(BRUXELLES2) Le général de brigade aérienne Serge Cholley a pris le commandement de l’opération Chammal, l’opération française contre Daesh, depuis début août. Son mandat évolue. En plus de commander les militaires déployés, le chef de mission aura désormais l’unité de la chaine de commandement sur toute la palette des moyens engagés dans la coalition « Inherent Resolve » : sur terre, sur mer et dans les airs.
Simplification de la chaîne de commandement
La France semble, en effet, avoir fait le choix d’une « simplification » de la chaine de commandement de l’opération. Le chef de l’opération « concentre l’ensemble des responsabilités opérationnelles de l’opération Chammal » annonce l’état-major des armées. Jusqu’ici, le commandement était assuré par différentes autorités militaires. A savoir, le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), situé à Paris, au ministère de la Défense, sous le commandement du général de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA) et l’amiral commandant la zone Océan Indien (ALINDIEN), actuellement le contre-amiral Beaussant — qui exerçait un contrôle opérationnel sur les navires évoluant dans la zone du Golfe notamment —.
Représenter et assurer le fonctionnement de Chammal
Depuis le Koweit, le chef de l’opération Chammal aura ainsi toute l’autorité pour représenter la France au sein de l’Etat-major de la coalition internationale contre Daesh ainsi qu’auprès des autorités irakiennes et des alliés engagés dans la lutte contre l’organisation de l’Etat islamique. Il a, à la fois, le pouvoir d’« assure(r) aux soldats français les moyens nécessaires pour réaliser leur mission » comme de contrôler « le bon emploi des moyens français » dans le cadre de l’opération de la coalition « Inherent resolve ».
Un homme du renseignement aérien aux commandes
Né en 1961 (55 ans), diplômé du Lycée Kléber de Strasbourg (Sup et Spé), Serge Cholley intègre ensuite l’Ecole de l’air de Salon de Provence et suivra aussi les cours de chinois à l’Inalco / Langues O (1991). Membre du corps des officiers des bases de l’Air et auditeur de la 62e session de l’Institut des Hautes études de défense nationale (IHEDN), il débute dans les escadrons de chasse mais se spécialise assez vite dans la guerre électronique. Il a notamment commandé la 54ème escadre (Air) électronique tactique de Metz (qui dispose du Transall C160 configuré en mode « Gabriel »), la BA 190 — la base aérienne de Tahiti — et a servi comme adjoint, en charge de la composante aérienne, du commandant supérieur des forces armées (Comsup) en Polynésie française. Il a aussi été engagé dans différentes opérations extérieures en coalition, comme l’opération Enduring Freedom en Afghanistan.
Habitué de la DRM
Le général Cholley est aussi un féru du renseignement et de la guerre électronique. Depuis 2014, il occupait le poste de sous-directeur « opérations » à la DRM, la direction du renseignement militaire. Une direction qu’il connait bien pour avoir été sous-directeur adjoint « exploitations » de 2005 à 2007. Une double expérience (aérienne / renseignement) d’une grande utilité. L’opération Chammal comportant tout un volet de frappes aériennes pour détruire les infrastructures contrôlées par Daesh, la préparation comme la planification de ces frappes reposent sur une bonne analyse et le croisement des sources de renseignement.
Quant au chinois, cet ancien attaché militaire « Air » en Chine, devrait pouvoir y puiser les ressources nécessaires en « zenitude » pour pouvoir apprécier les complexités du travail en coalition et imposer un certain regard français sur la conduite des opérations qui reste, essentiellement, assurée par les Américains.
(Lucas Millet, avec NGV)
Peter Mandelson a caressé, un moment, le désir de prendre la place de Haut représentant puis, une fois, la candidature de Ashton présentée n’a eu de cesse de la dénigrer, selon un conseiller de Hillary Clinton. – Visite de Peter Mandelson à la Commission européenne le 6 novembre 2009, crédit : CE / archives B2)
(BRUXELLES2) La façon dont les Américains ont suivi les différentes évolutions des candidats (surtout britanniques) aux postes européens lors de la composition de la Commission en octobre et novembre 2009 est intéressante. Les avis contenus dans les mails reçus par Hillary Clinton de la part de son conseiller diplomatique (révélés par Wikileaks), à base d’analyses personnelles ou de revue de presse sont plus que tranchés et révélateurs d’un climat à couteaux tirés entre Torys et Travaillistes, et au sein du Labour sur la répartition des postes européens…
Les tories vent debout contre la candidature de Blair : sur le principe
« Tony Blair a perdu ses chances. Les Tories ont monté une campagne contre lui, pas seulement parce qu’ils ne veulent pas de lui mais parce qu’ils ne veulent pas d’un président de l’UE efficace. » note Sidney Blumenthal (1), dans un email adressé à la Secrétaire d’Etat le 27 octobre 2009. Le leader de l’opposition, David Cameron, se range alors du côté de la branche anti-EU. Sa lettre appelant ouvertement le président tchèque à ne pas ratifier le Traité de Lisbonne sonne comme une guerre ouverte envers les autres dirigeants européens. Selon les Américains, dans une manoeuvre intrigante, (les Tories) évoquent aussi ouvertement le nom de David Miliband comme « ministre des affaires étrangères de l’UE si Tony ne devient pas président de l’UE », ce même si Miliband « a nié tout intérêt (pour le poste) et soutient Tony ». « Une partie de la campagne anti-Blair égrenée par les Tories, (vise) à blesser Miliband s’ils le peuvent ». La candidature de Miliband était cependant soutenue à la fois par « Sarkozy et aussi par (Gordon) Brown (devenu Premier ministre britannique en juin 2009) qui n’y était pas opposé et même favorable ».
Une tentative désespérée de Mandelson pour obtenir le poste
Quand il s’avère que Miliband refuse de rejoindre ce poste, l’ancien commissaire européen au Commerce (et alors ministre chargé du Business, de l’Energie et de l’Industrie), Peter Mandelson prend le relais, faisant personnellement campagne pour son propre compte parmi les Européens. Au départ, cependant, Mandelson avait « hâte que Miliband prenne le poste de l’UE. Ce qui lui aurait libéré la possibilité d’être nommé ministre (britannique) des Affaires étrangères ». Lorsque Miliband refuse, « l’ambition de Mandelson a été contrecarrée. Il a donc essayé de saisir la position de l’UE pour lui-même, mais sans aucun soutien en Europe ou de Gordon (Brown) ».
De la folie pensent les Européens
« Les Européens pensaient qu’il était devenu fou. Ils se sont rappelé son mauvais comportement voire étrange comme commissaire européen. » Lorsque Cathy Ashton a été nommée, Mandelson a mené campagne dans la presse sur son manque de crédits, etc. C’est là le début d’une campagne qui reposait en partie sur de bons arguments mais qui sera nourrie tout au long des premiers mois de Cathy Ashton de l’intérieur : l’équipe Mandelson, d’abord, l’équipe Barroso ensuite. La Haute représentante n’ayant pas fait vraiment grand chose pour accréditer le contraire, facilitant ainsi la tâche de ses détracteurs.
(NGV)
(1) ancien assistant et conseiller spécial du président Bill Clinton. Homme de confiance de Hillary Clinton, il fait sa campagne aux primaires démocrates de 2008 et lui servit durant ses fonctions de conseiller ‘officieux’.
Le général Harvent écoute le plan d’opération élaborer par un groupe (Crédit: EUTM Mali)
(BRUXELLES2) Pour la première fois, la mission européenne de formation au Mali (EUTM Mali) a organisé une formation pour une vingtaine d’officiers des cinq pays du Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Tchad) faisant du camp de Koulikoro le centre stratégique de l’interopérabilité militaire du G5 Sahel.
Renforcer l’interopérabilité du G5
La formation, de deux semaines, a eu pour but de « renforcer la coordination et l’interopérabilité des forces armées » des pays du G5 Sahel, explique-t-on à EUTM Mali. La première semaine, c’est la théorie qui a primée. La seconde semaine était consacrée aux exercices pratiques, simulant des situations réelles dans lesquelles les officiers des cinq pays ont été amenés à se coordonner pour une opération conjointe. Ils ont travaillé en petits groupes, mélangeant les cinq nationalités. Chaque groupe devant présenter ensuite ses conclusions aux autres groupes ainsi qu’au commandant de la mission. L’enjeu primaire est d’établir un lien de confiance entre les officiers mais aussi, à long terme, d’établir une procédure conjointe.
… et sa capacité à collaborer avec les acteurs internationaux
Outre la coopération entre les armées des cinq pays, la formation avait pour objectif de favoriser la coopération avec les partenaires internationaux présents dans la région en introduisant les aspects politiques et légaux des opérations, le contexte sécuritaire de la région, la connaissance des acteurs internationaux impliqués sur le terrain. Une formation dont l’importance est à la hauteur du manque de connaissance du terrain. Les officiers du Tchad ont, par exemple, découvert l’existence d’EUTM Mali pendant le cours. Des représentants de l’opération Barkhane, de la mission onusienne MINUSMA et des missions européennes de renforcement des capacités civiles EUCAP Sahel Niger et EUCAP Sahel Mali, ont également participé à la formation, en donnant plusieurs cours expliquant leur rôle et zone d’intervention respectives.
La concrétisation de la volonté politique forte du G5
Pour le général Eric Harvent, qui commande EUTM Mali, c’est « un signal fort » au niveau politique. « Cela montre la forte volonté de coopération, et la capacité de le transcrire en un geste quotidien ». A l’origine de l’initiative, le général Dacko, chef d’Etat-major des armées maliennes (FAMA), a souligné que le terrorisme ne connaissait pas de frontières. Une « réponse transnationale à cette menace est nécessaire. Une interopérabilité renforcée des différentes armées permet parfaitement et efficacement de contrer ce défi sécuritaire ».
Visite de l’envoyé spécial pour le Sahel
Ángel Losada Fernández, le Représentant spécial de l’Union européenne (RSUE) pour le Sahel, a tenu à profiter de cette occasion pour visiter la mission européenne. « Ces cours sont le reflet de la volonté européenne de soutenir le processus de régionalisation. » Losada, en poste depuis janvier 2016, est particulièrement favorable au processus de régionalisation qui entoure la création du G5 Sahel. C’est « une évolution de la plus grande importance », avec des « implications sécuritaires qui ne peuvent être mises de coté », expliquait-il début juin devant le Parlement européen (Lire: Au Mali, les terroristes, encore présents, se déplacent vers le sud (Losada)
(Leonor Hubaut)
Voir le vidéo de présentation de la formation ici
Lire : EUTM Mali, la transition vers le mandat « 3 » est lancée
(B2) De Belgrade ou Nis, de Bratislava ou d’Ostrava, de Sofia ou de Bourgas … ce sont pas moins de 68 vols cargos chargés d’armes qui sont venus ces derniers 13 mois approvisionner les conflits en Syrie et dans le Golfe révèle une enquête menée par plusieurs journalistes des Balkans. 50 de ces vols sont confirmés comme transportant des armes, 18 de ces vols le sont « probablement ». Et ces charters d’un nouveau genre ne semblent pas nouveaux. Depuis 2012, nos confrères des Balkans estiment que ce trafic, très organisé, atteint une valeur d’au moins 1,2 milliard d’euros.
Un trafic très organisé
En examinant plus attentivement les données d’exportation d’armes, les rapports de l’ONU, les dossiers de vol, et les contrats d’armes sur un an, ce sont ainsi des milliers de fusils d’assaut, des obus de mortier, des lance-roquettes, des armes anti-chars et de mitrailleuses lourdes qui sont partis des stocks et des usines de Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Monténégro, Roumanie, Serbie et Slovaquie. Destination : la Syrie via la Jordanie, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis. Le Yémen et la Libye seraient également des destinations finales des armes, bien que dans une moindre mesure. Pour les transporter, l’avion le plus couramment utilisé est l’Ilyushin II-76. L’avantage : il transporte dans ses flancs jusqu’à 50 tonnes de fret, soit environ 16 000 fusils AK-47 Kalachnikov.
Des achats bien organisés… via la CIA
Ces armes, achetées par les Saoudiens, les Turcs, les Jordaniens et les Emirats Arabes unis sont ensuite acheminés à travers deux installations secrètes de commande – appelée opération militaire Centres (MOC ) – en Jordanie et en Turquie. Ces unités coordonnent la distribution d’armes à des groupes d’opposition syriens sélectionnés par les Américains selon le think-tank d’Atlanta, le Centre Carter. Selon Robert Stephen Ford, ambassadeur américain en Syrie entre 2011 et 2014, la CIA a probablement joué un rôle d’intermédiaire entre les pays des Balkans (notamment Serbie, Bulgarie et Roumanie) et du Moyen-Orient pour la vente des armes.
Les Américains en première ligne
Les journalistes ne manquent pas de souligner que le Département de commandement des opérations spéciales de la Défense (SOCOM) des Etats-Unis a également acheté et livré de grandes quantités de matériel militaire en provenance d’Europe de l’Est pour l’opposition syrienne dans le cadre d’un programme de « train and equip », pour une valeur de 500 millions $. Ainsi, depuis décembre 2015, trois navires cargos ont transporté 4.700 tonnes d’armes et de munitions en provenance des ports de Constanza (en Roumanie) et Burgas (en Bulgarie) vers le Moyen-Orient. Probablement dans le cadre « d’une livraison clandestine d’armes en Syrie ». Les envois inclurait des mitrailleuses lourdes, des lance-roquettes et des armes anti-chars – ainsi que des munitions, des mortiers, des grenades, des roquettes et des explosifs. L’origine des armes livrées est, elle, inconnue. Les documents que les journalistes ont pu consulter ne donnant les informations qu’à partir de stocks localisés en Europe centrale et orientale.
NB : C’est principalement à travers les réseaux sociaux, notamment twitter et Facebook, que ces armes sont ensuite localisées à leur destination finale. Un groupe de soldats kurdes, soutenus par le SOCOM, ont ainsi publié de nombreuses photos montrant un entrepôt où s’empilent des boîtes de munitions, avec l’estampille made US.
Un boom des ventes depuis 2012
C’est le conflit en Syrie qui est le principal facteur de cette augmentation selon les auteurs de l’enquête. Avant le printemps arabe en 2011 , le commerce des armes entre l’Europe de l’Est et l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats Arabes Unis, Émirats Arabes Unis , et la Turquie – quatre principaux partisans de l’opposition syrienne – était négligeable, voire inexistant, selon l’analyse faite par les journalistes. Cela change en 2012.
Les usines des Balkans tournent à plein tube
Et le rythme des transferts ne ralentit pas, avec quelques-unes des plus grandes transactions approuvées en 2015. Les usines de fabrication d’armes de Bosnie-Herzégovine et de Serbie tournent à « pleine capacité », avec des équipements supplémentaires et d’autres « ne prennent plus de nouvelles commandes ».
Plus d’1,2 milliard de commandes
Depuis 2012, huit pays d’Europe orientale auraient ainsi exporté plus de 829 millions d’euros d’armes et munitions vers l’Arabie saoudite, 155 millions vers la Jordanie, 135 millions vers les Emirats arabes unis et 87 vers la Turquie. Seul le Qatar, pourtant fournisseur clé d’équipement militaire à l’opposition syrienne, n’est pas dans les licences d’exportations en provenance d’Europe centrale et orientale.
Le chiffre est probablement beaucoup plus élevé estiment les auteurs de l’enquête. « Les données sur les licences d’exportation d’armes pour quatre pays sur huit ne sont pas disponibles pour 2015 et sept des huit pays pour 2016. »
(transcrit par Nicolas Gros-Verheyde & Leonor Hubaut)
(1) Enquête réalisée par le Balkan Investigative Reporting Network – BIRN Kosovo et BIRN HUB – une équipe de journalistes de toute l’Europe centrale et orientale qui a pour ambition de « promouvoir la primauté du droit, la responsabilité et la transparence dans les Balkans et la Moldavie ». Un projet soutenu par l’Agence autrichienne de développement (ADA).