Vous êtes ici

Diplomacy & Crisis News

Cameroon’s Paul Biya Gives a Master Class in Fake Democracy

Foreign Policy - lun, 22/10/2018 - 16:21
One of the world’s most experienced autocrats has clinched another seven-year term by bending the rules of the game in his direction in ways both old and new.

Exploitations pétrolières en Ouganda

Le Monde Diplomatique - lun, 22/10/2018 - 15:24
/ Pétrole, Ouganda - Afrique / , - Afrique

Saudi Khashoggi Claims Fall Flat; Riyadh Blindsided; Bolton in Moscow

Foreign Policy - lun, 22/10/2018 - 14:54
Everything you need to know about Saudi Arabia’s claim that Khashoggi was killed during a fight inside its Istanbul consulate, the Trump administration’s decision to pull out of a major arms treaty, a new strategy for the war in Syria, and more.

Weekly quiz

Foreign Policy Blogs - lun, 22/10/2018 - 14:52

http://www.quiz-maker.com/QQZXEDH

The post Weekly quiz appeared first on Foreign Policy Blogs.

Directorate S: The C.I.A and America’s Secret Wars in Afghanistan and Pakistan

Politique étrangère (IFRI) - lun, 22/10/2018 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°3/2018). Jérôme Marchand propose une analyse de l’ouvrage de Steve Coll, Directorate S: The C.I.A and America’s Secret Wars in Afghanistan and Pakistan (Allen Lane, 2018, 784 pages).

Ghost Wars, publié en 2004 et récompensé par le Pulitzer, avait permis au journaliste Steve Coll de démontrer l’étendue de son talent. Ce livre-ci reprend et complète le récit. Il s’agit de comprendre pourquoi l’intervention américaine en Afghanistan s’est transformée en intensificateur de tensions géopolitiques. Prenant ses distances vis-à-vis des narratifs concentrant le blâme sur George W. Bush et sa garde rapprochée, l’ouvrage contient des passages très critiques à l’encontre de la bureaucratie militaire américaine.

Selon Directorate S, les carences de cette hiérarchie sont de tous ordres : ignorance, impréparation, narcissisme, vénalité, culte de l’autopromotion personnelle, hubris, absence de retour sur l’erreur, surexploitation du mensonge officiel à des fins auto-protectrices, etc. Plusieurs hauts gradés encensés dans les médias (David Petraeus, Stanley McChrystal…) se retrouvent ainsi ramenés à des proportions plus « réalistes ». Également en cause, la surproduction paperassière à laquelle se livre le Pentagone, sans se soucier de la qualité analytique de ses dossiers. Plus important peut-être, Steve Coll fait ressortir la paupérisation intellectuelle d’une CIA amenée à se rapprocher des forces spéciales et à se conduire en instrument de croisade pseudo-démocratique. En substance : bakchichs obscènes, tortures sadiennes, frappes de drones et raids d’intimidation à foison, mais fort peu de considération pour la dimension ethnologique des conflits et les systèmes de motivations étagées déterminant les actions des acteurs-tiers. Le titre de l’ouvrage met d’ailleurs ce point en avant.

Le Directoire S est une branche du renseignement pakistanais (ISI) en charge de mener toutes sortes d’opérations clandestines via le soutien opérationnel de différents types de groupements armés (talibans, indépendantistes du Cachemire, islamistes radicalisés…). Telle que la décrit Steve Coll, cette unité contrôlée par la haute armée mène un jeu retors, exploitant sans vergogne les faiblesses de ses alliés d’opportunité. Sur le long terme, ces doubles discours en boucles exponentielles, et ces fixations paranoïaques (l’Inde comme source de tous les maux) semblent destinés à produire de graves effets contre-productifs. Cependant, l’auteur admet que l’ISI et ses contrôleurs suivent une ligne cohérente, une fois intégrées les perceptions sous-tendant leurs raisonnements. Par comparaison, les élites de Washington paraissent n’obéir à aucune logique de fond, postures médiatiques (syndrome Obama/Holbrooke) et rapports bureaucratiques prenant systématiquement le pas sur toute réflexion articulée et autocorrectrice.

Le constat est sévère, mais il est étayé par une multitude de sources, américaines et étrangères. La bibliographie est en revanche assez succincte, la force du livre résidant dans la qualité et la diversité des témoins mis à contribution. Steve Coll a mené des centaines d’entretiens sur une décennie, y compris avec de hauts responsables afghans et pakistanais. Il s’est ainsi fait une idée précise des illusions et rancœurs que nourrissent les décideurs des trois systèmes de gouvernement gérant le conflit afghan. À noter : l’auteur a pris soin de recueillir les retours d’opérationnels de terrain et d’analystes dissidents comme Marc Sageman. Bilan : lecture hautement recommandée, l’un des meilleurs ouvrages documentaires sur les questions de sécurité et de renseignement de ces dernières années.

Jérôme Marchand

> > S’abonner à Politique étrangère < <

En Ouganda, les rois, l'État, la terre

Le Monde Diplomatique - dim, 21/10/2018 - 19:22
L'augmentation du coût de la vie et les scandales de corruption fragilisent le régime ougandais, en place depuis vingt-cinq ans. La crise ravive aussi les tensions avec les monarchies traditionnelles, notamment le royaume du Buganda, qui revendique des droits sur les terres. / Agriculture, (...) / , , , , , , , , - 2011/07

Quand l'Islande vote contre les banquiers

Le Monde Diplomatique - dim, 21/10/2018 - 17:22
Sous la pression des spéculateurs, de nombreux gouvernements ont fait le choix de l'impuissance. Consultés par référendum, les Islandais suggèrent une autre voie : adresser la facture de la crise à ceux qui l'ont provoquée. / Banque, Capitalisme, Économie, Finance, Mouvement de contestation, Parti (...) / , , , , , , , , , - 2011/05

The Taliban Just Won a Key Battle for Afghanistan’s Future

Foreign Policy - sam, 20/10/2018 - 17:48
The killing of a strongman police chief creates a dangerous power vacuum.

Le dissensus de Washington

Le Monde Diplomatique - sam, 20/10/2018 - 17:19
Créée par le président Barack Obama en mai 2009, la Commission d'enquête sur la crise financière a rendu son rapport en janvier dernier. Scindé en trois sections, il propose autant d'explications politiquement antagonistes. / États-Unis, Banque, Capitalisme, Économie, Finance, Spéculation, Crise (...) / , , , , , , , , - 2011/03

The Kingdom’s Hackers and Bots

Foreign Policy - sam, 20/10/2018 - 01:00
Saudi Arabia is using cutting-edge technology to track dissidents and stifle dissent.

Norwegian Diplomat Tops U.N. Shortlist For Syria Envoy

Foreign Policy - ven, 19/10/2018 - 23:39
Geir Pedersen could be saddled with one of diplomacy’s most thankless tasks.

Few Signs of Progress on Denuclearization as U.S., South Korea Cancel Another Major Military Exercise

Foreign Policy - ven, 19/10/2018 - 23:30
Current and former U.S. officials say North Korea is dragging its heels, but Seoul and Pyongyang are still talking.

The Tourism Curse

Foreign Policy - ven, 19/10/2018 - 21:49
Like a wealth of oil, lots of visitors can become a development trap. Here’s how to avoid it.

The Sad Decline of Brazil’s Political Establishment

Foreign Policy - ven, 19/10/2018 - 21:30
Voters are manifesting their profound unhappiness with the status quo. Jair Bolsonaro is the result.

Did Camp David Doom the Palestinians?

Foreign Policy - ven, 19/10/2018 - 21:30
A new diplomatic history argues that the United States, Egypt, and Israel prevented a Palestinian state from emerging. But leaders such as Yasser Arafat bear much of the blame.

Un «<small class="fine"> </small>consensus de Berlin<small class="fine"> </small>» imposé à l'Europe

Le Monde Diplomatique - ven, 19/10/2018 - 19:16
La Commission, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international orchestrent un plan de sauvetage des banques dont les Irlandais paieront la facture. C'est une version encore plus draconienne de ce dispositif que l'Allemagne entend pérenniser par une révision du traité de Lisbonne. (...) / , , , - 2010/12

Ces mathématiciens qui font de l'or avec du plomb

Le Monde Diplomatique - ven, 19/10/2018 - 17:16
Fabrice Tourre est l'un de ces quants (« quantitative analysts »), ingénieurs et autres scientifiques que les institutions financières s'arrachaient à prix d'or pour qu'ils montent des « transactions complexes, à fort effet de levier, exotiques, sans forcément comprendre toutes les implications de ces (...) / , , , , - 2010/08

Hippocrate ou Harpagon<small class="fine"> </small>?

Le Monde Diplomatique - ven, 19/10/2018 - 15:15
Rendue publique en juillet, une enquête établit qu'un quart des médecins testés refusent d'accorder des soins aux pauvres : la grande majorité des fins de non-recevoir émane de docteurs autorisés à pratiquer des dépassements d'honoraires, sauf avec les bénéficiaires de la CMU… / France, Protection (...) / , , , - 2009/09

Op-Ed: Why Lara Alqasam does not belong in Israel

Foreign Policy Blogs - ven, 19/10/2018 - 14:43

In recent days, many have been critical of Israel for detaining Palestinian American activist Lara Alqasem. However, such criticism is not justified in any shape or form. Lara Alqassem was the president of the University of Florida’s chapter of the Students for Justice in Palestine, a radical group that supports the BDS Movement. According to Im Tirtzu, an Israel-based Zionist organization, during her tenure there, she organized an event in honor of Rasmea Odeh, a convicted Palestinian female terrorist with the Popular Front for the Liberation of Palestine who murdered two Hebrew University students. She also bombed the British Consulate.

And on top of that, Gulf News reported that the Students for Justice in Palestine at the University of Florida under Alqassem’s tenure also promoted the boycott of Sabra Hummus. Any country that is at the forefront fighting for its right to exist and is currently engaged in a war against terrorism would think twice before allowing someone associated with such a group to pursue a two-year masters’ program in a university located within its borders.

For many years, Israel has suffered from anti-Israel activists who have used their positions within Israeli universities in order to harm the state. For example, Omar Barghouti, who in the past studied at Tel Aviv University, launched a global campaign calling for a boycott of Israel. Similarly, other academics such as Dr. Neve Gordon, Dr. Anat Matar and Dr. Rachel Geora have exploited their positions at Israeli universities in order to promote the BDS Movement. Should Alqassem study at the Hebrew University, who is to say that she would not become active in the Boycott from Within Movement?

However, as an Israeli citizen living under the shadow of Palestinian terrorism, I have greater concerns than her support for BDS. When I was an MA student at Ben-Gurion University, Dr. Maya Rosenfeld used her position as a professor teaching international students in order to glorify Ghassan Khanafani, a leading terrorist from the Popular Front for the Liberation of Palestine. At the same university, Gordon attended a demonstration where Arab students called upon Turkish President Recep Tayyip Erdogan to punish (bomb) Tel Aviv. Furthermore, local student activists at BGU brought foreign students to the West Bank, where they attended Land Day riots where stones were thrown at Israeli soldiers. Who is to say that Alqasem would not join one of those violent protests or would use her position as a student at an Israeli university in order to glorify such wanton acts of violence?

While some could argue that given that the atmosphere at Israeli universities already incorporates the anti-Israel narrative in the name of dialogue, why is it so harmful for Lara Alqassem to join the fray? However, what makes the presence of Lara Alqassem so detrimental to Israel’s security is that should she join violent anti-Israel protests, due to her American citizenship, Israel will be restrained regarding what actions that it can take against her. Israel will not be able to penalize her for throwing stones in the same manner that it could a Palestinian rioter or Israeli citizen who joined such protests because any actions that Israel would take against her would blow up in the media, as the recent media coverage has demonstrated. This places Israel in a terrible dilemma. The country can either defend its security knowing it will lead to negative press coverage or it could give her a green light to act against the country, which would only embolden Israel’s enemies to do likewise.

Furthermore, should Alqassem get a masters’ degree from Hebrew University and spend two years living in East Jerusalem, she would return as an Israel expert to the US and could potentially get influential jobs that would influence US policy towards Israel. If she is a supporter of the BDS Movement, it could be detrimental for the US-Israeli relationship for her to hold such a status. This is not the case for a Palestinian anti-Israel activist living in East Jerusalem or a radical left wing Jewish Israeli student studying at the Hebrew University, whose actions against the state would be confined towards influencing the Jewish and Palestinian populations in Jerusalem respectively. Their actions in most cases will not harm Israel internationally. But many people in Israel and abroad do not fully grasp these factors.

So many people are rushing to support Alqassem. Im Tirtzu reported that students active in Standing Together, a group backed by the New Israel Fund, placed signs that stated “Reserved for Lara Alqasem.” Im Tirtzu subsequently crossed out her name and wrote the names of three Israeli terror victims that were murdered recently: Ari Fuld, Kim Levengrond and Ziv Hajbi.

I agree with the actions taken by Im Tirtzu. For the Israeli victims of terrorism, it is abhorrent that a seat would be reserved for an anti-Israel activist that was part of a group that not only supports BDS but also glorifies Palestinian terrorism. I am not the only one who is appalled by this. Peter Goldman, the President of the Swedish Friends of the Hebrew University, is also greatly disturbed how the university is rushing to support Alqassem.

Dana Barnett, who heads Israel Academia Monitor, a group that monitors anti-Israel activities within academia, stated that all of these actions that are being taken on behalf of Alqasem are morally wrong and hypocritical: “According to the BDS Law, anyone who calls for a boycott should be punished. If people are democratic, they should support the legal system.” As the Israeli Court of Appeals proclaimed, “Any self-respecting state defends its own interests and those of its citizens, and has the right to fight against the actions of a boycott as well as any attacks on its image.” Anti-semitism scholar Manfred Gerstenfeld believes that given this, Alqasem should go and study in one of the 191 countries that she has not incited against.

The post Op-Ed: Why Lara Alqasam does not belong in Israel appeared first on Foreign Policy Blogs.

À chacun sa Corée

Politique étrangère (IFRI) - ven, 19/10/2018 - 09:30

Créée en 1936, Politique étrangère est la plus ancienne revue française dans le domaine des relations internationales. Chaque vendredi, découvrez « l’archive de la semaine ».

* * *

L’article « À chacun sa Corée » a été écrit anonymement dans le numéro 5-6/1950 de Politique étrangère.

Depuis le 25 juin 1950, le gouvernement chinois était intervenu, de Pékin, dans l’affaire coréenne avec les moyens de sa diplomatie et de sa propagande : l’invasion de la Corée du Sud par les Coréens du Nord lui offrait l’occasion d’afficher sa sympathie pour le pays entier. La Chine n’y exerça- t-elle pas une suzeraineté nominale jusqu’au début du présent siècle ?

Le gouvernement Mao Tse Toung lie l’affaire de Corée à son entrée dans l’Organisation des Nations Unies, à sa participation au Conseil de sécurité. Il se dit donc ami des Coréens. Mais il convient de rappeler que les Coréens établis en Mandchourie — terre chinoise — s’entendirent mal avec les Chinois. C’étaient les Japonais qui avaient poussé des Coréens (par dizaines de milliers), dès 1 925, à s’expatrier en Mandchourie : ouvriers agricoles qui rivalisaient avec les fermiers chinois dans la frugalité ou la misère. Il y en avait au moins un million, dès 1931. Dans le district de Chientao, on comptait trois Coréens pour un Chinois. Les incidents qui éclatèrent entre fermiers chinois et coréens pendant l’été 1931 furent provoqués peut-être, et certainement exploités, par les Japonais, qui se portèrent alors au secours de leurs « ressortissants » : prétexte saisi parmi d’autres pour justifier l’occupation de la Mandchourie désirée. Les circonstances actuelles reposent des questions capitales : comment se comporteront, en Mandchourie du Sud, les paysans coréens et chinois engagés dans de mortelles concurrences ? Et quels sont les vrais, les profonds sentiments des Coréens et des Chinois à l’égard les uns des autres ?

Le Japon prend position

Le Japon ne peut se désintéresser de la Corée. Dans l’impossibilité d’intervenir militairement, il ne saurait négliger un pays qu’il convoita toujours, à travers l’histoire ; pour lequel il combattit souvent (1870-1910) ; qu’il annexa purement et simplement (1910). Sans entrer dans les détails d’une occupation de huit lustres, on mentionnera les investissements et les entreprises japonais. Si le réseau routier demeurait insuffisant, les chemins de fer stratégiques construits par les Japonais indiquaient assez leur préoccupation : la Corée nourricière, grenier de riz de l’archipel, servait de passage vers la Mandchourie, dont les ressources minières et industrielles devenaient, d’année en année, plus nécessaires à l’armature nippone. Dans l’été 1950, le Japon allait-il rester rigoureusement neutre ou laisserait-il percer une préférence à l’égard d’un des blocs ? Le Livre blanc, publié le 19 août, exprime l’approbation du gouvernement japonais pour les efforts des Nations Unies en Corée. Le Livre blanc ajoute que le Japon y aide déjà, par son industrie, les forces américaines. En même temps, il réclame des moyens de défense plus importants que la police autorisée par le général MacArthur, qui était portée à 70 000 hommes au début des opérations. Enfin, M. Yoshida, président du Conseil, soulignait le fait que le Japon « ne peut pas plaire aux deux camps de la guerre froide ». Le Japon se souvient de la longue hostilité russo-japonaise ; il s’inquiète de ses besoins constants que peuvent satisfaire Corée et Mandchourie. Il penche — aujourd’hui — vers les États-Unis.

Glacis russe ou glacis japonais ?

De 1930 à 1940, le Japon avait voulu constituer simultanément : 1° un bloc économique (et monétaire, le bloc yen) Japon, Corée, Mandchourie, Chine ; 2° un système de glacis. La Corée, qui protégeait l’archipel, recevait la couverture du Man-tcheou-kouo (État de Mandchourie), lequel, à son tour, était gardé par le glacis mongol, qui, lui-même, était préservé par les provinces du Nord de la Chine. Inversement et symétriquement, l’URSS considère, en 1950, que la République de Mongolie, intégrée dans le système soviétique, a besoin de la couverture d’une Mandchourie industrielle et agricole, laquelle trouve sa protection dans une Corée braquée (selon certaine formule de l’époque napoléonienne) vers l’archipel japonais.

Si les Chinois font état de leur amitié « historique » pour les Coréens, les Russes, de leur côté, invoqueront des événements vieux d’un demi-siècle ; quand les Japonais se montraient trop agissants à la cour de Séoul, le roi-empereur de Corée se réfugiait (1896) à la légation tsariste et il y demeurait une année.

Autre motif de l’attention que portent à la Corée les régimes russes successifs, et plus particulièrement à des ports et à des points situés dans un secteur voisin de la frontière russo-coréenne : en 1938, les soldats japonais contestèrent des hauteurs tenues par les Russes, à proximité de ces frontières russo-mandchou-coréennes. Ces hauteurs commandent la baie de Possiet, les approchés de Vladivostok. On fut étonné que les Japonais, qui, à l’époque, menaient le jeu en Extrême-Orient, dussent battre en retraite. Les Russes, eux, avaient maintenu toutes leurs positions, affirmé victorieusement une puissance dont on avait douté. Or, au mois d’août 1950, un commando américain, puis des escadrilles américaines ont attaqué, bombardé un port coréen, à 60 kilomètres du champ de bataille de 1938. L’attention reste la même dans l’attaque et la défense aux exutoires des provinces maritimes soviétiques, si utiles aux Russes quand Vladivostok est encombré de glaces. Points névralgiques et épreuves de forces. La coïncidence n’est pas un hasard. Tout se tient ou tout se répète. Il n’y a de changé qu’un antagoniste dans la dispute du terrain.

Les parents pauvres

A la table de Corée, les Américains se sont assis, en juillet, parents pauvres. Ils avaient quelque peu oublié le traité de commerce et d’amitié signé en 1882 avec le royaume longtemps dénommé « ermite ». Depuis 1905, leurs relations commerciales y étaient insignifiantes et assez effacé le rôle de leurs missionnaires. Les États-Unis avaient accepté, en somme, la main de fer du Japon et ses succès économiques : moins par indifférence que par nécessité. Pourtant un Américain, averti des insuffisances et mollesses coréennes, avait écrit, en 1905, que le Japon devrait abandonner la prétention de traiter la Corée comme si elle était réellement un État souverain et indépendant. C’était donner une sorte de blanc-seing à la grande nation japonaise avec laquelle on souhaitait de s’accorder.

L’ONU n’est pas morte

L’ONU a montré le 28 juin qu’elle n’était pas morte. La majorité des Nations Unies se le démontrait a elle-même, en décidant l’intervention. Le secours accordé à la Corée du Sud, pour n’être encore que symbolique (les effectifs internationaux restent faibles jusque dans les prévisions), signifiait que se resserrait le faisceau de l’ONU. Deuxième preuve de vitalité de celle-ci : après six mois d’absence, le représentant de l’URSS allait reparaître sur la scène de Lake Success et assumer, le 1er août, la présidence du Conseil de sécurité. Sans doute sa participation n’était-elle pas destinée dans son esprit à fortifier l’ONU, mais à intervenir en jouant de la division de ses membres. On sait que la mission essentielle de l’ONU est de préserver la paix générale et que, dans sa session perpétuelle, elle s’efforce de réduire les conflits naissants par la recherche commune des compromis. Mais il lui faut la collaboration de toutes les nations et, d’abord, des plus grandes. Que l’une de ces dernières vienne à se retirer, l’ONU, insensiblement, se transforme en coalition. Les risques d’une coalition qui se reformait autour des États-Unis suffisaient à motiver la rentrée des Russes. Le président Truman, cependant, disait le 19 juillet : « Le monde libre a rendu évident, par le canal de l’ONU, que l’agression illégale se heurtera à la force… Si l’on n’avait pas répondu à ce défi, l’ONU aurait perdu toute espèce d’efficacité. »

Mais l’ONU — entité juridique, faisceau de forces, de volontés ou de velléités — connaît en son sein des tendances divergentes. On pouvait distinguer, grosso modo, trois tendances : groupés autour des États-Unis, les purs ; les satellites de l’URSS ; les « troisième force », prêts à s’entremettre et dont le pandit Nehru prenait la tête.

Leçons de l’été 1950

On n’a rien dit encore des opérations. Il faut avouer qu’elles échappent à toute critique qui se veut de caractère objectif ou historique. Malgré l’abondance des dépêches et des reportages publiés par les presses, on manque de précisions : nombre et formation des armées coréennes du Nord ; qualité, provenance de leur matériel. L’armée coréenne du Sud avait paru s’évaporer ; on avait déploré la faiblesse des contingents américains… A la vérité, un voile pudique est, le plus souvent, tendu sur les choses militaires par deux antagonistes qui veulent éviter les entanglements : constatation optimiste d’un grand prix.

Pourtant, les faits relatés, le soudain élargissement de ce qui fut le « réduit » de Fousan, le débarquement des troupes américaines au nord, loin du « front », analogue à la manœuvre de Normandie en 1944 ; les arguments brandis, les procédures introduites permettent aux Russes et aux Chinois, aux Japonais et aux Américains, à l’entité ONU, aux Coréens eux-mêmes de tirer les leçons d’une campagne de cinq mois.

Les Russes ont appris qu’il est des frontières que ne peuvent violer leurs satellites sans que se rassemblent et se dressent en armes les Américains. Test inattendu, puisque les Américains avaient déclaré, cinq années durant, que là Corée n’était pas défendable et qu’ils n’avaient plus en Corée du Sud qu’un millier de fonctionnaires ; qu’au surplus l’armée du Sud était très inférieure à celle du Nord. De même, les Rouges chinois comprennent que, pour eux aussi, il est des frontières qu’ils ne franchiraient qu’au risque de provoquer : 1° les bombardements de leurs ports, de leurs villes ; bien plus : 2° la conflagration générale.

Pour les Japonais, l’heure d’une politique de bascule est dépassée (quitte à y revenir). Les forces aériennes de bases coréennes, distantes de moins de cinquante lieues des côtes nippones, représentent en effet une terreur suspendue sur les maisons de bois des immenses agglomérations japonaises.

Seuls les Américains «informés» n’étaient pas surpris par les très mauvaises conditions dans lesquelles s’ouvraient pour eux les hostilités ni par l’inévitable retraite du début : amener les troupes à pied d’œuvre, non pas seulement du Japon, mais de Californie ; assurer une traversée de 8 000 kilomètres, la besogne n’était pas mince. Mais l’opinion publique alarmée, secrètement humiliée, se retrempait dans une volonté collective de mobilisation industrielle et militaire. […]

Lisez l’article en entier ici.

Découvrez en libre accès tous les numéros de Politique étrangère depuis 1936 jusqu’à 2005 sur Persée.

Pages