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L'Afrique réelle (Blog de Bernard Lugan)

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Site officiel de l'historien africaniste Bernard Lugan, professeur à l'Université Lyon III et expert au tribunal international d'Arusha
Mis à jour : il y a 1 mois 1 semaine

Questions et interrogations au sujet de mon éviction des écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan

jeu, 16/04/2015 - 17:59
I) Les faits
1) Le mardi 14 avril 2015 vers 17 heures, je suis contacté par téléphone par la direction de l’enseignement des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC) qui me signifie verbalement l’annulation de toutes mes interventions programmées, sans en préciser les raisons ;
2) Officiellement, à ce jour, je n'ai reçu aucune information écrite concernant ces annulations;
3) Je ne sais pas plus officiellement ce qui a motivé cette décision-sanction;
4) J'ignore la nature de l’autorité qui l’a ordonnée.  Or, l’ancien journaliste à Libération Jean-Dominique MERCHET, proche des milieux de gauche et qui se targue d’être informé directement par le cabinet du MINDEF (Ministère de la Défense) rapporte dans un article publié sur son blog le 15 avril 2015 que :
1) « les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC)… confirment que « suite à ses (mes) récentes déclarations sur le déplacement du secrétaire d'Etat aux anciens combattants à Sétif mettant formellement en cause le chef des armées (François Hollande), le   commandement des écoles a annulé sa (ma) prestation du 29 avril, sans remettre en cause son (mon) expertise d’historien ni présumer de l’avenir de la collaboration entre les ESCC et Mr Bernard Lugan ».           2) L’entourage du ministre a rappelé la « consigne » donnée il y a un an et que doivent respecter les universitaires intervenant aux Ecoles, en particulier de Saint Cyr Coëtquidan, de ne déclencher aucune polémique et de ne pas nuire à l’image des dites écoles.           II) Analyse des faits
Dans un article très documenté au sujet du futur déplacement du secrétaire d’état français aux anciens combattants à Sétif, publié exclusivement sur mon blog le 9 avril 2015 et sans qu'il y soit fait état de mes enseignements aux ESCC, j'étais légitimement fondé à exprimer mon avis tant es qualité d’historien chercheur qu’en vertu de ma liberté d’expression en dehors de mes interventions aux ESCC. Même si cela s'est fait en des termes qui effectivement incriminent le chef de l’Etat : « la décision de François Hollande d'envoyer un membre de son gouvernement à Sétif est une provocation. Ce faisant, le président de la République montre  à la fois son aveuglement historique et son sectarisme politique puisqu'il cautionne la re-écriture de l'histoire faite par les autorités algériennes. Au prix d'une nouvelle humiliation de la France. »
Si l’on en croit Jean-Dominique MERCHET, la décision du Général Commandant les ESCC de suspendre mes interventions:
1) Ne se fonde pas sur une remise en cause de mon expertise d’historien chercheur sur l’Afrique et donc notamment sur les évènements du 8 mai 1945 qui se sont déroulés à Sétif;
2) Serait une interprétation autoritaire à caractère politique émanant au mieux du rappel à la consigne du cabinet du ministre (voir plus haut).  Or, en l'état, il n’y a aucune trace d’une quelconque polémique déclenchée par mon article intitulé « Sétif (mai 1945): encore une provocation socialiste » depuis sa publication sur mon blog le 9 avril. De plus, en quoi cet article aurait-il pu porter atteinte à l’image de l’enseignement des écoles de Saint Cyr Coëtquidan alors qu'il n'y est aucunement fait mention de ces dernières? En l’espèce, c'est l’interprétation de la nature politique de cette sanction par Jean-Dominique MERCHET qui crée une polémique nuisant à la réputation du commandement des écoles et qui remet en cause la qualité de son enseignement sur l’Afrique.Quant à mon avis parfaitement argumenté sur la décision de François Hollande d’envoyer le secrétaire d’état aux anciens combattants à Sétif, il est tout à fait légitime, même s'il conteste effectivement le bien fondé tant historique que politique de la décision du chef de l’Etat. Ce dernier n’en demeure en effet pas moins un homme public et la Cour européenne des droits de l’homme précise à ce sujet qu’il est soumis à la critique, même désagréable, de ses compatriotes.
Nous serions donc face à une sanction prise contre la liberté d'expression pourtant garantie à tout citoyen par la Constitution. Sauf naturellement à devoir considérer que le seul fait d’intervenir aux écoles de Saint Cyr Coëtquidan priverait par voie de conséquence tout universitaire de sa liberté d’expression, y compris en dehors des dites écoles...
Dès lors, je suis en droit de m’interroger publiquement sur les véritables motivations d’une telle décision qui bafouerait ma liberté d’expression. En l’absence d’information officielle écrite, je demande donc une audience au commandant des ESCC pour connaître tant l’auteur de cette décision insolite et attentatoire aux libertés, que ses motivations. Cela afin d’en comprendre la nature exacte et être en mesure d'y porter réponse, éventuellement devant les juridictions nationales et européennes compétentes.
Bernard Lugan16/04/2015
Catégories: Afrique

A Saint-Cyr, l'Afrique n'est plus au programme...

mer, 15/04/2015 - 10:04
Court-circuitant l'ensemble de la hiérarchie militaire afin de lui rappeler -si besoin était-, dans quel mépris elle est tenue, le cabinet du ministre de la Défense vient d'intimer l'ordre au général commandant les écoles de Coëtquidan de suspendre de cours Bernard Lugan. Qu'il soit ainsi fait affront à la bienséance, nul ne s'en étonnera de la part de technocrates parvenus dont le carriérisme le dispute à la servilité. Ce qui est plus grave c'est que les libertés universitaires soient ainsi violentées par un pouvoir à la dérive.Il est somme toute assez pittoresque qu'un chef de l'Etat devant l'unique succès de sa présidence à l'efficacité de l'armée de terre en Afrique, décide d'écarter le seul expert qui, du Mali à la RCA en passant par la Libye, le Tchad ou encore la Passe Salvador, la conseille efficacement au quotidien... Mais après tout, le sort de ses soldats est peut-être le cadet de ses soucis.
Quant aux joyeux élèves de la Spéciale, le cabinet du ministre vient de leur offrir, sans le savoir, un cadeau inespéré. Ils savent désormais qu'une secte d'idéologues faillis vivant ses derniers jours s'attache à détruire les enseignements ramenant les hommes de terrain à la réalité. Mais en se prétendant  indépendante de la vérité, cette secte est devenue la risée de l'opinion. C'est elle qui la détruira.
Et puis, après tout, pour de jeunes élèves-officiers, l'interdit ne reste-t-il pas  le meilleur moyen de faire ouvrir un livre ? Si tu ne viens pas à Saint-Cyr, Saint-Cyr viendra à toi...On ne lâche rien !
Bernard Lugan15/04/2015
Catégories: Afrique

Sétif (mai 1945): encore une provocation socialiste

jeu, 09/04/2015 - 16:21
Du 19 au 21 avril 2015, M. Jean-Marc Todeschini, Secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants effectuera un "voyage mémoriel" en Algérie. Une mémoire sélective puisqu'il est prévu un déplacement à Sétif, repentance oblige..., mais pas à Oran où des centaines de Français furent massacrés et enlevés le 5 juillet 1962 (de Ternant, 2001; Jordi, 2011; herodote.net/5 juillet 1962 ; Mathias, 2014 et Pervillé, 2014). Le secrétaire d'Etat français n'ira pas davantage à la mine d'El Halia où, le 20 août 1955, 132 Européens furent assassinés; ni d'ailleurs sur l'un des nombreux lieux de supplice des Harkis.
Le déplacement du secrétaire d'Etat français à Sétif s'effectuera à la veille des cérémonies du 70° anniversaire des évènements sanglants qui marquèrent la ville et sa région. Plus qu'un symbole, c'est un gage que François Hollande donne là au noyau dur de son électorat. Les porteurs de valises et leurs héritiers demandent en effet depuis des années que la France "reconnaisse sa responsabilité dans la répression" de Sétif. Une telle reconnaissance serait d'ailleurs la suite logique de la politique définie le 17 octobre 2012 par François Hollande quand il rendit un hommage plus que déplacé aux prétendues « victimes » de la manifestation interdite du 17 octobre 1961 à Paris [1].
La visite à Sétif d'un membre du gouvernement français est à la fois une insulte à l'histoire et une faute politique car, pour les autorités algériennes, la "répression de Sétif " est l'emblématique exemple de la "barbarie coloniale française". Retour sur les faits.  Le 8 mai 1945, à Sétif, dans le Constantinois, des militants du PPA (Parti du peuple algérien), interdit depuis 1939 et maintenu dans la clandestinité, décidèrent de profiter des commémorations de la capitulation allemande pour tenter un coup  de force (Benmebarek, 2010). Pour maintenir l'ordre, les autorités disposaient de 40 policiers dont environ un tiers d'indigènes, de 20 gendarmes et de 4 compagnies militaires d'instruction composées de recrues locales (Jauffret, 1987, Benmebarek (2010). Quand la police décida de faire retirer une bannière réclamant l'indépendance de l'Algérie, un coup de feu fut tiré et la manifestation dégénéra. Les civils français furent pourchassés et massacrés, non par une foule hystérique comme cela est trop souvent dit, mais par des commandos de tueurs très mobiles et très organisés qui commirent des meurtres à travers la ville. Le bilan fut de 21 Européens tués et de 36 blessés. Au même moment, et donc sans lien avec la manifestation de Sétif, d'autres massacres se déroulèrent dans la région, à Périgotville, Amouchas, Kerrata, Chevreul, Sillègue, Canrobert, Lafayette, Ampère, Davoust, ainsi que dans les maisons forestières isolées de Tamsout, Aïn Settah et Tamentout où 81 victimes européennes furent à déplorer. Parmi elles, les administrateurs Rousseau et Bancel enlevés et assassinés sur la route  Sétif-Bougie et l'abbé Navarro abattu dans le village d'El Ourica, à 12 kilomètres de Sétif. Au total, 102 Européens furent assassinés (Vétillard, 2008; Benmebarek 2010).Des renforts arrivèrent de Constantine et de Philippeville. Si 10 000 hommes furent déployés dans tout le Constantinois, seulement 3700 -dont des tirailleurs algériens- le furent dans la subdivision de Sétif, la plus vaste, la plus difficile d'accès et la plus touchée de la Division territoriale de Constantine.
Aussitôt la nouvelle des tueries connue, le communiste Maurice Thorez, vice-président du Conseil de gouvernement présidé par le général De Gaulle, lança de véritables appels au meurtre et à la répression. Le 12 mai, le Parti communiste distribua un tract dans les villes d'Algérie dans lequel il demandait de "passer par les armes les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l'émeute. Il ne s'agit pas de vengeance ni de représailles. Il s'agit de mesures de justice. Il s'agit de mesures de sécurité pour le pays".
Heureusement, l'armée garda raison et la répression, réelle, n’eut  pas l’ampleur que lui donnèrent par la suite les nationalistes algériens. Ces derniers avancèrent un bilan de 40 000 victimes, chiffre lancé sans vérification par une source diplomatique américaine favorable aux indépendantistes (Vétillard, 2008). Le FLN alla ensuite jusqu'à parler de 70 000 morts... Certains historiens avancent quant à eux le chiffre de 6000 à 6500  morts tout en soulignant qu'il s'agit là d'une estimation  « haute » (SHD, 1990 ; Vétillard, 2008). Quant au préfet Benmebarek (2010), il estime que le nombre des morts serait d'environ 2500. Comme il n'y eut pas de ratissages en raison des faibles moyens dont disposait l'armée, l'on voit mal comment 3700 hommes dispersés sur de vastes territoires auraient pu tuer des dizaines de milliers de personnes. Et où les corps auraient-ils été enterrés? Nul doute que si des charniers avaient existé, les actuelles autorités algérienne se seraient empressées de les montrer...
Ce qui s’est passé à Sétif est donc à la fois bien connu des historiens et très éloigné de cette histoire officielle algérienne si complaisamment relayée par la gauche française. Le préfet Benmebarek qui a vécu dans la région et qui a donné une excellente analyse des évènements (2010) explique que nous sommes en réalité en présence d'un soulèvement raté qui devait être suivi d’une insurrection dans toute l’Algérie, mais, comme la coordination fut mal assurée, seule la région de Sétif fut touchée. Ce fut en quelque sorte une répétition des évènements de la Toussaint 1954 que la IV° république fut incapable d’anticiper. 
Dès 1962, les autorités algériennes s’engagèrent dans une entreprise d'écriture de l’histoire officielle de la lutte pour l’indépendance présentée comme le soulèvement d’un peuple unanimement dressé contre le colonisateur français[2]. Puis, durant la terrible décennie 1990, quand l’Algérie, alors en pleine guerre civile, fut au bord de l’implosion, ses dirigeants recherchèrent des thèmes d’union nationale qu'ils trouvèrent dans la dénonciation des "crimes" commis par la France. Dénonciation d'autant plus facile qu'en France même, des relais culpabilisateurs existaient. La manœuvre eut son point d’orgue en 1995 avec la célébration du cinquantenaire des évènements de Sétif. Une campagne fut alors orchestrée autour de la projection sur la chaîne Arted’un film de Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois intitulé Le massacre de Sétif. Depuis, et je viens de le dire, Roger Benmebarek (2010) a publié une étude fondamentale qui met un point final à la question. Pour les historiens, et dans l'état actuel des connaissances, le sujet est donc clos.
Voilà pourquoi la décision de François Hollande d'envoyer un membre de son gouvernement à Sétif est une provocation. Ce faisant, le président de la République montre  à la fois son aveuglement historique et son sectarisme politique puisqu'il cautionne la re-écriture de l'histoire faite par les autorités algériennes. Au prix d'une nouvelle humiliation de la France.
Bernard Lugan09/04/2015
Bibliographie
- Benmebarek, R., (2010) "Mémorandum : les « évènements » de Sétif, en mai 1945". Etudes colonialesen ligne.- de Ternant, G., (2001) L'agonie d'Oran (3 volumes). Paris.- Jauffret, J-Ch., (1987) La guerre d’Algérie par les documents. 2 tomes, Service Historique de l’Armée de Terre, Vincennes, 1987.- Jordi, J-J., (2011) Un silence d'Etat. Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie. Paris. Compte rendu détaillé dans Etudes coloniales, 5 novembre 2011, en ligne.- Mathias,G., (2014) "Les vampires à la fin de la guerre d'Algérie. Mythe ou réalité?". Paris.- SHD (Service Historique de la Défense)., (1990)  La guerre d’Algérie par les documents. Tome I, L’avertissement 1943-1946. Vincennes. - Vétillard,R., (2008) Sétif, mai 1945. Massacres en Algérie. Paris- Pervillé, Guy., (2014) "Oran, 5 juillet 1962. Leçon d'histoire sur un massacre."Paris


[1]Voir à ce sujet le chapitre XIV de mon livre Mythes et manipulations de l'histoire africaine intitulé :"Y eut-il un massacre d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris ?". A commander via Paypal sur www.bernard-lugan.com ou par courrier contre un chèque de 28 euros port compris à L'Afrique Réelle, BP 45  42360 Panissières.[2]Voir à ce sujet le chapitre XII de mon livre Mythes et manipulations de l'histoire africaine intitulé :"Les Algériens se sont-ils  unanimement dressés contre la France entre 1954 et 1962 ?". A commander via Paypal sur www.bernard-lugan.com ou par courrier contre un chèque de 28 euros port compris à L'Afrique Réelle, BP 45  42360 Panissières.
Catégories: Afrique

L'Afrique Réelle N°64 - Avril 2015

mar, 31/03/2015 - 16:36
Sommaire :
Actualité :Libye : la partie se joue à quatre
Dossier : L'Afrique ne démarre pas
- Il est urgent de dire la vérité à l'Afrique- Nicolas Baverez ou l'archétypique exemple de contre-sens en matière de développement- La classe moyenne africaine n'existe pas- Les Africains sont de plus en plus pauvres
Histoire : Le premier conflit mondial en Afrique : le Sud-Ouest africain

Editorial de Bernard Lugan :
La chute des cours des matières premières a fait éclater la bulle afro-optimiste artificiellement gonflée par les médias. Après les emballements de l'année 2014, le retour à la réalité est donc cruel.Aujourd'hui, les compagnies minières réduisent leurs investissements pour se concentrer sur les parties du monde dans lesquelles les coûts de production sont les moins élevés, l'Australie par exemple. Pour toutes l'objectif est désormais de ne conserver que les projets les plus rentables ; or, et il faut bien être conscient de cela, l'Afrique est mal placée pour quatre grandes raisons qui sont le manque d'infrastructures, la corruption, l'insécurité et l'absence d'industries de transformation.
La désaffection pour l'Afrique, réalité prenant l'exact contre-pied des discours afro-optimistes ressassés par les médias, est actuellement amplifiée par une erreur économique majeure : pour compenser les pertes, la plupart des pays producteurs augmentent les taxes ou souhaitent le faire, ce qui entraîne automatiquement l'accélération du mouvement de retrait.La Zambie a ainsi multiplié par trois les taxes sur l'extraction du cuivre, avec pour résultat, la fuite des investisseurs. La société multinationale Vedanda Resources a ainsi annoncé une révision profonde de son implication dans le pays. Or, le cuivre représente 70% des recettes à l'exportation de la Zambie.En Afrique du Sud, à la suite des mouvements de grève qui, en 2014, ont paralysé la production durant de longs mois, le géant Anglo-American a fermé trois de ses sept mines de platine pour investir ailleurs que dans la « nation arc-en-ciel ».Dans le domaine des hydrocarbures, l'effondrement des cours a fait que plusieurs projets de recherche ont été purement et simplement abandonnés. Quant aux gisements devenus non rentables avec un baril aux environs de 50 dollars, leur maintien en exploitation est l'objet de bien des interrogations, ce qui place une « épée de Damoclès » sur plusieurs pays africains.
La baisse des cours décourage en effet les prospections, notamment les plus prometteuses, mais également les plus coûteuses, à savoir celles à très grande profondeur maritime. Les conséquences pourraient être dramatiques pour les anciens pays producteurs dont les champs arrivent à épuisement et qui comptaient sur de nouvelles découvertes pour relancer leur production. Trois pays sont particulièrement concernés, le Congo Brazzaville, le Gabon et la Guinée équatoriale. Au Congo-Brazzaville le pétrole représente 67,2% du PIB, plus de 90% des exportations et 79% des recettes publiques ; au Gabon, le pétrole représente 45% du PIB, plus de 90% des exportations et environ 60% des recettes budgétaires cependant qu'en Guinée équatoriale, il assure 76% du PIB et 99% des exportations. Or, dans les trois pays, des découvertes pétrolières ou gazières ont été faites en offshore profond. Leur mise en production nécessitant de gros investissements, le problème est une fois de plus de savoir où se situe leur seuil de rentabilité.
Catégories: Afrique

Bernard Lugan une nouvelle fois censuré

jeu, 26/03/2015 - 16:39
Invité le vendredi 27 mars par Michel Field de LCI et par TV5 Monde pour présenter mon dernier livre Osons dire la vérité à l'Afrique, je viens d'être "déprogrammé" par les deux chaînes.L'actualité ne peut être invoquée car, à la fois le message laissé sur mon portable par LCI et le mail envoyé par TV5 Monde, précisent que ces deux entretiens ne sont pas reportés mais purement et simplement annulés. Il s'agit donc clairement d'une nouvelle censure.
Comment riposter à cette censure ?
1)    En visitant mon blog: www.bernard-lugan.com afin de prendre connaissance de mes analyses africaines.
2)    En vous abonnant à la revue mensuelle par PDF L’Afrique Réelle. Tous renseignements sur www.bernard-lugan.com.
3)    En achetant  en librairie le livre Osons dire la vérité à l'Afrique(Le Rocher, mars 2015). Ce livre peut également être commandé à l'Afrique Réelle  BP 45,  42360 Panissières contre un chèque de 28 euros port compris établi à l'ordre de Bernard Lugan. Par mesure de sécurité, tous les envois sont faits en colissimo. Veuillez préciser si vous souhaitez une dédicace.
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Massacre du Bardo : une conséquence du démantèlement de l'appareil sécuritaire tunisien

sam, 21/03/2015 - 23:37
Disons-le clairement: les premiers responsables du sanglant attentat du musée du Bardo sont ceux qui déclenchèrent la "révolution du jasmin"[1]et qui démantelèrent l'appareil sécuritaire tunisien patiemment mis en place par le régime Ben Ali. Dans ces conditions, quoi d'étonnant à ce que la Tunisie soit incapable de faire face aux terribles attentats qui la meurtrissent? D'autant plus que le pays fournit aujourd'hui le plus important contingent de jihadistes étrangers combattant en Syrie, en Irak et en Libye. En Algérie, lors de l'attaque du site d'in Amenas au mois de janvier 2013, le commando comportait une douzaine de Tunisiens et ces derniers forment le noyau de l'Etat islamique en Libye[2]. En Tunisie même, depuis 2012, les islamistes tiennent le maquis dans la région des monts Chaambi.
A défaut du retour à un pouvoir fort, comme en Egypte,  la Tunisie va continuer à traverser des jours difficiles avec un effondrement économique accéléré, un secteur touristique à l'agonie, une ruine générale, des menaces terroristes tant à l'intérieur que sur la frontière avec la Libye et l'amplification de l'émigration. Ceux qui déclenchèrent la "révolution de jasmin" et ceux qui, notamment en France, la portèrent aux nues avec un rare aveuglement, ont une grande responsabilité dans ce désastre. Le plus grave et le plus désolant est que le drame tunisien n'aura rien appris à la caste politico-médiatique française puisque ses représentants réclament toujours, et à grands cris, le départ du président syrien...
Comment la Tunisie en est-elle arrivée à cette situation ?
La suite de cette analyse est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. Pour la recevoir par courriel, vous devez être abonné.Pour s'abonner, cliquer ici
[1] Voir mes communiqués en date du 25 janvier 2012 et du 11 décembre 2012.  [2] Pour mémoire, dans les années 1980, les Tunisiens étaient déjà  nombreux en Afghanistan et ce furent des Tunisiens qui assassinèrent le commandant Massoud.
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Côte d’Ivoire : un jugement de guerre civile

mar, 10/03/2015 - 15:53
Le mardi 10 mars, en Côte d'Ivoire, Simone Gbagbo a été condamnée à 20 ans de prison ferme pour "attentat contre l'autorité de l'Etat et participation à un mouvement insurrectionnel". Le procureur avait requis une peine de dix ans. Prisonnier de la CPI à La Haye, son mari, l'ancien président Laurent Gbagbo sera, quant à lui, jugé en juillet prochain pour "crime contre l'humanité".
A quelques mois des élections présidentielles, leurs partisans dénoncent une justice à sens unique susceptible de souffler sur les braises d'un conflit ethnique non éteint.
Lors des élections présidentielles de 2010, nordistes et Baoulé s’étaient alliés pour chasser le Bété Laurent Gbagbo et ses partisans sudistes du pouvoir. A l’issue d’un vote ethnique, Alassane Ouattara fut élu au second tour (décembre 2010) avec près de 55% des voix. Laurent Gbagbo s'étant proclamé vainqueur, durant quatre mois le pays fut plongé dans le chaos[1]. Puis, à la fin du mois de mars 2011, une offensive nordiste appuyée par la France fut déclenchée et Laurent Gbagbo se trouva assiégé dans sa résidence d’Abidjan. Le lundi 11 avril 2011, les hélicoptères français réduisirent ses derniers défenseurs cependant que des éléments à terre ouvraient le chemin aux forces d’Alassane Ouattara. Mis au pouvoir par l’ancien colonisateur, ce dernier fut considéré comme illégitime par les 46% d’Ivoiriens qui avaient voté pour Laurent Gbagbo lors du second tour des élections présidentielles. Depuis, le processus de réconciliation auquel s'était engagé Alassane Ouattara n’ayant pas été  réalisé, le pays est toujours coupé en deux. Tous les problèmes demeurent donc et ils sont d’abord ethno-politiques. Tant que cette réalité ne sera pas prise en compte le pays sera au bord du précipice. En dépit du "miroir aux alouettes" qu'est la croissance du PIB.

Bernard Lugan
10/03/2015

[1] Voir à ce sujet mon livre Afrique, la guerre en cartes, pages 158-165. 
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Nouveau livre de Bernard Lugan : Osons dire la vérité à l'Afrique

ven, 06/03/2015 - 01:13






















Editions Le Rocher ; 224 pages
Prix : 21 euros
Disponible en librairie et sur Amazon

Présentation :
Accrochés à des pourcentages de PIB désincarnés ou artificiels, « experts » et médias mentent à l'Afrique quand ils lui font croire qu'elle a « démarré » et qu'une « classe moyenne » y est née. En effet, non seulement le continent ne se développe pas, mais, au sud du Sahara, il est même revenu à une économie de « comptoir ».
Au XVIIIe siècle ces derniers étaient esclavagistes ; en 2015, ils sont pétroliers, gaziers ou miniers. Comme ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui n'enrichissent qu'une infime minorité d'acteurs-profiteurs cependant que la masse de la population subit en tentant de survivre.
Allons-nous donc continuer de mentir à l'Afrique quand, confrontées à la misère et pour échapper au désastre dont elles sont les premières victimes, ses jeunes générations risquent leur vie dans de mortelles traversées vers le supposé « paradis » européen ? Afin d'attaquer les vraies causes du mal, les acteurs africains et européens doivent commencer par cesser de s'abriter derrière ces postures dogmatiques et ces mensonges qui, depuis des décennies, engluent le continent dans les échecs.
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L'Afrique Réelle N°63 - Mars 2015

mar, 03/03/2015 - 01:24
SOMMAIRE
Actualité :- Les fragilités du Tchad face à Boko Haram- De la Libye à la région péri tchadique, est-il encore possible d'endiguer le califat islamique ?
Dossier :L'Algérie produira-t-elle encore du pétrole et du gaz en 2030 ?
Histoire :Le premier conflit mondial en Afrique de l’Ouest

Editorial de Bernard Lugan :
En ce mois de mars 2015, en dépit des discours économiques  désincarnés prononcés par les « experts » et pieusement récités par les médias, l'Afrique est plus que jamais en perdition. En laissant de côté les crises politiques qui peuvent à tout moment déboucher sur des guerres, le simple énoncé des conflits en cours permet de le comprendre.
A l'exception du Maroc, toute l'Afrique du Nord est en guerre :
- L'Egypte est prise entre deux fronts jihadistes, celui du Sinaï à l'est et celui de Libye à l'ouest ; sans parler de la subversion intérieure qui se manifeste par des attentats quotidiens.
- En Libye les dernières structures étatiques ont achevé de se dissoudre dans des affrontements aux formes multiples à travers une fragmentation régionale et tribale que Daesch tente de coaguler.
- La Tunisie ne parvient pas à réduire ses maquis islamistes.
- En Algérie, des maquis islamistes sont actifs dans plus de la moitié du pays. L'Algérie est dans une impasse économique due aux aléas pétroliers, ce qui risque d'avoir de graves conséquences sociales et politiques.
Au sud du Sahara, la totalité de la bande sahélienne, de l'atlantique à la mer Rouge est en état de guerre ouverte ou larvée.
- La question malienne n'a pas été réglée. Elle n'est pas religieuse, mais ethno-raciale et elle ne trouvera pas de solution tant que l'Etat malien ne se sera pas véritablement « fédéralisé ».
- Dans toute la région péri tchadique, Boko Haram étant à l'offensive, le Niger, le Tchad et le Cameroun tentent de coordonner la résistance.
- Le Nigeria qui a militairement perdu le contrôle de trois de ses Etats est en plein délitement alors qu'il y a encore quelques mois, les « experts » du développement le présentaient comme un « relais de croissance »[1].
- En Centrafrique, l'actuel dégagement français et le passage de relais à la MINUSCA se fait alors qu'aucun des problèmes qui se posaient avant Sangaris n'a été réglé. Le pays est même devenu une nouvelle zone de déstabilisation régionale.
- Les deux Soudan sont toujours au bord de la guerre cependant qu'au Soudan du Sud, la guerre entre Dinka et Nuer prend chaque jour de l'ampleur.
- La Somalie demeure une plaie ouverte en dépit des interventions extérieures.
- L'est de la RDC, et plus particulièrement le Kivu, est toujours ensanglanté par les affrontements de milices qui permettent à Kigali de continuer à piller ses richesses minières.
[1] Les lecteurs de l'Afrique Réelle avaient été « vaccinés » contre cette illusion. Voir à ce sujet le numéro 52, avril 2014.
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Libye : qui présentera "l'addition" à MM. Sarkozy, Juppé et BHL?

mer, 18/02/2015 - 19:49
Ce communiqué peut être reproduit à condition d'en citer la source

Au mois de mars 2011, à l'issue d'une campagne médiatique d'une rare intensité initiée par BHL, Nicolas Sarkozy décida d'entrer en guerre contre le colonel Kadhafi avec lequel il était encore dans les meilleurs termes quelques mois auparavant. Le 17 mars, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, arracha la résolution 1973[1] au Conseil de Sécurité de l'ONU, ce qui permit d'ouvrir les hostilités. Le 19 mars, 19 avions français (chasseurs et ravitailleurs) lancèrent un raid de 2h30 au dessus de la Libye. L'incompréhensible guerre franco-libyenne ou otano-libyenne, venait de débuter.
Les raisons de ce conflit aux conséquences à ce point dramatiques qu'une intervention internationale paraît aujourd'hui indispensable sont toujours aussi mystérieuses. A l'époque, l'Elysée avança l'argument d'une action humanitaire destinée à "sauver la population de Benghazi". Le mardi 16 décembre 2014, le président tchadien Idriss Deby donna une autre explication en déclarant qu'en entrant en guerre en Libye: " l'objectif de l'OTAN était d'assassiner Kadhafi. Cet objectif a été atteint "[2].
Quoiqu'il en soit de ses causes officielles ou officieuses, réelles ou supposées, étayées ou fantasmées, le résultat de cette guerre "pour la démocratie et les droits de l'homme", est catastrophique :
- Les alliés islamistes du Qatar et de la Turquie ont pris le contrôle d'une partie des approvisionnements gaziers et pétroliers de l'Europe.

- Daesh a lancé une entreprise de coagulation des milices islamistes. Celles qui lui ont fait allégeance contrôlent une partie de la Cyrénaïque et à l'ouest, elles sont sur la frontière tunisienne. Partout, elles font régner la terreur.

- L'Egypte est directement menacée ainsi que la Tunisie et l'Algérie. Au sud, le Tchad et le Niger sont en première ligne alors qu'avec Boko Haram un second front islamiste s'est ouvert sur leurs frontières.

- Les gangs islamo-mafieux déversent des dizaines de milliers de migrants sur les côtes européennes. Au lieu de les refouler, la marine italienne les récupère en mer pour les installer en Europe...d'où ils ne repartiront plus. Or, tout le monde sait que des terroristes se dissimulent parmi eux et qu'ils vont créer des cellules "dormantes" au sein de l' "espace Schengen".
Face à ce désastre, comme s'ils étaient étrangers au chaos qu'ils provoquèrent, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé aspirent à la plus haute charge de l'Etat français. Quant à leur inspirateur guerrier, il continue à promener sa superbe et son échancrure de col sur les plateaux des télévisions...
Bernard Lugan
18/02/2015


[1]Voir à ce sujet le texte de la conférence de presse d'Alain Juppé à New York (www.ambafrance-at.org).[2] Voir mon communiqué daté du 1 janvier 2015 dont le titre est "Le but de la guerre était-il d'assassiner le colonel Kadhafi ?".
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Nigeria-Tchad : la nouvelle stratégie de Boko Haram

dim, 15/02/2015 - 10:01
Boko Haram qui contrôle une partie du Nigeria opère désormais au Niger, au Cameroun et également au Tchad. Dans un premier temps sa stratégie fut d'exacerber la fracture entre le nord et le sud du Nigeria afin d’imposer l’indépendance d'un Etat théocratique nordiste inscrit dans la tradition des émirats du XIXe siècle. Une rupture s'étant ensuite produite entre les Haoussa et les Kanouri, ces derniers formant la base ethnique du mouvement, la stratégie de Boko Harama  changé. Désormais, son objectif est le pourrissement de la région péri tchadique à travers la zone de peuplement kanouri qui déborde largement du Nigeria puisqu'elle s'étend au Niger, au Cameroun et au Tchad. Une évolution qui n'a pas été vue par les observateurs et qui change d'autant plus en profondeur les données du problème que Boko Haram commence à recruter parmi les populations arabes péri tchadiennes.
La suite de cette analyse est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. Pour la recevoir par courriel, vous devez être abonné.Pour s'abonner, cliquer ici
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L'Afrique Réelle N°62 - Février 2015

lun, 02/02/2015 - 12:40
Sommaire

Actualité
- Algérie : L'effondrement du prix du pétrole menace la paix sociale
- Le Nigeria et le Niger face à Boko Haram
- Burkina Faso : De Thomas Sankara à Blaise Compaoré

Histoire
Le premier conflit mondial en Afrique du Nord

Afrique du Sud
Quand Mgr Lafont louvoie entre niaiserie, aveuglement et déni de réalité


Editorial de Bernard Lugan :

Par leurs provocations irresponsables, les « Charlie » réussiront-ils à paralyser la lutte anti-jihadiste au Sahel ?

1) Parlons vrai : que cela plaise ou non, pour une grande partie de l'Afrique, l'odieux assassinat des journalistes de Charlie Hebdo est vu comme la « juste punition de blasphémateurs ». Quant aux imprudents responsables africains qui furent littéralement convoqués à la marche parisienne des « Charlie », notamment les présidents Ibrahim Boubacar Keita du Mali et Mahamadou Issoufou du Niger, les voilà désignés comme des ennemis de l'islam. Ils sont donc politiquement affaiblis et cela alors qu'ils sont en première ligne contre le jihadisme.

Les conséquences géopolitiques qui vont découler de cette situation ne peuvent encore être mesurées. Notamment au Niger où Boko Haram qui, jusqu'à présent ne s'était pas manifesté, a pris le prétexte de la livraison du numéro spécial de Charlie Hebdo publié après les assassinats, pour lancer des foules fanatisées contre les intérêts français à Zinder et à Niamey. Au même moment, nos postes militaires avancés veillent aux frontières du pays pour empêcher le Niger de passer sous le contrôle des jihadistes...

Un officier supérieur égyptien pourtant peu suspect de sympathies islamistes me disait récemment : « Quand Charlie Hebdo représentait le pape Benoît XVI sodomisant un enfant de choeur, ses journalistes passaient pour de facétieux potaches et les catholiques protestaient par la prière. Mais quand ils insultent le prophète Mahomet, ils le paient de leur vie. Il est désolant de devoir constater que ce sont les malades mentaux salafistes qui, par l'assassinat, rappellent vos journalistes à la décence ».

Cruelle réflexion !
Les irresponsables de Charlie Hebdo ont-ils conscience des dégâts que leur jusqu'au-boutisme a provoqué en Afrique ? Peuvent-ils comprendre qu'ils ont mis en danger la vie de Français expatriés ? Peuvent-ils imaginer qu'ils fournissent des armes aux jihadistes tout en paralysant nos soldats engagés dans de difficiles combats pour les réduire ?

2) Mortelle culture de l'excuse : des terroristes islamistes de nationalité française et issus de l'immigration assassinent 17 compatriotes. Pour le Premier ministre français, l'origine de ces crimes odieux est à rechercher dans l' « apartheid » qu'auraient pu subir les meurtriers...
Au lieu de s'attaquer aux vraies causes du mal, voilà donc ouvert un nouveau et inutile débat sémantique à travers l'utilisation d'un « mot-prison » permettant à des politiciens faillis de gagner du temps et des points de popularité[1]. Tout en tentant de faire oublier que les tragiques évènements du mois de janvier 2015 sont une conséquence du « grand remplacement » dont ils sont responsables...

[1] Pour ce qui est du véritable sens du mot « apartheid », on se reportera au chapitre XIII de mon livre Mythes et manipulations de l'histoire africaine intitulé « Apartheid mérite-t-il d'être devenu un "mot prison" ? »
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Afrique : La guerre en cartes

ven, 23/01/2015 - 16:29


Présentation :
Cet ouvrage de 278 pages tout en quadrichromie est composé d'une centaine de cartes accompagnées de leurs notices-commentaires.
Il s'agit d'un exceptionnel outil de documentation et de référence construit à partir des cours que Bernard Lugan dispense à l'Ecole de Guerre et aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan.
Il est composé de deux parties. Dans la première sont étudiés les conflits et les crises actuels ; la seconde traite de ceux de demain.
Sa vocation est d'être  directement utilisable par tous ceux, civils et militaires qui sont concernés par l'Afrique.

La table des matières de l'ouvrage est indiquée ci-dessous.
Vous pouvez trouver l'exemple d'une carte et de sa notice :






























IMPORTANT : Cet ouvrage est exclusivement disponible auprès de l'Afrique Réelle.

Prix :
- 45€ (livraison colissimo et TVA compris)
- 47€ pour livraison Suisse/UE
- 50€ pour livraison monde
- Pour toute commande à partir de 5 exemplaires, 37€ par exemplaire.

Pour le commander, deux possibilités :

1) Par carte bleue ou Paypal

Livraison France €42,65 EUR Europe €44,55 EUR Monde €47,39 EUR
2) Par chèque, avec ce bon de commande :
















Table des matières

Première partie : les guerres d'aujourd'hui

I- Présentation

- La conflictualité africaine en 2014 (carte)
- La conflictualité africaine en 2014 (notice)
- Les guerres africaines de 1960 à aujourd'hui (notice)
- Les guerres africaines de 1970 à 2000 (carte)
- Les frontières sont-elles la cause des conflits africains? (notice)
- L'Afrique politique (carte)
- L'Afrique, un continent qui s'arme (notice)
- Les 12 premiers budgets militaires africains en 2013-2014 (carte)

II- Définitions et constantes

- La terre et l’eau (notice)
- La végétation (carte)
- Le pastoralisme et ses problèmes (notice)
- L'Afrique entre le désert et la forêt (carte)
- La géopolitique de la mer (notice)
- L'Afrique enclavée (carte)
- Les langues et les populations (notice)
- L'Afrique ethno-linguistique (carte)
- La question religieuse (notice)
- Les religions (carte)
- L'Afrique francophone (carte)
- L'Afrique anglophone (carte)
- Economie: l'état des lieux (notice)
- Les cinq pays africains les moins performants (carte)
- Les dix pays africains les plus performants (carte)
- La géopolitique du pétrole et du gaz (notice)
- Pétrole et gaz en Afrique sud-saharienne (carte)
- La géopolitique du pétrole dans l'espace saharo-soudanais (notice)
- La géopolitique du pétrole enclavé (carte)

III- Les Afriques embrasées

A- L'Afrique du Nord

- Les "printemps arabes" entre mythe et réalité (notice)
- Les "printemps arabes" au Maghreb et au Machrek (1 carte)
- La désintégration de la Libye (notice)
- La Libye ethnique et tribale (carte)
- Les confédérations tribales de Libye (carte)
- Les alliances tribales  de Libye (notice)
- La guerre de Libye (mars-octobre 2011) (carte)
- Libye:pétrole et gaz (carte)
- La Libye:porte d'entrée du Sahara (carte)
- Les Berbères de Libye, acteurs essentiels de la guerre civile (notice)
- La contagion libyenne (carte et notice)

B- Le Sahel

- Les guerres du Sahel (notice)
- L'espace sahélo-soudanais: un archipel de conflits (carte)
- Le Sahel (carte)
- Les grandes définitions (notice)
- Les quatre grands verrous de la zone sahélo-saharienne (carte)
- Les quatre principaux peuples du Sahara (carte)
- Maures,Touareg,Toubou et Zaghawa (notice)
- La complémentarité entre l' Afrique du Nord et le Sahel (notice)
- Les relations entre l'Afrique du Nord et le Sahel à l'époque précoloniale (carte)
- Le Maroc dans sa plus grande extension (XVII°-XVIII° siècles) (carte)
- La zone sahélo-saharienne: un monde de tradition jihadiste (notice)
- Le Sahel: un monde de Jihad (carte)
- Le Sahel, plaque tournante du trafic de la cocaïne (notice)
- La cocaïne et l'"autoroute n°10" (carte)
- La question du Mali ( notice)
- Mali : les trois Azawad (carte)

C- La région Tchad-Nigeria

- Le verrou tchadien et ses fragilités (notice)
- Le verrou tchadien (carte)
- Les ethnies du Tchad (carte)
- Les trois Tchad (carte)
- Le Nigeria, un mastodonte éclaté (notice)
- Le Nigeria et la guerre de Boko Haram (carte)
- Les deux Nigeria (carte)
- La guerre de Boko Haram (notice)

D- L'Afrique orientale et la Corne

- L'Afrique orientale (carte)
- La géopolitique de la Corne de l'Afrique (notice)
- L'Ethiopie et ses périphéries (carte)
- Soudan: la Nubie contre ses périphéries ( notice)
- Les guerres du Soudan (carte)
- Soudan: un pays éclaté (carte)
- Les principales tribus non "arabes" du Darfour (carte)
- La guerre du Darfour (notice)
- Les guerres de Somalie (notice)
- La guerre de Somalie (carte)
- Le Somaliland, poumon de l'Ethiopie? (carte)
- La question du Somaliland (notice)
- Les guerres ethniques du Kenya (notice)
- Le Kenya ethnique (carte)
- La mosaïque ethnique du Kenya (carte)
- Le Kenya, le terrorisme somalien et le Jubaland (notice)
- La question du Jubaland (carte)

E- L'Afrique centrale et la région interlacustre

- L'arc de crise de l'Afrique centrale (carte)
- La guerre ethnique du Soudan du Sud (notice)
- Soudan du Sud: la mosaïque des populations nilotiques (carte)
- La géopolitique de la région interlacustre (notice)
- La région interlacustre ou " l'Afrique de la vache et de la lance" (carte)
- L'interminable guerre du Kivu (notice)
- Le Kivu (carte)
- Le Nord Kivu (carte)
- RDC: la zone d'influence du Rwanda (carte)
- Centrafrique: d'une guerre ethnique à une guerre religieuse (notice)
- La conquête de la République centrafricaine par la Séléka (carte)

Deuxième partie : les guerres de demain

- Est-il possible de prévoir les futurs conflits africains ? (notice)
- Les zones de conflits futurs (carte)

I- Les principaux conflits ethniques en sommeil

1- La Guinée

- La Guinée menacée par son ethnocratie (notice)
- Langues et peuples de Guinée (carte)
- Les élections  présidentielles de 2010, résultats nationaux (carte)
- Les élections présidentielles de 2010, résultat nationaux (notice)

2- La Côte d'Ivoire

- Côte d'Ivoire : tous les problèmes demeurent (notice)
- La Côte d'Ivoire point de rupture de la tectonique ethnique de l'Ouest-africain atlantique (carte)
- Les peuples de Côte d'Ivoire (carte)
- La population de Côte d'Ivoire (carte)
- Résultats du deuxième tour des élections présidentielles de 2010 (carte)
- Les religions de Côte d'Ivoire (carte)

3- La RDC

- La République démocratique du Congo (carte)
- Les menaces d'éclatement de la RDC (notice)
- RDC : les cinq principales ethnies (carte)
- Les langues véhiculaires en RDC (carte)
- L'ethno-fédéralisme de la RDC (carte)

4- L'Ituri

- La question de l'Ituri n'est pas réglée (notice)
- Les populations de l'Ituri (carte)

5- L'Ethiopie

- La mosaïque ethnique éthiopienne peut-elle tenir ? (notice)
- Les ethnies d'Ethiopie (carte)
- Les ethnies d'Ethiopie (tableau)

6- L'Ouganda

- L'Ouganda et sa question ethnique (notice)
- Ouganda: les trois grandes populations (carte)

7- Le Mozambique

- Le Mozambique, un pays coupé en deux (notice)
- Le Mozambique ethnique (carte)
- Mozambique: les élections de 1994 (carte)

8- La Casamance

- Casamance et Guinée Bissau: la question Diola (carte)
- La question de la Casamance (notice)

II- Les conflits frontaliers potentiels

1- Le Sahara occidental

- La question du Sahara occidental (notice)
- Le contentieux territorial entre le Maroc et l'Algérie (carte)
- La guerre du Sahara occidental (carte)

2- Le Soudan

- La guerre des deux Soudan aura-t-elle lieu ? (notice)
- Les deux Soudan (carte)
- Le pétrole des deux Soudan (carte)

3- Ethiopie-Erythrée : la guerre est-elle inévitable ? (notice)

- L'enclavement de l'Ethiopie (carte)

4- Le pétrole du lac Albert peut-il provoquer un conflit régional ? (notice)

- Photos

5- Le pipe line de Lamu : un projet crisogène ? (notice)

- Les projets de désenclavement pétrolier du Soudan du Sud et de l'Ouganda (carte)

6- Gabon-Guinée Equatoriale: la question  de Mbagné (carte)

- Ghana-Côte d'Ivoire, Gabon-Guinée équatoriale: de futurs pétro-conflits ? (notice)
- Le contentieux pétrolier Ghana-Côte d'Ivoire (carte)

7- Une guerre pour les eaux du Nil est-elle possible ?

- Le bassin du Nil (carte)

III- Autres questions crisogènes

- Algérie: la crise de fond va-t-elle se transformer en révolution ? (notice)
- L'Algérie des islamistes (carte)
- La démographie va conduire à la guerre (notice)
- La population en 2014 (carte)
- La population mondiale (carte)
- La question berbère pourrait-elle prendre la forme d'une seconde décolonisation ? (notice)
- Les berbérophones aujourd'hui (carte)

IV- Afrique du Sud : l' "arc-en ciel" avant le tsunami ? 

- Le naufrage économique sud-africain va-t-il déboucher sur un chaos social et racial ? (notice)
- Le secteur minier fait couler l'économie  (notice)
- Les principaux gisements miniers sud-africains (carte)
- Le délitement de la fragile mosaïque raciale sud-africaine (notice)
- Les quatre grands blocs ethniques sud-africains (carte)
- Les évolutions démographiques sud-africaines (notice)
- Evolution de la population sud-africaine de 1899 à 2013 (tableau)
- La population par province en 2007 (carte)
- La population par province en 2013 (carte)
- Les Blancs face à un apartheid à rebours (notice)
- Le changement de population dans la région du Cap entre 1994 et 2013 (tableau)
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L'Afrique n'est pas "Charlie"

sam, 17/01/2015 - 17:19
Vu d'Afrique, l' "affaire  Charlie hebdo" illustre les limites de l'universalisme européo-centré. Vendredi 16 janvier, alors que les sociétés de l'hémisphère nord communiaient dans le culte de la liberté d'expression, une partie de l'Afrique s' insurgeait contre la France des "Charlie". Du Sénégal à la Mauritanie, du Mali au Niger, de l'Algérie à la Tunisie et au Soudan, le drapeau français a été brûlé, des bâtiments français incendiés et en "prime", des églises détruites. Quant aux imprudents chefs d'Etat africains qui participèrent à la marche des "Charlie", dont Ibrahim Boubacar Keita du Mali, les voilà désormais désignés ennemis de l'islam.
Aveuglés par la légitime émotion et noyés sous l'immédiateté, nos responsables politiques n'ont pas songé à se demander comment l'Afrique percevait les événements. Or, alors que pour nous, il s'agit d'un ignoble attentat contre la liberté d'expression commis contre des journalistes, personnes sacrées dans nos sociétés de la communication, pour une grande partie de l'Afrique, il s'agit tout au contraire de la "juste punition de blasphémateurs".  Qui plus est ces derniers n'en étaient pas à leur coup d'essai et ils avaient même été solennellement mis en garde. Voilà pourquoi leurs assassins sont considérés comme des "héros". Quant aux foules de "Charlie", elles sont vues comme complices des insultes faites au Prophète. De plus, comme le président de la République a marché à leur tête, cela signifie que la France et les Français sont coupables.
Les conséquences géopolitiques qui vont découler de cette situation ne peuvent encore être mesurées, notamment dans les pays du Sahel en raison du jihadisme récurrent contre lequel nos troupes sont engagées. Le plus grave est ce qui s'est passé au Niger où Boko Haramqui, jusqu'à présent ne s'était pas manifesté, a pris le prétexte de la nouvelle livraison de Charlie Hebdopour lancer les foules contre le centre culturel français de Zinder; au même moment, nos postes militaires avancés veillent aux frontières du pays...
Personne n'a dit ou vu que l' "affaire Charlie Hebdo" n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase des impératifs politiques et moraux que nous imposons à l'Afrique: démocratie, droits de l'homme, avortement, mariage homosexuel, anthropomorphisme etc. Tous y sont considérés avec dédain ou même comme de "diaboliques déviances".
C'est donc dans les larmes et dans le sang que les bonnes âmes et les idéologues vont devoir constater que le "village Terre" n'existait que dans leurs fantasmes universalistes. Ce qui est bon ou juste aux yeux de leur branchitude est en effet une abomination pour une grande partie de l'Afrique et même de la planète.En plus de cela, pour nombre d'Africains, l'Europe est devenue une terre à prendre : ses habitants ne croient plus en Dieu, ses femmes à la vertu volage ne font plus d'enfants, les homosexuels s'y marient et la féminisation y a dévirilisé ses mâles. Paradoxe cruel, ceux qui, depuis des décennies, ont permis cette révolution en tournant systématiquement en dérision les valeurs fondatrices et le socle social (famille, travail, discipline, ordre, effort, armée, police etc.) ont été odieusement assassinés par les enfants de ceux auxquels ils ont si largement ouvert les portes...
Nous voilà donc au terme du processus. Désormais, la contradiction est telle que seul un "saut qualitatif brusque", comme le disaient les marxistes, permettrait de la surmonter. L'obsolète méthode "soustellienne" de l'intégration ou celle du "radeau de la Méduse" de la laïcité n'y suffiront sans doute pas...

Bernard Lugan
17/01/2015
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L'Afrique Réelle N°61 - Janvier 2015

mar, 06/01/2015 - 10:30
Sommaire :

Actualité : Nigeria
Boko Haram : mouvement islamiste nordiste ou Kanouri ?

Dossier : La Chine et l'Afrique

- Les relations entre la Chine et l'Afrique
- La lune de miel est terminée
- La nouvelle politique chinoise

Bilan et prospective :
L'Afrique entre 2014 et 2015


Editorial de Bernard Lugan

Le mercredi 12 septembre 2012, dans un communiqué publié sur le blog de l'Afrique Réelle j'écrivais : « Désormais, en Libye, l’alternative est simple : soit les nouvelles autorités mettent un terme au chaos - mais comment_? - et reconstruisent l’Etat sous une forme ou sous une autre, soit la Libye demeure ingouvernable. Dans ce cas, les islamistes pourraient alors jouer une carte maîtresse, celle du modèle religieux transcendant les divisions afin de les coaguler dans un tout commun, l’Oumma. »

C'est très exactement ce qui est actuellement en cours de réalisation en Tripolitaine où, au nom de l'islam unificateur, nous assistons à l'engerbage de nombre de milices par la coalition des Frères musulmans de Misrata et des fondamentalistes de Tripoli. Or, cette alliance est en passe de conquérir toute la région. Les milices de Zenten sont en effet sur la défensive et elles risquent même de se trouver encerclées si les Berbères du jebel Nefusa se tournaient vers les islamistes comme viennent de le faire les Touareg de la région de Mourzouk.
Le possible basculement des Berbères livrerait alors la Tripolitaine aux islamistes tout en permettant à ces derniers de s'adosser à la frontière de la Tunisie et de l'Algérie ; d'où les conséquences régionales que l'on peut imaginer. Dans ce cas, combien de temps l'Algérie pourrait-elle encore refuser d'intervenir ? Mais si elle le faisait, quel serait son but puisque tout le monde sait que la pacification de la Tripolitaine passe l'éradication du foyer de déstabilisation de Misrata, ce que la Turquie n'acceptera pas.

En Cyrénaïque, la situation est plus claire dans la mesure où l'Egypte soutient le général Khelifa Heftar qui, depuis le début du mois de mai 2014 est entré en guerre contre les islamistes de Benghazi et de Derna, ces derniers ayant fait allégeance à l'EI. Les milices de Misrata leur sont venues en aide. Elles ont également attaqué le « croissant pétrolier » constitué par les terminaux de Ras Lanouf, d'Al-Sedra et de Brega avec leurs 19 réservoirs. Comme Misrata et les islamistes ont pris le contrôle des hydrocarbures de Tripolitaine, s'ils parvenaient à s'emparer de cette zone hautement stratégique, ils seraient les maîtres de la production libyenne. En plus des revenus qui y sont attachés, ils pourraient exercer un chantage sur l'Union Européenne qui serait alors contrainte d' « aller à Canossa » chez le président Poutine...

Le possible basculement berbère qui ne serait que tactique s'explique car ces derniers jouent leur propre survie. Ils furent en effet les « dindons de la farce » du renversement du régime Kadhafi contre lequel ils luttèrent en raison de la négation de leur existence par ce dernier. Pour le colonel Kadhafi, les Berbères étaient en effet  sortis de l’histoire car :

« (…) les tribus amazighs (berbères) se sont éteintes il y a longtemps, depuis le temps du royaume de Numidie. Personne n’a le droit de dire « je viens d’ici ou de là-bas ». Celui qui le fait est un agent du colonialisme, qui veut diviser pour régner ». (Mouammar Kadhafi, discours à la Nation le 2 mars 2007).

Or, après le colonel Kadhafi, les nouveaux dirigeants libyens furent pareillement arabo-islamistes. Aujourd'hui, les Frères musulmans de Misrata, ont proposé un marché aux Berbères : abandonner leur alliance avec Zenten en échange de la reconnaissance de la Berbérité dans la future Libye islamiste. Personne n'est dupe de cette promesse, mais, tactiquement, certains responsables berbères ont semble-t-il décidé de tenter ce pari risqué qui pourrait rebattre les cartes régionalement.

PS : La réimpression de l'Afrique, la guerre en cartes est terminée et l'ouvrage est à nouveau disponible (voir le bon de commande à l'intérieur de ce numéro).
Catégories: Afrique

Libye : le but de la guerre était-il d'assassiner le colonel Kadhafi[1] ?

jeu, 01/01/2015 - 14:49
Mardi 16 décembre 2014, à Dakar, lors de la clôture du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, acclamé par les participants, le président tchadien Idriss Déby a lâché une véritable bombe quand, en présence du ministre français de la Défense, il déclara qu'en entrant en guerre en Libye : "l'objectif de l'OTAN était d'assassiner Kadhafi. Cet objectif a été atteint".
Cette accusation est gravissime car, si ce qu'a dit cet intime connaisseur du dossier est fondé, c'est en effet toute l'histoire d'une guerre insensée et aux conséquences dévastatrices qui doit être ré-écrite. Sans parler d'une possible saisine de la Cour pénale internationale. D'autant plus que ce conflit rationnellement inexplicable fut déclenché au moment où, paradoxalement, le régime libyen était devenu notre allié à la fois contre le jihadisme et contre les filières d'immigration.
Revenons donc en arrière: l'intervention décidée par Nicolas Sarkozy influencé par BHL ne prévoyait originellement qu'une zone d'exclusion aérienne destinée à protéger les populations de Benghazi d'une prétendue "extermination". Il n'était alors pas question d'une implication directe dans la guerre civile libyenne. Mais, de fil en aiguille, violant avec arrogance la résolution 1973 du 17 mars 2011 du Conseil de sécurité des Nations Unies, la France et l'Otan menèrent une vraie guerre tout en ciblant directement et à plusieurs reprises le colonel Kadhafi.L'attaque la plus sanglante eut lieu le 1er mai 2011 quand des avions de l'Otan bombardèrent la villa de son fils Saif al-Arab alors que s'y tenait une réunion de famille à laquelle le colonel assistait ainsi que son épouse. Des décombres de la maison furent retirés les cadavres de Saif al-Arab et de trois de ses jeunes enfants.  Réagissant à ce qu'il qualifia d'assassinat, Mgr Martinelli, l'évêque de Tripoli, déclara : "Je demande, s'il vous plaît, un geste d'humanité envers le colonel Kadhafi qui a protégé les chrétiens de Libye. C'est un grand ami." Telle n'était semble t-il pas l'opinion de ceux qui avaient ordonné ce bombardement clairement destiné à en finir avec le chef de l’État libyen sans tenir compte des "dégâts collatéraux"... La guerre "juste" permet bien des "libertés".
Les chefs d’État africains qui s'étaient quasi unanimement opposés à cette guerre et qui avaient, en vain, tenté de dissuader le président Sarkozy de la mener, pensèrent ensuite avoir trouvé une issue acceptable: le colonel Kadhafi se retirerait et l'intérim du pouvoir serait assuré par son fils Seif al-Islam et cela, afin d'éviter une vacance propice au chaos. Cette sage option fut refusée, notamment par la France, et le colonel Kadhafi se retrouva assiégé dans la ville de Syrte soumise aux bombardements incessants et intensifs de l'Otan.Une opération d'exfiltration vers le Niger fut alors préparée[2]. Or, les miliciens de Misrata, amis de BHL, alliés de la Turquie et du Qatar, se disposèrent en demi cercle sur l'axe conduisant de Syrte au Niger. L'histoire dira comment et par qui ils furent prévenus de la manœuvre en cours.Le 20 octobre 2011, le convoi du colonel Kadhafi composé de plusieurs véhicules civils réussit à sortir de la ville. Bien que ne constituant pas un objectif militaire, il fut immédiatement pris pour cible par des avions de l'Otan et en partie détruit. Pour échapper aux avions, le colonel s'abrita dans une buse de béton. Capturé, il fut sauvagement mis à mort après avoir été sodomisé avec une baïonnette. Les gentils démocrates de Misrata ne s'en tinrent pas là puisqu'ils crevèrent les yeux de son fils Moutassim avant de lui couper les mains et les pieds. L'Otan n'avait laissé aucune chance à Mouammar Kadhafi et à son fils. Leurs dépouilles sanglantes furent ensuite exposées comme des trophées dans la morgue de Misrata.
Ces faits étant rappelés, les accusations du président Deby prennent donc toute leur valeur. Rétrospectivement, le déroulé des événements peut en effet s'apparenter à un "contrat" mis sur la tête du colonel, aucune issue diplomatique honorable ne lui ayant été proposée.
Alors que le résultat de cette guerre insensée est d'avoir offert aux islamistes, au Qatar et à la Turquie la possibilité de prendre le contrôle de la Libye, donc d'une partie des approvisionnements gaziers et pétroliers de l'Europe, le président du Niger, Mamadou Issoufou vient de lancer un cri désespéré:
" Il faut une intervention militaire pour réparer les dégâts liés à la chute de Kadhafi, sinon nous aurons Daesh à nos portes" (Jeune Afrique28 décembre 2014).
Mamadou Issoufou est d'autant plus fondé à exiger cette intervention que, lors du sommet du G8 de Deauville au mois de mai 2011, il avait fortement demandé au  président Sarkozy de renoncer à sa guerre. Il ne fut, hélas, pas davantage écouté que les présidents Déby, Zuma et tous les autres responsables africains...Conséquence : à l'heure où ces lignes sont écrites, soutenus par la Turquie et le Qatar, les islamistes sont en passe de conquérir la Tripolitaine. Ils sont déjà sur la frontière tunisienne cependant qu'au sud, dans la région de Mourzouk, ils ont pris le contrôle du champ pétrolier d'El-Sharara avec l'aide de certaines fractions touareg.
Bernard Lugan01/01/2015

[1] Ce communiqué peut être reproduit à la condition d'en citer la source.[2] Selon plusieurs sources sud-africaines, cette opération aurait été coordonnée par des "spécialistes" anciens des forces spéciales de ce pays avec l'aval du président Jacob Zuma. Ce dernier était furieux d'avoir été berné par la France car son pays avait certes voté la résolution 1973 d'exclusion aérienne de la région de Benghazi, mais pas la guerre et il avait décidé d'offrir l'asile politique au colonel Kadhafi. Là encore, l'histoire nous en apprendra davantage quand les langues des témoins se délieront "officiellement'...
Catégories: Afrique

Pourquoi François Hollande a t-il décidé d'abandonner la Centrafrique à la Séléka ?

ven, 19/12/2014 - 10:38
Les affrontements qui opposent actuellement anti-balaka et Séléka montrent que la Centrafrique est plus que jamais en perdition. Or, c'est le moment choisi par Paris pour annoncer que d'ici le printemps 2015, l'essentiel du dispositif Sangaris sera retiré. Une décision ahurissante et insolite tout à la fois. En effet :

1) Des élections présidentielles étant "prévues" en 2015, le retrait français va laisser le champ libre à la Sélékaqui occupe déjà le centre, le nord et l'est du pays, ainsi que les zones minières. Dans les territoires qu'elle contrôle, les chrétiens sont persécutés ou islamisés et les élections seront "arrangées".

2) Comme les 8000 hommes du volapükmilitaire baptisé Minusca (Mission des Nations Unies pour la Centrafrique) seront incapables de se faire respecter, le pays va donc être de fait abandonné à la Séléka. L'Opération Sangaris n'aura donc finalement servi à rien.
Dans le dossier de la RCA, François Hollande a constamment tergiversé et accumulé les erreurs :

1) La première date de la fin de l'année 2012 (voir mes communiqués de l’époque) quand, avec peu de moyens, il était possible de « traiter » rapidement et efficacement les coupeurs de route de la Séléka[1]. Mais François Hollande hésita.

2) Au mois de mars 2013, alors que tous les connaisseurs du pays le pressaient d'agir, il laissa la Séléka prendre Bangui. La Centrafrique sombra alors dans le chaos cependant que les chrétiens -95% de la population de souche-, étaient persécutés.

3) Début 2014, face au désastre humanitaire dont ses hésitations étaient la cause, François Hollande décida finalement d’intervenir mais en précisant que l'entrée en scène des forces françaises n'avait pas de but militaire... Nos troupes ne reçurent donc pas d'ordres clairs puisque ni l’ « ami », ni l’ « ennemi » ne furent désignés, Paris demandant simplement à nos soldats de jouer les « bons samaritains ».

4) Le déploiement de notre contingent se fit d'une manière insolite. Alors que l'objectif militaire prioritaire aurait dû être le verrou de Birao dans l'extrême nord du pays[2], il fut au contraire décidé d'enliser les forces françaises à Bangui dans une mission d'interposition relevant de la gendarmerie mobile. L'intérieur de la Centrafrique fut donc laissé à la Séléka qui eut tout le loisir d'y poursuivre ses massacres. L'actuelle situation catastrophique est clairement la conséquence de ce choix incompréhensible par tous ceux qui connaissent la Centrafrique car la prise de Birao aurait forcé la Séléka à se replier au Soudan et donc à abandonner le pays.

5) Dès le début de l’Opération Sangaris, au lieu de leur demander de détruire les bandes de la Séléka, Paris demanda à nos soldats de simplement séparer agresseurs et agressés, bourreaux et victimes. Alors qu’il fallait leur donner les moyens de sidérer l’adversaire et de saturer l’objectif, les chiches moyens alloués à nos troupes ne leur permirent que de lancer des patrouilles, non de quadriller et de tenir le terrain. L’impression d’impuissance fut accentuée par le fait qu’à Bangui, au lieu d’être désarmée, la Séléka voulut bien accepter d’être cantonnée...en conservant ses armes et en gardant ses gains territoriaux à travers le pays.

6) Alors que la solution était d'abord militaire, le Quai d’Orsay ne cessa d'affirmer que la résolution de la crise se ferait par la reconstruction de l’Etat à travers un mirage électoral prévu pour 2015. L’aveuglement des diplomates semble sans limite car le fossé de sang creusé entre nordistes et sudistes interdit toute reconstitution d’un « Etat » centrafricain lequel n'a d'ailleurs jamais existé ; sauf peut-être à l'époque de Bokassa. Quel administrateur sudiste osera en effet s’aventurer dans le Nord pour s’y faire massacrer et quel fonctionnaire nordiste décidera de venir se faire lyncher à Bangui ?
Aujourd’hui, après avoir désolé une grande partie de la RCA, les bandes de la Séléka tiennent plus de la moitié du pays. Les malheureuses populations occupées sont ainsi revenues aux temps des raids à esclaves lancés depuis le Soudan et dont leurs grands-parents avaient été délivrés par la colonisation. Elles avaient naïvement cru que les troupes françaises étaient venues pour les libérer. Leur illusion fut de courte durée car l'Elysée n'avait décidé qu'une gesticulation humanitaire sous habillage militaire.
Pourquoi un tel gâchis ? Pourquoi François Hollande abandonne-t-il au pire moment la Centrafrique à des bandes islamo-mafieuses qui vont être tentées d'en faire une base idéalement située au cœur du continent ? Pourquoi avoir décidé de lancer l'Opération Sangaris si c'était pour lui donner une fin aussi "discutable" ? Ces questions sont sans réponse.
Bernard Lugan

[1] « La Séléka, une nébuleuse criminelle (…) une internationale criminelle organisée et prospère ». Rapport de la fédération internationale des droits de l’homme du mois de septembre 2013 intitulé « RCA : un pays aux mains des criminels de guerre de la Séléka ».[2] Cette position clé avait été évacuée le 30 mars 2010 sur ordre du président Sarkozy.
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Nelson Mandela, héros de Patrick Ollier, député-maire UMP de Rueil-Malmaison

mer, 10/12/2014 - 19:08
Jadis, dans la "banlieue rouge", les maires communistes donnaient aux rues le nom de Gagarine, de Karl Marx, de Robespierre ou encore de Maurice Thorez. Aujourd'hui, dans la banlieue chic, les maires UMP baptisent des places du nom de Nelson Mandela. Les premiers avaient l'excuse de la croyance dans des lendemains qui allaient chanter quand les seconds sont simplement en génuflexion devant le conformisme médiatico-idéologique le plus niais.Le 8 novembre 2014, Monsieur Patrick Ollier, député-maire UMP de la bourgeoise Rueil-Malmaison a ainsi bien mérité de la pensée unique. En ce jour anniversaire du débarquement allié en Afrique du Nord, ceint de tricolore et entouré de son conseil municipal, marchant avec une grande originalité dans les traces de nombreux maires socialistes, écologistes et communistes, il baptisa en effet une place de sa cité du nom de Nelson Mandela. Au delà du minuscule calcul visant à grappiller quelques voix d'électeurs issus du "grand remplacement", une telle décision prise par un conseil municipal de "droite" en dit long sur le naufrage intellectuel d'un courant politique sans colonne vertébrale, sans points de repère et peut-être encore plus affligeant, sans mémoire.Aussi, afin de "rafraîchir" celle de Monsieur le député-maire, je reproduis ici le communiqué que j'ai publié le  21 décembre 2013 sur le blog de l'Afrique réelle
"Un communiqué du SACP (South African Communist Party) en date du 6 décembre 2013 nous apprend officiellement ce dont l’on se doutait, mais qui n’avait jamais été réellement établi, à savoir que selon les propres termes du document,  le « camarade Nelson Mandela » était un haut dirigeant communiste puisqu’il « (…) ne faisait pas seulement partie du SACP, mais également de son Comité central ». Pourquoi Nelson Mandela a-t-il toujours démenti, tant oralement que par écrit, avoir été membre du SACP ? Pourquoi donc a-t-il menti ?
Un retour en arrière s’impose. En 1960, quand Nelson Mandela fut nommé-coopté au Comité central du SACP, le monde était en pleine « guerre froide » et les soviétiques avaient décidé de menacer la route du Cap, vitale pour ce qui était alors l’ « Occident », en déstabilisant le pays qui en était le gardien, à savoir l’Afrique du Sud. Pour l’URSS, la lutte contre l’apartheid fut le moyen de populariser cette stratégie en lui donnant un « habillage » moral. La mission que le KGB confia alors à Nelson Mandela, fut de prendre le contrôle de l’ANC au profit du SACP en évinçant la vieille garde réformiste et non-violente qui le contrôlait, afin de lui faire adopter  la lutte armée.
Aidé par Yossef Mashel Slovo, dit Joe Slovo, un officier supérieur du KGB, Nelson Mandela s’acquitta parfaitement de ces deux missions. Il réussit ainsi à imposer la création de l’Umkhonto we Sizwe, l’aile militaire et terroriste de l’ANC dont il fut le premier chef. Il transforma également l’ANC en une simple courroie de transmission du SACP. En 1989, sur les 30 membres de son comité directeur, quatre ou cinq revendiquaient ainsi officiellement leur appartenance au SACP cependant que plus d’une vingtaine étaient des membres clandestins du parti ayant reçu l’ordre de cacher leur appartenance afin de ne pas effaroucher les « compagnons de route » et les « idiots utiles ». 
Le SACP a donc brisé un secret jusque là bien gardé et cela, au risque d’écorner le mythe Mandela. Pourquoi? La réponse est d’une grande simplicité : le SACP est politiquement en perdition car il est perçu par les Noirs comme un parti archaïque « blanc » et « indien ». Or, depuis 1994, la vie politique sud-africaine repose sur un partage du pouvoir, donc des postes et des prébendes, entre l’ANC, le syndicat Cosatu et le SACP. Il s’agit de l’Alliance tripartite. Cette rente de situation est aujourd’hui fortement contestée par de nouvelles forces politiques noires demandant que les « dépouilles opimes » étatiques soient repartagées à la lumière de la véritable représentativité des uns et des autres. Afin de tenter de conserver sa place au sein de l’Alliance tripartite, le SACP à bout de souffle a donc révélé que le « grand homme » était un de ses dirigeants…Ce misérable calcul boutiquier aura du moins un grand avantage car il permettra peut-être d’ouvrir les yeux à ceux qui pleurent un Nelson Mandela pacificateur-rédempteur alors qu’il était en réalité un agent du KGB, une « taupe communiste » dans le vocabulaire de la « guerre froide »…Je souhaite donc un  bon réveil après l’hypnose à ceux qui ont cru voir en lui le messie d’une nouvelle religion universelle".
Monsieur Patrick Ollier et le conseil municipal UMP de Rueil-Malmaison semblent donc être toujours sous hypnose...Mais qu'importe, dans un peu plus de deux ans, leur famille politique sera probablement revenue aux affaires... Une famille politique aux solides convictions exprimées à l'Assemblée. Ainsi le 10 mai 2001, sous la présidence de Jacques Chirac, quand, à l’unanimité, ses députés votèrent la loi « Taubira », loi qui qualifie de « crime contre l’humanité » la seule traite esclavagiste européenne...Ne boudant pas son plaisir devant la dhimitude doctrinale de la "droite" parlementaire, Christiane Taubira eut la cruauté de préciser que si sa loi votée à l'unanimité par les amis de Monsieur Ollier passe sous silence la traite arabo-musulmane, c'est afin que les « jeunes Arabes (…) ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes »[1].
Que les électeurs cocus sortent des rangs et avancent de trois pas...
 Bernard Lugan

[1] L'Express, 4 mai 2006.
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L'Afrique Réelle N°60 - Décembre 2014

ven, 05/12/2014 - 01:03
SOMMAIRE :
Actualite :La Libye a t-elle atteint le point de non retour ?
Dossier : Pétrole- La nouvelle géopolitique du pétrole africain- L'Europe et le pétrole africain
Livres :Afrique, la guerre en cartes
Dossier : La Turquie et l'Afrique- Pourquoi la Turquie s'intéresse t-elle à l'Afrique ?- Quand la Libye était turque
Editorial de Bernard Lugan : 
Le vrai scandale d'EbolaLes médias nous disent que si l'Afrique ne parvient pas à combattre Ebola c'est parce qu'elle manque de médecins. Faux ! L'Afrique a des médecins, mais ils ont émigré en Europe ou aux Amériques. Ceux qui furent formés en Afrique sont partis vers des cieux meilleurs et ceux qui le furent en Europe y sont restés... La vérité est que l’Afrique exporte ses personnels médicaux alors qu’en moyenne, elle compte moins de 15 médecins pour 100 000 habitants contre 380 en France[1].En 2008, le Center for Global Development chiffrait à 135 000 les personnels médicaux africains (médecins, infirmiers et autres) exerçant hors d'Afrique, dont 28_000 médecins originaires d'Afrique sud-saharienne. S'il n'y a pas de médecins au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée et au Mali c'est parce que ces déserteurs ont abandonné leur continent pour aller s'employer dans les pays du Nord[2].
Les conséquences de ce scandale sont clairement apparues le 26 novembre 2014, quand, pour tenter d'enrayer la propagation d'Ebola, la Commission européenne proposa de mobiliser 5000 (!!!) médecins européens. Le Commissaire à l'Aide humanitaire, M. Andriukaitis déclara ainsi qu'il avait « (...) appelé les ministres de 14 Etats membres pour les exhorter à envoyer plus de personnel médical dans les pays frappés par Ebola ».Avant de faire appel aux médecins européens, pourquoi M. Andriukaitis n'a t-il pas songé à exiger des milliers de médecins africains exerçant au sein de l'UE, de se porter volontaires pour aller soigner leurs frères dans le malheur ?
L'exemple d'Ebola n'est pas isolé. Impuissantes, les autorités de Madagascar qui font actuellement face à une épidémie de peste viennent de lancer un appel à l'aide à l'Europe alors que des centaines de médecins malgaches exercent dans les limites de l'UE. Rien qu'en France, ils sont 770 (!!!)[3]. Ne seraient-ils pas plus utiles dans leur pays ? Pour les remplacer, l'UE va donc devoir faire appel à des médecins européens. Comme toujours.
Cette question des médecins africains dans l'UE est révélatrice de ce « grand remplacement » qui se fait à tous les niveaux de la société et que certains considèrent comme un « fantasme ». En 2008, le président sénégalais Abdoulaye Wade la qualifia de « pillage des élites des pays en voie de développement », ajoutant « (...) ce n'est pas honnête de vouloir prendre nos meilleurs fils ».Disons le clairement, cette nouvelle forme de la traite des Noirs, porte sur les plus précieux des Africains, ses diplômés, et elle se fait avec l’habituelle complicité des « gentils » de l’anti-ségrégation et des requins du capitalisme associés pour la circonstance. Au nom du paradigme de la culpabilité qui les hante, les premiers s’interdisent de voir qu’en les accueillant, ils saignent l’Afrique. Les seconds les encouragent à venir au nom des lois du marché, du travail global et de la mobilité de la main d’œuvre.Madame Taubira et le Cran sont étrangement silencieux sur cette question. Pourquoi ?
[1] Center for Global Development (CGD), 2008.[2] Contrairement à l'idée-reçue, ils ne vont pas combler le désert médical français, ce résultat d'une stupide et suicidaire politique de numerus clausus, puisqu'ils vont quasiment tous s'installer en ville, là où l'on ne manque pas de praticiens (Ordre des médecins, novembre 2014).[3] Atlas national de la démographie médicale, Conseil de l'ordre des médecins, 4 juin 2013. Concernant les 19.762 médecins exerçant en France et titulaires de diplômes étrangers hors Union européenne, 31,5% étaient originaires d'Afrique du Nord dont 22,2% d'Algérie, 5,8% du Maroc, 2,5% de Tunisie et 1% d'Egypte.
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