Nord)
- ...
- 1893: Goldie a persuadé les Allemands au Cameroun d`avancer vers le Nord à la région du Lac de Tchad pour créer en créant une zone de pouffer pour les Anglais.
- 1894: Frederick Lugard est envoyé par la compagnie royale du Niger à Borgu pour conclure des traités avec plusieurs chefs de tribus plaçant leurs chefferies sous la souveraineté britannique. Lugard est ensuite chargé par le gouvernement britannique d'assurer la protection de la région de Lagos contre les Français, susceptibles d'attaquer les positions britanniques.

- Niger Coast Protectorate (1893-1900, au Sud)
- 12 mai 1893 : Oil Rivers Protectorate élargi et rebaptisé Niger Coast Protectorate

- 1899: le gouvernement britannique rachète le Royal Niger Company et procède aux transferts de compétence pour créer le Niger Coast Protectorate comprenant le delta du Niger rattaché à la région du Bas-Niger. L'ensemble est rebaptisé protectorat du Nigeria du Sud. Le nom de Nigeria en référence au fleuve Niger et qui signifie « noir » est préféré à celui de "Negretia" et à celui de "Goldésie" après que George Goldie ait refusé que son patronyme ne soit donné au territoire.

Source de l'image : http://www.dcstamps.com/wp-content/uploads/2013/03/MAF-Oil-Rivers-Map.jpg

Deux protectorats britanniques : Northern Nigeria Protectorate and Southern Nigeria Protectorate(1900-1914)

- Northern Nigeria Protectorate (1900-1914)
- 1er janvier 1900: – Northern Nigeria created by assuming territory from the Royal Niger Company. The protectorate spanned 660,000 km2 and had a population of about 10 million people. The first High Commissioner of the protectorate was Frederick Lugard. Le territoire du Nigeria du Nord est alors administré par Lugard en tant que haut-commissaire britannique avec pour mission de faire accepter des traités d'allégeance aux sultans de Sokoto et de Fula.
- 1901: le territoire de Nigeria du Nord est placé sous l'autorité du Royaume-Uni. L'esclavage, qui y était encore pratiquée par les tribus locales, est immédiatement aboli.
- 1902: Capital of Northern Nigeria established in Zungeru
- 1903: la région est entièrement soumise en dépit de quelques soulèvements sporadiques impitoyablement réprimés par les troupes de Lugard.
- 1907: Lugard left Nigeria for Hong Kong and Percy Girouard became the new High Commissioner. Girouard had a long history of rail construction in Canada and Africa and was tasked with substantial railroad construction in the Protectorate.
One defining characteristic of administration in Northern Nigeria Protectorate was the inclusion of chiefs and emirs as "native authorities" fitting into British administration.Taxation proved very difficult in the protectorate for the first years of British rule. Lugard's attempts to institute poll taxes were foiled by the emirates, the need to introduce coin controversy, and attempts to tax trade were opposed by powerful merchants.This created a substantial deficit in the budget of the Protectorate and public works projects had to be paid by grants from the British Empire. As a result, the British often had significant shortages of British personnel before 1907. These pragmatic concerns resulted in incorporation of the traditional authorities within the British structure.
These same financial and administrative challenges resulted in discussions led by Lugard for the unification of the Lagos Colony, the Southern Nigeria Protectorate, and Northern Nigeria. The disparities between the protectorates was to be corrected by creating a central administration in Lagos, with custom revenues from the south paying for the projects in the north.The unified Colony and Protectorate of Nigeria began in 1914 and had two lieutenant governors with one responsible for the area of the southern province and another responsible for the northern province. The administration in the north remained largely separate and included and deepened the use of native authorities. These divisions have been found to persist in many respects to this day.

- Southern Nigeria Protectorate (1900-1914)
- 1er janvier 1900: Southern Nigeria a été formé, issu de l`union de Niger Coast Protectorate avec les territoires loués par Royal Niger Company, au sud de Lokoja à la rivière Niger.
- 1906: Lagos est devenu partie de Southern Nigeria
- 1906: When Egerton became Governor of Lagos he enthusiastically endorsed the extension of the Lagos – Ibadan railway onward to Oshogbo, and the project was approved in November 1904. Construction began in January 1905 and the line reached Oshogbo in April 1907.He favored rail over river transport, and pushed to have the railway further extended to Kano by way of Zaria. He also sponsored extensive road construction, building on the legislative foundation laid by his predecessor Moor which enabled use of unpaid local labor. Egerton was a strong advocate of colonial development. He believed in deficit financing at certain periods of a colony's growth, which was reflected in his budgets from 1906 to 1912. Egerton came into conflict with the administration of Northern Nigeria on a number of issues. There was debate over whether Ilorin should be incorporated into Southern Nigeria since the people were Yoruba, or remain in Northern Nigeria since the ruler was Muslim and for some time Ilorin had been subject to the Uthmaniyya Caliphate. There was argument about the administration of duties on goods landed on the coast and carried into Northern Nigeria. And there was dispute over whether railway lines from the north should terminate at Lagos or should take alternative routes to the Niger River and the coast.

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La colonie britannique (1914-1960)
- 1914: Le Nigeria du Nord et celui du Sud (Southern Nigeria and Northern Nigeria Protectorates) furent unifiés dans la nouvelle colonie du Nigeria. Lagos est devenu la capitale. Son premier gouverneur est alors Frederick Lugard. The unification was done for economic reasons rather than political—Northern Nigeria Protectorate had a budget deficit; and the colonial administration sought to use the budget surpluses in Southern Nigeria to offset this deficit.[
- Dans l'immédiate après-guerre les décisions des autorités coloniales, et surtout l'imposition de taxes, sont mal acceptées. Dans la ville d'Abeokuta se forme l'union des femmes d'Abeokuta sous la direction de Funmilayo Ransome-Kuti qui parvient à faire plier le gouvernement colonial : le roi Alake, Ademola II, qui était encore une autorité reconnue par les anglais, est contraint à l'exil, les femmes sont libérées des taxes et elles obtiennent le droit de siéger dans les instances locales1.
- 1952: le Nigeria compte 34 millions d'habitants dont 12 000 colons anglais et 250 différentes tribus ethniques. Il est déjà le pays le plus peuplé d'Afrique et avec ses 967 000 km2, la plus grande colonie anglaise.
- 1951: en réponse au nationalisme montant surgi après la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques dotent le pays d'un gouvernement représentatif
-1954: constitution fédérale

(...)

- 1960: ancienne colonie britannique, le Nigeria accède à l'indépendance.
- 1966: un coup d'Etat impose au pouvoir le général Ironsi, un Ibo ; son assassinat quelques mois plus tard déclenche des émeutes interethniques.

La dictature du général Yakubu Gowon (1966-1975)
- 1966: le président Nnamdi Azikiwe est renversé par le général Johnson Aguiyi-Ironsi, un Ibo. Un projet d’abolition du système fédéral génère des tensions dans les régions. Des Ibos sont massacrés dans le nord du pays. Aguiyi-Ironsi est assassiné, Yakubu Gowon est porté au pouvoir.

Guerre du Biafra (1967-1970)
La guerre du Biafra déclenchée par la sécession des Ibo de l'est du pays. La guerre fait plus d'un million de morts.

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Succession de coups d'Etats militaires et des dictatures (1973-1993)
- 1975: le général Murtala Muhammed renverse le général Gowon.

La dictature de Olusegun Obasanjo (1976-1979) et de Shegu Shagari (1979-1983)
- 1976: assassinat de Murtala Muhammed. Le général Olusegun Obasanjo lui succède.
- 1976 : Le gouvernement du pays a décidé de transférer la capitale à Abuja, d'une part pour ralentir l'explosion démographique de Lagos, et d'autre part pour que la capitale soit située dans une région neutre afin de ne privilégier aucune des trois ethnies principales (Lagos étant dominée par les Yorubas). Le transfert des institutions gouvernementales a lieu le 12 décembre 1991.
- 1979: Obasanjo remet le pouvoir aux civils. Shehu Shagari devient président à l'issue des premières élections.

La dictature de Muhammadu Buhari (1983-1985) d`Ibrahim Babangida (1985-1993) et de Sani Abacha (1993-1998)
- 1983: coup d'Etat du général Muhammadu Buhari.
- 1985: coup d'Etat du général Ibrahim Babangida.
- 1993: annulation par l'armée de l'élection présidentielle remportée en juin par Moshood Abiola. En novembre, le général Sani Abacha prend le pouvoir et interdit l'opposition.
- 1994: Moshood Abiola est arrêté.
- 1995: l'écrivain Ken Saro-Wiwa qui milite contre l'exploitation pétrolière dans le Delta du Niger destructrice de l'habitat de la population Ogoni, est exécuté, avec huit autres responsables ogoni au terme d'un procès inique. Le Nigeria est exclu du Commonwealth (1995-1999).
- 1998: Moshood Abiola meurt en prison.
- 1993: annulation de l'élection présidentielle remportée par le civil Moshood Abiola en juin. Les violences qui s'ensuivent poussent Babangida à démissionner fin août. Le pouvoir est transmis à un gouvernement civil de transition dirigé par Ernest Shonekan, renversé en novembre par le général Sani Abacha qui interdit les partis et dissout les assemblées élues.
- 1998: mort d’Abacha. Le général Abdusalami Abubakar, qui lui succède, annonce un processus de transition en vue de la remise du pouvoir l'année suivante à un régime civil élu.

Retour à la démocartie : Présidence d`Olusegun Obasanjo (1999-2007, PDP)
- 1999: le Parti démocratique du peuple (PDP) remporte les élections législatives. Olusegun Obasanjo est élu président.
- Octobre 2000: l'adoption de la charia, la loi islamique, dans plusieurs états du nord, entraîne des émeutes entre chrétiens et musulmans qui font plusieurs centaines de victimes.
- Septembre 2001: des affrontements intercommunautaires dans le centre du pays font plusieurs centaines de morts.
- Janvier 2002: l'explosion d'un dépôt de munitions à Lagos, la capitale, fait plus de 600 morts et des milliers de disparus.
- Novembre 2002: des affrontements entre chrétiens et musulmans font près de 220 morts à Kaduna (nord)
- Avril 2003: Olusegun Obasanjo est réélu avec 61% des suffrages. L'opposition et les observateurs mettent en doute la régularité du scrutin. Son parti remporte les législatives.
- Mai 2004: l'attaque, par des miliciens chrétiens d'un village d'agriculteurs musulmans situé à l'ouest de la capitale Abuja entraîne des affrontements qui causent la mort de 630 personnes.
- Septembre-octobre 2004: un mouvement rebelle du Delta du Niger menace l'Etat d'une guerre totale.
- 2005 : La frontière entre Bénin et Nigéria a été officiellement fixé définitivement (selon les cartes coloniales de 1914) à cause de la tension économique entre les deux pays. (Bénin est très dépendant du Nigéria et la libre circulation des marchandises est très important pour lui.) Ainsi 13 villages béninois ont passé sous contrôle nigérian.
- Juin 2006: accord entre le Nigeria et le Cameroun et sur la souveraineté de la péninsule de Bakassi. En octobre 2002, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye avait attribué au Cameroun la souveraineté sur cette péninsule riche en pétrole.
- Octobre 2006: les installations du groupe anglo-néerlandais Shell dont le Delta du Niger font l'objet d'attaques et de prises d'otages par les mouvements rebelles.

Présidence d`Umaru Yar'Adua (2007-2010, PDP)
- Avril 2007: Umaru Yar'Adua, candidat du parti au pouvoir (Parti démocratique du Peuple, PDP) remporte l'élection présidentielle. Les élections présidentielle et législatives ont lieu dans un climat de violence (au moins 200 morts).
- Juin 2008: le président Yar'Adua annonce que le groupe pétrolier Shell quittera le pays Ogoni, dans la région du delta du Niger, d'ici à la fin de l'année.
- Août 2008: le Nigeria remet la péninsule de Bakassi au Cameroun, conformément à l'accord conclu en juin 2006.
- Septembre 2008: une opération militaire contre le Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (Mend) provoque un regain de violence dans la région.
- Novembre 2008: des violences interconfessionnelles engendrées par la contestation d'une élection locale font au moins 200 morts dans la ville de Jos, dans le centre du pays.
- Mai 2009: l'armée et la police lancent une vaste offensive contre les groupes rebelles du delta. Le Mend déclare une guerre totale.
Ouverture du procès contre Shell, dans le cadre de la mort par pendaison en 1995 de l'activiste Ken Saro-Wiwa devant la cour fédérale américaine de New York.
- Juin 2009: publication d'un rapport d'Amnesty International selon lequel la pollution du delta du Niger a privé des dizaines de millions de personnes de leur droit le plus élémentaire à la nourriture, l'eau et la santé.
- Juillet 2009: la libération d'un des chefs du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, Henry Okah est suivie d'une trêve.
L'attaque d'un poste de police dans l'Etat de Bauchi, au nord du pays, par des islamistes, appelés Boko Haram en langue haoussa, provoque des affrontements avec les forces de l'ordre, qui s'étendent aux Etats voisins. Plus de 600 personnes sont tuées en cinq jours de combats.
- Août 2009: le gouvernement propose une amnistie aux insurgés du Delta du Niger qui déposeraient les armes.
- Novembre 2009: le chef de l'Etat Umaru Yar'Adua quitte le pays pour être hospitalisé d'urgence en Arabie saoudite. Son absence prolongée inquiète le pays.

Présidence de Goodluck Jonathan (2010-2015, PDP)
- Janvier 2010: la Haute Cour fédérale ordonne au vice-président Goodluck Jonathan d'exercer les pouvoirs du président, hospitalisé depuis le 23 novembre en Arabie saoudite, jusqu'à son retour. Des affrontements entre chrétiens et musulmans font au moins 200 morts dans la région de Jos.
- Février 2010: les deux chambres du Parlement désignent le vice-président pour assurer l'intérim à la tête du pays. Le président Umaru Yar'Adua rentre au Nigeria le 23 février, mais son état de santé reste incertain.
- Mars 2010: des villages chrétiens de la région de Jos font à nouveau l'objet d'attaques perpétrées par des "éleveurs Fulani". Le bilan est d'au moins 200 morts.
- Mai 2010: décès du président Umaru Yar'Adua. Le Président par intérim Goodluck Jonathan lui succède.
- 9 avril 2011: élections législatives.
- 16 avril 2011: élection présidentielle remportée par Goodluck Jonathan. Suite à la proclamation des résultats, des émeutes font des centaines de victimes.
- 31 décembre 2011: instauration de l'état d'urgence dans quatre Etats du nord du pays où sévit la secte Boko Haram, après l'attentat contre le siège de l'ONU à Abuja le 26 août (23 morts) et le triple attentat perpétré contre des églises chrétiennes le 25 décembre (49 morts).
- 20 janvier 2012: vague d'attentats à Kano, dans le nord du pays, revendiquée par Boko Haram.
- 17 juin 2012: des attentats suicides contre des églises à Zaria et à Kaduna provoquent des affrontements entre chrétiens et musulmans, dans le nord du pays. D'autres attentats en juillet et août.
- 14 mai 2013 : instauration de l'état d'urgence dans trois Etats du nord du pays (Borno, Yobe et Adamawa). Deux jours plus tard, vaste offensive de l'armée contre des camps d'islamistes de Boko Haram dans l'Etat de Borno, dans le nord-est du pays.
- 14 avril 2014 : au moins 71 personnes sont tuées et 124 blessées dans un attentat attribué aux islamistes de Boko Haram dans une gare routière en périphérie d'Abuja, le plus meurtrier jamais commis dans la capitale. Ce même jour, 276 jeunes filles âgées de 12 à 17 ans sont enlevées par des hommes armés qui attaquent un lycée de Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est), région d'origine de l'insurrection menée par le groupe islamiste Boko Haram depuis cinq ans. 223 filles sont détenues par le groupe islamiste radical, plusieurs dizaines d'adolescentes ayant depuis réussi à s'enfuir.
- 3 juin 2014: entre 400 et 500 personnes sont tuées dans de nouvelles attaques des islamistes de Boko Haram contre quatre villages, Goshe, Attagara, Agapalwa et Aganjara, dans l'Etat de Borno.
- 17 juillet 2014: Boko Haram lance une attaque dans la ville de Damboa, qui va durer tout le week-end. Bilan : de nombreuses personnes sont tuées, des maisons sont incendiées et 15 000 personnes s'enfuient vers d'autres villages.
- 8 août 2014: le président Jonathan déclare que la lutte contre le virus Ebola, qui a fait deux morts au Nigeria, est "une urgence nationale".
- 20 octobre 2014: l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare la fin officielle de l'épidémie Ebola au Nigeria.
- 2014: pendant toute l`année plusieurs attentats suicidaires surtout dans le Nord-Est du pays commis par le Boko Haram.
- 3 janvier 2015 : le groupe islamiste Boko Haram prend le contrôle d'une base militaire de la Force multinationale (MNJTF) à Baga, et de plusieurs localités voisines dans l'extrême nord-est, le long des rives du lac Tchad. Ces attaques auraient fait plus de 2 000 morts.
- 25 janvier 2015 : des combattants du groupe islamiste Boko Haram prennent le contrôle de la ville de Monguno et de sa base militaire, proches du lac Tchad dans le nord-est du pays, après de violents combats contre l'armée nigériane.

Présidence de Muhammadu Buhari (2015-, APC)
- 28 mars 2015: Muhammadu Buhari remporte l'élection présidencielle face au président sortant Goodluck Jonathan avec 53,9% des voix.
1er avril : l'ancien putschiste Muhammadu Buhari, 72 ans, du Congrès progressiste (APC), remporte largement la présidentielle avec 53,9 %. Son rival, Goodluck Jonathan du Parti démocratique populaire (PDP), a obtenu 44,96 % à l'élection présidentielle des 28 et 29 mars.
- 28 avril-1er mai 2015: l'armée libère près de 700 otages en moins d'une semaine dans la forêt de Sambisa, repaire de Boko Haram dans le nord-est du pays.
- 1er juin 2015: l'agence anti-corruption ordonne l’arrestation de vingt cadres bancaires, dont six cadres supérieurs de la Banque centrale, dans le cadre d’une enquête sur une présumée fraude aux devises.
- 25 septembre 2015: le Nigeria ne fait plus partie de la liste des pays où la poliomyélite est considérée comme endémique, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
- 2 octobre 2015: l’ancien ministre du Pétrole, Diezani Alison-Madueke, est arrêtée à Londres avec quatre autres personnes dans le cadre d'une enquête britannique sur des soupçons de corruption et de blanchiment d'argent. Ce même jour, la banlieue d’Abuja est secouée par quatre explosions dans la nuit : au moins 18 morts et 41 blessés.
- 28 octobre 2015 : 338 personnes retenues en captivité dans plusieurs localités du nord sont libérées par l'armée au terme d'une opération des forces terrestres, contre des bases du groupe djihadiste Boko Haram.
- 3 novembre 2015 : le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell est épinglé dans un rapport de l'ONG Amnesty International. En cause, les déversements d'hydrocarbures qui polluent l'environnement du Delta du Niger dans le sud du pays. Selon l'ONG, après deux marées noires majeures en 2008-2009, la compagnie n'aurait pas fait le nécessaire pour nettoyer les sites comme elle s'y était engagée auprès du gouvernement et des communautés locales comme les Bodos, dont tout l'environnement est encore marqué par la catastrophe.
- 9 novembre 2015 : le président Buhari a fait de la lutte contre la corruption un marqueur de son mandat : sur un simple communiqué, Ibrahim Lamorde, responsable de l'Agence fédérale contre la corruption, est démis de ses fonctions.
- 18 novembre 2015 : le président Buhari demande l'arrestation de l'ex-conseiller pour la sécurité nationale, le colonel Sambo Dasuki. Celui-ci, déjà en résidence surveillée, est accusé d'avoir détourné l'équivalent de deux milliards de dollars destinés à la lutte contre Boko Haram. Il aurait notamment passé des commandes fictives d'avions et d'hélicoptères de combat.
- 2015 : pendant toute l`année plusieurs attentats suicidaires surtout dans le Nord-Est du pays commis par le Boko Haram.

BOKO HARAM
Groupe sunnite pour la prédication et le djihad (2002-2015)
État islamique en Afrique de l'Ouest (depuis 2015)

Boko Haram est un mouvement insurrectionnel et terroriste d'idéologie salafiste djihadiste, originaire du nord-est du Nigeria et ayant pour objectif d'instaurer un califat et d'appliquer la charia. De 2002 à 2015, son nom officiel est Groupe sunnite pour la prédication et le djihad (arabe : جماعة اهل السنة للدعوة والجهاد, « Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'Awati Wal-Jihad »). Fondé par Mohamed Yusuf en 2002 à Maiduguri, et parfois qualifié de secte, prônant un islam radical et rigoriste, le mouvement a d'abord revendiqué une affiliation aux talibans afghans, avant de s'associer aux thèses djihadistes d'Al-Qaïda et de l'État islamique. Depuis la mort de Mohamed Yusuf en 2009, son leader est Abubakar Shekau. Le 7 mars 2015, Boko Haram prête allégeance à l'État islamique, ce que ce dernier reconnaît officiellement cinq jours plus tard. Le groupe abandonne son ancien nom et forme officiellement une « province » de l'EI : la Wilāyat al-Sūdān al-Gharbī (arabe : ولاية السودان الغربي, « Province de l'Afrique de l'Ouest »). Il prend également le nom d'État islamique en Afrique de l'Ouest.
Le mouvement est à l'origine de nombreux massacres, attentats et enlèvements à l'encontre de populations civiles de toutes confessions, au Nigeria mais aussi au Cameroun. Il est responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité11 et est classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies le 22 mai 20147.
L'idéologie du mouvement a largement évolué depuis sa création en 2002 par Mohamed Yusuf à Maiduguri, mais son objectif reste l'application de la charia au Nigeria12. Le nom officiel du mouvement, Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'Awati Wal-Jihad, signifie « groupe sunnite pour la prédication et le djihad ». Le nom de Boko Haram, sa dénomination abrégée en haoussa, peut être traduit par « l'éducation occidentale est un péché »13. Le mot Boko 14 désigne un alphabet latin, créé par les autorités coloniales pour transcrire la langue orale haoussa, et désigne par extension l'école laïque. Le mot Haram signifie « interdit » ou « illicite » en arabe et dans le monde musulman15,16,17,18. Ce nom aurait été attribué par la population locale et les médias, marqués par le discours de son chef rejetant l'éducation « occidentale ». Ce rejet s'accompagne d'une lecture littérale du Coran, qui fait par exemple dire à Mohamed Yusuf que la Terre est plate, ou que l'eau de pluie ne résulte pas de l'évaporation, puisqu'elle est une création d'Allah19. De ce fait, il est régulièrement dénoncé pour son idéologie obscurantiste.
Bien que revendiquant à son origine une filiation avec l'islamisme salafiste et les talibans afghans, Boko Haram est fréquemment qualifié de secte. « Le groupe tient à la fois de la secte et du mouvement social. Dès ses débuts, il est sectaire de par son intransigeance religieuse, son culte du chef, ses techniques d’endoctrinement, son intolérance à l’égard des autres musulmans et son fonctionnement en vase clos. La doctrine de Boko Haram ne correspond pas vraiment au modèle wahhabite : c'est une secte qui endoctrine et a recours à la magie. Certains fidèles de Boko Haram portent des grigris, ce qui ne ressemble pas vraiment à Al-Qaïda » (Marc-Antoine Pérouse ) Boko Haram fut une secte jusqu'en 2009 avant de devenir un mouvement insurrectionnel islamiste après la mort de son fondateur Mohamed Yusuf.
L'affiliation du groupe à Al-Qaïda serait sujet à caution, car les deux groupuscules poursuivent des objectifs différents. Bien que tous deux opposés à la modernité et aux valeurs occidentales, Boko Haram se distingue par des attaques contre des populations civiles et non seulement contre des intérêts occidentaux. Cependant, à partir de 2010 et surtout des attentats de l'été 2011, il est possible que Boko Haram ait tissé des liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ex-groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien.
Cependant, l'agenda de Boko Haram est « exclusivement nigérian » et « ne prône pas le djihad international », contrairement à sa branche dissidente Ansaru.
Dans une vidéo diffusée le 13 juillet 2014, Abubakar Shekau apporte son soutien à la fois à Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'État islamique, Ayman al-Zaouahiri, émir d'Al-Qaïda et au mollah Omar, chef des Taliban31.
Le 5 janvier 2015 Shekau annonce son intention de reconquérir les anciens territoires du califat de Sokoto32,33. Une dizaine de jours plus tard, dans une nouvelle vidéo, Abubakar Shekau expose sa doctrine idéologique et se réfère à Ibn Taymiyya et Mohammed ben Abdelwahhab. Selon Romain Caillet, chercheur à l'Institut français du Proche-Orient, au regard de cet exposé il apparaît que Boko Haram « n'est donc pas un groupe jihadiste foncièrement différent de ceux du Moyen-Orient »34.
Histoire[modifier | modifier le code]
Fondation en 2002 et endoctrinement[modifier | modifier le code]
Boko Haram est fondé en 2002 par Mohamed Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguri, capitale de l'État de Borno35. C'est d'abord une mosquée dotée d'une école coranique où les familles pauvres peuvent envoyer leurs enfants36. L'organisation se politise et attire alors de jeunes étudiants en rupture de ban à l'université. Selon le journal Rationalist International, un mouvement connu sous le nom de « Disciples du Prophète » (Al Sunna Wal Jamma), se réclamant également des Talibans afghans, fut la source de violences au sein de Damaturu, capitale de l’État de Yobe, le 31 décembre 200337. Durant l'attaque, le groupe manifeste son hostilité envers le régime de Umaru Yar'Adua en vandalisant des postes de police afin de se procurer des armes et des munitions. Il occupe temporairement la localité de Kanamma, proche de la frontière avec le Niger, entraînant l'exode de la moitié des habitants.
De 2004 à 2009, des heurts souvent violents opposent ses militants aux forces de sécurité. Le gouvernement sous-estime le danger et prend la secte pour un groupuscule d'illuminés sans soutien36. En 2006, Mohamed Yusuf fait l'objet d'une enquête pour activités supposées illégales, mais l'instruction est abandonnée28. Il est arrêté à plusieurs reprises, notamment le 13 novembre 2008, pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l'ordre public », mais relaxé sur décision de la cour.
Conflit armé de 2009 et mort de Mohamed Yusuf[modifier | modifier le code]

Bauchi, Wudil (en), Potiskum et Maiduguri, les quatre villes les plus touchées par les combats de 2009.
Article détaillé : Bataille de Maiduguri (2009).
Le 26 juillet 2009, Boko Haram lance une série d'attaques simultanées dans quatre États du nord du Nigeria (Bauchi, Borno, Yobe et Kano)38. Les combats les plus violents durent pendant cinq jours à Maiduguri, capitale de l'État de Borno38. L'armée mettra quatre jours à venir en aide à la police locale. Le 30 juillet 2009, les forces de sécurité infligent une sérieuse défaite aux fondamentalistes et les chassent de la capitale de l'État de Borno. Le bilan des combats s'élève à plus de 700 morts, dont au moins 300 militants islamistes38. Mohamed Yusuf, capturé par l'armée à Maiduguri, est abattu par la police dans des circonstances floues38.
Le 14 août 2009, Sanni Umaru, membre de Boko Haram se présentant comme le successeur de Mohamed Yusuf, lance un appel au jihad au Nigeria dans une lettre datée du 9 août39.
Poursuite des attaques[modifier | modifier le code]
Après l'échec de leur insurrection, d'août 2009 à août 2010, de nombreux membres de Boko Haram prennent la fuite au Niger et au Tchad, la secte reste discrète et se réorganise en secret près de Maiduguri40, dans la région de la forêt de Sambisa. En septembre, elle refait surface de façon spectaculaire en prenant d'assaut la prison de Bauchi réussissant à libérer 700 prisonniers dont 150 adeptes.
Après une période de luttes internes pour la succession de Mohamed Yusuf, c'est finalement Abubakar Shekau qui prend la tête de l'organisation27. Il apparaît en juillet 2010 dans un enregistrement vidéo dans lequel il se proclame leader de Boko Haram et promet de continuer la lutte armée41.
Noël 2010 est l'occasion d'intensifier la lutte contre les chrétiens, attaques, incendies et assassinats ciblés font plusieurs dizaines de morts42, notamment un attentat à Jos qui fait à lui seul quatre-vingts victimes43.
À partir d'avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, débits de boisson et des bâtiments officiels44. Cette année-là, le groupe commet ses premiers attentats-suicides45. L'élection présidentielle de mai et la victoire de Goodluck Jonathan sont l'occasion d'autres attentats qui font une dizaine de morts46. Le 21 juin, une dizaine d'hommes armés attaque la ville de Kankara, dans l'État de Katsina, incendie un poste de police, libère les détenus et pille une banque, tuant 7 personnes dont 5 policiers47.
La volonté affichée du gouvernement à partir de juillet 2011 de négocier avec Boko Haram48 n'empêche pas celle-ci de poursuivre la lutte armée49 et de revendiquer l'attentat kamikaze contre la représentation des Nations unies à Abuja le 26 août 2011 au cours duquel 18 personnes trouvent la mort50.
En 2012, lors de la guerre du Mali, des hommes de Boko Haram partent combattre dans le nord du Mali au côté du MUJAO, 100 à 200 combattants sont présents à Gao51,52, peut-être 200 à 300 au total arrivent au Mali où ils sont formés par les djihadistes locaux45. En janvier 2013, des hommes de Boko Haram participent à la bataille de Konna contre les Maliens et les Français53,54,45.
Intensification du conflit à partir de 2013[modifier | modifier le code]
En noir, expansion maximale de Boko Haram au Nigeria
Situtation en avril 2015
En mai 2013, à la suite d'un nombre important d'attaques, l'armée nigériane lance une grande offensive contre les jihadistes. Le président du Nigeria Goodluck Jonathan proclame alors l'état d'urgence dans trois États du nord-est du pays : Borno, Yobe et Adamawa.
L'armée nigériane remporte d'abord quelques succès. Le 9 août 2013, elle affirme avoir fait 1 000 prisonniers55 et le 12 septembre, elle prend d'assaut un camp de Boko Haram dans la forêt de Kasiya et annonce avoir tué environ 150 insurgés56. Mais le groupe djihadiste reprend progressivement l'initiative. Le 20 décembre 2013, les islamistes détruisent le camp militaire de Bama57,58. Le 14 mars 2014, ils attaquent la caserne de Giwa, à Maiduguri, et délivrent plusieurs centaines de personnes qui y étaient détenues. Cependant selon Amnesty International, de nombreux prisonniers évadés sont rapidement repris par les militaires et plus de 600 d'entre-eux sont exécutés sommairement dans divers quartiers de la ville59. Le 26 mai, les djihadistes s'emparent de la ville de Buni Yadi60.
Conquêtes de Boko Haram dans l'État de Borno en 2014[modifier | modifier le code]
En août 2014, Boko Haram passe à l'offensive et commence à conquérir plusieurs villes. Le 6 août, Gwoza est prise sans résistance61. Le 21, les islamistes repoussent l'armée nigériane et reprennent Buni Yadi62. Le 24, Kerawa et Ashigashiya sont prises63,64, puis Gamboru Ngala le 2565, Bama et Banki le 2 septembre66,67, Michika le 8 septembre68.
Au 12 septembre 2014, les villes de Damboa, Bama, Pulka, Ashigashia, Liman Kara, Kirawa, Gamboru Ngala, Marte, Kirenowa, Buni Yadi et Gulani, sont aux mains de Boko Haram et Maiduguri, capitale de l'État de Borno, est presque encerclée par les forces islamistes69. Le lendemain, l'armée nigériane affirme avoir repoussé à Konduga une offensive des islamistes sur Maiduguri, et revendique la mort d'une centaine d'insurgés70.
Boko Haram reprend l'offensive et le 13 novembre les djihadistes prennent les villes de Gombi et de Hong dans l'État d'Adamawa et Chibok, dans l'État de Borno71,72. Les trois villes sont reprises par l'armée nigériane entre le 16 et le 19 novembre73,74.
Le 24 novembre, Boko Haram s'empare de la ville de Damasak, située sur la frontière avec le Niger75. L'assaut fait plusieurs dizaines de morts et entraîne la fuite de près de trois mille personnes vers le Niger76.
Le 1er décembre, le groupe est repoussé à Damaturu, où les combats font au moins 150 morts, en majorité des civils77.
Le 3 janvier 2015, l'armée nigériane subit un grave revers lorsque Boko Haram prend d'assaut la base de Baga, quartier-général de la Force multinationale mais où seuls des soldats nigérians étaient postés78. Le 7, les djihadistes incendient totalement seize villes et villages des rives du Lac Tchad, dont les villes de Baga et Doron Baga79,80. Plus de 11 000 civils fuient au Tchad81 et 20 000 trouvent refuge à Maiduguri82. Selon les estimations, plusieurs dizaines à 2 000 habitants sont également massacrés83
Face à ces attaques de plus en plus violentes, l'armée nigériane est alors régulièrement critiquée quant au peu de combativité dont elle ferait preuve face aux islamistes84. Réunis au Niger à la fin du mois de janvier, treize pays africains et non-africains participent à une réunion consacrée à la lutte contre le groupe djihadiste, mais peinent à organiser une riposte coordonnée84.
Le 25 janvier, Boko Haram attaque simultanément Maiduguri et Monguno, les djihadistes sont repoussés dans la première ville mais s'emparent de la seconde85.
Intervention militaire tchadienne au Nigeria en 2015[modifier | modifier le code]
En février, l'armée tchadienne intervient au Nigeria et remporte une série de victoire contre les djihadistes. Le 29 et le 30 janvier, à la bataille de Bodo, au Cameroun, elle affronte Boko Haram pour la première fois86, puis le 3 février elle s'empare de Gamboru87. L'armée nigérienne se retrouve également confrontée à Boko Haram après plusieurs mois de face à face tendu le long de la frontière. Les djihadistes attaquent le Niger à Diffa et Bosso mais les Nigériens, soutenus par les Tchadiens, repoussent leurs assauts88,89.
Boko Haram perd alors les villes conquises, devant les offensives des armées nigérianes, tchadiennes et nigériennes. Monguno est reprise le 16 février90, puis Baga le 21 février91, Dikwa le 2 mars92, Bama le 12 ou 14 mars93,94, Damasak le 17 mars95, Gachagar le 26 mars96, Gwoza le 27 mars97 et Malam Fatori le 30 mars98.
Le 25 avril 2015, au moins une cinquantaine de soldats nigériens sont tués dans l'attaque par Boko Haram d'une position de l'armée nigérienne sur le lac Tchad99.
Après plusieurs mois d'interventions militaires tchadiennes et nigériennes et de contre-offensives nigérianes, Boko Haram est lourdement affaibli et a perdu l'essentiel de ses conquêtes de 2014. Le groupe subsiste cependant dans la forêt de Sambisa, dans les Monts Mandara, à la frontière camerounaise, et dans les îles du Lac Tchad. Repoussé dans ces quelques sanctuaires, le groupe, devenu officiellement la « Province d'Afrique de l'Ouest » de l'État islamique, retourne à la guérilla et poursuit sa campagne de terreur100,101.
Incursions de Boko Haram au Cameroun[modifier | modifier le code]
Tout au long de l'année 2014, Boko Haram est régulièrement entré au sein du territoire camerounais, à la frontière nord, pour y effectuer de légères démonstrations de forces (vol de bétail, destruction de récoltes) puis disparaitre aussitôt.
Le 20 décembre 2014, le Cameroun déclare avoir démantelé un camp djihadiste le 20 décembre, capturé 45 instructeurs, tué « un nombre plus important encore » et récupéré 84 enfants âgés de 7 à 15 ans qui étaient entraînés sur place102.
L'armée camerounaise et Boko Haram s'affrontent pour la première fois le 2 mars 2014, lors d'un combat à Fotokol103. À la fin du mois de mai, le Cameroun déploie 3 000 soldats pour protéger l'extrême nord de son territoire des incursions djihadistes104. Dans les mois qui suivent, les forces de Boko Haram lancent plusieurs assauts contre les positions des militaires sur la frontière camerounaise, notamment à Fotokol, théâtre de plusieurs combats. Les autres affrontements principaux ont lieu à Tourou le 7 juin, Bargaram les 24 et 25 juillet, Amchidé et Limani les 15 et 16 octobre, Amchidé le 17 décembre, Achigachia le 29 décembre et Kolofata, le 12 janvier 2015. Le 29 et le 30 janvier 2015, Boko Haram s'oppose pour la première fois à l'armée tchadienne105. Cependant toutes les offensives djihadistes sont repoussées avec de lourdes pertes106,107,108.
Le 18 janvier 2015, Boko Haram enlève 60 personnes dans l'arrondissement de Mokolo, à l'extrême-nord du Cameroun109. Le lendemain, l'armée camerounaise libère 24 otages parmi les 60 enlevés de la veille110. Le 3 juillet 2015, le Président Paul Biya reçoit son homologue français François Hollande111. Le Cameroun et la France conviennent d'un renforcement de la coopération en matière de lutte anti-terroriste entre les deux pays112.
Effectifs et organisation[modifier | modifier le code]
Depuis la mort de son fondateur Mohamed Yusuf en 2009, l'organisation est dirigée par Abubakar Shekau. On ne connaît pas le nombre précis de combattants dont dispose le mouvement. En 2014, les estimations sur les forces de Boko Haram vont de 6 000 à 30 000 combattants, la plupart issus de l'ethnie Kanouri113,65,114,115. Le mouvement serait dirigé par un Conseil de la Choura d'une trentaine de membres. Selon un rapport du département de la sécurité intérieure des États-Unis, cette structure est propice à la division et ne fournit pas de garantie lorsque quelqu'un prétend parler au nom du groupe. De plus, Abubakar Shekau ne s'entourerait que de quelques chefs de factions et ne maintiendrait que très peu de contacts avec les combattants sur le terrain113.
En 2014, Mathieu Guidère estime que Boko Haram dispose de près de 30 000 hommes6. Un rapport du Chatham House évalue de son côté à 8 000 hommes le nombre des combattants du mouvement5, tandis que Marc-Antoine Pérouse de Montclos estime leur nombre entre 6 000 et 8 000114. Boko Haram dispose de 15 000 hommes selon des chercheurs sud-africains, et de 50 000 sympathisants selon le journaliste nigérian, Ahmed Salkida45. Début 2015, les effectifs de Boko Haram sont estimés entre 4 000 et 6 000 hommes selon les Américains, 6 000 à 7 000 selon les Français et 13 000 à 15 000 d'après les Camerounais, cependant selon un officier français du renseignement, il s'agit d'une estimation « au doigt mouillé »116,117,118.
Le mouvement recrute souvent de force, notamment en menant des raids contre des villages pour rafler des habitants. Certaines femmes sont utilisées comme kamikazes et les jeunes garçons sont enrôlés comme enfants-soldats45.
Financement[modifier | modifier le code]
Initialement, Boko Haram est financée par des politiciens de Maiduguri45. Après le début de l'insurrection armée, il taxe les populations locales et gère divers trafics32, comme par exemple de la contrebande de poissons séchés, revendus sur les marchés dans le nord du Nigeria119. Localement, les djihadistes capturent régulièrement des otages qui sont libérés contre rançons, à partir de 2013 Boko Haram revendique ses premiers enlèvements d'Occidentaux45. Au début des années 2010, il reçoit une aide financière d'AQMI45.
Communication[modifier | modifier le code]
Pendant plusieurs années la communication de Boko Haram demeure archaïque, le groupe diffuse des vidéos de qualité médiocre, transmises par clés USB ou par cassettes à l'AFP. Vers début 2015 cependant, alors que Boko Haram s'apprête à faire allégeance à l'État islamique, la communication de l'organisation djihadiste se modernise. Elle se dote d'un compte Twitter et d'une branche médiatique, Al-Urwa al-Wuthqa ("L'anse la plus solide"). Le 21 février, Boko Haram diffuse notamment une vidéo de propagande bien supérieure techniquement à celles réalisées par le passé, elle s'inspire des films de l'EI, dont elle reprend les codes et les hymnes120,121,122,123. Après l'allégeance de Boko Haram à Abou Bakr al-Baghdadi, l'État islamique prend en main la communication, ce qui « démultiplie la force de frappe médiatique de Boko Haram » selon Romain Caillet124.
Exactions, massacres, attentats et enlèvements[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Liste de massacres et d'attentats pendant l'insurrection djihadiste au Nigeria, Enlèvement des lycéennes de Chibok et Massacre de Baga
Civils nigérians victimes de l'attentat de Nyanya du 14 avril 2014.
Boko Haram est un groupe armé particulièrement violent. En 2014, le Centre international d'études sur la radicalisation et la violence politique (ICSR) le qualifie de « groupe le plus féroce du monde »125. Selon Bertrand Monnet, « à côté de Boko Haram, AQMI, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) ou Ansar Eddine sont des agneaux. Les terroristes de Boko Haram sont des barbares : ils tuent des centaines de personnes toute l'année, mitraillent des églises, lancent des grenades pendant les offices et font des raids dans les villages chrétiens qu'ils transforment en Oradour-sur-Glane. Ce qui déclenche d'ailleurs des représailles contre des musulmans »126. Selon Human Rights Watch, environ 6 000 civils sont tués par les hommes de Boko Haram de 2009 à 2014127. Pour autant, la cible prioritaire du mouvement reste les musulmans "tièdes" selon ses propres termes : les victimes de la secte sont à 90% musulmans128. Les djihadistes frappent les populations des villages où sont constituées des milices d'autodéfense129.
Les principaux massacres et attentats commis par Boko Haram sont ceux de Damaturu (130 morts le 4 novembre 2011), Kano (150 morts le 20 janvier 2012), Benisheik (161 morts le 18 septembre 2013), Izghe (environ 170 morts le 15 février 2014), Gamboru Ngala (336 morts le 5 mai 2014), Jos (au moins 118 morts le 20 mai 2014), Goshe, Attagara, Agapalwa et Aganjara (plusieurs centaines de morts le 3 juin 2014), Damboa (plus de 100 morts la nuit du 17 au 18 juillet 2014), Gwoza (600 morts le 6 août 2014), Kano (120 morts le 28 novembre 2014). Selon Amnesty International, les tueries commises à Baga entre le 3 et le 7 janvier 2015 font de plusieurs centaines à peut-être 2 000 morts et pourraient être le massacre « le plus meurtrier de l'histoire de Boko Haram »130.

Femmes et enfants otages de Boko Haram, quelques jours après avoir été délivrés par l'armée nigériane dans la forêt de Sambisa, c. 6 mai 2015.
Boko Haram, qui peut être traduit par « l'éducation occidentale est un péché » en haoussa, cible particulièrement les lycées et les écoles où est dispensé un enseignement jugé trop occidental par les islamistes. À plusieurs reprises, les djihadistes attaquent des établissement scolaires, massacrant professeurs et lycéens comme à Mamudo, Gujba ou Buni Yadi entre 2013 et 2014. Si les lycéennes ne sont pas tuées, elles sont souvent enlevées pour être mariées de force à des djihadistes. Une vingtaine est ainsi enlevée le 11 février 2014, lors du massacre de Konduga. Au 1er juillet 2015, Amnesty International estime que plus de 2.000 femmes ou fillettes ont été enlevées. À cette date, beaucoup d'entre elles sont enceintes, mais ne peuvent avorter en raison de l'application de la Charia. le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme demande officiellement à l’État nigérian qu'il autorise ces femmes victimes de viols de la part des islamistes à pouvoir avorter131.
Le rapt le plus important a lieu le 14 avril 2014 à Chibok, où 276 lycéennes âgées de 12 à 17 ans sont capturées lors d'un raid sur la ville (53 d'entre elles parviennent à s'échapper dans les trois semaines qui suivent selon la police nigériane)132,133,134,135,136. Le 5 mai, ce rapt est revendiqué par Abubakar Shekau, qui déclare : « J'ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah. [...] J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l'école) et vous marier »137.
Selon le gouverneur de l'État de Borno, 176 enseignants ont été tués par Boko Haram dans cet État entre 2011 et juillet 2014138.
Des exactions sont également commises par Boko Haram, au nord du Cameroun. Le 11 mars 2014, des hommes armés enlèvent Abakoura Ali, chef traditionnel du village de Ngoumouldi, après avoir également enlevé son fils, encore enfant, cinq jours plus tôt. Leurs deux corps sont retrouvés décapités le 13 mars, en territoire nigérian. Selon un policier de Kerawa, ville située à la frontière du Nigeria, une cinquantaine de Camerounais ont été assassinés dans les environs de la ville139,140.
Le 17 février 2014, Amnesty International qualifie les exactions commises par Boko Haram de crimes contre l'humanité141.
Le 15 juillet 2014, Human Rights Watch déclare avoir comptabilisé 95 attaques commises par Boko Haram lors des six premiers mois de l'année 2014, elles ont causé la mort d'au moins 2 053 civils, dont 1 446 dans l'État de Borno142. L'ONG évalue par la suite à au moins 3 750 le nombre des victimes pour l'ensemble de l'année 2014 et le 26 mars 2015, elle affirme qu'au moins 1 000 civils ont été massacrés par le groupe depuis le début de l'année143,144.
Otages étrangers[modifier | modifier le code]

27 otages de Boko Haram, dont 17 Camerounais et 10 Chinois, peu après leur libération le 11 octobre 2014145.
Le premier enlèvement de ressortissants occidentaux revendiqué par Boko Haram a lieu le 19 février 2013. Ce jour-là une famille française est enlevée au parc national de Waza dans le nord du Cameroun, elle est ensuite conduite au Nigeria. Les otages sont : Tanguy Moulin-Fournier, 40 ans, cadre de GDF Suez, son épouse Albane, 40 ans, leurs quatre fils âgés de 5 à 12 ans, et Cyril, le frère de Tanguy146,147. L'enlèvement est revendiqué dans une vidéo publiée le 25 février par Boko Haram. Les islamistes réclament la libération de combattants, de femmes et d'enfants détenus par le Nigeria et le Cameroun148,149. Le 21 mars, une seconde vidéo est rendue publique par Boko Haram, Abubakar Shekau, le chef du mouvement déclare : « Nous sommes fiers d'affirmer que nous retenons les sept otages français. Nous les retenons parce que les autorités nigérianes et camerounaises ont arrêté des membres de nos familles, qu'ils les brutalisent et que nous ne savons rien de leurs conditions d'emprisonnement. Nous affirmons au monde que nous ne libérerons pas les otages français tant que nos familles sont emprisonnées. La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force »150. Les négociations sont menées essentiellement par le gouvernement camerounais151. La famille est libérée le 19 avril 2013, lors d'un échange de prisonniers, 10 ou 12 personnes auraient été relâchées en contrepartie152. Selon iTélé, qui cite des sources opérationnelles locales, sept millions de dollars auraient été versés pour la libération des otages. Ils auraient pu être versés directement sur les fonds du président camerounais Paul Biya ou par le groupe GDF-Suez. Cette information est cependant démentie par le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault153.
Dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013, Georges Vandenbeusch, un prêtre catholique français de 42 ans, est enlevé à Nguetchewé, au nord du Cameroun. Quelques jours plus tard, son enlèvement est revendiqué par Boko Haram. Il est libéré le 31 décembre 2013154,155,156. Boko haram déclare alors à l'AFP n'avoir reçu aucune rançon et affirme que : « La direction a décidé de libérer le prêtre par compassion. Le prêtre a offert ses services médicaux à des membres [du groupe] malades pendant sa période de captivité. La direction a senti qu'il n'y avait plus besoin de le garder. » Ces propos sont cependant contestés par Georges Vandenbeusch, qui déclare : « Je ne suis ni infirmier ni médecin. S'ils m'avaient amené quelqu'un à soigner avec une hémorragie, j'aurais fait ce que je pouvais, mais ils ne l'ont pas fait. Ils n'ont de compassion pour personne »157.
Dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, à Tchère, à environ 20 kilomètres de Maroua, située à l'extrême nord du Cameroun, deux prêtres italiens, Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, et une religieuse canadienne, Gilberte Bussier, sont enlevés par des hommes armés158. Boko Haram est soupçonnée mais ne revendique pas l'enlèvement. Les trois religieux sont finalement relâchés la nuit du 31 mai au 1er juin 2014159.
La nuit du 16 au 17 mai 2014, des islamistes transportés par cinq véhicules attaquent un camp de travailleurs du secteur routier, près de Waza, au nord du Cameroun. Un civil chinois est tué, et 10 autres sont enlevés par les assaillants160. Ils seront finalement relâchés le 11 octobre, en même temps que 17 prisonniers camerounais capturés le 27 juillet lors du combat de Kolofota161.
Le 16 juillet 2014 un Allemand est enlevé à Gombi, dans l'État d'Adamawa, par une vingtaine d'hommes armés162. Sa capture est revendiquée le 31 octobre par Boko Haram163. Le 21 janvier 2015, le Cameroun annonce que l'otage allemand a été libéré à la suite d'une opération spéciale de son armée et ses alliés164.


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PARTIES

Parti démocratique populaire (People's Democratic Party, PDP)
base géographique : Sud(-Est-)Nigéria ; base ethnique :
Aux dernières élections législatives le 12 avril 2003, le parti remporta 54,5 % des suffrages et 223 des 360 sièges de la Chambre des représentants, ainsi que 76 des 109 sièges du Sénat. Le PDP créa la surprise en remportant de nombreux États yoruba, considérés comme favorables à l’Alliance pour la démocratie. Le 19 avril de la même année, son candidat à l’élection présidentielle, le général Olusegun Obasanjo, fut réélu avec 61,9 % des voix. Les candidats de l’opposition et les observateurs internationaux accusèrent Obasanjo et son parti de fraude électorale. Pour l'élection présidentielle d'avril 2007, le PDP investit Umaru Yar'Adua comme candidat à la présidence (et Goodluck Jonathan candidat à la vice-présidence) le 16 décembre 2006. Yar'Adua remporte le scrutin. Pour l'élection d'avril 2011, le PDP investit Jonathan comme candidat à la présidence (et Namadi Sambo candidat à la vice-présidence). Jonathan remporte le scrutin.
The party has a neoliberal stance in its economic policies and maintains a conservative stance on certain social issues, such as same-sex relations.

All Nigeria Peoples Party (ANPP)
base géographique : Nord-Nigéria ; base ethnique :
The ANPP is a conservative political party in Nigeria. In the 2007 legislative elections, the party won 27.0% of the popular vote and 92 out of 360 seats in the House of Representatives and 27 out of 109 seats in the Senate. The ANPP is the household party in the extreme north of Nigeria, primarily due to its mass appeal. It is the strongest opposition party, controlling seven of the nation's thirty-six states. The party's biggest achievement in the 2003 election was its gubernatorial victory in Kano State where it defeated the ruling People's Democratic Party to take control of one of the country's most populous states. In the 21 April 2007 Nigerian National Assembly election, the party won 62 out of 360 seats in the House of Representatives and 16 out of 109 seats in the Senate. Following the 2007 election, the ANPP challenged the victory of Umaru Yar'Adua and his People's Democratic Party, although it was announced on June 27, 2007, following talks, that the ANPP had agreed to join Yar'Adua's government. There was reportedly disagreement within the ANPP about the talks. The ANPP is a right-wing conservative party with mass appeal. The party draws its strength predominantly from Northern Nigeria

All Progressives Congress (APC, 2013-)
base géographique : Sud-Ouest-Nigéria et Nord-Nigéria ; base ethnique : Yoruba et Hausa-Fulani
The APC is a political party in Nigeria, formed on 6 February 2013 in anticipation of the 2015 elections. APC candidate Muhammadu Buhari won the presidential election by almost 2.6 million votes. Incumbent President Goodluck Jonathan conceded defeat on 31 March. This was the first time in Nigeria's political history that an opposition political party unseated a governing party in a general election and one in which power will transfer peacefully from one political party to another. In addition, the APC won the majority of seats in the Senate and the House of Representatives in the 2015 elections, though it fell shy of winning a super-majority to override the ability of the opposition People's Democratic Party to block legislation.
The APC is generally considered to be a center-left political party that favors controlled market or regulated market economic policies, and a strong and active role for government regulation. A substantial number of its political leaders are followers of or politicians who subscribe to the social democratic political philosophy of Obafemi Awolowo and the socialist and anti-class views of Aminu Kano. Moreover, the majority of the APC's base of political support is in southwestern Nigeria and the Northern Nigeria, which are dominated by the country's largest ethnic groups, the Yoruba and the Hausa-Fulani, respectively.

Congress for Progressive Change (CPC, 2009-2013)
The CPC founded in Nigeria in 2009 in preparation for the April 2011 elections. In February 2013 the party merged with the Action Congress of Nigeria (ACN), the All Nigeria Peoples Party (ANPP), and the All Progressives Grand Alliance to form the All Progressives Congress (APC).
The agenda of the CPC lies towards the left wing of the political spectrum, supporting individual liberty, rights and social welfare for the less privileged. The party advocates political liberalism, as originated by the American philosopher, John Rawls. The party's manifesto insists on the amendment of the Nigerian constitution with the view of devolving powers, duties and responsibilities to states and local governments in order to entrench federalism and the federal spirit. The party constitution is silent on the issue of zoning, a common practice in Nigeria under which key positions are allocated in rotation to representatives from each region of the country.

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PERSONNAGES CLES

Muhammadu Buhari (1942-)
religion : sunnite ; ethnie : Peule ; parti : APC (avant: ANPP)

Muhammadu Buhari, est un général et homme d'État nigérian, président du Nigéria depuis le 29 mai 2015. Originaire de Daura, Muhammadu Buhari est musulman sunnite, dernier né d'une famille peule de 23 enfants. Il rejoint l'armée nigériane en 1961 après avoir étudié à l'école militaire de Kaduna. De 1962 à 1963, il suit une formation d'élève-officier en Angleterre avant d'être nommé en janvier 1963 sous-lieutenant puis commandant de peloton du deuxième bataillon d'infanterie à Abeokuta, au Nigeria. De novembre 1963 à janvier 1964, il suit une nouvelle formation militaire au Royaume-Uni. Il a servi finalement dans différents corps d'armée.
En juillet 1966, Muhammadu Buhari a participé à un coup d'État dirigé par le lieutenant-colonel Murtala Muhammed qui renversera et assassinera le Premier ministre du pays, Aguiyi Ironsi. Le coup d'État est considéré comme sanglant, ayant mené à la mort de la plupart des officiers Igbos. En août 1975, alors que le général Murtala Mohammed vient de prendre le pouvoir, il nomme Buhari gouverneur de l'État du Nord-Est, afin qu'il supervise les améliorations sociales, économiques et politiques de la zone.
En mars 1976, le nouveau dirigeant du Nigeria, le général Olusegun Obasanjo, nomme Muhammadu Buhari ministre du Pétrole et des Ressources naturelles. La même année, est créée la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) que Buhari dirige également jusqu'en 1978. Durant son mandat de ministre, 2,8 milliards de dollars auraient disparu des comptes de la NNPC. Alors que l'ancien président, Ibrahim Babangida, accuse Buhari d'être responsable de cette fraude, l'administration Shagari inaugure un tribunal spécialisé dans les ventes de pétrole brut. Celui-ci enquête sur ce détournement de fonds et précise ne pas pouvoir confirmer ces accusations, bien qu'il ait remarqué quelques défaillances dans les comptes de la NNPC.
En décembre 1983, Muhammadu Buhari, alors qu'il est officier général commandant (OGC) de la 3e division blindée de Jos, dirige un coup d'État dont le but est de renverser le président démocratiquement élu, Shehu Shagari. Ce coup d'État met fin à la Seconde République du Nigeria, mise en place peu de temps avant, en 1979. Buhari, qui prendra le pouvoir dans le pays à l'issue de ce putsch, justifie ce coup d'État en fustigeant le gouvernement civil "corrompu". Sa première mesure sera de suspendre la Constitution de 1979.
Désireux de réformer l'économie, Buhari décide de reconstruire les systèmes socio-politique et économique du Nigeria et de lutter contre l'austérité. Pour cela, il encourage l'industrialisation par substitution aux importations basée en grande partie sur l'utilisation de matériaux locaux et le resserrement du développement national. Il centrera également sa politique économique sur le rééquilibrage des finances publiques, mais la limitation des importations aura finalement pour conséquence de nombreuses pertes d'emplois et la fermeture d'entreprises. Buhari met rapidement un terme aux relations du pays avec le Fonds monétaire international (FMI) qui lui demande de dévaluer le naira de 60%, ce qu'il refuse. Malgré cela, les réformes engagées par Buhari restent tout autant, voire plus rigoureuses que celles demandées par le FMI.
Le 7 mai 1984, Buhari présente son budget national, accompagné d'une série de mesures complémentaires, interdiction temporaire de recruter des travailleurs dans le secteur public, relèvement des taux d'intérêts, arrêt des projets immobiliers, interdiction d'emprunt pour les gouvernements d'État, réduction de 15% du budget par rapport à 1983, réalignements des droits d'importation, réduction du déficit de la balance de paiement en réduisant les importations, priorité à l'importation de matières premières et de matériel utile pour l'agriculture et l'industrie.
Buhari est également connu pour sa gestion de la crise alimentaire de 1984-1985, où, pour des raisons populistes, il expulse le million de Nigériens vivant alors au Nigeria, alors que les ressources alimentaires au Niger étaient encore plus rares qu'au Nigeria. La grande famine est ainsi appelée au Niger Haoussa et Kanouri (est du pays) "El-Buhari".
Le gouvernement militaire de Buhari est peu ou prou resté sur la même ligne politique que Shehu Shagari concernant les relations internationales. En janvier 1984, dans son discours annuel radiodiffusé, Buhari déclare en effet qu'il maintiendra, voire renforcera, les relations diplomatiques avec des organisations telles que l'OUA, l'ONU, l'OPEP ou encore la CEDEAO. Il indique également qu'il honorera les obligations conventionnelles contractées par les gouvernements précédents.
En 1985, alors que la criminalité augmente et que l'économie du pays est en berne, le gouvernement de Buhari ouvre ses frontières avec le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun (fermées depuis avril 1984) afin d'accélérer l'expulsion de 700 000 étrangers et travailleurs migrants.
Alors qu'il est chef de l'État, Buhari est impliqué dans un scandale concernant le sort de 53 valises, contenant prétendument 700 millions de dollars et détenues par l'émir du Gwandu, qui ont été dédouanées sans inspection sur le vol de l'émir en provenance d'Arabie Saoudite.
En 20 mois à la tête du Nigeria, Buhari a adopté nombre de décrets, dont certains constituent une atteinte aux droits de l'Homme. Son régime est la cible de nombreuses critiques dans le monde, à l'image de la pièce de théâtre écrite par le premier lauréat nigérian du Prix Nobel, Wole Soyinka, intitulée Les Crimes de Buhari qui décrit un grand nombre de violations menées sous son régime militaire.
Début 1984, par le biais du Décret n°2 et pour des raisons de sécurité d'État, le chef de cabinet de Buhari peut infliger jusqu'à 3 mois de détention, sans procès ni charges, à n'importe quel individu considéré comme un risque pour la sécurité du pays. Le Décret interdit de plus les manifestations populaires et donne des pouvoirs sans précédent aux services secrets nigérians. Ces derniers jouent un grand rôle dans la répression de la dissidence publique en intimidant, harcelant et emprisonnant chaque personne qui brise l'interdiction de manifester ou de faire la grève. En octobre 1984, plus de 200 000 fonctionnaires sont ainsi licenciés. De nombreux opposants politiques sont également enfermés en prison.
Le 20 mars 1984, Muhammadu Buhari déclenche une guerre contre l'indiscipline, connue aujourd'hui sous l'acronyme WAI (War against indiscipline) afin de lutter contre le manque de moralité publique et de responsabilité civique de la société nigériane. Les Nigérians considérés comme indisciplinés doivent former des files d'attente devant des soldats équipés de fouets. Les fonctionnaires arrivant en retard au travail sont humiliés et forcés à faire des sauts de grenouille. Toujours en vertu de la lutte contre l'indiscipline, tout étudiant âgé de plus de 17 ans surpris en train de tricher à un examen peut être condamné à 21 ans de prison. La contrefaçon et les incendies criminels sont quant à eux passibles de la peine de mort.
En août 1985, Muhammadu Buhari est renversé par un coup d'État dirigé par le général Ibrahim Babangida et d'autres membres du Conseil militaire suprême. Parmi les alliés de Babangida figure le frère de Fela Kuti, Olukoye Ransome-Kuti, un médecin qui avait mené une grève contre Buhari quelques mois plus tôt pour protester contre la baisse des services de soins de santé. Après le coup d'État, Buhari est enfermé dans une prison à Benin City jusqu'en 1988. Les partisans de Buhari déclarent qu'il a été renversé par des personnes corrompues de son gouvernement qui avaient peur d'être traduites en justice alors que sa politique commençait à montrer des résultats en termes de discipline publique, de lutte contre la corruption, de réduction de l'inflation et de productivité. Ibrahim Babangida justifie de son côté son coup d'État en évoquant l'échec de Buhari dans la résolution des problèmes économiques du pays et promet de "revitaliser l'économie ravagée par des décennies de mauvaise gestion du gouvernement et de corruption".
Muhammadu Buhari a été président du Petroleum Trust Fund (PTF), un organisme créé par le gouvernement du général Sani Abacha et financé par les recettes du marché pétrolier. Un rapport de 1998 du New African salue la transparence de la PTF sous la présidence de Buhari, mais note également que certains critiquent la répartition des ressources de la PTF dont 20 % vont à l'armée.
Le 19 avril 2003, Muhammadu Buhari, après s'être présenté à l'élection présidentielle nigériane comme candidat du All Nigeria People's Party (ANPP), perd ces dernières face au candidat du People's Democratic Party, Olusegun Obasanjo, avec plus de 11 millions de voix d'écart. Buhari contestera les résultats. Le 18 décembre 2006, il est de nouveau désigné comme candidat de l'ANPP pour la prochaine élection présidentielle. Son principal concurrent a été le candidat PDP, Umaru Yar'Adua, également originaire de Katsina. Lors de l'élection, 18% des voix sont pour Buhari contre 70% pour Yar'Adua. Après le prise de fonction de Yar'Adua, l'ANPP a rejoint son gouvernement.
En mars 2010, Muhammadu Buhari a quitté l'ANPP pour le Congrès progressiste (APC), un parti qu'il a contribué à fonder. Le 16 avril 2011, Muhammadu Buhari a été le candidat de APC à la présidentielle du Nigeria face à 20 autres candidats, parmi lesquels le candidat sortant Goodluck Jonathan du PDP. Il a axé sa campagne sur la lutte contre la corruption et s'est engagé contre l'immunité qui protège les représentants du gouvernement. Il se positionne également en faveur de l'application de la charia dans les états du nord du Nigeria. Une position qui lui a cause des difficultés politiques parmi les électeurs chrétiens du sud du pays. Des partisans de Buhari ont attaqué des colonies chrétiennes dans le centre du pays et ces élections sont entachées par la violence sectaire généralisée, qui coûte la vie à 800 personnes à travers le pays. Muhammadu Buhari a perdu les élections il restait cependant populaire grâce à son opposition marquée à la corruption, mais ne remporte qu'un total d'environ 12 millions de votes à l'élection présidentielle, terminant deuxième derrière Goodluck Jonathan du PDP et ses 22 millions de votes.
En 2012, le nom de Buhari est ajouté sur une liste constituée par l'organisation terroriste Boko Haram et énumérant les personnes de confiance avec qui il est possible de négocier. Un an plus tard, Muhammadu Buhari est l'auteur d'une série de déclarations litigieuses concernant Boko Haram. Il demande notamment au gouvernement fédéral d'arrêter le massacre des membres de l'organisation terroriste et critique la prévalence de militants chrétiens dans le sud du pays. Il déclare que la « responsable des problèmes de sécurité dans le pays » est « l'activité militante du delta du Niger ». Il remet également en cause le traitement spécial accordé à ces militants par le gouvernement fédéral et déplore le fait que les membres de Boko Haram soient tués.
En mai 2014, après l'enlèvement des lycéennes de Chibok, Buhari dénonce toutefois les actions de Boko Haram et demande aux nigérians de « mettre de côté la religion, la politique et toutes autres divisions afin d'écraser l'insurrection, attisée par des fanatiques insensés déguisés en musulmans ». Quelques mois plus tard, il échappe à un attentat à la bombe revendiqué par Boko Haram à Kaduna, qui fait 82 morts.
En 2015 il s`est présenté de nouveau à l'élection présidentielle, toujours comme candidat de l'APC et a axé une nouvelle fois sa campagne sur la lutte contre la corruption, se construisant une image d'homme honnête. En janvier 2015, le groupe d'insurgés MEND (Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger) se positionne en faveur de la candidature de Buhari dans la course présidentielle. Le 28 mars 2015, il est élu face au président sortant Goodluck Jonathan.
En 2001, Muhammadu Buhari a donné son soutien à la mise en application totale de la charia dans le pays, déclarant : « je continuerai à montrer mon engagement total à la Sharia qui déferle sur tout le Nigeria (...) si Dieu le veut, nous n'arrêterons pas l'agitation pour la mise en œuvre totale de la Sharia dans le pays ». Le 4 janvier 2015, il se déclare cependant en faveur de la liberté de religion, déclarant que « la religion ne doit jamais être utilisée comme une excuse pour diviser, opprimer les autres ou obtenir des avantages injustes », ajoutant que toute sa vie, il a « exprimé la conviction que tous les Nigérians doivent adorer Dieu selon leur souhait ».

Goodluck Jonathan(1957-)
religion : chrétien ; ethnie : Ijaw ; parti : PDP

Goodluck Jonathan est né le 20 novembre 1957, à Otueke, d'une famille de fabricants de canots. Il est titulaire d'un doctorat de zoologie de l'université de Port Harcourt. Il détient également une maîtrise ès sciences en hydrobiologie et en biologie de la pêche. Après ses études, il devient inspecteur d'école, lecteur à l'université et chargé de la protection environnementale. Il entre en politique en 1998. Jonathan est élu vice-gouverneur de l'État de Bayelsa, État producteur de pétrole du sud du pays, le 29 mai 1999 sur le ticket du gouverneur Diepreye Alamieyeseigha. Le gouverneur Alamieyeseigha a été mis en examen puis mis sous contrôle judiciaire au Royaume-Uni pour une affaire de blanchiment d'argent en 2005. Il est destitué par l'Assemblée de l'État de Bayelsa et Jonathan devient gouverneur le 9 décembre 2005.
Le PDP a élu Umaru Yar'Adua comme candidat pour l'élection présidentielle d'avril 2007 et ce dernier choisit Jonathan comme candidat à la vice-présidence. Le choix de Jonathan comme candidat à la vice-présidence est fondé sur la division géographico-religieuse du pays : si Yar'Adua représente le Nord musulman, Jonathan représente lui le Sud chrétien. En tant que vice-président, il a été également membre du Conseil national de sécurité, du Conseil de défense nationale et du Conseil fédéral exécutif. Il a été aussi président du Conseil économique national. Il a joué un rôle dans la négociation d'un accord avec des groupes militants du delta du Niger, pour la plupart Ijaws, et a contribué au cessez-le-feu alors déclaré dans le cadre d'une amnistie gouvernementale.
Du 23 novembre 2009 au 23 février 2010, le président Yar'Adua est hospitalisé à Djeddah en Arabie saoudite pour des problèmes cardiaques.
Poussé par la puissante association des gouverneurs et par un vote du Sénat le 9 février, Jonathan accepte d'être investi président par intérim. Cette investiture est contestée car constitutionnellement, le président doit notifier par écrit qu'il est dans l'incapacité de gouverner, ce qui n'a pas été fait. Au retour du président, il continue à assurer l'intérim, Yar'Adua ne semblant pas en mesure de reprendre ses fonctions. Ce dernier meurt le 5 mai 2010, après un traitement médical en Arabie saoudite en novembre 2009, et Jonathan lui a succèdé officiellement le 9 mai 2010.
Le 16 avril 2011, Goodluck Jonathan a remporté l'élection présidentielle dès le premier tour avec 57 % des voix contre 31 % à Muhammadu Buhari, remportant 22 États sur 36. Le résultat est contesté par Buhari auprès de la commission électorale et des affrontements interreligieux éclatent dans le Nord du pays, faisant plus de 800 morts en trois jours. Les observateurs étrangers, menés par John Kufuor, (ancien président de la République du Ghana (2001-2009) et président de l'Union africaine (2007-2008)) ont cependant noté une bonne tenue de l'élection par rapport aux précédentes. Un de ses premiers objectifs a été de réformer le secteur énergétique afin d’approvisionner de manière stable en électricité l’intégralité du pays. Le Nigeria est historiquement en proie à des pannes fréquentes d’électricité. Selon les économistes, ces pannes coûtent au pays des milliards de dollars en pertes de production et importation de générateur diesel24. Jonathan supervise la privatisation du secteur. La Power Holding Company of Nigeria cède le contrôle de ses actifs à 15 entreprises soumissionnaires privées25. Une opération supervisée par la CPCS Transcom Limited, une société de conseil basée au Canada spécialisée dans les projets de transport et d’infrastructures énergétiques26.
Le 11 octobre 2011, Goodluck Jonathan lance le plan Youth Enterprise with Innovation in Nigeria (YOUWIN), un concours destine à exploiter l’énergie créatrice des jeunes âgés de 18 à 35 ans. L’initiative doit créer entre 40 000 et 50 000 emplois durables à l’horizon 201427.
En 2013, Jonathan fait aussi l'objet d'une enquête de la part de la EFCC sur le financement de concerts au Nigeria avec Beyoncé, Snoop Dogg et Jay-Z28.
Il promulgue en 2014 une loi punissant de 10 ans de prison les personnes affichant publiquement une relation homosexuelle et de 14 ans de prison celles se mariant avec une personne de même sexe, alors que l'homosexualité est déjà sévèrement réprimée au Nigéria. Cette loi a été votée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en 201329 et reçoit le soutien de 92 % des Nigérians30 dans un pays où, selon les sondages, 98 % des habitants ne pensent pas que l'homosexualité devrait être acceptée par la société30.

Articles connexes : Rébellion djihadiste au Nigeria et Boko Haram.
Le 26 août 2011, après l’explosion du bâtiment de l’ONU à Abuja orchestré par le groupe terroriste Boko Haram, Jonathan annonce qu’il compte « travailler avec l’ONU et d’autres dirigeants du monde entier pour s’assurer que le terrorisme reste sous contrôle ».
Le 14 mai 2013, il déclare l'état d’urgence dans trois États nigérians du nord-est, Borno, Yobe et Amadaoua, afin de limiter les activités de Boko Haram. Malgré une amnistie déclarée en juin 2013, il ordonne des peines d’emprisonnement de 20 ans pour toute personnes jugée comme étant proche de Boko Haram.
Goodluck Jonathan est contraint, début 2014, de renvoyer les chef d'état major de son armée. En effet, il les avait nommés sans concertation avec l'assemblée nationale, comme la loi l'y obligeait. Une décision de justice en juillet 2013 a donc jugée ces nominations illégales. Jonathan se plie à cette décision en janvier, lorsque l'avocat à l'origine de la plainte lui écrit afin de lui demander de la respecter. Le nouvel état-major est nommé en concertation avec l'assemblée nationale. Ce renvoi est toutefois interprété diversement puisque d'autres médias considèrent que le limogeage de son état major est dû à l'incapacité de ces derniers à lutter contre Boko Haram, un groupe terroriste islamiste35.
Au cours de l’année, l’administration de Jonathan subit des pressions concernant l’enlèvement de 200 écolières par Boko Haram. Après plusieurs manifestations de la population, considérant que le pays ne réagit pas suffisamment, Jonathan propose de libérer des prisonniers en échange de la libération des jeunes filles. Il en discute ensuite à Paris avec les ministres des Affaires étrangères français, britannique, américain et israélien qui lui conseillent de ne pas faire de marché avec Boko Haram. Il suit leur conseil dans un premier temps avant de finalement, le 24 mai 2014, demander un échange avec des prisonniers. Ce revirement aurait irrité les dirigeants de Boko Haram36.
Élection présidentielle de 2015
Le 28 mars 2015, il est battu lors de la président face au général et ancien chef de l'État Muhammadu Buhari. Il accepte sa défaite, demandant à ses partisans d'accepter le résultat des urnes : « L'ambition de quiconque ne justifie pas qu'on verse le sang d'un nigérian (...) L'unité, la stabilité et le progrès de notre cher pays importent plus que tout ». Il s'agit là de la première alternance démocratique du Nigéria.

George Taubman Goldie
Sir George Dashwood Taubman Goldie (20 May 1846 – 20 August 1925) was a Manx administrator who played a major role in the founding of Nigeria. In many ways, his role was similar to that of Cecil Rhodes elsewhere in Africa but he lacked Rhodes' thirst for publicity. He was educated at the Royal Military Academy, Woolwich, and for about two years held a commission in the Royal Engineers. He travelled in all parts of Africa, gaining an extensive knowledge of the continent, and first visited the country of the Niger in 1877.
He conceived the idea of adding to the British Empire the then little known regions of the lower and middle Niger, and for over twenty years his efforts were devoted to the realization of this conception. The method by which he determined to work was the revival of government by chartered companies within the empire, a method supposed to be buried with the British East India Company. The first step was to combine all British commercial interests in the Niger, and this he accomplished in 1879 when the United African Company was formed.[citation needed]
In 1881, Goldie sought a charter from Gladstone's government. Objections of various kinds were raised. To meet them the capital of the company (renamed the National African Company) was increased from £250,000 to £1,000,000, and great energy was displayed in founding stations on the Niger.
At this time French traders, encouraged by Léon Gambetta, established themselves on the lower river, thus rendering it difficult for the company to obtain territorial rights; but the Frenchmen were bought out in 1884, so that at the Berlin Conference on West Africa in 1885, Goldie, present as an expert on matters relating to the river, was able to announce that on the lower Niger the British flag alone flew. Meantime the Niger coast line had been placed under British protection. Through Joseph Thomson, David McIntosh, D. W. Sargent, J. Flint, William Wallace, E. Dangerfield and numerous other agents, over 400 political treaties drawn up by Goldie were made with the chiefs of the lower Niger and the Hausa states. The scruples of the British government being overcome, a charter was at length granted (July 1886), the National African Company becoming the Royal Niger Company, with Henry Austin Bruce, 1st Baron Aberdare as governor and Goldie as vice-governor. In 1895, on Lord Aberdare's death, Goldie became governor of the company, whose destinies he had guided throughout.
The building up of Nigeria as a British state had to be carried on in face of further difficulties raised by French travellers with political missions, and also in face of German opposition. From 1884 to 1890, Otto von Bismarck was a persistent antagonist, and the strenuous efforts he made to secure for Germany the basin of the lower Niger and Lake Chad were even more dangerous to Goldie's schemes of empire than the ambitions of France. Eduard Robert Flegel, who had travelled in Nigeria during 1882-1884 under the auspices of the British company, was sent out in 1885 by the newly formed German Colonial Society to secure treaties for Germany, which had established itself at Cameroon.
After Flegel's death in 1886, his work was continued by his companion Dr Staudinger, while Herr Hoenigsberg was despatched to stir up trouble in the occupied portions of the Company's territory, or, as he expressed it, "to burst up the charter". He was finally arrested at Onitsha, and, after trial by the company's supreme court at Asaba, was expelled from the country. Bismarck then sent out his nephew, Herr von Puttkamer, as German consul general to Nigeria, with orders to report on this affair, and when, this report was published in a White Book, Bismarck demanded heavy damages from the company.
Meanwhile, Bismarck maintained constant pressure on the British government to compel the Royal Niger Company to a division of spheres of influence, whereby Great Britain would have lost a third, and the most valuable part, of the company's territory. But he fell from power in March 1890 and, in July, following Robert Gascoyne-Cecil, 3rd Marquess of Salisbury, concluded the famous Heligoland-Zanzibar Treaty with Germany. The aggressive action of Germany in Nigeria entirely ceased, and the door was opened for a final settlement of the Nigeria-Cameroon frontiers.
These negotiations, which resulted in an agreement in 1893, were initiated by Goldie as a means of arresting the advance of France into Nigeria from the direction of the Congo. By conceding to Germany a long but narrow strip of territory between Adamawa and Lake Chad, to which she had no treaty claims, a barrier was raised against French expeditions, semi-military and semi-exploratory, which sought to enter Nigeria from the east. Later French efforts at aggression were made from the western or Dahomeyan side, despite an agreement concluded with France in 1890 respecting the northern frontier.


CLIVAGES, CONFLITS INTERNES

- Islam (Sharia) et Christianisme (-animisme)


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- Péninsule Bakassi : conflit frontalier avec le Cameroun
Bakassi est l'extension de la péninsule de Calabar dans le golfe de Guinée. Ce territoire de 1 000 km2 situé à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun a fait l'objet d'un sérieux contentieux entre les deux pays. Précédemment administré par le Nigeria, un jugement de la Cour internationale de justice de La Haye, rendu le 10 octobre 2002, attribue la souveraineté du territoire au Cameroun. Il se base sur le traité signé en 1913 entre les deux puissances coloniales de l'époque dans la région, la Grande-Bretagne, qui occupait le Nigeria et l'Allemagne qui occupait le Cameroun. L'accord ordonne à l'armée nigériane de se retirer de la péninsule avant le 14 août 2008. Le Cameroun a pris, le 14 août 2013, la pleine possession de la péninsule de Bakassi, proche du delta du Niger. Celle-ci était auparavant sous administration transitoire, depuis l’accord du 14 août 2008, par lequel le Nigeria avait formellement remis le territoire aux autorités camerounaises, après quinze ans de conflits frontaliers.Comptant environ 40 000 habitants, dont de nombreux Nigérians, elle était placée, depuis le 14 août 2008, sous une administration transitoire, négociée par le Nigeria et le Cameroun sous l’égide de l’ONU.


Source de l'image : http://fr.wikieducator.org/images/0/04/Image_carte_peninsule_de_bakassi.jpg

Situation géographique
Pays d’Afrique occidentale de 923 768 km² bordé par le golfe de Guinée, le Nigeria est frontalier du Bénin à l'ouest, du Niger au nord, du Tchad au nord-est et du Cameroun à l'est.

Démographie
Population totale : 168,8 millions d'habitants
Densité : 182,77 hab./km²
Indice de fécondité : 6
Croissance démographique : 2,8 %
Espérance de vie : Femmes : 52,4 ans - Hommes : 51,8 ans

Société
Ethnies : Haoussas, Ibos, Yoroubas, Peuls…
Langues : anglais, haoussa, yorouba
Religions : musulmans (50 %), chrétiens (40 %), animistes
Alphabétisation : 51 %
Développement humain : 152e / 187 pays (PNUD 2014)

Economie
Monnaie : naira
Croissance : 6,4 % (2013)
Inflation : 8,48 %
PIB par habitant : 1555 $
Dette publique : 18,39 % du PIB

Source de l'image :

Sources :
http://www.krepublishers.com/02-Journals/T%20&%20T/T%20&%20T-07-0-000-09...

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dernière mise à jour : 08/12/2015

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