Le cyclone qui a balayé en fin de semaine dernière le Mozambique et le Zimbabwe, emportant routes, ponts, hôpitaux et écoles, a fait au moins 182 morts dans les deux pays, mais le bilan final au Mozambique pourrait dépasser le millier de morts, a prévenu le président Filipe Nuysi.
«Pour le moment, nous avons officiellement 84 morts (au Mozambique, ndlr). Mais quand on a survolé la zone tôt ce matin (…) pour comprendre ce qui se passe, tout laisse à penser que le bilan pourrait dépasser les 1.000 morts», a déclaré M. Nyusi dans une intervention télévisée lundi à Maputo. «Plus de 100.000 personnes ont besoin d’aide alimentaire», a-t-il ajouté. «Les eaux des rivières Pungue et Buzi ont débordé et fait disparaître des villages entiers, isolant des communautés. Il y a des corps qui flottent. C’est un véritable désastre humanitaire», a dit le président mozambicain. Des rescapés ont trouvé refuge dans des arbres en attendant les secours, a expliqué le président.
Des images aériennes transmises par l’organisation Mission Aviation Fellowship montrent aussi des dizaines de personnes bloquées sur les toits de bâtiments en dur entourés d’eau. Le cyclone Idai et ses vents d’une extrême violence associés à des pluies torrentielles se sont abattus sur le centre du Mozambique jeudi soir, avant de poursuivre leur course au Zimbabwe voisin. Au Zimbabwe, le dernier bilan s’élevait à 98 morts et au moins 217 disparus, selon le ministère de l’Information. «On a l’impression d’avoir affaire aux conséquences d’une guerre à grande échelle», a déclaré le ministre de la Défense par intérim, Perrance Shiri. Au Mozambique, l’étendue des dégâts à Beira, la deuxième ville du pays avec un demi-million d’habitants, est «énorme et terrifiante», a prévenu la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
«90% de Beira et de ses alentours ont été endommagés ou détruits», a indiqué la FICR dans un communiqué. «Les moyens de communication ont été totalement coupés et les routes sont détruites», compliquant grandement les secours, a précisé Jamie LeSueur, de la FICR, depuis Beira. Lundi, les rues de la ville étaient jonchées d’arbres déracinés, d’éclats de verre et de tôles emportées, a constaté un journaliste de l’AFP. «Les tôles en s’envolant ont décapité des gens, d’autres ont été blessés. (…) Il n’y a pas de secours ici. On est mal», a déclaré à l’AFP une rescapée, Rajina, qui a trouvé refuge dans une échoppe abandonnée.
Des barrages ont lâché
Dans la région de Beira, 873 maisons ont été emportées, 24 hôpitaux détruits et 267 classes partiellement ou complètement englouties, selon un bilan provisoire de l’Institut mozambicain de gestion des désastres. Le président Nyusi a appelé ses concitoyens qui habitent «près de rivières à quitter la zone pour sauver leur vie, surtout si on doit lâcher de l?eau des barrages» pour éviter qu’ils ne cèdent. Plusieurs ont déjà «lâché ou atteint leur niveau maximum», a d’ailleurs prévenu Emma Beaty de l’organisation non-gouvernementale Oxfam.
Dimanche soir, le ministre de l’Environnement Celso Correia avait estimé que le cyclone Idai pourrait avoir provoqué le «pire désastre naturel» de l’histoire du Mozambique, fréquemment frappé par de violentes intempéries. En 2000, des crues avaient déjà causé la mort de 800 personnes dans ce pays pauvre d’Afrique australe. Au Zimbabwe, le pays n’a jamais connu de «destructions d’infrastructures d’une telle ampleur», a estimé lundi le ministre des Transports Joel Biggie Matiza. Devant l’ampleur des dégâts, le président Emmerson Mnangagwa est rentré précipitamment lundi d’un voyage aux Emirats arabes unis. «A chaque heure qui passe, nos pires craintes se confirment», a-t-il déclaré lors d’une intervention sur la chaîne publique ZBC.
«Beaucoup sont morts noyés, tandis que d’autres ont été tués dans leur sommeil par des pierres qui ont démoli leur maison», a-t-il ajouté. Les secours se sont concentrés lundi dans la région de Chimanimani, dans l’est. Les zones les plus durement touchées n’étaient pas accessibles lundi, et les vols de secours d’hélicoptères militaires étaient entravés par des vents violents et un ciel très nuageux. L’association médicale du Zimbabwe (Zima) a lancé un appel aux volontaires pour venir en aide aux sinistrés et appelé aux dons de nourriture, d’eau, de gaz, de vêtements, de couvertures ou encore de tentes. Les fortes pluies qui avaient précédé l’arrivée d’Idai avaient déjà fait au moins 122 morts au Mozambique et au Malawi voisin, qui a été épargné par le cyclone.
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Lassé de son emploi de vendeur, Lu Qi a tout plaqué pour rejoindre le plus grand studio de cinéma de Chine, à 250 km au sud de Shanghaï. Mais il faut jouer des coudes pour devenir acteur et s’imposer dans ce milieu sans pitié.
Le jeune homme de 24 ans a rejoint une armée de milliers de figurants qui vivent d’apparitions furtives dans des films ou des séries télévisées et tentent péniblement de joindre les deux bouts. Mais ce que Lu Qi est surtout venu chercher dans les studios de Hengdian (Est), c’est une part d’évasion, loin du quotidien monotone de son ancienne vie dans le sud de la Chine. «J’ai connu pas mal d’échecs dans la vente. Je n’ai jamais réussi à y faire mon trou», explique-t-il, le crâne rasé recouvert d’un bonnet. «La plupart des gens ici n’ont ni diplômes, ni compétences, ni contacts. On n’a pas les moyens d’ouvrir un commerce.
On est surtout là pour échapper un peu à la réalité et à la compétition qu’on a connues à l’extérieur.» Hengdian était jadis une bourgade pauvre entourée de collines. Mais dans les années 1990, une entreprise locale spécialisée dans l’électronique et les produits pharmaceutiques décide de se lancer dans le cinéma: elle rase les collines pour construire d’immenses studios. De 6.000 à 8.000 personnes travaillent désormais comme figurants sur le site, qui se présente comme le plus grand lieu de tournage au monde.
Les Chinois surnomment l’endroit «le Hollywood de l’Orient» ou encore «Chinawood». Selon la presse chinoise, plus de 70 % des films et séries télévisées produits dans le pays sont au moins en partie tournés ici.
Jackie Chan
Palais anciens pouvant accueillir des milliers de personnes, immeubles modernes ou encore fonds verts pour réaliser des incrustations: l’espace de 330 hectares se plie à tous les besoins. «Ici, on passe de Pékin à Hong Kong en quelques instants», explique la guide Wu Rongrong devant une réplique grandeur nature de la Cité interdite, tout en pointant au loin la reproduction d’une rue de l’ex-colonie britannique bordée de bars à opium. C’est dans les studios de Hengdian qu’a été tourné le blockbuster «Hero» (2002), du réalisateur Zhang Yimou. Des stars comme Jackie Chan ou Gong Li ont joué ici. «Au début, on recrutait surtout des gens du coin comme figurants.
Mais désormais, la majorité viennent de l’extérieur de la ville», explique Zhou Fenglai, un responsable des ressources humaines. Parmi eux, il y a Lian Chunyu, qui a grandi à dos de cheval dans les plaines de la Mongolie-intérieure (nord de la Chine). Une expérience qu’il a transformée en métier: depuis huit ans, il est cavalier cascadeur à Hengdian. Même si son visage n’apparaît jamais à l’écran, l’excitation l’habite toujours. «Ce serait difficile pour moi de m’habituer à faire autre chose après ça», sourit le jeune homme de 29 ans. Pour trouver du travail, Lu Qi, l’ex-vendeur, consulte des groupes de discussion sur la messagerie WeChat, où les postes de figurants sont affichés. Il arrive à gagner quotidiennement de 100 à 200 yuans (de 13 à 26 euros), soit assez pour payer son loyer et sa nourriture.
«C’est abject»
D’autres figurants, au look très spécifique recherché par les producteurs ou qui ont davantage d’expérience, peuvent empocher bien plus. Seule chose que Lu Qi tente d’éviter: les rôles de soldats. «C’est super inconfortable de courir des heures dans les montagnes, avec une armure, et de se faire exploser», explique-t-il en comparant ces tournages à un travail «de forçat». «Je veux toujours devenir acteur. Je pense que l’avenir sera meilleur», se rassure-t-il. Entre les scènes, il se filme à l’aide de son smartphone, avec accessoires et costumes. Des vidéos qu’il diffuse sur les réseaux sociaux et qui lui permettent de gagner un complément de revenu, grâce aux versements provenant des abonnés à son compte.
Les films et les séries télévisées chinois ont bénéficié ces dernières années du coup de pouce du gouvernement, qui veut privilégier les contenus locaux par rapport aux productions étrangères. Mais de nombreux projets ont été suspendus, après une campagne de Pékin visant depuis 2018 la fraude fiscale dans le milieu et les salaires exorbitants des stars chinoises. Et le travail s’est raréfié à Hengdian. Pour les figurants, le point noir reste surtout le manque de considération: ils se font souvent crier dessus et parquer comme du bétail, racontent des figurants. «La plupart des équipes de tournage sont vraiment horribles et insultent les gens. C’est abject», raconte Wang Xiaopin, un acteur de 47 ans. «Peu importe comment tu joues. À leurs yeux, tu seras toujours un nul.»
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Par Kamel BOUDJADI
La direction du club de la Kabylie qualifie la réponse de la FAF de «maladroite» et «versant dans l’esquive» par rapport à ce qui s’est passé avant, durant et après le match perdu face à l’OM (0-1).
Vraisemblablement, il y aura une autre «affaire Mellal» dans les prochains jours. Après les accusations lancées à l’issue de la rencontre OM – JSK (1-0), le président de l’équipe kabyle est encore une fois convoqué par la commission de discipline de la LFP pour la séance de demain à 11h. La FAF a répondu à Mellal, et ce dernier n’a pas tardé à réagir en affirmant que son club «ne se laissera pas faire». Le TAS et le tribunal civil seront incessamment saisis, selon un communiqué de la direction de la JSK sur sa page officielle sur Facebook. Elle accuse l’Instance fédérale de prendre les choses avec mépris alors que les faits sont gravissimes.
Toujours dans sa réaction, la direction kabyle qualifie la réponse de la FAF de «maladroite» et «versant dans l’esquive» par rapport à ce qui s’est passé avant, durant et après le match, «qui n’est d’ailleurs pas allé à son terme réglementaire». Une fuite de responsabilité, dit-on, une nouvelle fois flagrante dans un moment où le football national exige de la personnalité et du courage de ses propres acteurs pour que vive le football, propre et prospère. Poursuivant sa diatribe à l’encontre des responsables de la FAF, le communiqué de la JSK accuse la Fédération de «vouloir minimiser les faits flagrants et dangereux qui se sont produits à l’occasion dudit match» en qualifiant l’attitude du président Cherif Mellal d’ «être juste une façon de justifier la défaite de son équipe!»
Une manière de noyer les manquements aux règlements devant régir une partie de football. «Les images et les faits sont pourtant là, clairs, nets et précis pour prouver bien d’autres desseins», ajoute le communiqué qui précise par ailleurs que «des preuves permettant de démasquer une nouvelle fois tous ceux qui manigancent sur le dos de la JSK dont le retour sur la scène ne cesse de leur donner des cauchemars. Aussi, preuves à l’appui, la JSK saisira le TAS s’agissant de la FAF et déposera plainte contre le président de l’O Médéa pour tentative de corruption».
Enfin, il est à signaler que les conflits qui ont opposé et qui continuent d’opposer le président de la JSK à la LFP ont tous été réglés par le dialogue, sans pour autant que l’une des parties ne révèle, par la suite, les secrets contenus dans les rapports. Mais, cette fois-ci, les choses ont fini par déborder, car Mellal compte aller devant le tribunal pour tentative de corruption à l’égard d’un président de club. Affaire à suivre.
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Au moment où des appels sont lancés pour que les supporters boycottent les deux prochains matchs des Verts, pour suivre les mouvements populaires actuels au pays, la direction du stade Mustapha-Tchaker met en vente 22 000 tickets dès aujourd’hui.
L’entraîneur de l’Equipe nationale algérienne, Djamel Belmadi, prépare la phase finale de la coupe d’Afrique des nations, prévue en juin prochain en Egypte, dès ce stage des Verts qui a débuté lundi dernier avec les 26 joueurs convoqués, au Centre technique national (CTN) de Sidi Moussa. Il est vrai que la sélection algérienne prépare son match contre la Gambie, prévu vendredi prochain au stade Mustapha-Tchaker de Blida (20h45), dans le cadre de la 6e et dernière journée (Groupe D) des qualifications de la coupe d’Afrique des nations CAN-2019, mais, tout le monde sait très bien que l’EN a déjà validé son billet pour la phase finale, grâce à la victoire décrochée le 18 novembre dernier face au Togo à Lomé (4-1). Et comme ce match contre la Gambie est sans enjeu, et qu’il sera suivi par un autre match amical prévu contre la Tunisie, le 26 mars prochain au stade Tchaker de Blida, le sélectionneur des Verts a saisi l’occasion pour faire une «revue de l’effectif» en faisant un choix sur une liste exhaustive des joueurs.
La balle est dans le camp des joueurs
Mieux encore, connaissant les joueurs habituellement titulaires en sélection, il n’a pas convoqué une grande partie pour voir d’autres éléments, capables, de prendre la relève notamment. C’est ainsi qu’il n’a pas jugé utile de convoquer plusieurs cadres à l’image de Yacine Brahimi (FC Porto), Islam Slimani (Fenerbahçe) ou encore le gardien de but Rais M’bolhi (Al-Ittifaq). Saisissant cette occasion donc, il a, par contre, choisi quatre nouveaux joueurs pour intégrer les rangs des Verts pour la première fois.
Il s’agit de Victor Lekhal (Le Havre/ France), ainsi que le trio du Paradou AC, Zakaria Naïdji, Hicham Boudaoui, et Haïthem Loucif. Avec une telle méthode, Belmadi lance une véritable concurrence sur le terrain pour les joueurs afin de tirer le maximum de leur part et ainsi avoir une meilleure visibilité sur leurs capacités intrinsèques. De là, il tirera les conclusions qu’il faut pour la suite du parcours des verts sous sa coupe. Et c’est justement après ces deux matchs contre la Gambie et face à la Tunisie, que Djamel Belmadi aura dans son calepin les noms des joueurs devant participer à la phase finale de la CAN en Egypte avec une annexe de cette liste composée des joueurs réserves, en cas d’impondérable. Ainsi, lundi dernier, a eu lieu la première séance d’entraînement au cours de laquelle, le sélectionneur national a scindé le groupe en deux.
Le premier, composé des joueurs qui ont disputé des matchs la veille de leur arrivée, s’est rendu au Centre national de la médecine du sport (CNMS) pour une séance de cryothérapie, exposant notamment le corps à un froid extrême pour faciliter la récupération. Quant au reste du groupe, il a rejoint le terrain d’entraînement. Belmadi travaillera encore avec ses joueurs jusqu’à demain avant d’affronter la Gambie le lendemain au stade Tchaker de Blida. Pendant ce temps, la sélection gambienne se prépare au Maroc alors que la tunisienne se prépare chez elle, plus précisément au stade Radès de Tunis.
22.000 billets en vente aujourd’hui
Au moment où des appels sont lancés pour que les supporters boycottent le match de ce vendredi, pour suivre les mouvements populaires actuels au pays, la direction du stade Mustapha-Tchaker met en vente 22.000 tickets dès aujourd’hui. L’opération se poursuivra jusqu’à demain afin de permettre au plus grand nombre possible des supporters des Verts d’assister à cette partie. 20.000 billets seront mis en vente avec prix unitaire de 300 DA alors que 2000 autres, qui concernant les tribunes couvertes, seront vendus à 500 DA l’unité.
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L’auteur algérien, Yasmina Khadra, sera le président d’honneur du 60e Salon international du livre de Québec (Silq) qui se déroulera du 10 au 14 avril, annoncent les organisateurs sur leur site Internet. Le Silq se tiendra au Centre des congrès de Québec (Canada).
Il accueillera quelque 1100 auteurs et 550 maisons d’édition. «J’espère de tout mon coeur que le Salon sera le rendez-vous de toutes les convivialités et de tous les partages. Le Canada a toujours défendu les arts, la littérature et la langue française, pour moi c’est un devoir de me joindre à ce projet», a déclaré l’auteur de la trilogie Les hirondelles de Kaboul, L’attentat et Ce que le jour doit à la nuit dans une vidéo enregistrée depuis son bureau à Paris.
Il s’est dit «très fier» d’avoir été choisi comme président d’honneur du Silq au Canada «le pays du froid qui fait chaud au coeur». Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohamed Moulessehoul, est né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans le Sahara algérien. Khalil est le dernier roman de l’écrivain paru en 2018.
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Par Brahim TAKHEROUBT
Les Russes savent que l’évolution de la situation politique en Algérie indiquera la direction de futurs partenariats en Afrique.
L’Algérie est sous les feux de l’actualité internationale. La crise politique qui y sévit depuis maintenant un mois, a fait réagir les puissants de ce monde. Si, jusque-là, l’Oncle Sam demeure avare en commentaires, concédant cette tache aux soins de ses think thanks, en revanche, Moscou, opte pour le franc jeu. En allié inconditionnel, la Russie a apporté son soutien à l’Algérie par la voie de son ministre des Affaires étrangères. S’exprimant, hier, sur cette crise avant même que son homologue, Ramtane Lamamra, ne foule le sol de la Russie où il était attendu, hier, Sergueï Lavrov a mis en garde contre toute tentative de déstabilisation visant l’Algérie.
«Il est particulièrement important que tous les autres pays respectent de façon sacrée les dispositions de l’ONU et s’abstiennent de toute ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie», a souligné M. Lavrov, lors de la conférence de presse conjointe avec le vice-Premier ministre Ramtane Lamamra. Une mise en garde directe aux pays occidentaux qui seraient tentés par une quelconque intervention dans les affaires internes de l’Algérie. Echaudée par le cas libyen et syrien, la Russie préfère anticiper sur les événements, même si le cas algérien est de très loin, incomparable à celui de ces deux pays (la Libye et la Syrie).
Le chef de la diplomatie russe s’est dit «très préoccupé» par les manifestations populaires qui secouent l’Algérie, depuis plusieurs semaines. Il met en garde contre «des tentatives en cours pour déstabiliser ce pays». Une révélation qui appelle à plusieurs interrogations: les services de renseignements russes détiennent-ils des informations confirmant un plan de déstabilisation de l’Algérie? Qui orchestre ce plan de déstabilisation? Des pays, des groupes de personnes ou des organisations? Lavrov n’accuse aucune partie, mais laisse réellement planer le doute. «Le peuple algérien doit décider lui-même de son avenir et de son destin sur la base de la Constitution et dans le respect des normes internationales du droit», a-t-il tranché. Dans le même temps, M. Lavrov a espéré que les autorités et le peuple algériens parviendraient à résoudre les problèmes auxquels faisait face leur pays en toute conformité avec la Constitution.
Pour les Russes, l’Algérie n’est pas seulement un gros client en armements, mais c’est aussi un pays pivot pour la stabilité de l’Afrique du Nord et de la région sahélienne. Si Lavrov a insisté sur le principe de non-ingérence, c’est qu’il sait que l’Algérie c’est aussi «l’étroite» porte de l’Europe vers le continent africain, ce qui fait d’elle un objet de convoitises et d’enjeux géostratégiques.
L’évolution de la situation politique en Algérie, indiquera la direction de futurs partenariats au niveau du continent noir où la compétition des puissances bat son plein. C’est dans ce contexte qu’il convient de situer les propos du chef de la diplomatie russe. Interpréter les déclarations de Lavrov dans le strict canevas d’un soutien à la feuille de route du pouvoir algérien et donc d’un désaveu de la rue algérienne serait réducteur.
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Par Walid AÏT SAÏD
Les manifestations contre le prolongement du mandat du chef de l’Etat se sont poursuivies, hier, avec une déferlante humaine dans les quatre coins du pays. Un avant-goût du vendredi prochain qui s’annonce encore plus… «chaud».
Les Algériens fêtent le 19 mars en…protestant! La mobilisation citoyenne a repris de plus belle à l’occasion de la fête de la Victoire. Des milliers d’Algériens sont sortis à travers tout le pays contre le «mandat 4+» du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Guelma, Annaba, Constantine, Chlef, Tiaret, Tipasa, Blida, Oran, Ouargla, Constantine, Skikda, Bordj Bou Arréridj…presque aucune wilaya n’a échappé à cette nouvelle journée de mobilisation. Les étudiants et les professionnels de la santé étaient certes en tête d’affiche.
Néanmoins, ils ont été vite rejoints par d’autres corps de métiers, à l’instar des avocats et magistrats à Annaba. Alger, elle, n’a jamais été aussi…blanche! Des milliers de blouses blanches ont envahi ses rues pour dire non au prolongement du mandat du chef de l’Etat. Les professionnels de la santé s’étaient donné rendez-vous à 10 h du matin aux alentours de l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger. L’appel a bien été entendu! Médecins, pharmaciens, dentistes, vétérinaires et auxiliaires médicaux, travaillant dans le privé ou le public, s’étaient rassemblés bien avant l’heure convenu.
A 10 h, ils se comptaient déjà en milliers. La place du 1er Mai paraissait trop exiguë pour accueillir toute cette foule. Professeurs, maîtres-assistants, généralistes, résidents, internes, infirmiers…bref, tous ceux qui ont un rapport de près ou de loin avec la santé étaient là pour l’Algérie! Aux environs de 10h 30, tout ce beau monde décide de marcher en direction de la Grande Poste. Un cortège kilométrique se forme avant de s’ébranler sur la rue Hassiba Ben Bouali. Tout un symbole! Ces professionnels de la santé des deux sexes et surtout de toutes générations confondues, reprennent en choeur les slogans antisystème.
On a ainsi pu entendre les «Bouteflika matzidche dkika» (Bouteflika tu ne rajouteras pas une minute, Ndlr) ou encore les «Djoumhouria machi Memlaka» (C’est une République pas un royaume). Des cris de colère qui venaient s’ajouter aux pancartes originales, les unes plus que les autres, que portaient fièrement ces blouses blanches. «On ne veut pas de ce gouvernement placebo», pouvait-on par exemple lire. Certains ont carrément fabriqué des ordonnances géantes afin, disent-ils, prescrire le traitement qui «mettra fin à cette gangrène». Un pacifisme et une ambiance bon enfant règnent dans cette marche, comme d’ailleurs toutes celles auxquelles on a pu assister depuis un mois. Il est 11h quand le tsunami «blanc» s’abat sur la Grande-Poste. Il vient se greffer sur celui des étudiants qui y étaient rassemblés depuis presque une heure, eux qui chaque mardi se retrouvent à cet endroit pour appeler le pouvoir à la démission.
Plus le temps passe, plus la foule grandit! Le rassemblement va de la Grande-Poste jusqu’à la rue Didouche Mourad en couvrant toute la place Maurice Audin. Géant! Surtout que l’on assiste à une véritable passation entre génération. Les jeunes étudiants réservent un accueil triomphal à leurs aînés. Ils créent même des «boucliers humains» afin de les empêcher d’être pris dans la bousculade. Des scènes de fraternité et de partage s’ensuivent. Mais aussi de grand débat où les plus âgés encouragent leurs enfants, comme ils les appellent affectueusement, de poursuivre le combat. «Vous êtes l’avenir du pays. Le changement ne passera que par vous. Vous avez déjà montré l’exemple, continuez!», est une phrase lancée entre deux slogans anti- Bouteflika. Néanmoins, même le bruit assourdissant des hélicoptères des services de sécurité, qui ont survolé Alger durant toute la marche, n’ont pas «couvert» les cris de colère de ces Algériens.
«Nous sommes déterminés. Nous ne lâcherons rien. Qu’ils continuent dans leur autisme, nous continuerons nos thérapies», soutiennent les manifestants. Ils resteront d’ailleurs rassemblés jusqu’en fin d’après-midi. Cela dans une atmosphère toujours aussi «silmiya», et ce malgré la forte mobilisation des forces de l’ordre qui ont barricadé le boulevard Mohamed V, empêchant toute circulation sur ce tronçon. Les manifestations contre le prolongement du mandat du chef de l’Etat se sont donc poursuivies avec une déferlante humaine sur les quatre coins du pays. Un avant-goût du vendredi prochain qui s’annonce de encore plus… «chaud»!
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Par Kamel LAKHDAR-CHAOUCHE
Auteur de plusieurs livres sur l’histoire mouvementée de l’Algérie, Belaïd Abane, en analyste averti, décrypte dans cette interview la protestation du peuple algérien qui veut en découdre avec le système et soutient que c’est l’heure de la rupture.
Belaïd Abane souhaite la fin rapide du cycle politique qui dure depuis l’émergence dans le mouvement national. Il estime que les Algériens ont atteint la maturité citoyenne nécessaire à l’instauration de la démocratie. Pour la gestion d’une éventuelle période de transition, Belaïd Abane propose les noms de Liamine Zeroual, Ahmed Taleb El Ibrahimi, Djamila Bouhired, le commandant Bouregaâ, Hocine Zehouane. Il exclut, par contre, des personnalités telles que Karim Tabbou, Mustapha Bouchachi, Soufiane Djilali, Zoubida Assoul, Abdelaziz Belaïd, qui manifestent pour la présidentielle, parce qu’on ne peut pas être juge pour devenir ensuite partie.
D’un autre côté, Belaïd Abane croit en l’opposition et sans exclusion, tout en lançant l’idée d’une charte d’éthique que devront signer les formations politiques; il parle ensuite de ce qu’il appelle l’opposition militaire constituée des anciens responsables du DRS.
L’Expression: Peut-on faire un parallèle entre le «Hirak» actuel, cette formidable mise en mouvement de la nation algérienne et la déflagration du 5 octobre 1988?
Belaïd Abane: Non pas du tout. Octobre 88 était intervenu dans un contexte de dépolitisation générale de la société, mise à part une opposition souterraine et la fronde politique permanente de la Kabylie. En 88, il n’y avait pas de mots d’ordre politiques. Du reste on sait avec le recul que c’était une manoeuvre du système destinée à libéraliser l’économie. Ce qui fut fait. Le «Hirak» actuel est éminemment politique. Il demande que soit accélérée la fin de ce cycle qui dure depuis l’émergence dans le mouvement national de l’aile activiste révolutionnaire, celle qui a précisément précipité la fin du cycle de Messali arrivé en bout de course au début des années 1950. On assiste exactement au même phénomène: un Bouteflika devenu un totem adoré comme une icône divine, comparé même par ses flagorneurs à Sidna Brahim al Khalil. En plus simple, la légitimité historique pour prendre le pouvoir et le garder est maintenant périmée. Il faut passer à autre chose et c’est ce que demande le peuple en marche.
Après la mobilisation massive ayant gagné l’ensemble du territoire algérien, comment voyez-vous la suite des événements?
Bien évidemment, la rue n’abdiquera pas car elle a déjà engrangé des succès considérables en faisant rétropédaler le président Bouteflika et le système qui en sort ébranlé au point où l’on commence à enregistrer de nombreux reniements et défections dans ce que j’appelle le système Bouteflika. Dans l’opinion internationale, la protesta algérienne a suscité une très grande admiration et a même été citée en exemple à suivre, alors que le pays était la risée du monde il y a quelques semaines. Du côté des forces de sécurité l’exemplarité a été irréprochable. L’armée et la police de notre pays ont pris conscience que le premier qui tire sur une foule pacifique et désarmée est un «homme mort». Les revendications ont également évolué. Le refus du 5e mandat s’est mué en un rejet sans appel de tout le système. Ces immenses marées humaines de toutes les villes d’Algérie défilant toutes tendances confondues et soudées autour de mots d’ordre unitaires montrent également, que les Algériens ont atteint le stade de la maturité citoyenne, pré-requis à l’instauration d’une véritable démocratie citoyenne dans notre pays.
Si on comprend bien, d’après-vous, la réponse du pouvoir, notamment l’organisation d’une conférence nationale, n’apaisera pas la rue et l’opinion.
Bien sûr que non, car le système ne peut régler les problèmes qu’il a lui-même créés. Et puis ce qu’il propose c’est trop peu et trop tard. Bouteflika a eu 20 ans pour réformer, et il ne l’a pas fait. Le drame de notre système politique est l’absence totale de contre-pouvoirs. Un ego démesuré, l’absence d’intelligence prospective, un régime politique de république bananière, un chef comme un Dieu avant qu’il ne devienne diable…Voilà les maux qui nous ont mené dans l’impasse. Nous sommes dans une mauvaise monarchie républicaine.
C’est Bouteflika qui nomme le président du Sénat, de l’Assemblée, de l’Ugta, du FCE… Il a un pouvoir sans limites au point de décider d’un caprice, de construire une mosquée qui coûtera plusieurs milliards de dollars et nécessitera un budget de fonctionnement de plusieurs millions de dollars alors que la nomenklatura ne dispose même pas d’un hôpital où elle peut se faire soigner même par des médecins étrangers puisque elle semble avoir perdu confiance dans la médecine algérienne. Et puis qui pilotera cette conférence nationale? Le renouveau ne viendra pas de Bouteflika et de son système anachronique parvenu au bout de sa course. La seule chose qui importe pour tous les caciques du système est de s’en sortir à bon compte.
La proposition de Bouteflika est une façon de gagner du temps pour partir avec la garantie d’un rideau de protection. C’eut été possible il y a quelques mois. Or, Bouteflika et toute l’oligarchie qui l’entoure ont joué de la ruse en entretenant le suspense jusqu’au 3 mars, date limite du dépôt de candidature. On ne joue pas le sort d’un pays à la roulette russe. Bouteflika a placé son destin personnel au-dessus du destin national. Ce n’est pas la façon de faire des grands hommes. Il s’est voulu comme un de Gaulle sauveur en arrivant au pouvoir. Comment partira-t-il? Certainement pas par la porte d’arrivée.
La révision de la constitution promise est-elle la solution à la crise algérienne actuelle?
Personnellement, je n’ai jamais cru à la «revendication historique du peuple», d’une constituante. Je ne crois pas non plus que l’élection d’une Assemblée constituante soit une priorité. Hocine Ait Ahmed lui-même qui a longtemps porté cette revendication a fini par la mettre au placard. Il avait compris qu’elle apporterait plus de problèmes que de solutions. Dans l’immédiat ce n’est pas en effet la solution, ce serait même une cause de discorde.
Personnellement je pense que le préalable à toute élection dans notre pays (présidentielle, législative, constituante…) est l’acceptation par tous les acteurs de la vie politique nationale d’une charte d’éthique politique qui définira les règles du jeu, lesquelles doivent être acceptées par tous. Notamment le caractère républicain de l’Etat, l’intangibilité de toutes les libertés d’association, d’expression, de presse, de conscience, des droits fondamentaux de l’homme et de la femme, des engagements internationaux du pays… Et après cela, nul n’est légitime pour empêcher qui que ce soit d’intégrer le champ politique et d’entrer en compétition électorale. On peut détailler si vous voulez.
Vous avez proposé sur un plateau de télévision, une piste de sortie de crise: un comité des sages. Pouvez-vous préciser votre pensée?
Oui tout à fait. J’avais dit qu’actuellement il n’y a pas de solution constitutionnelle ni juridique à l’impasse politique engendrée par Bouteflika et son système. Il n’y a que des solutions politiques. J’avais proposé que le régime actuel remette ses pouvoirs au lendemain de l’échéance du mandat actuel de Bouteflika, à un comité des sages ou un Directoire auto-constitué, de patriotes consensuels se déclarant prêts à prendre en mains les destinées du pays pour la période transitoire.
J’avais même proposé des noms tels que ceux de Liamine Zeroual, Ahmed Taleb El Ibrahimi. J’ajouterai ceux de Djamila Bouhired, du commandant Bouregaâ, de Hocine Zehouane. Ils seront la caution morale pour une transition sans tripatouillages et s’entoureront de compétences et d’experts. On me rétorque que j’ai oublié les Karim Tabbou, Bouchachi, Djilali, Assoul, Abdelaziz Bélaïd… Mais ceux-là ce sont les futurs candidats à la présidentielle. Ils ne peuvent pas être juges pour devenir ensuite partie.
L’absence des partis politiques d’opposition dans la conduite des événements, ne signifie-t-elle pas que la société demande aussi une rupture avec ses représentants traditionnels?
Non, je ne crois pas. Elle rejette sans appel les partis qui ont sans la moindre vergogne réclamé et soutenu un 5e mandat pour un président incapable de gouverner. Et cela dans le but de conserver leurs postes et leurs privilèges. Pensaient-ils, les Ouyahia, Benyounès, Ghoul et Bouchareb et tous les flagorneurs du système, pouvoir se repositionner après une élection présidentielle qu’ils avaient crue pliée d’avance? Voilà ceux que la rue et l’opinion abhorrent, rejettent et condamnent sans autre forme de procès.
Quant aux autres partis d’opposition il est bien évident que c’est à eux maintenant de fabriquer l’avenir politique du pays. Voyez l’engouement qui déferle sur la personne de Karim Tabbou qui apparaît désormais comme une personnalité d’avenir incontournable. Mohcine Belabbas aussi qui doit juste prendre son envol avec assurance. Idem pour Zoubida Assoul, Soufiane Djilali, Abdelaziz Belaïd et tant d’autres y compris dans la mouvance traditionaliste que pour ma part je ne désignerais plus par islamiste dès lors qu’ils auront signé la charte d’éthique politique que j’ai évoquée plus haut si un jour elle venait à être élaborée et acceptée par tous.
La vox populi à travers les réseaux sociaux, désigne d’ores et déjà les futurs candidats à la présidentielle. Quelle lecture faites-vous de cette campagne inédite?
C’est une excellente chose. Internet et les réseaux sociaux, ce que j’appelle «le monde ouvert» pour paraphraser une célèbre formule de Karl Popper, est la chance de l’Algérie et de son peuple et aussi de la plupart des pays qui s’acheminent vers la fin de l’autocratie. Nul dictateur, nul système, ne peut martyriser impunément son peuple, car le monde observe. Pour ce qui est des prétendants à la magistrature suprême, avant les candidatures étaient concoctées dans les officines secrètes et les cercles restreints.
On présentait alors un candidat de consensus sans que le peuple ait son mot à dire. On était alors sûr que l’élection était pliée d’avance, le tripatouillage électoral étant la seconde nature du système de pouvoir à l’algérienne. Il est temps que la souveraineté du peuple reprenne ses droits. Après bien sûr le mot revient aux urnes, des urnes transparentes gérées par une administration neutre échappant à toute pression de quelque nature que ce soit. Une administration neutre est d’ailleurs l’une des pierres angulaires d’un système réellement démocratique.
Selon vous, quel est l’avenir de ce «Hirak» qui exige pacifiquement un changement radical, alors qu’il n’a ni encadrement ni représentants?
Le «Hirak» comme je vous le disais n’abdiquera pas. Il a pris conscience de sa force et a également perçu que la conjoncture historique lui est favorable. Et que le soutien de l’opinion publique internationale lui est acquis à bon droit. Il y a également que ce mouvement est accompagné non seulement par la véritable opposition politique mais aussi par l’opposition militaire au système Bouteflika.
Que voulez-vous dire par opposition militaire?
Il s’agit de tous les retraités, de tous les congédiés de l’institution militaire et de son noyau dur le DRS qui rêvent de faire tomber le système Bouteflika. Ils ont choisi comme vitrine politique (ils auraient d’ailleurs pu trouver mieux) Ali Ghediri un général à la retraite totalement étranger à la chose politique. S’ils aident à précipiter le départ du système Bouteflika dans l’intérêt suprême du pays, c’est tout à leur honneur. S’ils rêvent de revenir au-devant de la scène pour faire la pluie et le beau temps, alors notre pays ne fera que retomber de Charybde en Scylla.
Peut-on imaginer en Algérie l’émergence d’un modèle de type turc? Y a-t-il risque de voir ressurgir l’aile radicale de l’islam politique dans notre pays?
Ce que je constate, c’est que les traditionnalistes algériens qui s’expriment (je ne parle pas des incultes obtus) ont en grande partie fait leur aggiornamento. Ils ont compris que si on veut prendre le pouvoir et le garder, il vaut mieux emprunter les voies du consensus.
D’autre part, nous ne sommes plus dans la situation de 1991 et les 200 000 morts de la décennie noire ne sont pas, je l’espère passées en pure perte. D’autre part, l’expérience turque des islamistes au pouvoir dans un pays officiellement laïc est pour eux un modèle de réussite économique à suivre. Les exemples de la Tunisie, de la Jordanie, du Maroc vont également inciter à la prudence et aux approches consensuelles apaisées. Et si en plus nos traditionalistes s’engagent à signer une charte d’éthique politique pour l’alternance et le respect des droits fondamentaux, y compris la liberté de conscience, alors personne n’est fondé à exclure qui que ce soit de la compétition politique.
Quant aux segments radicaux de l’islam politique, ils seront marginalisés et au besoin combattus idéologiquement par les tenants d’un islam traditionnaliste apaisé. Il sera sûrement difficile de s’en départir. Du reste, il n’y a pas une seule société au monde qui n’ait pas ses extrémistes, y compris les démocraties occidentales. Il faut faire avec. Et puis à chaque jour suffit sa peine.
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Par Mohamed TOUATI
La décision a été prise le 18 mars à Bakou en Azerbaïdjan par le comité ministériel chargé du suivi de leur accord qui a convenu d’annuler la réunion prévue en avril.
Conséquence. La baisse de la production de 1,2 million de b/j décidée le 8 décembre 2018 à Vienne par l’Opep et ses alliés se trouve prolongée de facto jusqu’en juin. Les «25» trancheront à ce moment-là. La décision a été prise le 18 mars à Bakou en Azerbaïdjan par le comité ministériel chargé du suivi de leur accord qui a convenu d’annuler la réunion prévue en avril. Il décidera le 25 juin de «l’objectif de production pour la deuxième moitié de 2019», ainsi que la stratégie à suivre. Le Jmmc juge que «les fondamentaux du marché ne changeront probablement pas dans les deux prochains mois» poursuit le communiqué du comité. Le respect de l’accord reste, cependant, plus que jamais de mise.
La garde est loin d’être baissée assure-t-on. «Mes collègues m’assurent qu’ils se conformeront pleinement (à l’accord de réduction de la production, ndlr) ou même davantage que demandé dans les semaines à venir» a affirmé le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh qui a laissé entendre que l’heure d’institutionnaliser l’alliance Opep-non Opep était peut-être arrivée. «Institutionnaliser un cadre pour une coopération à plus long terme entre Opep et non Opep est très important stratégiquement, et plus important que jamais» afin d’«éviter de répéter la tourmente qui a secoué le marché en 2014» a souligné le chef de file de l’organisation des pays exportateurs de pétrole.
L’Arabie saoudite, qui figure parmi les premiers exportateurs mondiaux de pétrole, s’est positionnée le 21 janvier 2018, en faveur du renouvellement de cette «alliance» pour une durée illimitée. «Nous ne devons pas limiter nos efforts (à des quotas de production) en 2018. Nous devons parler d’un cadre pour notre coopération à plus long terme», a plaidé le ministre saoudien de l’Energie Khaled al-Faleh avant une réunion à Mascate des signataires de l’accord historique d’Alger conclu le 28 décembre 2016 lors d’un sommet de l’Opep qui s’était tenu en marge du 15ème Forum international de l’énergie. Il s’agit de «prolonger au-delà de 2018 le cadre que nous avons établi, c’est-à-dire la déclaration de coopération» entre pays producteurs de l’Opep et pays non membres du cartel comme la Russie, avait-il ajouté. Pour le moment il est hors de question de desserrer les vannes.
Le marché demeure fragile et il est encore loin d’être équilibré. Le constat fait par l’Opep le confirme. Il est même fort probable que l’accord qui la lie à ses partenaires soit prolongé au-delà du mois de juin 2019. «L’Opep a réduit sa prévision de la demande pour ses bruts cette année en raison de la forte hausse de la production de la concurrence, justifiant d’étendre au-delà de juin prochain, l’accord d’encadrement de la production en vigueur depuis le début de 2019», indique le rapport du cartel du mois de mars.
L’Opep estime que la demande quotidienne de ses bruts baissera de 130.000 barils par rapport à son estimation de février et moins que sa production actuelle. Autant de raisons qui justifient au moins le maintien de la baisse de la production Opep-hors Opep de 1,2 million de barils par jour qui est entré en action le 1er janvier pour une période de six mois.
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K. Assia
Pas moins de 624 logements dont 324 logements CNEP Immo et 300 logements de type public locatif LPL ont été distribués, hier, dans les communes de Gdyel et Benfreha, lors d’une cérémonie présidée par le wali d’Oran M. Mouloud Chérifi, les élus locaux et les autorités civiles.Ces deux projets étaient à l’arrêt et ont enregistré plusieurs années de retard notamment en ce qui concerne les travaux des voiries et réseaux divers (VRD). Un problème qui a été réglé après qu’un budget nécessaire pour l’achèvement de toutes les opérations d’aménagement et de viabilisation a été débloqué par les pouvoirs publics.
Ainsi et en prévision de l’attribution de 324 logements CNEP-Immo de Gdyel, une commission composée de l’adjoint du directeur de la Conservation foncière, des chefs de services de la CNEP et de la Caisse nationale du logement, des représentants de l’AADL, celui de la direction du logement, les chefs de divisions à la daïra d’Arzew, Gdyel et Boutlélis et présidée par le chargé du logement au cabinet du wali avait été installée, en octobre dernier, afin de se pencher sur les préoccupations des souscripteurs des projets dont la tranche des 320 logements CNEP-Immo à Arzew, le quota des 324 CNEP-Immo de Gdyel, les 288 CNEP-Immo de Sidi Benyebka et 270 logements CNEP-Immo de Misserghine. Cette commission devait étudier toutes les contraintes qui ont retardé l’étude des dossiers des bénéficiaires de ce programme et devait également cerner toutes les insuffisances pour les adresser par la suite de la CNEP à la CNL.
Cette décision vient à la suite de la visite effectuée par le wali d’Oran sur le site des 324 logements AADL CNEP-Immo. Toutes ces informations devaient être adressées à la direction du logement et à la CNEP dans le cas où le dossier du postulant n’a pas été déposé. Les autorités locales avaient été instruites d’activer l’opération relative à l’étude des dossiers afin de livrer ce programme dans les délais, surtout que ces projets ont été à l’arrêt en 2013, ont indiqué, hier, des sources responsables. Il y a lieu de noter que ces tranches font partie d’un programme global de 2.160 logements, répartis sur les localités périphériques d’Oran, à l’exemple de Misserghine (270), Bir El-Djir (500), Sidi Benyebka (228) et Arzew (320). Le démarrage des projets n’a été effectif qu’au début de l’année 2006 et ces chantiers se sont trouvés, plusieurs années durant, bloqués en raison du retard enregistré dans la mise à niveau du prix du m2 et de dysfonctionnements dans la prise en charge du dossier des VRD. Dans ce registre, et en prévision de l’opération de remise des clés, la CNEP a été chargée d’activer l’étude des dossiers des bénéficiaires afin qu’ils accèdent à leurs logements.
Le wali d’Oran avait, pour rappel, saisi le ministère de l’Habitat afin de lever toutes les réserves et obtenir l’enveloppe financière pour l’achèvement des travaux d’aménagement extérieur, notamment au site 270 logements CNEP-Immo à Misserghine et celui des 288 logements de Sidi Benyebka. Une opération qui a enregistré un retard flagrant et qui a suscité la colère des bénéficiaires de ce programme qui ont interpellé, à maintes reprises, les responsables locaux.
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L'ancien président Nicéphore Soglo a reçu une invitation de Patrice Talon pour ce mercredi 20 mars 2019 au Palais de la République.
Transmise par le ministre de l'intérieur Sacca Lafia, cette invitation à l'ex chef d'Etat pourrait être l'occasion pour Patrice Talon d'échanger avec un acteur politique de l'opposition sur les préoccupations autour des élections législatives.
Les actions du chef de l'Etat Patrice Talon entrent dans la dynamique de l'organisation d'élections inclusives, transparentes, démocratiques et crédibles.
Akpédjé AYOSSO
Le professionnalisme des acteurs de la filière coton a une fois encore payé. C'est ce qu'on peut retenir de la visite effectuée sur le terrain la semaine dernière par une équipe de l'Association interprofessionnelle du Coton (AIC) conduite par M. Mathieu Adjovi. Il s'agit d'un troisième record consécutif de performance en matière de production du coton au Bénin.
Contrairement à l'année dernière avec 600 mille tonnes de production, le défi de cette année apparaît déjà en deçà des prévisions.La tournée conjointe AIC et MAEP le révèle aisément. Ainsi, les prévisions de plus de 700 000 tonnes de coton graine seront atteintes.
A ce jour, plus de 600 000 tonnes de coton graine ont été déjà égrenés selon les chiffres disponibles. Ce qui indique combien de fois l'AIC affiche son professionnalisme en matière de gestion de la filière coton. Loin de toutes polémiques, il faut tirer les leçons de la gestion de la filière confiée par le gouvernement à cette association dont le professionnalisme n'est plus à démontrer.
Il faut souligner aussi que le bon déroulement de la campagne est le résultat de la bonne qualité du coton béninois. Selon les explications de monsieur Mathieu Adjovi, le record de la campagne écoulée sera battu car à la date d'aujourd'hui, plus de 630 000 tonnes du coton graines sont réceptionnés dans toutes les usines alors que les récoltes continuent dans certains bassins cotonniers. Il laisse croire que les dispositions ont été prises pour égrener la totalité de la production. Toutes les mesures sont prises pour sécuriser la production contre les intempéries. Il confie que les stocks de coton qui se trouvent dans les usines bénéficient d'une attention particulière à travers l'acquisition des bâches de protection.
Les résultats qui confortent
La production cotonnière au Bénin était de 300.000 tonnes, avant 2016. Depuis l'arrivée au pouvoir du Président Patrice Talon, la production va grimpante. Entre 2016 et 2017, cette production est passée à 452.000 tonnes avec la reprise en main de la filière par l'AIC. La campagne 2017-2018, a fait 590.000 tonnes. La campagne en cours révèle déjà son chiffre au delà de 630.000 tonnes.
G.A.
C'est douloureux à dire mais il faut pourtant l'admettre, le Bénin traverse depuis peu une crise politique inédite dans l'histoire de sa démocratie post-Conférence nationale. Cette crise se traduit par l'incertitude qui plane sur l'organisation et la tenue des prochaines législatives prévues en principe pour le 28 avril prochain.
Ce que vit actuellement le pays ‘'laboratoire de la démocratie en Afrique'' est l'aboutissement de deux réformes entreprises concomitamment par le gouvernement du président Patrice Talon portant sur les partis politiques d'une part, et sur le code électoral d'autre part.
Face au constat de la multitude des formations politiques, l'actuel chef de l'Etat béninois avait estimé qu'il faille en arriver à ce que l'animation de la vie politique puisse être menée par des grands ensembles politiques. Autrement dit, la ‘'réforme du système partisan'', comme on l'a appelé au Bénin, avait pour objectif de limiter aux seuls grands partis politiques à implantation nationale, l'accès à la vie politique.
Face à la fois aux réformes qui ont été adoptées et au constat de l'impasse dans laquelle le Bénin se trouve actuellement, la question qui se pose est celle-ci : revient-il à la loi de déterminer les comportements politiques ? Cette question en appelle d'autres au regard du rôle et de la fonction d'un parti politique. La réforme sur les formatons politiques était-elle nécessaire ? Fallait-il nécessairement réformer la loi pour instituer de grands regroupements politiques ? Pourquoi ladite réforme partisane a-t-elle occulté la question cruciale du financement des partis politiques ?
L'erreur originelle
On peut aujourd'hui affirmer sans risque de se tromper que la réforme partisane a échoué. Il ne pouvait pas en être autrement parce que tel que posé au départ, le problème était erroné voire mal qualifié. En effet, sur la base de sa seule conviction, le gouvernement de Patrice Talon a estimé que l'environnement politique béninois était caractérisé par une multitude de partis politiques. Que dès lors, il fallait amender la procédure de création des formations politiques afin de ne permettre que l'émergence de ce qu'il a qualifié de ‘'grands ensembles politiques''.
Ce faisant, ni ce gouvernement, ni tous ceux qui ont soutenu cette réforme, n'ont expliqué ou démontré en quoi l'existence de plusieurs partis politiques, notamment au Bénin, était source d'un quelconque dysfonctionnement démocratique. Si l'idée de la réforme de la loi sur les partis politiques n'a connu aucune résistance, c'est parce qu'elle a justement rencontré un terreau favorable pour sa prospérité. En effet, le gouvernement n'a eu qu'à surfer sur l'attitude, communément partagée, qui consistait à fustiger le fait de l'existence d'un trop grand nombre de partis politiques au Bénin.
Le débat de ladite réforme a ainsi prospéré sans qu'on n'interroge aussi bien la pertinence de cette légende politique, que le concept même de ‘'réforme du système partisan''. Le gouvernement porteur de la réforme n'a lui-même pas dit ce qu'il attendait par-là. C'est quoi le système partisan au sens où l'entend la Science politique ?
Si les partis dépendent et évoluent en fonction de leur environnement, le regard peut aussi porter sur les partis non pas comme unités autonomes mais sur les interactions entre eux. Selon le politologue français Michel Offerlé les partis sont en effet constitutifs d'un « marché » politique opposant des acteurs en quête d'un bien qui reste central pour l'ensemble d'entre eux, c'est-à-dire le soutien populaire. C'est dans cette perspective que la littérature a proposé de dégager un objet spécifique, les systèmes partisans.
Un système partisan, c'est donc plus que l'ensemble des partis présents dans un système. Le politologue italien Giovanni Sartori est probablement celui qui a le plus contribué à penser cette différence entre une simple addition des acteurs en présence (l'ensemble des partis) et la prise en compte de leurs interactions qui forment à proprement parler un système partisan. Il insiste sur le caractère clos d'un système partisan. Cela permet de trouver un moyen efficace d'identifier un parti politique. Dans cette perspective, est parti ce qui participe d'un système partisan et qui entre donc en concurrence effective avec les autres acteurs du système.
Une implication de cette approche systémique est aussi de supposer que les systèmes partisans sont des structures relativement stables et durables, résilientes aux changements qui peuvent affecter l'une ou l'autre de ses unités. C'est bien en cela que changement des partis et changement des systèmes partisans sont des questions différentes. L'intérêt important porté aux systèmes partisans a été lié au fait que les systèmes de partis sont devenus des clés de lecture des types de régime politique. De cela, on en parlera plus loin.
La multiplicité des partis politiques nuit-elle à la démocratie ? Pour répondre à cette question, il convient à mon avis de définir préalablement ce qu'est un parti politique.
Qu'est-ce qu'un parti politique ?
Même s'il semble notoirement facile de définir ou d'appréhender la définition d'un parti politique, celui-ci recouvre des réalités multiples et diverses. Il existe en effet plusieurs types de partis politiques selon qu'ils adoptent des formes d'organisation plus ou moins souple ou rigide, ou encore une idéologie claire et marquée ou aux contours plus flous. Il est dès lors moins aisé qu'il n'y paraît à première vue, d'identifier ce qui caractérise l'essence d'un parti politique et le différencier d'autres formes d'organisations elles aussi à vocation politique tels les mouvements sociaux, factions, clubs politiques, lobbies ou groupes d'intérêt.
La tâche de définition est d'autant moins aisée au regard des cas atypiques. En effet, certains partis politiques refusent l'étiquette de « partis ». C'est notamment le cas du Movimento 5 Stelle (Mouvement 5 Etoiles) en Italie pourtant au pouvoir en ce moment. Il y a aussi des mouvements de pression qui se revendiquent comme étant parti politique. C'est notamment le cas du Tea Party aux États-Unis.
Ainsi donc, la définition du concept est à plusieurs facettes. Elle s'articule souvent autour d'un critère ou d'une caractéristique particulière des partis politiques : intérêts, objectifs, rapports à la compétition électorale et à l'exercice du pouvoir, organisation ou encore projet politique.
Pour le socio-économiste allemand Max Weber, les partis politiques peuvent ainsi être définis comme « des associations reposant sur un engagement (formellement) libre ayant pour but de procurer à leurs chefs le pouvoir au sein d'un groupement et à leurs militants actifs des chances – idéales ou matérielles – de poursuivre des buts objectifs, d'obtenir des avantages personnels ou de réaliser les deux ensemble ». Au regard de cette définition, les partis sont des outils permettant aux uns et aux autres d'accéder à un niveau de développement personnel ou collectif.
Mais pour d'autres auteurs, et pas les moindres, les partis politiques sont plus des clubs électoraux et d'exercice de pouvoir. Ainsi pour Giovanni Sartori, il s'agit de « tout groupement politique identifié par une étiquette officielle, qui présente des candidats aux élections, et qui est capable de faire élire ces candidats (par des élections libres ou non libres) pour des mandats politiques ».
Pour le politologue germano-américain Sigmund Neuman par contre, on peut définir le terme “parti politique” comme étant une organisation structurée des agents politiques actifs dans une société, ceux qui visent le contrôle du pouvoir gouvernemental et qui entrent en compétition pour le soutien populaire avec d'autres groupes défendant des points de vue différents ».
Au regard de toutes ces approches de définition, il ressort l'existence des critères qui permettent de distinguer les partis politiques :
la durabilité (continuité dans l'organisation, action dans le temps et dépersonnalisation) ;
le caractère complet de l'organisation (organisation visible et permanente au niveau local en lien avec le niveau national) ;
pouvoir (volonté de conquérir puis de conserver le pouvoir) ;
soutien populaire (souci d'organisation pour gagner des partisans, adaptation du parti afin d'obtenir un soutien populaire maximal).
En guise de conclusion sur ce chapitre, on retiendra que les partis politiques sont des organisations visant à mobiliser des individus dans une action collective menée contre d'autres, pareillement mobilisés, afin d'accéder, seuls ou en coalition, à l'exercice des fonctions de gouvernement. Cette action collective et cette prétention à conduire la marche des affaires publiques sont justifiées par une conception particulière de l'intérêt général. Particulière, parce que différente de celle des autres.
Dans le landernau politique béninois, sauf preuve contraire, le fonctionnement des partis répondait à tous points de vue au cadre conceptuel ci-dessus développé. La constitution des grands ensembles politiques n'était-elle pas un mirage dont la matérialisation commandait plutôt une toute autre réforme ?
Le système majoritaire à un tour
Il semblerait qu'en parlant de grands ensembles politiques, le gouvernement dit du Nouveau départ ait été séduit, comme d'autres ailleurs en Afrique, par les modèles américains et britanniques où la vie politique est régie par des grands blocs politiques.
Il convient toutefois d'apporter à cet effet de précisions. La première est que cette réalité n'est pas l'œuvre d'une quelconque loi qui détermine de la taille de ces formations politiques. Concomitamment aux formations politiques connues de tous qui régissent la vie politique américaine et britannique, il existe dans ces pays plusieurs formations politiques.
La seconde précision est que c'est le système électoral en cours dans ces pays qui a favorisé l'émergence des grandes formations politiques. En effet, tant aux Etats-Unis qu'en Grande Bretagne, c'est le système majoritaire à un tour qui est en vigueur pour les élections législatives. Ce système, qu'il soit de liste ou uninominal, est bien connu pour sa brutalité. Peu importe en effet le nombre de voix obtenus. La règle est simple, le premier en tête rafle la mise. A ce jeu, l'éparpillement des forces est fatal. D'où l'intérêt de s'aggraver pour être plus grand et plus fort.
Le Bénin lui a fait l'option de la représentation proportionnelle qui elle favorise l'émergence des petits partis. Son adoption était une recommandation de la Conférence nationale. Après des années de monolithisme politique qui avait conduit à l'exclusion de beaucoup de Béninois, il avait été retenu la participation de tous les courants d'opinion à la gestion des affaires publiques. D'où donc l'adoption du système de représentation proportionnelle qui a toutefois un inconvénient : l'instabilité de la majorité parlementaire en l'absence d'un parti majoritaire au-dessus de la moyenne. Toutefois au Bénin, cet inconvénient est relatif dans la mesure où on a affaire à un régime présidentiel. Ici donc il n'y a pas de risques de voir tomber le gouvernement en cas de changement de majorité parlementaire.
Si donc les motivations du gouvernement étaient de voir émerger de grands ensembles politiques, pourquoi n'a-t-il tout simplement pas orienté le débat sur la réforme du système électoral ? En outre, il est assez curieux que le régime au pouvoir au Bénin ait totalement mis de côté dans cette réforme la pourtant cruciale question du financement des partis politiques.
Quid du financement des partis politiques ?
Au cours de la campagne de la dernière élection présidentielle au Bénin, on pouvait lire ceci parmi les promesses de campagne du candidat Patrice Talon : ‘'le financement effectif et significatif des partis politiques de manière à les inciter au regroupement et à permettre leur bon fonctionnement afin qu'ils assurent efficacement et dignement leurs rôles. Ledit financement ne devant pas être tributaire du bon vouloir du Président de la République''.
Pourquoi cette promesse de campagne n'a-t-elle donc pas été prise en compte par le gouvernement dans le cadre de ce qu'il a appelé la ‘'réforme du système partisan'' ? Et pourtant, la légitimité de ce financement ne se discute pas. L'utilité publique des partis politiques commandent en effet que ceux-ci bénéficient d'un financement public afin qu'ils jouent leur rôle d'animation de la vie publique.
Partout ailleurs où le principe existe, il se fait sur un critère assez simple : la performance électoral. En effet, dans plusieurs pays où les partis politiques bénéficient d'un financement public, le montant de celui-ci est fixé suivant le score obtenu par chaque parti à l'issue du résultat des échéances électorales. Le financement peut-être direct ou indirect sous la forme de remboursements des frais de campagne ou de crédits d'impôts. Il apparaît donc important pour tout débat sur la ‘'réforme du système partisan'' de placer la question du financement des partis politiques au cœur des préoccupations.
Dans ce registre, nous proposons ce que nous appelons une loi sur « l'incitatif a la participation populaire directe », pour favoriser le financement des partis politiques par les populations à la base contre un remboursement des frais de participation à la fin de chaque année par l'état central. Celui-ci a pour principal caractéristique de mobiliser les partis à s'autosaisir des causes sociales et de convaincre les populations dont les intérêts sont débattus à les financer pour mieux porter leurs voix. Celle-ci permettra d'ailleurs de voir émerger une forme de politique de proximité et résoudra à terme la question de la crise de confiance qui prévaut entre politiciens, militants et populations à la base. Dans cette perspective, nous sommes certains que les petits partis qui ne réussiront pas à mobiliser le plus de monde, ou qui n'ont généralement rien à proposer à part le fait d'exister mourront d'eux-mêmes, puisqu'il y aura un plafonnement qui limitera le financement des membres originaire du parti et une déclaration des comptes du parti chaque année, comparée à leurs activités préautorisées dont la traçabilité existe.
Concernant les campagnes, nous pensons qu'un plafonnement des dépenses de campagnes, et un remboursement équivalent au pourcentage de la performance électorale est une solution efficace pour limiter les casses et projeter l'idée que les regroupements se feront d'eux-mêmes. Un plafonnement des financements est envisagé aussi sur deux niveaux. Le premier concernant la limite du financement des populations et le second concernant la limite du financement des entreprises acquises à la cause d'un candidat. Les plafonnements d'un montant raisonnable sont importants pour limiter les abus et la corruption.
En guise de conclusion, il semble manifeste, au regard de l'impasse dans laquelle se trouve actuellement le Bénin, que la ‘'réforme du système partisan'' telle qu'entreprise, ne pouvait non seulement prospérer, mais ne règle pas du tout la question des partis politiques si tel est que l'on veut non seulement de grands regroupements, mais des partis ayant des visions qui rencontrent les intérêts imminent et à long terme des populations. A l'exception notable du système électoral, il ne paraît pas possible de pouvoir réformer par la loi le système partisan tel que l'entend la littérature. Les pratiques politiques et le comportement des acteurs sont tributaires de l'histoire et de la sociologie du milieu d'expression politique. Les jours à venir nous édifierons sur l'avenir de la loi sur les partis politiques. Mais il est à parier que pour bon nombre d'acteurs politiques béninois, il vaut mieux être premier dans son village que le second à Rome.
Richard Boni OUOROU
POLITOLOGUE
Membre de la société des sciences politique du Québec
Montréal-Canada