(B2) La capitale ukrainienne encerclée il y a quelques mois par l’armée russe retrouve sa vie d’antan. Tout doucement. Durant les quelques jours que j’ai passé ici, entre le lundi et le jeudi, j’ai ressenti l’appétit d’un retour à la normale. Sans pour autant oublier…
La célèbre place de l’indépendance, avec quelques croisillons qui demeurent tout de même, tels les symboles de la résistance ukrainienne (© NGV / B2)Des magasins d’alimentation alimentés
Les grands centres commerciaux, type les Domus ou Komod, restent encore quasi-déserts, peu de boutiques ont rouvert. En partie par manque de personnel — nombre d’adultes sont partis au front — ou de clients. Mais les magasins d’alimentation sont alimentés quasi-normalement, les petites supérettes tenues souvent par des babas (grand-mères) fonctionnent normalement.
Circulation timide
Quelques gros SUV rutilants sont le signe d’une richesse extérieure. Car les voitures restent en général encore plutôt rares. La circulation reprend très timidement. Pour cause : l’essence est très chère, « trop chère ». Le quidam regarde à deux fois avant de mettre quelques litres dans son véhicule. On se déplace donc à pied ou en transport en commun.
La place Europe, avec les drapeaux ukrainiens et européens alternés, surmontés de l’étoile euro-atlantique (© NGV / B2)Les grands réseaux fonctionnent
Tous les réseaux fonctionnent. La ville est approvisionnée en eau, électricité. Sans coupure apparemment. Les réseaux télécoms tournent parfaitement. Le Wifi est quasi disponible partout. Assurément Kiev est une ville connectée. Davantage que Bruxelles ou Paris. L’habitude s’est prise de payer avec son smartphone.
Chaque train venu de l’Ouest ramène son lot de familles qui ont hâte, mais aussi un peu d’anxiété, à retrouver leur logis (© NGV / B2)Transport en commun
Les transports en commun assurent leur service quasi-normalement. La fréquence est sans doute un peu plus basse que d’habitude. La gratuité, qui était de mise il y a encore une semaine, est terminée. Les contrôleurs ont repris du service et veillent dans le métro comme dans le bus à ce que chacun acquitte son dû. Les trains circulent à peu près normalement, également, même si les cadences sont là aussi plus limitées.
Le métro fierté de Kiev
Dans ce métro rendu célèbre pour sa profondeur, son escalier roulant s’enfonce sous terre, vertigineux (à l’image de ceux de Budapest ou Moscou). Mais certaines stations restent cependant fermées, pour raison de sécurité ou autres, telles Kreshatyk qui dessert Maidan, la place de l’indépendance, ou Hydropark, sur l’île de Venetsiïskyï.
Les fameux escaliers roulants, impressionnants, du métro de Kiev (© NGV /B2)L’Hydroparc désert
Cet énorme parc de divertissement en plein Dniepr reste totalement désert. Personne sur les plages. Encore moins dans les hôtels ou campings. Étonnant en cette saison de printemps quasi-été où la température dépasse les 20°. Mais toutes les installations de loisirs restent désespérément fermées pour l’instant. L’île reste d’ailleurs bloquée à toute circulation de véhicules. De gros barrages faits de terres et blocs de béton sont toujours en place. Seule façon d’y accéder : à pied ou à vélo. Les visiteurs y sont rares.
L’le au milieu du Dniepr (© NGV / B2)Le plaisir d’un verre en terrasse
Mais la ville se remplit de ses habitants. Nombre de bars et restaurants ont rouvert, ou sont en passent de l’être. À une seule exception, les fast-foods McDonald, toujours fermés. Les Ukrainiens de la ville ont goût à sortir, les jeunes surtout, à rire, à se promener main dans la main, à trainailler dans les rues, à prendre un verre aux terrasses ensoleillées. De plus en plus, chaque jour. Du moins jusqu’avant le couvre-feu qui reste en vigueur. Alors, à Kiev, à 22 heures les rues se vident.
A Kiev, avenue Khreschatyk, une des principales artères de Kiev (© NGV / B2)Opéra et cinémas rouverts
L’Opéra de Kiev a repris ses représentations le 21 mai par un Barbier de Séville rutilant. Les cinémas de la capitale, arts et essais comme complexes, reprennent également leurs séances, au moins les week-ends. Les bars et restaurants sont rouverts. Dans un coin parfois trainent encore quelques sacs de sable. Sait-on jamais… Mais ils sont entassés dans des coins de rues, ou dans les arrières des restaurants. Discrètement, le soir, on vient les vider, comme un signe que ce temps-là est oublié.
L’opéra à l’affiche Rigoletto samedi 28 (© NGV / B2)Peu de touristes
Certes il n’y a pas beaucoup de touristes, même dans les principaux lieux touristiques autour de la fameuse Zoloti Varota (porte dorée), lieu central, reconstruite sur les anciens remparts, qui marquait la séparation entre la ville et ses faubourgs, et inaugurée en 1982, du temps de Brejnev. J’en ai croisé quelques uns, polonais apparemment.
La Zoloti Varota, point de rendez-vous incontournable (© NGV / B2)Militaires en ville
Les militaires sont nombreux en revanche pour garder les ambassades, les ministères, les lieux publics. Kalachnikov en bandoulière. Pour la plupart, ils sont de la défense territoriale. On les reconnait au brassard jaune de tissu, parfois bricolé avec un simple bout de scotch. Les endroits plus sérieux sont gardés par un check point avec le renfort de policiers, armés de fusils semi-automatiques. On croise aussi de nombreux militaires en ville de la garde territoriale, femmes et hommes, dans ces tenues kakies claires. Voire, quelques étrangers, tels ce Tchèque et cet Américain, croisés au hasard en uniforme dans un café.
Les zestes de la guerre
Bien entendu, dans tous les points stratégiques, près du Dniepr, aux entrées de la ville, les barrages faits de sacs de sables, de blocs de bétons, et autres checks points demeurent. Et ultime rappel à la réalité de la guerre pas si lointaine, les alertes aériennes. La sirène vrombit de temps à autre. Au moins une à deux fois par jour. Tellement loin, tellement anodine, que personne n’y prête guère plus attention. La première alerte est arrivée aussitôt le pied posé à Kiev. Le chauffeur de taxi sans sourciller m’explique : “Poutin alert”.
Des sacs de sable, destinés à protéger du souffle les fenêtres (© NGV / B2)Un musée en plein air des prises de guerre
Quant aux dépouilles des engins russes pris sur le champ de bataille, quelques unes d’entre elles traversent Kiev, destinées à être exposées sur la place Mykhailivska. Pour en faire un grand musée à ciel ouvert de la bataille qui se déroule encore, à l’Est.
Blindé chenillé russe pris sur le champ de bataille (dans les rues de Kiev)(Nicolas Gros-Verheyde, à Kiev)
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(B2) L’actualité continue sur B2 pro. Pour ceux qui ne sont pas encore abonnés, voici un résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités.
L’agenda du Conseil européen extraordinaire
[Confidentiel] Lundi 30 mai après-midi, les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 se retrouvent à Bruxelles, pour un sommet extraordinaire. Avec un programme très complet et des discussions qui s’annoncent difficiles. Les négociations pour un embargo européen sur le pétrole russe pour faire pression sur Moscou restant soumises au véto hongrois, c’est sur la forme du soutien financier à l’Ukraine que devraient se concentrer les discussions. Et sur les conséquences de la guerre sur les investissements dans la défense. Mais aussi sur la sécurité alimentaire mondiale et les prix de l’énergie. Lire l’agenda complet en exclusivité sur B2.
Les Européens doivent reconstruire leurs stocks d’armes
[Interview] Avec le soutien militaire fourni à l’Ukraine, les États membres de l’UE voient les stocks d’armements se vider. La ministre de la Défense des Pays-Bas Kajsa Ollongren lance l’alerte dans une interview. Elle demande à ce qu’une réévaluation des stocks, des budgets et des coordinations soit faite. Et à ce que les 27 achètent collectivement de nouveaux appareils plus modernes.
Lire : Remplir les stocks d’armes européens : les 27 doivent se coordonner (Kajsa Ollongren)
Transformations des modèles de missions EUTM sur le chemin
[Confidentiel] Malgré certains résultats positifs, le mot d’ordre est le même : « EUTM doit évoluer ». Cela peut s’expliquer d’une part par la présence de concurrents, considérés plus souples. Et d’autre part par le changement de besoins des partenaires. Il est donc important que ce modèle évolue pour « être plus créatif » et « compétitif » plaide une source diplomatique auprès de B2.
Lire : Le modèle des missions EUTM a un peu vécu, il doit évoluer
Le Liban au lendemain des élections
[Interview] Le Liban traverse une crise économique et financière sans précédent, marquée par la disparition de la classe moyenne et de l’augmentation de la circulation du cash. Les élections parlementaires pourront-elles améliorer cette situation ? Face à la difficulté du pays à se remettre sur pied, les points de vues divergent. Les uns suggèrent que l’UE mette en place des sanctions pour forcer les politiques à changer leur comportement. Les autres sont dubitatifs, soutenant que les sanctions ont plus d’impact (négatif) sur la population que sur les dirigeants visés.
Lire : [Pendant ce temps] Le Liban, au lendemain d’élections, le plus dur reste à faire !
Point sur l’état du champ de bataille en Ukraine
[Interview] En direct de Kiev, le colonel Oleksandr Motuzyanyk, porte-parole de la Défense ukrainienne se confie à B2. La Russie continue de poursuivre son objectif : « essayer d’encercler les opérations conjointes » menées par les forces ukrainiennes, « assurer le plein contrôle des oblasts de Louhansk et Donetsk et établir un corridor terrestre entre les territoires occupés de Crimée ». Bien que l’armée russe ait connu de lourdes pertes en vies humaines, elle garde un sacré avantage sur le terrain parce qu’elle possède « davantage d’artillerie » que les Ukrainiens. Ces derniers ont dont besoin d’une chose : d’équipements occidentaux qui « permettront de rééquilibrer la situation ».
Problèmes à la tête de la direction des missions civiles (CPCC)
[Confidentiel] Alors qu’elle fête ses quinze années d’existence, une ambiance « délétère » et « très difficile » s’est installée au sein de la direction des missions civiles, racontent des sources à B2. Depuis l’arrivée du général Francisco Esteban Perez à la tête du CPCC, les plaintes n’ont fait qu’augmenter en nombre. Au point qu’une équipe d’enquête a dû être mise sur pied. Son résultat est sans équivoque : il y a un « dysfonctionnement grave » au sein de la CPCC et il faudrait « restaurer un climat de confiance et de sérénité, au plus vite ». La situation a fini par créer le départ de plusieurs chefs de division et l’abandon de certaines missions civiles à elles-mêmes.
Lire : [Enquête] Le commandement des missions civiles de la PSDC ébranlé par une grave crise interne (v2)
L’appel à projet 2022 du Fonds défense dévoilé
[Actu Pro] La Commission européenne a présenté les projets de financements de la recherche et du développement dans la défense en 2022 pour un montant de près d’un milliard d’euros. Les grands gagnants sont les secteurs de l’espace, du cyber et des technologies disruptives dont certains ont vu doubler leur budget, comparé a ce qui était initialement prévu dans le document de mars dernier. Pour que ce soit possible, l’enveloppe du naval a pris un sacré coup.
Lire : Fonds européen de défense. Les appels à propositions 2022 officiellement dévoilés
Un nouveau soutien aux forces armées moldaves
[Confidentiel] Fragilisée par l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, la Moldavie pourrait recevoir de la part de l’UE un soutien de ses forces armées. Un soutien technique et logistique (non létal), d’une valeur de 40 millions d’euros.
Lire : Vers un soutien supplémentaire aux forces armées moldaves
(Marion Ouédraogo avec toute l’équipe de B2, Nicolas Gros-Verheyde, Aurélie Pugnet, Emmanuelle Stroesser, Agnès Faure et Clara Gantelet)
Cet article Fonds défense, Moldavie, reportage à Kiev, Sommet européen… nos informations de la semaine est apparu en premier sur Le blog de B2.
Tous les livres sur les forces spéciales ne brillent pas leur originalité, l'humilité de ceux qui y parlent, et
Plus d'infos »Souvent tancée par l'Ukraine de ne pas en faire assez, la France continue à faire différemment pour
Plus d'infos »(B2 en Ukraine) Passer la frontière entre l’Union européenne et l’Ukraine est une aventure épique. Les grandes paroles sur la facilitation du trafic restent un leurre, de part et d’autre. En particulier pour le fret, pour qui les formalités sont interminables.
Juste avant la frontière – les véhicules sont derrière bloqués par des policiers en attendant que le “stock” entré dans la zone frontière soit sortie (© NGV /B2)C’est du grand art. Un art combinant à la fois la bureaucratie européenne et la bureaucratie de l’époque soviétique. Le tout matiné de l’habitude du bakchich si ancrée dans le quotidien, qu’elle en devient presque pittoresque. Aucun poste douanier conjoint, ni même accolé. Ce qui fait que les procédures sont allongées et doublonnées.
Une longue file en amont de Zahony
Juste avant le poste frontière hongrois, retenue quelques centaines de mètres avant, une longue file de véhicules s’étend sur plus d’un kilomètre. Ils transportent du fret. Et sont là depuis des heures. « C’est long » souffle un des chauffeurs. Les voitures qui ont en général des plaques temporaires (véhicules d’importation), passent au compte-goutte. Par heure, seule une dizaine de voitures est autorisée à entrer dans la zone de transit. Avant que le parcours des formalités ne débute.
Formalités en série, coté hongrois
Quand le véhicule arrive enfin dans la zone frontière, les obstacles s’enchaînent : papiers, tampon, contrôle, attente, papiers, tampon, attente. Deux heures. Au bas mot. Enfin passé, le contrôle hongrois. Le temps de passer la Tisza, le fleuve qui sert de démarcation entre Ukraine et Hongrie, et le poste frontière. Mais tout n’est pas terminé.
Zone frontière côté hongrois (© NGV / B2)Rebelotte, côté ukrainien
De l’autre côté du pont, se trouvent les Ukrainiens. Alors, les formalités européennes paraissent presque une misère. Passeport une fois. Papiers deux fois. Re-Passeport. Contrôle des papiers. Paiement. Photocopie. Puis recontrôle des documents et passeports. Fouille succincte de voiture. De nouveau, deux heures.
Zone frontière ukrainienne (© NGV / B2)Un petit manège
Pour les véhicules particuliers, c’est plus rapide. Mais avec un peu de temps, on aperçoit très vite un petit manège, insoupçonnable à première vue. Le plus extraordinaire, c’est le nombre de douaniers ukrainiens. Des militaires sont même là, armés. Comme si l’armée hongroise ou slovaque allait surgir à un moment donné pour les envahir. De jeunes conscrits qui semblent heureux de ne pas être au front à l’Est du pays.
Les privilégiés
Les habitués passent apparemment plus vite. Ils prennent bien soin de serrer la main des uns et des autres. Les douaniers contrôlent comme en pays de connaissance. Ils ouvrent même la porte des voitures, pour tout de suite refermer. Le contrôle est visiblement de pure forme. Des billets changent de main. L’habitué file vers la casemate des douaniers, avec, sous le manteau, un petit paquet. Une bouteille, ou quelques plaques de chocolat, et autres, qu’il glisse discrètement dans le bureau. L’air de rien, comme on jetterait un vieux papier. La pratique est le fait du jeune conducteur de minibus, comme du businessman un peu clinquant, ou de la femme élégante, l’air anodin, à qui on donnerait le bon dieu sans confession.
L’acceptation des douaniers
Le douanier de permanence vaque ailleurs à d’autres occupations plus loin. Et revient nonchalamment quand l’habitué a laissé ses bricoles. Ce dernier remonte alors dans la voiture, et démarre après un signe de tête. Chacun salue. Tout le monde est content. En l’espace d’une demi-heure, trois habitués sont ainsi passés par la casemate et repartis à une vitesse éclair. Rien de bien méchant en soi. La routine ordinaire, le pourboire habituel laissé à la terrasse d’un café.
Dernière formalité avant la route
Dernier contrôle à la sortie de l’espace frontière : il faut remettre aux militaires, le « bon de sortie » délivré à la douane. On peut repartir. Délai total : plus de 6 heures. Et encore, était-ce au début de la file. Pour certains, il faudra compter plutôt 12, voire 24 heures pour arriver en Ukraine.
(Nicolas Gros-Verheyde, à Zahony)
Les barrières se lèvent enfin, dernier contrôle au bout avec un poste de militaires (© NGV / B2)Cet article Carnet de route Ukraine 1. De Zakony à Chop, la frontière, tout un poème est apparu en premier sur Le blog de B2.
Trois évènements aéronautiques montrent ce mois de mai toute la fragilité de la sécurité des vols.
Plus d'infos »Dans un tweet de mercredi matin, l’armée ukrainienne a officialisé l’entrée en service opérationnel, sur le front de l'est, des canons français Caesar. Elle n'a toutefois fourni ni détails sur le nombre de pièces déployées ni précisions sur l'unité qui les sert (la 55e brigade d'artillerie?) puisque le patch rouge visible sur l'une des photos ci-dessous est celui de l'artillerie et pas celui d'une unité spécifique.
Un second tweet est en ligne depuis cette fin de matinée (avec un appel pour la fourniture de LRM et de HIMARS):
Trois mois après le début de l'opération spéciale lancée par la Russie contre l'Ukraine, plusieurs médias sont revenus sur l'opération héliportée qui a eu lieu le 24 février au matin avec pour objectif la capture de l'aéroport de fret de Gostomel, au nord-ouest de Kiev. Voir mes posts ici et ici.
Ce raid héliportée lancé par des forces aéroportées et des forces spéciales russes visaient la capture de ce site dédié au fret. La destruction de l'An-225 a un peu occulté le déroulement de ce raid.
La revue Raids dans son numéro 431 (juin 2022) revient sur cette attaque dans un article titré "Echec pour les paras russes en Ukraine". Le mot échec aurait pu être mis au pluriel puisque l'auteur revient sur les revers subis à Kiev par les forces aéroportées russes, tant le 24 février lors de l'assaut en provenance de Biélorussie qu'au cours des jours suivants avec les combats meurtriers à Irpin et Bucha, un peu plus au sud de Gostomel.
Le site Oryx a republié mardi son sujet d'avril dernier sur ce raid russe. On peut consulter le texte ici.
Une vidéo du poser d'assaut est à voir ici. Une autre du survol du fleuve par les hélicoptères russes.
Raids consacre un autre sujet à l'Ukraine avec un texte sur "Azovstal, le dernier bastion de Marioupol".
(B2) Les skippers du Lakota ont un peu joué avec le feu en naviguant, si on en croit les militaires de l’opération maritime européenne EUNAVFOR Atalanta. Les Européens signent un communiqué cinglant pour les navigateurs bretons.
Le yacht Lakota attaqué par les pirates au large du Yemen, jeudi (19 mai) et entrainé l’intervention de la frégate italienne de l’opération.
L’attaque proche des côtes yéménites en mer rouge (carte fournie par EUNAVFOR Atalanta)Deux fautes d’imprudence
Depuis son départ du port de Djibouti, le SV Lakota n’était « pas enregistré » auprès du Centre de sécurité maritime (MSCHOA de Brest). Par conséquent, il n’était pas soumis à « la procédure standard de surveillance étroite quotidienne lors du transit des navires vulnérables dans le sud de la mer Rouge », indique l’opération dans un communiqué parvenu à B2. De plus, l’incident s’est produit dans « une zone où la navigation est fortement déconseillée ». Un danger « clairement indiqué » sur le site du MSCHOA. La navigation « à l’intérieur des eaux territoriales yéménites, à proximité du rivage, est un facteur aggravant, alors que plusieurs incidents maritimes avaient déjà été signalés dans le sud de la mer Rouge » détaillent les marins européens.
Un rappel à l’ordre
Cet incident « rappelle clairement la pertinence des meilleures pratiques de gestion », les fameuses BMP (Best Maritime Practices) dans leur cinquième version datant de juin 2018 (BMP5). Mises au point par l’industrie du transport maritime, elles visent à limiter autant que possible le risque pour chaque navire dans toute la zone comprise « entre la mer Rouge, le golfe d’Aden, l’Océan Indien et la mer d’Oman ». Des règles qui recommandent « une attention particulière est requise pour les voiliers lors de la planification de leur itinéraire ».
L’inscription au MSCHOA largement recommandée
Et parmi les recommandations figurent l’inscription au MSCHOA (MSCHOA Voluntary Registration Scheme) et la déclaration au United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO). Des formalités « primordiales » pour faire « face à tout incident pouvant survenir pendant le transit ». NB : elles permettent d’échanger avant le départ avec le capitaine de navire et, aussi, pour les militaires de pouvoir suivre à la trace et réagir plus rapidement en cas d’incident.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Attaque du Lakota. Une certaine imprudence des navigateurs. Rappel à l’ordre d’Atalanta est apparu en premier sur Le blog de B2.
Arquus a annoncé ce mardi le transfert des activités de maintenance des GBC180 de Limoges à Saint-Nazaire, effectif début mai.
Le GBC180 rejoint donc à Saint-Nazaire d’autres véhicules déjà pris en charge, tels que le VBL ou le TRM10000.
Ce transfert est dans la logique de la spécialisation du site de Saint-Nazaire, maintenant Centre d’Excellence du Maintien en Condition Opérationnelle d’Arquus, c’est-à-dire responsable de la maintenance de l’ensemble des véhicules pris en charge par Arquus.
Le GBC180 est un véhicule de transport tactique et logistique polyvalent, très apprécié des forces. Il porte aujourd’hui l’essentiel de la logistique de l’armée de Terre. Fruit d’une modernisation du GBC8KT lancée en 1997, le GBC180 fait partie des véhicules qui pourraient être remplacés par l’armée de Terre dans les années qui viennent.
Saint-Nazaire poursuit en parallèle sa transformation. Le site conserve aujourd’hui d’importantes réserves de capacités industrielles, flexibles et mobilisables au besoin sous des délais très courts pour répondre à tout nouveau programme ou à toute accélération de rythme.
Les effectifs des forces américaines en Europe sont passés de 78 000 hommes en 2021 (67 000 au plus bas, en 2019) à 102 000 en 2022, a précisé lundi le général Milley (le CEMA américain, devant les élèves officiers de West Point, avait, la veille, prédit de pertes américaines conséquentes : "des dizaines de milliers de morts américains", en cas de conflit avec la Russie et la Chine).
Pour en revenir avec les forces terrestres US en Europe, elles sont réparties au sein de 6 brigades de combat (Brigade Combat Teams) , de deux divisions et d'éléments de deux corps d'armée.
Du côté des forces navales (en Méditerranée et dans la Baltique), sont déployés 15 000 marins, 24 navires de surface (contre six en fin d'année 2021) et 4 sous-marins.
Les forces aériennes ne sont pas en reste avec 12 escadrons de chasse et deux brigades d'hélicoptères de combat, toujours selon Milley.
On est certes loin des effectifs et des moyens de l'époque de la guerre froide (400 000 hommes en 1953) mais la tendance est résolument d'une part au renforcement en hommes et en moyens et d'autre part à la mise en place d'une barrière défensive le long de la frontière avec la Russie. L'activité ISR alliée de la Baltique à la mer Noire (hors survol de l'Ukraine que l'Otan évite) en témoigne, comme le montre cette carte:
Faut-il craindre qu'en cas d'enlisement en Ukraine et l'avènement d'un front figé, un nouveau "mur" entre l'Ouest et l'Est soit mis en place, comme au "bon vieux" temps de la Guerre froide (1400 km de frontière fortifiée entre 1950 et 1990)? Si ce scénario se concrétisait, la nouvelle frontière fortifiée du nord de la Finlande à la mer Noire, parallèlement aux frontières russe, biélorusse et probablement de l'Ukraine sécessioniste, courrait sur au moins 4000 km.
On prend les mêmes et on recommence. A peine arrivé hôtel de Brienne, le nouveau minarm Sébastien
Plus d'infos »
Des canons, les Ukrainiens en ont bien besoin pour contrer les offensives russes... Et ils en reçoivent: des M777, des Caesar, des L119 de 105 mm... Faisons donc un petit point médiatique sur ces livraisons:
- les M77 américains: 118 exemplaires ont été livrés (ou sont encours de livraison). Sur ce sujet on lira cet article du New York Times. "Et cette déclaration enthousiaste à l'AFP du capitaine Dmytro Pletentchouk, de l'administration militaire de Mykolaïv (sud): "Au nom des hommes qui utilisent à présent le M777, je dirais que c'est comme passer du train à vapeur à la voiture électrique".
- les Caesar français qui équiperaient des artilleurs de la 55e brigade (voir ici une courte vidéo et une version un peu plus longue ici).
- les obusiers L119 de 105 mm dont les Néo-Zélandais vont former les tireurs (lire ici). Le gouvernement de Nouvelle-Zélande a effectivement annoncé lundi qu'il allait envoyer au Royaume-Uni une trentaine d'instructeurs pour y entraîner des artilleurs ukrainiens. Ces instructeurs néo-zélandais formeront les Ukrainiens à l'utilisation de canons légers de 105mm L119. Quelque 230 artilleurs bénéficieront de cet entraînement, qui durera jusque fin juillet. La Nouvelle-Zélande a déjà envoyé un avion Hercules et du personnel militaire en Europe pour des missions logistiques et de renseignement, afin d'aider l'Ukraine à se défendre contre l'invasion russe.
- les PzH 2000 venant des Pays-Bas.
- et tous les obusiers de provenance soviétique qui sont fournis par les anciens pays du Pacte de Varsovie.
Tout ça, et je le redis, fait un peu vide-caserne. Et va poser quelques problèmes de maintenance aux Ukrainiens qui héritent d'une Tour de Babel militaire.
Dans l'immédiat, cette puissance de feu n'est pas inutile car elle permet de ralentir les avances russes vers Lyman et Sievierodonetsk dont la chute signifierait que l'oblast de Lougansk est entièrement aux mains des Russes et de leurs alliés du Donbass.
Selon le président ukrainien, chaque jour, entre 50 et 100 soldats perdraient la vie sur la ligne de front dans l'est de l'Ukraine. C'est une estimation qui a été donnée dimanche par Volodymyr Zelensky lors de la visite à Kiev du président polonais Andrzej Duda, selon l'agence de presse RBK Ukraine.
Après 89 jours de guerre, cela signifie que les Ukrainiens ont perdu au moins 4 500 soldats. En avril dernier (voir mon post du 16 avril), Zelensky avait fait état de la mort de "2 500 à 3 000" soldats ukrainiens depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, le 24 février.
Le nombre exact de pertes militaires n'a toutefois jamais été mentionné car, d'après le conseiller du président, Oleksy Arestovich, il s'agit "d'un secret de guerre".
Le nombre de civils tués lors des combats et des bombardements reste tout aussi imprécis. Ce lundi, le président ukrainien a toutefois précisé que 87 Ukrainiens étaient morts dans le bombardement russe du 17 mai, à Desna. Selon Zelensky qui intervenait en visioconférence à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) de Davos (Suisse), la frappe russe a visé ce village qui abrite une base militaire et qui est situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Kiev.
Les militaires en campagne sont rustiques mais ils ne refusent jamais un peu de confort : ils prennent leurs aises, ils s’étalent, ils causent trop… Et leurs postes de commandement ont adopté les mêmes mauvaises habitudes, alors que ces PC devraient être « petits, discrets, mobiles et frugaux », assure le général Vincent Giraud qui commande les 7 500 hommes de la 2e brigade blindée, héritière de la fameuse 2e DB.
La mort, depuis février, d’une douzaine de généraux russes et d’encore plus nombreux colonels lors de frappes ukrainiennes sur leurs postes de commandement illustre parfaitement les vulnérabilités des PC. Ils constituent des cibles de choix dont la neutralisation permet de paralyser l’action d’une force militaire, en la privant de ses moyens d’analyse, de transmissions et de commandement et même de ses chefs.
Des PC félins
« Nous n’avons pas attendu la guerre en Ukraine pour faire ce constat et réagir », assure le général Giraud à l’ombre d’un filet de camouflage tendu entre un quatuor de blindés d’où son état-major pilote l’exercice Strasbourg 2022.
C’est un exercice d’état-major certes mais il rassemble, en terrain libre, 150 véhicules et 600 soldats. Le reste : les troupes amies, les forces ennemies, les frappes aériennes, les tirs d’artillerie…, tout est virtuel. « Mais la simulation est extrêmement réaliste », assure le commandant Thierry qui pilote le centre opérationnel, terré dans une friche industrielle à Charmes (Vosges). De fait, les radios du PC français témoignent des combats en cours, des pertes amies : « Bleu 4 au contact. Un VBL détruit par tir d’artillerie ; trois blessés », de la casse chez l’ennemi : « Trois chars T-72 et un blindé de reconnaissance BRDM détruits » et de la menace qu’il fait peser avec, par exemple, ce « regroupement de chars T-90 au sud de Lunéville ».
« Dans le combat de haute intensité, la vulnérabilité des PC est flagrante et leur survivabilité essentielle », explique le colonel Lemerle, le chef d’état-major de la 2e BB du fond d’un hangar agricole prêté par un exploitant ravi d’accueillir le PC de la brigade pour une dizaine d’heures. « Les drones et l’aviation nous traquent ; les unités de reconnaissance essaient de nous localiser. Leur objectif : nous détruire ! ».
« D’où la nécessité de réduire notre empreinte visuelle en camouflant les véhicules et en réduisant leurs mouvements », ajoute le colonel Merlin, chef de corps du Régiment de marche du Tchad, depuis son propre PC régimentaire. « Il faut aussi réduire l’empreinte thermique en évitant de faire tourner les moteurs et en privilégiant les zones boisées pour déployer nos moyens de commandement ; il faut diminuer les bruits comme ceux des groupes électrogènes, surtout la nuit, mais nos PC sont tellement gourmands en énergie… ». Et ultime nécessité : être prêt à décamper en moins de 20 minutes si la menace se précise.
Quant à l’empreinte électromagnétique, elle reste la plus difficile à réduire. « Un PC émet beaucoup et reçoit beaucoup. Au mieux, on est brouillé ; au pire, détruit », résume la lieutenant Maude de la compagnie de commandement et de transmissions de la brigade, tout en considérant le bosquet d’antennes qui surplombent le PC. « On peut déporter des antennes mais il faut surtout réduire les échanges en phonie, privilégier la transmission de données, être discipliné et bref à la radio ».
Et même si « c’est celui qui a la plus petite (empreinte) qui gagne », comme le lance à la volée un capitaine casqué, l’invulnérabilité n’existe pas. « D’où le recours au mode dégradé avec des cartes sur papier et des ordres écrits transmis par des estafettes, comme autrefois », précise en souriant le général Giraud. Et d’ajouter plus sérieusement : « On a aussi imaginé de dupliquer le poste de commandement, malheureusement avec des moyens humains et matériels presque constants et qui seraient déportés sur deux sites. L’idée, c’est que l’effet miroir permette d’assurer la continuité et la permanence ».
« C’est ce que nous avons testé lors de Strasbourg 2022 avec des doubles postes de commandement, sur roues pour la mobilité et sous blindage pour la résilience (alors que les PC sont rarement blindés), au niveau tant de la brigade que des sept régiments engagés », explique Vincent Giraud. « L’un des PC est toujours actif, l’autre se redéployant selon la menace ennemie ou la progression des unités amies. Tout en essayant de ne pas avoir de déperdition d’informations lors des phases de bascule ! ».
« C’est le prix de la résilience », résume le colonel Garnier, le patron du 40e régiment d’artillerie pour qui le combat de haute intensité induit certes une nouvelle « convergence de complexités » mais aucun changement de l’effet final : « Il faut détruire l’ennemi ». De fait, en quatre jours de combat, la 2e BB a encaissé le choc ennemi, résisté, repris l’initiative, franchi la Meurthe et ouvert la voie à une division blindée américaine. Et aucun de ses PC n’a été détruit. « On a pris des coups », admet le général Giraud, « mais nos PC sont restés capables de comprendre, de réagir et d’ordonner à tout moment ».
(B2) Il était 7h46, jeudi (19 mai), quand le centre de sécurité maritime (MSCHOA) de Brest de l’opération maritime anti-piraterie a reçu une alerte. Un trimaran à voile, le Lakota, pavillon de Hong Kong, est l’objet d’une attaque par des pirates.
Les marins du Bergamini accostant le voilier Lakota dans la nuit (Photo : EUNAVFOR Atalanta)Près des côtes du Yémen
Le bateau SV Lakota se trouve alors dans le sud de la Mer Rouge, près du détroit de Bab-el-Mandeb, au sud-est du port de Hodeidah. Il vient des Philippines, direction la France, via Djibouti, Mais il a choisi de naviguer proche des côtes « en raison des risques de navigation ». Une erreur sans doute, « due à une panne de GPS », précisera plus tard un communiqué d’Atalanta, se voulant conciliant. « Trois petits navires, avec à leur bord cinq personnes », foncent vers lui (1). Ils tirent « une vingtaine de coups de semonce », raconte une source militaire. Il n’y a pas de doute sur leur intention non pacifique. Pour bien montrer leur détermination, ils « montrent des lance-roquettes et des fusils d’assaut ». L’un des assaillants tente même « de monter à bord du navire » et réussit à y prendre pied un instant.
L’alerte frémit sur Mercury
Très vite, l’opération européenne anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta partage ses informations, via sa plateforme d’information Mercury, avec tous les acteurs maritimes concernés de la zone, notamment avec le Britannique, bien connu des marins, le UKMTO (United Kingdom Maritime Trade Operations). Un vieux compagnon de route de toutes les marines marchandes, comme de l’opération Atalanta.
L’ITS Bergamini fait chauffer les moteurs
La frégate italienne ITS Bergamini, qui patrouille au large de Djibouti, met “moteurs toutes” pour se rapprocher du lieu de l’incident. L’hélicoptère de bord décolle, permettant d’aller très vite localiser le voilier et de fournir éventuellement une première assistance à l’équipage. Entretemps, le voilier a réussi à échapper à ses poursuivants, grâce aux mesures d’évitement (accélération, zigzag, etc.). L’approche de l’hélicoptère a un autre intérêt : il permet de recueillir des preuves.
L’approche de l’hélicoptère
L’équipage du SV Lakota fournit aux équipiers d’Atalanta une vidéo de l’attaque. Cette vidéo va être « maintenant analysée par Atalanta et les conclusions seront partagées avec nos partenaires impliqués dans la sécurité maritime de la région », indique l’opération. En clair, s’il n’est pas possible d’identifier clairement les attaquants, on pourra au moins en connaitre davantage leurs modalités d’attaques, leur provenance, voire de les croiser avec la base de données d’Atalanta. Arrivée sur place, la frégate italienne a pris en charge le navire, l’escortant jusqu’à Djibouti, son port de départ, « jusqu’à ce que les garde-côtes djiboutiens prennent le relais devant le port d’Obock », précise l’opération dans un communiqué transmis à B2.
Un bateau de légende !
Si le Lakota ne dit rien à la plupart d’entre nous, rappelez-vous que son premier nom était Pierre Ier, le légendaire navire avec lequel Florence Arthaud a gagné la Route du Rhum 1990 et est devenue ainsi la première femme à gagner une régate de niveau majeur. Vendu et renommé Lakota en 1993, il a fini en 5eme place de la Route du Rhum 1994, avec son nouveau propriétaire et skipper, l’Américain Steve Fossett. Il est ensuite passé dans d’autres mains, gagnant au passage plusieurs courses, avant d’être mis en vente (voir le site de Bernard Gallay) et racheté par Philippe Poupon, pour participer à la prochaine route du Rhum Guadeloupe. (Départ de Saint Malo le 6 novembre 2002). À bord trois personnes, le propriétaire du navire, un marin philippin et un autre skipper, comme le racontent nos collègues de Mer et Marine.
Le SV Lakota en mer rouge (Photo : EUNAVFOR Atalanta)NB : La classification finale de l’incident (acte de piraterie, tentative d’attaque ou autre) n’est pas encore finalisée. Différents faits sont encore à éclaircir, les circonstances n’étant pas encore tout à fait claires. Elles seront fournies par l’opération dans le bulletin de menace publié par l’industrie maritime.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : Une certaine imprudence !
Mis à jour le 25 mai avec des précisions sur l’attaque, l’escorte
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