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Sur les musulmans, le gouvernement slovaque souffle le chaud et le froid

HU-LALA (Hongrie) - mer, 04/01/2017 - 13:54
Les musulmans de Slovaquie sont « parfaitement intégrés ». Par ces propos, le ministre de l’intérieur slovaque Robert Kaliňák a pris à contre-pied son premier ministre Robert Fico, pour qui la politique migratoire de Bruxelles est responsable des récents attentats terroristes en Europe.

« Les membres de la communauté musulmane de Slovaquie sont modérés, parfaitement intégrés et leur présence est une richesse pour le pays » a déclaré Robert Kaliňák, selon des propos rapportés aujourd’hui par Új szó. Selon le ministre de l’intérieur, membre du parti social-démocrate (Smer-SD), « leur mode de vie est envié par tous les pays », dans la mesure où, dans les pays de l’Ouest, les musulmans vivraient à l’écart de la société. Partant de là, l’enjeu du gouvernement slovaque serait d’empêcher cette ségrégation spatiale « responsable de la radicalisation ». D’après les informations de police, la communauté musulmane du pays montre une réelle volonté de coopération avec les forces de l’ordre dans la lutte contre le terrorisme.

Les propos de Robert Kaliňák prennent à rebrousse-poil les déclarations fracassantes de son chef de gouvernement Robert Fico. Peu après les attentats terroristes sur le marché de Noël de Berlin, le premier ministre slovaque avait notamment fait part de son intention « d’empêcher le développement de la communauté musulmane » dans son pays. En faisant auparavant le lien entre ces attaques et la politique migratoire de l’Union européenne, critiquée comme trop laxiste.

En 2010, la communauté musulmane de Slovaquie était estimée à 5000 membres, principalement à Bratislava et secondairement à Košice et Martin. L’origine de leur présence dans le pays remonte à la période ottomane, durant laquelle une partie de l’ancienne Haute-Hongrie était occupée par les troupes de la Sublime Porte. Une partie significative de ces musulmans est également originaire de Bosnie et d’Albanie. Lors de la crise migratoire de 2015, le gouvernement slovaque avait souhaité accueillir uniquement les réfugiés chrétiens du Proche-Orient.

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Tensions xénophobes en Pologne après un fait divers

HU-LALA (Hongrie) - mar, 03/01/2017 - 17:13
Le meurtre d’un jeune Polonais à Ełk (région de Mazurie), dont sont suspectés un Tunisien et un Algéro-Polonais, a provoqué deux jours de heurts dans cette ville de cinquante mille habitants située dans le nord-est du pays, aux confins de Kaliningrad, de la Lituanie et du Bélarus. Image capturée d’une vidéo de Russia Today.

Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, le propriétaire d’un bar-kebab à Ełk (Mazurie), un Algéro-Polonais d’une quarantaine d’années et le cuisinier, un Tunisien de 26 ans, sont accusés d’avoir tué de deux coups de couteau un Polonais âgé de 21 ans. « Après un incident peu clair à l’intérieur du bar et qui a tout déclenché, un homme est sorti en emportant deux bouteilles sans les payer. Le propriétaire du bar et son cuisinier l’ont poursuivi et ont tenté de les lui arracher. C’est alors que le drame est survenu », a expliqué le procureur à Ełk, Wojciech Piktel.

En réaction, des centaines de personnes se sont rassemblées devant l’établissement, scandant des slogans racistes, jetant des pétards et des pavés dans la vitrine. Une trentaine d’entre eux a été arrêtée, après des échauffourées avec la police. Sur les réseaux sociaux, les appels au « boycott des kebabs islamiques » en Pologne se sont multipliés. L’ombudsman polonais (équivalent du Défenseur des droits), Adam Bodnar, s’est saisi de l’affaire.

«Un climat de haine xénophobe»

Le KOD (Comité pour la démocratie) a réagi hier sur Twitter : « Le PiS a profité de la haine xénophobe aux dernières élections. Après les événements de Ełk, c’est devenu un problème majeur en Pologne ». Pour le journaliste et poète Przemysław Witkowski, « l’atmosphère en Pologne est de plus en plus déplaisante », la faute selon lui aux partis ultraconservateurs qui appellent à la haine des Musulmans, dont Droit et Justice au pouvoir. Dans une tribune publiée sur le site Krytyka Polityczna, il donne l’exemple de Mariusz Błaszczak, le ministre de l’Intérieur, « qui est allé jusqu’à considérer que l’attitude des personnes qui ont essayé de lyncher le principal suspect est “parfaitement compréhensible”».

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Le « recyclage » des professeurs de russe dans la Hongrie de 1990

HU-LALA (Hongrie) - mar, 03/01/2017 - 12:17
Peu de gens peuvent s’imaginer à quel point le changement de régime en 1989/1990 a pu entraîner un bouleversement dans la vie des gens.

Passer d’une économie administrée où l’Etat s’assurait du fait que chacun puisse avoir un emploi, ne serait-ce que sur le papier, à une économie de marché n’a pas été sans conséquence sur le travail de centaines de milliers de Hongrois. Parmi eux, il est une catégorie que j’ai fréquentée dans mes fonctions de professeur de français langue étrangère de l’institut: les professeurs de russe.

Du jour au lendemain, le gouvernement hongrois décida que le russe qui était obligatoire ne le serait plus. Il faut dire que la langue du grand frère soviétique n’avait jamais joui d’une grande popularité en Hongrie et nombreux étaient les élèves qui arrivaient au baccalauréat sans être capables de maîtriser les fondamentaux d’une langue qui leur avait pourtant été enseignée pendant huit ans. Les professeurs de russe n’avaient donc pas la tâche facile durant la période communiste, mais avec la chute de l’ancien régime c’est leur gagne-pain qui était tout simplement menacé.

Le russe cessant d’être obligatoire, il fallut le remplacer par d’autres langues étrangères. Les pays occidentaux rivalisèrent alors d’ingénuité pour se placer sur le marché des langues dans un pays où tout ou presque était à faire. La France lança ainsi dés le mois de mai 1990 un ambitieux programme de « relance vers l’Est » qui avait essentiellement pour objet d’offrir des bourses à de jeunes étudiants hongrois qu’il fallut former de manière intensive aux rudiments du français durant l’été 1990.

Un autre volet de ce plan de relance concernait le « recyclage » des professeurs de russe avec l’idée aussi ambitieuse qu’absurde d’en faire en quelques mois des professeurs de français. L’excellent film Édes Emma, drága Böbe du réalisateur István Szabó (diffusé en France sous le titre de « Chère Emma ») raconte avec détail la vie de ces professeurs soumis à un apprentissage accéléré d’une autre langue étrangère et obligés de faire des ménages ou de vendre des journaux pour survivre. Je me retrouvai ainsi aux mois de juin et juillet 1990 à encadrer ce processus de recyclage dans un internat à Dunaharaszti dans la banlieue de Budapest.

Ces professeurs étaient essentiellement des femmes de tous les âges. Les plus vieilles, anciennes professeurs de français se souvenaient avoir subi le même sort avec le russe quand celui-ci était devenu obligatoire dans les années 50. La plupart avaient étudié le français comme deuxième discipline mais ne l’avaient plus pratiqué depuis des lustres. Enfin, les plus jeunes étaient sans conteste les plus désemparées. Elles venaient d’achever leurs études de russe et n’avaient pas encore trouvé d’emploi et se retrouvaient confrontées à une impasse.

ces professeurs forçaient l’admiration et rétrospectivement, je garde le souvenir d’un été studieux mais aussi très joyeux. Les cours avaient lieu en résidentiel H24 durant la semaine et les soirées étaient très souvent festives. Je me souviens en particulier de la magnifique fête du 14 juillet que nous avons organisée. Plus que la grande révolution française, il s’agissait cette année-là de fêter la fin du visa obligatoire pour la France qui devint effective le 15 juillet 1990. Ces femmes qui traversaient des moments difficiles dans leurs vies personnelles et professionnelles étaient folles de joie à l’idée de pouvoir bénéficier de cette nouvelle liberté d’aller en France comme bon leur semblait. Le changement de régime avait donc finalement aussi de bons côtés.

Témoigner du quotidien de l’autre côté du Rideau de fer

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Le maréchal Radetzky ou les infortunes de la postérité

HU-LALA (Hongrie) - mar, 03/01/2017 - 10:30
Le noble tchèque et chef militaire autrichien Josef Wenzel Radetzky von Radetz naquit il y a 250 ans. La version originale de cet article écrit par Corinna Anton, avec l’agence de presse ČTK, a été publiée le 3 novembre 2016 dans la Prager Zeitung. La traduction en français a été réalisée par Vincent Doumayrou.

Pour beaucoup, il est simplement « celui de la Marche » – une marche que presque tout le monde a sur les lèvres ; mais qu’a accompli au juste Josef Wenzel Radetzky von Radetz, qui a donné son nom à la pièce musicale de Johann Strauss Père ? Et quel rapport a-t-il avec la République tchèque ? La réponse à la question tient au fait que le chef militaire, qui aurait soufflé sa 250ème bougie le 2 novembre dernier, vint au monde en 1766 au château de Trebnitz, à Seltschan – l’actuelle Sedlčany, dans le centre de la Bohême, à une soixantaine de kilomètres au Sud de Prague. Mais dans la même Tchéquie, il est tombé en disgrâce il y a de cela un peu moins de cent ans.

Jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale en effet, une statue située dans le quartier de la Malá Strana de Prague, sur la rive gauche de la Vltava, commémorait le souvenir de celui qui passe pour le plus grand dirigeant militaire de la Monarchie autrichienne de la première moitié du XIXème siècle. L’inauguration du monument remonte à 1858, et juste en face se situait le Café Radetzky, selon le nom qu’il portait alors. Mais après la fondation de la Tchécoslovaquie, Radetzky tomba dans l’oubli et on fit disparaître ce monument qui symbolisait trop la Monarchie.

Entre-temps, les passions se sont quelque peu apaisées autour de cette question. Une association Radetzky, fondée à Prague en 2011, a pour objet une réédification de la statue ; elle n’a certes pas atteint son but, mais des personnalités issues du monde de l’Eglise, de la culture et de la recherche s’élèvent en faveur d’une réhabilitation du feld-maréchal dans l’espace public.

A Olomouc, il y a même, depuis quinze ans, une fête à sa mémoire. De ce fait, pour la dernière fois en septembre dernier, la ville morave a rendu un hommage à la mémoire du noble, arrivé dans la ville en 1821, du fait de sa nomination comme général de cavalerie et commandant de la citadelle. « Je suis content d’être sorti des livres d’histoire pour revenir dans ma ville bien-aimée d’Olomouc », a déclaré lors de la fête l’acteur qui a incarné Radetzky.

Un dirigeant autrichien devenu figure d’identification ? A Olomouc, cela fonctionne apparemment. Peut-être parce que le noble tchèque s’est enthousiasmé non seulement pour la tactique militaire, mais aussi, selon une tradition bien établie, pour la gent féminine, le bon vin et la bonne chère ? Quant au fait de savoir s’il est à l’origine de la recette de l’escalope viennoise, il reste controversé.

Il ne fait en revanche aucun doute que Johann Strauss Père composa « la Marche de Radetzky » en l’honneur du chef militaire, en 1848. Et c’est cette même année que la ville d’Olmütz – Olomouc selon les autrichiens – conféra à Radetzky la dignité de citoyen d’honneur.

Le noble, du fait d’une composition fragile, ne souhaitait pas d’emblée embrasser la carrière des armes ; après la fin de son lycée à Prague, il finit cependant par fréquenter l’Académie militaire de Vienne. Il est notamment passé à la postérité pour la campagne militaire victorieuse menée en 1848 et 1849 contre le Piémont – Sardaigne et les insurgés italiens qui s’étaient soulevés en mars 1848 contre la domination autrichienne. Dès 1813, Radetzky, comme chef de bureau de l’Etat-major, avait établi le plan de la Bataille des Nations de Leipzig. Il réorganisa ensuite l’armée autrichienne. Durant ses soixante-douze ans au service de l’armée, il a participé à dix-sept campagnes et subi sept blessures. Celui qui fut père à huit reprises mourut en janvier 1858 à Milan, d’une pneumonie, à l’âge de 91 ans.

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Pour 2018, les socialistes hongrois ont trouvé leur candidat providentiel

HU-LALA (Hongrie) - lun, 02/01/2017 - 12:45
Le Parti socialiste hongrois (MSzP) a désigné le maire de Szeged, László Botka, âgé de 43 ans, pour défier Viktor Orbán au poste de Premier ministre lors des prochaines élections législatives, prévues en avril 2018.

Les pourparlers ont été douloureux et chaotiques, mais la décision semble ravir les socialistes hongrois : le très populaire maire de Szeged, László Botka, sera bel et bien leur candidat aux élections parlementaires de 2018. L’annonce est tombée le 23 décembre dernier au terme de plusieurs semaines de discussion entre la direction du MSzP et l’édile de la troisième ville de Hongrie. Marginalisé lors du dernier congrès du parti puis courtisé par son président Gyula Molnár, László Botka a posé ses conditions pour assumer la tête de liste : l’union de la gauche autour d’un projet politique commun ainsi que le renouvellement des candidats dans les circonscriptions.

« Le MSZP soutient László Botka comme le candidat de l’opposition démocratique au poste de Premier ministre. (…) Nous construisons un projet de gauche qui, face à la politique sans espoir du Fidesz, offre un avenir aux quatre millions de personnes vivant dans la pauvreté ainsi qu’aux cinq millions de Hongrois qui vivent dans la précarité », a déclaré Gyula Molnár, le président du MSzP lors de l’officialisation de la candidature. Le Parti socialiste montrait courant décembre toutes les difficultés du monde à trouver un candidat issu de ses rangs, faute de postulant. Étant donnée la popularité de László Botka, la direction socialiste est fortement tentée de saborder le processus de primaire commune de la gauche qu’elle avait pourtant acté en novembre dernier, avec la Coalition démocratique (DK), Dialogue (Párbeszéd) et Ensemble (Együtt).

Les socialistes hongrois se rallient à l’idée de primaires à gauche

Cette tentative de passage en force a d’ailleurs été fraîchement accueillie par DK. Dans un communiqué publié dans la foulée de l’annonce du MSzP, le petit parti de centre-gauche a demandé une « clarification » aux socialistes, critiquant en substance leurs atermoiements autour de la primaire. Selon Mátyás Eörsi (DK), le MSzP aurait dû consulter ses partenaires avant de prendre sa décision. La candidature de László Botka sonne comme une mauvaise nouvelle pour le fondateur de DK, l’ex-Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány. Malgré son impopularité historique, ce dernier misait sur l’absence de leadership à gauche pour espérer prendre un jour sa revanche face à Viktor Orbán.

László Botka a été élu à 29 ans maire de Szeged, grande ville du sud de la Hongrie. Malgré le recul historique des socialistes aux élections municipales de 2010, il a su conserver la municipalité à gauche, grâce à une politique culturelle et sociale volontariste. Figure charismatique, il devra parvenir à surmonter les divisions de son camps, mais également affronter les caciques du MSzP, s’il veut avoir une chance de l’emporter en 2018. La sortie fracassante de Péter Medgyessy, premier ministre socialiste entre 2002 et 2004, ne devrait pas lui faciliter la tâche. Ce dernier a déclaré le 28 décembre dernier souhaiter une coalition entre la gauche et l’extrême-droite pour déboulonner le Fidesz. Une proposition polémique que le MSzP a dû s’empresser de rejeter dès le lendemain.

 

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Wizz Air ouvre 5 lignes entre Budapest et les Balkans

HU-LALA (Hongrie) - lun, 02/01/2017 - 10:51
A partir du printemps, la compagnie aérienne low cost hongroise va relier Budapest à cinq capitales des pays de la région des Balkans.

L’annonce a été faite à la mi-décembre : à compter du mois d’avril 2017, la compagnie Wizz Air effectuera deux vols aller/retour par semaine au départ de Budapest vers Skopje en Macédoine, Podgorica au Monténégro, Tirana en Albanie, Pristina au Kosovo et Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Les billets ont déjà été mis en vente au tarif de base de 6 000 huf l’aller, soit environ 20 euros.

Plus tôt au cours de l’année dernière, le Ministère du développement national avait annoncé un appel d’offres de marchés publics dans le Journal officiel de l’Union européenne pour les routes d’exploitation reliant la Hongrie avec des destinations économiques importantes dans la région. Ces vols opérés par Wizz Air à destinations des pays des Balkans seront subventionnés par l’État hongrois à hauteur de 4 milliards HUF (13 millions d’euros) sur quatre ans, a-t-on appris le 31 décembre.

Depuis plusieurs années, Budapest soutient activement le processus d’intégration européenne des pays de la péninsule des Balkans. Il s’agit avec ces vols de contribuer à faire de la capitale hongroise un hub entre l’Europe de l’ouest et l’Europe du sud-est et de stimuler le tourisme, le commerce et les affaires entre la Hongrie, la Macédoine, le Monténégro, l’Albanie, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine.

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Hanoucca : le rabbin Köves rejette le bras tendu du Jobbik

HU-LALA (Hongrie) - ven, 30/12/2016 - 13:22
À l’occasion de Hanoucca, le Jobbik a adressé ses « meilleurs vœux » aux Juifs de Hongrie. L’initiative, inédite pour le parti d’extrême-droite, a choqué de nombreux fidèles et a valu une réponse sèche de la part du rabbin orthodoxe Slomó Köves.

Gábor Vona et Ádám Mirkóczki ont adressé le 24 décembre dernier leurs « meilleurs vœux » aux Juifs de Hongrie à l’occasion du début des célébrations de Hanoucca, une des plus importantes fêtes rabbiniques. Dans une brève lettre adressée à Slomó Köves, président de la Communauté israélite unie de Hongrie (EMIH), les président et porte-parole du Jobbik ont déclaré souhaiter aux fidèles « que ce temps de souvenir et de réjouissance puisse apporter le renouveau spirituel, et que cette fête des lumières propage la véritable lueur qui éclaire le chemin ».

« À la fois surpris et mal à l’aise »

Cette déclaration d’amabilité au président et aux membres d’une des plus puissantes organisations représentatives des Juifs de Hongrie, tranche très nettement avec l’antisémitisme auquel Gábor Vona et le Jobbik avaient habitué les Hongrois. Dans une longue réponse rendue publique, Slomó Köves fait notamment part de sa stupéfaction, déclarant être « à la fois surpris et mal à l’aise » de recevoir de tels vœux de la part d’un parti « qui considère que les membres de la communauté juive de Hongrie ne méritent pas d’être considérés comme membres à part entière de la nation hongroise ».

Le président de l’EMIH rappelle notamment les nombreuses saillies antisémites de certains cadres du Jobbik, telle celle de Márton Gyöngyösi sur le « péril que représentent les Juifs pour la nation » (sic) ou encore celle de Zsolt Baráth sur les « sacrifices rituels de Tiszaeszlár » (équivalent à l’affaire Dreyfus dans l’imaginaire hongrois). Slomó Köves évoque également les propos que Gábor Vona avait tenu en 2013 au sujet des relations diplomatiques entre la Hongrie et Israël au service « de la domination juive du monde » (sic). Pour le rabbin budapestois, les déclarations citées ne posent pas uniquement le problème de leur caractère insultant à l’égard de nombreux fidèles juifs dans le monde, mais surtout celui de la légitimation de nombreux actes antisémites perpétrés durant ces dernières décennies en Hongrie. Pour prouver leur bonne foi et leur sincérité, Slomó Köves invite Gábor Vona et Ádám Mirkóczki à se rendre « dans les forums où la haine, l’injure et les ténèbres (…) l’ont depuis longtemps emporté sur la lumière ».

Une stratégie de dédiabolisation qui peine à convaincre

Fondé comme un parti europhobe, antisémite et nationaliste en 2003, le Jobbik a effectué un virage à 180° au printemps 2015 sur le modèle du Front national français et du Parti libéral autrichien (FPÖ). Malgré des discours d’apaisement à l’égard des victimes de l’Holocauste ou en faveur d’une « normalisation » des relations hongroises avec le reste de l’Union européenne, la stratégie de Gábor Vona peine à convaincre. Outre les nombreuses déclarations antisémites évoquées, le Jobbik reste un parti organiquement proche de nombreux groupes radicaux comme le HVIM (mouvement de jeunesse des soixante-quatre comitats, ouvertement irrédentiste) et de certains milieux paramilitaires liés à la défunte Garde hongroise.

Jobbik et ses milices jouent avec le feu à Hejöszalonta

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Le président slovaque s’oppose à une loi controversée sur l’encadrement des religions

HU-LALA (Hongrie) - mar, 27/12/2016 - 12:06
La loi soumise à la fin du mois de novembre par le parti islamophobe SNS ne verra finalement sans doute jamais le jour.

Bratislava, correspondance – Le président de la République de Slovaquie, Andrej Kiska, a finalement posé son veto au projet de loi gouvernemental visant à augmenter le seuil minimal de membres de 20 000 à 50 000 d’une communauté religieuse pour que celle-ci soit reconnue par l’État. Cette reconnaissance est essentielle pour les cultes car elle permet d’obtenir des subsides d’État et donne le droit à l’ouverture d’écoles confessionnelles. Certaines voix s’étaient élevées contre ce projet de loi qui semblait viser particulièrement la communauté musulmane de Slovaquie, estimée entre 2 000 et 5 000 croyants. La loi a donc été renvoyée au parlement.

Le président Kiska a demandé l’abandon pur et simple de la loi, expliquant sa décision par la trop grande interférence que la loi posait aux droits et libertés fondamentales garanties par la Constitution. De plus, les cas de fraude aux subventions d’État concernant les cultes religieux n’étaient aucunement étayés et qu’il n’existait donc aucune justification à priori à la création d’une telle loi. Andrej Danko, président du parti national slovaque (SNS), membre de la coalition au pouvoir et promoteur de cette loi, et président du parlement, a regretté que ce veto intervienne au lendemain de l’attentat de Berlin et affirmé que son parti proposera en 2017 un projet de loi pour interdire la burqua dans les lieux publics. Il a par ailleurs fustigé le multiculturalisme qui, selon lui, met en péril la sécurité des pays européens.

Photo : prezident.sk

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Noël à Písek

HU-LALA (Hongrie) - lun, 26/12/2016 - 10:39
La ville tchèque de Písek ne compte que 30 000 âmes mais si vous passez par là, je vous conjure de vous abstenir de chercher à convaincre ses habitants que « la vie est ailleurs ».

Troisième ville de la région bucolique de Bohême du Sud, elle ressemble à une forteresse avec les ponts-levis hissés. Par ailleurs, le centre-ville historique abrite les vestiges d’un château-fort royal et le pont de pierre qui enjambe la rivière Otava est le plus ancien de Tchéquie ; de cent ans plus âgé que le pont Charles de Prague, il en est le portrait, tout craché, en plus petit.

Enfin, autour de Noël, cette ville fait penser à la capitale d’une des petites principautés indépendantes d’Europe. La Grand-Place est surplombée par un sapin de Noël ; une crèche en paille, grandeur nature, s’étend à proximité. Les drapeaux jaune et bleu de la ville flottent sur la façade de l’hôtel de ville baroque d’où, toutes les heures, on entend les sons de cloches aux motifs d’une chanson traditionnelle. Au coin de la rue, les pêcheurs de la région de Třeboň toute proche, postés devant leurs bacs remplis d’eau, vendent les carpes pour le repas de Noël.

L’après-midi du 24 décembre, vous croisez partout les gens portant des lucarnes. Les lucarnes de ceux qui se dirigent vers l’église sont éteintes ; des flammes de cierge s’agitent dans de petits carrés vitrés de ceux qui en reviennent. À l’entrée de l’église se trouve la lumière de Bethléem dont personne ici ne semble se passer. On se couche tard, ce jour-là, car une participation à la messe de minuit n’est certes pas obligatoire, tout en étant bien vue.

Une fête fétiche des Tchèques

La Bohême du Sud est un bastion du catholicisme dans une Bohême athée, mais cela n’explique pas tout ; Noël est une fête fétiche des Tchèques qui, en l’espace de quelques jours, se transforment tous en bons chrétiens. Au cas où vous feriez vos courses lors des derniers jours précédant Noël, après avoir réglé la note, veuillez suivre l’exemple des autres et souhaitez Joyeux Noël à la caissière. Il n’y a pas de Père Noël tchèque ; c’est « le Petit Jésus » qui distribue des cadeaux aux jeunes et aux moins jeunes.

Le 24 décembre, la vie s’arrête pour trois jours car les célébrations se déroulent ce soir-là (« la Soirée généreuse ») et elles sont suivies de deux autres journées fériées. Le 25 et le 26 décembre, il n’y a que des groupes d’étrangers quelque peu désemparés qui marchent dans les rues commerçantes aux stores baissés.

Chaque mère tchèque est censée faire ses propres gâteaux de Noël que sa famille grignote jusqu’au Nouvel An… et jusqu’à un écœurement total. Pendant ce temps, on regarde les contes de fées à la télévision, relayés par les émissions sur le message spirituel de Noël.

Le Noël tchèque est une véritable institution ; si, d’aventure, vous devez le passer dans la ville de Písek, vous vous croirez revenu dans un passé lointain où les gens n’étaient pas encore pressés.

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Hulala fait son bilan et vous souhaite de bonnes fêtes

HU-LALA (Hongrie) - ven, 23/12/2016 - 15:30
Et voilà, l’année prend fin, et l’heure est venue pour toute l’équipe de Hulala de prendre quelques jours de vacances afin de revenir en force et reposés au début du mois de janvier. L’occasion de faire le bilan et de revenir brièvement sur l’année écoulée.

Crise des réfugiés et référendum hongrois, essor du groupe de Visegrád, vague conservatrice des deux côtés de l’Atlantique, Brexit et une construction européenne à bout de souffle… Hulala a eu du pain sur la planche pour documenter et analyser les événements qui ont fait l’année 2016 en Europe centrale.

Pour ce faire, le site s’est doté d’une nouvelle interface plus élaborée et plus élégante au printemps. Il fallait déjà faire de la place pour une couverture de l’actualité plus dense et plus complète, une page d’accueil plus régulièrement actualisée et mieux hiérarchisée. Il fallait également mettre en valeur de nouvelles rubriques et de nouveaux types de contenus… et surtout préparer le site pour couvrir – en plus de l’actualité hongroise – celle de la Pologne, de la Tchéquie, de la Slovaquie et des diasporas centre-européennes dans le monde.

Voici les quelques nouveautés de l’année passée :

1) La plateforme de blogs, où vous pouvez retrouver les contributions de Martin Daneš, Axel Boursier, Ludovic Lepeltier-Kutasi, Pierre Waline mais surtout du collectif du blog « 1989 Année zéro » et les nombreux récits d’Occidentaux ayant connu la vie derrière le Rideau de fer.

Témoigner du quotidien de l’autre côté du Rideau de fer

2) Le Mag, où se bousculent les hommages à la riche culture d’Europe centrale, les parcours de personnages saisissants, tel l’alpiniste polonais Jerzy Kukuczka, à des expériences humaines hors norme, comme celles des migrants pakistanais, afghans, syriens, refoulés à la frontière serbo-hongroise.

Ils recréent un bout de Hongrie à Paris

3) La rubrique Idées et Débats, où nous voulons relayer et réveiller le débat public centre-européen, grâce aux contributions de de Zoltán Pogátsa, G.M. Tamás, Marta Tycner, notamment, aux traductions de tribunes et éditoriaux mais aussi aux nombreux entretiens réalisés avec des figures de la scène politique et intellectuelle de la région.

La gauche de l’Ouest doit entendre ce que lui dit celle de l’Est

Hulala a également décidé d’investir de nouveaux supports de l’information en ligne et dispose désormais de sa propre chaîne Youtube (likez, abonnez-vous !). Elle nous permettra notamment de podcaster et valoriser les archives des émissions Francia Hangja que nous animons un samedi sur deux sur l’emblématique fréquence budapestoise Tilos Rádió. Nous recommandons, parmi d’autres, l’écoute de ces émissions avec Catherine Horel (Horthy, le Pétain hongrois) et Serge Halimi (Le grand bond en arrière), ainsi que les entretiens que nous avons faits à Vienne avec la politologue polonaise Anna Pacześniak (ci-dessous) et à Budapest avec l’ancien diplomate Philippe Gustin.

Pour faire tout ça, l’équipe s’est considérablement élargie durant l’année écoulée. Sous la direction de Corentin Léotard, de nombreux contributeurs ont rejoint Hulala : Ludovic Lepeltier-Kutasi, doctorant en géographie, Isma Hassaine-Poirier, correspondante à Londres, Justine Salvestroni, correspondante à Varsovie et Paul Saïsset, responsable de notre développement vidéo. Nous avons également multiplié les partenariats de contenus avec le Courrier des Balkans, Hajde et Footballski.

Le travail d’élargissement géographique entamé au printemps dernier vers toute l’Europe centrale ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. Le développement de Hulala va ainsi continuer et s’accélérer en 2017, de façon à élaborer avec notre lectorat un modèle économique pérenne.

Avant les étrennes de janvier, la fin d’année est aussi la période des petits cadeaux de Noël. Si vous ne l’avez pas encore déjà fait, faites donc un petit tour sur Tipeee pour nous donner un coup de pouce de 1, 2, 3 ou 5 euros par mois. Si vous rencontrez des difficultés techniques, n’hésitez pas à contacter notre équipe sur hulala.org@gmail.com.

Il ne nous reste plus qu’à remercier nos lecteurs pour votre fidélité et la confiance que vous nous accordez, mais aussi et surtout à vous souhaitez de très belles fêtes de Noël et de fin d’année.

Kellemes karácsonyi ünnepeket ! Wesołych świąt bożego Narodzenia ! Veselé Vánoce ! Vesele vianoce ! à 2017 !

L’équipe de Hulala

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Entretien : « Adam Michnik et Lech Wałęsa sont perçus comme des traîtres »

HU-LALA (Hongrie) - mar, 20/12/2016 - 11:28
Quelles sont les lignes de fracture de la société polonaise ? Quelles sont les racines historiques de la division ? Comment peut évoluer le mouvement de contestation contre les conservateurs/populistes au pouvoir ? Hulala s’est entretenu avec l’historien Matthieu Gillabert, docteur en histoire, diplômé de l’Université de Fribourg. Un an après l’arrivée au pouvoir du parti conservateur Droit et Justice (PiS), la société polonaise semble très polarisée entre libéraux et conservateurs. Quelles sont les deux populations qui s’opposent et quelles sont leurs positions/visions respectives ?

En fait, cette vision binaire est largement influencée par le PiS lui-même. Ses adversaires politiques sont systématiquement délégitimés, considérés comme anti-patriotes, hystériques, déconnectés du peuple, alors que le PiS représenterait la Pologne, comprendrait les besoins et les aspirations du peuple. Cette perception binaire du champ politique est donc fortement attisée par le parti au pouvoir. Cela dit, il est vrai qu’en un an, les fronts se radicalisent, laissant apparaître, d’une part, une Pologne conservatrice sur le plan des mœurs, nationaliste, isolationniste, protectionniste ; de l’autre, une Pologne libérale (plus économiquement que socialement), européenne, urbaine. Même si l’opposition est traversée par des clivages très importants, le PiS a réussi, en particulier ce week-end, à l’agréger contre l’action gouvernementale. Certains politologues parlent de la fin de l’époque postcommuniste, qui était marquée par un certain consensus au sein de l’élite politique et garantissait la pluralité des partis, et le début d’un système régime/opposition.

Quelles sont les racines historiques de cette profonde division ? De qui/quoi le PiS est-il l’héritier ?

Le PiS profite d’un glissement à droite de la société polonaise, particulièrement visible à partir des déboires du parti social-démocrate au pouvoir et des élections de 2005 : depuis lors, on assiste à une guerre des droites entre la droite européenne et libérale PO et la droite eurosceptique et conservatrice PiS. La gauche, minée par les divisions, est même absente aujourd’hui du Sejm (la chambre basse du parlement, ndlr). Les cadres du PiS proviennent principalement de franges conservatrices du syndicat Solidarność, de dissidents PO, et des nombreux micro-partis de centre-droit qui animent la vie politique des années 1990. Historiquement, le PiS est soutenu par les bas revenus, les milieux ruraux, les catholiques pratiquants et les personnes âgées. Géographiquement, ses principaux bastions se situent à l’est de la Vistule. Avec les élections de 2015, on voit le parti avancer vers la Pologne occidentale et la jeunesse le soutient davantage.

«Les cadres du PiS considèrent que la transition polonaise de 1989 a été une manœuvre du pouvoir communiste et que ceux de l’opposition qui y ont participé ont été manipulés ou ont manipulé les négociations : Adam Michnik et Lech Wałęsa sont ainsi perçus comme des traîtres.»

Le PiS mobilise-t-il l’Histoire pour justifier ses actes ?

Les travaux des historiens sont régulièrement décrédibilisés, et des pans entiers de l’histoire ne sont pas ressortis dans le débat politique. Paradoxalement, la politique historique bat son plein. La mobilisation du passé est à la fois constante et intense. Le PiS cultive de manière générale un récit national très homogène, gommant les contradictions et les nuances, où la Pologne est grande dans la tragédie, et toujours victime d’attaques extérieures. Plus particulièrement, il y a depuis le passage au pouvoir en 2005-2007 et actuellement, une chasse aux collaborateurs du régime communiste qui saperaient de l’intérieur les fondements de l’État polonais. En 2006, la loi de la lustration, largement invalidée par le Tribunal constitutionnel, devait éliminer de la fonction publique tous les anciens employés de l’État communiste. Aujourd’hui, le PiS s’en prend aux rentes des anciens fonctionnaires de la sécurité. Les cadres du PiS considèrent que la transition polonaise de 1989 a été une manœuvre du pouvoir communiste et que ceux de l’opposition qui y ont participé ont été manipulés ou ont manipulé les négociations : Adam Michnik et Lech Wałęsa sont ainsi perçus comme des traîtres. En fait, ce retour en arrière permet de discréditer l’ensemble de la classe politique qui serait corrompue dans une république elle-même issue d’une manipulation. De manière plus personnelle, il y a peut-être de la frustration de la part de certaines personnalités comme Jarosław Kaczyński qui étaient marginalisées pendant ce processus de transition.

Comment voyez-vous évoluer le mouvement de contestation et comment sortir de l’impasse ?

À vrai dire, je suis assez pessimiste. Premièrement, il ne me semble pas que ceux qui ont voté pour le PiS soient déçus. Et ceux qui le contestent sont les mêmes qu’il y a un an ; ils sont peut-être plus nombreux en attirant des citoyens – et surtout des citoyennes ! – n’ayant pas voté. Mais il n’y a pas d’affaiblissement du socle de soutien du PiS : au contraire, les manifestations d’opposition peuvent renforcer ces électeurs, qui adhérent au discours du parti répétant que les opposants ne savent pas perdre. Il y a donc le risque d’une escalade, d’une radicalisation des deux camps. Deuxièmement, l’espace public tend à se restreindre à cause des lois sur la nomination des dirigeants du service public, sur la restriction d’espaces politiques et juridiques aux journalistes. De plus, dans les campagnes, les journaux d’opposition généralistes sont très peu accessibles en kiosques.

Le débat est donc davantage inspiré des slogans politiques et perd en rationalité. Cela dit, je suis impressionné par le mouvement de contestation, notamment des femmes : il y a des mécanismes de transmission des pratiques de mobilisation, depuis les années 1970-1980, très intéressants. Le critère économique jouera, je pense, un rôle important : les réformes (retraites, aide aux familles avec enfants) sont très chères, les menaces contre les chaînes de distribution internationales risquent de détériorer la situation économique. Est-ce que ces difficultés affaibliront le pouvoir ? Est-ce que la radicalisation du pouvoir provoquera un renforcement et un élargissement de l’opposition ? Est-ce que les 50 % d’électeurs absents aux élections se mobiliseront ? Derrière ces questions se cachent les pistes hypothétiques de changements.

«Qu’est-ce que le peuple ? Environ 19 % du corps électoral a voté pour le PiS. 50 % se sont abstenus ; et le reste n’a pas voté pour le PiS. Il me semble difficile de savoir ce que le peuple souhaite sur la base des élections…»

Comment expliquer qu’une partie importante de la population semble aujourd’hui se retourner contre l’Union européenne et la démocratie libérale qui – dit-on – auraient permis le « miracle polonais » ?

Ce phénomène complexe se situe à plusieurs niveaux. Premièrement, le rejet de l’UE, voire de la démocratie libérale, est présent dans tout le monde occidental ; les démocraties libérales ont d’ailleurs toujours dû composer avec ces critiques, qui atteignent aujourd’hui un degré de radicalité et de violence préoccupant. Deuxièmement, l’entrée dans l’UE était liée à de grands espoirs ; les réalisations furent importantes, mais des franges de la population n’ont pas profité de ces améliorations. C’est particulièrement le cas de la jeunesse : le chômage des jeunes reste élevé (plus de 20 %), les emplois pour les diplômés sont peu rémunérés, sans compter ceux qui quittent le pays. Troisièmement, après 8 ans à la tête du pays, il y a eu une usure du pouvoir pour le PO, ce qui a engendré du mécontentement, mais également la création de nouveaux partis, l’émergence de nouvelles figures, parfois un peu baroques, rassemblant des électeurs déçus du conservatisme social du PO. En 2015, le PiS qui a appris de ses précédents échecs était particulièrement bien préparé pour les rendez-vous électoraux. Cela dit, par rapport à d’autres partis eurosceptiques, le PiS ne peut pas revendiquer un « polxit », qui serait désastreux pour le pays.

Le PiS bénéficie du soutien de la majorité de la population, majorité relative, mais majorité tout de même. Cela ne signifie-t-il pas que le peuple polonais est demandeur d’une démocratie plus dirigée, plus autoritaire ?

Qu’est-ce que le peuple ? Environ 19 % du corps électoral a voté pour le PiS. 50 % se sont abstenus ; et le reste n’a pas voté pour le PiS. Il me semble difficile de savoir ce que le peuple souhaite sur la base des élections… Mais il y a, en tous les cas, par rapport à d’autres pans de la population polonaise, une forte mobilisation de personnes souhaitant effectivement une démocratie plus autoritaire, dépourvue de la compétition politique entre les partis, et agréée par la hiérarchie catholique.

En quoi ce qui se passe actuellement en Pologne concerne-t-il toute l’Europe ? Varsovie est-elle selon vous à un avant-poste de l’opposition de plus en plus frontale entre le libéralisme et un retour de forces conservatrices ? Cela peut-il préfigurer de situations à venir ailleurs…en Europe…de l’Ouest ?

Même s’il y a des spécificités, le cas polonais n’est pas isolé. Les situations polonaise et hongroise ont par exemple beaucoup de similitudes. Habitant en Suisse, je vois également quelques traits communs entre le PiS et l’UDC : souverainisme, isolationnisme, critique d’une prétendue classe politique. Avec la Pologne, on a un exemple concret de la gestion du pouvoir par un parti populiste de droite, conservateur à tendance autoritaire. Le climat politique est continuellement sous tension et la compétition politique disparaît au profit d’une forte polarisation, des anathèmes réciproques et des actions de délégitimation de l’adversaire. Mais la Pologne, malgré une forte désillusion dans l’actuelle opposition, montre également une forte capacité de mobilisations, d’inventivité et d’endurance dans les actions citoyennes.

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« Quant à ce qui se passe en Pologne, moi, ma famille, mes amis sommes très inquiets »

HU-LALA (Hongrie) - lun, 19/12/2016 - 19:01
Hulala reproduit ici la longue réponse que la rédaction a reçue, suite à la publication hier de la tribune intitulée «Face au peuple, Kaczyński a peur et sent son pouvoir menacé». Ce long texte a valeur de témoignage direct des événements qui ébranlent actuellement la Pologne.

Quant à ce qui se passe en Pologne, il faut dire que nous sommes – moi, ma famille, mes amis– très inquiets et, en même temps, de plus en plus impatients de voir les choses changer. Rien que cette semaine, il y a eu quatre manifestations de protestation contre les mesures anti-démocratiques du gouvernement Kaczyński – c’est lui, en effet, qui a un réel pouvoir, même s’il n’est que chef du parti. J’ai participé à celle du 13 décembre (anniversaire de la proclamation de la loi martiale de 1981) qui était une marche symbolique à travers le cœur de Varsovie : de l’ancien siège du Comité central du parti communiste vers l’actuel siège du « Comité central » du parti de Kaczyński – le PiS. Et à celle de vendredi dernier soir (nous sommes rentrés, mon mari et mon fils, à minuit) qui était une protestation devant le Parlement (la Diète) contre les mesures annoncées concernant la limitation de l’accès des médias au Parlement, à partir de 2017.

« Nous étions là, encore avant le blocage, et il y en avait dans la foule qui en criant encourageaient la foule à entrer dans le Parlement. C’était vraiment dangereux. »

Les débats du Parlement se déroulaient ce jour-là non pas dans la salle principale, parce que les députés des partis opposants occupaient la tribune, mais dans une autre salle où il n’y avait pas à vrai dire de conditions pour procéder au vote. Et pourtant on a voté ainsi, entre autres, le budget 2017 ! Les manifestants ont finalement bloqué les sorties du Parlement pour ne pas laisser sortir Kaczyński, Szydło et compagnie. Ils sont sortis vers 3h du matin, escortés par la police. Nous étions là, encore avant le blocage, et il y en avait dans la foule qui en criant encourageaient la foule à entrer dans le Parlement. C’était vraiment dangereux.

Deux autres manifestations ont eu lieu hier et aujourd’hui. Et ça va continuer ainsi, pour l’instant, jusqu’à mardi, date de la prochaine réunion de la Diète. En dehors de cela, aujourd’hui, Kaczyński avec ses plus proches collaborateurs est allé à Cracovie pour visiter la tombe de son frère (qui est, par ailleurs, inhumé dans la crypte des rois ( !!) à Wawel), et il devait être escorté par la police, car les Cracoviens bloquaient d’abord l’accès à Wawel et puis empêchaient sa sortie…. Cela vous dit l’atmosphère qu’il y a.

« La Pologne est scindée en deux, et cela concerne pratiquement tous les milieux et toutes les tranches d’âge, les jeunes comme les vieux. »

La Pologne est scindée en deux, et cela concerne pratiquement tous les milieux et toutes les tranches d’âge, les jeunes comme les vieux. De chaque côté les émotions sont au paroxysme, et, je crois malheureusement que nous sommes au bord de la guerre civile. Je ne suis pas par ailleurs isolée dans cette conviction. Aujourd’hui, un des publicistes et commentateurs de la vie politique, disait bien à la télé qu’il est temps que les deux côtés de la scène politique fassent un pas en arrière parce que autrement cela risque de dégénérer, très dangereusement. En dépit de ces opinions alarmistes, le président, qui devrait être censé remplir ici le rôle de médiateur, fait uniquement semblant de réconcilier les partis en conflit.

Après toute une journée (18/12) de ce qu’il appelait des consultations avec les leaders des partis opposants, il vient de signer (19/12) devant les caméras, et en soulignant triomphalement que Tusk ne l’a pas fait quand il le pouvait, une loi populiste sur l’abaissement de l’âge de la retraite (de 67 à 65). Hier, devant le palais présidentiel, à 16h les collaborateurs de Kaczyński, dont le ministre de la culture Gliński, ont crié au scandale, assuré de la liberté non menacée de la Pologne et encouragé les gens à résister à la « bagarre » des « ennemis de la démocratie ». Tout cela dans une rhétorique qui rappelle les discours de Gomułka (fin des années 1950 et les années 1960) ; il est question des « bagarreurs » qui empêchent de « bons changements ».

« En prenant part à toutes ces manifestations, je suis taxée d’être communiste, voleuse, menteuse, Juive, membre de la Gestapo et traîtresse… »

Nous vivons depuis des années entières dans le conflit entre le PIS de Kaczyński et le PO de Tusk (maintenant de Schetyna). Depuis la catastrophe de Smolensk (2010), ce conflit est constamment attisé par Kaczyński. Il s’en nourrit, et avec ces discours d’une irresponsabilité inouïe renverse de fond en comble les définitions et les valeurs. En prenant part à toutes ces manifestations, je suis taxée d’être communiste, voleuse, menteuse, Juive, membre de la Gestapo et traîtresse… Ce qui est pire encore, je ne suis pas catholique.

Il est extrêmement difficile d’expliquer tout cela à des étrangers, et je me rends parfaitement compte qu’il y a, qu’il y aura toujours des choses que vous, comme vos compatriotes (ou en général, les Occidentaux) ne comprendront jamais. Car la source de nos drames actuels réside dans notre histoire extrêmement compliquée. Mais l’essentiel est qu’on est en train de détruire sous nos yeux ce que nous avons conquis depuis 1989. Kaczyński, n’ayant pas pris part à ce travail de construction, doit maintenant réécrire l’histoire de la Pologne libre pour y situer soi-même et son frère défunt au centre des événements. Wałęsa ne compte plus, d’autres comme Mazowiecki, Geremek, Balcerowicz, Michnik, Kuron, Bartoszewski sont marginalisés et accusés d’avoir pactisé avec les communistes. Ils n’ont pas encore touché au pape Jean Paul II. On change les programmes d’école primaire et secondaire, notamment ceux d’histoire et de la langue polonaise…

«Face au peuple, Kaczyński a peur et sent son pouvoir menacé»

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Viktor Orbán : « quelque chose de similaire est en cours en France »

HU-LALA (Hongrie) - lun, 19/12/2016 - 09:18
Dans la continuité de l’année qui s’écoule et qui a vu le Royaume-Uni choisir de quitter l’Union européenne et les États-Unis se choisir un Donald Trump pour président, le Premier ministre hongrois entrevoit de grands bouleversements politiques pour l’année à venir. Pour Viktor Orbán, le temps de la contre-révolution conservatrice et de la revanche du peuple contre les élites est arrivé.

Année 2017, année de la rébellion. Cela ne rime pas, mais qu’importe, c’est le vœu qu’a formulé le Premier ministre hongrois dans une interview au journal inféodé au pouvoir, 888.hu. Le vœu, ou plutôt la prédiction. M. Orbán se dit convaincu que 2017 sera « une année de rébellion intellectuelle des classes moyennes et des nations » contre « le politiquement correct, l’isolement forcé et la stigmatisation ».

Une année de rébellion des « Européens chrétiens et nationaux de notre espèce », contre les « forces libérales et globalistes qui entretiennent le statu quo et veulent créer des États-Unis d’Europe sous leur contrôle ». Dans cette interview, le Premier ministre a une fois de plus utilisé la figure du milliardaire-philanthrope George Soros pour personnifier l’ennemi et égratigner au passage le travail des ONG que celui-ci finance.

C’est cette rébellion des classes moyennes qui, argumente M. Orbán, a défait le « clan Clinton » lors de l’élection américaine en novembre et permis le Brexit quelques mois plus tôt. En Autriche, cette rébellion a seulement été remise à plus tard, estime le dirigeant hongrois qui regrette ainsi à demi-mots la défaite du Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ). Mais, ajoute-t-il, les rébellions en Italie et aux États-Unis n’ont pas pu être écrasées et l’année électorale à venir en Allemagne, aux Pays-Bas et en France est, de son point de vue, prometteuse.

« Make Hungary great again! »

En raison de l’appartenance du Fidesz au Parti Populaire Européen (PPE) aux côtés des Français « Les Républicains », Viktor Orbán prend soin de ne pas préciser qui de François Fillon ou de Marine Le Pen a sa préférence, mais il estime toutefois que les sondages indiquent que « quelque chose de similaire est également en cours en France où ceux qui sont vulnérables et qui ont été laissés pour compte cherchent une issue ».

Galvanisé par la présidence à venir de M. Trump, le Premier ministre hongrois s’exclame à son tour, en anglais « Make Hungary great again! »

L’élection de Trump, a fucking good news pour Viktor Orbán !

L’image d’illustration est issue du magazine «The Economist».

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«Face au peuple, Kaczyński a peur et sent son pouvoir menacé»

HU-LALA (Hongrie) - lun, 19/12/2016 - 01:01
La crise qui n’en finit pas de secouer la Pologne vient de franchir une nouvelle étape. Lors de la dernière session du Sejm vendredi 16 décembre dernier, le parti gouvernemental PiS a voté le budget 2017 en dehors de l’hémicycle, en l’absence des médias et de l’opposition, et selon toute vraisemblance en dépit des règles constitutionnelles. Tribune publiée le 18 décembre 2016 dans Kettős Mérce. Traduit du hongrois par Ludovic Lepeltier-Kutasi.

Selon le ministre de l’intérieur Mariusz Blaszczak, ceci était « nécessaire » du fait du blocus de la tribune de l’assemblée par l’opposition, la sortie du cadre institutionnel se justifiant par une ambiance putschiste. Durant toute la nuit, plusieurs milliers de manifestants hostiles au gouvernement se sont rassemblés spontanément et sans discontinuer afin de verrouiller les sorties du parlement, ce qui a entraîné l’intervention des forces de police pour dissiper la foule et permettre « l’exfiltration » des députés. « Nous ne nous laisserons pas terroriser », a déclaré Jarosław Kaczyński, le dirigeant du parti au pouvoir.

En effet, d’autres « actes de terrorisme » semblables à celui-ci font trembler depuis quelques temps le gouvernement polonais. Depuis octobre seulement, les « foules de hooligans et de criminels » menées par les chefs de partis sont descendues déjà trois fois dans la rue, au moment des « manifestations noires » contre les lois liberticides et dangereuses sur l’avortement (Czarny Protest), des défilés contre la réforme scolaire ou encore des mobilisations contre la réforme du droit de rassemblement.

Les Polonaises (et des Polonais) dans la rue pour défendre leurs droits

Vendredi soir et samedi matin, c’est la liberté de la presse qui était sur toutes les lèvres, car cette fois, le parti au pouvoir cherche à limiter l’accès des médias aux sessions parlementaires, lesquelles sont ouvertes au public depuis 1989 au nom de la transparence.

Bien sûr, il est depuis longtemps de notoriété publique que le PiS – comme tous les partis illibéraux d’ailleurs -, cherche à gérer ses affaires loin des regards, derrière des portes closes. En décembre 2015, le président de la République Andrzej Duda avait par exemple nommé en pleine nuit des juges membres de son parti à la Cour constitutionnelle, en lieu et place des magistrats élus légalement. Comme le note le journaliste polonais Jakub Dymek, le parti gouvernemental n’accepte la discussion publique que sur des questions secondaires et sans enjeu, comme par exemple la gestion forestière. A leurs yeux, le peuple – dont ils jouent avec la vie, la santé, les droits – n’est là que pour nuire et perturber le bon déroulement de leur mandat, comme le font les médias libres, l’État de droit et la démocratie représentative.

« Qu’est-ce qu’il se passera si les juges se rangent derrière l’avis de la Cour constitutionnelle tandis que la police décide de se ranger derrière le gouvernement ? »

En tant que parti radicalement illibéral, le PiS considère qu’il ne tire pas son mandat du peuple et qu’il n’a pas de compte à lui rendre. Il faut reconnaître une chose aux leaders du PiS – en tout cas à Kaczyński  – face aux illibéraux hongrois cyniques et sans scrupule, c’est au moins la conviction, si ce n’est la croyance selon laquelle l’exercice du pouvoir est une obligation et une responsabilité qui leurs incombent. Seulement cette obligation ne sert pas le peuple polonais, mais la restauration de la grandeur de la Pologne, dusse-t-elle se faire contre le bien commun. S’il le faut, elle se fera par le démantèlement des institutions constitutionnelles, s’il le faut, en interdisant les médias libres, s’il le faut, en votant le budget en dehors de l’hémicycle parlementaire.

Ces stratégies ont bien sûr des conséquences inconfortables plutôt pratiques. L’Union européenne se préoccupe par exemple depuis longtemps de la menace de la création d’un ordre juridique parallèle en Pologne. Si selon le gouvernement, l’opposition et la Cour constitutionnelle se comportent de façon anticonstitutionnelle lorsqu’elles qualifient les mesures gouvernementales d’inconstitutionnelles, alors qui reste légitime pour statuer sur la réelle constitutionnalité des choses ? Qu’est-ce qu’il se passera si les juges se rangent derrière l’avis de la Cour constitutionnelle tandis que la police décide de se ranger derrière le gouvernement ?

Lorsque la règle du droit disparaît et laisse un vide derrière elle, c’est la loi du plus fort et de la violence qui s’immiscent à sa place. C’est par elles que le pouvoir exprimera sa colère et décidera lequel est terroriste, hooligan ou traître, lequel mérite d’avoir l’existence brisée, lequel doit être éliminé, lequel doit subir la calomnie des médias soi-disant indépendants, lequel fera l’objet de perquisitions, lequel sera emprisonné, lequel on fera taire.

« Enfin, nous n’en sommes pas là », disent beaucoup, « car la situation n’est pas si terrible ». C’est vrai qu’en réalité, les médias d’opposition fonctionnent et la police d’État ne défile pas dans les rues de Varsovie. Bien sûr, la terreur et la violence d’État sont désormais capables de pénétrer nos vies quotidiennes de façon certes plus discrète, mais pas moins envahissante. Ici, toutes ces expressions tues et ces esprits sinistres qui donnent l’impression que si l’on ose parler, cela ne pourra que mal se finir. Là, tous ces sentiments de paralysie et d’effroi qui distillent l’idée selon laquelle, quoi que l’on fasse, quel que soit le nombre de manifestations auxquelles nous nous rendrons, cela ne changera rien de toutes façons.

Allons bon, tout ceci ne serait que vain ? Le peuple ne saurait être qu’impuissant face au pouvoir ? Lorsque j’ai écrit samedi matin à Przemysław Witkowski, rédacteur-en-chef de Krytyka Polityczna, pour lui demander comment il voyait les événements de la nuit, voici ce qu’il m’a répondu : « C’est la première fois que j’ai vu les politiciens du PiS terrorisés, parfois en larmes, lorsqu’ils ont été exfiltrés par la police à travers la foule, où les gens criaient : Honte ! Déshonneur ! Trahison ! C’était des images fortes qui donnent l’espoir d’une chute du PiS dans un avenir proche ».

« Kaczyński jeta un regard sur la foule minuscule (…), il sentit que son pouvoir était en danger. La peur le saisit, sans doute à juste titre. »

Tout ceci a été provoqué par quelques milliers de personnes qui se sont rassemblées spontanément – dans une ville d’un million et demi d’habitants, dans un pays qui en compte quarante millions – derrière l’idée que leurs dirigeants élus leur devaient des comptes. Elles ont très simplement appelé « honte » et « trahison » le fait que ces derniers aient dilapidé leur vie par intérêt personnel et au nom de faux idéaux, au lieu de servir l’intérêt général. Lorsque Kaczyński jeta un regard sur la foule minuscule, ainsi que sur les députés d’opposition qui demandaient avec elle que le gouvernement s’explique sur ses actes et renonce à sa politique néfaste, il sentit que son pouvoir était en danger. La peur le saisit, sans doute à juste titre.

Il y a trente ans, le 13 décembre 1981 (un anniversaire qui donne pas mal de migraines à Kaczyński), le général Jaruzelski décréta l’état d’urgence et emprisonna ou fit tuer les leaders ainsi que les militants du mouvement Solidarność. La loi martiale, les menottes et la violence meurtrière ne suffirent pourtant pas à barrer la route d’un peuple qui voulait recouvrer sa liberté. Il est encore impossible de savoir le tournant que vont prendre ces événements, de deviner si la mobilisation et la solidarité vont aboutir à la justice ou au contraire à l’escalade de la violence entre le pouvoir et le peuple, voire à l’anomie et à la paralysie des masses, de percevoir qui d’entre nous ont été trop optimistes ou trop pessimistes. Là où le doute n’est pas permis, c’est dans la confiance que nous devons avoir dans le peuple, et dans la force qu’il représente face à la tyrannie.

Des Polonais refusent de céder aux nationaux-populistes

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Ambiance fratricide chez les Hongrois de Slovaquie

HU-LALA (Hongrie) - dim, 18/12/2016 - 22:30
Les dirigeants des deux partis de la minorité magyarophone de Slovaquie – le SMK/MKP et Most-Híd – ont entamé il y a un mois un rapprochement dans la bourgade de Dunajská Streda, au sud-ouest du pays. Les récentes sorties du président du Parlement hongrois László Kövér compliquent fortement le processus.

Le sommet de Dunajská Streda aurait dû poser la première pierre de la réconciliation entre le Parti de la communauté hongroise (SMK/MKP) et Most-Híd, une petite organisation libérale-conservatrice ayant fait scission en 2009. Si l’on en croit le quotidien slovaque Új Szó, le rapprochement des frères ennemis souffre en grande partie de l’immixtion du Fidesz dans leurs affaires internes. En cause, les récentes sorties de László Kövér, président du Parlement hongrois proche de Viktor Orbán, pour qui la création de Most-Híd il y a sept ans serait un acte de « trahison à la patrie ». « Most-Híd n’est pas un parti hongrois. Béla Bugár [son fondateur] ne serait qu’un politicien slovaque, qui parle bien hongrois » avait notamment déclaré le chef des députés hongrois lors d’un déplacement à Oradea le 29 novembre dernier.

Pour Péter Őry, député SMK/MKP, la déclaration de László Kövér s’inscrit dans le contexte de l’élection législative en Roumanie, au cours de laquelle les deux formations représentants la minorité magyarophone avaient réussi à s’allier pour se maintenir au Parlement de Bucarest. Le président du SMK/MKP,  József Menyhárt a quant à lui préféré ne pas commenter les déclarations du dirigeant hongrois, préférant attirer l’attention sur ce qui unissait les magyarophones de Slovaquie, à savoir « comment arrêter le dépeuplement hongrois, comment être capables de rester et être heureux sur la terre ancestrale ».

Malgré ces tentatives de temporisation, la sortie de László Kövér contre Most-Híd a ravivé les plaies entre les deux partis de la minorité magyarophone. Beaucoup au sein du SMK/MKP n’ont ainsi jamais digéré la volonté du petit parti dissident de vouloir tendre la main à la majorité slovaque. Plus récemment, l’entrée de Most-Híd dans la coalition gouvernementale aux côtés du social-démocrate Robert Fico, a accentué le sentiment de défiance. Sur les réseaux sociaux, Béla Bugár et d’autres cadres de Most-Híd ont été violemment pris à parti par Péter Őry, mais également par László Gubík, responsable des jeunes du SMK/MKP. Ce dernier est notamment l’auteur d’une saillie virulente dans laquelle il qualifie Béla Bugár de « brigand », lui prévoyant la même fin que celle de Juraj Jánošík, un « robin des bois » slovaco-polonais mort pendu à un crochet. Des propos immédiatement dénoncés par József Menyhárt, déplorant l’emploi de « mots violents ».

Pour Béla Bugár, ces provocations compromettent le rapprochement entre les deux formations politiques. « La déclaration de Kövér ne m’intéresserait pas si elle m’était uniquement adressée. Mais il a aussi dénigré comme slovaque l’ensemble de l’électorat hongrois de Most-Híd. Et c’est sur cette ligne que s’est aligné László Gubík, le président de Via Nova ICS, qui a même appelé à me liquider », a-t-il notamment déclaré à Új Szó. Pour le fondateur de Most-Híd, le président du Parlement hongrois ne fait que reprendre la rhétorique de Ján Slota, leader d’extrême-droite, lequel a toujours considéré qu’il n’y avait pas de Hongrois en Slovaquie, mais seulement des « Slovaques de langue hongroise ».

La querelle fratricide entre le SMK/MKP et Most-Híd s’inscrit dans un contexte de tension singulière entre les Hongrois d’outre-frontières et la « mère-patrie » hongroise. Autoproclamé Premier ministre de tous les Hongrois, Viktor Orbán mène depuis son premier mandat en 1998 une politique très inclusive à l’égard de ces minorités nationales, au point de leur avoir octroyé la citoyenneté hongroise en 2010. L’activisme de Budapest sur ces questions ne cesse pourtant de cliver ces populations entre une allégeance sans faille au Fidesz au pouvoir en Hongrie et une ligne autonome, davantage prompte à la coopération avec la population majoritaire.

Most-Hid : « Les victimes sont les Hongrois de Slovaquie »

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Des Polonais refusent de céder aux nationaux-populistes

HU-LALA (Hongrie) - dim, 18/12/2016 - 16:29
Le Parti Droit et Justice (PiS) continue de resserrer son emprise sur la société polonaise avec l’assentiment d’une majorité relative d’électeurs. Mais il doit compter avec une opposition qui – impotente ou absente de la Diète – tente de continuer à exister dans la rue.

A l’instar du Fidesz en Hongrie, l’hégémonie législative du Parti Droit et Justice (PiS) est quasi-totale et lui permet d’affaiblir les contre-pouvoirs représentés par les médias, la Justice et certaines organisations de la société civile. Cet affaiblissement de la démocratie est dénoncé par des partis d’opposition et scrutée par la Commission européenne. Cette semaine, les événements se sont précipités dans la rue alors que le gouvernement de Beata Szydło, au pouvoir depuis l’automne 2015, a donné de nouveaux tours de vis.

Mardi 14 décembre – Les députés PiS ont fait adopter à la Diète (Sejm) une loi sur les rassemblements publics qui, selon l’opposition, permettrait de favoriser les partis gouvernementaux et les organisations religieuses au détriment d’initiatives émanant d’organisations citoyennes. Quelques dizaines de milliers de Polonais ont manifesté mardi contre cette « atteinte à la liberté d’expression », à Varsovie surtout, mais aussi dans les grandes villes de province.

Ce n’est pas un hasard si le mouvement de protestation a été aussi suivi : cette date correspondait au 35e anniversaire de la proclamation de l’« état de guerre » par le général  Wojciech Jaruzelski, dans la nuit du 13 au 14 décembre 1981. Cette loi martiale s’était concrétisée par l’arrestation de six mille syndicalistes et la dissolution du jeune syndicat Solidarnosc (« Solidarité »), comme l’explique la revue Hérodote.

Vendredi 16 décembre – Plusieurs centaines de militants du « Comité de défense pour la démocratie » (Komitet Obrony Demokracji, KOD) ont protesté aux abords du Parlement contre un règlement intérieur de la Diète destiné à restreindre l’accès des journalistes aux parlementaires. En réaction à cette entorse à la liberté de la presse, les manifestants ont bloqué durant plusieurs heures les accès au Parlement, pour retenir à l’intérieur les députés du PiS, dont la première ministre Beata Szydło et le leader du parti Jarosław Kaczyński.

Samedi 17 décembre – En défense de la liberté de la presse, plusieurs milliers de personnes se sont réunies devant le palais Koniecpolski qui abrite la présidence, à l’appel du Comité pour la défense de la démocratie (KOD) et de partis d’opposition : Platforma Obywatelska (la « Plateforme civique » (PO), droite libérale-conservatrice) et Nowoczesna (« Moderne », centriste-libéral). Le président Andrzej Duda, membre du PiS, a proposé une médiation, mais depuis son élection en mai 2015, ce dernier n’a guère brillé ni par ses initiatives ni par son indépendance vis-à-vis du gouvernement.

Le leader du KOD, Mateusz Kijowski, a annoncé que des manifestations se dérouleront tous les jours devant les bureaux du PiS, déclarant que « l’opposition réunie fera tomber ce gouvernement totalitaire ». (Radio Poland)

 

Sources : Radio Poland, Polish Press Agency, Reuters. Photographie issue de la page facebook de Komitet Obrony Demokracji.

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Années 1960-1970 : Prague-Budapest à des années lumières

HU-LALA (Hongrie) - ven, 16/12/2016 - 11:00
Les Français, c’est bien connu, ne sont pas forcément des phénix en matière de géographie (mais ils ne sont pas les seuls). Ainsi, parmi nos lieux communs répandus sur l’Europe centrale, l’un consiste à présenter Prague et Budapest comme deux villes voisines.

Pour avoir fait le voyage en train de nuit, je peux démentir[1]. Il est vrai que c’était en 1966, à une époque où les trains n’étaient pas des modèles de rapidité (ce qui n’a d’ailleurs guère changé depuis dans la région). Je venais de quitter mes hôtes hongrois et avais décidé de regagner Paris via Prague. Prague aujourd’hui haut lieu du tourisme, qui jouit (à juste titre) des qualificatifs les plus flatteurs (« Ville aux toits d’or », « Seconde Rome »), offrait alors un spectacle franchement sinistre. Le souvenir que j’en garde est celui d’une ville sombre, presque noire. Non seulement pour l’aspect du paysage urbain, mais offrant aussi une atmosphère pesante avec ces murs couverts d’immenses affiches ventant les mérites du communisme, d’un style presque caricatural. Détail pittoresque : j’ai encore vu dans la gare de Prague de vielles locomotives à vapeur arborant une immense étoile rouge. Bref, ambiance Docteur Jivago. Rien à voir avec ce que j’avais vu à Budapest qui, par contraste et en exagérant un peu, aurait presque fait figure de Las Vegas.

Une gare où je passai la nuit allongé sur un banc, au milieu de flics suspicieux, qui me tournaient tout autour. La raison : je n’avais pratiquement plus un sou en poche, hormis mon billet de train. Car, à peine débarqué, j’avais sauté dans un taxi, demandant au chauffeur de me montrer la ville. Un chauffeur qui bien sûr, ne se priva pas d’exploiter ce touriste-pigeon naïf que j’étais, espèce rarissime à l’époque[2].

Ma deuxième visite, cette fois en voiture, eut lieu en juillet 1968. Quel contraste ! C’était un dimanche, il faisait beau, aussi les parcs étaient-ils bondés de promeneurs. Dans une ambiance de fête. Nous étions en plein Printemps de Prague.  J’eus même l’occasion de discuter avec un habitant qui, pour m’indiquer le chemin, monta dans ma voiture. Une conversation qui me confirma l’optimisme qui régnait alors dans la population, à mille lieues de se douter du drame qui allait survenir un mois plus tard.

Ma troisième visite eut lieu quelques années plus tard, en 1973, je crois. Mon épouse et moi rentrions alors de Budapest à Paris via Prague, passant donc directement de Hongrie en Tchécoslovaquie. Là encore, quel contraste! Face à des douaniers hongrois, sinon totalement relâchés, du moins pas trop regardants (notre connaissance de la langue ayant certainement aidé), nous tombâmes de l’autre côté sur de véritables cerbères avec qui il n’eût point fallu plaisanter. Mais le pire fut lorsque nous passâmes la frontière avec l’Allemagne. Un premier barrage était fixé à quelques kilomètres de la frontière où les soldats ne nous laissaient passer que par petits groupes de deux voitures. Pour pénétrer dans un no man’s land au beau milieu duquel on nous fit stopper pour poireauter une éternité, moteur coupé avec interdiction de sortir du véhicule (où nous commencions à geler, le chauffage étant coupé). Avec à la clé, une fois parvenus au poste-frontière, mille questions incongrues. Le douanier n’hésitant pas, sans nous demander notre avis, à fourrer sa grosse patte dans le sac-à-main de mon épouse. Bref, une pénible expérience qui nous faisait regretter la douane hongroise.

La visite suivante se déroula dans un tout autre  contexte, puisque postérieure à la chute du rideau de fer. C’était en 1993. Notre voyage se fit juste après la partition de la Tchécoslovaquie en deux Etats distincts. Nous étions en voiture et le passage de la frontière fut assez inattendu. Vu qu’ils n’avaient pas eu le temps d’édifier des postes-frontière, c’est un parking de l’autoroute qui en tenait lieu.  Bon. Une fois sorti du parking, quittant en principe du même coup la Slovaquie, je me crus logiquement en Tchéquie. Pas du tout : un second parking nous attendait quelques kilomètres plus loin: le poste tchèque cette fois. Ils ne voulaient apparemment pas être ensemble et ne pas partager le même parking. De plus, comme les uniformes étaient les mêmes, allez y voir quelque chose ! Autre casse-tête : ne pas confondre les couronnes tchèques et slovaques, d’aspect pratiquement semblable.

Voilà quelles furent les impressions d’un Français davantage familiarisé avec le mode de vie des Hongrois. Je dirais presque gâté, en comparaison.

On parlait alors du « bloc de l’Est ». Notion quelque peu réductrice. Si, certes, tous ces Etats, membres du Comecon et du Pacte de Varsovie, étaient placés sous le joug commun de l’Union soviétique, grandes étaient les différences. Sans parler de la Roumanie tenue par la poigne de fer d’un Ceaușescu ou au contraire de la Yougoslavie dissidente de Tito, quoi de commun entre la Hongrie de Kádár (« la baraque gaie » du camp) et la RDA d’Honecker ? Pas grand chose, à vrai dire.

Témoigner du quotidien de l’autre côté du Rideau de fer

  • [1] 530 km, plus du double de Budapest-Vienne, l’équivalent de Paris-Genève.
  • [2] le voyage de retour entre Prague et Paris me procura deux rencontres que j’aimerais ici évoquer. Tout d’abord ces bons paysans tchèques qui, me voyant à court de nourriture, me firent partager leur repas de poulets et autres victuailles bien grasses. Et il n’était pas question de refuser ! (échanges effectués par gestes). Seconde rencontre : ce touriste japonais qui me dit se rendre de Tokyo à Paris… en train!
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À Budapest, guerre des nerfs autour du métro 3

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 15/12/2016 - 15:15
Incidents à répétition, freins qui prennent feu, interruptions inopinées du trafic : la ligne 3 du métro de Budapest n’en finit pas de défrayer la chronique. Depuis plusieurs mois, la question de sa rénovation provoque une guerre des nerfs entre le maire de la ville et le gouvernement.

La circulation du métro 3 a été suspendue mardi dernier, en raison de la fumée qui s’échappait d’un wagon au niveau de la station Deák Ferenc tér. Si le trafic a repris rapidement, cet incident s’inscrit dans la longue série des tracas qui perturbent régulièrement depuis plusieurs années le voyage de ses dizaines de milliers d’usagers quotidiens. Si ces derniers « ne sont pas en danger » selon les mots du maire de Budapest István Tarlós, il existe de sérieux risques pour que les prochains contrôles techniques conduisent la régie des transports BKV à interrompre brutalement l’exploitation commerciale de la ligne. « S’il faut attendre que le trafic soit suspendu de façon impromptue pour commencer les travaux, ce sera un scandale politique », a-t-il notamment prédit.

La question de la rénovation du métro 3 est un serpent de mer qui empoisonne les relations entre István Tarlós et le gouvernement, pourtant de la même couleur politique que lui. En novembre dernier, l’édile de Budapest avait notamment échangé des amabilités avec János Lázár, numéro deux de l’exécutif, autour du budget octroyé par l’État à la capitale hongroise pour procéder aux travaux de remise en état des rails et des rames. Le ministre avait notamment menacé le maire de Budapest « de faire attention à sa carrière » suite à des accusations formulées de façon à peine voilée par István Tarlós de détournement de l’argent alloué par l’État aux transports métropolitains.

L’explosion des coûts serait liée selon lui au « cartel des entreprises répondant aux appels d’offre, car les chiffrages des travaux sont bizarrement uniformément élevés ». István Tarlós aimerait que l’exécutif prenne ses responsabilités en aidant davantage ou, au contraire, en cessant complètement de s’immiscer dans les transports publics de Budapest.

Le Parti socialiste hongrois (MSzP) a appelé aujourd’hui à « cesser le jeu de ping-pong » entre le gouvernement et la municipalité de Budapest, tous les deux dominés par le Fidesz. La fédération MSzP de la capitale a même appelé les Budapestois à une grande manifestation le 20 janvier prochain devant la gare Nyugati avec pour mot d’ordre « le métro n’est pas un jouet ».

Parfum de scandale autour du métro 3 de Budapest

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PISA : le bon élève polonais veut copier le cancre hongrois

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 15/12/2016 - 12:33
L’édition 2015 de l’enquête PISA, publiée au début du mois de décembre par l’OCDE, révèle un déclin du niveau scolaire en Europe centrale, comme dans le reste de l’Europe.

Budapest, Varsovie et Bratislava, correspondances – L’enquête met aussi en lumière des disparités importantes entre ses pays, la Pologne s’en tirant bien mieux que ses voisins slovaques et hongrois. Malgré ces bons résultats, Varsovie entend imiter Budapest sur la voie des réformes conservatrices dans l’enseignement.

En Hongrie, une machine à fabriquer des « bons Chrétiens »  ?

Les résultats de l’enquête PISA illustrent avec clarté la détérioration du système scolaire hongrois, à travers un recul de 9 points dans le classement des pays de l’OCDE et une baisse générale du niveau en sciences, en mathématique et en lecture. Alors que le pays sort de plusieurs mois de gronde de la part du milieu enseignant, le secrétaire d’État à l’éducation László Palkovics a tenu à relativiser ces données en estimant qu’elles ne pouvaient pas refléter en un délai si court le résultat des politiques engagées depuis 2010. Il a par ailleurs observé que « les pays les mieux notés ne fournissaient pas forcément les meilleurs ingénieurs », prenant pour exemple Israël, « mal notée, mais avec un système éducatif bien plus rentable ».

János Lázár, le bras droit du premier ministre, avait récemment créé une polémique en considérant que le principal objectif de l’éducation publique était « d’éduquer des bons Chrétiens et des bons Hongrois ». Pour la députée d’opposition Ágnes Kunhalmi (MSzP), le recul de la Hongrie dans le classement PISA est au contraire « choquant et désastreux » et « signe l’échec total de la politique éducative du gouvernement », laquelle a consisté ces dernières années à étatiser les écoles et à définir un programme scolaire unique, aux dépens de l’autonomie autrefois accordée aux établissements scolaires.

Même son de cloche du côté de Péter Niedermüller, parlementaire européen membre de la Coalition démocratique (DK), lequel a sévèrement critiqué la « réduction de la liberté pédagogique, l’arrêt des programmes axés sur les compétences, l’élimination des bourses pour les étudiants pauvres, la promotion de la ségrégation, la négligence des exigences légitimes des enseignants et l’introduction d’un programme rigide basé exclusivement sur les connaissances factuelles ». Du côté de la formation d’extrême-droite Jobbik, Dóra Dúró a appelé à des changements fondamentaux, parmi lesquels la réduction du nombre de matières enseignées. Parmi les caractéristiques du système hongrois, si l’on ne constate pas de différence notable entre le niveau des filles et des garçons, le cadre familial et les origines sociales jouent encore un rôle prépondérant dans les conduites scolaires.

La Pologne prête à imiter la Hongrie ?

Les très bons résultats de la Pologne, qui se place au-dessus de la moyenne de l’OCDE à l’enquête PISA, sont tombés en plein débat sur l’éducation. Peu après que des dizaines de milliers d’enseignants sont descendus dans la rue, fin novembre, pour protester contre la réforme qui doit entrer en vigueur en septembre. Le parti Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS), prévoit en effet de détricoter le système éducatif qui fait justement l’excellence des élèves polonais depuis une quinzaine d’années.

Le gouvernement entend supprimer des postes d’enseignants et dissoudre les collèges, ramenant ainsi le système à huit années d’école primaire et quatre années de lycée, comme avant 1999. Les opposants à la réforme craignent également des programmes plus centralisés et surtout, « patriotiques ». La prochaine enquête ne sera peut-être même pas réalisée en Pologne, la ministre de l’Éducation ayant déclaré dans un entretien ce n’étaient « que des tests », pour lesquels « trop d’argent est dépensé ».

La Slovaquie en baisse continue depuis 2006

Les derniers résultats de l’enquête PISA ne semblent guère indiquer une amélioration dans les performances des élèves slovaques. Une involution est même nettement marquée lors des trois dernières années prises en compte dans l’enquête : ainsi le pays perd 10 points dans chacune des trois matières servant de mètre évaluateur, les mathématiques, la littérature et les sciences naturelles. Une dégradation continue qui place la Slovaquie bien en deçà de la moyenne des 34 pays membres de l’OCDE évalués. Le test a été effectué sur plus de 6000 élèves âgés de 15 ans du secondaire.

La fournée 2015 ne change pas nettement par rapport aux enquêtes précédentes qui plaçaient déjà la Slovaquie sous la moyenne, tout comme en 2012. La baisse est continue depuis 2006. Le ministère de l’éducation, dirigé par Peter Plavčan (parti national slovaque, SNS), depuis les élections de mars 2016, a affirmé sur son site web prendre acte des résultats de l’enquête mais assure que, rapporté aux résultats de l’enquête PISA de 2012, la baisse n’est que peu significative et que les baisses sont enregistrées dans tous les pays de l’OCDE. Cela incite le gouvernement à persévérer dans sa volonté de modifier les programmes d’études de tous les niveaux scolaires, sans que ceux-ci n’aient encore été dévoilés, et le porte à croire que l’allongement d’une année des études scolaires entamé cette année est une réforme allant dans le bon sens.

Cependant, le corps professoral ne partage pas cet avis. Après plusieurs journées de grèves lors de l’année scolaire précédente, dans le but de faire bouger le gouvernement à l’approche des élections, les professeurs avaient obtenu la promesse d’une augmentation salariale, toutefois jugée insuffisante, mais aussi plus de moyens alloués à l’éducation, afin d’améliorer et rénover des bâtiments et du matériel scolaire souvent vétustes. Ceux-ci se font encore attendre, malgré les promesses de Robert Fico, qui promet que, pour son parti, l’éducation constitue « notre priorité ».

La République tchèque : « peut mieux faire »

La République tchèque se situe dans le milieu du classement, deux places derrière la France, affichant de moins bons résultats qu’il y a trois ans, et en déclin depuis dix ans. Elle perd 5 points en maths depuis la dernière enquête Pisa, et 6 points en sciences. Malgré des progrès en lecture, c’est la seule matière dans laquelle la République Tchèque affiche des résultats en dessous de la moyenne de l’OCDE. Pour plus d’informations concernant les résultats PISA en République tchèque, lire cet article complet de nos confrères de Radio Prague.

Avec Justine Salvestroni à Varsovie et Matthias Quemener à Bratislava.

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Les Roms dans le viseur des sociaux-démocrates slovaques

HU-LALA (Hongrie) - mar, 13/12/2016 - 13:09
Réuni en congrès ce week-end, le Smer-SD a adopté un discours particulièrement musclé à l’égard des Roms de Slovaquie. Menée par le premier ministre Robert Fico, la formation sociale-démocrate au pouvoir considère qu’il faut cesser toute tolérance à l’égard de populations décrites comme « importunant les honnêtes citoyens ».

Le Smer-SD s’éloigne à vue d’œil de la sociale-démocratie européenne, à laquelle il est pourtant affilié. Réuni en congrès à Bratislava les 10 et 11 décembre derniers, le parti gouvernemental s’est donné pour objectif de « remettre de l’ordre » au sein de la minorité rom de Slovaquie, au nom d’une politique de « tolérance zéro ». Pour le président du parti et chef du gouvernement Robert Fico, « il ne faut pas tolérer plus longtemps ces gens qui abusent du système social, qui importunent les honnêtes citoyens, qui perturbent la vie paisible dans les villes et les villages » (Új szó). Le leader de gauche, considéré par beaucoup comme le « Viktor Orbán slovaque », a par ailleurs déclaré soutenir les forces de l’ordre et être prêt à affronter l’ombudsman (défenseur des droits) sur ce « problème ».

Robert Fico veut sonner le glas du « politiquement correct »

Le discours de Robert Fico a été fraîchement accueilli par Ábel Ravasz, secrétaire d’État chargé des « affaires roms » et par ailleurs vice-président de Most-Híd, jeune parti progressiste issu de la minorité magyarophone. Selon ce dernier, les propos « inquiétants » de son chef de gouvernement n’engagent que le Smer-SD et non pas l’exécutif. « Les priorités, les projets et les valeurs de Most-Híd sont toujours d’actualité, et nous allons travailler à amenuiser les différents et les différences qui pourraient naître de ce qui a été dit », a-t-il déclaré à Új szó. Une pierre dans le jardin des sociaux-démocrates qui pourrait se transformer en casus belli en cas de changement de pied de la coalition gouvernementale. En cas de défection de la formation hongroise et de ses onze députés, le Smer-SD perdrait d’un siège la majorité requise au parlement slovaque (150 membres).

Comme le rappelle Új szó, les provocations anti-Roms ne sont pas inédites dans la bouche de Robert Fico. Lors de la campagne législative de 2002, il avait notamment déclaré que « les Roms font des enfants uniquement pour toucher de l’argent [des aides sociales, ndlr] ». En 2014, son ministre du travail Ján Richter avait fait voter une loi divisant par deux les allocations aux familles démunies, tout en exigeant une contrepartie minimum de quinze heures de travail d’intérêt collectif par semaine, payées 35 euros par mois.

La minorité rom de Slovaquie représente près de 10% de la population nationale, avec un taux d’emploi dépassant difficilement 20% chez les hommes. Les conditions de vie matérielles déplorables y sont accentuées par une très forte ségrégation sociale et territoriale. En 2014, des municipalités parmi lesquelles Košice ou Ostrovany avaient ainsi défrayé la chronique pour avoir érigé des murs entre la ville et les « quartiers ghettos ».

Source : Új szó, principal journal de la minorité hongroise de Slovaquie

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