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Burundi : Dossier

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HISTOIRE (du XX.eme siècle.-)

Clivages, conflits internes,

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Territoire: 27.834 km2
Population: 11 865 821 (2020)
Densité : 426 hab./km2 (Pays le plus densement habité de l`Afrique.)


HISTOIRE - CHRONOLOGIE

La période précoloniale
- Avant la colonisation : coexistence de 3 communautés d’origines différentes – les Twas apparentés aux tribus pygmées, les Hutus peuple d’agriculteurs et les Tutsi, pasteurs venus du nord - qui se sont assimilées les unes aux autres avec le temps.
- A partir du XVIe siècle : différentes monarchies sont progressivement unifiées.

La Monarchie Ganwa - Royaume du (B)urundi (?1680-1966)
La monarchie burundaise s'appuie sur une composante de la population appelée Ganwa, distincte des tutsis. Certains analystes du Burundi les considèrent comme des tutsis. Toutefois, au fil du temps, ce groupe social connaît un déclin et le clan est intégré aux Tutsis.
Ntare Ier Kivimira Savuyimba Semunganzashamba Rushatsi Cambarantama (ca 1680 ou 1710) serait le fondateur présumé de la monarchie ganwa du Burundi. Il était un descendant légendaire de la famille Ntwero et était probablement le premier roi du Burundi.
Il existe deux principales légendes fondatrices pour le Burundi. Les deux suggèrent que la nation a été fondée par un homme du nom de Cambarantama. Une légende le dit originaire du Rwanda. L'autre version, plus courante dans le Burundi précolonial, le dit originaire de l'Etat du sud de Buha.
- 19ème siècle : le langage (kirundi) et la culture communs se forment
- 1720-1760 : I. Ntare , monarcie féodale
- 1825-1852 : Le Burundi atteint sa plus grande expansion sous le règne du mwami Ntare (II.) Rugamba (1796-1850), cependant émeutes internes et lutte contre les commerçants d`esclave arabes

Colonie allemande : membre de l`Afrique Orientale Allemande (1885?-1919)
L’histoire de la colonie allemande débute avec Carl Peters, fondateur de la Société pour la colonisation allemande. Le 3 mars 1885, le gouvernement allemand annonça qu’il avait délivré une autorisation impériale à Peters dans l’intention d’établir un protectorat en Afrique de l’Est. Devant les protestations du sultan de Zanzibar, qui se considérait également souverain sur le continent, Bismarck envoya cinq navires de guerre qui attaquèrent le palais du sultan le 7 août. L’Allemagne et la Grande-Bretagne se partagèrent alors le territoire de l’actuelle Tanzanie continentale. L’Allemagne prit rapidement possession de Bagamoyo, Dar es Salaam et Kilwa. La révolte d'Abushiri, qui éclata en 1888, fut maîtrisée avec l’aide de la Grande-Bretagne l’année suivante. En 1890, Londres et Berlin signèrent le traité de Heligoland-Zanzibar, qui donnait Heligoland à l’Allemagne et définissait les limites de l’Afrique orientale allemande – les frontières exactes ne furent tracées qu’en 1910.
- 15 novembre 1884-26 février 1885 : la Conférence de Berlin définit les règles de partage de l'Afrique entre les nations européennes.

- 1899-90 : L`Allemagne occupe le territoire du Rwanda, du Burundi et une partie de la Tanzanie et rattache à la Colonie de l`Afrique Orientale Allemande
- 1890 : le Burundi devint une composante de l'Afrique orientale allemande mais il ne fut pas effectivement occupé ou dirigé par le pouvoir colonial. Au Burundi, tout comme au Rwanda voisin, les Allemands appliquent une politique d'indirect rule et laissent intactes les structures sociales. Ce système a permis aux minorités Tutsi de bénéficier d'un statut élevé d'aristocrates alors que les Hutus étaient rejetés en bas de l'échelle sociale.
- 1916 : occupé par les troupes belges
- 28 juin 1919 : Traité de Versailles : l'Allemagne doit renoncer à son empire colonial (art. 119).

Ruanda-Urundi - Source de l'image :

Pendant la Première Guerre mondiale, les troupes belges du Congo belge occupent le Burundi et le Rwanda. En 1919, sous l'égide de la Société des Nations, la Belgique est chargée d'administrer le Rwanda-Urundi. Même s'ils sont contraints de favoriser le progrès social sur leur territoire, les Belges ne modifient pas les structures de pouvoir locales. Après la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies sont fondées ; le Rwanda-Urundi devient un territoire confié à l'ONU sous l'administration des Belges, qui avaient pour mission d'éduquer les populations locales en matière politique pour les préparer à l'indépendance.

Ruanda-Urundi: Partie du Congo belge (1923-1962)
C'est à la Belgique que la Société des Nations confie en 1923 un mandat sur ce qui constituera plus tard le Rwanda et le Burundi. En 1925, ces territoires sont rattachés administrativement au Congo belge dont ils deviennent alors la septième province tout en conservant un statut conforme au mandat. La police coloniale y fut donc assurée de 1922 à 1962 par des détachements de la Force publique congolaise. L'administration indirecte reposant sur l'aristocratie locale a renforcé, dans une assez grande ignorance, des rouages de la société indigène, composée dans les deux régions des ethnies Twa, Hutu et Tutsi, mais avec des structures très différentes. Le territoire sous mandat belge a d'abord pour monnaie le franc congolais, de 1916, jusqu'en 1960 et l'indépendance du Congo Belge qui devient la République du Congo. Le franc du Ruanda-Urundi le remplace jusqu'en 1964. En effet, après l'indépendance du Rwanda et du Burundi en 1962, le franc du Ruanda-Urundi a continué à circuler jusqu'en 1964, année où la monnaie a finalement été remplacée par deux monnaies nationales distinctes : le franc rwandais et le franc burundais.
- 31 août 1923 : la Société des Nations à Genève donne à la Belgique un mandat d'administration du Ruanda-Urundi (Ruanda et Burundi). Abolition officielle de l`esclavage.
- 21 août 1925 : intégration du territoire du Ruanda-Urundi à la colonie du Congo belge
1931 : Introduction de la carte d’identité mentionnant l’ethnie.
- 1934-1935 : recensement des populations du Ruanda-Urundi préalable à l'instauration d'un livret d'identité comportant l'appartenance ethnique.
- 1943-1944 : famine meurtrière due à la sécheresse ????

- 1946 : Après la dissolution de la Société des Nations, le Ruanda-Urundi est un mandat belge sous la tutelle de l'ONU.
- 1958 : Aprés la signature de l’accord de Kavumu (Bugarama, Muramvya) entre le Prince RWAGASORE, qui apportait la popularité liée au prestige monarchique, et Pau MIREREKANO, agronome, militant connu pour la justice sociale qui apportait sa popularité dans les milieux paysans et dans les milieux de la petite bourgeoisie naissante; fondation du parti UPRONA par Louis Rwagasore, fils du mwami Mwambutsa IV et Mirerekano. Le parti a voulu l`indépendance immédiate. Les colonisateurs belges ont soutenu son opposant Pierre Baranyanka qui était contre une indépendance précipitée et fondé le Parti démocrate chrétien (PDC.)
- Les habitants de l'Urundi sont autorisés à participer à la vie politique en 1959.
- 1961: Un gouvernement local aux pouvoirs limités est établi : L'Union pour le progrès national (UPRONA) remporte une victoire éclatante aux élections nationales et son dirigeant, Louis Rwagasore, devient premier ministre. Bien qu'il soit le fils du roi Mwambutsa IV, il organise un service pour l'égalité des chances, ce qui suscite des espoirs de relations interethniques pacifiques. Il est assassiné un mois après sa prise de fonction. La polarisation des ethnies, qui jusque-là intéresse peu la classe dirigeante, ne tarde pas à absorber l'attention des élites politiques après l'assassinat.

BURUNDI INDEPENDANT

- 1er Juillet 1962 : Proclamation de l’Indépendance du Royaume de Burundi (-1966) secession du Rwanda-Urundi, dans un climat de conflits ethniques accentués par la crise du Rwanda et la rébellion au Congo belge (Congo-Kinshasa).
- 1962 : prise de contact avec l`URSS
- 8 juillet 1966 : Le roi du Burundi Mwambusta IV est déposé par son fils Ntare V le Lion.
- du 11 juillet au 28 novembre 1966 : Michel Micombero un Hima (Tutsi du Sud) devient premier ministre de Burundi.

La dictature de Michel Micombero (Hima/Tutsi, UPRONA, 1966-1976)
- 28 novembre 1966 : Micombero mène un coup d'Etat, renverse le roi Ntare V, abolit la monarchie, proclame la République et devient président. Il instaure une dictature militaire, soutenu par le parti unique UPRONA et par la communauté tutsi.
- 1971: Micombero réprime les libéraux tutsis et élimine physiquement l’élite politique et militaire hutu
Ikiza: "le génocide des Hutus" en 1972
- avril 1972 : à la suite d'une tentative de coup d'État fomentée par des officiers Hutus, Micombero fait massacrer entre 100 000 et 300 000 Hutus. L'Ikiza (traduite depuis le kirundi sous les noms de : « Catastrophe », « Grande Calamité », « Fléau ») ou Ubwicanyi (« tueries ») est une série de meurtres de masse — souvent décrits comme un génocide — commis au Burundi en 1972 par l'armée et le gouvernement dominés par les Tutsis contre les intellectuels et les élites Hutus qui vivaient dans le pays. Le Roi déchu Ntare V est assassiné dans des circonstances non élucidées. En 1985, les Nations-unies qualifient, rétrospectivement, les tueries de 1972 de génocide.

Les secteurs d'activité des rebelles hutus et la densité des réfugiés de l'Ikiza, carte du CIA - Source de l'image :

Le régime de Jean-Baptiste Bagaza (Tutsi, UPRONA, 1976-1987)
- 1er novembre 1976 : Bagaza prend le pouvoir à l’issue d’un coup d’État contre Michel Micombero, premier président qui avait renversé une monarchie multiséculaire en 1966. Micombero part en exil en Somalie.
- 18 novembre 1981 : Une nouvelle Constitution qui instaure un parti unique, l'Union pour le progrès national (Uprona), est adoptée par référendum.
- 31 août 1984 : Bagaza est élu président
- 11 décembre 1984 : Le 11è sommet franco-africain se tient au Burundi, en présence du président français François Mitterrand.

Première présidence de Pierre Buyoya (Tutsi, UPRONA, 1987-1993)
Il a été l'initiateur et le meneur de la démocratie au Burundi et a longuement œuvré à l'amélioration des relations entre Tutsis et Hutus du Burundi en mènant une « politique d'unité et de réconciliation. Il a composé un gouvernement avec un nombre égal de Hutus et de Tutsis. Inspiré par un discours de Mitterrand à La Baule sur la démocratisation de l'Afrique, il entame un processus de démocratisation du Burundi en 1991, qui aboutit à des élections libres et multipartites.
- 5 février 1991 : Charte de l'Unité nationale, création de la journée de l'unité nationale entre Hutus et Tutsis.
- 1992 une nouvelle constitution est approuvée, rédigée par la commission qui prévoit la mise en place d'un gouvernement non ethnique, avec un président de la République et un parlement.
- 9 mars 1992 : Rétablissement du multipartisme par référendum populaire et création du parti à majorité hutu FRODEBU (Front pour la Démocratie au Burundi).
- Juin 1993 : Élections présidentielles et législatives consacrant la victoire du FRODEBU, et un premier président démocratiquement élu, premier président hutu du Burundi, Melchior Ndadaye ainsi le parti de Buyoya, l'Union pour le progrès national (UPRONA), perd les élections.

GUERRE CIVILE BURUNDAISE (1993-2005)
- 21 octobre 1993 : Le colonel Bokomagu, Mayugi et Bagaza mènent un coup d'Etat, assassinat de Melchior Ndadaye. Massacres contre les paysans tutsis (des centaines de milliers de victimes et de nombreux réfugiés). Des factions rebelles se créent dont le futur CNDD-FDD et le FNL.
- 13 janvier 1994 : Cyprien Ntaryamira est élu président
- 6 avril 1994 : Le nouveau Président du Burundi Cyprien Ntaryamira décède dans le même avion que le Président rwandais Juvénal Habyarimana. Contrairement aux Burundais qui ne réagirent presque pas à l’annonce de la mort de leur président, au Rwanda un génocide contre les Tutsis était déclenché.
- juillet 1994 : Sylvestre Ntibantunganya, lui aussi issu du FRODEBU, devient président de la République.
- 5 juin 1995 : Lors d'une opération de "nettoyage", l'armée en majorité tutsie massacre plusieurs dizaines de personnes dans les quartiers hutus de Bujumbura (Kamenge et Kinama).

Deuxième Présidence de Pierre Buyoya (Tutsi, UPRONA, 1996-2003) et présidence de Domitien Ndayizeye (Hutu, FRODEBU, 2003-2005)
- 25 juillet 1996: Pierre Buyoya mène un deuxième coup d'Etat.
- 1998 : Début des négociations de paix d’Arusha avec les rebelles hutus, sous la médiation de l’ancien Président tanzanien Julius Nyerere.
- Fin Août 2000 : Les Accords de paix d’Arusha sont signés, qui consacrent un gouvernement de transition de trois ans pour organiser les élections avec deux présidents, l’un issu du FRODEBU Domitien Ndayizeye, et l’autre issu de l’UPRONA le Major Pierre Buyoya.
- 2001 : Début du processus de paix avec le CNDD-FDD (Conseil National pour la Défense de la Démocratie/ Force pour la Défense de la Démocratie) dirigé par Pierre Nkurunziza.
- 2001 (2003?) : scission du CNDD-FDD : Le CNDD-FDD s'est scindé en deux en 2003. L'un a gardé le nom et s'est placé sous l'autorité de Pierre Nkurunziza, tandis que l'autre devenait le CNDD et est dirigé depuis lors par Léonard Nyangoma.
- 30 avril 2003 : Conformément aux accords d'Arusha, Buyoya remet le pouvoir à Ndayizeye.
- 3 juillet 2003 : Le FNL, seule faction rebelle n’ayant pas accepté de participer au processus de paix, lance de violentes attaques sur la capitale Bujumbura et ce, durant trois semaines. 40.000 habitants fuient.
- Octobre 2003 : Les Forces armées burundaises ou FAB fusionnent avec les anciens belligérants du CNDD-FDD, création des FDN, Forces de Défense Nationale.
- 15 octobre 2004 : La période de transition politique est prolongée de 6 mois.
- 2005 : Le CNDD-FDD devient un parti politique.
- 28 février 2005 : La nouvelle Constitution, adoptée par référendum (90%), prévoit une répartition plus équitable du pouvoir entre Hutus et Tutsis.
- Mai-Juillet 2005 : Élections communales, législatives, sénatoriales et présidentielles remportées dans tous ces scrutins par le parti CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza. Il sera désigné par son parti pour devenir le nouveau Président de la République du Burundi.
- 4 août 2005 : La Banque mondiale allège de 80% de la dette extérieure du Burundi.

Présidence de Pierre Nkurunziza (Hutu/Tutsi, CNDD-FDD, 2005-2020)
- 26 août 2005 : Investiture de l’ancien chef rebelle des FDD, Pierre Nkurunziza, en tant que Président de la République du Burundi. Nkurunziza est le premier président de l'après-transition élu par les députés et les sénateurs.
- avril 2006 : Le couvre-feu en vigueur depuis les massacres interethniques de 1972 est levé.
- 21 août 2006 : L'ex-président Ndayizeye est arrêté pour tentative de coup d'Etat. (Acquitté en janvier 2007.)
- 7 septembre 2006 : Accord de paix signé à Dar-es-Salaam (Tanzanie) entre le gouvernement burundais et les Forces Nationales de Libération, dernière faction encore en armes.
- juillet 2007 : 28 cadres militaires et politiques des FNL reprennent le maquis.
- 4 septembre 2007 : Des affrontements entre 2 factions des FNL à Bujumbura font 21 morts.
- 26 mars 2008 : Les attaques des rebelles du FNL à Bujumbura s'achèvent : 100 morts.
- 30 mai 2008 : Le chef de la rébellion FNL, Rwasa, revient de 20 ans d'exil.
- 22 novembre 2008 : La peine de mort est abolie.
- 4 décembre 2008 : Un accord de paix entre le gouvernement et Rwasa, leader du FNL, est signé, annonçant le désarmement et la démobilisation des rebelles.
- 16 avril 2009 : Nomination au poste de chef d’État major de l’armée de l’ex-rebelle hutu Godefroid Niyombare.
- 22 mai 2009 : Promulgation d’une loi criminalisant l’homosexualité
- 28 juin 2010 : Réélection de Pierre Nkurunziza à la présidence de la République – Début de l’impasse politique.
- septembre 2011 : massacre de Gatumba (exécution dans un bar de 37 personnes considérées comme proches du pouvoir)
- début 2012 : l’Union européenne dénonce les arrestations arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, les actes de torture, mais aussi la corruption et le manque d’indépendance de la justice.
- 4 juin 2013 : promulgation d’une loi restreignant la liberté de la presse
- 8 mars 2014 : violents affrontements entre la police et des partisans du MSD (Mouvement pour la solidarité et le développement), un des principaux partis d’opposition. Quatre jours plus tard, Alexis Sinduhije, président du MSD et de retour d’exil depuis moins d’un an est inculpé avec 70 autres membres de son parti.
- 20 mars 2014 : les sports collectifs sont interdits dans les rues de Bujumbura afin d’éviter « les soulèvements politiques ».
- 21 mars 2014 : à une voix près, le projet de révision constitutionnel qui aurait permis à Pierre Nkurunziza de se présenter à nouveau en 2015 est abandonné.
- 27 juin 2014 : un émissaire de l’ONU dénonce les atteintes aux libertés, le "harcèlement" de la société civile et les violences politiques dans le pays, ainsi que la hausse des violences liées aux « Imbonerakure », la branche jeunesse du CNDD-FDD. Quelques semaines plus tôt, un rapport des Nations unies accusait le pouvoir d’armer ces jeunes.
- 24 avril 2015 : au cours de son Congrès, le CNDD-FDD nomme Pierre Nkurunziza pour le représenter lors des élections présidentielles prévues en mai. L’opposition juge l’initiative de Pierre Nkurunziza de se présenter pour un 3e mandat contraire à la Constitution. Début de la crise politique.
- 26 avril 2015 : manifestations à Bujumbura contre la décision de Nkurunziza de se présenter aux élections. La police tire sur la foule à balles réelles, les affrontements font 3 morts.
- 6 mai 2015 : l’ONU déplore la fuite de plus de 35 000 réfugiés burundais dans les pays voisins. Les violences liées à la contestation ont fait au moins 14 morts.
- 11 mai 2015 : L'UE, les USA et la Suisse demandent un report de la présidentielle.
- 13 mai 2015 : à la radio, le Général Godefroy Nyombaré annonce la destitution du président Nkurunziza, alors en Tanzanie.
- 14 mai 2015 : de retour au Burundi, Pierre Nkurunziza nie le coup d’État. Plusieurs membres de l’armée sont arrêtés. Le coup d’État a échoué.
- 16 mai 2015 : La crise politique fait environ 1200 morts et pousse à l'exode environ 400.000 personnes.
- 28 juin 2015 : élections législatives. Victoire du CNDD-FDD sans réel adversaire.
- 21 juillet 2015 : élection présidentielle.
- 24 juillet 2015 : Pierre Nkurunziza est déclaré vainqueur pour un 3ème mandat, ce qui est contraire à la Constitution selon les opposants.
- 24 octobre 2015 : la situation sécuritaire s’aggrave. Le HCDH (Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations-Unies) dénonce 198 morts depuis le début de la crise politique, dont des exécutions sommaires de civils.
- 30 octobre 2015, le président américain Barack Obama exprime sa volonté de suspendre le Burundi du programme AGOA en raison de plusieurs faits qui, selon lui, empêcheraient le peuple burundais de s'exprimer et qui ont « maintenu le président Nkurunziza au pouvoir ».
- 11 décembre 2015 : deux camps militaires sont attaqués par des insurgés armés. En représailles, les forces de sécurité se rendent dans les quartiers dits contestataires. L’armée annonce un bilan de plus de 80 morts tandis que la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme) déplore au moins 150 morts et autant de disparus.
- 6 janvier 2016 : selon le chef des opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, les violences ne cessent d’augmenter et les membres de l’opposition et de la société civile continuent d’être pris pour cible par la police, les services de sécurité et les Imbonerakure (milice des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD).
- 15 janvier 2016 : l’ONU dénonce l’existence de massacres ethniques, de charniers et de viols collectifs commis par les forces de sécurité.
- 2 mars 2016 : l’Union africaine nomme l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa médiateur dans la crise burundaise pour organiser un dialogue entre le président Nkurunziza et l’opposition. Ce dialogue connaît pendant l’année plusieurs tentatives et autant d’échecs.
- 25 avril 2016 : le procureur de la CPI (Cour pénale internationale) ouvre un examen préliminaire afin de déterminer si des crimes relevant de sa compétence ont été commis au Burundi.
- 20 septembre 2016 : publication d’un rapport de l’ONU dénonçant des violences de masse et parlant de graves violations des droits de l’homme, qui constitueraient de « possibles crimes contre l’humanité », commis d’avril 2015 à fin juin 2016.
- 7 octobre 2016 : le Burundi annonce son retrait de la CPI alors même que la communauté internationale dénonce les violences et que le CDH (Conseil des droits de l’homme de l’ONU) décide de mettre en place une Commission internationale d’enquête sur la responsabilité du gouvernement burundais dans de graves crimes. Cette Commission d’enquête est effective le 22 novembre.
- 20 octobre 2016 : Nkurunziza promulgue une loi prévoyant le retrait du CPI qu'il accuse d'être à la solde des grandes puissances.
- Décembre 2016 : depuis 2015 et le début de la crise politique qui secoue le Burundi, la Tanzanie voisine a accueilli plus de 110 000 réfugiés burundais.
- 3 janvier 2017 : La plus ancienne ligue burundaise des droits de l’homme, ITEKA, a été « définitivement radiée » de la liste des ONG locales autorisées à travailler au Burundi, par ordonnance ministérielle .
- Avril 2017 : Le HCDH parle d’une campagne de terreur organisée par le pouvoir. Des centaines d’Imbonerakure auraient plusieurs fois chanté des slogans appelant à mettre enceintes des femmes de l’opposition et à tuer les opposants.
- Mai 2017 : Plus de 400 000 Burundais ont fui le pays depuis 2015 selon un décompte du HCDH. La FIDH dresse également le bilan suivant : plus de 2 000 morts, des milliers de personnes torturées, plus de 10 000 en détention arbitraire.
- 14-15 2017 : la Commission d’enquête sur le Burundi présente son rapport lors de la 35ème Session du CDH à Genève. La Commission fait état d’exécutions extrajudiciaires, d’actes de torture, de violences sexuelles et sexistes, d’arrestations arbitraires, de détentions et disparitions forcées, avec demandes de rançons. Sont pointés du doigt les membres du service national du renseignement et de la police, parfois aidés par les Imbonerakure. Les victimes sont essentiellement les opposants au pouvoir en place.
- 20 juillet 2017 : lors d’une rencontre avec le président de la République de Tanzanie, Pierre Nkurunziza affirme que son pays est en paix. Le président tanzanien prie les réfugiés burundais de rentrer chez eux.
- 4 septembre 2017 : publication du rapport de la Commission d’enquête des Nations-Unies. Les enquêteurs penchent pour la qualification de ces actes en crimes contre l’humanité et demandent à la CPI d’enquêter sur les responsabilités. Le gouvernement burundais nie en bloc les conclusions du rapport et réaffirme son retrait effectif de la CPI pour octobre.
- 24 octobre 2017 : adoption en Conseil des Ministres d’un projet de révision constitutionnelle qui, s’il est validé par référendum, pourrait permettre au président burundais Pierre Nkurunziza de briguer dès 2020 deux nouveaux mandats de sept ans, donc de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034, en opposition à l’accord d’Arusha, signé en 2000, qui interdit à un chef d’État de rester au pouvoir plus de dix ans.
- 28 novembre 2017 : réouverture du dialogue de sortie de crise, sans l’opposition en exil.
- 4 décembre 2017 : selon l’Observatoire national contre la criminalité transnationale, 3 000 burundais sont victimes de trafic d’êtres humains, depuis 2015. 80% sont des femmes.
- 8 décembre 2017 : clôture du dialogue inter-burundais sur un échec. Les points de divergence portent sur « l’ouverture de l’espace politique, l’identification des prisonniers politiques, le droit souverain de modifier la Constitution ».
- Mars 2018 : nouvelles vagues de violences alors que se prépare le référendum de mai pour valider le projet de révision constitutionnelle ouvrant la voie à deux mandats supplémentaires de Nkurunziza en 2020. Les médias parlent de campagne de terreur pour forcer les Burundais à aller voter en faveur de cet amendement.
- 22 mai 2018 : le oui au référendum pour la révision constitutionnelle l’emporte avec 73.2 % des voix ; l’opposition dépose un recours, estimant que la consultation était non libre et dénonce les intimidations.
- 7 juin 2018 : Pierre Nkurunziza annonce qu’il ne se représentera pas en 2020.
- 27 juin 2018 : La Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi accuse la Ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, d’être la principale responsable des exactions commises durant la campagne pour le référendum constitutionnel de mai.
- octobre 2018: Le régime de Nkurunziza suspend les activités des ONG étrangères qui n’appliquent pas la nouvelle loi sur les ONG imposant notamment des quotas ethniques dans leur personnel.
- 7 janvier 2019 : Handicap International annonce l’arrêt de son programme au Burundi, disant refuser de se conformer au fichage ethnique imposé par la nouvelle loi burundaise.
- 14 mai 2020 : 4 experts de l'OMS sont expulsés.

Présidence d`Évariste Ndayishimiye (Hutu, CNDD-FDD, 2020- )
- 20 mai 2020 : Évariste Ndayishimiye (protégé du sortant Nkurunziza) est élu président, tournure chrétienne évangélique. Il promet d'œuvrer à la « continuité » avec le mandat de son prédécesseur.
- 20 juin 2020 : Le président sortant Pierre Nkurunziza meurt à l'hôpital du Cinquantenaire de Karuzi suite à un arrêt cardiaque probablement de la Covid-19 .
- 27 juin 2021 : Une embuscade à Muramvya fait 17 morts.
- 7 décembre 2021 : L'incendie d'une prison fait env 40 morts.

PERSONNAGES CLEFS

Micombero
(Hima/Tutsi)

Pierre Buyoya (1949-2020)
(Tutsi, UPRONA)
Il dirige deux fois le pays : de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003. Il est né dans la province de Bururi, à 200 kilomètres au sud de Bujumbura, de parents illettrés tutsis. Il grandit à Rutovu, commune de 200 habitants, et y effectue l'école primaire et secondaire. En 1967, il est admis à l'École royale des cadets de Bruxelles, en Belgique. Il déclare à ce propos : « pour moi, l'armée était l'unique échelle sociale. » Il reste en Belgique jusqu'en 1975 et passera par l'École royale militaire (1970 à 1974) et l'École d'application des troupes blindées. À son retour de Belgique, il épouse une Tutsie, originaire d'une famille de négociants, Sophie Ntaraka. De 1976 à 1977, il fréquente l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en France où il écrit un mémoire sur la naissance du FLN dans les maquis algériens. Il intègre en 1980 l'Académie de commandement de la Bundeswehr de Hambourg, en Allemagne de l'ouest, où il restera deux ans. Il parle le kirundi et le français couramment, ainsi que l'anglais et l'allemand. Il est nommé chef de peloton en 1975 avant de devenir commandant d'escadron à Gitega, de 1977 à 19806. Deux ans plus tard, il est commandant de bataillon jusqu'en 1984, année lors de laquelle il devient chef du bureau chargé de l'instruction et des opérations à l'état-major général. Ceci jusqu'en 1987. En 1987, Pierre Buyoya devient président de la République du Burundi, à la suite d'un coup d'État contre Jean-Baptiste Bagaza, et y instaure la Troisième République.
Il est l'initiateur et le meneur de la démocratie au Burundi et a longuement œuvré à l'amélioration des relations entre Tutsis et Hutus du Burundi, notamment en créant sous son régime la journée de l'unité nationale le 5 février 1991, journée toujours célébrée. En parallèle, il compose un gouvernement avec un nombre égal de Hutus et de Tutsis. De 1987 à 1991, il mène une « politique d'unité et de réconciliation », qui débouche sur un référendum sur la Charte de l'Unité nationale du 5 février 1991. Il approuve en 1992 une nouvelle constitution rédigée par la commission qui prévoit la mise en place d'un gouvernement non ethnique, avec un président de la République et un parlement. Inspiré par un discours de Mitterrand à La Baule sur la démocratisation de l'Afrique, il entame un processus de démocratisation du Burundi en 1991, qui aboutit à des élections libres et multipartites dans le pays depuis toujours gouverné par des Tutsis alors même que les Hutus représentent 85 % de la population. Le parti de Buyoya, l'Union pour le progrès national (UPRONA), perd les élections qui portent Melchior Ndadaye du Front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU), un Hutu, au pouvoir.
En parallèle, il est successivement président de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) et de l'Organisation du bassin de la KAGERA (OBK).
Après les assassinats successifs du président Ndadaye et de six de ses ministres en 1993, assassinats auxquels il aurait participé d'après certaines source au Burundi, puis de son successeur au poste de président de la République, Cyprien Ntaryamira, en 1994, et alors que la guerre civile burundaise frappe le pays depuis trois ans et a déjà fait entre 150 000 et 200 000 victimes, Pierre Buyoya, avec le soutien de l'armée, renverse le quatrième président de la Troisième République du Burundi, Sylvestre Ntibantunganya, et reprend le pouvoir en 1996. La guerre civile se poursuit, mais de manière atténuée. La communauté internationale impose des sanctions économiques après le retour au pouvoir de Buyoya, qui seront levées quelques années plus tard, après la création par Buyoya d'un gouvernement pluri-ethnique, avec Domitien Ndayizeye, un Hutu, comme vice-président de la République. Le 28 août 2000, sous l'égide de Nelson Mandela, il signe les accords d'Arusha, pour la paix au Burundi, qui prévoient notamment le rapatriement des dirigeants politiques exilés depuis les différentes guerres civiles, ainsi qu'une présidence transitoire de trois ans menée par Pierre Buyoya, qui devra remettre le pouvoir à son vice-président en 2003. En 2001, Pierre Buyoya met donc en place les institutions de transition, à savoir un gouvernement, une assemblée nationale et un sénat.
Conformément aux accords d'Arusha, Pierre Buyoya remet le pouvoir à Domitien Ndayizeye le 30 avril 2003.

Pierre Nkurunziza (1964-2020)
(Père Hutu, mère Tutsi, CNDD-FDD)
Il dirigeait le principal groupe armé de la rébellion hutu pendant la guerre civile burundaise. Membre du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), il est élu président de la République en 2005, puis est réélu en 2010 et 2015. Il meurt peu avant la fin de son troisième mandat et la passation de pouvoirs avec son successeur élu.
Son père, Eustache Ngabisha, est commissaire d'arrondissement de la province de Ngozi où la famille s'est établie. En 1965, il est élu au parlement du royaume du Burundi dirigé par le roi Mwambutsa IV Bangiricenge. Il est tué en 1972, au moment des massacres des Hutu qui font près de 100 000 morts en quelques semaines. Pierre n'a que huit ans et grandit dans un quartier mixte où les deux communautés n'étaient pas encore séparées par les massacres des années 1990. Sportif, il est surnommé Black Panther en raison de son intérêt pour les mouvements d'émancipation des Noirs américains. Ne pouvant devenir officier, il devient en 1991 professeur de gymnastique à l'université. En 1995, recherché par des tueurs, il rejoint la rébellion des Forces de défense de la démocratie (FDD), créée deux ans plus tôt après l'assassinat de Melchior Ndadaye le 21 octobre 1993. Après quelques mois de guérilla, il est grièvement blessé mais en réchappe. Il est très croyant depuis lors et son épouse est en relation avec des églises évangéliques américaines et australiennes qui soutiennent financièrement sa cause. Nkurunziza est condamné à mort en 1996 (1997 ou 1998) par la justice burundaise pour sa responsabilité dans la pose de mines anti-char ayant fait des dizaines de morts dans la capitale Bujumbura en 1995. Il s'élève dans la hiérarchie et avec le soutien d'Hussein Radjabu, prend la tête des FDD en 2001, après avoir été désigné secrétaire général adjoint en 1998. Le CNDD-FDD connaît une scission en 2001. Nkurunziza et les FDD refusent de participer aux négociations qui aboutissent à l'accord de paix d'Arusha de 2000 entre partis politique burundais et qui marque le début de la fin de la guerre civile burundaise.En décembre 2002, Nkurunziza signe à Arusha un accord de cessez-le-feu avec le président Buyoya mais les FDD continuent les combats contre l'armée régulière.
À l'initiative des chefs d'États de la région, le président burundais Domitien Ndayizeye et Nkurunziza, négocient et signent un accord de paix, dit accord de Prétoria, en novembre 2003 sur la base d'une répartition du pouvoir politique, militaire et économique sur une base ethnique. Les FDD se transforment en parti politique : le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), Nkurunziza est provisoirement amnistié et devient ministre d'État, ministre de la bonne gouvernance et de l’inspection générale de l'État.
Lors de l'élection présidentielle du 19 août 2005, l'Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès élisent Nkurunziza président pour un mandat de cinq ans rééligible une seule fois10, Il prête serment le 26 août. 162 parlementaires votent pour Nkurunziza, neuf contre et deux s'abstiennent. Ce scrutin constitue l'étape finale du processus de paix. Durant son premier mandat, il mène des réformes dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Au même moment, il s'émancipe du groupe d'officiers qui détient le pouvoir réel, tandis que le parti au pouvoir s'ancre localement, notamment dans les zones rurales. Un congrès extraordinaire du Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) désigne le 24 avril 2010, Nkurunziza comme candidat du CNDD-FDD pour briguer un second mandat à la tête du pays à l'élection présidentielle du 28 juin 2010. Pierre Nkurunziza est réélu président en 2010 avec plus de 91 % des voix, étant le seul candidat de l'élection. Dans la foulée, les libertés sont restreintes.
Le 21 mars 2014, le Parlement rejette une révision de la Constitution permettant à Nkurunziza de briguer un troisième mandat. Nkurunziza décide en 2015 de briguer un troisième mandat à la présidence de la République, ce qui est contraire à l'article 96 de la constitution du Burundi, promulguée en mars 2005. Sa candidature est néanmoins validée par une décision controversée de la Cour constitutionnelle. Le 25 avril 2015, il s'impose comme candidat à l'élection présidentielle du 26 juin 2015 du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), provoquant une scission du parti, des heurts et les protestations de l'opposition. Le 13 mai 2015, Nkurunziza, en déplacement pour un sommet à Dar es Salam sur la situation de crise de son pays, est victime d'une tentative de coup d'État de la part du général Godefroid Niyombare qui annonce depuis une radio privée que le président est destitué de ses fonctions et le gouvernement limogé. Le 15 mai, après de violents combats dans le centre-ville de Bujumbura, le chef des putschistes annonce leur reddition et la présidence annonce le retour imminent du président Nkurunziza. Les jours qui suivent voient une répression sanglante de l'opposition de la part du président qui a fait des centaines de morts et plus de 240 000 réfugiés à l'extérieur du pays. Après plusieurs reports, l'élection présidentielle, jugée illégale et truquée par tous les observateurs de la politique burundaise, se tient finalement le 21 juillet ; le 24 juillet la commission électorale nationale indépendante proclame Nkurunziza vainqueur avec 69,41 % des suffrages.
Le 12 mai 2017, un avant-projet de révision de la constitution du Burundi est annoncé30. Le projet final est annoncé le 25 octobre 2017. Il prévoit la création d'un poste de Premier ministre, le passage d'un mandat de cinq ans à un mandat de sept ans et le passage du seuil d'adoption des lois des deux tiers à la majorité absolue. Le nombre de mandats consécutifs qu'un président peut effectuer est toujours de deux, mais du fait de la modification de la constitution, Nkurunziza pourra effectuer deux nouveaux mandats consécutifs de sept ans au terme de son troisième mandat de cinq ans. Cela lui offre la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2034. Les quotas ethniques issus de l'accord d'Arusha sont aussi modifiés. De fait, l'accord d'Arusha est abrogé.
Lors de la campagne électorale pour le référendum de 2018, le pouvoir burundais fait arrêter des opposants. Le référendum constitutionnel a lieu le 17 mai 2018. Au terme d'une campagne où les opposants sont traqués, menacés, arrêtés voire tués et certains médias fermés, les modifications constitutionnelles sont approuvées à 73,3 % avec une participation de 96 %. L'opposition conteste les résultats. Le 7 juin 2018, il annonce qu'il ne brigue pas de quatrième mandat, et qu'il soutiendrait en 2020 le futur président élu. Certains journalistes soupçonnent Nkurunziza de vouloir rétablir la monarchie (la constitution permet de rétablir la monarchie après un référendum) et de devenir roi38. Il réitère son annonce en décembre 2018, affirmant que sa décision est définitive, et qu'elle ne changera pas, même si ses partisans lui demanderaient de le faire39. En effet, le parti au pouvoir a décidé de ne pas le présenter au prochain scrutin, du fait de l'isolement régional et international dont le pays faisait l'objet depuis 2015. Le 26 janvier 2020, le CNDD-FDD choisit Évariste Ndayishimiye comme candidat à l'élection présidentielle de 2020 pour succéder à Nkurunziza. Il est ainsi préféré par les généraux à Pascal Nyabenda, qui avait les faveurs de Nkurunziza.

Évariste Ndayishimiye (1968- )
(Hutu, CNDD-FDD)
Évariste Ndayishimiye, né en 1968 dans la province de Gitega, est un militaire et homme d'État burundais, président de la République depuis le 18 juin 2020. Entre 2016 et 2020, il est secrétaire général du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie, le parti au pouvoir. Candidat à l'élection présidentielle de 2020, il est élu dès le premier tour. De confession catholique, Évariste Ndayishimiye est né dans la commune de Giheta dans la province de Gitega, au centre du Burundi en 1968. En 1995, Ndayishimiye est l'un des rares étudiants hutus à l'université du Burundi. Il échappe de peu au nettoyage ethnique contre les étudiants hutus menées par des étudiants tutsis. Il s'enfuit et fait partie des premiers à rejoindre l'opposition armée des Forces de défense de la démocratie (FDD), créée après l'assassinat du président hutu Melchior Ndadaye ; une partie de sa famille est cependant exécutée. Pendant une décennie, dans les maquis des FDD dans la forêt de la Kibira (au Burundi) et dans l'est de la république démocratique du Congo (dans la presqu'île d’Ubwari), Évariste Ndayishimiye est commandant dans différentes régions et gravit tous les échelons militaires. À la fin de la guerre, il est président du bureau chargé de la conception et de la planification de la politique de la lutte.
Entre 2006 et 2007, il est ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Ndayishimiye devient ensuite chef de cabinet militaire à la présidence, poste qu'il occupe jusqu’en 2014 pour prendre, l'année suivante, la tête du cabinet civil du président Pierre Nkurunziza. En août 2016, il est élu secrétaire général du CNDD-FDD où il remplace Pascal Nyabenda. Contrairement à ce dernier qui s'en prenait à la communauté internationale et à l'Occident, Ndayishimiye se montre plus conciliant. Depuis 2005, Ndayishimiye est l'un des hommes poliques les plus influents au Burundi.
Lors d'un congrès organisé le 26 janvier 2020 à Gitega, dans le centre du pays, les délégués du CNDD-FDD choisissent Évariste Ndayishimiye pour candidat à l’élection présidentielle du 20 mai 2020. Son discours d'investiture reflète alors la tournure chrétienne évangélique prise par le parti depuis la crise de 2015. Ndayishimiye assure ainsi avoir reçu des « signes » de « Dieu le Tout-Puissant » pour ce « destin hors du commun », tel le passage d'un pigeon s'étant posé sur la tête de son épouse. Il est ainsi préféré par les généraux à Pascal Nyabenda, qui avait les faveurs de Nkurunziza. Du fait de la répression exercée à l'encontre de l'opposition, Ndayishimiye apparait comme le grand favori du scrutin. Il est cependant considéré comme plus modéré que le président sortant. Ndayishimiye remporte l'élection avec 68,72 % des voix, selon les chiffres préliminaires officiels annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Il devance ainsi très largement le principal candidat de l'opposition, Agathon Rwasa, président du Conseil national pour la liberté (CNL), qui réunit 24,19 % des voix. Il doit alors s'agir de la première passation de pouvoir entre deux présidents élus depuis l'indépendance du pays 58 ans plus tôt.


PARTIES ET MOUVEMENTS

Union pour le progrès national (UPRONA, 1958-, Tutsi-Hutu, puis Tutsi)
L’UPRONA est un parti politique nationaliste du Burundi à majorité Tutsi. Fondé en 1958, il fut un acteur majeur de l'indépendance du pays mais perd de son influence après la fin de la guerre civile. Son fondateur, Louis Rwagasore, fils du mwami Mwambutsa IV, occupa brièvement le poste de Premier ministre, du 29 septembre au 13 octobre 1961, où il mourut assassiné. Jusqu'en 1965, le parti fut également soutenu par les Hutu : trois de ses membres Hutu furent Premiers ministres. Michel Micombero, arrivé au pouvoir en 1966 à la suite d'un coup d'État, prit alors la tête de l'UPRONA, qui devint un pilier de la dictature militaire qui dirigea le pays à partir de 1987. Cette dictature était dirigée par Pierre Buyoya, un Tutsi membre de l'UPRONA qui avait renversé le président Jean-Baptiste Bagaza, au pouvoir depuis 1976. Pierre Buyoya dirigea la junte de 1987 à 1993, puis revint au pouvoir de 1996 à 2003. Une constitution ayant été instaurée au Burundi en 1992, avec l'approbation de Pierre Buyoya, une élection présidentielle fut organisée en 1993 : elle porta au pouvoir Melchior Ndadaye, un hutu membre du Front pour la démocratie du Burundi (FRODEBU). Celui-ci nomma premier ministre Sylvie Kinigi, une tutsi de l'UPRONA. Sylvie Kinigi considéra sa mission de réconciliation nationale entre les deux communautés Hutu et Tutsi comme hautement prioritaire.
Le 21 octobre 1993, le président Ndadaye fut assassiné dans le palais présidentiel avec six de ses ministres. Ce fut le point de départ d'une terrible guerre civile. Sylvie Kinigi dut alors assumer de facto l'intérim de chef de l'État du Burundi du 27 octobre 1993 au 5 février 1994.
Un nouveau président, Cyprien Ntaryamira du FRODEBU, arriva au pouvoir le 5 février 1994. Il mourut deux mois plus tard, le 6 avril 1994, dans l'attentat contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana. Un gouvernement de coalition fut institué avec Sylvestre Ntibantunganya, mais qui ne put ramener la paix. Pierre Buyoya reprit à nouveau le pouvoir en 1996 et la guerre civile se poursuivit. Après l'accord de paix d'Arusha conclu en 2000, Pierre Buyoya cède le 30 avril 2003 la place à Domitien Ndayizeye du Front pour la démocratie du Burundi (FRODEBU, à majorité Hutu). L'UPRONA recueille 7,2 % des voix aux élections législatives de 2005 et remporte 15 des 118 sièges. Les élections de 2005 portent au pouvoir le président Pierre Nkurunziza et son parti anciennement rebelle, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), qui a l'ambition d'être multi-ethnique. Gaston Sindimwo est le candidat de l'UPRONA à l'élection présidentielle du 20 mai 2020. Il arrive en troisième position avec 1,6 % des voix. Le même jour se déroulent les élections législatives où l'UPRONA obtient 2,4 % des voix et 2 sièges sur les 121 que compte l'Assemblée nationale.

Front pour la Démocratie au Burundi (FRODEBU, Hutu, 1992-).
Le Front pour la démocratie du Burundi (FRODEBU) est un parti politique progressiste du Burundi fondé par les partisans de Melchior Ndadaye, président du Burundi du 10 juillet au 21 octobre 1993. Le FRODEBU a été considéré comme le parti de la majorité Hutus.
Le FRODEBU est issu du Parti des travailleurs du Burundi, dissout en 1986. Le FRODEBU fut légalisé en tant que parti politique en 1992 avec la nouvelle constitution Burundaise.

Le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, Hutu, 1994-)
Le CNDD-FDD est un parti politique du Burundi. Ancienne rébellion armée pendant la guerre civile (1993-2003), le CNDD-FDD est le parti dominant au Burundi depuis 2005. Le CNDD-FDD est présidé par Évariste Ndayishimiye.
Le 24 septembre 1994, le CNDD et sa branche armée, les Intagoheka FDD se forment à la suite de l'assassinat le 21 octobre 1993 du président Melchior Ndadaye du FRODEBU. Ndadaye, homme politique hutu, est abattu par l'armée à dominante tutsi dans un coup d'État. Cet assassinat plonge le pays dans la guerre civile entre Hutu et Tutsi. Les FDD sont la plus grande milice armée opposée à l'armée régulière pendant la guerre civile. Le CNDD-FDD est un parti à dominante hutu, tout comme le FRODEBU alors que l'UPRONA est à dominante tutsi.
Le CNDD-FDD s'est scindé en deux en 2003. L'un a gardé le nom et s'est placé sous l'autorité de Pierre Nkurunziza, tandis que l'autre devenait le CNDD et est dirigé depuis lors par Léonard Nyangoma. En novembre 2003, à l'initiative des chefs d'États de la région, le président Domitien Ndayizeye et Nkurunziza signent un accord de paix, dit accord de Prétoria, sur la base d'une répartition du pouvoir politique, militaire et économique sur une base ethnique. Les FDD se transforment rapidement en parti politique : le CNDD-FDD, et intègrent le gouvernement. Les élections de 2005 (municipales, législatives et présidentielle) sont un large succès pour le CNDD-FDD et Nkurunziza est élu président le 19 août 2005. En 2007, le parti se déchire entre les proches du président Nkurunziza et ceux du président du parti Hussein Radjabu. En février, un congrès extraordinaire du CNDD-FDD limoge Radjabu, accusé d'abus de pouvoir, de son poste de président du parti. Il est remplacé par Jérémie Ngendakumana. Les proches de Radjabu sont ensuite limogés des postes importants (comme la vice-présidente Marina Barampama) et Radjabu est arrêté en avril 2007 puis condamné pour tentative de rébellion armée. En mars 2018, le président Nkurunziza est nommé « guide suprême éternel » du parti. Le 26 janvier 2020, le CNDD-FDD, réuni en congrès, choisit Évariste Ndayishimiye comme candidat à l'élection présidentielle de 20207. Ndayishimiye est élu à la présidence du pays en mai 2020. En janvier 2021, Ndayishimiye quitte le secrétariat-général du parti et devient président du Conseil des anciens du parti, la position la plus élevée dans la hierarchie du parti. Révérien Ndikuriyo est élu secrétaire-général du CNDD-FDD.

Imbonerakure (CNDD-FDD Youth ou CNDD-FDD Jeunesse, 2010-)
Mouvement politique de jeunesse burundais affilié au Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD). Le mouvement a été créé aux alentours de l'année 2010. Imbonerakure signifie littéralement en kirundi, "ceux qui voient loin". Le mouvement est régulièrement assimilé par des observateurs indépendants à une milice aux ordres du pouvoir du Président Pierre Nkurunziza, particulièrement depuis le début de la crise politique burundaise de 2015. De nombreuses preuves démontrent la proximité du mouvement avec la police et le SNR (service national de renseignement) dans la traque et le harcèlement d'opposants politiques. En 2015, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, utilise le mot « milice » pour caractériser les Imbonerakure ce que récusent ces derniers par la voix de son Président Denis Karera. La question de l'armement supposé des Imbonerakure par le régime est une des raisons de la comparaison du mouvement à une milice. En février 2016, les Imbonerakure sont directement mis en cause par Human Rights Watch comme étant responsables d'arrestations arbitraires, de violences, d'actes de torture et d'assassinats au Burundi.


CLIVAGES INTERNES

Hutu (80%) - Tutsi (20%)

Bibliographie