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Diplomacy & Crisis News

Fantasmes du paradis perdu

Le Monde Diplomatique - mer, 29/03/2017 - 10:44

Tous les États abritent des minorités ethniques, religieuses, régionales, sexuelles ou linguistiques, des populations indigènes ou des immigrés. Perçue comme une richesse culturelle ou comme une menace, cette diversité s'accompagne souvent d'inégalités, de dominations, voire de persécutions. Après avoir analysé la multiplicité des formes d'appartenance identitaire, leurs imbrications, mais aussi leurs contradictions (chapitre 1), cette nouvelle livraison de Manière de voir (1) explore les politiques mises en place pour organiser la cohabitation de populations différentes, du multiculturalisme britannique à la discrimination positive en Afrique du Sud, de l'arabisation à marche forcée en Algérie au régionalisme européen (chapitre 2).

Tandis que certains pays reconnaissent et favorisent l'expression des particularismes, au risque d'encourager les revendications communautaires, d'autres s'emploient à les gommer afin de forger un sentiment d'unité parfois factice. Loin de constituer des solutions miracles ou d'être figées, ces réponses sont le fruit de l'histoire et des traditions nationales.

Une attention toute particulière est portée au cas de la France et à son prétendu « modèle républicain d'intégration » (chapitre 3). Réputé avoir bien fonctionné pendant plus d'un siècle avec les Italiens, les Polonais ou les Espagnols, ce modèle serait — nous explique-t-on dans la presse — entré en crise, incapable d'intégrer les descendants de Maghrébins et d'Africains : telle est, dans le débat sur l'immigration, une idée devenue fort populaire. Outre qu'elle alimente le climat de panique identitaire, cette opposition entre un passé paré de toutes les vertus et un présent condamné à la catastrophe occulte la dimension conflictuelle qui a toujours caractérisé l'insertion des étrangers dans l'Hexagone.

S'ils ont fini par se fondre dans leur nouvelle société, les immigrants partis des pays pauvres de l'Europe au XIXe siècle et au début du XXe siècle se sont eux aussi heurtés à l'hostilité des classes populaires autochtones, qui les percevaient comme des concurrents économiques déloyaux et leur reprochaient leurs différences culturelles. En montrant la variété des chemins de l'intégration, la mise en perspective historique conduit à douter de l'existence d'un modèle spécifiquement français, fondé sur l'assimilation, ancré dans la tradition républicaine et inchangé depuis cent cinquante ans.

(1) « L'engrenage identitaire », Manière de voir, n° 152, avril-mai 2017, 8,50 euros, en kiosques.

Prostitution

Le Monde Diplomatique - mer, 29/03/2017 - 10:44

À la suite de l'enquête de William Irigoyen « Prostitution, la guerre des modèles » (janvier), M. Édouard Jacquesson nous fait part de son expérience au sein d'une association.

Nous n'avons que faire de penser si la prostitution est bien ou mal. La prostitution existe ; à partir de là, que faire ? Il y a quinze ans, nous avons choisi d'aller à la rencontre des filles pour parler avec elles et sonder leurs besoins. Nous leur donnons des préservatifs et des gels, sur des fonds alloués par l'agence régionale de santé (ARS). Nous leurs proposons des dépistages gratuits. Nous aidons celles qui sont victimes de violence à faire valoir leurs droits. Mais la loi [pénalisant les clients] a changé les choses : d'une part, la prostitution se déplace et, en conséquence, nous perdons le contact avec certaines filles ; d'autre part, notre financeur principal, l'ARS, vient de stopper un financement alloué depuis quinze ans, au motif que notre mission ne relève pas de la santé.

Et cette fois encore, le piège du vote utile ?

Le Monde Diplomatique - mer, 29/03/2017 - 10:43

Le premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril, opposera onze candidats aux opinions très diverses. Ce pluralisme a été en partie éclipsé par les affaires judiciaires et par la place que les médias ont consacrée au bal incessant des sondages. Néanmoins, la perception de la nature profondément antidémocratique des institutions françaises et européennes gagne les esprits. Mais la traduction en termes électoraux de cette conscience nouvelle risque d'être dévoyée par le piège d'un « vote utile » qui choisirait comme opposant à l'extrême droite un adorateur de la mondialisation.

Théo Haggaï – de la série « Cailloux » http://theo-haggai.tumblr.com/

Nous entrons dans une ère politique où bien des phrases qui commencent par « Ce serait la première fois que... » semblent annoncer la réalisation d'une éventualité jusqu'alors inconcevable. En ce printemps 2017, l'élection présidentielle française marque ainsi la première fois que l'on ne s'interroge plus sur la présence du Front national (FN) au second tour : on pose l'hypothèse, encore très improbable, de sa victoire. La première fois que nul ne défend le bilan d'un quinquennat alors même que deux anciens ministres du président sortant, MM. Benoît Hamon (Parti socialiste, PS) et Emmanuel Macron (En marche !), participent au scrutin. La première fois aussi que les candidats du PS et de la droite, qui ont gouverné la France sans discontinuer depuis le début de la Ve République, pourraient être conjointement éliminés dès le premier tour.

On chercherait également en vain des précédents à une campagne aussi parasitée par l'information continue, les affaires judiciaires, l'incapacité générale à fixer son attention plus de vingt-quatre heures sur une question essentielle. Et on ne trouve assurément aucun cas antérieur d'un postulant important à la magistrature suprême poursuivi pour détournement de fonds publics alors qu'il proclame depuis dix ans que la France est en faillite.

Le renoncement du président sortant à briguer un second mandat risque de dissimuler le point de départ de tous ces dérèglements. Le quinquennat qui s'achève a vu M. François Hollande devenir le chef d'État le plus impopulaire de la Ve République, et ce juste après que son prédécesseur, M. Nicolas Sarkozy, eut déjà été répudié. Or, le président socialiste l'a admis lui-même, il a « vécu cinq ans de pouvoir relativement absolu (1)  ». En juin 2012, pour la première fois de son histoire, le PS contrôlait en effet la présidence de la République, le gouvernement, l'Assemblée nationale, le Sénat, 21 des 22 régions métropolitaines, 56 des 96 départements et 27 des 39 villes de plus de 100 000 habitants.

De ce pouvoir M. Hollande a fait un usage discrétionnaire autant que solitaire. C'est lui qui a décidé l'état d'urgence, engagé la France dans plusieurs conflits extérieurs, autorisé l'assassinat de simples suspects par voie de drone. Lui, aussi, qui a fait modifier le code du travail, contraignant sa majorité parlementaire à une réforme qu'elle refusait d'endosser (recours à l'article 49-3 de la Constitution) et pour laquelle ni elle ni lui n'avaient reçu mandat du peuple. Sans oublier la refonte de la carte des régions françaises, que le chef de l'État a redessinée de son bureau de l'Élysée.

Voilà qui pose avec acuité la question des institutions de la Ve République, que M. Hamon et M. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) se sont engagés à remettre en cause, mais dont M. François Fillon (Les Républicains) et M. Macron s'accommodent, tout comme Mme Marine Le Pen. Aucune autre démocratie occidentale ne connaît une telle concentration du pouvoir entre les mains d'un seul. Au-delà du danger, bien réel, de voir un jour en disposer un chef de l'État moins débonnaire que celui qui achève son mandat, les proclamations ronflantes sur la démocratie française, la République, butent sur un constat que la présidence de M. Hollande a rendu aveuglant : l'exercice solitaire du pouvoir conforte la faculté illimitée de piétiner les engagements d'une campagne qui pourtant devrait fonder le mandat du peuple souverain.

M. Hollande s'engageait à défendre la sidérurgie française, il a entériné la fermeture du site de Florange ; il devait renégocier le pacte de stabilité européen, il y a renoncé dès le premier jour de son mandat ; il promettait d'« inverser la courbe du chômage » avant la fin de l'année 2013, elle a poursuivi son envol trois ans de plus. Toutefois, si un sentiment de trahison s'est ancré aussitôt dans les esprits, c'est sans doute en raison d'une phrase qui a marqué sa campagne de 2012 et que chacun a réentendue cent fois depuis : « Mon seul adversaire, c'est le monde de la finance. » Or M. Hollande a pris sitôt élu un ancien banquier de Rothschild pour conseiller à l'Élysée, avant de lui confier les clés du ministère de l'économie.

L'actuelle faveur dont semble bénéficier M. Macron dans l'opinion est d'autant plus déconcertante qu'elle risque de propulser vers le pouvoir suprême le digne héritier, fût-il parricide, de ce président sortant à l'impopularité inégalée. « Emmanuel Macron, c'est moi, a lâché un jour M. Hollande, il sait ce qu'il me doit. » Assurément, M. Macron n'est pas socialiste, mais M. Hollande non plus. L'un le proclame, l'autre biaise. Les propos du premier tournent le dos à une tradition de gauche qui pourfendait « l'argent » ou « la finance », mais cela correspond aux convictions que le second exprimait dès 1985 dans un ouvrage, La gauche bouge, qui avait également pour auteurs l'actuel ministre de la défense et le secrétaire général de l'Élysée (2).

Dans ce livre, on trouvait déjà l'idée chère à M. Macron, même si elle est chez lui ensevelie sous des amas de mots cotonneux et creux, d'une nouvelle alliance sociale entre les classes moyennes cultivées et le patronat libéral, soudés par la volonté conjointe de se déployer dans un marché mondial. « Entrepreneuriat » plutôt qu'« assistanat », profit plutôt que rente, réformistes et modernistes contre extrémistes et passéistes, refus de la nostalgie « des chameliers et des porteurs d'eau » : entendre M. Macron, c'est réécouter ce que proclamaient M. William Clinton dès 1990, MM. Anthony Blair et Gerhard Schröder quelques années plus tard (3). Et le suivre reviendrait à s'engager plus hardiment encore que M. Hollande dans la « troisième voie » du progressisme néolibéral. Celle qui a enjôlé le Parti démocrate américain et la social-démocratie européenne, les laissant dans le ravin où ils gisent en ce moment.

« Le projet d'Emmanuel Macron, c'est le marchepied du Front national »

« Mondialistes » et « parti de Bruxelles » contre « patriotes » : Mme Le Pen se réjouirait que l'affrontement politique se résume à cette dialectique. Député PS et pilier de la campagne de M. Macron, M. Richard Ferrand semble devancer ses désirs : « Il y a, estime-t-il, d'une part, les néonationalistes réactionnaires et identitaires ; et, de l'autre, les progressistes qui pensent que l'Europe est nécessaire (4).  » Une telle structuration du débat idéologique n'est pas innocente. Il s'agit, de part et d'autre, de submerger la question des intérêts de classe en alimentant pour les uns des terreurs « identitaires », en vitupérant pour les autres des pulsions « réactionnaires ».

Mais, n'en déplaise à tous les progressistes de marché, ceux « qui pensent que l'Europe est nécessaire » sont situés socialement. Les « travailleurs détachés » qu'une directive bruxelloise de 1996 a enfantés, et dont le nombre a décuplé ces dix dernières années, sont plus souvent ouvriers du bâtiment ou salariés agricoles que chirurgiens ou antiquaires. Or ce que « pensent » les victimes de ce dispositif est aussi et d'abord le produit de ce qu'ils appréhendent, c'est-à-dire un dumping salarial qui menace leurs conditions d'existence. Pour eux, l'Europe ne se résume pas au programme Erasmus et à l'Ode à la joie.

Stratège politique de M. Donald Trump, M. Stephen Bannon a compris le parti que la droite nationaliste pouvait tirer du déclassement social qui accompagne presque toujours les célébrations du village global. « Le cœur de ce que nous croyons, explique-t-il, c'est que nous sommes une nation avec une économie, et pas une économie dans je ne sais quel marché mondial aux frontières ouvertes. Les travailleurs du monde en ont assez d'être soumis au parti de Davos. Des New-Yorkais se sentent désormais plus proches des habitants de Londres ou de Berlin que de ceux du Kansas ou du Colorado, et ils partagent avec les premiers la mentalité d'une élite qui entend dicter à tous la façon dont le monde sera gouverné (5).  » Quand, dans ses réunions publiques constellées de drapeaux européens, M. Macron exalte la mobilité, réclame la « relance par les marges des entreprises » et s'engage à supprimer les indemnités de chômage après le deuxième refus d'une « offre d'emploi décente (6)  », comment distinguer ses propositions des intérêts des oligarques de l'argent et du savoir qui composent le « parti de Davos » ? On imagine les dégâts démocratiques qui découleraient d'un éventuel face-à-face entre lui et Mme Le Pen, celui-là même que les médias s'emploient à installer.

Depuis plus de vingt ans, prôner le « vote utile » revient à présenter les deux partis dominants en remparts contre une extrême droite dont leurs choix successifs et concordants ont favorisé l'envol. « Aujourd'hui, estime M. Hamon, le projet d'Emmanuel Macron, c'est le marchepied du Front national (7).  » Mais, réciproquement, la puissance du FN a affermi le monopole du pouvoir de ses adversaires, socialistes compris (8). Dès 1981, François Mitterrand calculait qu'une extrême droite puissante obligerait la droite à faire alliance avec elle, au risque de devenir ainsi inéligible (9). La manœuvre s'est renversée en avril 2002, quand M. Jean-Marie Le Pen a affronté M. Jacques Chirac lors du second tour de l'élection présidentielle. Depuis, la droite n'a plus qu'à devancer le PS dans n'importe quel scrutin, national ou local, pour devenir aussitôt aux yeux de presque toute la gauche l'archange de la démocratie, de la culture, de la République.

Des institutions monarchiques qui permettent toutes les roueries, tous les reniements ; une vie politique verrouillée par la peur du pire ; des médias qui s'accommodent des unes tout en se repaissant de l'autre ; et puis, il y a… l'Europe. La plupart des politiques économiques et financières de la France y sont étroitement subordonnées, ce qui n'empêche pas l'essentiel de la campagne de s'être déroulée comme si le prochain président allait pouvoir agir en toute liberté.

Une victoire de Mme Le Pen pourrait signer la fin de l'Union européenne — elle a prévenu : « Je ne serai pas la vice-chancelière de Mme Merkel. » Dans l'hypothèse où l'un des favoris du scrutin — et de Mme Angela Merkel —, c'est-à-dire M. Fillon ou M. Macron, s'installait à l'élysée, la continuité avec les présidents qu'ils ont servis respectivement serait en revanche assurée, la cohérence avec les orientations de la Commission européenne préservée et l'hégémonie allemande et l'ordolibéralisme confirmés, l'une faisant office de gardienne sourcilleuse de l'autre. La question se poserait différemment pour M. Hamon ou pour M. Mélenchon. Mis à part les tentations fédéralistes du premier et son appui à l'idée d'une défense européenne, leurs objectifs peuvent paraître proches. Mais leurs moyens de les atteindre diffèrent du tout au tout, au point que leurs deux candidatures se concurrencent et font courir à chacun le risque de l'élimination.

Avec M. Hamon, difficile d'échapper à un sentiment de déjà-vu. Cherchant à concilier son attachement à l'Union européenne et son désir de la voir rompre avec l'austérité pour conduire une politique plus favorable à l'emploi et à l'environnement et moins impitoyable envers des États comme la Grèce que leur endettement accable, le candidat socialiste doit se persuader que la réorientation à laquelle il aspire est possible, y compris dans le cadre des institutions actuelles ; qu'il est concevable d'« atteindre des résultats tangibles sans se mettre à dos toute l'Europe ». Et il fonde son espérance sur un regain d'influence de la gauche européenne, allemande en particulier.

Or c'est presque exactement l'hypothèse qu'avait laissée miroiter M. Hollande il y a cinq ans. Le 12 mars 2012, s'engageant « solennellement » devant ses camarades européens réunis à Paris à « renégocier le traité budgétaire » qu'avaient conclu Mme Merkel et M. Sarkozy, il précisait : « Je ne suis pas seul parce qu'il y a le mouvement progressiste en Europe. Je ne serai pas seul parce qu'il y aura le vote du peuple français qui me donnera mandat » (lire « L'engagement trahi »).

Mme Cécile Duflot, qui devint sa ministre du logement, nous rappelle la suite : « Tout le monde attendait que [M. Hollande] engage le bras de fer avec Angela Merkel. (…) Nous allions enfin tourner le dos au Merkozy. (...) Tout libéral et rigide qu'il est, l'Italien Mario Monti comptait sur la France pour inverser la tendance. Le très conservateur Mariano Rajoy voyait dans l'élection de François Hollande la possibilité de desserrer l'étau qui étreignait l'Espagne. Quant à la Grèce et au Portugal, ils étaient prêts à suivre n'importe quel sauveur pour éviter la ruine (10).  » On sait ce qu'il advint.

Une Union européenne fébrile à chaque scrutin national

Rien d'autre au fond que ce qui s'était déjà produit quinze ans plus tôt (11). À l'époque, M. Hollande dirigeait le PS et M. Lionel Jospin le gouvernement. En guise de prélude à la monnaie unique, un « pacte de stabilité et de croissance » venait d'être négocié qui prévoyait un ensemble de disciplines budgétaires, dont des amendes en cas de déficits excessifs. Chef de l'opposition, M. Jospin n'avait pas manqué de dénoncer dans le pacte un « super-Maastricht », « absurdement concédé aux Allemands ». Devenu premier ministre en juin 1997, il en accepta néanmoins tous les termes au Conseil européen d'Amsterdam, quelques jours plus tard. Pour prix de son consentement, prétendit M. Pierre Moscovici, alors ministre des affaires européennes, il aurait arraché « la première résolution d'un Conseil européen consacrée à la croissance et à l'emploi ». Une résolution à l'impact foudroyant, comme chacun a pu en témoigner depuis.

MM. Hamon et Mélenchon entendent à leur tour renégocier les traités européens. Cette fois, s'en donnent-ils les moyens ? M. Hamon ne remet pas en question l'indépendance de la Banque centrale européenne, mais il espère « faire évoluer ses statuts ». Il consent à la règle des 3 % de déficit public, mais « souhaite des politiques de relance » compatibles avec ses ambitions écologistes. Il propose « la constitution d'une assemblée démocratique de la zone euro », mais il précise aussitôt : « J'accepterai qu'on en discute, évidemment. Je n'irai pas à Berlin ou ailleurs en disant : “C'est cela ou rien”, ça n'a pas de sens. »

Certaines de ces réformes exigent l'accord unanime des membres de l'Union et aucune d'elles ne peut aujourd'hui se prévaloir de l'aval de Berlin. M. Hamon espère par conséquent modifier la donne grâce à un « arc d'alliance des gauches européennes ». Et il récuse le précédent peu encourageant de 2012 : « Je crois que les Allemands sont plus ouverts aujourd'hui qu'ils ne l'étaient quand M. Hollande est arrivé au pouvoir. » La crainte d'une dislocation de l'Union européenne d'une part, la perspective d'une alternance politique en Allemagne de l'autre auraient rebattu les cartes à son profit. « Je suis du parti de l'espérance », admet-il néanmoins.

L'espérance de M. Mélenchon, elle, a changé depuis 2012. Puisque « aucune politique progressiste n'est possible » dans l'Union telle qu'elle existe, à défaut d'une « sortie concertée des traités européens » ou de leur refonte (plan A) il n'exclut plus une « sortie unilatérale » (plan B). Comme il ne croit pas trop à une poussée prochaine et simultanée des forces de gauche, lesquelles auraient plutôt tendance à refluer ces dernières années, la France, deuxième puissance de l'Union, devient à ses yeux le « levier de la bataille européenne ». Codirecteur de la rédaction de son programme présidentiel, Jacques Généreux résume ainsi l'équation : « La sortie contrainte de la France signifierait la fin de l'euro et la fin de l'Union européenne, tout simplement. Personne n'a intérêt à prendre ce risque. Surtout pas l'Allemagne. » Par conséquent, tout en refusant de se plier aux règles européennes qui contraignent ses priorités économiques, « la France peut sans crainte, et si elle le souhaite, rester dans l'euro aussi longtemps qu'elle veut (12)  ».

L'Union européenne était devenue indifférente aux choix démocratiques de ses peuples, assurée que les orientations fondamentales des États membres étaient verrouillées par des traités. Depuis le vote du « Brexit » et la victoire de M. Trump, la politique prend sa revanche. Une Union désormais fébrile observe chaque scrutin national comme si elle y jouait sa peau. Même la victoire d'un des candidats français qu'elle a adoubés ne la rassurerait pas longtemps.

(1) Gérard Davet et Fabrice Lhomme, « Un président ne devrait pas dire ça… ». Les secrets d'un quinquennat, Stock, Paris, 2016.

(2) Un collectif masqué sous le pseudonyme de Jean-François Trans. Lire Pierre Rimbert, « Toupie ou tout droit ? », Le Monde diplomatique, septembre 2014.

(3) Cf. Le Grand Bond en arrière. Comment l'ordre libéral s'est imposé au monde, Agone, Marseille, 2012.

(4) Le Journal du dimanche, Paris, 12 mars 2017.

(5) Cité par William Galston, « Steve Bannon and the “Global Tea Party” », The Wall Street Journal, New York, 1er mars 2017.

(6) C'est-à-dire pour un salaire qui ne serait « pas inférieur de plus de 20 %-25 % » à celui de l'ancien poste.

(7) France 2, 9 mars 2017.

(8) Lire « Le Front national verrouille l'ordre social », Le Monde diplomatique, janvier 2016.

(9) Cf. Emmanuel Faux, Thomas Legrand et Gilles Perez, La Main droite de Dieu. Enquête sur François Mitterrand et l'extrême droite, Seuil, Paris, 1994.

(10) Cécile Duflot, De l'intérieur. Voyage au pays de la désillusion, Fayard, Paris, 2014.

(11) Lire « Quand la gauche renonçait au nom de l'Europe » et « L'audace ou l'enlisement », Le Monde diplomatique, respectivement juin 2005 et avril 2012.

(12) Jacques Généreux, Les Bonnes Raisons de voter Mélenchon, Les Liens qui libèrent, Paris, 2017.

Monde arabe : le grand chambardement

Politique étrangère (IFRI) - mer, 29/03/2017 - 10:29

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Denis Bauchard, ancien ambassadeur et conseiller pour le Moyen-Orient à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage d’Yves Aubin de La Messuzière, Monde arabe : le grand chambardement (Plon, 2016, 216 pages).

Le chaos du monde arabe et du Moyen-Orient interpelle. Comment en est-on arrivé là ? Qui est responsable d’une situation qui apparaît souvent hors contrôle ? Yves Aubin de La Messuzière, ancien directeur pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères, et ancien ambassadeur notamment en Tunisie, aborde différentes questions sur les printemps arabes, la tragédie syrienne, le djihadisme, le jeu de l’Arabie Saoudite, l’affrontement entre sunnites et chiites, la question palestinienne, en ne cachant pas que ce « chambardement » risque de perdurer.

Sans refaire l’histoire des printemps arabes et de leur échec, il rappelle que des signes avant-coureurs, relevés par des chercheurs comme par des diplomates, étaient apparus dans plusieurs pays, dont la Tunisie, l’Égypte et la Syrie. Certes ces révolutions, à l’exception de la Tunisie, n’ont pas réussi à déboucher sur des alternatives crédibles et ont conduit au chaos ou au retour des autocrates. Mais si elles ont échoué, une conscience de nature révolutionnaire n’en est pas moins apparue pour les jeunes générations, qui perdurera d’autant que demeurent les ingrédients expliquant leur irruption.

L’expansion du djihadisme plonge ses racines dans le salafisme, dont la forme la plus intolérante, le wahhabisme, a été propagée par l’Arabie Saoudite à travers la Ligue islamique mondiale ou l’université de Médine qui a accueilli des milliers d’étudiants en théologie ces dernières décennies. L’idéologie de l’État islamique (EI), comme celle des mouvements se réclamant d’Al-Qaïda, s’en inspire. Mais ces groupes djihadistes constituent maintenant une menace d’autant plus forte contre la stabilité du royaume des Saoud, que celui-ci connaît des fragilités structurelles, notamment une jeunesse nombreuse, sous-employée et sensible au radicalisme religieux.

L’antagonisme sunnite/chiite fait également l’objet de développements intéressants. Pour l’auteur, ce conflit est largement fabriqué. Certes, la fracture existe depuis des siècles et a été accentuée par la révolution iranienne et la volonté de l’imam Khomeini de délégitimer la famille des Saoud et d’exporter sa révolution. Cependant, ce conflit « recouvre à l’évidence davantage de considérations de rivalités de puissances que d’antagonismes doctrinaux ». En clair, Téhéran et Riyad s’affrontent par procuration sur plusieurs champs de bataille – Syrie, Liban, Yémen entre autres –, pour affirmer leur leadership sur le Moyen-Orient.

L’auteur évoque à plusieurs reprises la politique française, en termes souvent critiques, à propos de la Libye, de la Syrie ou de la question palestinienne. « Le renversement du régime de Kadhafi par une coalition occidentale à l’initiative de la France a provoqué… le même chaos qu’en Syrie. » Quant à la Syrie, l’auteur précise que « la double stigmatisation de Bachar Al-Assad et de Poutine ne saurait faire une politique ».

Yves Aubin de La Messuzière nous propose un fil d’Ariane pour décrypter le « grand chambardement », et nous permet de mieux comprendre la réalité complexe d’une zone où les intérêts de puissance des acteurs, régionaux comme extérieurs, s’affrontent à partir d’objectifs opposés. Ce constat lucide ne rend guère optimiste pour l’avenir : les turbulences ne sont pas près de s’apaiser.

Denis Bauchard

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Struggle over Marginal Seas

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - mar, 28/03/2017 - 00:00
(Own report) - German military specialists are evaluating the growing significance of the Baltic and the Black Seas in the West's power struggle with Moscow. These two "marginal seas" are of great importance to Russia, according to a recent analysis published in the specialized periodical "MarineForum." Whereas the Baltic Sea serves Russian maritime trade as a "gateway to the Atlantic," the Russian Navy needs the Black Sea as a strategically central "diving board into the Mediterranean," facilitating Russia to gain influence from the Middle East all the way to the Indian Ocean. Whereas NATO controls the access to both "marginal seas," Moscow is seeking to consolidate its strategic positions, and to better extend its reach from the Black Sea into the Mediterranean. NATO is seeking countermeasures to again confine Russia, the MarineForum writes. Germany is also expanding its activities in and at the Black Sea and is inviting allied navies to participate in joint maneuvers in the Baltic Sea.

Europe, terre d’asile ?

Politique étrangère (IFRI) - lun, 27/03/2017 - 12:39

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Corinne Balleix propose une analyse de l’ouvrage de Sarah Lamort, Europe, terre d’asile ? Défis de la protection des réfugiés au sein de l’Union européenne (PUF, 2016, 216 pages).

Dans un contexte où, depuis 2014, le système d’asile européen commun est ébranlé par une crise migratoire grave, le livre de Sarah Lamort arrive à point nommé. L’auteur, qui a également travaillé plusieurs années pour le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Turquie, prend ses distances vis-à-vis des discours militants accusant la politique d’asile européenne d’affaiblir le droit d’asile, et explore les relations complexes entre gestion des flux migratoires et promotion des droits de l’homme au travers de la politique d’asile européenne. Soulignant que l’Union européenne constitue au niveau mondial l’espace de protection le plus perfectionné, Sarah Lamort estime que la protection est inséparable du contrôle, l’État devant pouvoir identifier chaque personne qui sollicite sa protection.

Revenant sur la construction du régime d’asile européen commun, elle rappelle qu’il a pour objectif de répondre aux défis de la protection de l’espace Schengen et du shopping de l’asile, de l’interdépendance entre les systèmes d’asile des États membres, ainsi qu’à la question de la répartition équitable des charges de l’accueil des migrants.

S’agissant du partage des charges de l’asile, plusieurs systèmes sont envisageables, selon le nombre d’États qui y participent, et ce qu’ils partagent (normes communes, répartition des personnes, redistribution des charges financières). À cet égard, les outils européens (règlement Dublin, relocalisation, directive « Protection temporaire ») ont montré leurs limites.

Est ensuite analysé le phénomène de la sanctuarisation de l’espace commun d’asile, qui a pour objectif de partager les charges de l’accueil avec des pays tiers. Cette sanctuarisation doit toutefois respecter les principes de la convention de Genève : le non-refoulement et la non-pénalisation des entrées irrégulières. L’Union européenne répond à ce défi par les procédures d’asile à la frontière et l’intégration des questions d’asile dans l’action extérieure de l’UE – programmes de réinstallation, recherche de voies légales d’accès à l’asile dans l’UE, programmes nationaux ou régionaux de protection dans les pays tiers, ces dernières options pouvant soulever des difficultés si on les considère comme des alternatives, et non des compléments, à l’accueil des demandes d’asile spontanées en Europe.

Enfin, l’ouvrage présente le cas de l’extra-territorialisation de l’asile en Turquie, où la capacité de l’UE à influencer le système d’asile turc diminue parallèlement aux perspectives d’adhésion de ce pays à l’UE.

L’auteur conclut que le renforcement des frontières extérieures de l’Union rend l’espace européen de protection plus difficilement accessible. La relation de protection et de contrôle exercée par un État sur un individu, éventuellement hors du territoire de l’UE, au travers de systèmes d’information numériques et biométriques, fait du demandeur d’asile un objet de contrôle en réseau, mais aussi un sujet de droits en réseau, dont le statut méritait des recherches plus approfondies.

L’ouvrage, qui a reçu le prix Le Monde de la recherche universitaire 2016 et celui des Droits de l’homme de la ville de Lyon 2014, se fonde sur une analyse de l’Europe de l’asile close en septembre 2013. Le cadre proposé permet cependant d’éclairer utilement la crise actuelle du régime d’asile européen, et offre des pistes de réflexion précieuses pour les chercheurs et praticiens quant à la réforme de ce régime.

Corinne Balleix

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"A Key Role in the World"

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - lun, 27/03/2017 - 00:00
(Own report) - With last Saturday's "Rome Declaration", the EU has declared its commitment to an offensive global policy, including an intensified militarization, as was demanded by Berlin. In the coming years, the Union must play "a key role in the world," the declaration states, while calling for "strengthening its common security and defence." At the same time, German government advisors are vigorously demanding that the militarization decisions already taken, be rapidly implemented. Berlin and Paris could conclude a joint 40 billion euro program for new measures for dealing with "missions, procurement, capabilities and counter-terrorism," according to a document published by the German Council on Foreign Relations (DGAP). The Bundeswehr could also integrate troops from other EU countries to form "a sort of Europe Division." On the weekend, Hungary's foreign minister affirmed his country's support. In a recent resolution, the European Parliament stressed the need for increasing military spending with an extra €100 billion by the end of the coming decade. Couched in the usual propaganda phraseology, the "Rome Declaration" states "we have united for the better."

Tillerson Gives Beijing Face

Foreign Policy Blogs - sam, 25/03/2017 - 15:55

U.S. Secretary of State Rex Tillerson concluded his visit to China earlier this month, meeting with Chinese President Xi Jinping and pledging to his Chinese counterpart, Wang Yi, that relations between the two countries would be based on “non-conflict, non-confrontation, mutual respect, and win-win cooperation.”

The statement by Tillerson is a Chinese concept, first put forth by Beijing in 2010, perhaps in an effort to avoid the much-quoted “Thucydides trap”, after a theory developed by an Athenian historian after the Peloponnesian War between Sparta and Athens. The “Thucydides trap” simply says that a rising power causes fear in an established superpower which escalates toward war.

Tillerson’s seemingly easy endorsement of a Chinese phrase is in sharp contrast to the previous Obama administration’s refusal to do so, largely because the term “mutual respect” was seen as implying that other nations should respect China’s “core interests,” including Beijing’s claims to the East and South China Seas.

Tillerson’s acquiescence to the phrase also contrasts with his testimony during the confirmation process, when the aspiring secretary of state sent this confrontational message to Beijing: “We’re going to have to send China a clear signal that, first, the island-building stops and, second, your access to those islands also is not going to be allowed.”

During that testimony, he also reiterated Beijing’s building and placing military equipment on the contested South China Sea islands were “illegal actions” and “extremely worrisome,” arguing “They’re taking territory or control, or declaring control of territories that are not rightfully China’s,” while adding the territorial grabs were “akin to Russia’s taking Crimea” from Ukraine.

Of course, with his latest comments, Chinese and foreign media were quick to jump on the apparent reversal of Tillerson’s earlier hawkish statements and serve their respective readerships. The Global Times, a state-owned nationalist tabloid, referred to “analysts believing that this means Tillerson has implicitly endorsed the new model of major power relations.”

The critics from the Western media also pounced, with the Washington Post running the headline: “In China Debut, Tillerson Appears to Hand Beijing a Diplomatic Victory.” Bonnie Glaser of the Center for Strategic and International Studies, argued Tillerson’s acceptance of “mutual respect” translates into “the US is in effect saying that it accepts that China has no room to compromise on these issues.” 

With Xi Jinping praising the U.S. Secretary of State’s comments: “You said that China-US relations can only be friendly,” adding, “I express my appreciation for this,” Tillerson has chosen to save face for his Beijing hosts. His face-saving gesture may be an effort not to rock the boat in the days preceding the planned Trump-Xi summit in April. 

Yet if we are to take Tillerson’s and Trump’s previous statements at face value, the foreign policy they will adopt toward China will unlikely be one of ‘non-conflict”. One skeptic is Shi Yinhong, director of the Center for American Studies at the Renmin University of China. “Tillerson said these words because Trump wants to create a friendly atmosphere and environment for the upcoming summit,” according to Shi.

For despite the pleasantries offered by Tillerson to his hosts, the Trump administration has plans for a huge new arms sale to Taiwan, officials are preparing measures to punish Chinese trade practices in the automotive industry, and Tillerson has said that military force might be an option should North Korea persist with its development of nuclear weapons. Trump may want to create a friendly atmosphere for the upcoming summit, but if these issues are still on the table in April, the practice of saving face may be swept aside.

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Diplomacy As A Budget Friendly Program?

Foreign Policy Blogs - sam, 25/03/2017 - 15:47

The Trump Administration’s budget proposal cuts 28% from the State Department’s funding, reducing foreign aid and de-funding a range of programs. The plan’s well-known focus on the military, and the absence of discussion of detail, or entitlements, lead many to view the so-called “skinny budget” primarily as a statement of intent.

Still, presidential expressions carry clout. In any case life will not return to what it was before the inauguration, no matter how many terms President Trump serves, or who may follow him. Disruptive as the budget plan is, State should take the opportunity to contemplate its mission, and how to fulfill it in the long run with reduced resources.

Secretary Tillerson, in a letter to the Department speaks of programs, more efficient execution, and national and economic security. These are familiar formulas for hard-power advocates and aid staffers alike. But is State’s purpose defined by programs and by security?

State is the home of the diplomatic service. This blogger gained an insight during a Foreign Service posting in Brazil in 1991. The Brazilian government ran a publicity campaign on children’s welfare, asking for assistance from foreigners, including the U.S., who had cited them for human rights abuses. I was directed to mount a “juvenile justice” program with no funds.

When I protested the assignment’s impossibility to a colleague, his encouragement was that this was a chance to practice ”pure diplomacy.” Introducing a few U.S.-based experts and Embassy staff to Brazilian agencies and NGOs, it turned out, successfully showed sympathy with Brazil’s challenges while standing by our policy. My annual review credited me with starting a program, but really what I did was carry out a U.S. answer to Brazil’s diplomatic “put up or shut up” challenge.

Diplomacy is what puts a context around military action, aid, PR programs, or even inaction, regarding issues of economic and national security—and everything else. We need to set a narrative of our motives and concerns whether we are fighting a war or doing nothing at all. The nature of the function has been obscure to professionals and public alike for decades, hence my citation for starting a program rather than executing diplomacy. If State’s budget cuts any number of programs and aid efforts, the diplomatic mission still remains vital. Furthermore the function is not expensive; if State will now have to practice more pure diplomacy, the Department should re-focus on delivering it.

Diplomacy’s basic currency is credibility, which rests on consistency of words with actions, and coherence of national policy. For it, the U.S. diplomat today needs a durable picture of our core national interest. During the Cold War, U.S. diplomats knew that the Containment Doctrine explained almost any actions of our government. Since we lost that focus, U.S. policy has reacted to crises, such as terrorism, and veered between political priorities, from trade liberalization to climate policy to energy independence to women’s rights.

Given today’s volatile politics and a swirling internet-connected world, Containment’s consistency will not be replaced any time soon. We must be able to name a core interest that can fit shifting priorities, more fundamental than partisan politics, drawn in our own terms rather than in reaction to adversaries or crises.

The post-modern world does not only disrupt American foreign policy. Any nation’s priorities are perpetually overtaken by events, discoveries, and new voices. Many are turning for guidance to traditions of ethnicity, religion, or nationalism. The U.S. does not have this option. Individual Americans carry such old markers of personal identity, but our nation was conceived on principle, invoked by our founders as they divorced their ethnic homeland.

Our founding creed, voiced in the Declaration of Independence, is the source of America’s legitimacy, the national beacon and bedrock of a U.S. diplomat’s credibility. To re-hone its diplomatic mission, State must create a body of people expert in the creed’s meaning, who are able to transmit it in policy.

Knowing the creed rigorously takes a rare understanding. It is abstract, enumerating minimal, overarching concepts. It is paradoxical, as free individuals do abuse each other, and government charged to secure rights must restrain itself—and also some individuals. Its words alone cannot guide policy in the flesh, yet their meaning has grown ever more real in our society as we have developed, strained, and fought among ourselves. It is both eternal and fragile: the words shape our view for any circumstances in any times, but we must perpetually prove both our commitment to open-ended rights and our competence to meet people’s needs.

Capturing the creed in policy and diplomacy will require a specialized skill, as distinct as military expertise. The diplomat must be aware that an abstract creed admits of multiple interpretations. They must be ready to agonize over the proper mix of prudence and ideals, and able to translate choices into policy. An extensive and intensive course of professional formation will be needed. It will have to integrate studies of praxis, social sciences, and history; deep immersion in the philosophy and nuances of our creed; grounding experiences in the realities of American life; and personal preparation for the dilemmas and stresses of applying our paradoxical creed in a complex world.

A diplomatic service formed in this light will represent us, their sovereign, by our true national nature. It will also carry our values into policy-making, via the diplomats’ role in interagency processes. As the desk for America’s founding values in our government, and as America’s face to others, they can imbue our actions with our creed.

In the diplomatic function, explicitly oriented to this core national interest, State can revive its mission and guide policy, to keep America true to our founding. If there are programs and actions to be managed, diplomacy will set them in context and support them; if resources limit those, diplomacy will express our motives. As a response to the proposed budget, this re-focus can bring benefit out of shock. The focus is needed, whatever the budget.

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Faut-il changer le statut de l'hôpital public ?

Le Monde Diplomatique - ven, 24/03/2017 - 16:19
À l'occasion de l'élection présidentielle, s'est amorcé un débat sur la Sécurité sociale et les assurances privées complémentaires. La primaire de la droite et du centre a mis en lumière le rôle des mutuelles, des instituts de prévoyance et des assureurs privés. Et permis de suggérer le chemin inverse de (...) / , , , , , , , - La valise diplomatique

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